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PIRIS, GAUTHIKR-VILLARS ET FILS, IMPRIMEUIIS-LIBKMKES nu B U U K A (l D K s L 0 ^ G 1 T U D E S . DE L ' É C O I. E P (1 L Y T E C II N 1 Q L E (Juai des Grands-Augustins, 55. M DCCC XCIV TABLE DES MATIÈRES DU DEUXIÈME VOLUME ('). AVERTISSKMEXT. Pages IX CORRESPONDANCE DE FERMAT. 1. •20 avril i63(5. ir. mai? » ru. III. 3 juin )) IIIa. HIr. IV. vt'i juin » IVa. IVb. V. 9.4 juin? » VI. I ') juillet » VII. aoûl )> VIII. 16 aoiU » IX. 51,3 aoûl » X. ■>. septembre 1) XI. iG .septembre ., xn. septembre? )) XIII. 22 septembre « Format à Morsenne M Propositio Geostatica Domini de Fermât. V Premier extrait de Y I-turmonic it/iiversel/e de Mersenne Fermât à Alersenne . V Deuxième extrait do V/Iunnoiiic unin-r- sclle de Mersenne Extrait des CoguataPliysico-maUiemalica de Mersenne Fermât à Merseuno V Troisième extrait do VHartnoiiic imii'cr- selle de Mersenne Quatrième extrait de XHarmoiàe univer- setle de Morsenno Nova in Mechanicis tliooremata Domini de Fermât Fermât à Mersenne VM Fermât à Roberval Etienne Pascal et Roberval ù Fermât. . . . Fermât à Etienne Pascal et Rohorval. . , . Fermât à Jlersoniie Format à Roberval Fermât i Merseuno (pour S"'-Croix) Fermât ù Roberval 10 1 1 I ) 17 V 23 VM 27 V 3i V 3) V 5o V 5; V 5!) .M 63 V 71 (') Les lettres majuscules placées devant les renvois indiquent que la pièce a été imprimée : V dans les f^arta Opéra, W dans le Vommercium epistoliciim de Wallis» D dans les Lettres de Descartes, F dans les OEuures de Pascal, II dans la Correspondance de Hiiygens ; piilin M qu'elle est tirée de sources manuscrites. Im.umat. II. VI TABLE DES MATIERES. XIV. 1 1 oclubro I(ij(i XV. 4 novembre )) XVI. décembres' » XVII. 7 cloccmbro n XVIII. i6 décombro » XIX. février"? i(i37 XX. 4 avril » XXI. 20 avril ^) XXII. soplcinbro ? »> XXIII. octobre "? » XXIV. décembre? » XXV. t8 janvier? i63S. XXV bis. février? t) XXVI. 2o avril )> XXVII. 3 mai ). XXVllI. )) » 0 XXIX. 1 juin H XXX. juin? » XXXI. juin? » XXXII. 27 juillet » XXXIII. 10 aoiU » XXXIV. 1 1 octobre? n XXXV. 22 octobre 1) XXXVI. 26 décembre 1) XXXVII. 20 février ffilÇ). XXXVIII. mars ? 1040. XXX\1II Ins. 1 avril » P-S. ? » XXXIX. mai? » XL. juin? n XLI. 4 août „ XLII. aoilt? » XLIII. aoilt? » XLIV. 18 octobre )) XLV. 25 décembre » XLVI. 26 mars iGji. XL VIL I î juin )} XLVIII. lî juin? )) XLIX. 2 août )) L. 6 septembre » U. 10 novembre lO^A. LD. li janvier 1643. Pages Uoberval à l'Vrniat V 75 Fermât à Uoberval V 83 Objecta a Domino do Format adversiis propositioncm mechanicam Domini de Uoberval V 87 Fermât à Uoberval V 89 Format à Uoberval V 92 Fermât à Uoberval V 100 Uoberval à Fermai V 102 Fermât à Uolierval V io4 Format à Merscnne D 106 Descaries à Mcrscnne (pour Fermât ).. . I) 112 Fermât à Mersenne D 116 Descaries à Mersenne D 12(1 Fermât à Mersenne 'M 1 Sa Fermât à .Mersenne D.M i35 Descartes a .Mersenne D i38 Billet ajouté à la lettre précédente D 146 Uoberval à Format V 147 Fermât à Mersenne M 1 )2 .Méthode de maximis et miniinis expli- quée et envoyée par M. Fermât à M. Descartes M 1 54 Descartes à Fermât '. . D i63 Fermai à .Mersenne .M 164 Descartes à Fermât D 167 F'crmat à Mersenne M 169 Format à Mersenne M 176 Fermai à Mersenne M 179 Frenicle à Mersenne M 1B2 Fermai à Mersenne VM 186 Post-scriptum qui parait apparlenir à une lettre antérieure de Fermai à Mer- senne V igi Format à .Mersenne (fraginiMit ) M 194 Fermai à Mersenne '. . . V iqd Uoberval à Format V 199 Fermai à Uoberval V 202 Format à Frenicle (fragment) M 2o5 Fermai à Frenicle V 206 Fermai à Mersenne JI 212 Fermai à Mersenne M 218 Fermai à Mersenne M 220 Fermai à Frenicle (extrait) AI 221 Frenicle à Fermai V 22(1 Frenicle à Fermai V 232 Fermai à .Mersenne M 243 Format à Mersenne M 245 TABLE DES MATIERES. LUI. <■> i64'l LIV. 27 janvier? )) LV. 16 février » LVI. 7 avril » LVU. •? )} LVIII. 3i mai » UX. août? )) LX. 1 septembre » LXI. •7 i64i LXII. '? 1646 LXIII. 4 juin 1648 LXIV. 9 juin » LXV. iS août )) LXVI. » » M LXVII. LXVIII. ■>,o août iGdo. LXIX. ■ï" 1654. LXX. 29 juillet )) LXXI. 9 août )) LXXII. 24 aoiU )} LXXlll. 29 août 1) LXXIV. 25 septembre )) LXXV. 27 octobre » LXXVI. ? i656. LXXVII. juin 11 LXXVH bl.s: G juillet » LXXVIIl. 28 septembre » LXXIX. 3 janvier ■ 657 LXXX. fé\ rier? » LXXXI. février? » LXXXI /hs. mars )) LXXXII. 20 avril i) LXXXIII. 6 juin 11 LXXXIV. I 5 août » LXXXV. u 1) " LXXXVI. août » LXXXVII. 5 décembre )> LXXXVIII. 12 décembre .. LXXXIX. 1 3 février lOiS xc. 3 mars » XG bis. 10 mars » P.nfte5 Fermât à Carcavi V 24; Format à Morsonne M 249 Fermât à Alersenne M 261 Fermât à Mersenne M 253 Fragment d'une lettre de Fermât à .Mer- senne ou à Frenicle M 256 Format à Saint-Martin (?): fragment M 238 Fermât à Mersenne M 260 Fermât à Mersenne M 262 Fermât à Carcavi V 263 Fermât à Gassendi V 267 Format à Jlersenne; fragment M 277 Fermât à Séguier M 278 Fermât à Cureau de la Chambre M 279 Note de Format jointe à la lettre précé- dente M 280 Fermât à Mersenne ou Auzout (?); IVag- ment D 282 Fermai à Carcavi M 284 Fermât à Pascal P 288 Pascal à Fermai V 289 Fermât à Carcavi P 299 Pascal à Fermât V 3oo Fermât à Pascal P 3o7 Fermât à Pascal P 3 m Pascal à Fermai P 3 1 4 Fermât à Carcavi (Iraduiiion d'une lettre latine I M 3i5 Fermât à Carcavi (extrait) H 32o Huygens à Carcavi (extrait) H 322 Carcavi à Huygens (extrait) II 328 Premier défi de Format aux mathémati- ciens V 332 Format à Froniclo; fragment W 333 Second défi de Format aux mathémati- ciens V 334 Boulliau à Fermât M 336 Fermât à Digby V 337 Fermât A Digby V 34i Fermât à Digby V 342 Remarques sur VJrit/imétiqiie dex infinis du S. J. Wallis (FermalàDigby).... V 347 Fermai à Cureau de la Chambre D 354 Digby à Fermât V 35g Digby à Fermât V 36i Digby à Fermât V 363 Format à Clerselier D 365 Fermai à Clerselier D 367 YIII TA RLE DES MATIERES. Pages XCI. 7 avril lOJS. Kermal à Digby W 074 XC.ll. 1 5 mai » Digby à Fermai V 379 XCUI. i5 mai » (Uersolicr i\ t'crmat f) SS». XCIV. 1 "> mai » RiHloximis ou projet do réponse à la lollre de M. de Keniial cpii coiUiciil ses ob- jeelions sur la Dioplrique do .M. Des- caries, par M. Rohault 0 39 1 XCV. 2 juin » Fermât à Clerselior 1) 397 XCVI. juin? » Fermât à Digby VV 4o'. XC.VIl. i(')juiii » Fermai à Clersolier D 408 XCVUI. M juillet » Lalouvère à Format Drdicace 4i3 XCIX. il aoiU » Clerselier à Fermât D 4 '4 C. 1 6 février iGâcj. Fermât à Carcavi P 43o CI. août » Relation des nouvelles découvertes en la science des nombres (Fermât à Car- cavi) H 43i ai. 26 août » Fermât à Billy M 436 cm. août? » Fermât à Carcavi (extrait) H 438 CIV. seittembre? » Format à Carcavi (extrait) Il 441 CV. février iGGo. Fermât à Carcavi (extrait) II 44 J CVI. juin'? » Fermât à Carcavi (extrait) M 446 C\ll. >5 juillet i> Fermât à Pascal P 45o CVIU. 10 août » Pascal à Fermât V 43o CIX. décembre « Fermât à Huygens II 452 ex. ? iCiiVi. Fermât à Carcavi (extrait ) H 4^4 CXI. 1 3 décembre » Fermât à Séguier M 455 (;XII. 1 janvier tGG-2. Format à Curean de la Chambre D 457 CXIII. Ornai u Clerselier à Format D 464 CXIV. 13 mai » Clerselier à Fermât D 47'- CXV. 21 mai » Fermât à Clerselier D 482 CXVl. ? r664. Fermât a M. do*** V 485 CXVII. ? " Démonstration dont il est parlé dans la lettre précédente V 489 CXVIII. ? » Saporta à Fermai Dédicace 496 Variantes et notes critiques 5oi Errata 5 14 FIN DE H TABLE DES MATIERES DU TOME DEUXIEME. AVERTISSEMENT. Dans le premier Volume de cette édition {Ai'ertissement, p. xxxiii), nous en avions annoncé deux suivants pour la Correspondance de Fermât, tandis que nous avons réuni en un seul Tome toutes les pièces connues de cette correspondance, en dehors de celles que leur caractère nous avait déjà fait jinblier dans les OEu^-res diveisex ou dans leur Appendice: il a en effet été jugé préférable, contrairement à notre i)lan primitif, de laisser en dehors, ou plutôt de réserver pour les Volumes du Complément en préparation, les diverses lettres adressées par exemple à Mersenne par Descaries, ou à Digby par Wallis ou Brouncker, et qui ont dû être communiquées à Fermât sur le désir formel ou sous l'aveu tacite de leurs auteurs. Nous n'avons donc admis, en principe, que les lettres écrites par Fermât ou directement adressées à lui; nous n'avons fait d'exception (jue : i" pour les deux lettres de Descartes à Mersenne (n°* 25 et 27) qu'il est indispensable d'avoir sous les yeux afm de comprendre les polémiques relatives à la dioplrique et à la méthode des tangentes; 2° pour une lettre de Frenicle à Mersenne (n" 38) qui était iné- dite et a été l'origine des relations entre Fermât et Frenicle; 3° pour deux lettres échangées entre (^arcavi et Huygens (n"' 77 bis et 78), qui comblent en partie de regrettables lacunes de la correspondance entre Pascal et Fermât sur les probabilités. Enfin, comme indications relatives aux nombreuses lettres perdues de Fermât, nous nous sommes, dans le présent Volume, bornés à quelques notes et à quatre Extraits de V Harmonie universelle de Mersenne annexés aux lettres n"' 2, 3 et 4. N'ayant pas à revenir sur les ([uestions relatives aux sources utilisées pour notre i)ubiication, nous pouvons nous borner aujourd'hui à quelques remarques louchant les dispositions typographiques et l'orthographe que nous avons adoptées. Dans le but de faciliter les renvois pour les trois index (des noms propres, de la langue mathématique de Fermât, des matières) qui seront insérés dans le Complément, après la traduction des Œuvres latines, nous avons sub- X AVERTISSEMENT. divisé les lettres, d'aïuès les sujets traités, eu |)aiaf;rai)iies luiiuérotés par (les ehilïres gras (égyptiens), que leur foruie distingue nettement de ceux qui sont euipruntés aux sources. De même ([ue dans le premier ^'oluule, nous avons cherché avant tout la commodité de la lecture; nous avons donc, sans aucun scrupule, multiplié les alinéas et conformé la pond nation aux habitudes modernes. Pour l'orthographe française ('), nous avons en principe adopté celle du xviii" siècle, sauf à conserver les formes constamment usitées du temps de Fermai pour les mots techniques, comme méchanique, (juarré; en dehors de la question de commodité, nous étions forcément conduits ii cette solu- tion, par suite de l'impossibilité absolue où l'on se trouve de reconstituer la véritable orlliographe de Fermât. On possède de Descartes, par e\em[>le, assez de lettres autographes pour qu'il soit possible aujourd'hui de publier son énorme correspondance avec un texte conforme à lk)rthograplie rationnelle (^) qu'il adopta vers l'âge de quarante ans et qui est plus ou moins défigurée dans l'édition de Clerselier; mais pour Fermât, il fallait renoncer à toute tentative analogue. Il nous reste en tout de lui huit autographes en français (la dédicace à Carcavi, publiée dans l'Avertissement du i)remier Volume, pages xix-xx, les ir* 64, 65, 66, 100, 102, 109, 111 de la Correspondance); deux seulement, 66 et 102, dépassent la pro- portion de simples billets, et leur ensemble nous permet tout au plus de conjectui'cr (jue Fermât avait une orthographe personnelle dont on pourrait marquer quelques traits (^), sans pouvoir affirmer qu'elle fût constante (*), même en dehors des lapsus de plume, auxquels il semble avoir été quelque peu sujet. Nous avons, en tout cas, reproduit, sans les modilier, les autographes à (') En ce qui concerne les textes latins, nous avons suivi les mêmes principes que pour le premier Volume {voir l'Avertissement, page xxx). (2) Nous pouvons ajouter « très réformatrice », d'autant que nombre de simplifications qu'il avail Intvoduiles sont encore à réaliser, quoiqu'elles soient également réclamées par l'étymologie et la prononciation. On peut prendre comme exemple l'orthographe usuelle du mot môme auquel se rapporte cette noie. (') Aucun z final ; le t final conservé au pluriel; la forme demender. (') On trouve hoiieur et /loniieur, avance et advance dans des lettres différentes; dans la môme, commis, mais comission et comissaire; il ne faut pas faire entrer en ligne de compte dans une autre lettre, esgalité al égal (page 437). Dans le second mot, l'accent peut avoir échappé à la plume; or, à cette époque, où en principe on accentuait seule- ment les finales non muettes, ris une étude spéciale des formes orthographiques des Varia. dans l'espérance que les différences qui existent d'une lettre à l'autre pourraient per- mettre de distinguer diverses provenances entre les copies utilisées par Samuel F'ermai; par exemple, si les lettres de Fermai à Mersenne formaient deux groupes d'orthographe distincte, on devrait en conclure qu'elles proviennent de deux collections différentes. Nos recherches n'ont pas abouti; les formes que l'on peut considérer comme propres aux sources des J'nria sont relativement rares; l'édition est trop incorrecte cl les différences orthographiques trop fréquentes dans une même lettre pour que l'on puisse déduire des conclusions certaines. Ml AVERTISSEMENT. lï'dilion des lettres des années i636 à i64j; M. Charles Henry do celles des années i646 à 1664. Il nous reste îi signaler les quelques différences que présente le classement dos pièces de la correspondance conlenuc dans ce Volume avec la liste cliro- nolojjiqiie publiée dans le Ihdlelin des Sciences mathématiques de juin 1890 cl encarlée dans le Tome premier : 1° L'ordre des lettres 24. et 25 de la IJste a été interverti; la seconde lellre de Fermât à Mersenne sur la Diojitrique a été en effet écrite avant la première lettre de Descartes sur la méthode des tangentes {voir ci-après page 116, note). a" La lettre 28 de la Liste, reconnue comme antérieure à la lettre 2G, a pris le n" 23 bis, et a été remplacée par le Billet publié par (]lcrselier comme annexe à la lettre 27. 11 y a des motifs pour croire que ce Billet n'a pas été réellement envoyé à Mersenne avec la lettre en question. 3" La pièce 38 de la Liste a pris le n° 38 bis, pour faire place à la lettre inédite de Frenicle à Mersenne que nous avons trouvée dans un Volume de la Corresi)ondance de Mersenne, faisant partie du fonds Libri-Ashburuham; celte découverte nous a induits à penser que le Post-scriptum de la lettre 38 bis est en réalité d'une date antérieure à cette Lettre; mais cette conjecture ne nous a pas paru suffisamment établie pour que nous détachions ce Post- scriptum et en fassions une pièce à part. 4" La lettre de Huygens à Carcavi du 6 juillet i656, publiée dans la Corres- pondance de Huygens, a été introduite sous le n" 77 bis. 5" La lettre inédite de Boulliau à Fermai a été introduite sous le n" 81 bis. Nous adressons tous nos remerciements à M. Lucien Auvray, de la Biblio- ihèfiue nationale, qui a bien voulu nous la signaler. 6° Les deux lettres de Fermât renfermées dans la pièce 90 de la Liste ont été désignées sous les n"* 90 et 90 bis. En résumé, depuis la publication du Tome premier de cette édition, notre recueil de la Correspondance de Fermai a été augmenté de deux pièces iné- dites; nous renouvellerons, avec le ferme espoir d'être entendus, l'appel que nous avons déjà fait aux savants et aux amis de la Science qui pourraient nous fournir de nouveaux documents à utiliser dans le Complément de celte édition. CORRESPONDANCE DE FERMAT. l'i.OM \T. — II. CORRESPONDANCE DE FERMAT. ANNÉE 1636. I. FERMAT A MERSENNE. SAMEDI 26 AVBII. 1036. (A 1" lo-ii; B !'• iv°-i6.) ]\1(IN RlCVÉREM) PkUE, 1. Je VOUS rcsio beaucoup obligé de la faveur que vous me failes espérer de conférer par lellres ('), et n'est pas une des moindres oltli- galions que j'aie à M. de C.arcavi qui nie l'a procurée. .le suis marri de ce que sans doute ma réponse aux points de votre Lcllre ne vous satis- fera pas, mais j'aime mieux paroitre ignorant en vous répondant mal, qu'indiscret en ne vous répondant point du tout. 2. .l'ai toujours cru qu'il étoit bien malaisé de secouer et détruire les principes dos Sciences, car, étant fondés sur l'expérience labo- rieuse de ceux qui les ont recherchés, il semble qu'il est bien malaisé d'en faire de plus précises, et il est encore plus inutile d'appeler la raison au secours des sens, puisque, dans ses opérations, elle présup- pose toujours celles des sens exactes et véritables. ( • ) Il est clair que celle Leltre est la première que Fermai ail écrilo à Mersennc, en répondant d'ailleurs à une Lettre do ce dernier, qui est perdue. i ŒIVIJKS l)i: IKUMVI. - CORRESPONDANCE. 3. Di' sorlo (]ii(\ par mon sciiliincnl cl par cos raisons, j'csliiiic (pTil seroit bioii malaist' de (roiiver une proporlioii dinV-renle de la double (|iii l'il l'octavo plus exactement que celle-là. Je vous avoue bien (|nil y en a iutinies, qui effectivement feront des accords différents et des- quels néanmoins la différence ne sera pas comprise par l'ouïe la plus délicate qui puisse être; et de là on pourroit conclui-e que peut-être la vraie octave ne consiste pas précisément en la proportion double. Mais, puisque, en ce principe que les Anciens nous ont baillé, nous n'avons jusquesà présent su découvrir d'erreur sensible, rendons-leur ce respect de le croire véritable, jusques à ce que le contraire nous ait apparu. 4. Peul-èlre que, comme on a trouvé des lunettes qui rendent vi- sibles les choses qui ne l'étoient pas auparavant, et qui nous font con- noilre les différences les plus menues et les plus subtiles, on trouvera (|uelquc instrument qui fera tomber les sons les plus proches sous des dillerences remarquables et sensibles à l'ouïe. 5. Or, de chercher par raison pourquoi l'octave est en proportion double, c'est, ce me semble, traiter des choses hétérogènes : le son de l'octave est l'accident et la qualité de la proportion double qui consiste en quantité. La proportion se comprend par la vue ; l'accord qu'elle fait, par l'ouïe; et ainsi il semble qu'on ne sauroit assigner une raison nécessaire pourquoi est-ce que l'un convient à l'autre. Car, comme vous savez, les raisons démonstratives s'arrêtent toujours entre des su- jets homogènes. De sorte qu'il vaut mieux laisser décider aux sens toutes les questions de votre Lettre, que d'altérer des maximes reçues et qu'on ne sauroit convaincre de faux. 6 11 y a bien quelque chose sur quoi peut-être je pourrois vous donner des raisons plus précises, mais ce sera une autre fois. Je me contenterai cependant de vous avoir fait voir les effets de mon obéis- sance, bien qu'ils me soient désavantageux. 1- Vous m'obligerez beaucoup de me faire savoir si M. de Beau- grand est à Paris. C'est un homme duquel je fais une estime très sin- I. — -20 AVRIL 163G. o gulière ; il a l'esprit merveilleusement inventif, et je crois que sa Géostatique (') sera quelque chose de fort excellent. Je lui écrirai dès que vous m'aurez donné de ses nouvelles. 8. Je serai aussi bien aise d'apprendre par votre moyen tous les Traités ou Livres nouveaux de Mathématiques qui ont paru depuis cinq ou six ans. 9. Je vous envolerai Vhélice (-) que vous me demandez, par la pre- mière commodité. 10. Et vous dirai cependant que j'ai rétabli entièrement le Traité d'Apollonius : De locis planis (^). II y a six ans que je donnai ii M. Pra- des, que peut-être vous connoissez, la seule copie que j'en avois, écrite de ma main. Il est vrai que la question la plus difficile et la plus belle, que je n'avois pas encore trouvée, y manquoit. Maintenant le Traité est de tous points accompli, et je vous puis assurer qu'en toute la Géométrie, il n'y a rien de comparable à ces propositions. J'en ai l'ait voir quelqu'une ii M. de Beaugrand. 11. J'ai trouvé aussi beaucoup de sortes d'analyses pour divers pro- blèmes tant numériques que géométriques, à la solution desquels l'analyse de Viëtc n'eût su suffire. De tout cela, je vous en ferai part quand vous voudrez, et ce sans nulle ambition, de laquelle je suis plus exempt et plus éloigné que tous les hommes du monde. 12. Je voudrois pourtant qu'il vous plût, sans me nommer, proposer aux plus habiles de delà les deux questions suivantes à soudrc, pour (') Joannis | de Beaugrand ] Régi Francire Domui | Uegnoquo ac œrario | sanctiori a consiliis secretisque i Geostatico | sou | do vario pondère gravium | seeundum varia a lerree < centro > | intervalla | Dissertatio raathematica 1 . — Apud Tussanum Du Bray. via I Jacobaea, sub Spicis maturis | M. DC. XXX. VI. — (Bibl. Nat., V 122, f°). — La dé- dicace, à Riclielieu, est datée du 20 avril iG36. {-) Foir ci-après Lettre III, 3. (') /'bi> Tome I, pages 3 à 5i. — Il semble (]ue la proposition que Fermât n'a trouvée qu'en dernier lieu soit la septième du Livre I (T. I, p. 24); il avait en effet achevé le Livre II dès 1629. Voir ci-après Lettre XXI, .3. G ŒUVHES 1)E FEU.MAT. - COIiUESl'ONDANCK. Cl- (|ii(' It'iii' siiliilidii lU'poiul crime méthode particiilii'ro que j'ai trou- vci', (le la(|Uollo je ne ferai plus tanld'éla(, si vous (loiivez (|iiel(jii'iiii (|iii les puisse soudre géomélriquemenl ('). l'ui.MA. — Dalœ sphœrœ inscnbcre coniim reclti/n oinnimn iiisnihcndo- ruin ivulntu maximum. Secinda idem proponit de cylindro quod superior de cono. .le lie prcliMids pas par là vous exclui'e du nouibre de ceux (jui eher- oluToul la soluliou de ces deux questions. J'allends de vos nouvelles et suis, mon Révérend Père, votre très iuinihle serviteur. Fermât. A Toulouse, ce '26 a\ril iG3G. II. PROPOSITIO GEOSTATICA DoMiM DE l^'EliMAT ("-). < MAI 1G36 > {l-a., p. .',3-1',',.) 1. Sit ceiilnun Tcrrœ B (fig. i), semidiameter BA, portio allcriits semi- diamelri ]iC et fiai (il \V> ad !?(!, it(t pondus appcnsii m in C ad [londiis appensiun in A : Fi-. ■. e — G) c A Aio puiulcra A, K\ non nuneri, sed Jicri œquilibrium. C) f'oir Tome I : la solution analytique de la première de ces deux questions, pages lij et suiv ; la solution géométrique de la seconde, envoyée à Mersenne le 10 no- vembre i6j2, pages 167 et suiv. 1') Celte proposition a été envoyée par Fermai à Carcavi ( roi/- ci-a[)rès Lettre VI. 2) II. — MAI 1636. 7 Hœc autcm propositio probatii est facillima, vesligiis Archiinedis ( ' ) insistendo, et, si ncgelur, statim demonstrabitur. 2. Hoc supposito, propositionem sane mirabilem inde deduciimis : Ponalut grave in piuicto N (tig. 2) inter puncla A et B, cl Jîal ut AB ad BN, ita pondus N ad polentiani. R : A io pondus N, j'unclo axe AN, a potentia R m puncto A coUocata dcti- Fig 2. B 0 ^., N /ic/V £'^, .y< minimum augeatur potentia R, sursum tolli, ideoquc (pià prn- pius pondus accedit ad centrum Terrœ, minorem potentiani ad toUendum illud requin. Haec est, ni fallor, propositio quam Beaiigrandus (-) in sua Goosta- tica demonstrat; nos eam hac ratione, quœ seqnitnr, demonstramus. dans une lettre perdue, où il le priait sans doute de la communiquer à Jtersenne. Fermai l'avait composée avant d'avoir pris connaissance de la Géostatique do Beaugrand, par con- séquent avant la lettre suivante, du 3 juin iG3G {voir ci-a]irès III, 5). Mersenno en a inséré dans son Harmonie universelle une traduction assez fidèle, cpie nous reproduisons ci-après (IIa). Elle permet de constater une confusion dans les Varia, où les trois premiers articles sont rattachés à la pièce V ci-après, et où le titre du mor- ceau est inséré après l'énoncé même de la proposition, c'est-à-dire avant l'article 3 : Sup- positis et coiicessis etc. (') Si l'on compare la marche que suit Archimède {De planorum nv/uililirHx, I) pour démontrer le princii)e d'équilibre de la balance, on reconnaît que Fermât admet en fait comme postulats : 1° Que la direction de la gravité passe constamment piK un point déterminé hors du corps pesant, à savoir par le centre de la Terre; ■j.° Que le point d'application de la gravité (au moins pour un corps sphcrique homo- gène) est un point déterminé de la figure du corps pesant; 3° Que l'effet statique de la gravité, pour un corps déterminé, dépend uniquement de la distance de son centre de gravité au centre de la Terre. Fermât ne suppose pas d'ailleurs que la gravité s'exerce en dehors de la sphère ter- restre ; dans ces limites, ses postulats concordent avec l'hypothèse newtonienne, si l'on considère la gravité comme la résultante de l'attraction d'une sphère composée de couches concentriques et homogènes sur un point matériel situé à son intérieur. (2) Voir la Lettre I, 7. La Géostatique de Beaugrand a pour objet de démontrer que la gravité (supposée seulement à l'intérieur de la sphère terrestre) varie, pour un même s ŒUVRES DE FERMAT. ^ CORRESPONDANCE. 3. Sii[)[)ositis l'I coiu'i'ssis (niil)iis in domonstratione ulimur, ex pni'ciHlonlo propositionc et ex coinmunihiis notionibus desuinplis, sil «•eiilnim Terra' C {Jig. 3), semidiameter CA in qua sumatur puiidum Fi-. 3. ■■^ — '- — e e— -^ 15. In pnncio anloni B sit qiiodvis grave appensuni; iiat aulein ut recta CA ad reclam CB, ila pondus in R appcnsnm ad potcntiani aliqnani, ul R. Aio grave 1? a pnlentia Rin puncto Asustineri et, si augeatur quantum- liliet polentia R, pondus B ah luijusmodi aucta potenlia in {tane(o A colloeala snrsum moveri. Producalur enim Ad in D, et sil CD tequalis CB, et in D eollocetur pondus ponderi B îvquàle. Corporis igilur ex duobus gravibus B et D compositi ccntrum gravitatis est C, ideoque, si a puncto A auferalur corps, pnipoi-tloiincllomeiit à la dislance do son contre de gravité au centre do la Terre. C'est donc, en fait, la mémo thèse que celle de l'armât, quoique ce dernier établisse une distinction assez subtile {voir ci-après Lettre IV, 1). Mais la démonstration do Beaugrand est absolument manquôe comme fond et comme forme, et elle donnera lieu, dans la cor- respondance entre Mersenne et Doscurtes, à de fré(iuenles railleries de ce dernier contre le i^eostaliclcii. (;etle démonstration revient en fait à admettre que, si un corps pesant est suspendu par un fil sans gravité à l'extrémité d'un levier parallèle à l'horizon et maintenu d'ailleurs en équilibre, cet équilibre ne sera jamais détruit, quand môme on allongerait, autant que l'on voudra, le fd do suspension supposé dirigé vers le centre de la Terre. 1,'crreur d'une pareille thèse est aisée à reconnaître; mais il convient d'observer qu'à la date où nous sjmmes, les principes de la Slati(pie ne sont nullement établis; on est môme à ])eine d'accord sur les conditions d'équilibre du levier actionné par des forces parallèles, car la question qui s'agite est précisément de savoir si les postulats d'origine expérimen- tale sur lesquels repose la théorie d'Archimèdo sont vrais en prenant les forces de gra- vité concourantes, ainsi qu'elles le sont on réalité, ou en los supposant parallèles, avec le géomètre do Syracuse. Beaugrand admet la première alternative jusque dans ses consé- quences évidemment erronées; Format suit la môme voie, mais avec une prudence très caractéristique. Hobcrval défendra l'hypothèse d'Archimède {ci-après Lettres VIII, XIV) ; mais Galilée et Castelli, quoique déjà en possession, comme Roberval, du principe de l'équilibre du levier actionné par des forces concourantes, n'en ont pas moins pris en sé- rieuse considération les conclusions de Beaugrand et les propositions de Fermât {voir ci- après, Pièce V, note 6). II. - MAI 1636. !) potentia R, quum recta BA niliil ponderet, crunt pondéra B et D in œquilibrio et manebunt. Si autem in A collocetur pondus deorsum tendens, potentiae R sur- sum moventi a^qnale, idem est ac si a puncto A dematur potentia R; nam, quantum potentia tollit, tantumdem pondus deprimit. Collocetur igilur hujusmodi pondus in A : corpus igitur compositum ex potentia R collocata in A et sursum niovente, ex pondère A deorsum tendente et ex gravibus B et D, erit in aequilibrio aut, si mavis, non move- bitur. Quum autem grave D sit aequale gravi B, et recta CD rectse CB, erit ut AC iul CL), ila AC ail CB, et ut pondus 15 ad potentiam R iti A coIlocaVam, ila [joiidus I) ad pondus in A deorsum tendens, r|uo(l ipsi R potentiœ sequale posuimns. Est autem, ex bypothesi, ul lecla A(; ad Œ, ila pondus B ad polenliam B in A collocalani : erit igilur ut A(^ ad Cl), ila [loiitlus I) ad pondus in A deorsum lendens. Quum igitur distantia* ponderibus sint reciproce proportionales, pondus iii A deorsum tendens ponderi D a'quiponderabit; si vero ab a'quiponderanlibus «quiponderanlia auferantiir, reiiqua aequiponde- rai)unl : crgo, si ab 3equilii)rio ex potentia R in A collocata et sursum movente, ex pondère in A deorsum tendente et ponderibus B et D com- posito, auferatur sequilibrium ex ponderibus A et D compositum, reii- qua îçquiponderabunt aut potins non movebuntur. Auferantur igitur pondus A et pondus l); remanebit potentia R, in A collocata, et pondus B, qiiod proindc potentia R detinebit. ideoque, si minimà augealiir vi, sursum (idlif. Quod erat demonstrandum. l'tnM.vT. — n. 10 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. Ha. .Mkrsexne. Scrnnde Partir de lHavmotiic ITiik'crsellc (iTvîj), livro VIIl : Oo riililito (io l'ilarmiiuic. |)iii|). wiii, pages Gi cX suiv. ( ' ). . . . Or, ]iuis(|iii' Monsioiii' l'ennal, Conseillci' au Parleiiiont de Tliolosc l'i Iri's-oxrollciil (ioomèlro, m'a (ioiiiH' lo l'aisonncincnt qu'il a t'ait sur les liitTé- reiiles i)esanteurs des poids, suivant (|u'ils approchcnl davantage du centre..., je veux faire part au public de ses pensées sur ce sujet. Soit donc le centre de la Terre dans la ligne (lroit(> VC (/'A'- i), an point 15; G — ^ O le ilcnii-ilianièire HV; et RC soit luie [loinion de l'antre denii-dianiéire. El ([lie le poids attaché au point C soit au jioids attaché au point A comme AR à Rt; : j(> dis (|ne les poids A, C seront en éf|uilihre. Ceci élanl posé, il en déduit la conclusion précédente, à savoir ipie la pesanteur d'un corps est d'aulanl moindre qu'il s'ap|iroclie davantage du centre de la Terre Je mets ici le raisonnement entier de Monsieur l'ermat. Soit donc mis le poids entre A et l> au |)oint N {Jli;. 2); et connue A
  • Fig. 2. B 0 ^>a est à BN, ainsi soit le poids N à la puissance R : je dis que le poids N, joint à A par la ligne NA {"-), est détenu par la puissance R mise au point A, et que si l'on augmente tant soit peu la ])uissance R, elle l'enlèvera; i)ar consé- (|uent, il faut une puissance d'autant moindre pour l'enlever, ((u'il api)roche davantage du centre de la Terre. Ce qu'il démontre en celte façon : Que C {fig- 3) soit le centre de la Terre, Fig. 3. Cy-^ e ' ->K le dcmi-dianiétre (3A, auquel soit pris le point R, dans lequel le poids attaché soit à la (niissance R comme AC à (]R : je dis que le poids B est soutenu ])ar ( '; Fuir la noie 2 de la page G, second alinéa. (2) joint à BA par la ligne BA Mersennc. III. — 3 JUIN 1636. 11 l;i [iiiissance H mise en A, laquelle l'enlèvera, pour peu qu'on l'augmenle. (]ar soil prolongé AC jusques à D, el que CD soit égal à CB, et que l'on nietle un poids en D égal au poids B, C sera le centre de pesanteur du corps com- posé des deux poids B et D; c'est pourquoi, si du point A l'on ôte la puis- sance R, les poids B et D demein'eront en équilibre, iHiis(|ue la ligne HA ne pèse point. Et si l'on met le poids en A qui tende en bas, égal à la puis- sance Il qui tend en haut, l'on (ait la même chose que si du point A l'on ôluil la puissance R, puisque le poids abaisse autant comme la puissance enlève. Oue ce poids soit donc mis en A; donc le corps comijosé de la puissance It posée en A el tendant en haut, du poids A tendant en bas, el des poiils lî et I), demeurera en équilibre. Or puisque le poids D esl égal au poitls B, el (|ue la ligne CD est égale à la ligue CB, AC est à CB comme AC à Cl) ; el comme le poids B est à la puissance R mise en A, ainsi le poids D au poids mis en A (]ui tend eu bas (lequel on suppose égal à la puissance R). Or, comme Af] esl à (]B, ainsi le poids B à la puissance R posée en A; donc, comme AC à Cl), ainsi le poids D au poids mis en A. Et par conséquent le poids mis en A sera en équilibre avec le poids D, puisque les distances sont en proportion réci- piofpie des poids. Mais si l'on ôte des poids qui sont équilibres, d'autres poids (|ui sont aussi en équilibre, ceux qui resteront demeureront aussi en l'quililiie; donc si, de l'équilibre fait de la puissance R mise en A el tendant en haut, du poids mis en A tendant en bas, et des poids B et D, l'on ôte l'équilibre l'ail des jioids A et I), les |ioidsqui resteront demeui'eront en équi- libre. Soient donc ùlés les poids A et I), la puissance R mise en A et le [loiils I! demeureront en équilibre, et partant, pour peu que l'on augmente la pui>- sance R, elle enlèvera le poids B : ce qu'il falloit démontrer. ni. FERMAT A MERSENiNE. MAiiDi 3 jriN i63(j. Mon Hi:vi:iu:.M) Pèisi:, 1- J'ai reçu votre letlre avec satisfaction, puisqu'elle contient des remarques et des expériences très singulières : j'en ferai l'estime que je dois et de tout ce qui me viendra de votre [)art. 12 ŒUVRES DE FEKMAT. — CORRESPONDANCE. 2. Je n'ai [tiiiiil vu de livn> de musique plus nouveau de vous (|ue celui tiue vous appelez (Jiws/io/ts li(in)iomques, ((ue j'ai, relié avee nu autre reeueil de Questions et les Méchaniques de (ialihei ( ' ). 3- Si la denioiistratiou de la proposition de l'hélice ('- ) u'étoil pas de grand discours et d(> grande rechereiie, je vous l'envoierois présen- (') Il a paru, en i(i'3|, ilcii\ Volumes diffôroiils do Questinns ilu y. Mersonne. Ions de\i\ polit iii-oi'lavo. Le premier — A Paris, chez laques Villery, rue C lopin à l'Escu de France, et au coin de la rue Daiiphine aux trois Perruques, M.DC.XXXIHI. Avec Privilège du Boy. — Sans nom d'auteur (le privilège, du i4 août i('29, est délivré au U. P. M. R. M. ; l'achevé d'imprimer est du i" décembre iG3'5) — eoulienl (Bibl. Nnl. Imprimés V '.uii, luvon- tairo V 19^94/5) : 4 A a) Questions iiiouyes, ou Récréation des scavans. Qui contiennent beaucoup de choses concernantes la Théorie (Théologie?), la Philosophie, et les Mathématiques (180 pages); h) Questions harmoniques. Dans lesquelles sont contenues plusieurs choses remar- (piables pour la Physique, pour la Morale, et pour les autres Sciences (276 pages). Le second — A Paris, clwz Henry Guetio/t, rue Sai/ict lacques, prés les lacohins, à l'image Sainct Bernard M. DC. XXXIV. Avec Privilège et Approbation. — (Privilège d'août 1G34, cpitrcs dédicaloires signées de Mcrscnne) — renferme (Bibl. Nat. Imprimés V 2675, Inventaire V aSiSo/i/a) : c) Les (Questions Tlioologiquos, Physiques, Morales et Mathématiques. Où chacun trou- vera du contentement ou de l'exercice. Composées par L. P. M. (240 pages); d) Les Méchaniques do Galilée Mathématicien et Ingénieur du Duc do Florence, Avec Plusieurs Additions rares et nouvelles, utiles aux Architectes, Ingénieurs, Fonteniers, Philosophes et Artisans. Traduites de l'Italien par L. P. M. M. (88 pages); e) Les Préludes de l'Harmonie Universelle, ou Questions Curieuses, Utiles aux Prédi- cateurs, aux Théologiens, aux Astrologues, aux Médecins et aux Philosophes. Composées par L. P. iM. M. (224 pages). C'est évidemment ce second volume que possède Fermât et c'est le dernier recueil (c ) qu'il désigne improprement sous le titre de Questions harmoniques. (2) Foir Lettre I, 9. — L'envoi promis ici par Fermât ne se retrouve pas dans ses Lettres à Mersenne, mais il fut fait avant le 4 novembre 16'ÎO {voir Lettre XV, 6), et d'autre part, en rapprochant les extraits ci-après IIIa et IIIn des CEuvres de Mersenne. on reconnaît aisément que ce dernier nous a conservé, dans le second de ces extraits, une partie du travail de Fermât, suffisante pour que l'on puisse en apprécier toute l'im- portance. On peut constater également que l'hélice dont parle Fermât dans ses Lettres I, 9, et III, 3 n'est autre que colle qu'il désigne sous le nom à'hcli.v Galilei (et non Jialiani, fausse leçon de Bossut) dans la Solution du prolilcme propose par Etienne Pascal ("ïomQX, pages 73-74), pièce dont la date semble devoir être assignée en janvier ou février 1637. Cette spirale de Galilée, nom probablement donné par Mersenne, peut être définie la courbe décrite, relativement à la Terre supposée animée du mouvement de rotation diurne, par un point matériel pesant tombant librement suivant la loi de Galilée. Le pro- blème de cette trajectoire préoccupait particulièrement le savant Minime et, dès sa pre- mière lettre à Fermât, il avait dû lui dmnander ses lumières sur cette question. — Il ne parait pas douteux (|ue l'écrit p(M'du ait été rédigé en latin. m. - 3 JUIN 1636. 13 Ipment; mais elle contiendra autant que deux des plus grands Traités d'Archimède, de sorte que je vous demande un peu de loisir pour cela et cependant vous la pouvez tenir pour très véritable. 4. .l'en dresserai un Traité exprès, oîi je vous ferai voir de nouvelles hélices aussi admirables qu'on en puisse imaginer; pour vous en donner l'avant-goût, en voici une, qui est peut-être cette ligne que Ménélaùs appelle admirable dans le Pappus (^' ). Esto hélix A>IB ( tlg. 4) '« circulo CNB, cujm ea sil proprietas ut, ductâ qualihel rectù, rerbi gratia AMN, lola circuli circumferentia sil FiK. 4. ad ejiisdem circumferentiœ portionem NCB ;// AB quadratutn ad qua- dratiun AM. //( hoc autem hwc hélix differt ah hélice Archimedis (jund, in hélice Archimedis, sil iil circumferentia ad portionem NCB, ita AB ad AiM. l'ronunciainus : primo, spatium sub hélice et recta AB comprehensum esse dimidium lolius circuli: deinde (qitœ est proprietas mirabilis), spa- liuin ex prima revolulione ortum ( quod hic sit N) (tig. ')) esse dimidium Fig. 5. spalii M ex secunda revolulione orli; spatium vero (] ex terlia rcvolatione ( ' ) Popput, rv, 'ifi, édition Huitsch, page 370, 2G. — La supposition de Fermai est très peu probable. 14 Œ u V K i: S I) !•: l' i: ii m \t. - c o u r e s p o n d a n c e. oit uni esse œqitale spath .M, et oninid onuiino dcinccps spatia ex (jiiahhcl iTKolutioiic oiia dirlo s/xi/io .M siinililiT esse (vqiHilia, idaupic et i nier se. J(> crois que vous m'avouerez que ces reeherelies soiil belles, mais j"ai si peu île eoinuiodile d'eu eeiiic les (léuu)us(ralious qui sont des plus malaisées et des plus eiubarrassées do la Géométrie, (jue je tue l'ouleule d'avoir ilecouvei'l la vérité et de savoir le umyeu de la prouver lorsque j'aurai le loisir de le l'aire. Si je puis trouver quidijue oecasiou d'aller jiasser (rois ou quatre mois ii Paris, je les emploierai à mettre par éerit toutes uies uouvollos pensées en ces arts, à quoi je pourrai sans doute être beaucoup aidé de vos soins. 5. .l'ai vu la Géostatùpœ de M. de Beaugrand (') et me suis étonné d'abord d'avoir trouvé ma pensée diH'érente de la sieiiiu'; j'estime (|ue vous l'aurez déjà remarqué. Je lui envoie t'ranchomcnt mon avis sur sou livre, vous assurant ([ue j'eslinu' si fort son esprit et qu'il m'en a donné de si grandes preuves, que j'ai peine ii nu' persuader qu'ayant entrepris une opinion contraire à la sienne, je ue me sois éloigné de la vérité; je consens pourtant qu'il soit mon juge et ne vous récuse pas non plus. Et parce que j'ai écrit à la hâte la démonstration que je vous envoyai et l'écrit que je lui envoie ( - ), je mettrai fout au net à loisir et tâcherai même de trouver de nouvelles raisons pour soutenir mon ojti- nioM, à laquelle pouilani je ne m'attacherai jamais par opiniâtreté dès (|u'il me fera connoitre le contraire. .le suis etc. ( ') l'oir Lellros I, 7, 11, 2. (,') Écrit de Format perdu, cdiuiiic toute sa corrcspoudance avec Bcau^'rand. — La démonstration envoyée à Merscnne n'est autre que la pièce précédente, II, ou peut-être la rédaction en fraiirais de la même pièce, 11a. Cependant on no peut conclure du lani,'ai.'e de Fermât ([ue l'envoi a été fait directement à Mersenne et que, par suite, il y aurait eu une lettre perdue inlcrmédiairo entre 1 et III (voir Pièce II, note a de la page 6). IIIa et IIIb. - 3 JUIN 1636. lo IIIa. MliitSKNNR, Seconde Partir de l'Htinnrinie Unk'emcUe (il'^j ), Nouvelles Observations Pliysiqiios ol MatliéniatiqiH?s. Première OIjs. pasre 2 : La seconde chose qu'il est à propos de remarquer appartient à la demie circonférence dont je parle au même lieu (') : car, outre ce que j"ai montré (le la ligne hélice, par la([uelle les ])oids descendent suivant l'imagination de (ialilée, un excellent Géomètre a démontré les propriétés de celte hélice, laquelle lui pourra servir d'occasion pour restituer le livre de Démétrius, iz^o\ Ypaaa'.xwv ÈTnTTxdsojv, dont Pappus (-) a parlé dans le A- '• de ses Collec- tions. Je dirai seidement qu'il y remarque (') une raison perpétuelle de i5 à 8 : ceux qui en voudront savoir un plus grand nombre de particularités, les peuvent espérer de cet excellent personnage. Il a trouvé plusieurs autres nouvelles hélices, dont l'une est peut-être l'admirable de Ménélai'is (M, de laquelle le premier espace fait par la première révolution est sous double de celui de la seconde; et néanmoins tous les autres espaces suivans produits [)ar les autres révolutions sont égaux à celui de la seconde révolution et ()ar conséquent égaux entre eux. Je laisse les autres propriétés, dont il donnera la démonstration quand il lui plaira. III... Mersenxe, Cogitiilii Plirsicii-in/illienxitica (1O4I) — Hallistica, page "17- 1. Cùm (lalilseus existimare videretur lapidem (posità terra mohili et solis motiim supplente) usque ad terraî centrum descendeutem moveri per semi- circumferentiam. . . . de quà superius (») dictum est, demonstravit acutis- simus Geometra i). Fermatius non esse descensum illum semicircularem, sed helicem describere peculiarem, quae sil secunda inter sequentes, quem- admodum prima est Archimedea. ( ' ) Livre II du Mouvement des Corps, prop. \\\, pages gS et suiv. — Galilée axait dit ( iHa.tsimi Sistemi, iG32, p. i56 suiv.) qu'il était probable qu'un corps, tombant sans em- pêchement jusqu'au centre de la terre, décrirait, en tenant compte du mouvement de la terre, une demi-circonférence. Mersenne réfutait cette opinion. (2) Pappcs, IV, '56, édition Hultsch, page 270, 20. {'■>) Foir ci-après la pièce IIIu, 2. (1) T'oir Lettre III, 4. (5) Page 5o des BalUnica de Mersenne. lu (Kl VUES l)K l'KHMAT. - COIUIESPON DANCE. •2. Sil iijiliir lioliv AFB (//;,•. G) iiitia tirciilum ]U.\ descripta, ila ut sempcr sil oniloin ratio ciiciiiiilereiilia^ \U.\ ad arciiiii 1!(', i|na' est liiica' \I$ ad F(;, vol (|uailiali Mî ad (luadratuiu FC, vel iul)i AU ad cidiiiiii FC, vol cujiis- luinquo altoiius polestatis (') AB ad siiniloin pdtoslaleiii FI',, régula geneialis Fis. 6. dalui, ijiià lalio rirculi BCX ad spaliuin lineà AB el helicibus AFB comprc- lieiisum reperialur (-). llîc appono octo hélices quarum majores iiumeri circuluni, minores lieliccm ro le nuit : 1. 2. 3. -i. ri. G. T. . 8- "> r") 1-1 4- 3 5 t)i Go i3i ' S 9 !î y.'} (i). 49 \ii< 3. Oiiilius placet addere demonstralinnem amici ('), qui demousliavil liiieani descensùs gravium nou esse circularein , sufllciat aiiiiolas>-e ' ) Polenliio Mersenuc. -) Mersennc a fait ici quelque confusion; les spirales qu'il \ionL de définir onl pour r-quation polaire celles auxquelles se rapportent les nombres qui suivent el dans lesquelles doit d'ailleurs fleurer comme seconde (« = a ) la trajectoire étudiée par Format, ont. au contraire, pour équation R — P / Fermai a sans doute considéré les doux classes; pour la seconde, le rapport de l'airo /•? = " rfo) , , , i2R2 , •>.«'- de la spirale / o^ — , au secteur de cercle correspoiidanl , est ■ ■ ; • p 0 formule dans laquelle rentrent les nombres donnés par .Merscnne. ( ') La démonstration qui suit (en partie seulement) dans le texte de Mersennc ne peut •Hre attribuée à Fermai. IV. - 24 JUIN 1636. 17 lineani islam ciesccnsûs gravium rectam sub polis i'iUiirani; planam helicein sub a;f|iialore; et in onnii alio loco solidam iiolicem super coiii isoscelis superficie descriplam, cnjus basis est parallelus, à quo desceusus incipit, et vertex ipsum terriB centrum. 4. Quam demonstrationem lil)euler postulantibus comniunicaljo, queniad- uiodum aiiam elegantissiniam à D. Fermatio inventam et ad ipsum missam (îalilaeuui ('), quà demonslrat spatium ab isla comprehensum hélice esse, vel ad circuli seetorem, vel ad lolum cireulum c|uibus comprebenditur, ut 8 ad i5; quœ proportio roperitur similiter intra spatium à spiral! circa coni superficiem descriptum et ipsam coni superficiem. IV. FERMAT A !\IERSENNE. MARDI 24 JUIN l636. • ( l'a, p. 122-123.) Mon Révèrent» Pèue, 1. Je suis marri de n'avoir pu vous l'aire précisémeul eouipreiidre mes seulimeus touchant ma Proposition Géostatique (-); il est pourtant vrai que je n'avois garde de la prendre au sens que vous avez cru, car la seule raison que j'ai employée contre l'opinion de M. de Beaugrand, c'a été celle-là même que j'ai trouvée dans votre Lettre, de sorte que je (') Galilée répondit à cet envoi par une lettre du 1 5 jnin iG3S à Mersenne dont une irnduetion française se trouve dans le MS. de la Bibl. Nat. fr. nouv. acq. 6204; dans celte lettre, ['"ermat se trouve simplement désigné sous les termes : « votre aniy ». Dans les manuscrits de Galilée, on ne retrouve aucune autre trace de rapports entre lui et Fermât ([ue ce passage d'une lettre d'Elia Dcodati du \\ juillet 1637 : « Al Signer Carcavi essendo tornato di fuora, ho date la letlora di V. S., délia quale ô i> restato sodisfattissimo per la soluzione délie objezzioni fatte avanti dal suo amico. il » quale anco lui dovrà restare appagato quando lo vedrà. 11 nome suo è W Fermât, Con- 1) sigliere del Parlamento di Tolosa, dove resiede. » (Bibliothèque Nationale Centrale de Florence. — MM. Galiléens, P. V., T. vi, f" 79".) Nous devons ce renseignement à l'obligeance de M. A. Favaro. {-) Ci-devant, Pièce II. Kebmat. — II. "^ 18 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. n'avois garilo de loinhcr dans un iiicoiivoiiicnl, (|ii(' j'avois prévu et condamné. .r('>liiiii' donc (|uc loul grave, en ijind lieu du nioiule (|u'il soil. honnis dans le ceulre, pris en soi et absolument, pèse toujours éga- lement, cl c'est une proposition que j'aurois aisément prise pour prin- cipe, si je ne la voyois contestée. Je tàciiorai donc à la prouver; mais, (|u"elle soit vraie ou non, cela n'empêche pas la vérité de ma Proposi- tion, qui ne considère jamais le grave en soi, mais toujours par ndation au levier, et ainsi je ne mets rien dans la conclusion qui ne se trouve dans les prémisses. Or l'équivoque, sans doule, est venue de ce (|ue je ne vous ai pas assez expliqué les nouvelles pensées ([ue j'ai sur le sujet des Mécha- niques et lesquelles vous verrez grossièrement crayonnées sur le papier que je vous envoie {'); c'est pourtant à la charge que vous m'obligerez de ne les communiquer à personne et que vous me donnerez le loisii' pour en faire les démonstrations exactes ou plutôt pour les mettre au net, car elles sont déjà faites. L'erreur d'Archiméde, si |)ourtant nous la pouvons nommer ainsi, provient de ce qu'il a pris pour fondement que les bras de la balance arréteroient, quoiqu'ils ne lussent pas parallèles à l'horizon, de quoi j'ai démontré le contraire. Si vous examinez de nouveau la 6'"" et la 7'"" des Equiponclérans (^ ), vous trouverez que je ne me trompe pas et que sa démonstration est toute fondée sur cette supposition. Car soit le levier EDB {fig. 7), duquel le centre A, celui de la terre C. Archimède, pour démontrer la proportion réciproque des poids, les divise en parties égales, comme \l, et les attache en dis- tances égales le long du levier. Or, il suppose que le centre de gravité de deux poids est au point qui divise leur intervalle également, et cela ( ' ) Ci-après, Pièce V. (2; Arciiimêdk, lie pkuionim {t'qiiililiriis I : I^cs propositions 0 ol 7 tlémoatreiU la réci- procité des rai)ports entre les poids suspendus à un levier en éiiuilibro et les Inngneiirs des bras de levier; la première dans le cas de la conimensurabilité, la seconde dans le cas de l'incommensurabilité des rapports. IV. - 24 JUIN 1636. 1!) est bien vrai aux deux poids qui sont autour du point A, parce que la ligne AC étant perpendiculaire au levier, les poids E autour du point A se trouvent également éloignés et du centre du levier et de celui de la terre et, par conséquent, ils se trouvent d'égale inclination. Fig. 7. Mais si, dans le même levier, vous prenez le point D qui divise l'in- tervalle des deux graves E également, en ce cas le point plus éloigné du centre du levier est aussi le |)lus éloigné du centre de la terre, et ainsi le point D avec les deux poids E représente une balance, de laquelle les bras ne sont pas parallèles ii l'horizon. Mais si la descente des graves se faisoit par lignes parallèles, comme en cette figure {Jîg. 8) par les lignes AC et DN, en ce cas, la proposi- O V Q Q t Q-^ E E E E , tion d'Archimède seroit vraie : ce n'est pas que dans l'usage elle manque sensiblement, mais il y a plaisir de chercher les vérités les plus menues et les plus subtiles et d'oter toutes les ambiguïtés qui pourroient survenir. C'est ce que j'ai fait très exactement et je vous puis assurer que, quoique la recherche en soit bien malaisée, j'en [los- sède toutes les démonstrations parfaitement. :>0 ŒUVRES DE FERMAT. - t.OURESPONDANCE. Soil le cciilri' de la Icrrc A {/iij;'- ;)), li' gi'aN'c li an |)()iiil K, cl le poiiil N dans la supcM'l'icic on ailleurs, plus oloigiié du cciilrc que le piiiiil K. .le Ile dis |)as (Hic le poiiil \i p('S(> moins clanl cii I*] (|ii(' s'il cloil l'ii N. mais je dis t\[H\ si le pdinl 1^ es! suspendu dn [xiinl N N par le tilet NE, la force étant an point N le retiendra plus aisément (|ne s'il éfoit plus proelie de la dite force, cl ce, en la pioporlion (|iie je vous ai assignée. Je crois vous avoir suffisamment expli([ué ma pensée sur ce sujet. 2. Pour la ([uestion (') des nombres doni vous me parlez, si vous m'en faites part, je tàeJn'rai de la résoudre. 3. .renvoyai, il y a déjà longtemps, la proposition des parties ali- quotcs (- ) il M. do lîeaugrand, avec la construction pour trouver infinis nombres de même nature. S'il ne l'a pas perdue, il vous en fera part. 4. Je vous prie de iwdire ma proposition des graves et de m'en dire votre avis. Je suis etc. IVa. MunsiiNM-:. Harmonie Uiih'crsellc (ilViG), Prol'aco générale (page g non numérotée). .... Or, si je voulois parler des lionnnos de grande naissance ou qualilé. c|ui se plaisent Icllenient en cette partie des Maliiéniali(p]es qu'on ne sanroil [)ein-cirp leur rien enseigner, je répéterois le nom do celui à (|ui le livre de ('> /^oi> ci-après, Lcllrc VI, 7. (') Voir ci-après, IVa et IVu, deux (Wtrails des Ouvrages de Mci'seniie, iinilialilenicni fimprunics à cet écrit perdu que Kennat avait envoyé à Beaugrand. IVb- - 24 JUIN 1636. 21 l'Orgue est dédié (') el ajoiiterois Monsieur Fermât, Conseiller au Parlenieiii (le ïhoulouze, auquel je dois la remarque qu'il a faite des deux nombres ijagli et 18416, dont les parties aliquoles se refont mutuellement, connue fout celles des deux nombres 220 et 284; et du nombre 672, lequel est sous double de ses parties aliquotes, comme est le nombre 120; et il sait les règles infaillibles et l'analyse pour en trouver une infinité d'autres sem- blables. Mrrsenxe, Seconde Partie de l'Harmonie Universelle (lOS;), Nouvelles Oljscrvalions Physiques et Malhématiques, pages 26 et suiv. \ni. OBSERVATION. Des parties aliquotes de 120, et des nombres amiables. 11 faut ajouter à ce que j'ai dit des parties aliquoles des nombres dans la dixième remarque de la première Préface générale, la méthode de trouver le nombre semblable à 120 dont je parle au lieu susdit. Il faut donc mettre tant de uomijres de suite qu'on voudra en raison double en commençant |)ar :>., comme sont les nombres A, B, C, D, E, F : (x, II, 1, K, L, M, 1, i. 7' i."). 3i, 63. A. B, C, D, E, F, 2, 4, 8, 16, 32, &',. N, 0, P, 0, B, S, 3, 5. 9- '7' 33, 65, desquels l'unité étant ôtée, l'on fasse les nombres G, H, I, K, L, M, et aux- (picls l'unité étant ajoutée l'on fasse les autres nombres N, O, P, O, H, S. Lorsque l'un des nombres G, H, I, K, L, M, par exemple K, divisé par le nombre N du dernier ordre, éloigné de quatre rangs à main gauche, i)rodiiira un nombre premier, le trii)le de ce nombre premier, multiplié par le nombre du rang du milieu qui précède K immédiatement, donnera le nombre re(|uis : comme l'on voit en i5 divisé par 3 A'oh vient 5 nombre premier, dont le triple i5, multiplié par 8, fait 120 qui est le nombre que nous avons donné dans la Préface susdite. ( ' I Élieuno Pascal. ■2-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. I.'atiiio exemple se voit eii 63, letiuel, divisé par 9, prociiiit le nombre pre- mier - (Idiil le Iriple ai. nuilti[ilié par .vi, l'ail fi;.?, qui esi l'antre nninlire reipiis. Quant aux deux nombres dont les parties aliquotes se refont mutuel le- meiil. il faut aussi mettre les nombres qui se suivent depuis > en progres- sion tréoméliique : 2, .'1, 8, i(), etc. el puis il faut écrire des uombies triples dessous 6, 12, 24, 48, desquels l'unité étant (Méo. lesteul 5, II, 23, 47, qu'il faut mettre dessus. Il faut enfin multiplier 6 par 12 en ôlant l'unité pour avoir 71; et 12 par 2/1, moins l'unité, pour produire 287; el 24 pour 48, moins l'unité, pour avoir ii5i, qu'il faut disposer comme on les voit ici. Jusqu'à rinlini 3, 1 1 , 23, 47. 2, 4, 8, •6, 6, 12, 24, 48, 7'. 287, 1 1 5 1 . Lorsque l'un des nombres du dernier ordre avec son opposé el le précé- ilent du jiremier ordre seront nombres pi-eniiers, l'on trouvera des nombres semblables à ceux dont il est question. Par exemple, le nombre du dernier rang 71, et 1 1 du premier ordre, el 5 qui le précède sont nombres premiers. Ceci posé, si l'on niulliplie 71 par 4, et scmblablement 5 et 1 1 par le même 4, l'on aura les deux nombres 284 el 220, dont les parties aliquotes se refont mutuellement. De rechef, le nombre du dernier ordre ii5i est nombre pre- mier, aussi bien que son opposé dans le premier rang 47 et le précédenl 23. Il faut donc multiplier 16 par i i.h, el puis 47 et 23 par le même 16 pour avoir les deux nombres requis : i84iG et 17296; el ainsi des autres jusques à l'in- lini. V. - 2V JUIN 1636. 23 V. NOVA IN iMECHANICIS THEOREMATA DO.MINI DE KICRMAT. {Va, p. .4-.-i'i3.) 1- Fiindaincnta Mccliaiiices non sa(is accurata tradidisso Archime- dem fueram dudum siispicatus : supposuisse oiiim motus gravium des- cciidontiiiiii inter se parallèles patet, nec vero absque hac hypothcsi constare possunt ipsius demonstrationes. Non intitior qiiideni livpo- thesin hain' ad sensuin proximc accommodari ; qiiippe, propfer ina- gnani a cciilro Lorra^ distantiain possunt descensus gravium supponi parallcii non secus ac radii solares. Sod, voritatem intimam et accura- tam quioroiitilnis, lucc non satisfaciunl. Generalis nempe vectium natura in quolibet niundi loco videtur con- sideranda etastruenda, idcoque nova in Mechanicis fundamenta e veris et pi'oximis piincipiis accersenda. Hujus novae Scientiae proposiliones tantnm exliibemns, demonstrationes quum libuerit tradituri. 2. Dupl(!x igitnr vectium gcnus fingimus aut potius consideramus : unum cujns motus reclus tantnm est, non circuiaris; alterum cujus extrema describunt circulos. De secundo boc qusesitum tantnm apnd veteres; primum, quod longe videtur simplicius, ne agnoverunt qui- deni. Singula exemplis illnstramus, et prioris quidcm centruni idem est cum centro terr», posterioi'is centrnm extra centrnm terra' necessario débet collorari. 3. Sit igilnr, in scquenti figura {fig. lo), centrnm (errae pnncfnn A, et intelligatur recta CB transirc per puiictum A; imo et ipsa CB in- :>'» ŒUVllES l)i: ri:UMAT. - CORRESPONDANCE. tt'Iligatur ossf vctiis, cl in piiiictis H cl C collocciiUir i;i'avia R cl (!, sil- qiic luiiiiliis li ad pciiKliis C Ml roda CA nd roclam AR : Aio vcciciii (!B niansuriini cl a'ciiiilihriuiii iii lioc casii ((msliluliiiuiii. Si vcro dcmimiatur lanlis|)cr grave R. niovchilur vcclis in rectum por fontrum A ad parles B, ddiiec pondéra dislanliis a eeniro siiil reei- proce proporlionalia. Çh-^ o B C Ha'c osl prima proposùio (') cujus respecin (erra ipsa niagniis veelis dici potest, ad iniitationem Gilberli ([iii cam magnum magnetom vocal. 4. Hoc posito, mirabilius quiddam proponimus (-), gravia nempe eo facilius tolli a potcnlia in supcrlicic (erra' aut alibi constitula, qui) propiora fuorini ceniro lerra'. Sit contrum Icrra^ A (//i,'. 1 1), punctum (1 cxira cenirum. Jungatur recta CA, in qua sumpto puncto B, collocelur grave in B. Si intelli- gamus grave B per fîlum aut axem CB suspensum, detinebitur a po- tenfia, in C coHoeatà, cujus proportio sit ad p(Uidus B ut recta AB ad recta m AC. Indeque facillime deducitur cl demonsiratur gravia in ceniro non poncb'rare; cujus rei demonstrationem bactenus qusesitam jam novi- nius. Fig. ... A__^ f .). Secundum vectium genus Arcliimedcum dici potest; scd reci- proca distantiarum cum ponderibus proportio, quam in vccte simplici dipmonstravimus, in boc habere locum non potest, nec ideo subsistere sexta et septima Arcbimedis propositio ('). ( ' ) Comparez Pièce II, 1. C) Comparez Pièce II, 2. ( ') Foir page i8, note '2. - 2k JUIN i;636. 2S Ita igitur confidenter pronuntiamus et vectem generaliter sive bra- ehia, sive in directum, sive parallela horizonti, sive etiam angulum constituant, consideramus. Una quippe demonstratione totuni cvincimus : Sit vectis extra cen- trum terrse DBC (/ig- 12), cujus centrum B, brachia BD et BC, centruni Fig. 12. '^-0 lerraî A. Junganlur rcctœ DA, BA, CA, et in punctis B et C coUoeenlur gravia sitque proportio gravis C ad grave D composita ex proportione rectse DA ad rectam CA et rociproce ex angulo CAB ad angulum BAD : Aio vectem BDC, a puncto B suspensum, mansurum et aequiiibrium constituturum. Hanc propositionem, sicut et reliquas, vcrissimam asseveramus (') et, quum libuerit, demonstrationibus ex puriore Geometria et Physica derivatis confirmabimus. 6. Inde patet corruere omnino Veterum de centris gravitatum defini- tiones; nullum quippe corpus prtoler sphaeram potcst reperiri in que punctum reperiatur a que grave, extra centrum terra? suspensum, servet eam quam in principio babucrit positionem. Definietur ergo deinceps centrum gravitatis cujusque corporis, punc- tum intra corpus positum, quod si coba^reat centre terrse, corpus eam (') On voil que Fermai suppose pour l'équilibre des forces concouranles appliquées à un levier un principe qui diflère essentiellement de celui qui a été depuis universellement adopté. Feiimat. U. 20 ŒUVHES DE FERMAT. - COIUIESPONDANCE. sorviibit qiiain in principio liabiuM'il posilionoiii; co ciiiin solum casii habont locuiii contra gravitatis ('). 7. Demonsfrabitui' otiam rt rofVIb'Uir crror Ubalili (^) ot aliorum, (jui oxistimant libr;o brai'hia, licot non sin( |)arall('la Inji'izonli, iequili- brinni tanicn constitulnra. I ' "t Nous iviu'oduisinis ici une IcUro relative à ce siijcl el imprimée page 2o5 des f'aria : « Lcltcra dcl Si'^itor Bcncdcttn Caitelli, Abbtite di Verona, al Signor di ****. .. IlL'"" El) Ecc"" SiQ", ■> Ho lettl i ponsieri sottillissimi del Sig' di Fermât iiitorno al ceiUro di gravita, e con- I fesso liberamente clio mi sono parsi belli e degni di quelle sublime intelletto, che mi fii ') celebralo oon alta Iode dal Signer di Beaugrand, quando passe per Roma, e voglio credere ■> che ne habbia assnluta dimoslratione; e perche il Sig'° di Beaugrand mi disse di havere » dimoslrata una simile propositione, cioè che il medesimo grave, poste in diverse lonta- •1 iianze dal centre dclla terra, pesava inegualmente, e che il peso al peso era corne la ' distanza alla distanza dal centre dclla terra, io rai applicai a pensare a questa materia e I prctcsi allhora di havere ritrovata la dimostralionc, madopo, essendo mi stato promesse » alcune difficoltà, mi ralîreddai in questa specolationc. Mi ricordo pero che ancor io ne II (leduccvo la medesima conseguenza che deduce ancora il Signer di Format, cioè che il » grave che havcrà il suo centre di gravita col centro délia terra non haverà peso alcuno; » e di più. che la terra lutta non ha peso; c in oltro ne cavai che, dcscendcndo un grave i> verso il centre délia terra, non solo va mulando peso di momento in momento, ma (cosa » che puo i)arere più maravigliosa) il suo centro di gravita si va continuamente movcndo 1) ncUa mole di esso grave; di più, che un grave di qualsivoglia figura, che si mova in se '1 medesimo circolarmentc, pure va continuamente mutando il suo centro di gravita ; e per ' tante facilmcnte concorro con il Sig' di Fermât, che il centro di gravita non sia in nalura " taie quale l'hanno descritto comunemente i Mcchanici. E se io credessi che le mie debo- 11 lezze potcssero csser care al Signer di Fermât, gli ne mandarei una copia, non solo per •I ricevcre documcnti da S. Sig"" 111""', ma per farc acquisto di un taie e tante padrone, al ■> quale prego V. S. I. dedicarmi servitore di singulari devotione, o li bacio le mani. « (') GVIDIVBALDI E MARCHIONIBUS MONTIS MEGHANICORVM LIBER. — Pisauri. Apud Uieronymuni Concordiam, M.D.LXXVII. Cum Licentia Superiorum. — Format vise la Proposition 111 De librà de Guidobaldo del Monte; ce dernier cite, comme ayant sou- tenu une opinion contraire à la sienne, Iurdciiius de pondcribu^, Hyeroiiiiiiui Carda/iii.f lie sublililntc, Nwalaui Tartalca de quœsitii et inveiitioitibu.t. VI. - 13 JUILLET 1636. 27 VI. FERMAT A MERSENNE. < MARDI 13 JUILLET 1636 > (') (la. p. l'p.) Mon Révéueni) Pkue, 1. Puisque j'ai été assez heureux pour vous ôter l'opinion que vous aviez eue, que j'eusse suivi en ma Proposition (-) le même raisonne- ment que M. de Beaugrand, j'espère qu'avee la même facilité je vous ôterai tous les autres scrupules. 2. Vous avez cru que ma proposition étoit la même que celle de M. de Beaugrand, et ce, par deux raisons : l'une, que je l'avois écrit lorsque je l'envoyai à M. de Carcavi; l'autre, qu'elle semble conclure la même chose. Pour la première, je vous réponds que, lorsque j'envoyai la dite proposition, je n'avois pas vu encore le livre de M. de Beaugrand et n'avois su si ce n'est qu'il écrivoit du divers poids des graves secun- dum varia a terrœ cenlro intervalla, si bien que là-dessus j'imaginai la proposition que vous avez vue, et crus que peut-être ce seroit la même que celle de M. de Beaugrand, et l'écrivis ainsi à mondit sieur de Car- cavi. JMais depuis, ayant vu le Livre de iM. de Beaugrand, j'ai trouvé que son opinion est différente de la mienne en ce qu'il suppose que le grave en soi se rend ou plus pesant ou plus léger selon l'éloignement ou l'approche du centre. 3. Et moi je soutiens (^en quoi je répondrai à votre seconde raison) Cj Nous avons réuni à une fin de IcUrc, datée, des manuscrits A, B, une ici Ire très eourte, non datée, des Varia, évidemment écrite sur le vu de la réponse de Mcrscnne à la Lettre IV. (2) Voir la Pièce II. 4 •2S (ElIVRES DE FERMAT.— COUUESPONDANCE. (|u'iMi soi il 110 change poiiil do poids, mais qu'il ost tire avec plus ou moins do Ibrco, ce (|ui est hion diflV'i-ont du rosfo. Soit lo cculro do la Torro (] (//'i,''. i3), le grave B au point B ot lo point 0 dans la suporticio. M. de Beaugrand tient (juo, si on pi'se le Fig. .3. D grave B dans lo point B, on le trouvera plus léger que si on le pèse au point D. Et moi je dis que, si on pèse le grave B dans le point B, on lo trouvera de mémo poids que s'il étoit pesé au point D, ot qu'en tout cas, quand bien cela ne seroit pas (car ma [)roposition ne dépend nul- lement de la sienne), que le grave B sera soutenu plus aisément par une puissance qui sera au point D que par une autre puissance qui on sera plus [)rocho, ot en la proportion que j'ai assignée. 4. Vous ne devez pas douter que ma démonstration ne conclue par- faitement, bien (\al\ semble que M. do Boberval no l'a pas trouvée [)ré- cise. Je vous puis donc assurer que toutes les propositions que j'ai mises dans mon écrit (') sont parfaitement vraies, et de cela je n'en veux pas être cru que lorsque j'aurai mis par écrit toutes les démontrations sur cette matière. Je suis si peu ambitieux que, si j'avois trouvé erreur on ce que je vous ai écrit, jo ne ferois nulle diiïiculté de l'avouer. (A f32, B î" 25"-i>G".) 5. Pour les lieux plans (-) et la proposition des nombres ( ' ), jo vous les envolerai, si M. de Beaugrand ne vous les baille pas. j (' ) C'esl-à-dire la Pièce V. (») roir Leltro I, 10. (') roir LeUre IV, 3. VI. — 15 JUILLET 1636. 29 6. Je n'ai pas encore pu examiner les propositions (') de la trisec- tion de l'angle, ni de l'invention des deux moyennes proportionnelles. Ce sera au plus tôt. 7. A la question numérique (^), je réponds qu'elle reçoit infinies solutions, et même plusieurs manières différentes de la résoudre. Voici la meilleure et la plus aisée que j'ai imaginée : Soient trouvés deux quarrés desquels la somme soit quarrée, comme 9 et i6; ce que je n'enseigne pas, pour être trop trivial. Soit chacun d'eux multiplié par un même nombre composé de trois quarrés seule- ment, comme ii. Ces deux produits seront 99 et 176 qui satisferont à la question, car chacun d'eux et leur somme sont composés de trois quarrés seulement ('). Et ainsi, par la même voie, vous en trouverez infinis, car, au lieu de 9 et 16, vous pouvez prendre tels autres deux quarrés que vous vou- drez, desquels la somme soit quarrée, et au lieu de 11, tel autre nombre que vous voudrez composé de trois quarrés seulement. Si vous prenez, au lieu de 1 1, un nombre composé de quatre quarrés {' ) On ne retrouve plus trace, dans la Correspondance de l'ennal, de ces pro|)osilioiis. On peut croire qu'il s'agit des constructions données par Descaries dans sa Géométrie (éd. Hermann, p. 75-76) pour les deux célèbres problèmes de la Géométrie antique. Mer- senne, à qui elles avaient été communiquées avant la publication, les aura envoyées à Fermai sans démonstration et sans révéler le nom de leur auteur. C) C'est la quatrième des cinq questions numériques proposées par Sainte-Croix (André Jumeau, prieur de) à Descaries en avril i638 {voir Lettres de Descartes, éd. Clorselier, III, 7i). Elle était ainsi conçue (pour Descartes) : (1 Trouver deux nombres, cliacun desquels, comme aussi la somme de leur aggrégat, no conste que de trois létragones. .l'ai donné 3, 11, 14. J'attends que quelqu'un y satisfasse par d'autres nombres ou qu'il montre que la chose est impossible, u La première solution donnée par cet énoncé ne paraît avoir été indiquée à Fermai que dans la réponse de Mcrsenne à la Lettre VI. Voir Lettre X, 2. (') B ajoute en marge les dccomposilions suivantes : I • 49 49 9 '44 ' I 49 25 9 16 1 9 I 25 81 iG 4 I" 99 99 99 17O 7 30 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. stnilonuMif, ronuiie 7, cliiuim des deux produits, ensemble leur somme, seidiil composés de quatre quarrés seulement. Que si vous voulez non seulement deux nombres, mais trois ou tel nombre que vous voudrez, desquels un cbacun, ensemble la somme de tous, soient composés de (rois ou de (|nalre ([narrés seulement, il ne faudra (jue trouver autant de quarrés que vous voudrez de nombres, desqutds la somme soil qnarrée, et les multiplier, chacun d'eux ut supra. J'ajouterois la démonstration, mais le tem[)s ne nu' le permet pas. Kn tout cas, vous pourrez faire l'essai sur la construction que je vous envoie. 8. Et vous dirai que j'ai trouvé de fort belles propositions sur ce sujet, comme : Si, de deux plans seniblahles ('), l'un est compose de trois quarrés seu- lement, l'autre le sera aussi; et plusieurs autres. 9- Je désirerois que M. de Roberval travaillât aux questions (|ue je vous ai proposées (-). 10. J'ai achevé tout le Traité iJe lacis planis ('), où il y a trente ou quarante propositions toutes très belles. Je suis, mon Révérend Pi're, votre très affectionné serviteur. Fermât. A Toulouse, ce ij juillet iG'50. (') Nombres qui sont euli-e eux dans le rajiport de doux carres. (S) T'oir la Lettre I, 12. (5) Foir\A Lettre I, 10. vu. - AOUT 1636. 31 VII. FERMAT A ROBERVAL ('). < AOUT 1636 > (Ta, p. 1 33-1 34.) Monsieur, 1. Après vous avoir remercié de la faveur que vous m'avez laite et de la peine que vous avez prise, je répondrai en peu de mots aux objec- tions que j'ai trouvées dans votre Lettre, et ce, sans aucun esprit de dispute et pour vous faire seulement approuver la vérité de mes propo- sitions. 2. La première objection (-) consiste en ce que vous ne voulez pas accorder que le mitan d'une ligne qui conjoint devix poids égaux des- cendant librement, s'aille unir au centre du monde. En quoi certes il me semble que vous faites tort h. la lumière naturelle et aux premiers principes : car, puisque ces deux poids sont égaux et qu'ils ont tous deux même inclination pour s'unir au centre du monde, s'ils n'étoient pas empêchés, il est clair qu'ils y approcheront .tous deux également. Autrement, ayant supposé les poids égaux et les inclinations au centre égales, vous admettriez néanmoins plus de résistance d'un côté, ce qui seroit absurde. Et n'importe d'alléguer un levier horizontal, lequel, étant pressé par deux forces égales aux deux bouts horizontalement, demeure néan- moins en l'état qu'il est, quoique l'appui qui est au dessous le divise en parties inégales. Car, au cas de ma proposition, la vérité de mon principe dépend de ce que les deux poids (ou puissances) ont naturel- lement inclination au centre de la terre et tendent là; et c'est pourquoi, (M Première lellre de Fermât à Roberval, répondant à une lettre perdue où ce dernier critiquait les propositions de la Pièce V, qui lui avait été communiquée par Carcavi. (2) ro(> Pièce V, 2. 32 ŒUVRES DE FERMAT. CORRESPONDANCE. n'ayant point d'avantage rmi sur l'aiilro, ils s'y approchent tous deux également. Mais en l'espèce du levier horizontal, les deux puissances des extrémités n'ont aucune inclination naturelle ii l'appui, mais à s'approcher seulement; et ainsi ra|)pui ne doit être non plus considéré que s'il n'étoit point. Outre que jamais personne n'a douté que le centre d'un grave ne s'unit au centre de la terre, s'il n'étoit empêché; or, deux graves, joints par une ligne qui conjoint leurs centres de gravité, ne sont censés con- stituer qu'un seul grave, duquel le centre de gravité^est au mitan de la ligne qui les conjoint : quelle raison donc de croire qu'il s'arrête ailleurs que lorsque son centre sera uni à celui de la terre? Soient les deux poids égaux A et B {fig- i4) joints par la ligne AB, Fig. .4. (t)B le centre de la terre C. Qu'on laisse choir librement les poids A et B; lorsque le poids B sera au centre C, on ne peut pas dire qu'il s'arrête, parce que le poids A gravitât super B et destruit œquilibrium. Où com- mencera donc le levier AB de s'arrêter? Vous ne sauriez trouver le commencement de son repos en un point plutôt qu'en l'autre, si ce n'est au mitan, parce qu'il se trouve pour lors également contrebalancé de tous côtés. Je ne sais si ces raisons seront capables de vous faire changer d'avis, mais vous me permettrez bien de vous dire que vous trouverez peu de gens qui suivent votre opinion et qui ne m'accordent ce principe : c'est pourquoi je vous conjure de me dire nettement ce qu'il vous en semble. 3. La deuxième objection (') est contre la nouvelle proportion des C) J-'oir Pièce V, 5. — Robcrval a. cetlc fois, raison contre Fcrm;il. \l\. AOUT 1G3G. :j:? Jiiigics que j'ai (Ircouvorlo, contre laquelle pourtanl vous n'avez rien (lit lie précis, mais seulement que vous avez démontré que la propoi- lion réciproque (les poids doit être expliquée non pas jiar les aniiles. mais par les sinus de ces angles. \()\i-\ la démonslralion de ma proposition, de la([uelle vous veirez aisément par conséquent celle de toutes celles que vous avez vues dans l'écril (jue j'envoyai à .AI. de Carcavi. Su cenlrum tenxv A ( tig. i ) ), vectis Vj^lB porlio nrcii/i ccnlrn A iiilcr- irillo AN descripll. CN, NB œquales circiimfcrcitticv. et i/i pu/iclis ('.. 15 (vqiudiii pondéra. Sitppoititniis verlem (]H ci ptuiclo N siispc/isttin nia/irrc. ideiiupie acciderc si grana aupicdia in qidbitslibcl pu/ictis hraclùoiuin C.N, XB rollocentitr, modo Jinjasinodi piincla ex ut raque parte œqualiter a pu/iclo \ (listent : neqite eiiiin destruent a'qidlihriuin pondéra a':irtf's (vqualcs M, V, I?. (]. 0, collorcnlur civ juirlcs ui f)i(/ir/isK, V, H. (.. 1). et .v//// i/i(eivaf/a\lV, l'B. Rd, CD (vqûa/ia. Siippo- ninms pondus 15, in punclo B collocaliini cl n piinclo W sitspensiim. idem ponderare ar parles \\. \\ R. (", I) siintil siinipla', in recte col/ocalœ cl (d> codem punclo R suspensœ. Illtid nempe accidil (pua. propirr rirculum EFB(]D, partes pondons f{ eamdem semper servant dislanliam a reniro terra' ac pondus ipsuni inle- i,'77//« lî : f/ui)d non animadverlisse et dcscensus gravium parallelos suppo- siusse erroreni peperit Archimedeurn. Ilis suppositis, propositionern nosircnn dcmonsiramus, et ecce tantùni rasuni in (pto liun redis renirurn, htm e.rtrema œqualiter a ceniro terra' distant, ipiia hic casas veritalein prions redis geostatici non supponil. de (pia rideris amhigere. Sit redis FHN (fig. 17), aijus cenlrum H, extrcma F et N, in eadem, ipto pundiini II. a lerne centro distanlia. Centra A. intervallo AH, descri- Fig. 17. hatur porlio circuli FHN, redis extrema eommittens, et sit graine in F ad grave in N in proportione reciproca circumferentiœ H F ad circumferen- tiarn HN : Aio veclem FHN a pando H suspensum mansurum et œquili- hrium eonstilaturam. Ifanc autern propnrtionem eamdem esse qucr angaloriun ad cenlrum A. palet : e.i- construclione et duobns axiornalibas prœcedentibus facillime iheorema concltules. 4. La hâto du couiTicr me (ait finir là, parce que ji' uc doute pas ([uc vous ne puissiez voir la ("oiicliision avec un peu de méditation. VIII. - 10 AOLT 1G36. 3o Au reste, je vous puis assurer que le Livre (' ) ((u'il vous a plu m'euvoycr est ce que j'ai vu de [)lus ingénieux. sur cette matière; mais, si nies propositions sont vraies, de quoi peut-être vous ne douterez pas toujours, vous m'accorderez que ce mouvement sur les plans inclinés se peut prouver encore plus précisément. (>e n'est pas que je n'estime autant que je dois votre invention ; mais ce que le chancelier Bacon a dit est bien vrai : « Mtdli p/rtransihii/i/ el aitgebitur scicntia (-). » Je suis etc. Mil. ETIENNE P.\S(;AL ET HOBERYAL A FER.MAT. SAMKIll K) AdlT 1630 ('). ( f'a^ p. i-2'|-i3(), ) Monsieur Ç), 1. Le principe que vous demandez pour la Géostatique est que, si deux poids égaux sont joints par une ligne droite ferme et| de soi] sans ( ' ) 11 s';ii;U cvidommeiit du Trailc ilc Mcc/u/tiiqiie. Des poids souttciius par des puis- sances sur les plans inclinez ù l'Horizon. Des puissances qui sonstienncnt un poids sus- pendu « deux c/iordes. Par G. Pers. de ]{ol>ert'al, Professeur Roral es Mat/iémnticjues au Collège de Maistre Gerçais et en chaire île Rcnnus au Collège de France, inscié, avec une pagination .spéciale (de i ù 36), dan.s la Seconde Partie de l'Hiinnonie unii'crscllc du P. Mersenne (i637). (2) Celle pensée, tirée d'un texte du proplièle Daniel (xii, i ), se trouve dans le Novum organum (I, aphor. 93) sous la forme : Multi pertransibunt et multiplex crit scicntia, cl dans le Traité De dignitate el augnientis scientiarum (I, cap. x, 3), sous la suivante : Plurinii pertransibunt et augchilur scienlia. Mais Fermai a tcxlucllenient reproduit la légende d'une vignette au frontispice de la première édition du Noi'um Organum (iG-.>.o), vignette qui représente un vaisseau franchissant à pleines voiles les Colonnes d'Hercule. {") Réponse à la Lettre Vit. Fermai y a répliqué par la Lettre IX, puis à nouveau par la Lettre XI. ('■'} Le texte de celle Lettre a été restitué d'après le manuscrit de la Bibliollièquo natio- nale, lalin 7526 f° 40 suiv. Les mots entre crochets [ ] sonl des additions em|irunlées à l'édition des T'aria. Quant aux autres leçons de celte édition, qui représentent une rédac- 30 ŒTVUKS DE FERMAT.- (,01$ IIESPON 0 \N CE. iKiiils (M. (|u't'laiil ainsi disposes, ils |Hiiss(Mi( (Icscciidn^ lilx'cniciil. ils iir irposoroiit jamais jusqucs ù ce (iiic le milieu de la ligne (([iii est le centre de pesanleiir des aneiens ) s'unisse au centre commun des choses posantes. 2. Co principe, (|ue nous avons considéré il y a longtemps, ainsi t|u"il vous a été mande, paroit d'abord fort plausible; mais, quand il esl (|uesli(in de principe, vous savez (|U(dles conditions lui sont r'cqnises poni' èti'c r'tx'u : ilesqu(dles <-ouditions, cell(> jtrincipale manque au jiiincipe dont il s'agit ici, savoir (jne m)us ignorons quelle est la cause radicale qui fait (\uf les corps pesants descendent et d'où vient l'origine de cette pesanteur. Ainsi nous n'avons rien de connu assurément de ce (|ui arriveroit au centre où les choses pesantes aspirent, ni aux autres lieux hors la surface de la terre, de laquelle, pour ce que nous y habi- tons, nous avons quelques expériences sur lesquelles nous fondons nos principes. 3. Car il se peut faire que la pesanteur est une qualité qui réside dans le corps même qui tombe; peut-être qu'elle est dans un autre, qui attire celui qui descend, comme dans la terre. Il se peut fairtf aussi et est fort vraisemblable que c'est une attraction mutuelle ou un désir naturel que les corps ont de s'unir ensemble, comme il est clair au fer et à l'aimant, lesquels sont tels que, si l'aimant est arrêté, le fer, n'é- tant point empêché, l'ira trouver, |et| si le fer est arrêté, l'aimant ira vers lui et, si tous deux sont libres, ils s'approcheront réciproque- ment [l'un (le l'antre |, en sorte toutet'(tis (|ne le plus fort des deux fej-a le moins de chemin. Ur, de ces trois causes possibles de la pesanteur [ou des centres des corps], les conséquences seront fort différentes, ce que nous ferons r-onnoitre en les examinant ici l'une aprî's l'autre. lion nouvelle de Ilobcrviil fiiilo en vue de l'impression de la Correspondance de Ferniiil, elles sont reproduites ci-aprcs dans les yuriaiilcs. Bossut a compris cette Pièce dans son édition dos OEiivrcn de Biaise Pascal, 1779; il a suivi en sénoral le texte des V()M)AN'Ci:. Que si t'Ii'c plus proclio ou plus éloigué du cenlro pouvoil vive quoiquo avantaiîo, co (|U(' nous no croyons pas, supposé que la posan- ItMir réside au corps inrinc, vous Icouvci'c/. plus de gens (|ui croironl (|U(' l'avaulago est de la pari de cidui (jui csl plus proche du crnlrc commun que Taulrc : rt' (|ui (oulci'ois csl dircctcnicnl contre voirc sup- position. Kl ne serl de rien d'alléguer le cenire de pesanleur du corps AR. le(|uel cvnlre, selon les anciens, csl au milieu C : car ce centre n'a été démontré que quand la dcscenle des poids se fait par des lignes paral- lèles, ce (|ui n'est pas; et, (|uand il y auroit un tel point, ce (jui ne peut être aux cor|)squi tiennent à un même centre commun, il n'a pas été déiuoulié et ne prouveroit aucunement que ce seroit ce point lii par lequ(d le corps s'uuiroil au cenire commun. Même cela, pour les raisons précédentes, ré|iugne à notre commune connoissaiice en plu- sieurs figures. Kn tout cas, nous ne voyous poini que ce centre commun des anciens doive être considéré autre part qu'aux poids qui soni pendus ou sou- tenus hors du lieu au(|uel ils aspirent. 5. Ouant à la comparaison qui vous a été faite du levier hori/oulal. lequel, étaiil pressé horizontalement aux deux houts par deux forces ou puissances égales, demeure en même état qu'il est, elle nous semble entii'remeut semblable au levier [précédent] AB pressé aux deux bouts par les deux poids égaux A, H, puisque ces poids ne pres- sent le levier que par la [force ouj puissance qu'ils ont de se porter vers leur centre commun C, D ou E. (>omme si le levier horizontal est AB (Jïg. is, jusqu'à ce (]u'une partie du dit poids B soit au delà du dit centre] vers A, comme la [)artie D, en sorte que cette partie D avec [tout le poids] A, étant d'une même part, contrepèsent avec la [)artie [E] restante de l'autre part. 7. Outre ce, nous avons encore une instance en ce cas qui semble conclure que la figure et le volume et encore la disposition des poids vo (i:i\r>i:s m-: fkumat. — cohhksi'ondance. doit ôlro consitlrro, il'aiilaiil (ni'iiii lorps pcsaiil semble devoir |)eser d'autant moins qn'il oecii|»era une pins graiule portion de la eirconfé- renee Ternie passant par le corps et décrite alentour du centre cointnun lies eiioses pesantes, ce (|ne nous expliquerons [)lus aniplenieul ci après sur votre second principe du levier. Or vous savez qu'un uiènie cor|)s. sous dillérentes figures, positions ou volumes, peut oecu|)er plus ou moins de cette circont'érence et, s'il y a cause pour laquelle un même corps doive moins jieser pro(diedn centre qu'étant plus éloigné, cidie-ci eu est pi'ut-ètre une, étant clair que, quoic|u"il (Vit toujours de même figure, position et volume, néanmoins, étant plus proche du l'culie, il occupera une plus grande portion de la cireonférenee susdite qu'étant plus éloigné. Mais, quand cela seroit, nous croyons qu'à peine seroit-il possible à l'esprit humain d'assigner les proportions de celle augmentation ou diminution selon les diflereuls éloignements du centre. 8. Si la seconde ou la troisième cause possible de la pesanteur des corps est vraie, il nous semble que l'on en peut tirer des [mémes| con- clusions. Soit le corps attirant AB(]|) {^/ig- 21) [sphérique |, diiqiud le centre Fis. 31. >oil II. et ([Ile la vcrlu d'allraclion soit égaleinenl épanduc par loutes li> parties du corps altirani, et soit le corps attiré L. considei-é pre- mièrement hors le (;orps attirant en A. Soi! menée la ligne droite Ali, à la([U(dle soit un plan |)erpendicu- MIL - 16 AOUT 1636. 41 lairt' EHD, coupant le corps ABCD cii deux parties [égales et partant] d'égale vertu. Soient aussi, dans la ligne AH, marqués tant de points (|ui' l'on voudra, comme K, I, par lesquels soient menés des plans [FIC.GKB] parallèles au plan EHD, coupant le corps [attirant] ABCD en parties inégales, et partant d'inégale vertu. [Alors] le corps [L] étant en A sera attiré vers H par la puissance de tout le corps ABCD et, le chemin étant libre, il viendra en K, là oin il sera attiré vers H par la plus [grande et] forte partie BDEG [et contre- tiré vers A par la plus petite et plus foible partie BAG]; il en sera de même quand il sera venu en I, où il sera moins attiré que quand il était en K ou en A; toutefois il sera contraint de s'approcher toujours du centre H, tant qu'il y soil venu, et, la partie qui attire diminuant tou- jours et celle qui relire s'augmenlani [toujours], il sera continuidle- ment attiré avec moins de force jusques à ce qu'étant arrivé en H, il sera également attiré de toutes parts et demeurera en cet état. Si cette position est vraie, il est facile de voir que le corps L pèsera d'autant moins qu'il sera [plus] proche du centre H; mais son poids ne diminuera pas en la proportion des lignes HI, HK, HA, ce (jue vous connoîtrez assez en le considérant, sans que nous vous l'expliquions davantage. 9. Puis donc que de ces trois causes possibles de la pesanteur, nous ne savons quelle est la vraie, et que même nous ne sommes pas assurés que ce soit l'une d'icelles, se pouvant faire [que la vraie cause soit com- posée des deux autres ou] que ce [en] soit une [tout] autre, de laquelle on tireroit des conclusions toutes différentes, il nous semble que nous ne pouvons pas poser d'autres principes [pour raisonner] en cette ma- tière que ceux desquels nous sommes assurés par une expérience con- tinuelle assistée d'un bon jugement. Quant il nous, nous appelons des corps également ou inégalement pesants, ceux qui ont une égale ou inégale puissance de se porter vers le centre commun [des choses pesantes], et un même corps est dit avoir un même poids, quand il a toujours cette même puissance : que Fermât. — 11. t) \i o:r\i!KS ni-: fkhmat - cou uks pond anck. si cotte piiissiiiicc aiii^mcnlo ou (liiiiiiuic, alors, (iiioiqiic (■(> soit lo iiioiiit' corps, lions ne le coiisidoroiis plus comiiu" le mciiic poids. Oi', i|U(' cela arrive aux corps qui s'éloii;iieiil ou s'approchent du centre I commun des choses pesantes |, c'est ce (|ue nous désirerions liieu de savoir: mais, ne trouvant rien (|ui nous contente sur ce sujet, nous laissons celte question indécise et nous raisonnons seulement sur ce que les Anciens et nous en avons pu découvrir de vrai jusques à niain- lenanl. | Voilà ce (|ue nous avons ii vous dire pour le présent touchant votre principe de la (léoslatique, laissant à part beaucoup d'autres doutes pour éviter prolixité de discours. | 10. Pour la nouvelle proportion des angles que vous mettez en avant, afin de la démontrer, vous supposez deux principes, desquels le premier est vrai et l'autre si éloigné d'être vrai, qu'il y a des cas où il arrive tout le coniraire de ce que vous demandez [qu'on vous accorde [loiir vrai |. Le premier est tel : soit A i/ig- 22) le centre commun des choses pesantes, l'appui du levier N, et du centre A, intervalle AN, soit décrite l<"ig. 22. une portion de circonférence telle quelle CNB, pourvu que l'arc CN soit égal à l'arc NB; et soit considéré cet arc CN [B] comme une ba- lance ou un levier [de soi] sans poids, qui se mène librement à l'entour de rap|)ui N; soient aussi des poids égaux posés en C |et| B. Vous supposez que ces poids contrepèseront l'un à l'autre et feront équilibre, étant balancés sur le point N; et [il| semble que tacitement vous suj)posez encore l'équilibre, quand les bras du levier NC et NB seront des lignes droites, pourvu (]ue les points (1 [et| B soient égale- ment éloignés du centre A, et les lignes NC et NB soustendantes ou cordes, en efl'cl ou en puissance, d'arcs égaux NC, NB. VIII. - 16 AOUT 1036. W Toutes ces choses sont vraies en général, mais nous ne les croyons telles que pour ce que nous les avons démontrées en conséquence d'autres principes qui nous sont plus familiers, plus clairs et plus connus. Toutefois, en particulier, il y a une distinction qui doit être bien considérée et est telle : Quand les arcs NC et NB sont chacun moindres qu'un quart de circonférence, le levier [CNB chargé des poids C et BJ pèse sur l'appui N, poussant vers le centre A pour s'en approcher ; quand les arcs CN, NB (Jîg. 28) sont chacun d'un quart de circonfé- Fis. 23. rence, le levier CNB chargé des poids C, B ne pèse nullement sur l'appui N, d'autant que les poids sont diamétralement opposés, et par- lant le levier demeurera de même sans appui [qu'avec un appui); enfin, quand les arcs égaux NC, NB sont chacun plus grands qu'un (|nart de circonférence, le levier CNB, chargé des poids égaux C, IJ, pèse sur l'appui N poussant vers N pour s'éloigner du centre A. H- Si ces particularités sont bonnes, il s'ensuit que votre second principe ne peut subsister, ce qui paroitra fort clair quand nous l'au- rons examiné plus particulièrement, comme il s'ensuit : Soit donc A {/ig. iG) le centre commun des choses pesantes, la balance ou le levier EFBCD, dont l'appui est B. Soit posé un poids comme B, tout entierau pointB, pesant de (ouïe sa force sur l'appui B; ou bien soit divisé le poids B en parties égales E, F, B, C, D, lesquelles soient posées sur le levier aux points E, F, B, (], D, étant les arcs EF, FB, BC, CD égaux et tout l'arc EFBCD décrit alentour du centre A. Vous supposez que le poids [B], posé tout entier au point B, pèsera ,1 ŒUVRES 1)K FERMAT. - CORRESPONDANCE. ilo nu'iiic sur l'appui B qu'olant poso par parties [('f^alos] aux poinis K, y. R, ('.. 0. Cola ost tcllciiu'iit cloignc du vrai (|ii(' (|tiolquofois | le poids W. ainsi posé par parties sur le levier, ne [ti'sera plus du ton! sur l'appui B; (|uelquet'ois|. eu lieu de peser sur l'appui B [pour tirer le levier] vers A. il pèsera [tout] au contraire sur le uièiue ap|)ui [B| pour s'éloigner de A; et toutefois, élaut ramassé tout entier au point B Fig. 16. B il pèsera toujours de toute sa force sur l'appui B pour emporter le levier vers A et. en général, étant [divisé et] étendu, il pèsera toujours moins sur l'appui qu'étant ramassé au point B [et vous supposez qu'en- tier et divisé, il pèse toujours de même]. Tontes ces choses, quoique contraires à votre supposition, sont dé- montrées en suite de nos principes, et nous vous en pouvons expli([uer les principaux cas par vos principes mêmes. 12. Soit derechef A (^g-. 24) le centre commun des choses pesantes, Fig. 24. alentour diniucl soit décrit le levier CBD qui soit, de soi, sans poids et prolongé tant que de besoin : et soit B le point de l'appui, auquel si -un poids est posé, nous demeurerons d'accord avec vous qu'il [)i'sera VIII. 16 AOUT 1636. V5 de toute sa force sur l'appui B, lequel appui, s'il u'est assez t'ori, rom- pra et le poids s'en ira avec son levier jusques au centre A. 13. Maintenant, soit divisé le poids, premièrement en deux parties égales et, ayant pris les arcs BC et CD, chacun d'un quart de circonfé- rence, afin que tout l'arc CBD soit une demie circonférence, soit posée une moitié du poids en D, l'autre en C Lors ces deux poids C [et| D, pesant vers A, ne feront point d'autre elTet sur le levier CBD, sinon ({u'ils le presseront également par les [deux] bouts C [et] D pour le courber. Supposant donc (ju'il est assez roide pour ne pas plier, ils demeureront [sur le levier] de même que s'ils étoient attachés aux bouts du diamètre DAC, sans qu'il soit besoin de l'appui B, sur lequel le levier, chargé de ses deux poids, ne fait aucun elfort : quand cet appui n'y sera pas, le tout demeurera de même que quand il y sera, ce qui est assez clair. Que si le poids est divisé en plus de deux parties égales et, qu'étant étendu sur des portions égales du levier, deux d'^icelles .parties se ren- contrent aux points C, D, [et] les autres dans l'espace CBD, celles (jiii seront en C [et] D, ne chargeront point l'appui B; quant auxau(res, (dies le chargeront, mais d'autant moins que plus elles approcheront des points C, D, auxquels finit la charge. Ainsi, il s'en faudra beaucoup que toutes ensemble étendues chargent autant l'appui que si elles étoient amassées en B; [elles ne pèsent donc pas de même]. 14. Davantage, soient pris les arcs égaux BG [et] BD (Jig- 2,5 ), |)luti Fis. 35. grands chacun qii'un quart de circonférence, et soit imaginée la ligne VG ŒUVRES DK FEIIMAT. - CORRESPONDANCE. droito D(',. Puis, olanl diviso le poids en deux pailics ('gales sciilonicnl, soil atlaclicc riiiic ou V., | et | l'aiilit' on I). [Alors] il esl claii' (]iic le li'vior, chargé dos poids C, D, pi'sora siii' ra[)piii B; mais a' sora lou( au oonlrairo (|uo si los doux poids oloioiU aniassos en M. Car, si l'appui u'est pas assez i'ori, il r()ni|)i'a, ot les poids, ompoilaiil lour lovior, (|uo nous supposons être do soi sans poids, no opssoronl do mouvoir tant quo la ligno droito CD soit vonuo au point A, lo lovior étant monté ou parlio au-dossus do B, au lieu do s'abaisser vers A, oo qui seroit arrivé si los poids, étant amassés en B, avoient rompu l'appui. [Voyez quelle (lin'orencc! | 15. Enfin, soit le levier comme auparavant (_ftg- 2G), auquel soient les quarts de cii'cont'éronce BC, BD et, do |)art et d'autre du point C, Fis- 26. soient pris dos arcs égaux CG, CE, chacun moindre qu'un (|uart. De mémo, de part et d'autre du point D, soient pris les arcs égaux, entre eux et aux précédents, DH, DF, tous commensurables au quart. Soil aussi divisé tout l'arc EBF en tant de parties égales qu'on voudra, en sorte que les points E, (], G, B, H, D, F soient du nombre de ceux qui l'ont la division; et soit divisé le poids en autant de parties égales que l'arc EBF, lesquelles parties de poids soient posées aux points do la division (lu levioi'. Alors, les |)oi(ls qui se trouveront posés sur les arcs EC ol FD, dé- chargeront autant l'appui B (|u'il étoit chargé par ceux dos arcs CG, DH. Ainsi, considérant tous ceux qui sont sur los arcs EG et FH, ils ne chargent point l'appui [B], le(|uel. par ce moyen, no sera chargé que VIII. - 16 AOUT 1636. 47 par ceux qui seront sur les arcs GB, BH; et, si entre BG et BH il n'y a aucun poids (ce qui arrivera quand ces arcs BG et BH ne feront chacun qu'une partie de la [susdite] division [du levier]), alors l'appui [B| sera entièrement déchargé. Voyez donc combien il v aura de différence entre les poids amassés en B et étendus [par parties | sur le levier EBF. Voyez aussi qu'un même poids [divisé par parties et étendu sur le levier] pèse d'autan! moins sur l'appui B que plus [grande est la portion qu'] il occupe de la même circonférence décrite alentour du point A [centre commun des choses pesantes]. 16. Maintenant, pour venir à votre démonstration, soit le levier GIR {Jîg- '-i7 ), [duquel [ l'appui soit I et que les extrémités G, R et l'appui I soient également éloignés du centre commun [des choses pesantes | A, alentour duquel soit imaginée la portion de circonférence GIR, et soit fait que comme l'arc GL à l'arc IR, ainsi le poids R soit au poids G. Vous dites que le levier chargé des poids G, R demeurera en équi- libre sur son appui I; quant à la démonstration, vous supposez (ju'cllc est assez facile en conséquence des deux principes précédents et, de fait, si les principes étoient vrais, il ne resteroit peut-être pas beaucoup de difficulté et la chose se pourroit à peu près conclure ainsi, la con- clusion étant faite selon la méthode d'Archimède, en sorte que les arcs RE, RM soient égaux, tant entre eux qu'à l'arc IG, et les arcs GB, GiVl égaux, tant entre eux qu'il l'arc IR. jEl| soit étendu le poids R également depuis E jusqnes en M e( le »s (Kl VUES DE FERMAT.- COKRESPOM) VNCE. poids G aussi égaleiiicnl depuis M jusqucs en U; ainsi les deux poids G. U scroul ogalomonl ('(cndus sur toul l'arc BGIMHE, duquel are les porlious IH, lE étant égales, le levier B(;iMl{K denu'ureia en équilibre sur l'appui 1 par le premier principe. Mais le poids G, étendu depnis H jusques eu M, pèse de même qu'étant ramassé au point G, par le second principe, et, parle même principe, le poids R pèse de même, étant étendu de[»uis M jusques en E, (pi'étanl ranuissé au point R. Car tous ces poids,' étant ramassés eu G et en R, pèseront de même sur le levier qu'étant étendus; puis donc (|u"élant étendns, ils t'aisoieut équilibre sur l(> même levier, ils t'eronl encore équilil)r<', étant ramassés en G el en R. En cette démonstration, tout ce (|ui est fondé sur le second principe feroit les mêmes difficultés que le principe même et, partant, la con- clnsion ne s'ensuit pas que les poids G, R fassent équilibre sur le levier GIR. Nous pouvions nous contenter de ce que dessus, croyant que vous serez satisfait; mais nous vous prions de considérer encore deux in- stances qui sont telles : n. La lu'eniii're, (pi'an levier GIR (_/?^. 28), l'angle GIR étant droit et (partanl| l'arc GIR une demie circonférence [décrite autour de A centre commun des choses pesantes], si [V] on pose l'arc GI moindre que l'arc IR, par exemple que GI soit le tiers de IR et le poids R de 20 livres, il faudroit donc en G Go livres, sidon vous, pour faire équi- libre sur le levier GIR appuyé an point I. Et toutefois, si vous uu'tlez des poids égaux en (J el en R, ils seront diaméiralenieni opposés et VIII. 10 AOUT 1636. ig IparlaiU par le principe do la Géostatiquo, au cas du dil principe ac- corde par vous et par nons. les dits poids égaux] feront encore équi- libre comme s'ils pesoient sur les extrémités du diamètre GR vers le centre A; et, quand il y a une fois équilibre, pour pen cpie l'un aug- mente ou diminue l'un des poids, l'équilibre se perd. Vovez comme cela se peut accorder avec votre position. 18. La seconde instance est telle : soit le centre [commun des cboses pesantes] A {Jig- 29), alentour dnqnel soit la circonférence (ÎIR, l'appui du levier I, et les bras IG, IR, desquels Gl soi( le moindre; e( soi! prct- longée la ligne droite lA tant qu'elle rencontre la circonférence en H. Parlant, selon vous, il faudra en G nn plus grand poids (in'en H e(, si l'on picnd l'arc IC plus grand (|iie IR. i'aisant le bras du levier IC. cl même poids en G qui étoit en R, il l'andra en G un plus grand poids qu'auparavant [pour faire l'équilibre]. De même, prenant l'arc 11) encore plus grand que IC et faisant le bras du levier ID et le poids 1) de même que le poids (], il faudra encore augmenter le poids G. Ainsi, plus le bras du levier qui est en la circonférence IRB aboutira près du point B, étant chargé du même poids, plus il faudra à IG un grand poitls pour contrepeser, et, selon le sens commun, raisonnant à l'ordi- naire, le bras du levier étant | la ligne droite] IB [chargé comme des- sus |, il faudroit en G le plus grand [>uids. Et toutefois, alors le poids (|ui seroit en B, pesant vers A, fcniil tout son effort sur la roideurdii bras BI; et le moindre poids qui seroit en G feroit balancer le bras ll{ vers D; et pour peu que le poids qui sera sur le bras IG fait balancei' \i' l'KIlMAT, — II. 7 50 ŒUVRES 1) E F E II U AT. - C 0 H R E S P 0 N 1) A N C E. bras IIJ avof son poids vcM's D (^co qui semble ne se pouvoir nier), alors, encore que tani G que B sortent de la circonférence, on conclura une absurdité manifeste contre votre position. 19. Kiiliii. ^lonsieur, pour ce que rexpérience de tout ce que dessus ne se pcul l'aii'c des poids naturels, si vous voulez prendre la peine de la l'aire avec des artificiels, supposant | pour levier] un petit cercle arti- ficiel, au lieu du grand cercle naturel, et des puissances qui agissent |ou as|)iren( | vers le centre du petit cercle, au lieu des poids qui agi- roieut vers le centre du grand, vous trouverez que l'expérience est du tout contraire ii votre raisonnement. Si nous eussions eu du temps davantage, nous vous aurions envoyé ce que nous avons établi sur ce sujet et les démonstrations, mais ce sera au premier ordinaire. 20. Si vous avez agréables les communications sur le sujet de la Géo- métrie, en laquelle nous savons que vous excellez entre tous ceux du temps, nous vous ferons voir de notre part des choses que peut-être vous ne mépriserez pas. Or ce que nous vous proposerons ne sera point par forme de questions, mais nous vous envoierons les démonstrations en même temps pour en avoir votre jugement. [Vous nous obligerez aussi de nous faire de vos pensées. Nous sommes, etc.! IX. fer:\iat a Etienne pascal et roberval. SAMEDI 23 AOUT 1636 C). ( l'a, p. i3o-i32.) Mkssikui'.s, 1- J'ai lu avec grand soin le jugenuMit (|u'il vous a plu me donner des proposilioris que j'avois envoyées à M. de Garcavi et, comme j"ai C) Première r(!|ili(|iio à lu LcUri' VIII; voir prirliciilirrciiiciil. 10 cl 11. IX. — 23 AOUT 1636. 51 reconnu la fermeté de votre raisonnement jointe avec une grande et profonde connoissance de cette matière, j'ai aussi cru que vous ne trouveriez pas mauvaise ma réplique que je ferai en peu de mots, et que peut-être je tirerai à ce coup de vous le consentement que vous n'avez pas voulu m'accorder d'abord. Et je ne pense pas avoir besoin de m'excuser des erreurs qu'il vous a semblé que j'avois commises, à quoi, quand je ne répondrois que par la hâte que j'eus d'écrire à M. de Roberval {' ), lequel j'avois prié de suppléer ce qui ne seroit pas expliqué assez au long, j'aurois peut-être suffisamment satisfait. 2. Mais pourtant je vous déclare que je n'ai jamais cru parler que du levier moindre que le demi-cercle et, si j'ai omis de l'écrire, ma figure, qui n'en représentoit que celui-là, réparoit assez ce manquement, puisque je n'avois pas seulement eu le temps d'écrire la démonstration de ma proposition sur ma dite figure. Que si le levier est plus grand que le demi-cercle, j'ajouterai à la fin de ce discours la proportion qu'il doit garder; il me semble que j'en ai assez dit pour répondre à la plus forte des objections que vous faites contre mon second levier. 3. L'autre qui combat mon second principe a été prévue par moi, et je vous avouerai que, quoique ce second principe soit manifestement faux et qu'il choque mon sentiment sur le fait du premier levier, je l'avois pourtant industrieusement et à dessein mis dans ma Lettre, afin de vous faire accorder qu'un grave pèse moins, plus il approche du centre de la Terre, ou, en me niant cette vérité, vous obliger d'accorder celle de mon second levier. M. de Carcavi, à qui je l'avois écrit quelque temps auparavant que de recevoir vos Lettres, vous le témoignera sans doute, et j'en ai tiré du moins le profit que vous m'avez accordé qu'un grave pèse moins, plus il approche du centre, quoiqu'il soit malaisé do déterminer la proportion de la différence de ces poids. 4. Je me contente d'avoir dit ce peu de mots par avance et viens à la démonstration de mon second levier, après vous avoir assuré que (') Fuir Lettre VH. 52 ŒUVRES i)K FEIUIAT. - CORRESPONDANCE. jamais lunnmr du iiiondo ne se poricra avcr plus do l)()iiiit' foi cl d'iii- goiuiilc (|U(' moi ii avouer les vci'ilcs (|U(' j'aurai rccouuiu's, cl (|uc je crois lua proposition tcllcuiciil vraie (|iie, l'ayaiil souvent considérée de ilivers biais et à diverses reprises, je n'ai jamais pu en douler. Voici les vrais |)rincipcs de ma démonsh'alion : AxioMA I . — ^'/ i>rcn'e quiesccns ah aliijuo piinclo suspendatur. gravi- tahil super li/icam rcctam puncliim suspcnsionis el centrum terrœ conjun- gcntem. — Patel (ixiotnalis rcrilas (pua aliter grai'e non (juiescerel. AxioMA II. — In recte circulari. etijus dimiflium piuicturn suspensionts. si ex alraqiie parte in piinctis œqualiiiin scetionum gravia œqiialia collo- centar, corpus e.x omnibus illis gravihus compositum et a medio illo puncto siispensum quiescet . AxioMA 111. — /// rcrie cirritlciri seniicirculo ininori. cujus ceniruni est eentruni terra' {hoc cnitn in /lostro recte semper intelligendum). si punc- luiii suspcnsionis i/ia'qualiter vectcm dividat et ex ut raque parte in punclis a'qualiu/n scetionum gravia œqualia collocentur, non inanebit corpus ex omnibus illis gravihus compositum, sed inclinabitur rectis ex parle dicijojis portionis. — Hoc palet etiam ex veslris positio/iibus : quum enun lotus rectis sit semicirculo /ninor. si/ius rninoris portionis erif mmor si/tu rnajons portionis. ideoipie non /leg/ihitis i/iclinationem fieri ex parte maptris por- tio/iis. [fis suppositis. exponatur figura conti/iens recte/n DEG ( tig. 3o ) et per- fic.iantur reliqua juxla pnvparalionem Archimcdeam. Grave m D, dispo- silum per partes œquales in porliones BG, GD, DE, EF, grai'itat super rcctam DN : nam, suspensum a puncto D, per secundum axioma quwscit : f'rgo. per primum. gravitât super 1)N. Igitur. sive totum sit in D, sivc dis- 1\. 23 AOUT 1636. 33 positum per partes œquales in portiones BC, CD, DE, EF, semper super camclem reclam DN gravitât. Sirniliter grave in G, sive toliim sit in G, sive per parles œquales FG, GH disponatur. semper super eamdem rectam GN gravilabil. Quum autem gravia per partes œquales BC, CD, DE, EF, FG, GH disposita sint œqualia, gravit ahit aggregatuni lotius gravis super rec- tam EN : ergo palet conclusio aut, per deduclinnem ad cdisurdiim, indc facillime derivatur ope terlii axiomalis. Eadem certe eral Archimedis ( ' ) ratiocinatio : nam reclœ BD ( iig. S i ) centrum gravitatis, verbi gratia, in (] constituil, ut probel gravia œqualia Fig. 3i. B c r> E F m punctis B, D super rectam CN gravitare, quod ilte supponit. quu/n in lihra tantum DEF hoc verum sit, quœ ad rectam EN est peTpendicularis. in reliquis falsum, quia ad angulos inœquales a redis à cenlro terrœ sceau tur. In nostro autem vecte hœc difficultas non occurrit. quum semper ri in quocumque puncto reclœ a centra terrœ eum normaliter secenl. Sil libra DCB (fig. 32 ), centrum terrœ A, centrum librœ C; complealur circulus centra (\, inlervallo CB descriptus cl DEA, BA, CFA jungantur. Jungalur et CE; ponantur in punctis B c/ D pondéra œqualia cl sil ait- gulus ACD major angulo ACB : .4/V; libram a puncto C suspensam ad parles B inclinari, idquc per supposita ab Arc/iimedc. Pondus a puncto D al punctum lî transferalur; ex Arc/timedc. idem est ac si pondus esset in puncto D, quia ponitur in recta punctum \) cl centrum terrœ conjungentc : si igitur intelligalur recta CE pondus in E retinerc. manebunt, ex Archimede, brachia CE et CB, quum ponantur maiwrc CB cl CD. Igitur anguli ECF, FCB crunl œquales : Iriangulum enim œqm- (' » Cp. ArciiimÊde. Dr planorwn ivquil'diriit:, I. 6. o* ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. rriur, i/i ctijtis cxl remis œqtialia pondéra collocanlitr. nio\rltir semper (fonce perpendicularis liorizonti. Iioc est recta rertieem et cenlritrn terra' conjungens. angulum ad rertieem hisecet, quod caperientia testaliir. An- gidiis aiitem \\Œ duplus est anguli ad I) : ergo angiilus FCB angulo I) Fijr. 33. est (cr/iiafis. Parallelœ igiltir eri/nt (]X et DA, quod est absurdam : non ergo quiescit lihra. sed ad partes B inclinât nr. quia angulus B(]F major est angulo ECF, /// patet. Voilà, en [)cii de mois, ma l'épliquo pour le second Icvicf, hKiiicllc i't'iisse plus ctcndiie si le temps me le permettoit. 5. Que si le levier est plus grand que le demi-cercle comme (^AB [Jig- 33) duquel le point do suspension est A, les extrémités ("., B, alors le levier ne soutiendra plus, mais sera pressé en haut par ces deux poids, de sorte (ju'il faut prendre la proportion réciproque des IX. 23 AOUT 1636. 55 deux angles CND, DNB, après avoir prolongé la ligne AN. La démon- stration en est aussi aisée que celle du premier cas. 6. Pour le premier levier, soit le centre de la terre B (fig. 34), les poids égaux A et C, et la ligne BC plus grande que BA. Si vous m'ac- cordez que ce poids en C pèse plus qu'en A (quoique vous estimiez Fig. 34. o -e qu'il soit malaisé d'en déterminer la proportion), mes alFaires sont faites : car il descendra donc, et la même raison ayant toujours lieu jusques à ce que la ligne (M soit égale à BA, il ne s'arrêtera pas plus t(M. Et que cela se fasse par attraction ou autrement, la chose est indifïé- rente. Toutefois je vous puis assurer que je puis prouver cette même proposition par des expériences que vous ne sauriez contester et que je vous onvoierai au long, dès que la commodité me le permettra. 7- Cependant voici une de mes propositions géométriques, puis([u"il semble que vous ayez désiré d'en voir : Su parabole AB (tig. 35), cuj'iis verlex A, et circa reclam DA stabilem fleura DAB circurnverlatur, describeliir ronoides parabolicum Archiine- Fig. 35. de uni, citjm proporlio ad cotium ejasdem basis el verticis eril sesq niait era. Quod si circa stabilem Défigura DAB circumvertatur, fiet novum conoides cuj us proport io ad conurn ejnsdem basis et verticis quœrebatur. Eam nos esse ut 8 ad ,) demonslravimus, nec res vacabat difficultate. Imo et centrum gravitatis cjusdem conoidis invenimus. .jti (KUVHES DE FERMAT.^ (.OIUÎESPONDANCE. 8. J'ai Iroiivc l)tM»cou|) d'aiilrcs propositions gt''oiii(''lr'i(|iirs, coiiiiiic la ri>slitulioii de toiiti's les pro|)osilioiis de loris plaiiis ( ' ) cl aulros; mais ce (Hii' j'osliinc plus (iiic (oui le rcsic csl iiiic mélliodi" pour il(''l(M'inint'r loiilcs sortes de problèinos plans ou solidos, |)ar le movcn i\i' la(|ii(dl(' ji' Iroiivc riiivcnlioii (^- ) Diaximœ et mi/nnuv in oin/iibits iimnino proi^/c/nd/ibiis, et ce, par une é(|uation aussi simple et aisée {|ne eelles de] l'Analyse ordinaire. 9. Il v a inlinies (|uesti()ns (|ue je n'aurois jamais pu résoiulre sans cela, eoninie les deux suivantes, que vous |)ouvez essayer si vous voulez ('■^) : Ihtia' spluvra' inscriberc co/zi/ni onininiti iiiscrihcndoniin ambitu rna.ii- iniiin. hnlœ s/)/i(Cia' inscriberc cvlindriini onu/ium inscribcndorum nmbiin maximum. J'entends par ambitiirn, non senlemcnt superficies conicas et cylin- (Iriccis. mais le eireuit entier composé, au cône, du eerele de la base et de la supertieie eouique, et au eylindre. des deux eereles des bases et de la supertieie cylindrique. Il semble que ces deux questions sont nécessaires pour une plus grande connoissauce des fiifures isopérimî'tres ( M- 10. Cette métliode ne sert pas seulenuMil à ces questions, mais à beaucoup d'autres et pour les nombres et pour les quantités. \ dus m'obligerez inlinimeut de mv l'aire part des productions de voti'e esprit et de me croire etc. . I ' j Foir LeUrcs I, 10 cl VI. 10. (2) roi>TomeI, p. i33. (') Foir LcUres I, 12, et VI. 9. (*) Sujet dont .s'occupait lioljcrvat. Foir Lettre .\t\'. 11. X. — 2 SEPTEMBRE 1636. 57 X. FEMIAT A MERSENNE. MARDI a SEPTEMBRE l636. ( T'a, p. 123-12^.) Mo> Révkrend Pkhe, 1- L;i IcKre dont vous me parlez dans votre dernière s'est sans doute égarée, car celle que je viens de recevoir est la seule qui m'est venue depuis cin([ ou six semaiiu'S de votre pari. 2. Sur le sujet de laquelle (^') je vous dirai (jue, (|uand nous parlons d'un nombre composé de trois quarrés seulement, nous entendons un nombre qui n'est ni ((uarré, ni composé de deux cjuarrés; et c'est ainsi (|U(' Diopliante et tous ses interprètes l'enlendenl, lorscju'ils disent (|u"un nombre, composé de trois quarrés seulement en nombres en- tiers, ne peut jamais être divisé en deux quarrés, non pas même en fractions. Autrement et au sens que vous semblez donner à votre pro- position, il n'y auroit que le seul nombre de 3 (|ui (Vil composé de trois (juarrés seulement en nombres entiers; car : Premièrement, tout nombre est composé d'autant de (juarrés enti((rs (|u'il a d'unités; Secondement, vos nombres de 1 1 et i4 se IrouvenI composés cliacun lie cinq quarrés; le premier de l\, 4, i, i, i ; le second de 4, 'i, \, i, i. Que si vous entendez que le nombre ((ue vous demandez soit com- posé de (rois quarrés seulement et non pas de qua(re, en ce cas la question (ient plus du hasard que d'une conduite assurée et, si vous m'en envoyez la consd'uction, peu(-é(re vous le ferai-je avouer. (M l'oir Lettre VI, 7. — D';ipi-cs Descartes (Lettres, éd. C(erselier, III, CiO), l'aiileiir (le la question, Sainte-Croix, demandait que les deux nombres à trouver et leur somme fussent composés de trois carrés à l'exclusion de (|aatro. Il n'y aurait dès lors, suivant IJescartes, que trois solutions : i, 3, G: 3, ii, i4; 3, m, ■j.\. Kersiat. — U. 8 o8 ŒuvuKs m-: rKUMvr. - (,oiu\esponi)ANCE. [)o sorte (jiii' j'avois satisfait à volro proitosiTHui au sens de Diopliaiilo, qui semble être le seul admissihle en cède sorte de queslions. Or, (|u"nn nombre, composé de trois (juarrés seulement en nombres entiers, ne puisse jamais être divisé (mi deux (|uarrés, non pas même en fractions, personne ne l'a jamais encore démontré et c'est à <]uoi je travaille et crois que j'en viendrai à bout. Cotte conuoissance est de grandissime usage et il semble (|ue nous n'avons pas assez de prin- cipes pour en venir ii bout; M. de Bcaugrand est en cela de mon avis. Si je puis étendre en ce point les bornes de l'Arithmétique, vous ne sauriez croire les propositions merveilleuses que nous en tirerons. 3. Pour la Proposition géoslatiquc, elle est toute fondée sur ce prin- cipe seul, que deux graves égaux, joints par une ligne ferme et laissés en liberté, se joindront au centre de la terre par le point qui divise également la ligne qui les unit, c'est-à-dire que ce point de division s'unira au centre de la terre. Messieurs Pascal et de Roberval ('), après avoir reconnu que tout mon raisonnement est fondé là-dessus et, qu'accordant ce principe, ma proposition est sans difficulté, m'ont nié ce principe, que je prenois pour un axiome, le plus clair et le |)lus évident (ju'on i)eut demander; obligez-moi de me dire si vous êtes de leur sentiment, .le l'ai pourtant démontré depuis peu par de nouveaux principes, tirés dos expériences, qu'on ne me sauroit con- tester, et je le leur envolerai au plus tôt. Je suis etc. (') yoir Lettre Mil, 1 el suiv. XI. -- SKPTKMBHE 1G3G. 59 XI. PERIMAT A ROBERYAL ('). MAlîDI l6 SEPTEMBRE lG.36. {fn. p. i3.')-i3G. ) Monsieur, 1. Je me trouvai ces jours passés à la campagne lorsque je répondis à voire écrit, que j'avois pourtant laissé en cette ville. Depuis mon retour, je l'ai considéré plus exactement et vous envoie la réponse plus précise à tous ses points concernant le premier levier. Si vous ne goûtez pas mes raisons sur le second, vous m'obligerez beaucoup de m'envoyer la démonstration de votre proposition suivant l'opinion où vous êtes, que les graves gardent la proportion -réciproque des per- pendiculaires tirées du centre du levier sur les pendants, et de laquelle je douterai toujours jusques à ce que je l'aurai vue. Je vous puis pour- tant assurer que je ne saurois démordre encore de la mienne et (|iril me semble que vous ne sauriez démontrer la votre, au moins par les principes que nous connoissons. 2. Le principe que je vous ai demandé pour l'établissement de nu's propositions géostatiques est que, si deux poids égaux sont joints par une ligne droite ferme et de soi sans poids et, qu'étant ainsi disposés, ils puissent descendre librement, ils ne reposeront jamais jusques ii ce que le milieu de la liLjne s'unisse au centre commun des choses pesantes. Ce principe, qui vous a semblé plausible d'abord, a enfin choqué votre opinion sur ce principalement que nous ignorons la cause radicale qui fait que les corps graves descendent, sur quoi vous dites qu'il y a trois opinions différentes et que, de toutes les trois, les conséquences semblent diflerentes. (' ) Suite à la LeUre IX et seconde réponse à la Lettre VIII. Dans les l'aria, l'article 7 suit immédiatement le n" I. — La réplique de Robcrval est perdue. (iO iKl \I{KS DE l'KllMAT. - COHllESPONDANCE. 3. Ji' ne rt'pi'lc point vos mois ni vos raisons; je me conlcnlc d'y ic|ion(ii'(' cl /'/•////() en la |)r('iniJ'r(' opinion. Kn voire iigiirc {J'f^- ii>). vous dilcs (|u'il vous scinhic que, si le point n on I"] convient avec le ccnti'c coinnnin «les elioses |)esant(>s. Kiff. iS. & -e eonil)ien (|ue l'un des poids en soit plus proche (|ue l'autre, ils conlre- pi'seront encore et demeureront en équilibre. Puis(|ue, dites-vous (pour me servi i' de vos propi'cs termes), ces deux poids sont éi^aux et ont tous deux même inclination de s'unir au centre commun des choses pesantes, l'un n'a aucun avantage sur l'autre pour le dé|dacer de son lien . Or, si ce raisonnement est bon, voyez-le dans la figure suivante (/?!,'". 'Mi), dans laquelle j'emploierai les mêmes mots. Fig. 36. c Soit l(> centr(> de la terre 0, un point dans sa surface ou ailleurs (]; soit jointe la ligne (^l), et soit au point (' attaché le levier B(]A, duquel les bras BC, (-A soient égaux el les poids B et A aussi égaux, l'angle B(]A ferme. S'il n'y avoit point le |)oids en B, la ligne (lA s'uniroit ii la ligne CD, c'est-à-dire (|ne le poids A s'approi-heroit du centre D autant qu'il pourroil; et tout de même de la ligne B(<. Soit fait l'angle BCD moindre qne D(LV; par le précédent raisonne- ment, le levier s'arrêtera (ce qui est contre l'expérience), puiscjue les deux poids A et B sont égaux et ont tous deux même inclination de s'unir au centre D sivc l\ la ligne (^1), et l'un n'a aucun avantage sur XL- 16 SEPTEMBRE 1636. 61 l'autre pour le déplacer de sou lieu. Or, de même qu'en ce cas l'ex- périeuce nous fait voir que ces deux poids approcheront également du centre D et de la ligne CD, il ne faut pas douter qu'au premier cas ils n'approchent également du centre de la terre, et la raison de toutes ces deux propositions est, qu'ayant même inclination au centre (>t ne pouvant tous deux y descendre, à cause qu'ils s'entr'empêchent, ils y approchent du moins également : autrement la force de celui qui y approcheroit davantage seroit plus grande. 4. L'exemple du levier horizontal (fig- 37) ne fait rien à la (jues- tion : car, pour marquer que les poids B et A n'ont pas leur inclina- FiK. 3;. C (ion au point (!, il ne faut qu'oler la ligne (^D, sur laquelle le levier s'appuie, et le levier ne restera pas de demeurer, s'il est pressé par les poids A et B horizontalement, de sorte que le point C n'est non plus considérable que tel autre de la ligne BA que vous j)rendrez. Et, cela étant, l'exemple est inutile, parce que la principale raison de mon principe déjtend de l'inclination des graves au centre de la terr(\ 5. Ce que vous ajoutez, do deux poids qui seroient inégaux, joinis comme dessus à une ligne droite fernu> et de soi sans poids, n'esl non plus recevahie : car, vous accordant que, lorsque vous menez un plan perpendiculaire à la ligne qui joint les deux poids, comme vous faites en votre figure ('), il est certain qu'en ce cas il y a de chaque côté du centre une grandeur égale; il arrive pourtant cent cas auxquels, si vous coupez les deux poids par un autre plan passant par le centre, les (1) T'nir fîg. 0.0, Lettre VIII, 6. «2 GU'VUES DE FEIIMAT. - COR lUiSI'ONDANCK. grandours qui soront do chaque colé soroiit inégales, e( ainsi nn même corps en même (emps arrèlera e( n'airèlei'a jtas. Kl n'imjxirle de dire que ce plan doil èlrc toujours perpendiculaire il la ligne qui joinl les deux graves, ("-ar vous savez qu'anlonr du cenire lous endraits sont indillV-rens et o:nnia intelliguntur stirstiin. ouinia ileorsum. Il i'aut donc nécessairement prendre le repos des poids, non pas de cette faijon, mais de la proportion réciproque suivant mon sentiment. Voilà, en peu de mots, la réponse ii votre première opinion, (]ue j'eusse pu étendre davantage et tirer mémo la démonstration de mon principe de l'expérience (|ue je vous ai donnée, comme il vous sera aisé de voir. 6- Si la seconde opinion est vraie, mon principe est infaillible. Car en ce cas vous dites que l(> cor|)s pi'sera d'autant moins qu'il sera proche du centre, mais cette diminution ne sera pas on la raison des éloignemens. Or, puisqu'un corps pèse moins on ce cas à mesure qu'il est plus proche du centre, donc il sera toujours pressé par le plus éloigné, jusques ii ce qu'ils soient également éloignés du centre. Kn la troisième opinion les mêmes raisons sont bonnes. Je serai bien aise que M. Pascal voie ma Lettre, si vous l'agréez. 7. Permettez-moi de changer ( A f- G-9, V, r- i2"'-'4'°.) Revekode Patf.p,, 1. Quamvis id agam ut pro OEdipo Davum (^') resliluam. cl li- bentissime profitear quiPstionem Domini de Sainte-Croix ad nicam notitiam (-) non pervenisse, liceat lamen numéros ab ipso exliibi- (' ) .Vlkision iiu vers igî do Y Indria de Tércnoe : Non licrclc inl^îlleïo. — Non/ lioiii. — Davos sum, non OEiJipus. (2) Il osl malaisé de détcniiiner si la qnoslioM duiil il s'agit ici est bien celle donl il est parle Lettres VI, 7, et X, 2, ainsi que plus loin. XII, 5, ou une antre dos cinq questions iiuméri(iues proposées [lar S'" tlroix à Descartes en avril iGiS, à savoir : I. Trouver un trigone qui. pliiv un trigo/ic tctmgone, fasse un tétragone, et de rechej, et que de la somme des côtes des tétrogones re'sulte le premier des trigones et de In jnulii- pUcation d'elle par son milieu le second. J'ai donne' i5 et 120. J'attends que quelqu'un y satisfasse par d'autres nombres ou qu'il montre que la chose est impossible. II. Trouver un trireciangle dont chacun des côtes soit l'aire d'un trirectangle. J'ai donné 'tAO, yio, y5o. J'attends etc. III. Trouver un bartong nu tc'tragone plus sa pleure et tel que l'aggrégai du dit te'lrn- tiV ŒUVHES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. tos (^ ' ) soliilione prohloiualis ahs te proposili componsaïc, cl qiia'stio- iios aliqiiol àu.oi[3ata; siihjicoro, quaruiu enodationem ad nos sorius goiic cl de son dotthlr Icirngone faise un Ictriigonc (lanl in pleure soit le barlong ou té- tragonc plu.t sa pleure. J'ai donne d. J'attends etc. IV. {T'oir ci-avaiil. LcUre VI, 7, noie.) V. On demande aussi un nombre dont les parties aliquotes fassent le double et, pour ee qu'on en a déjà trois qui sont 120, 672 et 52377G, il est question de trouver le qua- trième. Le.* rensei^nomcnls lires do la correspondance de Uescarles sont conlradicloircs; dans une lellro à .Mersenni' du 22 juin i638, il dit (éd. Clersclier, 11, 88) : n Je serai bien aise de savoir si les réponses de M. Fermât ont satisfait davantage " M. de Sainle-Croix que les miennes; mais pour moi, je trouve plaisant que, de quatre ■• questions, n'y en ayant qu'une qu'il résout à peine en donnant un nombre qui y satis- ■< fait, il ne laisse pas de faire des bravades sur ce sujet, disant qu'il ne se contente pas » de résoudre ces questions à la modo do M. de Sainte-Croix, etc., et en propose une :i autre toute semblable et nir-me qui est bien ])lus aisée. » l,e jo juin 16ÎS (éd. Clorselier, III, (i2), il écrit d'autre part à Mersenno : « Je lui ai aussi proposé (à Gillot) la quatrième question de M. de Sainte-Croix qui est » de trouver deux nombres chacun desquels, comme aussi la somme de leur agrégat, ne » soit que de trois tétragones, à cause que vous me mandez que c'est celle qui a semblé u à M. de Fermât In plus dijficile. u On doit remarquer que la (pu;stlon II de Sainte-Croix à Descartes a d'abord élé proposée par Fermât à Sainle-Croix qui la résolut (ci-après. Lettre XVIll, 3), que des quatre autres, la question V aVait été posée par Mersenne dans l'Épîtrc dédicatoire de ses Pré- ludes lie l'Harmonie universelle en i634 (voir Lettre III, 2), avec l'indication du nombre 120. Fermai trouva le nombre 672 (Lettres XII, 4, et XIII, 4). Le troisième nombre 5';>3776, que ne donne pas la méthode de Fermât (IVu ), parait avoir été trouvé par Sainte- r.roix à une date postérieur!^ à l'impression de la Seconde Partie de l'Harmonie unii'er- seUe de .Mersenne (i6>7 ). La question III, qui se traduit par l'équation jr2-f-2(.r2)2= (,r2-i-.r)2, est très aisée à résoudre, et il est improbable que ce soit celle devant laquelle Fermât dé- clarait n'être |)as un CEdipe. Il n'en est pas tout à fait de même pour la question I, dont l'énonce, passablement obscur, semble devoir s'exprimer par les trois équations ( i--^3) (y ->- - -H 1 1 2 ./:(.r -H /î'^ = . ■ 1 I r /; ( // H- I ) avec les condilions (pie a-, j, ; soient entiers et /)- un entier du la luriiie ; • (') l'eut-étre comme solution de la qucsliuii II, jiroposéc par Fermât a Sainle-t^roix. Voir noie |>réi'édenle. XII. - SEPTEMBRE 1636. 65 proventuram auguramur, quidquid polliceatur acutissimi vir ingenii. 2. Duni igitur diffîcilioribus numeris tentationem honestamus, ut ipse loquitur, ita proponimus (' ) : i" Invenire triangulum reclan gidum numéro, cujus area œquetur qua- Irato. n ■2° Data summâ solidi sub tribus laleribus trianguli rectanguli numéro et ipsius hypotenusœ, invenire terminos intra quos area consislit. Nec moveat additio solidi et longitudinis; in problcmatîs (Miiiii mi- mericis, quantitates omncs sunt homogenea-, ut omnes sciunf . 3° Invenire duo quadratoquadratos quorum summa œquetur quadralo- quadrato, aut duos cubos quorum summa sit cubus. 4° Invenire très quadratos in proportione arithmetica, ea conditione ut diffère ntia progressionis sit numerus quadratus. 3. Quatuor problematis duo theorcmata (^) adjunginius, (jua", a nobis inventa, a Dom°. de Sainte-Croix demonstrationcm exspectant aut, si frustra speraverimus, a nobis ipsis nanciscentur. Sunt autem pulcherrima : I" Omnis numerus œqualur uni. duobus aut tribus triangulis, uni, 2, 3 aut 4 qiiadratis. uni, 2, 3, 4 aut 5 penlagonis, uni. 2, 3, 4, 5 aut 6 hexagonis. uni, 1, 3, 4, -ï, 6 aut ~ heptagonis. et eo continuo in infinitum progressu. Videtur supponere Diophantus secundam partem theorematis, caui- que Bachetus experientiâ conatus est contîrmare, sed dennonstratio- I 1) Des quatre problèmes proposés ici par Fermât, trois sont insolubles, t'oir au Tome I les Observât ions sur Diopliante : pour (i) et (4 ), VOhs. XLV; pour (3), VOIis. II. I - ) Pour le premier de ces deux théorèmes, voir Tome I, YObservation XVriI sur J)iK FEIUIAT. - (,()HHESPON 1) ANCE. lUMii lion attiilil. Nos propositioïKMii ijcncralissiinaiu cl |nil(li(Miiiiiaiii priiiii, nisi iallor, dctexinuis et pro jiiro syiiallagmalis adiuilli, iicscio an jnrc. poslulamiis. ■2" Orltiphim cu/ttsli/>c/ tiitincri iiiutatc (Icrniniiliiiii coinpomliir c.r (juit- litnr (fitadratis lantam. non so/iini in integris, (.\\\w\ pokicrunl alii vi- (lisse, sed etiam in fraclis. (|U()il nos demonstraturos pollicenuir. Ht (^x liac propositions mira sanc ([('dnciiMiis, quie, si in proniptu l'ucrint Doin". de Sainte-Croix, saltcin Hacheti iu!>cninm ot opcrani vi- dentnr inniilitcr sollicitasse. 4. Priusqnam propositioncni de eiibis a te propositam construanius. ad quœsitum (') de numéro (572 respondeo nie unicum illum non ere- dere proposito satisfacientem, sed hic nnns post 120 in nostra me- tliodo occurrit. In luijusniodi autem qusestionibus niliil impcdit quominus alius alià methodo alios numéros qusestioni satisfacientes nanciscatur : hoc si eontigerit Dom°. de Sainte-Croix, libentissime ab eo accipiemns una cum methodo qua iisus est. Sunt enim luijusmodi qusestionespulclier- Ywnx et dilliciliima; et a nemine, quod sciam, hactenus solutse; infini- tas autem similes peculiari nobis methodo jam eonslruximus. 5. Quod ad qufestionem (-) de nunieris '\ et 1 1 spectat, tatemur dif- ficillimam nobis visam et adhuc, post multa tentamenta, ignorari. Ht cri'diderim, donec contrarium appareat, ejus solutionem sorti polius quam arti deberi ; sed malimfalli me quam Dom. de Sainte-Croix. Hjus solutionem si dignetur impertiri, viam eoustructionis rogo adjungat. 6- Tnam de cubis quaestionem ita eoneipimus : Ikilis quolUhcl nunieris in propor/ionr r/iuivis arithmeùca, ciijns diffe- rcnda progression is cl nnnicrus Icnninonirn dc/iir, invenire siirninnm cii- hornni ahs omnibus. (') P'oir plus luiiit. pape 61. note. (2) roir LeUres VI, 7 et X, 2. XII. - SEPTEMBRE 163G. 67 7. Primus casus est quum primus terminus est imitas et dilïerentia progressionis etiam imitas. Exhibeantur niimcri iii hac progressione qiiotlibet : 1.2. 3. 4. 5. 6. 7. S. 9; quadratum trianguli numoroniin ;oquatiir ciibis abs omnibus. L'iin hoc exemplo, in quo sunt 9 numcri, triangulus numcrorum est 45, cujus quadratus 202J œquatur summa' cuborum a singulis. Hsec autem proposilio in lioe casu a Bacheto ( ' ) et aiiis est (U'mou- strata; sequentes casus nos invenimns. 8. Sit primus terminus imitas et differcntia progressionis numerus quivis, ut in hoc exemplo in quo 4 ost difTerentia progressionis : 1.5.9.13.17, sumo triangulum nltimi numeri dilïerentia progressionis nnitatedemi- nuta aucti. Est autem 210, et ejus quadratum 4^100. Ab eo detraho sequenles numéros : i" Summam totidem cuborum ab unitate in progressione nalnrali duccntium exordinm, ((ih)1 siiril unitates in differcntia progressionis unitate deminuta, eamque summam duclam in numerum terminorum. Numerus autem, qui in hoc exemplo inde eruetur et ([ucm diximns subtrahendum, est iSo. 2" Detraho triplum summa» totidem quadraloium ab nnilalt^ in j)ro- gressione naturali duccntium exordinm, quot suiit uuilalcs in tliffc- rentia progressionis unitate deminuta, illudque ducdim iu summam numerorum progressionis data*. Numerus, qui in lioc exemplo inde eruclur et quem diximns subtra- hendum, est 1890. (M Appeiidix ad libnim de niimcris polygoiiis, II, prop. 2i. 68 ŒUVHES DE FERMAT- COURESl'ONDANCE. 3° Dotraho tripUini siiiiuiiii' lolidcm mimoroniin ab unilato in pro- sfrt'ssiono naturali diiotMitium oxordium, quoi siint unitalcs in diliV- iTntia progi'ossionis unitalc dciniiuila, illii(l(|ii(' dncfuin in summain (|iiailratoriim abs niuncris progressionis data^. Numcrus, qui in boe oxcmpb) in(b' crnctnr et quoni dixinms snbtra- hcndnni. est 10170. Snninia iinmi'roruni aul'crcndonini a numéro 44' 00 osl 12240. rcli- quuin '^iSGo : quod si dividas per 4. dilTcrentiam progressionis, habe- bis suniniani cuborum abs nnnicris 1.5. 9. 13.17, 7965. et uniformi in infinifum mctbodo. 9. Sed nonduni constat qua ratione inveniatur sunima numeroruni : 1.5.9.18.17, ncquc quomodo sumnia quadratorum ab ipsis inveniatur : quod ta- nien ad secundam et tortiam operationem perticiendum est neeessa- riuni. Priniilni illud praestitit Hachetus (') in libello De ntimcris maltangu- lis : socundum ita expedictur. Suniatur summa tôt quadratorum ab unitate in progressione natu- rali, quot sunt unitates in majore progressionis numéro differentia proi(ressionis unitate deminuta aucto. Hoc autem est facib' et ab Archimede (-) in libro De Spiralihus traditum. Ab ea summa : 1° Detrahe summam totidem quadratorum in progressione naturali C) Comiiieritnirn do Bachot sur les propositions IV ot V Dioplunill -l/eraridrii/i tic inu/laiigulit inotieris. (*) Archimùile, De llneis sptridiliux, pru|). 10, donno elTcctivemcnt la sonmiation 3 V"„._-„3, .., ,_«("+>). XII. - SEPTEMBRE 1636. 69 ab unitate incipiente, quot sunt imitâtes in differcntia progressionis unitate deminuta, eamque summam ductam in numerumterminorum. 2" Detrahe duplum summse totidem numerorum ab unitate, quot sunt unitates in dilTerentia progressionis unitate deminuta, iiliuhjuc ductum in summam numerorum progressionis data?. His ablatis, reliquum, per difi'orentiam progressionis divisum, dabit summam quadratorum ab omnibus. Ex his duobus casibus reliqui omnes nullo aut minimo negotio eli- cientur juxta prsecepta. 10. Sed hic hœrere nohiimus, verùm problema totius fortassc Arithmetices pulcherrimum construximus, quo non solum in quavis progressione summam quadratorum et cuborum venamur, sed omnium omnino potestatum in infinilum melhodo generalissima, quadratoqua- dratorum, quadratocuborum, cubocuborum, etc. 11. Ut autem innotescat Dom°. de Sainte-Croix sphingem me aut OEdipum non exspectare, en probh^ma in quadratoquadratorum |ir(i- gressu, quod ita potest theorematice enuntiari : Exponantur quotlibet numcri in progressione nalurali ah unitate; si a quadrupla ultimi, binario aurlo <^ et >• in quadratum trianguU nume- rorum dueto, demas summam quadratorum a singulis. fiel quintuplum quadratoquadratorum a singulis. Exemplum : Expositis numeris 1.3.3.4, quadruplum ultimi binario auctum est i8, quod duci débet in loo, quadratum trianguli numerorum : fit iSoo. Ab eo producto deme summam quadratorum a singulis, qua" est 3o. Superest 1770, cujus quinta pars, 35^, a'quatur quadratoqiiadratis a singulis. 70 ŒUVRES DK FEUMAT. - CORRESPONnANCE. In (|u;ilil»('l progrossioiii' simililcr prohlcma (•oiistriiciiais iinitaiuld construclioniMii itrivcodciitciii. Molhoduin i^cncialcni iii (|iiil)usli!)('l in iiitiniltiin potcslaliims trado- imis, si visum l'ucrit aut (il)i aiit Doiu". do Saiiilc-Croix. 12. Iiilciiiii adiliiiuis piopositioiUMU pulchorrimani a luiliis invcii- tain. (|iiH' iiohis liiciMii dcdil ad luijiismodi pro|)()si(ion('s iiivcnicii- das('): /// progressionc nalitrali ultimiis iiiuncnis in proxime majorern facit dupliim triangiili col/atcni/fs, in triangulum numeri proxime majoris facit triphun pyramidis colla Icralis, in pvramidcm numeri proxime majoris facit qitadriiplum tnangiilolrian- guli collateralis,, et eâ in injiniturn uniformi methodo. (') t'oir Tome I, V Oh.feriYition XLV'I fur Diopliaiite. — Il est très rciiuirqualilc que cotlc proposition capitale, qui donne, de fait, la composition des coefficients du binôme, après avoir été ainsi communiquée en i636 à Mersenne, à Sainte-Croix et à Roberval (ci-fiprvs Lettre XV, 3), soit restée assez ignorée pour que dix-huit ans après, Pascal, en la retrouvant sous une autre forme, n'ait eu aucun soupçon do la très grande antériorité de la découverte de Format. On lit dans le Traité des- orilrei itiiniériqiie.s ( CKuvres de Biaise Pascal, cdiliou de 177g, l. V, pp. 65-66), après la proposition XI : « Les manières de tourner une même chose sont infinies : en voici un illustre exemple » et bien glorieux |)our moi. Cette même proposition que je viens de rouler en ])lusicurs 1) sortes, est tomltée dans la pensée do notre célèbre conseiller de Toulouse, M. de Fer- " mat: et, ce qui est admirable, sans qu'il m'en eût donné la moindre lumière, ni moi à I' lui, il écrivoit dans sa province ce que j'invcntois à Paris, heure pour heure, comme .< nos lettres écrites et reçues en même temps le témoignent. Heureux d'avoir concouru » en cette occasion, comme j'ai fait encore en d'autres d'une manière tout à fail étrange, « avec un liommo si grand et si admirable, et qui, dans toutes les recliorchcs de la plus » sublime géométrie, est dans le |)lus haut degré d'excellence, (rommeses ouvrages, que » nos longues prières ont enfin obtenus de lui, le feront bientôt voir à tous les géomètres » de l'Europe, qui les attendent! La manière dont il a pris cette même proposition est i> telle : n tt En la progression nntiirulle {[là coniincnre par l'imite, un nomlirc quelcoiupie (tant » mend dans le prochainemrnL plus grand produit le doid>lc de son triangle. » i> l.e même nombre, étant mené dii/is le triangle du proeliaincinent plus grand, pro- 0 duit le triple de sapj rainide. u » Le même nond>re, mené ilnns la pyramide du proehaineineni plus grand, produit le » quadruple de son Iriangiilotriaiigulaire. » '< Et ainsi à l'infini, par une méthode générale et iinijornie. » I) Voilà coiimient on peut \arier les énonc'ialions. » XIII. - 22 SEPTEMBRE 163G. 71 13. De triangulis rectangulis (') propositio non satis pcrsiiiciu', ut opinor, in tua epistola est concepta : solvetur a me tbrtassp, si clarius proposueris. Addictissimus tibi. Fermât. XIII. FEMIAT A ROBERVAL. LUNDI 22 SËPTEMBRK 1636. (l'a., p. iVi-iî-.) MoXSIEfR, 1. Je surseoirai avec votre permission à vous écrire sur le sujet des propositions de Méchanique, jusques à ce que vous m'aurez Fait la faveur de m'envoyer la démonstration des vôtres, ce que j'attends au plus tôt sur la promesse que vous m'en faites (-). 2. Sur le sujet de la méthode (') de rnaximis et minirnis. vous savez (|nc, piiiscjue vous avez vu celle que M. Despagnet vous a donnée, vous avez vu la mienne que je lui baillai, il y a environ sept ans, étant à Bordeaux. Et en ce temps-là je me ressouviens que M. Philon ayant reçu une de vos lettres, dans laquelle vous lui proposiez de troiaer le plus grand cône de tous ceux qui auront la superficie coniaue égale à un cercle donne, il me l'envoya et j'en donnai la solution à M. Prades pour vous la rendre. Si vous rappelez votre mémoire, vous vous en souviendi'ez peut-être, et que vous proposiez celte (|nes(ion comme diUieile et ne (' ) .\iicunc autre allusion, dans la Correspondance ijul nous reste de Fermât, n'est faite à cette proposition. Peut-être s'agit-il de la (|ueslion I de Sainte-Croix à Descartes {voir plus haut pages 63-6;, note), dont l'énonce énigniati(pio prêtait facilement à confusion. (2) Dans une réponse perdue à la lettre XI. Hoberval annonçait sa lettre suivante, XIV. (■■i) f'oir Lettre IX, 8. 72 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. l'ayant pas oncore (roiivéo. Si je rcncond-c parmi mos papiers votre lettre, que je gardai pour lors, j{> vous l'envoierai. 3- Si iM. Despagnet ne vous a proposé ma méthode (') que comme je la lui baillai pour lors, vous n'avez pas vu ses plus beaux usages; car je la fais servir, en diversifiant un peu : 1° Pour l'iiivenlion des propositions pareilles à celles du conoide (|iie je vous envoyai par ma dernière (") : 2" Pour l'invention des tangentes des lignes courbes, sur lequel sujet je vous propose ce problème : Ad datiim punctum in conchoide Mromedis itwenire tangentern (') ; 3" Pour l'invention des centres de gravité de toute sorte de figures, aux figures même différentes des ordinaires, comme en mon conoide et autres infinies, de quoi je ferai voir des exemples quand vous vou- drez (*). 4° Aux problèmes numériques auxquels il est question de parties aliquotes {^) et qui sont tous très difficiles. 4- C'est par ce moyen que je trouvai G72 duquel les parties sont doubles aussi bien que celles de 120 le sont de 120. C'est aussi par là que j'ai trouvé des nombres infinis qui font la même chose que 220 et 284, c'est-à-dire que les parties du premier égalent le second et celles du second le premier. De quoi si vous voulez voir un exemple pour tàter la question, ces deux y satisfont : 17296 et i84i6. .le m'assure que vous m'avouerez que cette question et celles de sa sorte sont très malaisées; j'en envoyai il y a quelque temps la solution à M. de Beaugrand. M "1 Fermât paraît ici ontondrc, par sa inôtlindc, le procédé ilo siihsliliicr .4 -t- E à J dans une relation en J. (*) Foir LeUrc IX, 7, et plus loin XIII. 6. (') Foir Tome 1, p. i6i. (*) Foir Tome 1, p. i36, note 3. (5 ) FoIr Lettre IV. 3. et Pièces IVa. IVis. XIII. - 22 SEPTEMBRE 1636. 73 J'ai aussi trouvé des nombres en proportion donnée ou qui surpas- sent d'un nombre donné leurs parties aliquotes; et plusieurs autres. 5. Voilà quatre sortes de propositions que ma méthode embrasse et que peut-être vous n'avez pas sues. Sur le sujet du i", j'ai quarré infinies figures comprises de lignes courbes ('); comme, par exemple, si vous imaginez une figure comme la parabole, en telle sorte que les cubes des appliquées soient en pro- portion des lignes qu'elles coupent du diamètre. Cette figure appro- chera de la parabole et ne diffère qu'en ce qu'au lieu qu'en la parabole on prend la proportion des quarrés, je prends en celle-ci celle des cubes; et c'est pour cela que M. de Beaugrand, à qui j'en fis la propo- sition, l'appelle /;ara5o/e solide. Or j'ai démontré que cette figure est au triangle de même base et hauteur en proportion sesquialtère. Vous trouverez, en la sondant, qu'il m'a fallu suivre une autre voie que celle d'Archimède en la qua- drature de la parabole et que je n'y fusse jamais venu par là. 6. Puisque vous avez trouvé ma proposition du conoïde excellente, la voici plus générale {fig. 38) : • Ki.r. 38. Si circa rectam DA parabole, cujus t^ertex B et axis BF et applicata AF, circumducatur, fiet conoides novœ speciei, quo secto bifariwn, piano ad axem recto, dirnidium ipsius ad conuni ejusdem basis et altitudinis est Ht 8 ad 5 . (') P^oir Tome I, pages ?.5J à 266. Fermât. — II. n ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. 5/ rcrô piano secetiir ad axem recto inœqiialiter, piiUi pcr pitncluni M, ses^mcn/itm conoidis ABCE ad coriiim rjiisdem basis et allitudinis est ul qaiiitii|iliiiii iniailrali El) iiiià ciiin rcctaiigulo AED bis (M loctaiiiiiilo siil) DK in AE ail quadrati El) (|iiiiiiiipliiiii, et ricissim segmentum conoidis DCE est ad conum ejusdem basis et altitu- dinis m qiiiiiliiplum (|tia(liali AE uiià ciim loclanguio AED bis et rectangulo siib DF in DE ad qiiadrali AE qiiiiiliipbiin. Pour la (lémoiistratioii, outre les aides {\w j'ai tirées de ma mé- thode, je me suis servi des cylindres inscrits et circonscrits. 7- J'avois omis le principal usage de ma méthode qui est pour l'in- vention des lieux plans et solides; elle m'a servi particulièrement à trouver ce lieu plan que j'avois auparavant trouvé si difficile (') : 5« a quotcumque dalis punctis ad punctum iiniim injlectantur rectœ et sint species quœ ab omnibus fiunt dato spatio œquales, punctum continget positionc datam circumferentiam. Tout ce que je viens île vous dire ne sont qu'exemples, car je vous puis assurer que, sur chacun des points précédents, j'ai trouvé un très grand nombre de très belles propositions. Je vous envolerai la démon- stration de celles que vous voudrez : permettez-moi néanmoins de vous prier de les essayer plutôt et di' m'en donner votre jugement. 8. Au resie, depuis ht dernière Lettre que je vous écrivis, j'ai trouvé la démonstration de la proposition que je vous faisois (^). Elle m'a donné grandissime peine et ne se présente pas d'abord. Je vous conjure de me faire part de ([uelqu'unc de vos pensées et de me croire, etc. P) Voir Tome I, page 3; ( Lieux plans d'Apollonius, II, S). '2) Foir Lettre XI, 7. XIV. - 11 OCTOBRE 1C36. 73 XIV. ROBERVAL A FERMAT ('). SAMEDI 11 OCTOBRE 1636. {fa, [I. i38-i4i.) Monsieur, 1. Je vous ciivoio la démonstralion de la proposition fondamentale de notre Méchanique, ainsi que je vous l'ai promise. En quoi je suivrai l'ordre commun d'expliquer auparavant les définitions et principes desquels nous nous servons. 2. Nous appelons en général une puissance cette qualité par le moyen de laquelle quelque chose que ce soit tend ou aspire en un autre lieu que celui où elle est, soit en bas, en haut ou à côté, soit que cette qualité convienne naturellement à la chose ou qu'elle lui soit communiquée d'ailleurs. De laquelle définition il s'ensuit que tout poids est une espèce de puissance, puisque c'est une qualité par le moyen de laquelle les corps aspirent vers les parties inférieures. Souvent nous appelons aussi du nom de puissance la même chose à laquelle la puissance convient (comme un corps pesant est appelé un poids), mais avec cette précaution que ce soit à l'égard de la vraie puissance, laquelle, augmentant ou diminuant, sera appelée plus grande ou moindre puissance, quoique la chose à quoi elle convient demeure toujours la même. Si une puissance est pendue ou arrêtée à un(^ ligne flexible et sans poids, laquelle ligne soit attachée par un bout à quelque arrêt, en sorte qu'elle soutienne la puissance tirant sans empêchement contre cette ligne, la puissance et la ligne prendront quelque position, en (') Réponse à la Lettre XIII. — Le texte de la présenlc a été, comme celui de la Lettre VIII, restitué d'après le manuscrit de la Bibliothèque Nationale, lalin n° 7226, P' 3 j cl suiv. 76 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. laqiiollo elles demeureront en repos, et la ligne sera droite par force. Soil icelle ligne appelée le pendant ou la ligne de direction de la puis- sance; et le point, par lequel la ligne est attachée à l'arrêt, soit appelé \o point d'appension, lequel pourra être quelquefois au bras d'un levier ou d'une balance; et lors la ligne droite, menée du centre de l'appui du levier ou de la balance jusques au point d'appension, soit appelée la distance ou le bras de la puissance, laquelle distance ou bras nous supposons être une ligne ferme considérée de soi sans poids. Davan- tage, l'angle, compris du bras de la puissance et de la ligne de direc- tion, soit appelé Vangle de direction de la puissance. Premier axiome. — Après ces définitions, nous posons pour principe (|u'au levier et à la balance, les puissances égales, tirant par des bras égaux et des angles de direction égaux, tireront également; et, si en cet état elles tirent l'une contre l'autre, elles feront équilibre; que si elles tirent ensemble ou de même part, l'efTet sera doublé. Si, les puissances étant égales et les angles de direction égaux, les bras sont inégaux, la puissance qui sera sur plus grand bras fera plus d'effet. Comme en cette première figure {fig. Sg), le centre de la balance ou du levier étant A, si les bras AB et AC sont égaux et les angles ABD. ACE égaux, les puissances égales D, E tireront également et feront équilibre. De même, le bras AF étant égal à AB, l'angle AFG à l'angle ABD, et la puissance G à la puissance D, ces deux puissances G, D tireront également et, pour ce qu'elles tirent de même part, l'effet sera XIV. - 11 OCTOBRE 1C:3G. 77 doublé. Au contraire, la puissance G et la puissance E feront équi- libre. Par le même principe, les puissances I, Lcontrepëseront si, étant égales, les bras AK, AH sont égaux et les angles AHI, AKL aussi égaux. II en sera de même des puissances P et R, si le tout est disposé de même. Et en ce cas nous ne mettons point d'autre différence entre les poids et les autres puissances, sinon que les poids tendent et aspirent tous vers le centre des choses pesantes, et les puissances peuvent être en- tendues aspirer vers toutes les parties de l'univers avec autant, plus ou moins de force que les poids. Ainsi les poids et leurs parties tirent par des lignes de direction qui toutes concourent ii un même point, et les puissances et leurs parties peuvent être entendues tirer de telle sorte que toutes les lignes de direction soient parallèles entre elles. Deuxième axiome . — En second lieu, nous supposons qu'une puis- sance et sa ligne de direction demeurant toujours en même position et le centre de la balance ou du levier de même, quel que puisse être le bras mené du centre de la balance à la ligne de direction, la puissance, tirant de soi toujours de même sorte, fera toujours même effet. Comme en cette seconde figure {fig- ^o), le centre de la balance étant A, la puissance B et sa ligne de direction BF, prolongée tant que Fig. 4o. de besoin, à laquelle aboutissent les bras AG, AC, AF. En cet état, soit que la ligne BF soit liée au bras AF ou AC [ou AG] ou à un autre bras mené du centre à la ligne de direction AF, nous supposons que cette puissance B fera toujours un même efTet sur la balance; et si, tirant par le bras AC, elle fait équilibre avec la puissance D tirant par le bras 7S U:UVUES DE FERMAT.- COHRESPOND ANGE. AE, lorsqu'ollo tirera par le bras AF ou AG, elle l'cra encore équilibre avec la puissance D tirant par le l)ias AE. Ce principe, quoiqu'il ne soit pas expressément dans les auteurs, il est néanmoins usurpé tacitement par tous ceux qui en ont eu affaire, et l'expérience le confirme constamment. Troisième, axiome. — En troisième lieu, nous posons que, si les bras d'une balance ou d'un levier sont directement posés l'un à l'autre et, qu'étant égaux, ils soutiennent des puissances égales desquelles les angles de direction soient droits, ces puissances pèseront également sur le centre de la balance, soit qu'elles soient proche du même centre, soit qu'elles en soient fort éloignées, soit que toutes deux soient ramas- sées au même centre. Comme en la troisième figure {/ig- 40, la balance étant ED, le centre A. les i)ras égaux AD, AE soutenant des puissances égales H, I, Fig. .',.. E C A B D G desquelles les angles de direction ADH,AEI soient droits; nous suppo- sons que ces puissances I, H pèseront de même sur le centre A que si elles étoient plus près du même centre sur les distances égales AB, AC, et encore de même que si ces mêmes puissances étoient ensemble pen- dues en A, ces angles de direction étant toujours droits. Première proposition. — Ces principes posés, nous démontrerons facilement, imitant Archimède ('), que sur un(> balance droite, les puissances, desquelles et de toutes leurs parties les lignes de direction sont parallèles entre elles et perpendiculaires à la balance, contre- pèseront et feront équilibre, quand les mômes puissances seront entre elles en proportion réciproque de leurs bras. Ce que nous pensons vous être aussi facile qu'à nous. (,' ) Archi.mldic, De planoruin œ(iuUlhru.i, I, G et 7. XIV. - 11 OCTOBRE 1G36. 79 En suite de quoi nous démontrerons cette proposition universelle, à laquelle nous butons. Deuxième proposition. — En toute balance ou levier, si la propor- tion des puissances est réciproque à celle des lignes perpendiculaires menées du centre ou point de l'appui sur les lignes de direction des puissances, ces puissances, tirant l'une contre l'autre, feront équilibre et, tirant d'une même part, elles feront un pareil effet, c'est-à-dire qu'elles auront autant de force l'une que l'autre pour mouvoir la ba- lance. Soit en la quatrième tigure {fig. 42) le centre de la balance A, le bras AB plus grand que le bras AC, et soient premièrement les lignes Fig. 42. de direction BD, CE perpendiculaires aux bras AB, AC, par lesquelles lignes tirent les puissances D, E, lesquelles seront des poids, si on veut, et qu'il y ait même raison de la puissance D à la puissance E que du bras AC au bras AB, les puissances tirant l'une contre l'autre. Je dis qu'elles feront équilibre sur la balance CAB. Car, soit prolongé le bras CA jusques en F, en sorte que AF soil égale à AB, et soit considérée CAF comme une balance droite de laquelle le centre soit A. Soient aussi entendues deux puissances G et H, desquelles et de toutes leurs parties les lignes de direction soient parallèles à la ligne CE; et que la puissance G soit égale à la puis- sance D et la puissance H égale à la puissance E, l'une, savoir G, tirant sur le bras AF et l'autre, savoir H, tirant sur le bras AC. Lors, par la première proposition, les puissancesG et H feront équi- libre sur la balance CAF; mais, par le premier principe, la puissance D sur le bras AB fait le même effet que la puissance G sur le bras AF : 80 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. parlant la puissance D sur le liras AB fait équilibre avec la puissance H sur le bras AC et. la |)uissance H tirant de même sorte sur le hras A(^ que la puissance E, par le même |)reinier axiome, la puissance D sur le bras AU fera équilibre avee la puissance E sur le bras AC. iMainfenanl, en la cinquième figure {fig. 43), soit le centre de la balance A. les bras AB, AC, les lignes de direction BD, CE qui ne soient pas perpendiculaires aux mêmes bras, et les puissances D, E tirant par les mêmes lignes de direction; sur lesquelles lignes soient menées des perpendiculaires du centre A, savoir AF sur BD et AG sur EC ; et que, comme la ligne AF est à AG, ainsi soit la puissance E à la puissance D, lesquelles puissances tirent l'une contre l'autre. Je dis qu'elles feront équilibre sur la balance CAB. Car, soient entendues les lignes AF, AG comme les deux bras d'une balance GAF, sur lesquels tirent les puissances D, E par lesiignes de direction FD, GE, ces puissances feront équilibre, par la première partie de cette seconde proposition; mais, par le second axiome, la puissance D sur le bras AF fait le même effet que sur le bras AB, et la puissance E sur le bras AG fait le même effet que sur le bras AC; par- tant, la puissance D sur le bras AB fait équilibre avec la puissance E sur le bras AC. Il y a plusieurs cas suivant les chutes des perpendiculaires, mais il vous sera facile de voir que tous n'ont qu'une même démonstration. Il est aussi facile de démontrer que, si les puissances tirent de même part, elles feront même effet l'une que l'autre, et l'effet des deux ensemble sera double de celui d'une seule. J'attends votre jugement sur cette démonstration et, si vous l'ap- \IV. - 11 OCTOBRE 1G36. 81 prouvez, nous communiquerons ensuite des conséquences qui en dé- pendent. 3. J'ai trouvé la démonstration (') de la somme des quarrés de deux côtés rationaux, commensurables en longueur, appliquée au double de la somme des côtés, excédant d'une figure (juarrée. Mais, puisque vous l'avez aussi trouvée, je ne vous dirai ici que mon principal fon- dement qui est que, de deux nombres quelconques, la somme de deux fois le quarré du premier, deux fois le quarré du second et deux fois le produit des deux nombres, n'est pas un nombre quarré, d'autant que, prenant les moindres nombres de leur raison,' un nombre simple- ment pris n'est pas quarré. Si nous avons tous deux un même moyen, ceci suffit; si vous en avez un autre, ce que vous reconnoîtrez par ce discours, vous me ferez faveur de me l'apprendre, et moi je vous écri- rai le mien tout au long, si vous le désirez. 4. .l'ai aussi trouvé la démonstration (-) de votre conoïde et celle de votre parabole solide et, en conséquence, celles d'uiu^ infinité d'autres pareilles, quarréquarrées, quarrésolides etc. 5. .l'ai trouvé les tangentes de toutes ces figures : par exemple, eu la parabole solide, la portion de l'axe, prise entre la tangente et le sommet, est double de la portion du même axe, prise entre le sommet et la ligne appliquée de l'attouchement à l'axe. 6. .l'ai, par le même moyen, quarré la parabole géométriquement, autrement qu'Archimède. 7- Ht je me trompe fort si je n'ai rencontré le même moyen que vous, me servant des lignes parallèles à l'axe et des portions de ces lignes prises entre les paraboles et la ligne qui touche les mêmes para- boles par le sommet, lesquelles portions se suivent en la raison de l'ordre naturel des nombres quarrés ou des nombres cubes etc. Or, la somme des quarrés est toujours plus que le tiers du cube qui a pour (1) /o(r Lettre XI, 7. (2) Foir LeUres IX, 7; XIII, 3 et 6. Fermât. — \\. il 8-2 ŒUVRES l)K 1-ERMAT. - CORRESPONDANCE. côlt' lo coto ilu |)liis graiiil (iiiai'i'c', cl la môme sonimo dos ((iiariTS, le plus i^raïul ('laiil ùlé, osl moiitdn' i\uc le licrs du inêmo cube; la somme dos culios [lins (juc lo ([uai'l du (|uarro(iuarro et, le plus grand oul)o oté, moins que le (]uarl; ^'ic. Si par eo discours vous reconnoissez (|ue 00 u'osl pas voire iiioven. j'en serai d'autant plus réjoui pour ce (|ue nous en aurons deux, et vous me forez la faveur do m'onvoyer lo vôtre, faisant lo mènie do ma part. 8. Pour les tangentes do la conclioïde, je les ai considérées il y a longlonips, comme étant déterminations d'équations quarréquarréos. Sur ce sujet, il y a deux points en la conclioïde par lesquels on ne peut mener des tangentes : je vous prie de les considérer et vous trouverez une admirable propriété d'angles au sommet l'un de l'autre à la sec- tion d'une ligne droite et de la conchoïde ('). 9. J'estime vos propositions {-) des nombres et celle du lieu plan fort difficiles; ce que je saurai mieux quand j'aurai eu le loisir de les considérer, comme aussi les centres de gravité des figures susdites tant planes que solides, n'étant pas résolu pourtant de m'obstiner après; car j'aimerai mieux tenir de vous ce que vous en aurez, si vous l'avez agréable. 10. Je vous prie pourtant de me mander si le centre de gravité do votre demi-conoïde n'est pas ce point oîi l'axe est divisé de sorte (|ue l'un des segments est à l'autre comme n à 4. pour ce qu'un léger rai- sonnement et non encore bien considéré m'a semblé me mener à cotte raison ('). H- Une autre fois je vous pourrai mander de nos propositions ainsi que vous le désirez. Pour cette heure, que je n'emploie à écrire ceci qu'un temps dérobé, je vous envolerai seulement celle-ci : De deux cônes droits égaux et isopérimctres e'ianl données les bases iné- gales ou les hauteurs inégales, trouver les cônes. ( ' ) f''oir Lettre Xlll, 3. — Robcrval parle ici des poinis d'inflexion de la conclioïde. r2) Foir Lettres XIII, 4 et 7. (') ynir ri-aprés Lettre W. 5. XV. - 4 NOVEMBRE 1636. 83 Quand je dis isopérimètres, j'entends les bases y comprises ou excep- tées, comme vous voudrez. Vous en aurez la solution quand il vous plaira, si vous ne voulez prendre la peine de la trouver vous-même, et je vous l'aurois envoyée dès maintenant, n'éloit que je crois que vous désirerez avoir le plaisir d'y penser. Attendant que vous me fassiez la faveur de m'écrire, je demeu- rerai etc. XV. FERMAT A ROBERVAL. MARDI k .NOVEMBRE 1636. (la, p. 1/50-147:8^ a'".) Monsieur, 1. Me réservant à vous écrire une autre fois les défauts (|(i(' j'ai trouvés dans votre démonstration (') et dans votre Livre imprimé (-), (|ue j'espère vous faire avouer par vos propres maximes, je me con- Iciilcrai de répondre présentement aux autres points de voire LcKi'e. 2. Et premièrement vous saurez que nous avons concouru au même médium sur le sujet de la somme des deux quarrés rationaux, com- mensurables en longueur, appliquée au double de la somme des côtés, excédant d'une figure quarrée ('). 3. Vous vous êtes servi aussi d'un même médium (/) que moi en la quadrature des paraboles solides, quarréquarrées etc. à l'infini; mais vous supposez une chose [vraie] de laquelle vous n'avez possible ('1 Lettre XIV, 2. — Fermât annonce les objections contenues dans la Pièce XVL, ci- après. (2) Voir Lettre VII, 4, note i. (3) FoiV Lettre XIV, 3. (*) Fm> Lettre XIV, 7. S'. ŒUVKKS ])E TEllMAT. - COHRESPONDANCE. pas la démonstralioii pivcisc (lui esl ([iic la soniino des quarros est plus graiult" (lue li' tiers du cube qui a pour coté lo côté du plus grand quarré; la soiuiiic dos cubos plus (|uc le (|uai'( du quarréquarré; la somme des (|iiarré(Hiarrés pins (|u'uii ciii(|iiième du quarrécube; etc. Or, pour démontrer cela plus généralement, il faut, étant donné nn nombre in progressione naliiralù trouver la somme, non seulement de Ions les qnarrés et cubes, ce que les auteurs qui ont écrit ont déjà l'ait 1^'), mais encore la somme des quarréquarrés, quarrécubes etc.. ce que personne que je sache n'a encore trouvé; et pourtant cette con- noissanee est btdie et de grand usage et n'est pas des plus aisées. .l'en suis venu à bout avec beaucoup de peine. En voici un exemple : Si quadruphan ma.rimi iiunieri binario aticliim ducas in qnadraliun Irinnguli numerorurn, et a producto dernas summum quadratorum a si/i- gulis, fiel summa quadraloqiiadratoriim quintupla. Il semble que Bachel, dans son Traité De numeris multangu/is (-), n'a pas voulu tàfer ces questions après avoir fait celle des quarrés et des cubes; je serai bien aise que vous vous exerciez pour trouver la méthode générale, pour voir si nous rencontrerons. Eu tout cas, je vous otfre tout ci' que j'y ai fait, ({iii est tout ce qu'on peut dire sur cette matière. Voici cependant une très belle proposition, qui peut-être vous y ser- vira; au moins c'est par son moyen que j'en suis venu à bout. C'est une ri'gle que j'ai trouvée pour donner la somme, non seulement des triangles, ce qui a été fait par Bachet et les autres (^), mais encore des pyramides, triangulotriangulorum etc. à l'infini. Voici la propo- sition (■') : UUimum lalus in lalus proxinie majus facit dupluni trianguli. (1) yoir Lclire Xll, 10 et 11. (î) foir Lettre Xll. 7, iiule i. (^) Bachel (Appendix ad lil/rum de numerit poljgonis, I, prop. 18) donne la sonima- lion, non seulement des triangles, mais en général des polygones de même genre ayant pour côtés les nombres consécutifs à partir de l'unité. (') ro(> Lettre Xll, 12. XV. — i NOVEMBRE 1636. 85 Ultimiun lattis in triangulum lateris proxime majoris facit triphun py- ramidis. Ullirnum lattis in pyramidem lateris proxime majoris facit (juadriipluin triangulotriangidi. Et eo in infinitum progressa. Toutes ces propositions, quoique belles de soi, m'ont servi à trouver la quadrature que je suis bien aise que vous estimiez. 4. Je voudrois avoir assez de loisir pour vous envoyer les proposi- tions des nombres (') que vous trouvez si difficiles; elles le sont en effet : même Tartaglia (-) avoit cru qu'elles n'étoient poiiil trouvables par art. J'en ai envoyé la construction au Père Mersenne; il vous la communiquera si vous la lui demandez. 5. Je vous envolerai aussi une autre fois le centre de gravité (') de toutes ces nouvelles figures, avec la méthode générale pour le trouver. Vous savez cependant que celui du demi-conoïde divise l'axe en pro- portion de 1 1 à 5, non pas de ii ii 4» comme vous aviez cru, et que celui des nouvelles paraboles divise l'axe en proportion pareille à celle du parallélogramme, qui a pour hauteur l'axe et pour base celle de la figure, à la figure : ou, pour mieux dire, le diamètre de toute parabole est divisé en tel point [de son diamètre] par le centre de gravité, fen sorte] que le segment d'en bas est à celui d'en haut comme la figure au parallélogramme de même base et de même hauteur. 6. Puisque vous avez trouvé la démonstration de toutes mes propo- sitions, vous m'obligerez beaucoup de prier le Père Mersenne de vous donner mes nouvelles hélices (''), desquelles les démonstrations vous seront aussi aisées que celles du conoide et des paraboles. Il m'écrit qu'on doute de delà de leur vérité; vous la lui confirmerez, s'il vous (') Foir Lettre XIV, 9 et Pièces IVa, IVb. (2) Comparer La seconda parte del General Trutlalo di nwneri cl inisure di JVico/o Tartaglia (Venise, i5J6), lib. I, cap. IV. (3) Foir Tome 1, p. i36. — Cp. Lettre XIV. 10. (4) roir Pièces IIIa, IIIb. S(î ŒUVRES DK F EHM \T. -- CORHESI'ONU ANCK. plail. cl tlosabiiscroz Monsit'iii- (le ... ('), qui scmMc lu- les avoir pas cru PS. 7. .Mais il n'en l'aul pas ik'iiLOiircr l;i. car, pour suppii'cr (ont ce (|iii soinblo manquer dans rArihinÙHlc : Exponatur paiabole A(]DP (,fig- 44)' cnjus axis DE, hasis AF, CB pa- rallela I^E et ideo perpendicultins ipsi AF. Circa rectam DE fixam figura l'ig. 4i ADE comersa constituil conoides Archimedeum ; circa Pài fixam consti- luil nostruni conoides. Sed, si figura ACB circa AB fixam converlalur, constiluitur porlio nostri conoidis; si autcm circa Çj& fixam fiai conversio, quœritur proportio noii istius conoidis ad conum ejusdem basis et altitudinis. Hoc aulem eliam perfecimus ; imo mirabilius (jinddam invenimus. ellip- soides cui si conum œqualem inveneris, dabimus circiili quadrationem. — Sed hœc allas. 8. Votre question dos cônes (^) est si aisée qu'il seroit inutile de vous en écrire la solution. 9- Pour les tangentes de la conchoïde ('), j'ai peur que vous aurez équivoque; car voici ma proposition qui n'exclut aucun point, laquelle j'ai copié sans la vérifier sur mon manuscrit; peut-être que c'est moi ((ni aurai failli, je vous l'écrirai la première fois. ('; Bcaugrand? loir Lettre XVIII, 4. (î) Folr Lettre XIV, 11. M) Voir Lettre XIV, 8. — Cp. Tome I, p. iGr. XVI. - DECEMBRE 1G36. 87 Eslo conchois ABC (fi g. \S), cujus polits F, inlervallum HA, cl in ea (/atiim piinctum B. Primiim asserimus eam in itUeriora convexam reprœsentandam. licel cnnliririiun Pappo ri Eiilocio visumfuerit ('). Fis. 45. Deinde tangenlem ila diicinius : Jungalur FIB cl perpendicularis BD demiltatur ; reclangulum BFI, itnà ciini quadralo BD, ad rcciam BD ap- plice/iliir cl fcicianl laliludinem D^;Jial 1,1 11) ad DN, ila BD ad DY. Jiincia YB langcl conchoidem. J'attends votre réponse et suis etc. XVI. OBJKCÏA A DOMINO DK FERMAT ADVERSUS PROPOSITIONEM MECHAIS'ICA.M DÛMINI DE UOBERVAL ('). < DÉCEMBRE I 636 > {In, p. l'ii-i'ia.) Si vera esset propositio mechanica Doriiini Ai" RoI)erval, i/i rccie t/ao- libet pondéra perpendicitlis a centra rertis in lincas dircctinmini dctnissis (' ) Pappus, IV, 22 (éd. IIiillscli, pp. 2_J2 et %\ij). Eulooiiis (Comiii. iii lil). Il de spli^ura et cylindro : Archimùde. éd. Heiborg, vol. III, pp. 117, 119, 120, 122) n'indituieiit rien sur le sens de la concavité do la conchoïde : l'observation do Fermât ne porte donc que sur les figures fautives des manuscrits reproduites dans le Pappus de Comniandin ei dans les an- ciennes éditions d'Archimède (p. ex., celle de Uivaull, Paris, i6i5). (*) Celte Pièce parait avoir été envoyée à Carcavi, au commencemeni de décembre i63G {voir Lettre XVII, 1 ) comme réplique à la Lettre XIV de Uoberval. S8 tKl VUES I)K FERMAT.- CORRESPONDANCE. f-sse reciprocc propojtionalia ad (islmciulam quietcm, non possot suhsis- Icvo proporlio gravis ad potentiani in piano inclinalo, quam in Lilx-llo suo {') trailicli(. Hoc porspicue dcnionstraimis : In prima tignra {Jîg. !\6), es(o punclnni in superficie telluris N, ccnlrnm len;e H. .lunctà NH, dncatur ANGF perpcndicularis ipsi HN, (liiain quidem ANGF ii qui sunt in puncto N vocant parallelam hori- zonti. Exponantur sphserae quarum centra B, C, D, quse tangant rectam, sivc planum per ANGF, in punctis N, G, F. Patet primum sphœram B a minima potentia movcri, idque Dominus do Roberval non diffiletur, et in puncto N coliocatam manere, sed in nullo alio totius plani puncto idem accidit. Perticiatur tigura, ut hic vides. Recta HG, connectens punctum con- tactùs G et centrum terr* H, ad rectam CG facit angulum obtusum. ideoque sphaera C ad partes GN movebitur. Idem de spha-ra D. Sit igitur potentia in Z retinens sphajram C per niotum rectae ANGF parallelum, auf, quod idem est, per rectam ZC. Intelligatur vectis cujus centrum tixum G; ducatur in HC perpcndicularis GI. Sph^rie C motus naturalis est per rectam CH; motus retinens per Œ, ad quam perpcndicularis est GC : ergo, ex suppositis Domini de Hoberval, est [reciprocc] lit recta GI ad rectam GC, ila potentia retinens in Z ad sphaeram C. Quod erat demonstrandum. I') 11 s'agit du Traite de Méchanique de Roberval. Voir Lettre Vil, 4, note i. XVII. - 7 DÉCEMBRE 1636. 89 In splifera autem D major requiretur potentiaad rctiiiondum et, quo magis distabit a puncto N, eo majore potentia opus erit, quod est mira- bile. Ex suppositione autem Domini de Roberval, iiunqiiam in eodeni piano variât proportio; quod quàm longe abeat a verilate, ipseviderit. Sitcenlrum terrae B (y?^. 47), planum inclinatum ACDE. In punctis A et C eamdem potentiam retinere, poterat fortasse non incongruum videri Domino de Roberval. Sed, ducto perpendiculo BD, quum in puncto D sit quies et minima potentia retineat, quâ ratione constabit ipsius propositio? In (juolibet autem piano habet locum nostra demonstratio. Omne quippe^planum alicui borizonti invenietur paralleluni. Hac propositione evertitur demonstratio Domini de Roberval etbre- vissimà via ad ipsius bypotheses nova proportio detcgitur. Secundam figuram addideramus, quà judieium nostrum de ipsius ultima propositione prodere sperabamus. Sed non suppetit tempus. XVII. FERMAT A ROBERVAL. DIMAKfillE 7 DÉCEMBRE |636. (l'a, 1). i47-i4«-) MONSIELR, 1. Après vous avoir assuré que je n'ai jamais songé de soutenir une opinion contre mon sentiment et que je serois ravi que votre propo- Feiimat. — II. 12 ftO ŒIVRKS DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. sition niochaniqiio (') IYi( vraio, atiii iiiic nous iio Aissioiis plus ni poiiio (lo soiidt'i' la naliirc par col endroit, je m'en remettrai du sur- plus à la lel(r(> ([ue j'écris à AI. de ("areavi, à laquelle j'ajouterai seu- liMiienl (|ue le dernier des principes dont vous vous servez pour l'éta- hlissement de votre proposition ne me semble du tout point admissible et que. sans aucun esprit de contradiction, j'estime que, pour établir la proportion des poids qui se meuvent librement, on ne doit pas avoir recours aux forces mouvantes, et qu'au contraire les poids libres doivent servir de règle à tous les autres mouvemens violents; et c'est en quoi je trouve que votre principe est défectueux, outre qu'il est apparemment faux, puisque celui dont je me sers en sa place ne peut, ce me semble, être contredit, et de cela j'en fais juge qui que ce soit. Sil redis BDC (tig. 48). cajiis médium D, cenlrum terrœ A; sil aulem recta DA vecli perpendicularis et sint œqiialia pondéra ^ et Cad centrum terrœ per rectos BA, CA naturaliter annuentia ; suspendatur autem i^ectis a piincto D et a quaiis polenfia retinealur : Aio idem ponderare B et ("- corpora ila constituta an si amho in piincln D ab eadem potenlia deti- neanlur. Car, puisque la ligne BC est sans poids et que la puissance qui est en D abslrahil a cenlm. où au contraire les poids B et C, swe sint in punctis B et C, sive in punclo D, vergunt ad centrum motu. opposilo. il s'ensuit clairement que la puissance qui retiendra les poids aux points B et C les retiendra aussi en D, et vice versa. P) Foir Lettre XIV, 2, cl Pièce XVI. XVII. - 7 DECEMBRE 1636. 91 Et n'importe d'alléguer qu'il semble que le mouvement qui se l'ait par des puissances parallèles à la ligne DA est aussi bien contraire au mouvement qui se fait sursum par la puissance qui retient en D : car, i" Il n'est pas si probable de dire qu'un mouvement violent est con- traire à un autre mouvement violent, comme de dire qu'un mouvement violent est contraire au mouvement naturel. 2° Le mouvement qui se fait sur les lignes parallèles à DA se fera sur des plans inclinés à l'horizon et desquels la proportion sera plus inconnue que le principe; de sorte que ou il vous faut avouer la vérité de mon principe ou démontrer le vôtre. Au premier cas, je vous démon- trerai ma proposition de mon second leviej, par vos propres maximes; j'estime que vous aurez grande difficulté au second. Vous pouvez encore répondre qu'il n'est pas ici question des mou- vemens qui se font sur des plans inclinés à l'horizon, parce que vous supposez, et je l'accorde aussi, qu'en tout mouvement, si la force qui retient tire à l'opposite, l'équilibre se fera lorsqu'elle sera égale à la force qui tire au contraire, et qu'ainsi, la puissance en D tirant à l'op- posite, l'efTet de votre principe s'en ensuivra. Mais je réponds que votre réponse seroit bonne, si la puissance qui est en D étoit divisée et placée aux points B et C, et qu'elle tirât au contraire par les mêmes lignes que les forces, que vous supposez en C et B, meuvent. Mais cela n'étant pas, excusez mon incrédulité si elle ne se rend pas à vos raisons, lesquelles je souhaiterois plus fortes pour pouvoir librement me dédire de tout ce que j'ai fait sur ce sujet, vous protestant que jamais homme n'a été plus docile que moi et que, lorsque je reconnoîfrai mes fautes, je les publierai le premier avec toute franchise. 2. .l'ai été bien aise de voir votre remarque sur la conchoïde ('), et vous prie de m'en donner la démonstration et vous souvenir que, lorsque je vous écrivis sur ce sujet, je le fis en doutant et sans exa- miner l'écrit que je transcrivis d'un livre où je l'avois mis il y avoit C) Foir Lettre XIV, 8. !V2 ŒUVRES DE !• EUMAT. - CORRESPONDANCE. quatre ans. La construction i)ourtaiit convient au |)roi)lèine et au point niènie de votre proposition, si elle est vraie, ce que j'attends (|ue vous nie contirmiez. ,1e vous prie aussi nu' l'aire savoir voire sentiment sur les autres pro- positions (|iie je vous ai envoyées et votre réponse sur les autres points (le ma (lernière Lettre (') et me croire toujours etc. XVIII. FERMAT A ROBERVAL. MARDI l6 DÉCEMBRE l636. ( J'a, p. i4S-i5i.) Monsieur, 1. Je viens de recevoir votre Lettre du 29 novembre (^), pour réponse il laquelle je vous dirai que, de la méthode que vous avez trouvée pour donner la somme des quarrécubes et quarréquarrés, je ne vois point (|u'on en puisse tirer une règle générale pour l'invention de la somme omnium poleslalum in infinilntn, ce qui est requis à la solution de mon problème ('). Car vous dites seulement qu'il sera aisé de trouver les autres, après avoir vu celles dont vous baillez les exemples; mais je demande une méthode générale qui serve ad omnes potestales, comme Viète a trouvé celles des sections angulaires (*). Vous y songerez, s'il vous plaît, et j'en écrirai cependant l'invention et démonstration que vous verrez lorsqu'il vous plaira. (•) Letue XV. (') Celle Letlre, lie Uoberval à Fermai, est perdue. (») roir Lettre XV, 3. (') Francisci Vietaî ad angulares sectiones tlieorcinata /.aOoXLzajTzpa denionstrala per Alcxandrum .4ndersonum. — Pages 287 à 3o4 de l'édition des Elzevirs. XVIll. - 16 DECEMBRE 1636. 93 2. Pour ce qui est des nombres et de leurs parties aliquotes ( ' ), j'ai trouvé une méthode générale pour soudre toutes les questions par algèbre, de quoi j'ai fait dessein d'écrire un petit Traité. Je crois que vous aurez maintenant vu la construction des deux que j'ai envoyés au Père Mersenne; car il m'écrit qu'il vous les baillera. Toutes ces questions sont très difficiles, comme vous savez, et n'ont été traitées par personne. 3. J'ai été bien aise d'être confirmé par votre lettre en l'opinion que j'avois déjà conçue de M. de < Sainte-Croix >. Il est pourtant vrai qu'il doit avoir grande expérience dans les nombres, car, lui ayant par l'entremise du Père Mersenne proposé une question que personne de ceux à qui je l'avois proposée n'avoit encore pu soudre, il m'a envoyé d'abord les nombres qui satisfont à la question, sans pourtant expliquer sa construction. La question est (^) : Invenire tria triangula rectangula numéro, quorum areœ constituant tria latera trianguli rectanguli numéro, singulœ nempe areœ singulis lateribus sint œquales. Je vous avouerai que ce problème me donne beaucoup plus de [)einc qu'à M. de <^ Sainte-Croix ;>. Il est vrai que les nombres que j'ai trouvés sont différents des siens et que peut-être ai-je tenu un chemin plus difficile, comme vous savez que ces questions ont infinies solu- tions. Peut-être serez-vous de mon avis, si vous essayez de satisfaire à la proposition. 4. Vous verrez aussi mes spirales C), desquelles la démonstration vous sera connue tout aussitôt (car elle est pareille à celle des nou- velles figures {'') que j'ai quarrées ou auxquelles j'ai trouvé des cônes ( ' ) Foir Lettre XV, 4. — Les deux nombres envoyés au Père Mersenne sont les amiables 17296 et 18416 {voir IVa et IVu). (2) Foir Observation XXLX. sur Dioplianto ("Tome I, p. 3a i). (?) Foir Lettre XV, 6. ('•) Foir Lettre XIV, 4. !)i Œ V V R E S I) i: r F. Il M AT. - C 0 R R E S P 0 N I) A N C E. égaux), vl vous uravouercz que ci's propositions u'illuslrent pas pou la Géomélrio. Si .M. (le Bcaugraïul n'a pas (Micorc Irouvé la démonstration de ces questions, vous m'obligerez de lui en l'aire pari. 5. .le lui ai éeril l'invention du centre de gravité de toutes ces nouvelles ligures ( ') par une méthode particulière, qui ne suppose point la eonnoissance de la (juadralure, ce qui vous semblera merveil- leux jusques à ce que vous l'aurez vu. Il est vrai que je lui ai envoyé l'analyse seulement el non pas la composition que je vous éclaircirai une autre Ibis, parce qu'elle a ses dilTicullés et ne paroit pas d'abord par cette voie. ,1'ai trouvé le centre de gravité de la parabole sans présupposer la quadrature, comme a fait Archimède, et ainsi on en peut tirer la qua- drature par un simple corollaire. 6. Toutes ces proposilions, ensemble celles des lieux plans, solides et ad superficiem, que j'ai achevées, et celles encore des parties ali- quotes des nombres, dépendent de la méthode (-) dont M. Despagnet lie vous a |)u l'aire voir qu'un seul cas, parce que, depuis que je n'ai en l'honneur de le voir, je l'ai beaucoup étendue et changée. 7- Les tangentes des lignes courbes dépendent aussi de lii, sur lequel sujet je vous proposerai de trouver une tangente h un point donné en la seconde concho'ide de Nicomède (^). 8. An reste, je suis bien aise de ce que vous ayez trouvé la démon- (') roi>LeUro XV, 5. (S) ro(> Lcltre XIII, 3. (3) Voir Lettre XVil, 2. — La seconde coiioliuïdo do Nicomode (Pnppus, éd. IIuUscli. [1. 2i4i 1- '9^ parait correspondre à l'équatioa en courdonnées polaires : p = — — — /^, en supposant /; < n. (Lp Iroisiéinc et la quatrième répondraient respectivement aux cas: i) = (i; b > a). jMais Fermât entend i>rolialdemenl ici la conclioïdc du cercle. (Comparez Viète, Supidcincnlum Ceomcliiœ, édition des Llzesirs, page 240.) XVIII. - 16 DECEMBRE 1636. 93 stration, comme vous dites, de ce que, supposé qu'aux paraboles les segmens (' ) de l'axe sont entre eux comme les parallélogrammes aux mêmes paraboles, il sera vrai aussi qu'étant tournées sur leurs axes, les centres des solides seront où l'axe est divisé en raison comme les cylindres aux solides ( - ). Car, par la voie dont j'ai envoyé un exemple à M. de Beaugrand, et que je mettrai au long une autre fois, j'ai trouvé la démonstration de l'antécédent et, de celle du conséquent, que vous m'envoierez, s'il vous plaît, j'en tirerai la proportion des solides paraboliques à leurs cônes, qu'il seroit malaisé de trouver autrement ('). Car vous trou- verez bien la proportion de ceux qui xïennent post quadrata alternatim, comme quarréquarrés, cubocubes etc., de quoi vous baillez l'exemple au premier; mais in parabolis cuhicis. (juadratociihicis et sic alternis in infinitum, methodus qita usi sumus non dat proporlionem conoideôn ad conos; ex nostra autem methodo. in omnibus omnino conoidibus inve- nimiis centrum gravitatis : ergo, ex Ina propositions dalntiir proportio eorum ad conos. Je l'attends donc avec impatience, puisqu'elle doit servir à cet usage; si ce n'est que vous ayez trouvé la proportion des conoïdes cubiques, quadratocubiques, etc. à leurs cônes, ce que votre Lettre semble marquer, auquel cas je vous supplie m'envoyer lesdites pro- portions. Ce n'est pas que je doute de la vérité de votre proposition; mais permettez-moi de vous dire que je me suis délié que vous en eussiez trouvé la démonstration et que j'ai cru seulement que vous en avez fait l'expérience aux conoïdes paraboliques des quarréquarrés, cubo- (') C'est-à-dire que le centre de gravité do l'aire 2 / jrf.rde la parabole ./'" = /),r divise l'abscisse x dans le rapport m -t- i à m. ('^) C'est-à-dire que le centre de gravité du solide 71 / y'^^dx engendré par la parabole y m = p.r divise l'abscisse -v dans le rapport m -t- 2 à m. ■ r - (' ) D après ce passage, Fermât n aurait alors possédé la quadrature J .i"'d.i: que dans le cas où m est pair. 90 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. (■iil)es etc. altcrnis. 3rais la coiiiKiissaix'e (luo j'ai de votre savoir fait que j'espère que vous me détromperez. 9. l'our ce (|ui est de la proportion (^ ' ) du solide qui se (ait sur un diamètre de la parabole parallèle à l'axe, ma construction est différente de la vôtre : il seroit inutile de l'ajouter, puisqu'elles concluent toutes deux. 10. .le me trouve obligé d'ajouter un mot touchant votre proposi- tion méchanique {-), parce que le Père Mersenne m'écrit qu'enfin j'ai acquiescé à votre opinion, ce que pourtant je ne saurois faire par les raisons que vous allez voir, et vous puis assurer que jamais je ne fus mieux confirmé en la proposition de mon second levier (') que je le suis maintenant, car, pour celle du premier, il la faut établir par de nouveaux principes, puisque vous avez nié ceux que j'estimois si clairs. Si votre principe, duquel je vous ai déjà écrit par ma dernière Lettre {''), est vrai, il s'ensuit manifestement qu'un même corps appro- chant du centre de la terre changera son poids. In secunda figura (fi g. 49) sit vectis CAB, cujiis médium A cum centra terrez N per rectam AN, ad veclem peroendicularem , iungatur. In Fig- 49' punctis C et B pondéra C et B cequaba constitiiantur et similia , quœ ad centrum per rectas CN, BN annuant. C; Proportion au cylindre ou au cône de même base et même liaulcur, c'est-à-dire cu- ba lu re. (2) ^o(> Pièce XVI. (') roir Pièce V, 2 et 5. (») ro/r Lettre XVII, 1. XVIII. - 16 DECEMBRE 1636. 97 Si rectœ NC, NB essc/it ad veclejn perpendiculares, potentia in A., œqiia- lis (htobus pondei'ibus B et C, ex tuo principio detineret l'ectem. Sed, quum angulos ^CA, ^BXacutos efficiant, aiit eadem mil minor aiU major po- tentia requiretur in A ad œquilibrium. Si eadem potentia facit œquilihiium, verum eiit principium qito in pra- cedenti ad te epistola usi sumiis : qiiod si fatearis, statim vectem nostrum demonstrabimus. Si major aiit minor potentia œquilibrium constituit, ergo, in primo casu, quô minuentur magis anguli rectarum CN, EN cum vecte, eu major requiretur ad a'quilibrium potentia ; in secundo casu, minor. Supra punc- lum A idem veclis, in eadem direclionis linea, similiter ponatur, ut in figura; minuentur ( ' ) anguli linearum CN, BN, ut patet : variabit igitur potentia œquilibrii in A conslitula, ideoque pondus ex gravibus ^ et (\ compositum, pro diversa a terne centra distantia, erit etiam diversum. Primam partem dilemmatis quominus fatearis, impedit tua propositio : quippe, hoc dato, corrueret. Fatearis igitur necesse est, aul potentiamin A rariare pro diversitate angulorum, aut eamdem semper esse in omni angu- lorum acutorum positione, sed tamen inœqualem potentiœ quw detinri potentias ad vectem perpendiculares. Utrum libet concesseris, manifestissimâ demnnstratione detcgitur parii- logismus, quem tuœ demonstrationi irrepsisse nec reritas quam quœrimus palilnr dissimulare, nec tu ipse poteris forlasse difjileri. H. In prima figura (fig- Jo), qtuv est quarta tuœ propositionis (-), lus rerbis ita construis. « Soit le contre de la balance A etc. {voir page 79, ligne 10 à page 80, ligne 4) équilibre avec la puissance Esur le bras AC. » Hic vertitur cardo tuœ demonslrationis. Et primo, si dixeris in omni angulorum acutorum positione eamdem (') Le texlc semble corrompu, mais ne peiil ùlre rétabli sûrement, la figure originale faisant défaut. Si la droite CB est tracée au-dessus du point A (supra), les angles C et B augmentent {migehuiitiw) au lieu de diminuer. Avec miiuicntur, il faudrait infrn, qui est la leçon la plus probable au lieu de supra, à moins que la figure ne fût retournée. (2) Comparez en effet la /%. \i, qui est la quatrième de la Lettre XIV. ['"ermat. — II. l3 !)S ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. semper potcntiam requiri ad œquilihriiim, slalini dcmonstraho meam de veclc propositionem ; fatearis igitur necesse est, rariarc potendam prou/ angii/i varia/Il . Fig. 5o. C A F h;e His posais, esto, siplacet, in exposUa figura centrum terrœ^ inquod rectœ CE, BD dirigantur, et sinl in punclis E ef D pondéra seu gravia in proporlionc data, quod quidem liberum esse tua innuit constructio. Imo hue tantum abs te tenditur ut, per potentias imaginarias ah omni- bus omnino parlibus izxpaXki^Xb)^ moventes, inveniatur proportio ponde- rum in vecte quiescente : aliter quippe, quum hujusmodi potentiœ nullibi in reruni natura reperiantur, inutiles prorsus essent. Inpunctis H e^ G construis potentias ponderibus E et D œquales, quœ ah omnibus ipsariun partibus r^v.py.'k'kr^'kijj:; moveant. Potentiam deinde H potentiœ E œqualiter movere, concludis per primum tuorum axiomatum. quia ncmpe trahet H potentia per punctum C et rectarn HC perpendicula- rem vecti; trahet etiam pondus E per eamdem rectam vecti perpcndicula- rem : quum igitur œquales potentiœ per eamdem rectam et eumdem angu- lum moveant et circa eamdem a vectis ccntro distantiam, pondus E et imaginaria ^potentia œqualiter trahunl. Id, i^erisimile quum sit, verilatem intimam quœrentibus non potest non vulerifalsissunum. Pondus in E sit sphœricum, verbi gratia; omnes om- nino ipsius parles ad centrum N tendunt per rectas in eodem N centra con- currentes et vectem AC, si continuentur, ad angulos acutos sécantes : ergo potentiœ, abs C utrimque œqualiter remotœ, intelligentur vectem ad angu- los acutos suis motibus sécantes. Contra, quum parles omnes potentiœ H -apaXXïjXcjç moveant, intelligentur potentiœ, abs C utrimque œqualiter remolœ, ad angulos rectos vectem suis motibus sécantes. XVIII. - FEVRIEK 1636. 99 Quum igitur partes omnes potentiœ H simid sumptœ œquentur partihus omnibus polentiœ seu ponderis E simul sumptis {tôt a enim potentia H ton ponderi E œquatur), patet, exjam traduis, potentiarum H, E w piinctis H et E inœqualem esse motum ; f/uod igitur de potentia H concludit demon- stratio, perperam ad pondus E porrigit. 12. S'il me restoit du temps ou du papier, j'ajouterois, suivant voire désir, la démonstration des cônes isopérimètres ('). Ce sera une autre fois, me réservant encore de vous écrire quelque chose de plus re- cherché sur les Méchaniques, à la charge que vous m'obligerez de croire que je n'aurois garde de m'opiniâtrer après une proposition, si je ne la croyois véritable, et que je la quitterai un moment a|)rès que de nouvelles raisons l'emporteront sur les miennes. Je suis etc. (>) Voir Lettres XIV, 11 et XV, 8. 100 (EUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. ANNEE 1637. XIX. FERMAT A ROBERVAL. < FÉVRIER 1637 > ( ^'rt, p. i5i-!.):>.) Monsieur . 1- Je trouve assez de loisir pour vous envoyer encore la construc- lion du lieu plan : Si a quotcumque de. ('), que je tiens une des plus belles propositions de la Géométrie, et je crois que vous serez de mon avis. Sinl dataquotlibet piincta, quinque verbi gratia. A, G, F, H, E (tig. 5i) Fig. 5i. N A li C 0 D E (nain propositio est generalis), quœrkur circulus ad cujus circumfercu- liam in quolibet punclo inflectendo rectas a dalis punclis , quadrala om- nium sint œqualia spatio dalo. C) Foir Tome I, p. 37, la proposition V du Livre II des Lieiiv plans d'Apollonius. — Cp. Lettre XIII, 7. — La présente semble n'être qu'un Irasjment d'une Lettre perdue. \1X. - FÉVRIER 1637. 101 .lungantur puiiela qusevis A et E por rectam AE, iii qiiam al) aliis punctis datis cadant perpendiculares GB, HD, FC. Omnium rectaruni, punctis datis vel occursu perpendicularium etpuncto A terminatarum, sumatur pars conditionaria, quintans, verbi gratia, in hac specie : quintans ergo rectaruni AB, AC, AD, AE simul sumptarum esto AO, et a puncto 0 excitetur perpendicularis infinita ON, a qua rcsecetur 01 pars conditionaria (quintans nempe pro numéro punctorum datorum) perpendicularium GB, FC, HD, et inteiligantur jungi recttc AI, GI, FJ, HI, El. Quadrata istarum quinque erunt minora spatio dato : deman- tur igitur a spatio dato et supersit, verbi gratia, Z planum, cujus quin- tans (pars nempe conditionaria) sumatur et in quadratum 31 redigatur. Circulus, centro I, intervallo M descriptus satisfaciet proposito : hoc est, quodcumque punctum sumpseris in ipsius circumferentia, recta- runi a datis punctis ad illud punctum ductarum quadrata erunt a-qua- lia spatio dato. Adderem demonstrationem, sed longa sane est, et malim vestrum amborum sollicitare geniuni ad eam inveniendam. 2. Non soluni autem has propositioncs, sed omnes omnino de lacis planis absolvi, imo bicos quamplurimos adinveni, de quibus nibil scripserat Apollonius, qui tamen sunt pulcherrimi, verbi gratia (') : Datis tribus punctis in recta A, B, C (fig. 02), invenire circuli circum- Fis. 52. ferentiam, in qua sumendo quodlibet punctum, ut N, quadrata k^, NB superent quadratum NC spatio dato. (') Voir Tome I, p. 3i, la seconde addition de Fermai à la proposition 1 du Livre II des Lieux plans. 102 (EUVRES ni: FERMAT.- COllUKSPONDANCE. Di» /ocis so/idis cl ad superficicm multa (iiKuitic jaiii siint delocla. Casiis lofi plaiii superioris, non addo, iiam paU'bunt statim. — Si puncta data sint tant uni tria el constituanl triangulum, centriim circuli localis erit ccniruni gravitatis illius triangiiU, et ha'C prupositio siiign- laris satis est mira. 3- S(h1 hic non nioror. i'ropositioiicia universalissimam ita coiisti- tuo et jam construxi (' ) : >Y a dalis quolUbel punclis injleclanlur rectœ, el cxpunanlur omnium species in data proportione crescentes aul déficientes, erunt species ita aurlœ aut deminutœ dato spatio œquales. Exemplum : Sint data tria puncta in superiori tigura A, B, C, et <|ua'rendus circulas in cujus circumferenlia sumendo quodiibet punc- (uin, ut N, quadrati NA dimidium, verbi gratia, quadrati BN dupium et quadrati CN triplum simul juncta conficiunt spatium datum, et de- nionstratio ad quamlibct proportionem et quotlibet puncta porrigenda. Hanc propositioneni, pulcherrimam sane, videtur non vidisse Apol- lonius. XX. ROBERVAL A FERMAT. SAMEDI k AVRIL 1637. (/'a, p. i')j-i.)3.) MONSIELU, 1- Ouoique j'eusse reçu dès lundi dernier votre démonstration du lieu plan (^), néanmoins mes occupations, tant publiques que parti- Ci) Généralisation de la proposition V (lu Livre II dos Lieux plans. (2) J'oir Lettre XIX, 1. — Roberval, dans une Lettre perdue, avait demandé la démon- stration de l'énoncé donné pur Format. XX. — 4 AVRIL 1C37. 103 culières, ne me permirent point de la considérer jusques à jeudi que je la présentai de votre part à l'assemblée de nos mathématiciens, qui étoit, ce jour-là, chez M. de Montholon, conseiller, où elle fut reçue, considérée, admirée avec étonnement des esprits, et votre nom élevé jusques au ciel, avec charge particulière à moi de vous remercier au nom de la Compagnie et vous prier de m'envoyer tout d'une main la composition du lieu solide (*) avec une brève démonstration, afin de faire imprimer les deux ou sous votre nom ou sans nom, comme vous le voudrez; en quoi nous aurons le soin d'étendre plus au long ce qui semblera trop concis pour le public. Cependant, il y eut débat à qui auroit votre écrit pour en tirer copie, chacun m'enviant le bonheur de la communication que j'ai avec vous; mais M. le président Pascal, à qui le premier je l'avois mis entre les mains et qui l'avoit lu à la Compagnie, donna arrêt en sa faveur, se fondant sur la maxime : quitenel, teneat, et pour faire droit aux parties intéressées, se chargea lui-même de leur en fournir copie, ordonnant que puis après l'original me seroit remis entre les mains. Je leur avois dès auparavant communiqué la construction et un nommé M. Le Pailleur avoit trouvé la démonstration particulière pour trois et pour quatre points, si différente de la vôtre que c'est une chose étrange. Il y avoit apparence qu'avec le temps il eût trouvé une démon- stration générale; mais il confesse que cette recherche le tuoit et qu'il vous a une particulière obligation de l'avoir délivré d'une peine presque insupportable. 2. Pour moi, je ne me puis promettre aucun loisir que trois mois ne soient passés, pour être délivré de mes leçons publiques et, quand j'aurois ce loisir, je ne serois pas assuré de trouver le lieu solide, le- quel je prévois très difficile. C'est pourquoi, dès maintenant, je vous ferai, si vous voulez, une ample déclaration de mon impuissance, afin que, sans me tenter plus longtemps, et qu'ayant égard aux prières d'une telle Compagnie que celle dont je vous parle, vous nous fassiez ( ' ) Le lieu solide ad très et quatuor tineat. J'oir Lettre XXI, 2. !(>■, ŒUVRES DE FERMAT.- CUHUESPONDANCE. j);irl tlo volro invention. (|ui csl (cllo (jnc le ij;r;in(l géomètro (') dos siècles passés se glorifioit particulièromcnl d'y avoir ajouté la porf'cc- lion. en ayant reçu l'invenlion de ceux ([ui l'av(Hen( précédé. Jugez comliien vous avez occasion de vous glorifier de l'avoii' Ironvée en un temps auquel elle étoil en même étal que si elle n'avoit jamais été connue. 3. il m'est eiilin paru quelque lumière pour le centre de gravité des paraboles, en considérant les centres des parallélogrammes circonscrits comme s'ils étoient tous posés sur une même base, différant seulement en hauteur. .Mais, comme ces lumières me viennent an matin en me levant et ([u'il faut du loisir pour les éclaircir, je ne me puis pas pro- mettre d'en venir à bout si tôt. Si vous me délivrez de cette peine, je vous en aurai l'obligation entière. Je suis etc. XXI. FERMAT A ROBERVAL(-). n;.M)i 20 AViiiL 1037. ( /'rt, p. i53-i.) J. ) MONSIKIU!, 1. Je ne pus pas vous écrire par le dernier courrier, à cause des occupations auxquelles je me trouvai engagé; je prends maintenant la ])lume j)()ur vous témoigner que je suis beaucoup obligé à ces Messieurs il qui vous avez fait voir ma proposition, auxquels vous assurerez, s'il vous plail. ([Ile j'estime beaucoup plus leur approbation que mon ou- vrage. Leur savoir est si connu que je ne puis in'empècher d'être glo- ( ' ) Apollonius, préface du Mmc 1 des Cuniqucs (page 8 de l'édilion llalley). I -) Réponse à la Lellre précéd<'nte. XXI. - 20 AVRIL 1637. 105 ricux d'avoii" écrit et inventé quelque chose qui leur plaise, -le ne prétends pas par là vous exclure du nombre ; au contraire, les marques dCiVotre savoir m'étant plus particulièrement connues, je juge parla (jucis doivent être ceux qui confèrent avec vous. 2. Au reste, je vous eusse envoyé les lieux solides ad très et quatuor lineas, n'étoit que j'ai cru que M. de Beaugrand ne fera pas dilficulté de bailler à M. de Carcavi le lieu ad très lineas, que je lui envoyai, il y a longtemps, avec la démonstration ('). Dès que vous aurez celui-là, je vous envolerai l'autre. Si j'avois retenu copie de celui ad 1res lineas, je n'eusse pas fait difficulté de vous l'envoyer; mais, ne l'ayant plus, j'ai voulu ménager la peine qu'il m'eût fallu prendre à le refaire, à la- quelle je me porterai pourtant, si M. de Beaugrand ne le baille pas. 3. Vous verrez entre les mains de M. de Carcavi les deux Livres De locis planis (-), que j'avois promis depuis longtemps à M. de Beaugrand et que j'ai à dessein envoyé un courrier plus tôt que je ne lui avois fait espérer, afin que vous puissiez cependant les voir. Vous m'obligerez de m'en écrire avec franchise votre sentiment; je ne doule pas que la chose n'eût pu se polir davantage, mais je suis le plus paresseux de tous les hommes. .le serai bien aise que vous m'écriviez aussi quelles de ces proposi- tions vous étoient connues et quelles non, et en cas que vous en ayez vu quelqu'une, principalement du deuxième Livre, si elles étoient pa- reilles à celles que vous verrez. Car il y a huit ans que le deuxième Livre est écrit et en ce temps j'en baillai deux copies, l'une à M. Des- pagnet, conseiller au parlement de Bordeaux, et l'autre à M. de , si bien que peut-être quelqu'une de ces propositions aura été divulguée. Peut-être vous-même ou quelqu'autre de ceux de votre Compagnie en ont l'ait une partie. Éclaircissez-moi de tout au vrai et vous m'obligerez beaucoup etsur- (1) C'est la Pièce publiée Tome I, pages 87-89. La dcmonslralion du lieu ad i/iurtuor lineas est perdue. (2) f'oir Tome I, pages 3 à 5i. l'EBMAT. — II. '"4 106 GÎUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. tout qiio votre jugement suive toutes ees propositions, s'il vous plait; je l'attends pour réponse à celle-ci. 4. Au reste, quoi qu'on juge digne d'impression de moi, je ne veux pas que mon nom y paroisse. Je me réserve à vous entretenir plus amplement une autre l'ois; ce- pendant vous saurez qu'outre les lieux plans et solides qui sont dans Pappus. j'en ai trouvé grande quantité de très beaux et dignes de re- marque, que je n'ai pourtant osé mêler avec ceux d'Apollonius. J'en ai plus de cent propositions très belles et particulièrement des lieux so- lides et ad superjiciern, mais le loisir me manque. Je n'ai pas voulu faire le grammairien en expliquant au menu le texte de Pappus; il suffît que j'aie pris son sens, comme je crois (|uc vous m'avouerez. J'attends votre réponse et suis etc. XXII. FERMAT A MERSENNE. < SEPTEMBRE 1637 > (D, 111,37.) Mon Révkrem) Père, 1- Vous me demandez mon jugement sur le Ti'aité de l)ioplii(|U(' de ,M. Descartes ( ' ); il est vrai (jne le peu de temps que M. de lîeaugrand (M l.e premier Volume publié par nescartes : — Discours \ de la Méthode \ pour bien conduire sa raison, et chercher \ la vérité dans les sciences. \ Plus \ la Dioptrique \ les Météores \ et \ la Géométrie \ qui sont des essais de cette Méthode. — ./ Leydc \ Dr l'Imprimerie de Jan Maire | CIO.IO.CXXXVII. Juec Priuilcgc. — ne parvint en France et ne fui distribué (par Mcrsonne) que vers la fin de 1637. Mais, avant raehéveuienl <\o l'impression et à l'appui de la demande du privilège, ipii l'ut accordé le 4 mai. Descartes avait envoyé un exemplaire au Minime, q\ii le communiqua par |>arlies à différentes per- sonnes, (^'csl ainsi qu'il prit l'avis do Fermai sur la Dioptriquc . (pii parait cependant avoir XXII. - SEPTEMBRE 1637. 107 m'a donné pour le parcourir semble me dispenser de l'obligation de vous satisfaire exactement et par le menu, outre que, la matière étant de^oi très subtile et très épineuse, je n'ose pas espérer que des pen- sées informes et non encore bien digérées puissent vous donner une grande satisfaction. Mais d'ailleurs, quand je considère que la recherche de la vérité est toujours louable, et que nous trouvons souvent à tâtons et parmi les ténèbres ce que nous cherchons, j'ai cru que vous ne trou- veriez pas mauvais que je tâchasse à vous débrouiller une mienne imagination sur ce sujet, laquelle, étant encore obscure et embarras- sée, j'éclaircirai peut-être davantage une autre fois, si mes fondemens sont approuvés, ou si je ne change pas moi-même d'avis. 2. La connoissance des réfractions a toujours été recherchée, mais inutilement. Alhasen et Vitellion ( ' ) y ont travaillé sans avancer beau- coup; et ceux qui sont venus depuis ont très bien remarqué que tout se réduisoit à établir une certaine proportion, parle moyen de laquelle, une réfraction étant connue, on pût aisément trouver toutes les autres; de sorte que tous les fondemens de la Dioptrique doivent consister en ce point, c'est-à-dire en la convenance cl au rapport (ju'iine réfraction connue a à toutes les autres. Cela supposé, il a été nécessaire que ceux qui ont voulu établir les principes de la Dioptrique aient cherché cette convenance et ce rapport. été envoyée à Toulouse par Bcaugrand sans son aveu. En tout cas. il ressort delà fin de la présente Lettre que les autres parties ne furent pas dès lors communiquées à Fermât, et <]u'il ignorait même qu'elles dussent être réunies en un seul Ouvrage. La date réelle de cette Lettre est très inccrlaine; nous l'avons supposée du mois de sep- tembre, la réplique de Descartes (Lettre XXIII ci-après) étant certainement de la pre- mière quinzaine d'octobre. Mais il se peut très bien que iMersenne ait gardé, même plu- sieurs mois, la Lettre de Fermât. Au reste, ce dernier n'avait pas été prévenu que sa critique serait communiquée à l'au- teur de la Dioptrique et il se plaignit à .Mersennc quand il eut connaissance de l'indiscrétion de celui-ci (Lettres de Descartes, éd. Clerselier, 111, 55, p. 298). (') oPTic.E THESAVRVS. — Alliazeui Arabis libri septeni, nunc primùm edili. Ejusdem liber de crepusculis et nubium ascensionibus. Item Vitellionis Thuringopoloni libri X. — Omnes instaurati, figuris illustrati et aucti, adjectis etiam in Alhazenum commenlariis a Federico Risnero. — Cum privilegio Ca?sareo et Kegis Galliœ ad sexennium. Basile», per Episcopios, M.D.LXXU. lOS ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. ^laurolic, abbé ilo Mossiiic. cii son Traité posthume De lumine et iim- hra ( '). a soutomi (|ue les angles (|ti'oM appelle d'incidence sont pro- portionaux àeeiix(iiron nomme de rélVaelion. Si cette proposition étoit vraie, elle snlïiroit pour nous marquer les vraies figures que doivent avoir les corps diaphanes qui produisent tant de merveilles ; mais, pour ce qu'elle n'a pas été bien démontrée par Maurolic, et que l'expé- rience même semble la convaincre de faux, il en est resté assez i» M. Deseartes poui" exercer son esprit, et pour nous découvrir de nou- velles lumit*res dans ces corps, qui, pour en être seuls capables, n'ont pas laissé de produire jusques à présent de grandes obscurités.. Son Traité de la Dioptrique est divisé en plusieurs discours, des- quels les principaux sont, ce me semble, les deux premiers, qui par- Iciil de la lumière et de la réfraction, pource qu'ils contiennent les fondemens de la Science, dont on voit ensuite les belles conclusions et conséquences ([u'il en tire. 3. Voici à peu près son raisonnement (^) : La lumière n'est autre chose que l'inclination que les corps lumineux ont à se mouvoir; or, cette inclination au mouvement doit probablement suivre les mêmes lois que le mouvement même; et partant, nous pouvons régler les eilels de la lumière par la connoissance que nous pouvons avoir de ceux du mouvement. Il considère ensuite le mouvement d'une balle dans la réflexion e( dans la réfraction, et pour ce qu'il seroit inutile et ennuyeux de copier ici tout son discours, je me contenterai de vous marquer simplement les observations que j'y ai faites. 4. Je doute premièremenl, et avei' raison, ce me semble, si l'incli- nation au mouvement doit suivre ii's lois du mouvement mèaie, puis- ( ') Abbalis Francisci Maurolyci Messancnsis. Pliolismi de iLiniiiie, et umbia ad perspec- tivam, et radionim incidenliam facienles. — Diaphaiiorura partes, seu Libri très : in quo- rum primo de perspiciiis corporibus, in secundo de Iride, in tertio de organi visualis slriic- lura, et conspiciliorum formis agitur. — Problemata ad perspcctivam, et Irideni pertinentia. — Onmia nunc prinium in hiccni édita. — Neapoli, ex Typograpliia Tanpiinii Long!. M.UC.XI. Superioruni pcrmissu. (!) Page 8 de l'édition originale du Traité de Descaries. XXII. SEPTEMBRE 1637. 109 qu'il y a autant de ditrércnce de l'un à l'autre que de la puissanee à l'acte; outre qu'en ce sujet, il semble qu'il y a une particulière discon- venance, en ce que le mouvement d'une balle est plus ou moins vio- lent, à mesure qu'elle est poussée par des forces différentes, là où la lumière pénètre en un instant les corps diaphanes et semble n'avoir rien de successif. Mais la Géométrie ne se mêle point d'approfondir davantage les matières de la Physique. 5. En la figure {fig. 53) par laquelle il explique la raison de la ré- flexion, page i5 de la Dioptrique ('), il dit que la détermination à se Fig. 53. mouvoir vers quelque côté peut, aussi bien que le mouvement et gé- néralement que toute autre quantité, être divisée en toutes les parties desquelles on peut imaginer qu'elle est composée, et qu'on peut aisé- ment imaginer que celle de la balle qui se meut d'A vers B, est compo- sée de deux autres, dont l'une la fait descendre de la ligne AF vers la ligne CE et l'autre en même temps la fait aller de la gauche AC vers la droit(^ FE, en sorte que ces deux, jointes ensemble, la conduisent jus- ques à B, suivant la ligne droite AB. Cela posé, il en tire la conséquence de l'égalité des angles d'inci- dence et de réflexion, qui est le fondement de la Catoptrique. Pour moi, je ne saurois admettre son raisonnement pour une preuve et démonstration légitime. Car, par exemple, en la figure ci-jointe {fig- 54). ''Il laquelle AF n'est plus parallèle à CB, et où l'angle CAF (') Nuus reproduisons la figure donnée par Clerselier dans son édition des Lettres de Descartes, lomo III, page 171. Dans l'édition originale de la Dioptrique, les lignes BG, GDK, Dg' ne sont pas tracées. 110 ŒUVRES DE FERMAT. CORRESPONDx\NCE. (>st obtus, pourquoi ne pouvons-nous pas imagincM- quo la détermina- tion de la halle qui se meut d'A vers B est composée de deux antres, dont l'une la fait descendre de la ligne AF vers la ligne CE, et l'autre la fait avancer vers AF? Car il est vrai de dire qu'à mesure que la balle descend dans la ligne AB. elle s'avance vers AF, et que cet avancement doit être mesuré par les perpendiculaires tirées, des divers points qui peuvent être pris entre A et B, sur la ligne AF. Et ceci pourtant se doit entendre lorsque AF fait un angle aigu avec AB; autrement, s'il étoit droit ou obtus, la balle n'avanceroit pas vers AF, comme il est aisé de comprendre. Cela supposé, par le même raisonnement de l'auteur, nous conclu- rons que le corps poli CE n'empêche que le premier mouvement, ne lui étant opposé qu'en ce sens-là; de sorte que, ne donnant point d'em- pêchement au second, la perpendiculaire BH étant tirée, et HF faite égale à HA, il s'ensuit que la balle doit réfléchir au point F, et ainsi l'angle FBE sera plus grand que ABC. Il est donc évident que, de toutes les divisions de la détermination au mouvement, qui sont infinies, l'auteur n'a pris que celle qui lui peut servir pour sa conclusion; et partant il a accommodé son médium à sa conclusion, et nous en savons aussi peu qu'auparavant. Et certes, il semble qu'une division imaginaire, qu'on peut diversifier en une in- finité de façons, ne peut jamais être la cause d'un effet réel. Nous pouvons, par un même raisonnement, réfuter la preuve de ses fondemens de Dioptrique, puisqu'ils sont établis sur un pareil dis- cours. XXII. - SEPTEMBRE 1637. 111 6. Voilà mon sentiment sur ces nouvelles propositions, dont les con- séquences qu'il en tire, lorsqu'il traite de la figure que doivent avoir les lunettes, sont si belles, que je souhaiterois que les fondemens sur lesquels elles sont établies fussent mieux prouvés qu'ils ne sont pas ; mais j'appréhende que la vérité leur manque aussi bien que la preuve. J'avois fait dessein de vous discourir ensuite de mes pensées sur ce sujet; mais, outre que je ne puis encore me satisfaire moi-même exac- tement, j'attendrai toutes les expériences que vous avez faites ou que vous ferez à ma prière, sur les diverses proportions des angles d'incli- nation et ceux de réfraction. Vous m'obligerez beaucoup de m'en faire part au plus tôt, et je vous promets, en revanche, de vous dire de nou- velles choses sur cette matière. Tout ce que je viens de vous dire n'empêche pas que je n'estime beaucoup l'esprit et l'invention de l'auteur; mais il faut de commune main chercher la vérité, que je crois nous être encore cachée sur a' sujet. 7. Vous m'avez encore envoyé deux Discours ('), l'un contre M. de Beaugrand, et l'autre de M. Desargues. J'avois vu déjà le second, qui est agréable et fait de bon esprit. Pour le premier, il ne peut pas ètr(> mauvais, si nous en retranchons les paroles d'aigreur; car la cause de M. de Beaugrand est tout-à-fait déplorée. Je lui écrivis les mêmes rai- sons de votre imprimé à lui-même, dès qu'il m'eut envoyé son Livre. (') Le Discours de Desargues doit ùtre son premier opuscule sur la perspecti\e : Ece/nple de l'une des manières universelles du S. G. D. L., touchant la pratique de la perspective sans empliicr aucun tiers pol'il, de distance ny d'autre nature qui soit liors du champ de l'oavra-^c. A Paris, en Maj i636, avec Privilège (Bil>l. Nat. iinpriniés Vi22, Inventaire V1527), reproduit, sous un titre inexact, pages 5Î-84 du premier Vo- lume des OEuvres de Desargues (éd. Poudra, Paris, Leiber, 1864 ). Le Discours contre Beaugrand est l'Ouvrage : Esclaircisscment d'une partie des Para- logis'nes ou fautes contre les toix du raisonnement et de la démonstration que Moisieur de Biaugrand a commis en sa prétendue Démonstration de la première / arlie de la quatricsme proposition de son Liure intitulé Gcostatique. Adresse au mcsme Monsieur de Beaugrand. Par Guy de la Brosse, Escuicr Conseiller et Médecin ordinaire du Boy, et Intendant du lardin Royal des Plantes Medecinales de Paris. — A Paris. Chez Jac- ques Di/gast, rue S. Jean de Beauuais. à l'Olivier de Robert Estienne et en sa boutique dans la court du Palais, place du r/iaHOf. M. DC.XXXVll (Bibl. Xat. imprimés V 'p, In- ventaire Vi538). 112 ŒUVRES DE FERMAT. CORRESPONDANCE. .l'altciuls la faveur que vous ino l'ailes espérer de voir par voire iiioyeu les autres Livres de M. Descartes et Je Livre de Galilée De moi II ( ' ). Je suis, uioii Révérend Père, votre très lumihle serviteur, Ferjiat. XXIH. DESCARTES A MERSENNE POUR FEMIAT ( = ). < OCTOBRE 1687 > (D, III, 39.) Mon Révérend Père, 1- Vous me mandez qu'un de vos amis, qui a vu la Dioptrique, y (') Il s'agit do l'Ouvrage : Discorsi e dimustrazioni jnatfniaticlie intorno a due nuove scienze attenenù alla Mecanica e i moviinenlali locali, del Signur Galileo Galilei, fdo- sofo e matcmatico priinario del serenisslmo Grand Duca di Toxcana. — Cou una Ap- pendice del centra di gravita di alcuni solidi. — qui était alors sous presse à Leyde, chez les Elzcvirs, et qui ne parut que l'année suivante, en i638. (') Réponse à la Lettre précédente. La date iudiquée dans les annotations manu- scrites de l'exemplaire des Lettres de Descaries do la Bibliotlièque do l'Institut, qui a été utilisé par Cousin pour son édition, est celle du 3 décembre iGîy. Mais cette réponse de Descartes fut adressée par lui à Mersenne en môme tem|)S que sa Lettre (Clorselicr, III, 38), qui commence ainsi : « Mon Révérend Père, j'ai été bien aise de voir la lettre de M. de Fermât et je vous « on remercie; mais le défaut qu'il trouve en ma démonstration n'est qu'imaginaire et » montre assez qu'il n'a regardé mon Traité que de travers. Je réponds à son objection » dans un papier séparé, afin que vous lui puissiez envoyer, si bon vous semble, et si 11 vous avez envie par charité de le délivrer de la peine qu'il prend de rêver encore sur " cette matière .... » Or, dans la même Lettre, Descartes dit a\oir reçu « ces jours passés » quelques ob- jections de Froinoudas, auxiiuelles il a répondu dès le lendemain. Conimo la lettre de Libert Froidmont est datée du i3 septembre 1687 et qu'elle fut transmise à Descartes le i5 septembre [)ar Plcmpius (Domela Nieuwenhuis, Commentatio de R. Cartes i i com- mcrcio cum pliilosophis hclj^icis, Louvain, 1828, p. g5), il faut adopter pour les réponses de Descartes à Plempius et à Fromondus (éd. Clerselier, II, 7 et 8) la date du 3 octobre donnée par l'édition latine d'Amsterdam des Lettres de Doscartes, et non pas celle du j- novembre supposée par l'annotateur anonyme do l'cxeuiplairo de l'Institut. Dès lors, notre Lettre XXIII doit avoir été écrite du 5 au 12 octobre 1G37. XXIII. - OCTOBRE 1G37. 113 trouve quelque chose à objecter, et premièrement qu'il doute si l'incli- nation au mouvement doit suivre les mêmes lois que le mouvement, puis- qu'il y a autant de différence de l' un à l'autre que de la puissance à l'acte ('). Mais je me persuade qu'il a formé ce doute sur ce qu'il s'est imaginé que j'en doutois moi-même, et qu'à cause que j'ai mis ces mots en la page 8, ligne il\ : « car il est bien aisé à croire que l' inclination (-) à se mouvoir doit suivre en ceci les mêmes lois que le mouvement », il a pensé que, disant qu'une chose est aisée à croire, je voulois dire qu'elle n'est que probable. En quoi il s'est fort éloigné de mon sentiment; car je répute presque pour taux tout ce qui n'est que vraisemblable, et quand je dis qu'une chose est aisée à croire, je no veux pas dire qu'elle est probable seulement, mais qu'elle est si claire et si évidente, qu'il n'est pas besoin que je m'arrête à la démontrer; comme en effet on ne peut douter avec raison que les lois que suit le mouvement, qui est l'acte, comme il dit lui-même, ne s'observent aussi par l'inclina- tion à se mouvoir, qui est la puissance de cet acte. Car, bien qu'il ne soit pas toujours vrai que ce qui a été en la puissance soit en l'acte, il est néanmoins du tout impossible qu'il y ait quelque chose en l'acte qui n'ait pas été en la puissance. 2. Pour ce qu'il dit ensuite (^), qu'il semble y avoir ici une particu- lière disconvenance, en ce que le mouvement d'une balle est plus ou moins violent, à mesure quelle est poussée par des forces différentes, là où la lumière pénètre en un instant les corps diaphanes, et semble n'avoir rien de successif, je ne comprends point son raisonnement. Car il ne peut mettre cette disconvenance en ce que le mouvement d'une balle peut être plus ou moins violent, vu que l'action que je prends pour la lumière peut aussi être plus ou moins forte; ni non plus en ce que l'un est successif et l'autre non, car je pense avoir assez (I) ruir Lettre XXII, 4. C) Le texte de la Dioptrique porte : l'actioit ou inclination. (3) Foir Lettre XXII, U. Febmat. — il i5 II. ŒlXiil.S l)K F KRMAT. - COUHESPONDANCE. t'ait ciilciulrc. par la comparaison du Itàloii li'iiii avciigU', cl par celle (lu vin (jui (loscond dans une cuve, (iiic, bien ([ue i'inelinalion à se iiioiivoir se coiinnunicuic d'un lieu à l'aulrc eu un iuslant, elle ne laisse pas de suivre le même chemin par où le mouvenicnl successit se doit tairo, qui est tout ce dfuil il esl ici ([uestiou. 3- il ajoute après cela un discours qui nw semble n'être rien moins qu'une démonstration ('). Je ne veux pas répéter ici ses mots, pour ce que je ne doute point que vous n'eu ayez gardé l'original; mais je dirai seulement que, de ce que j'ai écrit que la détermination à se mouvoir peut être divisée (j'entends divisée réellement, et non point par imagination) en toutes les parties dont on peut imaginer qu'elle est composée, il n'a en aucune raison de conclure que la division de cette détermination, qui est faite parla superficie CBE(y/^. 54), qui est une superficie réelle, a savoir celle du corps poli CBE, ne soit qu'ima- ginaire. Et il a fait un paralogisme très manifeste en ce que, supposant la ligue AF n'être pas parallèle à la superficie CBE, il a voulu qu'on put, nonobstant cela, imaginer que cette ligne désignoit le coté auquel cette superficie n'est point du tout opposée, sans. considérer que, comme il n'v a que les seules perpendiculaires, non sur cette AF tirée de travers par son imagination, mais sur CBE, qui marquent en quel sens cette superficie CBE est opposée au mouvement de la balle, aussi n'y a-t-il que les parallèles à cette même CBE qui marquent le sens auquel elle ne lui est point du tout opposée. * 4. Mais, afin qu'on voie mieux la différence qui est entre nos deux raisonnemens, je les veux appli(|uer à une autre matière. J'argumente en cette sorte : Premièrement, le triangle ABC (Jig- 55) peut être divisé en toutes les parties dont on peut imaginer qu'il est composé. Secondement, or on peut aisément imaginer qu'il a été composé des quatre triangles égaux ADE, FED, fîlFB, DCF. Troisièmement . et ensuite il est aisé à (') ro/r Leure XXII, 5. XXIII. - OCTOBRE 1C37. 115 entendre que les trois lignes DE, EF, FD marquent les endroits oîi ces quatre triangles doivent se joindre pour le composer. Donc, si on tire ces trois lignes, il sera réellement et véritablement divisé par elles en quatre triangles égaux. Voici maintenant la façon dont il argumente, ou du moins dont il vont que j'aie argumenté : Le triangle ABC peut être divisé en toutes les parties dont on peut imaginer qu'il est composé. Or on peut imaginer qu'il est composé des quatre triangles inégaux AHG, IGH, HCI, JBG. Donc, si on tire les trois lignes DE, EF et FD, elles diviseront ce triangle en quatre autres qui seront inégaux. Je m'assure que quiconque voudra entendre raison ne dira point que ces deux argumens soient semblables. 5. Mais, de quelque qualité que soient les objections qu'on voudra taire contre mes écrits, vous m'obligerez, s'il vous plaît, de me les envoyer toutes, et je ne manquerai pas d'y répondre, au moins si elles ou leurs auteurs en valent tant soit peu la peine, et s'ils trouvent bon que je les fasse imprimer lorsque j'en aurai ramassé pour remplir un juste volume. Gar je n'aurois jamais fait si j'entreprenois de satisfaire en particulier à un chacun. Je suis, etc. m; ŒINKKS l»E KEUMAT. - COHKESPONDANCE. \X1V. FKRMAT A MKRSENNE (')• < DÉCEMBRE 1687 > (D. 111, 40). M(i> RévkpvF.M) Pèrk, 1- J'ai vu dans la Lettre de M. Descartes, que vous avez pris la peine de m'envoyer, des réponses succinctes qu'il fait aux objections que i'avois formées contre sa Dioptrique, auxquelles j'eusse plus tôt ré- pondu si mes occupations nécessaires ne m'eussent empêché de le faire, de quoi M. de Carcavi sera mon garant. Je vous proteste d'abord (|ue ce n'est point par envie ni par émulation que je continue cette petite dispute, mais seulement pour découvrir la vérité; de quoi j'es- lime que M. Descartes ne me saura pas mauvais gré, d'autant plus que je connois son mérite très émincnt, et que je vous en fais ici une dé- claration très expresse, .l'ajouterai, auparavant que d'entrer en matière, que je ne désire pas que mon écrit soit exposé à un plus grand jour (') Le texte do celle Lcllre a été revisé sur la copie faite à Vienne jiar Despcyrous iliiprès lc.< originaux de Clerselier (Bibl. Nat. MS. français nouv. acq. 3280, fol. 29 ;'i 34). Elle répond à la Lettre XXIII qui précède. Sa date est fixée au 25 janvier i638 par l'annotateur de l'exemplaire des Lettres de Descartes de la Bililiollièque de l'Inslilut (OEuvres de D., éd. Cousin, VL p. 38i), et de fait Mersenno ne l'adressa à Uesoartcs que le 12 février i638. Mais il la lui avait annoncée dès la (in de décembre 1637, en même temps qu'il lui envoyait des écrits mathémaliques de Fermât {voir ci-après Lettre XXV, 2" note). C'est, en effet, à la présente Pièce XXIV que se rapporte le passage suivant d'une Lettre de Descartes à Mersenne (éd. Clerselier, lit, p. 429) à dater de janvier i638 : « .le n'ai pas tant de dcsir de voir la démonstration do M. de Fermât contre ce que j'ai écrit de la réfraction, tpic jo vous veuille prier de me l'envoyer par la poste, mais, lors- qu'il se présentera commodité de me l'adresser par mer, avec quelques balles de mar- chandise, je ne serai pas marri de la voir, avec la Géoslatique et le Livre de la Lumière de M. de la Chambre et tout ce qui sera de pareille étoffe; non que je ne fusse bien aise de voir promiitement ce (ju'écrivont les autres pour ou contre mes opinions ou de leur invention, mais les ports de lettres sont excessifs. » •XXIV. - DÉCEMBRE 1637. 117 que celui que peut souffrir un entretien familier, de quoi je me contie à vous. 2. Je tranche en quatre mots notre dispute sur la réflexion, laquelle pourtant je pourrois faire durer davantage, et prouver que l'auteur a accommodé son médium à sa conclusion, de la vérité de laquelle il étoit auparavant certain; car, quand je lui nierois que sa division des déter- minations au mouvement n'est pas celle qu'il faut prendre, puisque nous en avons d'infinies, je le réduirois à la preuve d'une proposition qui lui seroit très malaisée. Mais, puisque nous ne doutons pas que les réflexions ne se fassent à angles égaux, il est superflu de disputer de la preuve, puisque nous connoissons la vérité; et j'estime que je ferai mieux, sans marchander, de venir à la réfraction, qui sert de but ii la Dioptrique. 3. Je reconnois, avec M. Descartes, que la force ou puissance mou- vante est différente de la détermination, et, par conséquent, que la dé- termination peut changer sans que la force change, et au contraire. L'exemple du premier cas se voit en la figure de la i5* page de la Dioptri(fue, où la halle poussée du point A au point B {fig. 53) se dé- FiR. 53. A / H X F l\ \ \ ? \ B 6 \ E ]/ D K tourne au point F, de sorte que la détermination ii se mouvoir dans la ligne AB change, sans que la force qui continue son mouvement soit diminuée ou changée. Nous pouvons nous servir de la figure de la page 17 pour le second cas {fig. 56). (]ar, si nous imaginons que la halle soit poussée du point H jiisques au point B, puis qu'elle tomhe perpendiculairement 118 (Kl VliKS l)K FRIlMVr. — COIîRKSPONnVNCE. >iir lu Idilr (",HE, il es! cvidcnl (nrdlc l;i Iravci'srr;! dans la lii;n(' H(!, t'I ainsi sa force inoiivaiilc s'afloihlira, cl son iiioiivciiicnl sera relardc sans (|iic la ilélcriiiinalion chaiiij;e, |)iiis(Hi'elle coiidniie son nioiivc- mic'mI dans la même lii!;nc IIBG. Fis. 5f.. 4. Je reviens maintenant à la dcinonslralinn de la réfraction sur la iiiènie ligure de la page 17. « Considérons (') », dit rauteur, « ywe des deux parties, dont onpeitt imaginer que cette détermination est composée, il n'y a que celle qui fai- sait tendre la halle de haut en bas qui puisse être changée en quelque façon par la rencontre de la toile, et que, pour celle qui la faisoit tendre vers la main droite, elle doit toujours demeurer la même quelle a été, à cause que cette toile ne lui est aucunement opposée en ce sens-là. » 5. Je remarque d'abord que l'auteur ne s'est pas souvenu de la dif- férence qu'il avoit établie entre la détermination et la force mouvante ou la vitesse du mouvement. Car il est bien vrai que la toile CBE atfoi- blit le mouvement de la balle, mais elle n'empêche pas qu'elle ne con- tinue sa détermination de haut en bas, et, quoique ce soit plus lente- ment qu'auparavant, on ne peut pas dire que, parce que le mouvement de la balle est aiï'oibli, la détermination qui la fait aller de haut en bas soit changée. Au contraire, sa détermination à se mouvoir dans la ligne Bl est aussi bien composée, au sens de l'auteur, de celle qui la fait aller de haut en bas et de celle qui la fait aller de la gauche ii la (') Texte de la Dioplriqiic : Et contidcrons aussi que etc. XXIV. - DECEMBRE 1G37. 119 droite, comme la première délermination à se mouvoir dans la ligne AB. 6. Mais donnons que la détermination vers BG, ou de haut en i)as, pour parler comme l'auteur, soit changée; nous en pouvons conclure que la détermination vers BE, ou de gauche à droite, est aussi chan- gée. Car, si la détermination vers BG est changée, c'est pource qu'à comparaison du premier mouvement, la halle qui maintenant se dé- tourne et prend le chemin de BI, avance moins à proportion vers BG que vers BE qu'elle ne faisoit auparavant; or, par ce que nous suppo- sons qu'elle avance à proportion moins vers BG que vers BE qu'eHe ne faisoit auparavant, nous pouvons aussi dire qu'elle avance à pro- portion davantage vers BE que vers BG qu'elle faisoit auparavant; si le premier nous fait comprendre que la détermination vers BG est changée, le second nous peut bien faire concevoir que la détermina- tion vers BE est aussi changée, puisque le changement est aussi bien causé par l'augmentation que par la diminution. 7. Mais donnons encore que la détermination de haut en bas soil changée, et non pas celle de gauche à droite, et examinons hi conclu- sion de l'auteur, duquel voici les mots : « Puisque la balle ne perd rien (') du tout de la détermination quelle avait à s'avancer vers le côté droit, en deux fois autant de temps quelle en a mis à passer depuis la ligne AC jusques à HB, elle doit faire deux fois autant de chemin vers ce même côté. » 8. Voyez comme il retombe dans sa première faute, ne distinguant pas la détermination de la force du mouvement; et pour mieux vous le faire entendre, appliquons son raisonnement à un autre cas. Supposons, en la même figure, que la balle soit poussée du point H au point B. Il est certain qu'elle continuera son mouvement dans la ligne BG et que sa détermination ne change point; mais aussi son mouvement est plus lent dans la ligne BG qu'il n'étoit auparavant, et (' ) Texte do la Dioptriquc, pai,'e i- : Et puisqu'elle ne perd rien etc. 120 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. néanmoins, si le raisoiiiicimMil de raiilciir éloit vrai, nous pourrions (tin Puisque la balle ne perd rien du (ou( de la délerminalion ([u'idle avoil il s'avaneer vers HBG (car e'esl toute la même), doue, en autant de temps qu'auparavant, (die fera autant de eliemin. Vous voyez que cette conclusion est absurde, et (|ue, pour rendre l'argument bon, il faudroit (jue la balle ne perdit rien de sa détermi- nation ni de sa force, et partant, voilii un [laralogisme très manifeste. 9. Mais, pour détruire pleinement la proposition, il faut examiner deux sortes de mouvements composés qui se f(mt sur deux lignes droites. Considérons, par exemple {/ig- 37), les deux lignes DA et AO, (|ui comprennent l'angle DAO de quelque grandeur que vous voudrez, et Fig. 07. imaginons un grave au point A, qui descende dans la ligne ACD eu même temps que la ligne s'avance vers AN, à telle condition qu'elle fasse toujours un même angle avec AO, et que le point A de la même ligne ACD soit toujours dans la ligne AN. Si les deux mouvements, de la ligne ACD vers AO et du même grave dans la ligne ACD, sont uni- formes comme nous les pouvons supposer, il est certain que ce mou- vement composé conduira toujours le grave dans une ligne droite, comme AB, dans laquelle si vous prenez un point, comme B, duquel vous tiriez les lignes BN et BC parallèles aux lignes DA et AO, lorsque le grave sera au point B, en un temps égal, s'il n'y eût eu que le mou- vement sur ACD, il eût été au point C, et s'il n'y eût eu (|ae l'autre mouvement tout seul, il eût été au point N; et la proportion de la force qui le conduit sur AD à la force qui le conduit vers AO sera comme AC à AN, c'est-à-dire comme BN à BC. XXIV.- DECEMBRE 1G37. 121 C'est de celte sorte de mouvements composés que se servent Arclii- mède et les autres anciens en la composition de leurs hélices, des- quelles la principale propriété est que les deux forces mouvantes -ne s'empêchent point mutuellement, ains demeurent toujours les mêmes. Mais, pource que ce mouvement composé ne vient pas si bien dans l'usage, il le faut considérer d'une autre façon et en faire une spécula- tion particulii're. 10. Supposons en la même figure un grave au point A, lequel en même temps est poussé par deux forces, dont l'une le pousse vers A() et l'autre vers AD, si bien que la ligne de direction du premier mouve- ment est AO, et celle du second est AD. S'il n'y avait que la première force toute seule, le grave se trouveroit toujours sur AO, et sur AD s'il n'y avoit que la seconde; mais, puisque ces deux forces s'empêchent et se résistent mutuellement, supposons (et il faut se souvenir que nous supposons aussi tous ces mouvements uniformes, car autrement le mouvement composé no se feroit pas sur des lignes droites) que dans une minute d'heure, par exemple, la seconde force fait que le grave s'éloigne de sa direction AO selon la longueur NB, (|u'il i'aul dé- crire parallèle à AD ; car le grave qui est emporté sur AD par la seconde force, se trouvant empêché par la première, se portera toujours et s'a- vancera d'Avers D par des parallèles à AD. Supposons aussi que, dans la même minute d'heure, la première force fait que le grave s'éloigne de sa direction AD selon la longueur CB parallèle, par la précédenle raison, à la ligne AO. Il est tout certain que dans une minute d'heure le grave se trouvera au point B, qui est le concours des deux lignes BN etBC. Le mouvement composé se fera donc sur la ligne AB, et nous pourrons dire que le grave parcourra la ligne AB dans une minute. 11. Supposons maintenant {fig. jH) que l'angle DAO soit changé el soit, par exemple, plus grand. En la figure suivante, les mêmes choses étant posées comme auparavant, je dis que, dans une minute d'heure, le grave s'éloignera de sa direction AO selon la ligne BN égale à celle que nous avons appelée de même en la précédente figure. (3ar, puisque Feu.mat. — \l. l6 I-2-2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. los torcos s(»nl les mômes, l;i seconde (liniiiuieni égalemeni la délermi- iiatioii de la pi'emière, et l'era, en ((>mps égal, éloigner le gi'ave de sa direelitin aiilaiil eomiiie au[taravaiil, |)Oiii'c(> que c'est toujours la même résistance. Nous conclurons la même chose de la ligne BC. Fis. 5S. Le mouvement composé se fora donc ici sur la ligne AB, et la ligne AB sera parcourue comme devant en une minute d'heure; mais, pource que, dans les deux triangles ANB de la première et seconde figure, les côtés AN et NB de la première figure sont égaux à ceux de la seconde, et que les angles ANB qu'ils comprennent sont inégaux, il s'ensuit que les hases AB seront inégales (et par conséquent le mouvement composé sera moins vite en la seconde qu'en la première), et qu'il y aura telle proportion de la vitesse du mouvement composé en la pre- mière figure à la vitesse du mouvement composé en la seconde, que de la longueur de la ligne AB en la première à la longueur de la ligne AB en la seconde. 12. .le prends maintenant un point à discrétion dans la ligne AB, comme F, duquel je tire les lignes Fl^], FG parallèles à AO et à AD. FE est à CB comme FA à A15, c'esl-à-dire FG à BN, comme la construction nous marcjue : donc FE est à VV, comme CR à RN. X\1V. - DECEMBRE 1637. 123 Or, en la précédente figure, les lignes BN et BC sont égales, cha- cune à la sienne, aux lignes BN et BC de cette seconde figure, et nous pouvons, par un même raisonnement, prendre un point à discrétion dans la ligne AB de la première figure, pour en tirer une pareille conclusion à la précédente. Donc, quelque point que vous preniez dans la ligne AB, soit de la première, soit de la seconde figure, les parallèles seront entre elles comme CB à BN, c'est-à-dire toujours en même proportion. Du point F tirons les perpoiuliculaires FH, FI sur les lignes AO et AD. Au parallélogramme GAEF, les angles AGF, AEF seront égaux comme étant opposés : donc les triangles GFH et EFI sont équiangles, et par conséquence, comme EF est à FG, ainsi FI est à FH. Or FI est à FH comme le sinus de l'angle DAF est au sinus de l'angle OAF, et par conséquent. Taisant, si vous voulez, une même construction en la première figure, vous conclurez, pour éviter prolixité, que le sinus de l'angle DAB est au sinus de l'angle OAB en la première figure, comme le sinus de l'aufirle DAF au sinus de l'angle OAF en la seconde figure ( '). 13. Cela ainsi supposé et démontré, considérons la figure de la page 2() de la Diopfrique {fig. oq), en laquelle l'auteur suppose que la balle, ayant été premièrement poussée d'A vers B, est poussée de rechef, étant au [xtint B, par la ratiuefte CBE, qui sans doute, au sens de l'auteur, pousse vers BG; de sorte que de ces deux mouvements, dont l'un pousse vers BD et l'autre vers BG, il s'en l'ait un troisième qui conduit la balle dans la ligne BI. 14. Imaginons ensuite une seconde figure pareille à celle-là, en (i) Ou voit que désormais Format rosoiiiiait pleinement, pour la composition des forces concourantes, le principe du parallélogramme qu'il avait mis en doute dans sa discussion avec Roberval sur la Géoslatique {voir notamment Pièce XVI). 12» CEI VliES DE FERMAT. COIUIESI'UNDWCE. laquelle la loi'cc de la Italie ti ecllc de la racjiicKc soiciil les inèincs, t't (]iio ['angle DHG soil seiileiiien( plus grand en celle seconde figure. Il est eortaiii. par les deiiionslralions ([ue nous venons de faire, (jn'il y aura (elle proporlion dn sinns de l'angle (jBI an sinns de l'angle IBD, en la ligure de l'aulenr, (|ne dn sinus de l'angle (ilJI au sinus de l'aniîle IBD. en ceUe seconde tionre fine nous iniaifinons èlre décrite Fi-. 5(). A C "~^ / /y E C B \ "/ __„_--^ ( ne et que nous oino(tons pour éviter la longueur, là où, si les proposi- tions de l'auteur étoient vraies, il y auroit telle proportion du sinus de l'angle GBD au sinus de l'angle GBI, en la figure de l'auteur, que du sinus de l'angle GBD au sinus de l'angle GBI, on cette seconde figure jue nous avons imaginée. Or, puisque cette proportion est différente l'autre, il s'ensuit qu'elle ne peut pas subsister ( '). . 15. D'ailleurs la principale raison de la démonstration de l'aulenr est fondée sur ce qu'il croit que le mouvement composé sur BI est tou- jours également vite, quoique l'angle GBD, compris sous les lignes de direction des deux forces mouvantes, vienne à changer : ce qui est faux, comme nous avons déjà pleinement démontré. 16. Ce n'est pas que je veuille assurer (ju'en l'application qu'il fait C) Ainsi Fermai conclut que, si l'on doit, avec Doscarles, considérer le mouvemenl suivant le rayon réfracté comme résultant du mouvement suivant le rayon incident et d'une action suivant la normale, la |}roi)ortionaJité doit exister non pas entre les sinus des angles d'incidence et de réfraction, sini cl sinr, mais entre sin(( — /•) et sin/". A cet effet, il suppose implicitement l'aclion normale indépendante de l'incidence. L'hypothèse de Descaries est au contraire que la composante parallèle à la surface d'incidence garde la même valeur avant et après la réfraction. Il est clair (\\\'a priori on no peut décider entre ces deux suppositions. XXIV. — DÉCEMBRE 1G37. l->5 (le la figure de la page 20 à la réfraction, il faille garder ma proportion et non pas la sienne; car je ne suis pas assuré si ce mouvement com- posé doit servir de règle îi la réfraction, sur laquelle je vous dirai une autre fois plus au long mes sentiments. n. J'attendrai la réponse (') à cette Lettre, puisque vous me la faites espérer, et serai toujours, mon Révérend Père, votre très humble ser- vifcur. L'excuse que vous avez vue au commencement de ma lettre me ser- vira encore sur ce que je ne vous ai point écrit de ma main. (') Descartes, n'ayant reçu la Lettre XXIV qu'au moment où il avait à défendre contre Ilolierval sa propre critique de la méthode des tangentes de Fermai {voir ci -après Lettre XXV, i'" note), ajouta le môme jour (22 février i638) à son courrier pour Mer- senne une Lettre spéciale sur la Dioptrique, adressée à Mydorge (éd. Clersclier, III, 42). Mais cette réplique, qu'on trouvera dans le Supplément à la présente édition, ne fut eom- muni(|uée à Fermât que vers le mois de juin 16 jS. alors que s'arrangeait le différend sur la métliode des tangentes. Descartes ne se montrant pas disposé à satisfaire davantage Fermât sur la question de la réfraction, la discussion en fut également suspendue pour n'être reprise que vingt ans après, entre Fermât et Clerselier. La présente Lettre XXIV fil alors l'objet d'une réfutation spéciale {ci-aprcs Pièce XCIV) composée par Rohaull. 126 OU VUES DE FEKMAT. - CORRESPONDANCE. ANNKE 1638. x\v. DESCARTES A MERSENNE {' ). < LLNDI 18 JANVIER IGS8 > (D, III, fiG.) 3l0N RÉVÉREM) Pèrf., 1. Je siM'ois hien aise de ne rien dire de l'Ecrit que vous m'avez envoyé ("), [)Ouree que je n'en saurois dire aucune chose qui soit à l'avantage de celui qui l'a composé. Mais à cause que je reconnois que c'est cehii même qui avoit ci-devant taché de réfuter ma Dioptrique, (') LcUrc dcslinéo à t'ermat ot envoyée à iMerseiino en même lonips que celU^ (|ui la précède (III, 5)) dans l'édition Clcrselier. Au lieu de l'adresseï' à Toulouse, le correspon- dant de Descartes la montra à Roberval et Etienne Pascal qui, prenant la défense de la Méthode attaquée, rédigèrent une Réplique (perdue). Elle fut envoyée, le 8 février i638, par Mersenne à Descaries, qui répondit vers le 22 février (éd. Clerselier, III, 4'! à Mer- senne; III, 57, à Mydorge) en faisant appel à Mydorge et Hardy comme juges. Le 26 mars, Mersenne fit pari à Descartes (qui répli(pia le 3 mai par la Lettre XXVIl ci-après) de nouvelles objections de Roberval et, probablement au conmiencemcnt d'avril, ce dernier composa une seconde Défense de la Méthode de Fermât (éd. Clerselier, III, 58). Ainsi fui engagé ce procài inatliémaiiquc, auquel Fermât resta de fait étranger pendant toute cette phase {voir ci-après Lettre XXVI) et dont les pièces seront réunies dans le Supplément de la |)résente édition. Le texte de celte Lettre XXV a élé révisé d'après une copie ancienne dans le .MS. Bibl. Nat. IV. n. a. 'iiGo, ['" 53 à 5G. (*) L'envoi fait par Mersenne vers la lin de décembre 1O37 comprenait, outre l'écrit dont il esl ici question ( Methodus ad disquirendam maximnm et miiiimam. — De tnii- ffe/itihtis llnearum cun'arum. Tome I, pages l33 ù i36), Y Isa gage ad locos plaitos et solidos (Tome I, pages 91 et suiv.), qui, formant un paquet séparé, ne parvint à Descartes qu'un peu plus lard. Ces pièces avaient été remises à Mersenne par Carcavi. XXV. — 18 JANVIER 1638, 1>7 ol que vous me mandez qu'il a envoyé ceci après avoir lu ma Géo- métrie et s'étonnant de ce que je n'avois point trouvé la même chose, c'est-à-dire, comme j'ai sujet de l'interpréter, à dessein d'entrer en concurrence et de montrer qu'il sait en cela plus que moi; puis aussi à cause que j'apprends par vos lettres qu'il a la réputation d'être fort savant en Géométrie, je crois être obligé de lui répondre. 2. Premièrement donc, je trouve manifestement de l'erreur eu sa règle, et encore plus en l'exemple qu'il en donne pour trouver les contingentes de la parabole : ce que je trouve en cette sorte. Soit ( /ig. Go) BDN la parabole donnée dont DC est le diamètre, et ({ne (In point donné B il faille tirer la ligne droite BK qui rencontre Fis. Co. DC au point E et qui soit la plus grande qu'on puisse tirer du même point E jusques à la parabole : sic enim proponitnr quœrenda maxima. Sa règle dit : sialualur quilibet quœstionis terminus esse A ; je prends donc EC pour A, ainsi qu'il a fait : ei inveniatur maxima (à savoir BE) in tenninis sub A gradu, iil libet, ini'olttlis; ce qui ne se peut faire mieux qu'en cette façon : Que BC soit B, le quarré de BE sera Aq. -+- liq., à cause de l'angle droit BCE. Ponatur rursum idem terminus qui priits esse A -h E; à savoii' je fais que EG est A -h E (ou bien, suivant son exemple, A — E, car l'un revient à l'autre) : iterumqiie inveniatur maxima (à savoir BE) in ter- minis sub A et E gradibus ut libet coejjïcientibus ; ce qui ne se peut mieux faire qu'en cette sorte : Posons que CD ait été ci-devant />, lorsque BC étoile, le côté droit de la parabole sera -j^-, à cause qu'il est à B(", 128 ŒUVRKS DK FERMAT.— COlî UKSl'ONDANCE. la ligiio appliciiicc par ttrdro, comnip BC csl à CI) le sci^mikmiI dn dia- nù'tiT auquel cilo est a|)i)li(|né('. C'csl p()iir(|U(ii, iiiaiiilciiaiil (juc Œ est .1 + /■., 1)(. est /> + h, v[ le (inarrc (le I5(. csl — '- j- — '- , (|ui ('lant ajoMli' au quarn'' dr Œ, (jui est -ly. 4- .1 in A' bis + /iV/.. il lait II' quarré de \\\l. A(hv(jitcntiir duo /lor/io^c/ica iiia.viDiœ (vqiialia; f'csl-ii-dirc (jnc Atj.-hUq. soit posé égal ii n,/. + "'^'1'^' '' -(- A q. -h A in £■ bis + £-7. : e/ demptis co/tunii/iiùiis, il rcsti' /Jr/. in E D Applicentur ad E e/c. ; il vient :( in E \>\s + Eq. ("g;il ;i rien. Bq. ... „ -jj- + A h\s + L. Elidalur E, il reste —— -+- A l)is ég;!! à l'icii. Ce qui ne donne point la valeur de la ligne A, comme assure l'an- leur. et par conséquent sa règle est fausse. 3. iMais il se mécompte encore bien plus en l'exemple de la même parabole, dont il tâche de trouver la contingente. Car, outre qu'il ne suit nullement sa règle, comme il paroît assez de ce que son calcul ne se rapporte pointa celui que je viens de faire, il use d'un raison- nement qui est tel que, si seulement, au lieu ào parabole olparaholc/i, on met partout en son discours hyperbole et hyperbolcn ou le nom de quidijue autre ligne courbe, telle (jue ce puisse être, sans y changer au reste un seul mot, le tout suivra en même façon qu'il l'ait touchant la paraijole jusques à ces mots : ergo Œ probavimiis daplam ipsiiis CD, r/uod quidem ila se habet. Nec unqiiam failli metJiodus; au lieu des(jucls on [)eut metli'e : non idco sequilur CK diiplani cssc ipsius (^D, nec unquani XXV. - 18 JANVIER 1638. 129 ila se hahel alibi quam in parabole, ubi casa et non ex l'i prœmissariun œrum concludilur : semperque fallit ista methodus. 4. Si cet auteur s'est étonné de ce que je n'ai point mis de telles règles en ma Géométrie, j'ai beaucoup plus de raison de m'étonner de ce qu'il a voulu entrer en lice avec de si mauvaises armes. Mais je lui veux bien encore donner.le temps de remonter à cheval, et de prendre toutes les meilleures qu'il eût pu choisir pour ce combat, qui sont que, si on change quelques mots de la règle qu'il propose pour trouver maximam çiminimam, on la peut rendre vraie et est assez bonne. (a' que je ne pourrois néanmoins ici dire, si je ne l'avois su dès auparavant que de voir son Écrit : car, étant tel qu'il est, il m'eût plutôt empêché de la trouver qu'il ne m'y eût aidé. Mais encore que je l'aurois ignorée et que lui l'auroit parfaitement sue, il ne me semble pas qu'il eût pour cela aucune raison de la comparer avec celle qui est en ma Géométrie touchant le même sujet. 5. Car premièrement la sienne (c'est-à-dire celle qu'il a eu envie de trouver) est telle que, sans industrie et par hasard, on peut aisément tomber dans le chemin qu'il faut tenir pour la rencontrer, lequel n'est autre chose qu'une fausse position fondée sur la façon de démontrer qui réduit à l'impossible et qui est la moins estimée et la moins ingé- nieuse de toutes celles dont on se sert en mathématique. Au lieu que la mienne est tirée d'une connoissance de la nature des équations, gui n'a jamais été, que je sache, assez expliquée ailleurs que dans le troi- sième Livre de ma Géométrie; de sorte qu'elle n'eût su être inventée par une personne qui auroit ignoré le fonds de l'algèbre, et elle suit la plus noble façon de démontrer qui puisse être, à savoir celle qu'on nomme a priori. 6. Puis, outre cela, sa règle prétendue n'est pas universelle comme il lui semble, et elle ne se peut étendre à aucune des questions qui sont un j)('u difficiles, mais seulement aux plus aisées, ainsi qu'il [)ourra éprouver si, après l'avoir mieux digérée, il tâche de s'en servir pour trouver les contingentes, par exemple, de la ligne courbe BDN l'iIlMVT. — U. 17 130 ŒUVRES DE FKUM \T. - CORRESPONDANCE. {Jig. Gi), que jo suppose être (elle qu'eu quehjue lieu de sa circonfé- rence qu'on prenne le point B, ayant tiré la perpendiculaire BC, les deux cubes des deux lignes BG et CD soient ensemble égaux au paral- lélépipède des deux mêmes lignes BC, CD et de la ligne donnée P. (A savoir, si P est g et que CD soit 2, BC sera 4» pource que les cubes de 2 et de 4. qui sont 8 et 64, font 72, et que le parallélépipède composé de 9, 2 et 4 est aussi 72.) Car elle ne se peut appliquer ni à cet exemple, ni aux autres qui sont plus difficiles, au lieu que la mienne s'étend généralement à tous ceux qui peuvent tomber sous l'examen de la géométrie, non seule- ment en ce qui regarde les contingentes des lignes courbes, mais il est aussi fort aisé de l'appliquer ii trouver maximas et minimas en toute autre sorte de problèmes; de façon que, s'il l'avoit assez bien comprise, il n'auroit pas dit, après l'avoir lue, que j'ai omis cette matière en ma Géométrie. 7. Il est vrai toutefois que je n'y ai point mis ces termes de maximis et minimis, dont la raison est qu'ils ne sont connus que parce qu'Apol- lonius en a fait l'argument de son cinquième Livre, et que mon des- sein n'a point été de m'arrêter à expliquer aucune chose de ce que quelques autres ont déjà su, ni de réparer les livres perdus d'Apollo- nius, comme Viète, Snellius, Marinus Ghetaldus ('), etc., mais seu- lement de passer au delà de tous côtés, comme j'ai assez fait voir en commençant par une question que Pappus témoigne n'avoir pu être trouvée par aucun des Anciens; et par même moyen, eu composant et (') Foir Tome I, p. 3, note 3. XXV. — 18 JANVIER 1638. 131 clétcrminanL tous les lieux solides, ce qu'Apollonius chcrchoil encore; puis en réduisant par ordre toutes les lignes courbes, la plupart des- quelles n'avoient pas même été imaginées, et donnant des exemples de la façon dont on peut trouver toutes leurs propriétés; puis enfin, en construisant non seulement tous les problèmes solides, mais aussi tous ceux qui vont au sursolide ou au quarré de cube; et par même moyen, enseignant à les construire en une infinité de diverses façons. D'où l'on peut aussi apprendre à déguiser en mille sortes la règle que j'ai donnée pour trouver les contingentes, comme si c'étoient autant de règles différentes. Mais j'ose dire qu'on n'en peut trouver aucune, si bonne et si générale que la mienne, qui soit tirée d'un autre fondement. 8. Au reste, encore que j'aie écrit (') que ce problème pour trouver les contingentes fût le plus beau et le plus utile que je susse, il faut remarquer que je n'ai pas dit pour cela qu'il fût le plus difficile, comme il est manifeste que ceux que j'ai mis ensuite touchant les figures des verres brùlans, lesquels le présupposent, le sont davan- tage. De façon que ceux qui ont envie de faire paroître qu'ils savent autant de géométrie que j'en ai écrit, ne doivent pas se contenter de chercher ce problème par d'autres moyens que je n'ai fait, mais ils devroient plutôt s'exercer à composer tous les lieux sursolides, ainsi que j'ai composé les solides, et à expliquer la figure des verres brù- lans, lorsque l'une de leurs superficies est une partie de sphère ou de conoïde donnée, ainsi que j'ai expliqué la façon d'en faire qui aient l'une de leurs superficies autant concave ou convexe qu'on veut, et enfin à construire tous les problèmes qui montent au quarré de quarré de quarré ou au cube de cube, comme j'ai construit tous ceux qui montent au quarré de cube. 9. Et après qu'ils auront trouvé tout cela, je prétends encore qu'ils m'en devront savoir gré, au moins s'ils se sont servis à cet effet de ma ('I Géométrie lie Descartes, éd. Hermaiin. Paris, i886, p. 3Î. 132 QÎUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. Géométrio. à cause (lu'cllc coiitii'iil le clicinin (iii'il l'aut (ciiii' j)(>iir y parvoiilr. of (|iii\ si iiu'inc ils iio s'(mi sdiU point servis, ils ne doivenl |)as pour cela prétendre ancuii avantai;(> j)ar dessus moi, d'au(an( (pi'il n'y a aucune de ces choses que je ne trouve autant (|u'(dle es( Irou- vable, lorsque je voudrai prendre la pi'ine d'en faire le calcul. Mais je crois pouvoir employer mon tcni[)s plus ulilcMient à d'autres choses. Je suis etc. XXV bis ('). FERMAT A .MERSENNE. < FÉvRnîR 1C38 > (A, f" 35-:ili, B, f" ai-^-aa-».) Mon Rkvérf.nd Père, 1. J'ai appris par votre lettre que ma réplique (-) à M. Descartes n'étoit pas goûtée, que même il avoit trouvé à dire à mes méthodes de maximis et minimis et de tangenlibus (■'), en quoi pourtant il avoit trouvé M''* de Pascal et de Roberval de contraire sentijnent. De ces deux choses, la première ne m'a point surpris, pource que les choses de physique peuvent toujours nous fournir de doutes et entretenir les disputes; mais je suis étonné de la dernière, puisque c'est une vérité géométrique, et que je soutiens que mes méthodes sont aussi certaines que la construction de la i'^ proposition des Eléments. Peut-être que les ayant proposées nuement et sans démonstration, elles n'ont pas été (') Réponse inédite à une lettre par laquelle Merscnnc, sans communiquer à Fermât la critique de Doscartes relative à la Méthode de maximis et minimis, c'est-à-dire la Pièce XXV, l'informait que cette critique avait donné lieu à une réplique (perdue) de Roberval et de Pascal, envoyée à Descartes le 8 février i638. (') Lettre XXIV. iMersenno avait parlé de l'impression produite dans son cercle, i Paris, par celte Lettre, non pas de la réplique de Descartes, qu'il n'avait pas encore reçue. (') Tome I, pages i33 à i36. XXV bis. - FEVRIER 1638. 13:! ealciidiics ou qu'elles ont paru trop aisées à M. Descartes, qui a fait tant de chemin et a pris une voie si pénible pour ces tangentes dans sa Géométrie. 2. Quoi qu'il en soit, je ne me pique pas d'être cru que par ceux qui le voudront, et vous proteste que j'aimerois mieux prononcer : Jamjam efficaei do nianus sciontiae ('), que de soulTrir que rien de ce que je vous ai envoyé soit imprimé sous mon-nom, ce que je vous prie d'empêcher par le pouvoir que vous avez sur tous ces Messieurs qui se mêlent de cette étude. Je ne vous envolerai donc plus rien pour ^l. Descartes, puisqu'il met des loix si sévères à un commerce innocen(, et me contente de vous dii'e que je n'ai trouvé encore personne ici qui ne soit de mon avis, que sa Dioptrique n'est pas prouvée. Je voudrois seulement savoir si dans Paris on croit qu'il ait démontré exactement les fondements et les principes de la réfraction, et particulièrement qu'il vous plût me faire part des sentiments de M. Mydorge sur ce sujet, et de M. Desargues. 3. Voilà pour ce sujet. Pour les manuscrits de Viète (-), il n'y a ([ue fort peu de chose que nous n'eussions pas dans les imprimés : ce sont seulement des exemples plus étendus et quelques propositions de nombres multangulaires, qui se trouvent en d'autres livres, de sorte que l'impression de ses œuvres n'en profiteroit guères. Outre que je les ai reçus de M. Despagnet, à la charge de ne les bailler à personne que par son aveu. 4. Puisque M. de Roberval a soutenu ma méthode, je lui veux faire encore part d'un de ses plus beaux usages touchant Vinvention des centres (le gravité, puisque M. de Beaugrand ne les lui a pas baillés, comme je l'en avois prié. Et ne serai pas marri qu'on propose à M. Descartes l'in- (') Vers d'Horace, Epodes, XVII, i. (-) On voit que Mersenne s'occupait déjà de l'édition des Œuvres de Viète, imprimée à Leyde par les Elzevirs en 1646 et à laquelle il apjiorta un concours efficace. 13i ŒIVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. vontion de (Hichnios-ims ih' ers ccntros do gravité. Vous m'ohligoroz de donner cet écrit (^ ') à M. de Uohorval et de in'envoyer son sentiment là- dessus, et s'il croit (lue nous soyons obligés d'envover à Leyde, pour avoir la solution des problèmes géométriques. .Mon Révérend Père, votre Iri's humble et tri's afToctionné serviteur. Fermât. 5. Je (-) serai bien aise de savoir le jugement de M'* de Roberval et de Pascal sur mon Isagoge topique et sur YAppendix ('), s'ils ont vu l'un et l'autre. 6. Et, pour leur faire envie de quelque chose d'excellent, il faut étendre les lieux d'un point à plusieurs in infiniium : comme par exemple, au lieu qu'on dit d'ordinaire : Trouver une parabole en laquelle, prenant tel point qu'on voudra, il produise toujours un même effet, je veux proposer : Trouver une parabole en laquelle prenant tels deux, trois, quatre. cinq, etc. points que vous i^oudrez, ils produisent toujours un même ejfel, et ainsi à l'infini. C'est chose que j'ai trouvée et plusieurs autres par l'aide de ces misérables méthodes qui passent pour sophistiques. Bien plus, je puis encore donner la résolution de cette question : Trouver autant de lignes courbes qu'on demandera, en chacune des- (') Il s'agil du fragment imprimé Tomo I, pages i36 à iSg, et pour lequel (page i36, noie 3) le uo avril i638 a été indiqué à tort comme date de la lettre d'envoi. Pour la communication antérieure à Beaugrand, voir Lettre XVIII, 5. (2) Le po.st-scriptum qui suit se retrouve imprimé, sauf le dernier alinéa, dans les Lettres de Descarte.s (éd. Clorselicr, III, page 383) comme Extrait d'une lettre de Fermât, inséré dans un envoi de Mersenne à Doscartes (du 28 avril ou du i"' mai iG38). Il s'y trouve précédé, dans le même Extrait, du premier alinéa de l'écrit Ceiiirum gravitatis parabolici coiioidis (Tome 1, pages i36 à 139), qui, comme on l'a vu dans la note précé- dente, fut envoyé par Fermât pour Roberval, dans la présente lettre à Mersenne. Il est clair que le post-scriptum était également destiné à Roberval. (') Tome I, pages 91 à 110. Ce passage prouve que \ Appeiulit est, comme Y Isagoge, antérieur à la publication de la Géométrie de Descartes. XXVI. — 20 AVRIL 1G38. 135 quelles prenanl tel nombre de points qu'on voudra, tous ces points ensemble produisent un même effet. 1- J'oubliois de vous dire, sur le sujet de la roulette (') de ^I. de Ro- berval, que je crois qu'il n'aura pas persisté en l'opinion qu'il avoit, de lui avoir donné un cercle égal. Je vous prie de le savoir de lui. XXVI. FERMAT A MERSENNE. MARDI 20 AVRIL 1638 (*). (D. III, 36.) Mon RKVÉr.END Pèhe, 1. Je vous suis extrêmement obligé du soin que vous prenez pour satisfaire ma curiosité, m'ayant bien voulu faire part d'une Lettre que je trouve très-excellente, soit pour la matière qu'elle contient, soit pour les paroles dont on s'est servi; c'est celle qui est signée Petit {^), qui est un nom inconnu pour moi, mais qui m'a donné un très grand désir d'être connu de lui; je serai ravi qu'il vous plaise de m'en donner le moyen, et j'ai cru que ni vous ni lui ne désapprouveriez pas la (') Mersenno avait parle à Fermât de la quadrature do la cycloïde, obtenue par Roberval. (2) L'annotateur anonyme de l'exemplaire des Lettres de Descartes de la Bibliothèque de l'Institut jirétend que la date ne s'applique qu'au post-scriptum et que le corps de la lettre remonte au 26 novembre 1637. Victor Cousin, dans son édition des OEwres de Det- caries (t. VI, p. 365), adopte la même opinion qui nous paraît insoutenable, car si C.lerse- lier a commis des confusions dans les lettres qu'il a publiées d'après les minutes non datées de Descartes, ces confusions ont résulté uniquement du désordre dans lequel se sont trouvées ces minutes à la suite d'un accident où elles ont failli être détruites. Mais la présente lettre était évidemment écrite (en copie par Mersenne) sur un seul feuillet et n'a pu souffrir aucun dérangement. (') Mersenne avait annoncé à Descartes cet écrit do Petit dans une lettre du 12 fé- vrier i638 (Lettres de Descartes, III, p. 190). Il le lui envoya le 12 mars (III, p. 889). 13() ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. liborle qiio j'ai prise d'i^HaccM' sur la lin tiiichiiics paroles qui iiiar- quoiont que ses objeeli(»iis coiilre la Dioptrique de M. Descaries éloienl plus fortes et moins sujettes ii répli(|ue que les miennes, ('e n'est pas (]ne j'en doulc puisque j'ai eonc^'u une très i^'rande opinion de son esprit; mais je dcsii'e. si vous l'agréez, d'être un pou mis ii l'écart, et de voir toutes ees belles dis|)ntes plutôt comme témoin (|ue comme partie. 2. A'^ius ajouterez une très grande obligation à toutes celles que je vous ai déjii, si vous me procurez la vue de ce Discours que l'auteur de celte belle Lettre promet touchant laréfraction. Et si j'osois espérer la communication des expériences qu'il a faites, peut-être y mêlerois- je de la géométrie, si je les trouvois conformes ii mon sentiment. J'at- tendrai cette satisfaction avec impatience, et vous renvoierai par le premier courrier son écrit, que je retiens pour en tirer copie. 3. J'attends aussi par votre faveur les réponses (^') que M. Descartes a faites aux difficultés que je vous ai proposées sur sa Dioptrique, et ses remarques (■) sur mon Traité de maximis et minimis et de tangentibus. S'il y a quelque petite aigreur, comme il est malaisé qu'il n'y en ait, vu la contrariété qui est entre nos sentiments, cela ne vous doit point détourner de me les faire voir; car je vous proteste que cela ne fera aucun effet en mon esprit, qui est si éloigné de vanité, que M. Des- cartes ne sauroit m'cstimer si peu que je ne m'estime encore moins. Ce n'est pas que la complaisance me puisse obliger de me dédire d'une vérité que j'aurai connue, mais je vous fais par là connoître mon hu- meur. Obligez-moi, s'il vous plaît, de ne différer plus à m'cnvoyer ses écrits, auxquels par avance je vous promets de ne faire point de ré- plique. 4. J'ai fort vu ces jours passés M. Despagnet, avec qui je vis de (') Lettres de Deuartes, éd. Clersclicr : Descaries à Mydorgc, 111, 42; lin de lu Icltrc 111, 57 (pi 3i2) à Mydorge. (') Foir ci-avant Lettre XXV. Mcrsenno aurait pu communiquer aussi dès lors à Fer- mal les autres lettres écrites à ce sujet par Descartos (Letlres de Descaries, éd. Clersc- licr : à Mersenne, III, 4>; à Mydorge, III, ^i\ à Mydorge, 111, 'J7). XXVI. - -20 AVRIL 1G38. 137 loiiE^ue main comme un ami intimo; s'il va à Paris, comme il espère, il vous dira qu'il est de mon avis en tous les petits Discours que j'ai faits, sans en exclure la Dioptrique. J'attends de vos nouvelles, et suis, etc. A Toulouse, ce io avril i638. 5. Quand vous voudrez que ma petite guerre contre M. Descartes cesse, je n'en serai pas marri et, si vous me procurez l'honneur de sa connoissance, je ne vous en serai pas peu obligé. (A ^ 6o) ('). 6. Outre le papier (-) envoyé à R(oberval) et P(ascal), pour sup- pléer à ce qu'il y a de trop concis, il faut que M. Descartes sache, qu'a- près avoir tiré la parallèle qui concourt avec la tangente et avec l'axe ou diamètre des lignes courbes, je lui donne premièrement le nom (|u'elle doit avoir comme ayant un de ses points dans la tangente,* ce qui se fait par la règle des proportions qui se tire des deux triangles semblables. Après avoir donné le nom, tant à notre parallèle qu'à tous les autres termes de la ([ueslion, tout de même qu'en la parabole, je considère derechef cette parallèle, comme si le point qu'elle a dans la tangente étoit en effet en la ligne courbe, et suivant la propriété spéci- tique de la ligne courbe, je compare cette parallèle par adêgalité avec l'autre parallèle tirée du point donné à l'axe ou diamètre de la ligne courbe. Cette comparaison par adêgalité produit deux termes inégaux qui cntin produisent l'égalité (selon ma méthode), qui nous donne la solution de la question. Et ce qu'il y a de merveilleux, est que l'opération nous indique si la (') Nous avons raltaché à la lettre du 20 avril 1038 le fragment suivant dont les copies par Arbogast portent sur le brouillon le titre : De iiKutimis et intnimi<:,par M. Fermât et la souscription : Fin; sur la mise au net, le titre : Sur la mélliode des tangentes, par Fermai. 11 a déjà été publié par M. Charles Henry (Recherches, pp. i83-i84) d'après le brouillon d'Arbogasl (Bibl. Nat. fr. n. a. 3280, f" rSy), lecpiel n'a d'ailleurs eu entre les mains ([u'une copie de Merscnne en partie indéeliiH'rable. ('^) Probablement la pièce insérée Tome I, pages iSC-iSg. Foir Lettre XXV Ois, 4. Fermât. — II. 18 i:î8 œuvres 1)1-: fkiîmat. - cohhespondance. lignô courlio ost t'oiivcxc ou concave, si la (aiigculc est parallèle à l'axe ou diamètre, et de quel côté clic fait son concours lorsqu'elle u'est pas parallèle; ce (|ui sérail trop long à décrire par le menu ('), et suffit de din> que nous trouvons des équations impossibles pour avoir pris le concours du mauvais c()té. etc., d(> sorte ([u'il paroit, même sans faire un plus grand discours, que l'équation se soudra aisément si le con- cours jteut exister et en aussi peu de temps (|u'on puisse imaginer. XXVII. DESCARTES A MERSENNE (-). LUNDI 3 MAI 1G38. • ■ (D, m, 60.) Mon Rr.vi':r>E>{n Père, 1. H y a déjà quelquesjours que j'ai reçu votre dernière du 26 mars, où vous me mandez les exceptions (^) de ceux qui soutiennent l'Ecrit (') A [larlir des mots el suffît, le Icxlc est conjectural. Le brouillon d'Arbogasl porte (les mois cil italique sont ceux pour ll^^squcls il a particulièrement hésité) : « Et suffit lors que nous trouvons des équations impossibles, nous ayons pris le con- cours du mauvais côté etc. de sorte qu'il paroît même sans faire un plus grand retour. que l'équation soit toujours aussi -ù le concours peut exister et en aussi peu de temp? qu'on ()uissc imaginer. » .Vrbogast a ajouté en note : « 11 me paroît que cette leçon est véritable, nous n'en avons pas mis la fin dans la copie au net, par ce que nous craignions do nous tromper. » ('■) Le texte de celle lettre a été corrige sur l'original, actuellement conservé à la Bibliothèque 'VictGr Cousin. (') Ces e.tceptions se retrouvent développées dans \ Escrit de quelques amis de Mon- sieur de Fermât, imprimé Lettres de Detcarles, éd. Clerselier, III, 58. Mais Descartes ne l'avait pas encore reçu {voir ci-après, Lettre XXI.K, 3); c'est donc à tort que la note de l'exemplaire de l'Institut, reproduite par Cousin (OEuvres de Descartes, t. VII, p. aS). assigne à cet Écrit la date du i5 mars i638. Il ne doit avoir été envoyé qu'en avril; Des- cartes répondit seulement à Mersenne par la lettre III, Sg de l'édition Clerselier; la date du i4 avril i6î8, indiquée |>our cette lettre par l'annotateur anonyme (OEufrcs de Des- cartes, éd. Cousin, t. VII, p. 35) est également trop reculée, Iloberval n'ayant pas encore eu connaissance de cette réponse le i"' juin i(i38. XXVII. - 3 MAI 1638. 139 (le M. Fermât de maximis etc. Mais elles ont si peu de couleur que je n'ai pas cru qu'elles valussent la peine que j'y répondisse. Toute- fois, pource que je n'ai point eu depuis de vos nouvelles et que je crains que ce ne soit l'attente de ma réponse qui vous fasse différer de ni'écrire, j'aime mieux mettre ici pour une fois tout ce que j'en pense, atin de n'avoir jamais plus besoin d'en parler. 2. Premièrement, lorsqu'ils disent qu'il n'y a point de muxinia dans la parabole ('), et que M. F. trouve les tangentes par une règle (lu tout séparée de celle dont il use pour trouver maximam, ils lui font tort en ce qu'ils veulent faire croire qu'il ait ignoré que la règle qui enseigne à trouver les plus grandes sert aussi i\ trouver les tangentes des lignes courbes : ce qui scroit une ignorance très grossière, à cause que c'est principalement à cela qu'elle doit servir; et ils démentent son Écrit où, après avoir expliqué sa méthode pour trouver les plus grandes, il met expressément : Ad superiorem methodiim inventionem tangentium ad data puncta in lineis guibuscumque curvis reducimiis (-). 11 est vrai qu'il ne l'a pas suivie en l'exemple qu'il en a donné fou- chant la parabole, mais la cause en est manifeste. Car, étant défec- tueuse pour ce cas-là et ses semblables (au moins en la façon qu'il la propose), il n'aura pu trouver son compte en la voulant suivre, et cela l'aura obligé à prendre un autre chemin, par lequel rencontrant d'abord la conclusion qu'il savoit d'ailleurs être vraie, il a pensé avoir bien opéré et n'a pas pris garde à ce qui manquoit en son raison- nement. 3. Outre cela, lorsqu'ils disent que la ligne EP, tirée au dedans de la parabole C), est, absolument parlant, plus grande que la ligne EB, (•) roir Lellro XXV, fig. 6o. L'objection do Descartes contre la règle de Fermât était que pour trouver la tangente BE au point B de la parabole, il fallait ehercher le maximum de BE, considéré comme droite a mener du jjoint E à la parabole. Roberval et Pascal repoussaient à bon droit ce raisonnement. {-) Voir Tome I, page i34, les deux dernières lignes. (3) Voir fig. 6o, page 127. Il faut supposer la droite EP menée de E à un point de la parabole plus éloigné que B par rap|>ort à E. liO ŒUVRES m: F K II M AT. COUHESPONDANCE. ils ne disent ricii (|ui serve à leur eaiise. Car il n'est pas requis ((u'elle soit la plus grande absoliinieiil |)ai'lan(, mais seulement (|u'elle soi( la plus grande sous eerlaines eonditions, comme ils ont eux-mêmes délini au eommencement de l'Eerit^') (|u'ils m'oni envoyé, où ils disenl (|ue eotle invention de M. F. est louchant Us plus grandes et les moindres lignes ou les plus grands et les moindres espaces rpte Fan puisse mener ou faire sous certaines conditions proposées. Va ils ne sauroient nier que la ligne EB ne soit la plus grande qu'on puisse mener du |)oint E jusques ii la parabole sous les conditions que j'ai proposées, à savoir qu'elle n'aille que jusques à elle sans la tra- verser, comme ils ont assez dû entendre dès le premier cou|). >Iais |)our faire mieux voir (|iie leur excuse n'est aucunement valable, je donnerai ici un autre exemple où je ne parlerai ni de tangente ni de parabole, et où toutefois la règle de M. Fer. manquera en même façon ((u'au précédent. Aussi bien vous vous plaignez quand je vous envoie du papier vide, et vous ne m'avez point donné d'autre matière pour rem- plir cette feuille. Soit donné le cercle BDN {fig- G2), et que le point E qui en est dehors soit aussi donné et qu'il faille tirer de ce point E vers ce cercle une ligne droite, en sorte que la partie de cette ligne qui sera hors de ce cercle entre sa circonférence et le point donné E soit la plus grande. Voici comment la règle donnée par M. Fer. enseigne qu'il y faut pro- céder. Ayant mené la ligne EDN par le centre du cercle et sa partie ED étant nommée B, et sa partie DN qui est le diamètre étant (', statuatur (') Écril [jcniu, envoyé [)ar Mcrsennc à Descarlos le 8 février i638. XXVII. - 3 MAI 1638. 141 (juilihel quœslionis terminus esse A ('), ce qui ne se peut mieux faire (ju'en menant BC perpendiculaire sur DN et prenant .4 pour CD. Et inventa maximâ etc. Pour trouver donc cette maximum, à savoir BE, puisque DC est A et DN est C, le quarré de BC est .4 in C — Iquad., et puisque DC est .4 et DE est B, le quarré de CE est Aq. + Bijf.-h A inZf bis, lequel joint au quarré de BC fait le quarré de la plus grande BE. qui est AiiiC -i- Bq. -H .1 in B bis. Ponatur nirsits idem qui prius terminus esse A + E, ilerumquc invc- iiiatur maxiina, ce qui ne se peut faire autrement, en suite de ce qui a précédé, qu'en posant A -^ E pour DC. Et lors le quarré de BC est C in ^ -t- C in £• — yl 7. — .4 in £■ bis — £"7. ; puis le quarré de CE est Aq. -4- A in £" bis + Eq. + Bq. + .4 in fi bis -1- ^ in fi bis, lequel, étant joint \\ l'autre, fait A in C H- ^ in C -(- Bq. + ,4 in fi bis -1- /Tin fi bis pour le quarré de la plus grande BE. Adœquentur. c'est-à-dire qu'il faut poser {\n(^ + Bq.-\-A in fi bis égala ,4 in C ^E\nC-hBq.+ A in fi bis 4- /-.'in fi bis. El (lemptis œqualibus (_-), il reste E'mC -\- E in B bis égal à rion, ce qui montre manifestement l'erreur de la règle. 5. Et afin qu'il, ne puisse plus y avoir personne si aveugle ((ii'il ne ('/ Descartes reprend successivement, comme dans la Lettre XXV, les dillérenles phrases du texte de la règle donnée par Fermât (Tome I, page i33). {-) Fermât aviiit tVd rommii/iibu.r (Tome I, p. i33, ligne 3 en remontant). li-2 ŒIVUES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. la voie, je tiirai ici on (|uoll{' sorte on la pcnt corriger, (lar, hien (|ne j'en aie touché un mot en ee (|ue j'ai écrit à M. IVÎvdorge ('), il v est néanmoins en telle t'a(;on (jue je ne désirois pas encore ([ue ton! le monde le put entendre. Promièroment doue ii ces mots el inventa maximâ. il est bon d'ajouter vel alla qiiâlibet ciijiis ope possit postea inaxima inveniri. Car souvent, en cherchant ainsi la plus grande, on s'engage en beaucoup de calculs supertlus. Toutefois cela n'est pas un point essentiel; mais le principal et celui qui est le fondement de toute la règle est omis en l'endroit où sont ces mots : Adœqucntitr duo homogenea rnaximœ aiil minimœ œqualia. lesquels ne signifient autre chose sinon que la somnu> qui explique maximani in tenninis suh A gradu iil libcl involiitis, doit être supposée égale à celle qui l'explique in tenninis siib A et E gradibus ut libel coef- ficientibits. Et vous demanderez, s'il vous plaît, à ceux qui la soutiennent, si ce n'est pas ainsi qu'ils l'entendent, avant que de les avertir de ce qui doit y être ajouté : à savoir, au lieu de dire simplement adœqaentur, il falloit dire : adœqnentiir tali modo, ut quantitas per istani œquaiionem inve- nienda sit qnidcm una, cùni ad maximum aut minimam refertur, sed una emergens ex duabus quœ per eamdem œquaiionem possent inveniri essentque inœquales, si ad minorem maximâ vel ad majorem minimâ referrentur (-). 6. Ainsi, en l'exemple que je viens de donner, ce n'est pas assez de chercher le quarré de la plus grande en deux laçons; mais outre c»da, il i'aiil dire : comme ce quarré, lors(|u'il esl .1 in C -\- Bq. -^ A'xwB bis, estai! même quarré, lorsqu'il esl /IinC-+-É'in6'H-/?7. + >i in/?bis + /?in/?bis, ainsi C'in A — Aq., qui est le quarré de BC, est à C\n A -h 6' in £" — Aq. — A in E bis — Et/., ([ui est aussi le même quarré. ( '; Lettres de Descaries, éd. Clerscller, III, 57, pai;o 3n6. (') Descarlcs essaye de raiiicncr la niclliode de Kermat à la sienne propre, c'est-à-diro à la recherche de la condition sous laquelle deux racines d'une équation deviennent égales. XXVII. - 3 MAI 1638. 143 Puis multipliant le premier de ces quarrés par le quatrième, on le doit supposer égal au second multiplié par le troisième, et après, en démê- lant cette équation suivant la règle, on trouve son compte, à savoir que CD est ^-r^ t;, comme il doit être. 1- Tout de même, en l'exemple de la parabole qui avoit été pris par M. F., et que j'avois suivi en mon premier Écrit ('), voici comme il faut opérer : Soit BDN {Jig. Go) la parabole donnée, dontDC est le diamètre, et (jue du point donné B il faille tirer la ligne droite BE, qui rencontre Fig. 6o. DC au point E et qui soit la plus grande qu'on puisse tirer du même point E jusques à la parabole : — à savoir au dehors de cette parabole, comme ceux qui ne sont point sourds volontaires entendent assez, de ce que je la nomme la plus grande. Je prends li pour BC et D pour DC. d'oii il suit que le côté droit est ^jj^, et sans m'arréter à chercher la plus grande, je cherche seulement le quarré de BC en d'autres termes que ceux qui sont connus, en pre- nant A pour la ligne CE, et par après en prenant A -h E pour la même : à savoir, je la cherche premièrement par le triangle BCE, car comme A est a B, ainsi A -h E est a ^ , (|ui par conséquent représente BC, et son quarré est .4^. in Bq.-h A in £"111 JJ q.b\s -^ Eq.'nx B(j. A^. ( ' ) Lettre XXV. lU ŒLiVlU:S DE FKHjMAT. - (.OIÎRESPONDANCK. puis ji' lii clicrclie par la paraltolc, car, quand KC est A-hE, DC est D -+- /•.', ri le (luaiTO île Bd est /it/.m D + fiq. in E T) ' (jui doit ôtro égal au précédout, à savoir .1 il) fi in Bq. bis + Eq. in Btf. , , Bq. in ^ D'où l'on trouve, on suivant la règle, que^, c'cst-;i-dire CE, est double de D, c'est-à-dire CD, comme elle doit être. Or il est à remarquer que cette condition qui éloit omise, est la même que j'ai expliquée {' ) en la page 3l^G, comme le fondement de la méthode dont je mosuis servi pour trouver les tangentes, et qu'elle est aussi (oui le fondement sur lequel la règle de M. F. doit être appuyée; en sorte que, l'ayant omise, il fait paroître qu'il n'a trouvé sa règle qu'il tâtons, ou du moins qu'il n'en a pas conçu clairement les principes. El ce n'est point merveille qu'il l'ait pu former sans cela, car elle réussit en plusieurs cas, nonobstant qu'on ne pense point à observer celte condition, ii savoir en ceux où l'on ne peut venir h l'équation (|u'en l'observant, et la plupart sont de ce genre. 8. Pour ce qui est de l'autre article, où j'ai repris la façon dont se sert M. F. pour trouver la tangente de la parabole, vous dites qu'ils assurent tous qu'il faut prendre une propriété spécifique de l'hyper- bole ou de l'ellipse pour en trouver les tangentes. En quoi nous sommes d'accord, car j'assure aussi la même chose et j'ai apporté expressément les exemples de l'ellipse et de l'hyperbole, qui con- cluent très mal, pour montrer que M. Fermât conclut mal aussi tou- chant la parabole dont il ne donne [loint de propriété spécifique. Car dédire (*) qu'il y a plus gi'ande proportion de CD ii Dl que du (') Geoincïric de Duscarles, ciJ. lIcriMiiiin, |}uges 30 et 37. (2) yoir Tome I, page i35, lignes 4 ù (J. XXVII. — 3 MAI 1638. W6 quarré do BC au quarré de 01, ce n'est nullement une propriété spé- cifique de la parabole, vu qu'elle convient à toutes les ellipses et à une infinité d'autres lignes courbes, au moins lorsqu'on prend le point 0 entre les points B et E comme il a fait, et s'il l'eût pris au delà, elle eût convenu aux hyperboles. De façon que, pour la rendre spécifique, il ne falloit pas simplement dire sumendo quodlihet punctum in recta BE, mais il y falloit ajouter sWe sumatur ilhid intra puncta B et E, sive ultra punctum B in. lineâ EB productâ. Et cela ne peut être sous-entendu en son discours, à cause qu'il y décrit la ligne BE comme terminée des deux côtés, à savoir, d'un côté par le point B qui est donné, et de l'autre par la rencontre du diamètre CD. Outre cela il falloit faire deux équations et montrer qu'on trouve la même chose en supposant El être .4 + E, que lorsqu'on le suppose être A — E. Car sans cela le raisonnement de cette opération est im- parfait et ne conclut rien. 9. Voilà sérieusement la vérité de cette affaire. Au reste, pour ce que vous ajoutez, que ces Messieurs qui ont pris eonnoissance de notre entretien ont envie de nous rendre amis, M. Fermât et moi, vous les assurerez, s'il vous plaît, qu'il n'y a personne au monde qui recherche ni qui chérisse l'amitié des honnêtes gens plus que je fais, et que je ne crois pas qu'il me puisse savoir mauvais gré de ce que j'ai dit fran- chement mon opinion de son Écrit, vu qu'il m'y avoit provoqué. C'est un exercice entièrement contraire à mon humeur que de reprendre les autres, et je ne sache point l'avoir encore jamais tant pratiqué qu'en cette occasion; mais je ne la pouvois éviter après son défi, sinon en le méprisant, ce qui l'eût sans doute plus offensé que ma réponse. .le suis, mon Révérend Père, Votre très humble et très affectionné serviteur. Descartes. Du 3 mai t638. Fermât. — II. ig U6 Œl VKKS DE FERMAT. COllRESPONDANCE. WVIII. BILLET AJOUTÉ A LA LETTRE PRÉCÉDENTE ('). Pour ontoiulro parfaitiMuonl la troisième (-) page de ma lettre, et par même moyen le déduit de la règle de M. de Fermât, il faut con- sidérer ces trois figures {/ig. G3) et penser que lorsqu'il dit : .S/«- lualiir idem qui prias terminus esse A -+- E, cela signifie qu'ayant posé EC pour .4 et El pour .1 4- E, il imagine El être égal à EC, comme on le voit (Ml la troisième figure, et que néanmoins il en fait le calcul tout de même que si elles étoient inégales, comme on le voit en la pre- mière et seconde figure, en cherchant premièrement EB par EC qu'il nomme A, puis EO par El qu'il nomme .4 -i- E. Fi-. 63. Et cela va fort bien, mais la faute est en ce qu'après les avoir ainsi calculées, il dit simplement : Adœquentur. Et on la peut voir claire- ment par la première figure où si l'on suppose la'ligne EO (') être égale à EB, il n'y a rien qui détermine les deux points B et 0 à s'as- sembler en un endroit de la circonférence du cercle plutôt qu'en l'autre, sinon que toute cette circonférence ne lut qu'un seul point, d'où vient que toutes les quantités qui demeurent en l'équation se trouvent égales à rien. Mais pour faire que ces deux points B et 0 ne se puissent assembler (') L'original de Va Lettre précédente a fait piirtie do la collection dos autographes de De.scarles anciennement conservée à l'Académie dos Sciences et volée par Libri. (lolui du fragment i]uc nous cotons XXVIII n'y figurait pas; il n'est donc connu que par Clerselier. («) Foir plus haut XXVII, 5. (') Addition en rnar^c : a Notez (jue je suppose ici que (;'est le point E qui est donné et non le point B. « XXIX. - !"■ JUIN 1638. IW qu'en un seul endroit, h savoir en celui où EB est la plus grande qu'elle puisse être sous la condition proposée, il faut considérer la seconde figure et, à cause des deux triangles semblables EGB et EIO, il faut dire : comme EC ou BC est à EB, ainsi El ou 01 est à EO; au moyen de quoi on fait qu'à mesure que la quantité EB est supposée plus grande, la quantité EO est supposée plus petite, à cause que les points E, B, 0 sont toujours là en même ligne droite. Et ainsi lorsque EB est supposée égale à EO, elle est supposée la plus grande qu'elle puisse être : c'est pourquoi on y trouve son compte. Et c'est là le fondement de la règle qui est omis. Mais je crois que ce seroit pécher de l'enseigner à ceux qui pensent savoir tout et qui auroient honte d'apprendre d'un ignorant (îomme je suis; vous en ferez toutefois ce qu'il vous plaira. XXIX. ROBERVAL A FERMAT. MARDI 1''' JllN 1638. {ra, p. i5/|-i:>5.) Monsieur, 1. Puisqu'il est vrai qu'il n'y a aucun contentement que je préfère à celui que je reçois de vos lettres, vous devez penser que les occupa- tions qui m'ont empêché de vous écrire depuis si longtemps, doivent avoir été bien pressantes, ayant eu la force d'interrompre notre entre- tien qui m'est si cher et si agréable. 2. Or, pour recommencer, je vous dirai que, si j'ai entrepris la dé- fense de votre Traité [de minimis et mciximis] contre les objections de r.S ŒUVRES DE l'EUMAT. - COUUESPONDANCE. M. Descartos ('), jo m'y suis senti (»i)lig(' ou |)hi(ùl nécessité par mou génif. (jui nt' \)onl soullVirciuo la vérilé soil laul soit peu obscurcie, tant s'en faut (|u'il endure (|u'oii la lasse passer pour ce (|u'elle a de plus coutraire, j'entends pour une fausseté accompagnée de paralo- gismes. C'est pourquoi j'ai grand besoin qu'au lieu de me remercier (-) comme vous faites, vous m'excusiez, tant pource qu'étant foible, j'ai osé entrer en lice contre un fort adversaire pour vous, que pource que je l'ai fait sans vous en avertir, vu que vous sembliez y avoir le prin- cipal intérêt. Mais, en elfet, c'est l'intérêt de la vérité et de tous ceux (|ui la chérissent : c'est pourquoi j'en ai fait le mien propre, et elle m'a paru si claire qu'elle m'a fait passer par dessus les considérations de ma foiblesse, à laquelle j'ai pensé que son évidence pourroit sup- pléer assez suffisamment, .l'espère que vous recevrez cette excuse et que vous me ferez l'honneur de croire que la connoissance que j'ai de votre mérite, m'a tellement acquis à vous, qu'elle m'a fait témoigner i-e zèle, quoique mon insuffisance seule l'ait pu rendre en quelque sorte indiscret. 3. M. Descartes n'ayant pas encore reçu uion Ecrit (') le 3 mai, ce qui est pourtant bien tard, a fait quelques objections nouvelles de peu de conséquence. Vous les verrez dans sa Lettre (*) que le Père Mer- senne vous pourra envoyer. Il veut trouver la tangente d'un cercle, persistant toujours (jue c'est la plus grande, sinon qu'il y ajoute qu'elle n'est la plus grande que sous certaines conditions : en quoi il s'enferre lui-même, voulant ré- futer votre Ecrit ('), qui [)arle de la plus grande absolument, par l'exemple d'une (jui n'est la plus grande que conditionairement. Il est vrai que, voulant la trouver absolument ou la moindre, el. pour ce faire, nommant le diamètre ND (^/fg. tJ4) C, DE ^, et DC ou ( ' ) Foir Lettre XXV. (') Dans une Lettre perdue. (') Lettres (le Descarte.t, vd. V,\cvscUp[', lit, 58. (») Lettre XXVll. (') Metliodiis ad disiiairciidtnii iiuixiiiuiin et i//i/ii»iniii, Tome I, |). i33 cl sui\'. XXIX. — 1" JUIN 1638. IW EC A, on tombe dans une absurdité que C+ B bis est égal à rien; et. si le point E étoit dans le cercle, C — B bis seroit égal à rien. Mais cette absurdité montre qu'il ne faut pas chercher le point B dans la circon- férence autre part que dans la ligne DN, savoir au point N pour la Fis. 6'.. plus grande et au point D pour la moindre : en quoi il est remarquable que C -h B bis est la somme de la plus grande et de la moindre, et C — B bis est leur différence. Mandez-moi quel est votre sentiment, car, n'ayant pas encore le loisir de considérer bien particulièrement le fonds de votre méthode et sa démonstration, il se peut être qu'elle ne contienne des mystères qui me sont encore cachés. 4. J'ai trouvé admirable le moyen (') par lequel vous l'appliquez aux paraboles et solides paraboliques pour en trouver les centres; mais, le voulant éprouver en la vraie parabole, j'ai trouvé qu'il falloit changer votre raisonnement qui n'est que particulier au conoïde par ( ' ) Ceiitrum grm'itfttis paraholici conoidh, lomc I, ]). 1 3G cl sui\'. J'oir I^pl tre XXV his, 4. 150 ŒUVRES !)[•: FERMAT.- CORRESPONDANCE. raboli(]U(\ car, ayaiil l'cspiu'c do la ligiio EO {Jîg. 65), vous pouvez l)itMi dire : eoiuiiie la iliU'i'reiice des quanés lA et AN osl au quané de AN, ainsi la ligne EO est à OM, ce que vous ue pouvez pas en la parabole même ( ' ), en laquelle, sui- vant ee raisoniuMuent. il Caudroil dire : comme la difféieiice de;? cubes de lA cl AN est au cube de AN, ainsi la didëreiice des quanés de EM ei MO est au ([uai-ré de MO, et cepeiidanl vous n'avez pas l'espèce ni de l'un ni de l'autre de ces quarrés. Au lieu desquels j'ai dit ainsi : il y a plus grande raison du cube lA an cube AN que du qunrré El au quarré 01, ce qui réussit, et en la parabole cubique j'ai dit : il y a plus giande raison du quarréquarré lA au quarréquarré AN que du cube El au cube 01, etc. Mais le raisonnement est autant ou plus beau et plus facile par les ligures qui restent, ayant ôté le plan parabolique du parallélogramme qui le comprend. J'ai promis à M. Mydorge de l'entretenir sur cette invention que je ne saurois assez admirer, et je m'assure que M. Pascal en fera ses ex- clamations ordinaires, si je puis la lui faire voir, comme j'espère (^), et à 31. Desargues. 5. Il faut aussi que M. Descartes la voie, afin qu'il nous en fasse voir les paralogismes et, puisque vous avez trouvé les tangentes de sa (') Koberval n'avait pas compris toutes les ressources de la méthode de Format. (2) Depuis quelque temps, Etienne Pascal avait attiré sur lui la colère de Richelieu et il se cachait, pour éviter une arrestation. XXX. — 1" JUIN 1638. 151 tigurc (' ), qui est une espèce d'ovale, il sera bon que vous lui en- voyez, ou nous, si vous le trouvez meilleur. Mais prenez garde que, par le même point donné, il peut y passer deux de ces ovales et par- tant y avoir deux tangentes, ce que j'espère que l'équation fera décou- vrir. 6. J'y travaillerois, mais je suis assuré que vous y réussirez mieux (juc moi, joint qu'il me faudroit être délivré de la roue à laquelle je suis attaché, ayant appelé du nom de roue le cercle qui roule avec les conditions que vous savez (^); et ayant donné un nom à la ligne courbe que décrit un point delà circonférence pendant une révolution entière, je démontre que l'espace compris de cette ligne courbe et de la droite qui lui sert de base, sur laquelle la roue se meut, est majus (lato qiiam in ratione, c'est à savoir que, de cet espace en ayant ôté l'espace de la roue, il y aura même raison du reste à la même roue que de la base de l'espace à la moitié de la circonférence de la roue. D'où il s'ensuit qu'en la roue ordinaire, de laquelle la base est esti- mée égale à la circonférence, l'espace dont il s'agit est triple de la roue; et si la base est double de la circonférence, l'espace sera quin- tuple de la roue; si triple, septuple : et ainsi en continuant par les nombres impairs. De tout ceci je vous envoierai par le premier courrier une brève dé- monstration, en attendant le Traité entier. Je suis etc. (') La courbe .r^-i- )-3= axy. — /'<«> Lettre XXV, 6, et ci-après, pièce XXXI, 3. — Il faut observer que, pour prendre à la lettre l'énoncé de Descaries et en l'absence de conventions précises sur l'interprélation des signes des coordonnées, Roberval devait rejeter les branches infinies de la courbe, comme ne faisant pas partie du lieu, et, au con- traire, y ajouter dans eliaquo angle autre que celui des coordonnées positives, un folium symétrique de celui que forme la courbe dans ce dernier angle. La figure d'ensemble du lieu, figure admise au reste par Descartes lui-même, justifie dès lors le nom do galand (nœud de ruban), que lui donna Roberval (voir, ci-après, Lettre XXXV). Dans la phrase ipii suit, ce dernier semble faire allusion au point double à l'origine. (-) Conditions de génération des cycloïdes. — ^oir Lettre XXV bis, 7. 152 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. XXX. FERMAT A MERSENNE ('). < JUIN 1638 > (A, f- 27, B, f° 26.) Mon Révérend Père, 1. .l'avois déjà fail 1111 mot d'rciit pour m'oxpluiiKT plus clairement à 31. Descartes, sur le sujet de ma méthode demaximis et minimis et de im'entione tangentiiim, lorsque votre dernière m'a été rendue, qui contient copie de la réplique (-) de M. Descartes. Je ne reste pas de lui envoyer ce que j'avois déjà fait ('), où il trouvera sans doute de quoi se désabuser de la croyance qu'il semble avoir, que j'ai trouvé cette méthode par hasard et que je n'en connois pas les vrais prin- cipes. 2. îl a déjà franchi qu'elle est bonne pour les tangentes, en se ser- vant d'une propriété spécitique des lignes courbes, ce qu'il di( < ne > pouvoir être sous-entendu en mon écrit latin; en elTet, je n'aurois ni sens commun, ni logique naturelle, si je croyois d'une propriété géné- rale en tirer des particulières. La méthode donc est bonne, au sens auquel je l'emploie pour les tangentes. Et n'importe de dire qu'il faut faire deux opérations, l'une par A-i-E, l'autre par A — E, car une seule suffit pour la construction, quoique la démonstration que je n'ai pas encore donnée, tire son principal fondement de ce que A -1- E fait la même chose que A — E. (1) Lettre inédite, envoyée à Mersenne avec la Pièce suivante XXXI. Mersenne adressa le tout à Descartes le 20 juillet i638. D'autre part, cette Lettre XXX fut écrite sur le vu de celle de Descartes à Mersenne, du 3 mai {ci-nvnnt XXVII), que le Minime n'adressa à Fermât qu'après le i'"' juin {voir Lettre XXIX, 3). Les deux Pièces XXX et XXXI sont in Erj. in A c. 3 -+- Bc. \n A c. — Bc. in Ec. — Bc. in A q. in £".3 -+- Bc. in A q. in Eq. 3 avec 7Vin/>iri /?in te— Vin Z) in 5 in £" in .47. — Vin B\\\ E\i\ .4 c. +./Vin fi in Eq. in .47. Otons les choses communes, savoir, du premier terme, De. in .4 c. H- fie. in .4 c, et du second, iVin D in B in 4c., qui sont égaux par la propriété de la ligne; — puisque les deux cubes De. et Bc, répondant aux cubes des deux lignes BC et BA, sont égaux au solide A' in D in U, qui répond à celui de la ligne donnée et des deux lignes BC et BA. — Divisons le reste par E et ôlons ensuite tout ce qui se trouvera mêlé avec E; restera enfin />7. in 4 1er + fi cm6. 1er égala A' in Z) in fi h- A' in fi in I, e( ainsi nous aurons /Vin Z> in fi = B euh. 1er />7. ter = Ain B égal à .4, ce qu'il falloit chercher. Nous avons mis, suivant la méthode de Viète(' ), deux lignes == [)our la marque du défaut, parce qu'il n'appert point, s'il n'a été dit d'ail- (') Vièie, la Arlom analyticen Isagoge, cap. iv, praic. n (éd. Scliooteii, Lcyde, El/.e- virs, 1646, page 5) : (I Ciim autem non pi-oponilur ulra magnitiido sit major vel minor, et tamon siibdm-tio D facionda est, nota dilleronliu3 est = id est, minus inccrto : ut propositis A qnadralo et 1) li piano. dilTerenlia erit A quadratum = B piano, vel B plannm = A quadrato. u 1S8 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. leurs, (iiioUo est la proportion dos doux liguos H ot D, ou bien BA et BC, données. Car il pont arriver que quelquefois, suivant la diversité dos proportions do D ol do D, la ligne eourbo sera oonvexo ol d'autres fois concave; quelquefois encore (|ue la tangente sera parallèle au dia- mètre BC; quelquefois enfin que le concours avec le dianiètro se fora de l'autre oôté, ce qui se détermine aisément par la méthode même, lorsqu'on nous donne la proportion des deux lignes données BActBG, comme il est très aisé de voir ot de faire comprendre. Lorsque je parle de la proportion des deux lignes données, j'entends leurs valeurs, en nombres ou sourds ou ralionaux; car autrement on sait assez que, deux lignes étant données, leur proportion est aussi donnée. 4. Il parait donc que ou je me suis mal expliqué ou que M. Doscartcs a mal compris mon Écrit latin ('); s'il veut que ce soit le premier, je ne le lui contesterai guère. Il s'est aussi trompé en ce qu'il a cru que, pour appliquer la méthode de maximis et minimis à l'invention des tangentes, il falloit chercher une ligne, comme AD {fig. 69), menée, Fig. fio- du point A donné, sur le diamètre, en telle sorte que AD soit la plus grande qui puisse être tirée du point D à la courbe. M. de Roberval (^) lui a déjà fait voir la raison de son mécompte, duquel il a voulu tirer cette conséquence, que la méthode de maximis et minimis étoit fautive et avoit besoin d'être corrigée, en quoi il s'est aussi bien trompé qu'au reste. 5. Mais pour lui marquer de quelle façon la méthode de maximis et minimis peut être appliquée à l'invention des tangentes, la voici : (') Aletliodiis ad diaquircnâdm maxunum et inininiani. Tome I, Jiagc l'iS. (') LeUrcK de Dcscarte.i, éd. Clcrselier, III, 58. XXXI. JUIN 1638. 1.59 Le point A étant donné, il tant avoir recours, non pas admaximaiii. puisqu'on ne trouvcroit que l'intini, mais ad minimam. Cherchons donc le point 0 dans le diamètre, de telle façon que la ligne OA soit la plus courte qui puisse être tirée du point 0 à la courbe. Le point O étant trouvé par la méthode, joignez les deux points 0 et A par la ligne OA, et tirez la ligne AD perpendiculaire sur OA. Je dis que la ligne AD touchera la courbe, < ce > dont la démonstration est aisée. Car si AD ne touchoit pas la courbe, une autre droite la toucheroit au point A, laquelle fera son concours au dessus ou au dessous de D, et tous ses points seront hors de la courbe, et elle fera des angles iné- gaux avec OA au point A. Si donc, sur cette touchante supposée, du point 0 l'on tire une perpendiculaire, elle ne rencontrera pas la tou- chante au point A, mais au dessus ou au dessous, et elle coupera la courbe plus tôt que d'arriver à la touchante. Donc la partie de cetic perpendiculaire comprise entre le point 0 et la courbe sera plus courte que la perpendiculaire, et la perpendiculaire étant plus courte que OA. à cause de l'angle droit, il s'ensuivra que la ligne comprise entre la courbe et le point 0, faisant partie de la perpendiculaire, sera plus courte que OA, laquelle pourtant nous supposons la plus courte île toutes celles qui du point 0 peuvent être menées à la courbe. Que si la ligne Cx\ {fig- 70) est convexe en dehors, soit la taii- Fig. 70. gente DA sur laquelle soit tirée la perpendiculaire AO. Il paroit par la construction que AO est la plus courte de toutes celles (jui du point 0 sont menées à la courbe, de sorte qu'en cherchant le point 0, le point A étant donné, on trouve aisément la tangente. 160 ŒIVUES DE FERMAT.- C0RHES{M)NI)AN(;E. 6. Il reste doiio de chcwhcr le point 0 par la méthode. Soif par exemple la parabole donnée CIA {ûg. G7) .*///■ laquelle le point A soit donné. Je veux chercher le point 0, en sorte que OA soit la plus courte de toutes celles qui du point 0 peuvent être menées à la para- bole. Fig. 67. BC, comme ci-devant, s'appellera D, et BA s'appellera B, le côté droit de la figure, Z, donné, puisque la parabole est donnée. Supposons que OB soit .4. Donc le quarré OA en notes sera Aq. -+- Bq. Prenons maintenant, au lieu de la ligne A ou OB, OF ou A -+- E. Si du point F nous menons l'appliquée FI, son quarré sera en notes Z'xnD— Z\n h\ lequel, ajouté au quarré de OF, fera ^«7.4- Eq. + A in £'bis + Zin /) — Zin Ë, et celte somme fera le quarré de 01, lequel doit être plus grand que celui de OA, puisque son côté est supposé plus grand que OA. Compa- rons donc en notes, par adéquation, les quarrés 01 et OA. Nous aurons d'un côté Aq.+ Bq., et de l'autre Aq.-^ Eq. + ^ in E h\i +Zin D — ZinE. Otons les choses communes; la comparaison restera entre Eq.-\- Am E bis d'un côté, et Zin E de l'autre; car Bq. est égal, par la propriété de la parabole, à Zin D. XXXI. — DE iMAXIMlS ET MINIMIS. 161 Divisons le tout par E, et du reste ôtons le même E : A bis sera égal à Z, et partant .4 ou OB sera égal à la moitié du côté droit de la parabole, et la tangente est trouvée. T. C'est ainsi que j'appliquois ma méthode pour trouver les tan- gentes, mais je reconnus qu'elle avoit son manquement, à cause que la ligne 01 ou son quarré sont d'ordinaire malaisés à trouver par cette voie; la raison est prise des asymmétries qui s'y rencontrent aux ques- tions tant soit peu difficiles, et qu'on ne peut éviter, puisque, sur D — E en notes, il faut donner un nom à FI aussi en notes, ce qui est souvent très malaisé. La méthode de M. Descartes n'ôte pas non plus tous les inconvé- nients, car obligeant à mettre \jss — vv + i9y — y y au lieu de js e( le quarré de cette somme au lieu de xx, et son cube au lieu de x'\ et ainsi des autres, — c'est ainsi qu'il parle (') page 342, — si on lui propose de trouver la tangente à une courbe, en sorte que, faisant en sa figure MA égal à r et CM à x, on ait l'équation suivante qui explique le rapport qui est entre x et r, t j9 _|- 63 ,.7 ^ 1,-0 y-. _^ 1,1 yi _,_ 1,'Sy ^ .,. lU _ J^9 _ f/S ^.T _ ^3^3 _ f/7^3_ ^/9 ^.^ il me semble qu'il lui sera 1res malaisé de se desembarrasser des asvm- métries qui se rencontrent en cette question et autres semblables et plus difficiles encore, si on veut, à l'infini; ce que je serai bien aise qu'il prenne la peine d'essayer. 8. Puisque donc ces deux méthodes paroissent insuffisantes, il en falloit trouver une qui levât toutes ces difficultés. Il me semble avec raison que c'est la première que j'ai proposée, car CF restant toujours I) — h, et FK, ^ > je ne vois rien qui (1) Géométrie de Descartes, éd. Hermann. Paris, 1886, page 33, au bas. — Dans la Bguro, A est le sommet d'ime courbe, AM l'abscisse, MG l'ordonnée courante; Fermât note d'ailleurs exactement les coordonnées comme l'avait fait Descartes. Fermât. — 11. 21 162 ŒUVUES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. ompècho ([iroii ne puisse lo comparer, en prenaiil, si vous voulez, I) — h pour V et -. pour x, saus renconirer jamais une seule asymméirie. en quoi eonsisle la facilité e( la pert'eclion de lette niélliode. 9. Ou pourroit ensuite chercher la converse de cette proposition et, la propriété de la tangente étant donnée, chercher la courhe à qui cette propriété doit convenir : à laquelle question aboutissent celles des verres brûlants proposées par M. Descartes. Mais cela mérite un discours à part et, s'il l'agrée, nous en conférerons quand il lui plaira. Je désire seulement qu'il sache que nos questions de maxbnis et mi- nimis et de tangentihiis lineariim ctavariim sont parfaites depuis huit ou dix ans et que plusieurs personnes qui les ont vues depuis cinq ou six ans le jieuvent témoigner. S'il désire voir l'application (') que je fais de cette môme méthode pour trouver les centres de gravité des espaces compris des lignes courbes et de leurs solides, je la lui ferai voir et lui proposerai cepen- dant, s'il l'agrée, de trouver le centre de gravité du conoïde qui se fait lorsque la demie parabole CBA est tournée sur son appliquée BA, et celui aussi de toutes ses portions, comme aussi la proportion qu'elles ont aux cônes de même base et de même hauteur (-). (') Centruin pnrabolui conoitlis, Tomo I, p. i36. , {--) fuir Lettres IX, 7; XIII, 6; XV, 5. XXXII. - 27 JUILLET 1638. 1C3 XXXII. DESCARTES A FERMAT ('). MARDI 27 JUILLET 1C38. (D. Iir, G3.) jMonsielu, Je n'ai pas eu moins de joie de recevoir la Lettre (') par laquelle vous me faites la faveur de me promettre votre amitié, que si elle me venoit de la part d'une maîtresse dont j'aurois passionnément désiré les bonnes grâces : et vos autres écrits qui ont précédé me font sou- venir de la Bradamantc de nos poètes (/"), laquelle ne vouloit recevoir personne pour serviteur qui ne se fût auparavant éprouvé contre elle au combat. Ce n'est pas toutefois que je prétende me comparer à ce Roger qui étoit seul au monde capable de lui résister; mais, tel que je suis, je vous assure que j'honore extrêmement votre mérite. Et voyant la der- nière façon (*) dont vous usez pour trouver les tangentes des lignes courbes, je n'ai autre chose à y répondre, sinon qu'elle est très bonne et que, si vous l'eussiez expliquée au commencement en cette façon, je n'y eusse point du tout contredit. Ce n'est pas qu'on ne pût proposer divers cas qui obligeroient à chercher derechef d'autres biais pour les démêler, mais je ne doute point que vous ne les trouvassiez aussi bien que celui-là. Il est vrai que je ne vois pas encore pour quelle raison vous voulez (') I.cllrc adressée par l'inlermédiairo do Mersenne, en même temps que celle de Des- cartes au Minime de la môme date (Clersclier, !II, 66), dont l'original (Bibl. Nat. fr. n. a. 5iGo, f° 1 i V") porte en marge ces mots : « Je vous enuoye ma lettre pour M. de Fermât toute ouuerte, mais vous la fermerez s'il vous plaist auant que de lui enuoyer pour la bienséance. » (-) Lettre perdue. (') Expression quelque peu singulière, puisque Bradamantc et Roger appartiennent à VOrlaiido inamorato de Bcrni et à Y Orlando j'urioso de l'Arioste. (') Fo//- Pièce XXXI. 16i ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. (|iit' voIrc itrciniiM'o règle, pour clicrclicr les pins grandes cl les iiKtin- (liTS. so puisse appliciuer à l'invciilion de la laiigenle, en considérant la ligne (|ni la eonpe à angles droils eoninie la plnsconrle, [dulôl qu'en eoiisidéranl eelte langente comme la plus grande, sous les conditions qui la rendent telle. Car. |)cn(lan( qu'on ne dit point la cause pourquoi elle réussit en l'une de ces façons [)lutot qu'en l'autre, il ne sert de rien de dire que cela arrive, sinon pour faire inférer de là que, même lorsqu'elle réus- sit, elle est incertaine. Et, en efl'et, il est impossible de comprendre tous les cas qui peuvent être proposés dans les termes d'une seule règle, si on ne se réserve la liberté d'y changer quelque chose aux oc- casions, ainsi que j'ai fait en ce que j'en ai écrit, où je ne me suis as- sujetti aux termes d'aucune ri'gle, mais j'ai seulement expliqué le fon- dement de mon procédé et en ai donné quelques exemples, afin (juc chacun l'appliquât après, selon son adresse, aux divers cas qui se pré- senteroient. dépendant je m'écarte ici, sans y penser, du dessein de cett(i Lettre, lequel n'est autre que de vous rendre grâces très humbles de l'offre qu'il vous a plu me faire de votre amitié, laquelle je tâcherai de mé- riter, en recherchant les occasions de vous témoigner que je suis pas- -ionncment, etc. XXXIII. FERMAT A MERSENNE. MARDI 10 AOUT 1038. (A, ("' 21- 23, B, f 3,', V».) ^ioN Révèrf.M) Pèhe, 1- Je ne vous écris à ce coup que pour vous remercier très humble- ment de la peine que vous prenez à me faire pai'l des cui'iosilcs qui tombent en vos mains. XXXllI. - 10 AOUT 1G38. JGo Je vous renvoie votre Ecrit Harmonique (' ), duquel je vous dirai une autre fois pleinement mes sentiments. Maintenant je me trouve sur le point d'aller à la campagne, pour une commission de ma charge, d'oîi je n'aurai nulle commodité pour vous écrire, de quoi je vous demande pardon par avance, vous conju- rant de ne rester pas pour cela de m'écrire par tous les courriers; car j'ai baillé ordre pour faire que vos lettres me soient rendues, lesquelles vous mettrez au bureau en la forme ordinaire. 2. J'attends surtout avec impatience de voir rétracter M. Descartes du jugement qu'il avoit fait de ma méthode, et de l'impossibilité qu'il s'étoit figuré qu'elle avoit, pour résoudre la question de sa figure, de laquelle, sans doute, il a maintenant vu les tangentes (-). 3. Vous direz, s'il vous plait, ii M. de Roberval, que j'ai trouvé celle (') qui lui manquoit pour les connoitre toutes, et que je satis- ferai ii ses autres questions à mon retour. 4. Pour les nombres des parties aliquotes ('), si j'ai loisir, je met- trai par écrit ma méthode analytique sur ce sujet et vous en ferai part. Je trouve que M. Frenicle se tient fort caché et ne veut pas découvrir son artifice. Je n'en fais pas de même, car vous savez assez avec quelle liberté j'étale toutes mes pensées. (') Les Lcllres qui suivent ne renferment rien au sujet de cet Écrit Harmonique, qui devait ôlre, non pas de Mcrscnne, mais d'un de ses correspondants, peut-être Bannius, de Harlem {Lettres de Descnrtes, éd. Clersclier, III, C8, p. 3g3), peut-être Gandais {ihid.. II, 97, p. 418)- (-) Koir Pièce XXXI, 3. — Fermai n'a pas encore reçu la lettre de Descartes, XXXII. (3) roi'r LeUre XXXV, 2. (*) F'olr page i54, note i. — Dès le i"mai i638 {Lettres de Descaries, éd. Cleree- lier, III, 68, p. 392), Mersenne avait demandé à Descartes une règle pour trouver des nombres ayant un rapport donné avec la somme de leurs parties aliquotes. Le 1 3 juillet {ihid.. Il, 89, p. 388), Descartes avait envoyé au Minime sept nombres satisfaisant à cette condition pour les rapports \ ou i. Frenicle fit faire à ce sujet une Communication à Des- cartes {ibuL, II, 92, Lettre de Descartes à Mersenne du i5 novembre i638, p. 408-409), et lui adressa ensuite directement une Lettre, à laquelle Descartes répondit {ihid., II, 95). l(iG' ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. 5. Ji' lirai le Galiloi {') vn mon voyage, à quoi je n'ai pu encore vaquer, à cause des occupations de la tin du Parlement. Souvenez-vous de m'écrire. bien ([ue vous ne receviez pas de mes lettres, et croyez- moi, mon Révérend Père, A'oire très humble serviteur, Fermât. A Toulouse, ce lo août iC>38. <^ P. -S. > 6. En relisant une de vos Lettres, j'ai trouvé que vous nie demandiez ma pensée sur la question 2.5 des Méchaniques d'Aris- lote (-). Si vous cherchez parmi vos j)apiers, vous trouverez que je vous l'ai envoyée, il y a longtemps, tout au long. 7. Pour les centres de gravité, il y a plus de deux ans que je les ai envoyés ii M. de Roberval, des ligures mêmes auxquelles 31. Des- cartes (^) dit les avoir trouvés et desquelles on peut dériver tous les autres. Car celui de la parabole quarrée, qui est l'ordinaire, divise l'axe en deux parties qui sont comme 3 à 2; la cubique, comme 4 à 3; 1 ') Les Discursi imprimas à Leydo en iG38. roir page 112, note i. (2) « On demande pourquoi doux cercles, l'un plus grand, l'autre plus pelil, placés » concentriquement, parcourent des longueurs égales lorsqu'on les fait rouler ensemble, » tandis que les longueurs parcourues par les cercles roulant isolément sont dans le rap- » port de grandeur (des diamètres) des deux cercles; pourquoi, d'autre part, quand ils » sont adaptés concentriquement, la longueur parcourue dans le roulement est égale )) tantôt à colle que parcourrait le petit cercle roulant seul, tantôt à celle que parcourrait » le grand cercle. » Dans les explications qu'il donne à ce sujet, Aristote admet que la longueur parcourue par un cercle qui roule est, après un tour complot, égale à la circonférence do ce cercle ; mais il n'arrive pas à définir cinôtiqucmenl le glissement, et fait intervenir dos considéra- tions dynamiques qui sont en réalité étrangères à la question. (3) Leitrct r/e Devcartes, éd. Clerselier, II, 89, Lettre à Mcrsenne du i3 juillet iG3S, pages 38G-387. — Fermât avait énoncé la règle générale, |)our trouver le centre de gra- vité d'une aire de parabole do degré quelconque, dans sa Lettre à Roberval du 4 novembre i636(w//-.XV,5). XXXIV. - Il OCTOBRE 1638. IC7 la quarréquarrée, comme -3 à 4; la sursolide, comme 6 à 5, et ainsi ii l'infini. Et ce que vous trouverez de plus merveilleux, c'est que ces ques- tions se trouvent par ma méthode de maximis cl minirnis ('), comme 3F. de Roberval vous fera voir, et à M. Descartes. XXXIV. DESCARTES A FERMAT (-). < LUNDI 11 OCTOBRE 1638 > (D, ni, 6^). Monsieur, 1. Je sais bien que mon approbation n'est point nécessaire pour vous faire juger quelle opinion vous devez avoir de vous-même, mais si elle y peut contribuer quelque chose, ainsi que vous me faites l'hon- neur de m'écrire ('), je pense être obligé de vous avouer ici franche- ment que je n'ai jamais connu personne qui m'ait fait paroître qu'il sût tant (|ue vous en Géométrie. 2. La tangente de la ligne courbe que décrit le mouvement d'une roulette, qui est la dernière chose que le Révérend Père Mersenne a pris la peine de me communiquer de votre part, en est une preuve très assurée. Car, d'autant qu'elle semble dépendre du rapport qui est ('^ Foir l'Eci'it Centrum gravitai ia parabolici coiioidis, Tomo I, page ijG. (2) Dans une Lettre à Mersonne du i5 novembre i6'38, Descaries (éd. Clcrselier, 11, 91, p. 406-407) dit lui avoir adressé une Lettre pour Fermât cinq semaines auparavant, dans un paquet qui devait arriver à Paris environ la mi-octobre. Il s'agit évidenmient de celle- ci, qui a donc été mal datée du a5 septembre par l'annotateur anonyme do rcxemplairc de l'Institut. (^) Dans une Lettre perdue. 168 ŒLVUKS ])!•: KKUMAT. - COU U KS IMMNDANCE. cntiv une ligne dmito cl une cii'cuhiiiv. il n'es! |)as aisé d'y a|)pli(|iUM- les règles qui sei'von( aux autres, et M. de Roberval qui l'avoit propo- sée, qui est sans doute aussi l'un des premiers géomètres de notre siècle, eontessoil ne la savoir pas e( nuMue ne eonnoilre au('un moyen pour y parvenir ( ' ). Il est vrai qnt^ de|)iiis il a dil aussi «[u'il l'avoit trouvée, mais e'a été justement le lendemain, apri-s avoir su (juc vous et moi lui envoyions, et une marque certaine ([u'il se mécomptoit est ([u'il disoit avoir trouvé en même temps que votre construction étoit fausse, lorsque la base de la courbe étoit plus ou moins grande que la circon- l'érencc du cercle : ce qu'il eiit pu dire tout de même de la mienne, sinon qu'il ne l'avoit pas encore vue, car elle s'accorde entièrement avec la vôtre {-). 3. Au reste. Monsieur, je vous |)rie de croire que, si j'ai témoigné ci-devant n'approuver pas tout-ii-f'ait certaines cboses particulières qui venoient de vous, cela n'empêche point que la déclaration que je viens de faire ne soit très vraie. IMais comme on remarque plus soigneuse- ment les petites pailles des diamans que les plus grandes taches des pierres communes, ainsi j'ai cru devoir regarder de plus près à ce qui venoit de votre part que s'il lût venu d'une personne moins estimée. Et je ne craindrai pas de vous dire que cette même raison me con- sole, lorsque je vois que de bons esprits s'étudient à reprendre les choses que j'ai écrites, en sorte qu'au lieu de leur en savoir mauvais gré, je pense être obligé de les en remercier. Ce qui peut, ce me semble, servir à vous assurer que c'est véritablement et sans fiction que je suis, etc. (') Lettres de Dcxcartes, éd. Clcrselier, III, 05, p. 33o. — Dans coUo LcLlro à Mer- senne, du 23 août i638, Descartes donne, pour la tangente en un point donné d'une cy- cloïdc ordinaire, allongée ou raccourcie, la construction fondée sur la considération du centre instantané de rotation. ( 2) Cp. Lettres de Descartes, II, gi, p. 4oo-4oi. — La construction de Format, jiour la tangente à la cycloïde, fut envoyée par Mersonnc à Descartes le ii septembre i638. — Foir, pour celte construction. Tome I, p. i63. XXXV. - 22 OCTOBRE 1638. 1C9 XXXV. FERMAT A MERSENNE. VENDREDI 22 OCTOBRE 1638. (A, f-39-44; B, f-io--i2-.) , 1- Je reprends le style géométrique après vous avoir parlé d'af- faires ('). Premièrement, je vous renvoie le sentiment de M. Descartes sur la Géostatique (-), et vous conjure de me faire part de tout ce que vous avez de lui. 2. Après cela, je satisferai à la question de la tangente du galand parallèle à Vaxc ('), c'est-à-dire qui fasse un angle de 4^ degrés avec la droite donnée par position. Pour satisfaire à cette question, qui semble d'abord malaisée et qui l'a paru à M. de Roberval, car je n'ai pas encore vu la solution de M. Descartes (^), je me suis servi de la méthode de mon Appendix ad locos {'), de laquelle l'usage en plusieurs rencontres est miraculeux, pour éviter les asymmétries et cette longueur d'équations qui sem- blent ne devoir jamais prendre fin. Soit donné le galand NSQR {fig- 71). la droite donnée par position DNOP, et la ligne Z donnée de grandeur. La propriété du galand est que, quel point que vous preniez, comme ( ' ) Le commencement de cette Lettre inédite est perdu. {-) La Lettre de Descartes à Mersenne (éd. Clerselier, I, 78) du i3 juillet i638 : Exa- men de la question, savoir si un corps peso plus ou moins, étant proche du centre de la terre, qu'on étant éloigné. (3) Foir Lettre XXXIIl, 3. — C'était Roberval qui avait posé cette question, après avoir donné le nom de galand (nœud de ruban) à la courbe proposée par Descartes et dont il avait étudié la forme. (*) Cette solution se trouve dans la Lettre de Descartes à Mersenne du 23 août i638 (éd. Clerselier, III, 65, p. 354-357). Comparez la Lettre du i5 novembre (Clerselier, II. 92; Cousin, VIII, p. G). (5) Tome I, page io3-iio. Fermât. — U. 22 170 ŒUVRES DE FEUMAT. - CORRESPONDANCE. S ou H, le solide sous Zin NO in OS est égal aux deux cubes NO et OS; ou bien le solide sous Z in NO in OR est égal aux deux cubes NO et OR. 11 faut trouver la tangente SD, par exemple du côté d'en haut, qui fasse l'angle SDO égal à la moitié d'un droit. Fig. 7>- Soit fait. Par ma méthode des tangentes ('), si NO est appelée /), et OS, B, la ligne OD sera égale ii Bctib.hh — Dcuh. Z m B — Dr] . \ev ' et si la tangente étoit du côté d'en bas, la ligne OD seroit égale à D cub. — B cub. bis Dq.ier — ZinB Mais nous n'avons besoin que de la première équation, puisque nous ne travaillons qu'au premier cas. Supposons que NO, inconnue, s'appelle .4, et que OS s'appelle E, nous aurons, pour la ligne OD, E cub. bis — A cub. Z\nE — A(]. 1er Or, puisque l'angle D est demi-droit et que l'angle 0 est droit, les lignes OD et OS seront égales; il faudra donc qu(^ Ecub.b'x?, — A cub. . . , , „ —^. — = j — ; soit égal a E, Z\n E — Aq. ter et, par conséquent, E cub. bis — A cub. sera égal à Z in Erj. — Aq. in E 1er. f«) foj> Pièce XXXI, 3. XXXV. — 22 OCTOBRE 1638. 171 Or, par la propriété de la ligne, Acitb. est égal à Z\{\A\\\E — Ecub. Nous aurons donc (') E cub. — ZinAinE ég:al à Zin Eq. — Ac/.\n E 1er. Divisons le tout par E, nous aurons E(j. — Z in A égala ZinE — Ag.ler, et enfin Eq. — Z\n E égala Z\i\ A — Aq. \e\\ Et partant, nous avons un lieu elliptique, et le point S est ad cUipsin posUione datam; sed est etiam ad curvam posilione datant. Ergo dalur par l'intersection de ces deux lieux et par ma méthode topique (^). Par la même facilité on fera la résolution du second cas. Mais, pour rendre la proposition générale, vous pourrez, par la même méthode, faire l'angle D égal à tel angle que vous voudrez, ou bien, ce qui est la même chose, faire que la ligne DO soit ;i la ligne OS en proportion donnée. En voilà, à mon avis, assez pour vous témoigner que je ne tiens pas caché ce que je sais. 3. Pour la tangente de la roulette ('), bien loin d'en faire un mys- tère, je vous veux faire comprendre qu'il n'y a point de question de cette matière qui puisse m'échapper. Vous saurez donc que cette même méthode dont je me sers pour les tangentes des lignes courbes, lorsque leurs appliquées ou les portions de leur diamètre ont relation à des (') Fermât commet ici une faute de calcul. Les premiers termes des équations sui- vantes devraient être E cub. ter; E(/. ter; Eq. ter. Le lieu est donc un cercle ot non un ellipse. (2) ;^o(> plus loin 9, une seconde solution, également imparfaite. Fermât n'a pas re- connu, comme l'avait fait Descartes, que le problème particulier est plan; il n'avait, semble-t-il, cherché que des méthodes générales. (3) Folr Lettre XXXIV, 2. 172 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. ligiios droites, luo sort aussi, avec un peu de chaugeiueut pris île la nature de la chose, à trouver les tangentes des courbes dont les appli- quées ou les portions de leur diamètre ont relation à d'autres courbes. 4. .le vous en ai déjà fait voir l'exemple en la roulette. En voici nn autre en i< (*) yoir plus haut, 2. XXXV. - 22 OCTOBRE 1638. 175 Supposons que Z (yfig. 76), le côté droit du galand, est iuconnu, et que AD est une ligne donnée nommée B, que DB est inconnue, nom- mée A. Donc le côté droit sera A cub. -+- B euh. B\\\ A Par ma méthode des tangentes, la ligne DN qui concourt avec la tangente sera BK'CiA cub. bis — Bqq, A cub. — B cub. bis laquelle il faut faire égale à A. Nous aurons donc Aqq. — B cub.\nAh\s égala B in A cub. b\s — Bqq., et enfin B\n A cub.his + B cub.'in Ah'is — A qq. égala Bqq., laquelle équation, pour trouver la valeur de /l, se peut résoudre ou par ma méthode topique, ou par telle autre qu'on voudra. Or, A étant connue, le côté droit Z sera connu, et si le galand donné est différent de celui-ci, il faudra faire : comme le côté droit de celui-ci à la ligne AD ou B donnée, ainsi le côté droit du galand donné à une autre ligne qui déterminera un point semblable au point D, et la question est faite. S'il y a manque en la supputation, vous la corrigerez, car je n'ai pas seulement le loisir de relire ma lettre. 176 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. 10. INnir Galiloo {' ), j'avois commencé do l'examiner par le menu, et, si j'ai ilii loisir assez, je continuerai. Lorsqu'il parle de la proportion de la vitesse en la descente qui se fait en u\\ même on divers milieux par des corps difl'érents, vous trou- verez que son expérience qui précède contredit sa ri'gle (|ni suit. Je vous entretiendrai une autre fois plus à loisir, bien que l'oisiveté de la campagne vous ait présentement fait voir une lettre plus longue que je n'avois desseigné. Je suis, mon Révérend Père, votre très humble serviteur, Yv.UMXT. Ce 22 octobre t638. 11- Puisque mes deux vers (-) ont eu votre approbation, en voici deux autres de même main qu'on estime ici plus que les premiers et desquels vous me direz, s'il vous plaît, votre sentiment : Optato patriam affliclam Delphine boavit Kcx .lustus : nunqiiam juslior ille fuit. XXXVI. FERMAT A MERSENNE ('). DIMANCHE 26 DÉCE.MBRE 1638. (A, f- 23-24; B, f° 25 v.) 1. Pour les nombres, je peux trouver par ma méthode toutes les questions des parties aliquotes (''), mais la longueur des opérations me rebute et la recherche des nombres premiers, à laquelle toutes ces ('» roi> Lettre XXXIIl, 5. (') Ces vers de Fermât ne sont pas connus. (') Celle Pièce est un extrait d'une Lettre perdue, déjà publié par .M. Charles Henry {Rcclierchc.i, etc., pp. 177-178) d'après le brouillon d'Arbogast, qui déri\o d'une copie de Mersenne. {<•) rotr Lettre XXXIIl, 4. XXXVI. - 26 DECEMBRE 1638. 177 questions aboutissent. Sur lequel sujet je ne sais point de méthode que la vulgaire, sinon qu'il suffît de faire la division jusques à la plus petite racine quarrée du nombre donné, car si on n'a point trouvé de diviseur jusque là, on n'a garde d'en trouver de plus grands, pource que leur quotient seroit moindre que la racine quarrée, ce qui est impossible, par l'expérience qu'on aura déjà faite. 2. Pour la Géométrie, comme toutes les courbes et les tangentes qui sont de la juridiction de la méthode de M. Descartes le sont aussi de la mienne, et particulièrement lorsque la comparaison des portions du diamètre aux appliquées est mêlée de lignes courbes, je m'en démêle aussi aisément que des simples tangentes. De quoi je vous ai déjà donné quelques exemples, vous priant d'en proposer les ques- tions et principalement le dernier exemple ('), sur quoi vous ne m'a- vez pas répondu. Obligez-moi donc de savoir si les messieurs de Paris en peuvent donner la solution, et je vous envolerai tout aussitôt la mienne. 3. Bien plus, je donnerai intinies tangentes do courbes dont la pro- portion est pleine d'asymmétries. Soit la courbe DNE {fig. 77), le diamètre NF, l'appliquée quel- conque DF. Supposons que NF étant appelée .4, l'appliquée DF soit égale à lat. {Bq. + Ag.) -hlat. [Dq. — Aq.) -1- lat. ( /? iii ,-l - Àrj.) ^ l^l_ fAcub.-B\nAq.\ ^ ^^^ fAqq. + Dq.mA,,. ' \ D / ' ' \ Bq.+ Aq. Je demande une tangente au point D. (M Voir Loltre XXXV. 6. Fermât. — M. 23 178 ŒUVRES DE FKllMAÏ. - COHUESPON DANCE. .Ma iiu'lhutli.' les iloiiiicra, o( infinies de pareille nature, etc., quand bien la ligne DF seroit composée de centinomies ou plus grand nombre de termes. ,1e ne dis rien (|ue je n'exéeute dès (jii'on m'aura témoigné qu'on ne le sait pas. 4. Je proposerai le reste après ([ue vous m'aurez envoyé les papiers de M. Descaries (' ). Cependant j'étends encore ce problème local «r/ superjîciem (^) qui enchérit sur le plan d'Apollonius, et le conçois ainsi : Si (t i/iio/cii/fK/iic pitnrlis datis iii quibuslibet planis ad piinrliirn iiniim injlectantur rcctœ, et sint species, quae ah omnibus, daio spalio œquales, punclum ad injlexionem sphcvricam superftciem positione datam con- tinue t. La construction se dérive aisément de celle que je donnai il y a long- temps (lu lieu ])lau. VA ls\. de Roberval le pourra trouver d'abord et avouera qu'il y a tort peu de propositions de C.éoméfrie (pii valent celle-ci. (') l'roluihlemoiU les iiiiporlanles LcUros (ie Descartes à .Merscniic, du 27 juillet i63S (Clersclier, III, 0(i), du xi août (111, Ci")) pi du 1 "> novendire (11. t.yi). ('-) y<>ir Lclln- \XXV. 7. XXXVII. - 20 FEVRIER 1639. 179 ANNÉE 1639. XXXVII. FERMAT A MERSENNE ('). DIMANCHE 20 FÉVRIER 1639. (B, f" 2 v°.) 1- Vous m'avez envoyé 36o duquel les parties aliquotes sonl au même nombre comme 9 à 4. et moi je vous envoie 2016 qui a la même propriété. 2. ,Ie viens maintenant au défi des plus grands géomètres du monde ( -). Pour première question, proposé : I (] — 6N égal à 4o et la valeur tl'iN, !\, et encore iC-t-4N égal à 80, où N est encore 4, ils demandent la méthode pour trouver la racine en pareilles questions sans aller à tâtons. (') Extrait inédit d'une Lettre perdue. (-) Descartes, dans sa Lettre à Mersenne du 9 février i63y (Clerselier, II, 97, p. 45o), répond à ces mêmes questions. La seconde et la troisième lui avaient été adressées le 23 janvier; il les désigne comme étant d'un M. Dounot. La première ne lui fut envoyée que par le courrier suivant. 180 (F.UVRES DE FERMAT. CORRESPONDANCE. ,lo vous réponds avor Vii'to {') quo ceux qui foroiil cette recherche sans employer h^s artifices déjà connus excruciahuni se frustra et bonas /taras mathemalices quam colcnt dispendio perdent. 3- Ils proposent ensuite iC — 8Q + 19N éfial à t4, et après avoir déterminé que le problème est ambigu et donné trois valeurs de la racine, savoir 2,3 — v'2, 3 -t- \j'i, ils ajoutent : Qui dederit quartam solutionem, portento erit simile. En quoi, sans préjudice de la grammaire, ils pèchent autant contre les Mathématiques, qui nous enseignent qu'il est impossible qu'en ce cas et autres pareils, il y ait quatre solutions. Car il est très certain qu'un problème ne peut recevoir pour le plus qu'autant de solutions que son plus grand terme a de degrés, et ainsi ils ont fait eux-mêmes ce portentum d'avoir proposé une question impossible. 4. Mais la troisième proposition contient sans doute la plus forte attaque, qui semble d'autant plus considérable que le moyen dont Viète s'est servi pour soudre pareilles questions, lequel il appelle synensis en son Traité De recognitione œquationum (-), est défectueux et ne dit pas tout. Voici la dernière question : iC — 9Q-t-i3N aeq. v/â^S — 15. Quœritur i N. Hoc problema recipit très solutiones quarum exhibimus pri- marn, scilicet 3 — \/2, quœ satisfacit exacte. Si reliquas duas dederim, ero illis magiuis Apollo. Hae sunt : prima 3 + v/i8, secunda 3 — y/TS. P I VlÈTE (éd. Sclioolcn, Lcydo, Elzcvirs. iG.lG), De einendalloiie œquationum, cliap. 1, |). 129 : « Itaquc cxerucianiiU so frustra et bonas horas Malhematices quam colcbanl dispendio •1 absumpsoruiU. j ( -; Ib'ul., pages 104 et suiv. XXXV.II. - 20 FÉVRIER 1639. 181 Si cela ne sutfit, je donnerai une méthode générale ( ' ) pour toutes solutions pareilles, laquelle réussit sans nulle peine, et n'a pas les dé- fauts de celle de Viète, qui est très fâcheuse à cause des divisions, particulièrement aux exemples un peu malaisés, comme celui dont est question, (|U(' les analystes communs ne sauraient soudre par la syncrise. ( ' ) roir LeUre XXXVIll Ins. 4. 182 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. ANNEE 1640. XXXVIII. FRENICLE A MERSENNE ('V < MARS ICiO > f Fr. II. a. H204 , i'° t>2;).) IMON RÉVKRF.M) Pèrf,, 1- Puisque vous dosirez que je vous rafraîchisse la mémoire de l'en- tretien que nous eûmes dernièrement ensemble touchant les nombres des tables magiques, je vous dirai que ce que M. Fermât vous en a envoyé est fort peu de chose, car il n'y a presque rien hors de ce qu'il peut avoir vu dans Stiphelius, Spinula et la vieille Clavicule (-), et que la méthode qu'il dit avoir pour les construire n'est autre que celle qu'ils enseignent, encore qu'elle ne soit pas d'eux : laquelle, pour ce qui regarde les impairs, est la plus noble qui se sauroit trouver et est si facile que ce n'est qu'un jeu d'enfant, et n'y a pas grand sujet de se tant glorifier pour l'avoir apprise dans un livre. (') Lettre inédite qui fut communiquée à Fermât et à laquelle il répondit par la sui- vante, XXXVIll his. {-) Arithmetica intégra, authore IMichaelo Stifelio, cum prœfationc Philippi Melancli- thonis. — Norimber!»a3 apud Joh. Petrejum. Anno Christi MDXLIII. Cura gratia et privi- légie Cicsareo atque Regio ad soxennium. Franciscus Spinoln est cité dans les Deliciœ pliysicoiiialhematinr de Daniel Scliwenter, Nuremberg, 1626, comme s'ctant occupé des carrés magiques. Le seul Ouvrage imprimé qui soil connu avec ce nom d'auteur {P. Fronasci Hjmiulœ Mediolanensis Opera,\Qn\sc, i5G3) est un Volume de vers latins où ne se trouve aucune allusion à ce sujet. Nous n'avons pu déterminer non plus quel Ouvrage Frenicle désigne sous le nom de meitlc Clavicule; il s'agit peut-être d'un tirage sans lieu ni date de l'Écrit tliéoso|)liique Clavlcula Salomonis fllii David. XXXVIII. - MARS 1640. 183 2. S'il savoit quelque chose de uouveau pour les pairs, il vous devroit avoir envoyé une table du quarré de i8 ou 22 ou pour le moins de i4. qui a servi de borne à Bachet ( ' ), et, quand il l'aura fait, nous avoue- rons qu'il y sait quelque chose. 3. Ce qu'il vous a envoyé n'est pas digne d'un honnête homme comme lui, mais est plutôt l'occupation d'un écolier et, s'il veut s'em- ployer à un exercice qui lui soit plus convenable, sans sortir de cette matière, qu'il dispose les nombres d'un quarré en telle sorte que toutes les lignes et diagonales soient égales et que, telles enceintes qu'on voudra, et- non plus, en étant ôtées, le quarré qui restera soit de même nature que le premier. Par exemple, que 22 soit donné pour le côté du quarré magique; on demande que, ce quarré ayant les conditions requises, on en puisse oter trois enceintes et que le quarré restant, qui aura 16 cellules de côté, soit encore magique; et qu'étant deux enceintes de celui-ci. le quarré restant, qui aura 12 cellules de chaque côté, soit encore magique; et que de celui-ci, en étant une enceinte, le quarré restant, qui aura 10 de côté, soit encore magique; et que du premier quarré de 22, tel autre nombre d'enceintes qu'on en veuille ôter, le quarré restant ne soit plus magique. 4. Davantage, il se peut aussi étudier à taire de ces tables qui aient une partie de leurs cellules vides et néanmoins que toutes les lignes, colonnes et diagonales, soient égales tant en la quantité des nombres qu'en la somme d'iceux. Par exemple, s'il y a en la table quarrée i44 cellules, qu'il n'y en ait que Go ou autre nombre possible de remplies de nombres consécu- tifs et qui commencent par tel qu'on voudra, et qu'en chaque colonne, ligne et diagonale, il y ait o nombres, la somme desquels soit égale par tout. 5. Mais s'il veut sortir des quarrés et s'appliquer aux solides, il pourra considérer les nombres disposés en telle sorte qu'ils forment ( ' ) Problèmes plaisans et délectables qui se font par les nombres. — A Lyon, MDCXXIV. 18i ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. les trois t'aci-s ox lé ri cures d'ime pyramide triangulaire ou tétraèdre, ot faire que les dits nombres, étant en progression donnée, Cassenl toutes les enceintes égales entre elles. Par exemple, que la somme des nombres représentés par A m, n, <>, p, y, r. s, t soit égale à celle de e, f, g, h, i, k, et à celle de c, b, d : et que les lignes a, c, e, /; a, b, g, o el a, d, i, r soient égales entre elles en valeur comme elles le sont en longueur en Géométrie; et que les trois lignes de chaque enceinte soient égales entre elles, c'est-à-dire l'une à l'autre, jusques à où il se peut; et déterminer h quelles enceintes doit finir l'égalité susdite. Ce seront là des occupations qui méritent aucunement qu'il s'y emploie et, quand il y aura satisfait, on lui découvrira des choses qui surpasseront d'autant celles-ci que celles-ci surpassent ce qu'il vous a envoyé. 6. Je vous dirai aussi que, s'il ne veut pas sortir des plans, je lui pourrois demander un hexagone rempli de nombres consécutifs, qui ait même somme en chacun de ses côtés et des lignes qui vont du centre à la circonférence. p n h »i f c a l ,, d e k l h i XXXVIII. — MARS iG40. 185 Par cxL'iiiple, que les nombres représentés par o, n, in\ m, I, /.■; X-, /, h\ h, I, s\ s, r, q\ y. p, n, comme aussi par a, h, o; a, c, ?>2; a, d, k\ a, e, h; a, g, s et a, /, 7 43 68 i53 ■39 43 70 Gi i3J ,34 G3 l32 GG 71 1 • ), 'i ~ i i'.>,i 1 22 7G 120 i'9 ■9 75 uG 82 "4 84 S5 1 1 1 '/' Kig 1118 107 91 9'2 9" io3 102 87 100 9S I 1-2 'J7 1 10 9^ «9 9-5 io5 loG 104 9i 88 101 8G 99 i?X> Si 1 1 ) 81 So 118 / / 78 121 1 17 74 124 72 ii3 lio 'il «9 J5 i38 Go 14 i rîr G>. G4 i33 G 5 i3G 1^7 i5i 129 ■ 45 58 44 127 i5o 5i 5o 49 48 145 1S2 41 1-0 1 jj 32 33 iGo iGi 3G iG3 38 39 1 GG 3o 181 1 ) j 169 180 179 178 23 22 21 20 19 18 «7 i83 184 3 4 ,87 188 i8() 8 9 10 19Î 12 i3 196 Le premier quarré fait en ces lignes iS-q; le deuxième fait 985-, le troisième fait .J91. 6. Or, ne doutez point que je ne possède la méthode générale pour faire toute sorte de quarrés en cette sorte et aux conditions qu'ùtant (cl nombre d'enceintes qu'on voudra, le restant soit encore quarré, etc. 190 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. .Mais, il n'otor (ju'iinc seule enceiiile, je erois la qiieslioii impos- sible : à (|uoi peiif-ètre .M. Treniele ne prit pas garde (' ), lorsqu'il me proposa d'ôler trois eneeiiiles de 22, et puis deux du restaul, et |)uis uue du reslaut. Car, aux deux premiers eas, la questiou est faisable eu beaucoup de iiiauières, uuiis au troisième je ue l'estime poiut pos- sible : de quoi la raisou dépend de ma règle, laquelle je n'ai pourtant ni trouvée ni chorcbée que lorsque j'ai reçu la Lettre de M. Freuiele, et c'est pour cela que je ne détermine pas absolument l'impossibilité de ce cas, jusqu'à ce que j'aurai eu encore quelques jours pour y sons;er de nouveau. 7. Mais ce que je trouve de plus beau en ma règle, et que je ne crois pas avoir été touché ni par Sliphelius ni par aucun autre, est que je puis déterminer en combien de façons, et non plus, chaque quarré peut être disposé aux conditions requises, comme par exemple, s'il m'est permis de demander à M. Frenicle, en combien de sortes diffé- rentes 22 peut être rangé. 8. Je passe bien plus outre, et passant aux solides qui le sont effec- tivement, j'ai trouvé une règle générale pour ranger tous les cubes à l'infini, en telle façon que toutes les lignes de leurs quarrés, tant dia- gonales, de largeur, de longueur que de hauteur, fassent un même nombre, et déterminer outre cela en combien de façons difl'érentes chaque cube doit être rangé, ce qui, me semble, est une des plus belles choses de l'Arithmétique. Vous en trouverez un exemple (-) sur le cube 64, à côté du quarré .le 14. Il faut ranger les quatre quarrés qui font la solidité du cube, en telle façon que le premier soit dessous; le deuxième soit mis sur le premier, en telle façon que 53 soit sur 4 et 50 sur i.; il faut ensuite mettre le troisième sur le deuxième, en telle façon que Go soit sur 53 et 37 (') Foir Lellre XXXVIII, 3. — Comparer Lettre XL, 3. C) Les carrés ci-;i()rcs se trouvaient, ainsi que le carré magique reproduit plus luiul (5), transcrits sur une leuille détachée; ils ne sont pas non plus donnés dans les J'aria. XXXVIII bis. i" AVRIL IGVO. 191 sur 5G; et enfin il faut mettre le quatrième sur le troisième, en sorte que i3 soit sur Go et iG sur 57. Cela étant fait, vous aurez un cube qui sera divisé en douze qnarrés, lesquels se trouveront tous disposés aux conditions requises; il y aura en tout 72 lignes différentes, cha- cune desquelles fera une même somme, savoir i3o. 1. 2. 3. 1 (il C3 1 Ô3 1 1 10 5(i Go 6 7 *7 i3 5i 5o 16 4i l'i 22 44 24 32 34 35 '9 17 47 46 20 4« 40 28 26 2^ 37 21 43 42 30 3o 3i 3'. 8 19 18 38 39 25 (ii 9. 3 61 9 55 54 12 58 59 5 49 i5 t4 5>, 9. Vous voyez combien ceci est au-dessus du tétraèdre et de l'hexa- gone (') de M. Frenicle, desquels le premier n'est pas solide en effet, mais par fiction seulement, quoique je ne doute pas qu'il ne puisse être haussé en solide; mais, dans ces deux propositions, il y a beau- coup de nombres superflus dans les entre-deux des lignes qui abou- tissent ou au sommet ou au centre, ce qui fait qu'elles ne sont pas si parfaites que la mienne, en laquelle je puis encore ôter les enceintes requises et faire que le restant demeure aussi cube, etc. Je soumets pourtant le tout à mondit S'' de Frenicle et crois que, si j'avois l'honneur d'être connu de lui, il auroit omis quelques paroles qui sont dans sa Lettre. Je ne resterai pas de lui assurer l'estime que je fais de lui et de le conjurer de me faire part de sa méthode. 10. Pour le solide de la roulette, je le réduirois bien à des solides plus simples, mais à des sphères, cônes ou cylindres qui soient créés par des lignes droites données, il me semble qu'il est impossible. Excusez si le papier me manque, etc. H. P. -S. Depuis ma Lettre écrite (-), un de mes vieux papiers m'est (') Voir Lellre XXXVIII, 5 et 6. (^) Ce posl-scriptiim [jarail appartenir à une Lettre aiUorieuro et avoir été l'occasion (le la Lettre XXXVIII de Krenicle. 19-2 ŒUVRES Iti: FEUMAT. — CORUESPONDANCE. toiiihi' cil main. IimiucI coiitieiil iiiic olisorvalioii sur le [)i"ol)li'mo XXI (lu Livre do Harlu'I. innirimc à Lyon en i()2'|, o( (jiii [joric pour lilrc : Problèmes plaisons et délectables (/la' se font par les nombres. Voici rciidroil (^'); il propose do ranger en (|iiarré les noniI)res con- séeulii's en progression arithmétique, on sorte (jne tous les rangs, tant de haut, A(' has (|ue des côtés et par U's diami-tros, fassent une môme somme, de quoi il haille une règle générale pour les quarrcs impairs, et avoue n'en avoir pu trouver aucune pour les pairs, mais avoir fait seulement plusieurs observations particulières, par le moyen desquelles il a rangé les pairs jusques à 141. Or, pour la règle des (|uarrés impairs, je dis premièrement qu'elle n'est pas de son invention, car (die est dans l'Arithmétique do (lar- dan (-); mais d'ailleurs elle ne résout la (]ueslion que d'une seule façon, qui le peut ètroen plusieurs. Je dis donc : 1° Que ma méthode range les quarrés pairs et impairs à l'infini ; 2° Qu'elle les range en toutes les façons possibles, lesquelles aug- mentent comme les combinaisons, à mesure que les quarrés sont plus grands; 3° Que la règle des pairoment impairs n'est pas dilférento do celle des pairoment pairs, mais bien la mémo, quoique Bachet ait cru qu'elles dévoient être différentes. Voici un exemple de ma méthode : Il range le 2j d'une seule façon, n'y sachant autre chose, et voici comme il le range : 1 I 24 7 20 3 4 12 25 8 i6 17 5 i3 21 9 10 l8 I l4 22 2 3 fi j g 1 1 5 (') Pages Go et suivantes de rédition originale. (2) Practica ar'ithinetica et nwii.mroiidi xiiigidnrls (Milan, iSSg), réimprimée dans le quatrième lonie de l'édition des Giiivrcs de Cardan en lo volumes (Lyon, iG63). — Car- dan y donne, sans règle de consiruciion, sept eurrcs magiques (de 3^ à 9^) qu'il attribue aux se|)t planètes et appelle /)/«//(;ii7/;-e.f. Il parait les avoir empruntés à Agrippa de Nettes- heym (De occulta pldlosnphia. Cologne, i533). XXVIII Us. - 1" AVRIL 1C40. 193 En voici trois autres que j'ai choisis parmi plusieurs que ma mé- thode enseigne : 1 1 •i>. 9 ■iO 3 1 1 24 17 10 9 12 23 G 19 3 '2 ■'. 2") H lO 4 12 ij 18 6 5 1 1 ■>4 8 17 19 5 i3 21 7 7 5 i3 21 ■ y iG 4 i3 ■>.2 10 10 i« I r.î ■>.', ■'.0 8 I >i 22 9 18 2 1 j 21 ■2! 0 [7 4 i5 23 iG 9 2 i5 23 7 20 I 14 Il range le 3G à tâtons d'une seule façon, comme s'ensuit : G 32 3 34 35 I 7 II 27 28 8 3o 19 1 i iG i5 23 >4 18 20 22 21 17 i3 2 3 29 10 g 2G 12 3fi 5 33 4 2 3i En voici une aulro parmi plusieurs que ma méthode fournit; si le temps ne me manquoit, je vous en envoierois demi-douzaine : 5 3i 4 33 3G 2 14 18 22 21 1 3 23 2G 7 9 10 3o 29 II 25 27 28 12 8 20 24 i5 iG 19 17 35 G 34 3 i 32 Mais, parce qu'on pourroit croire que la règle n'a qu'un seul exemple, lorsque les diamétraux demeurent les mêmes, voici qui fait voir le contraire : c'est un exemple de ma méthode du 04, différent de celui de Bachet, et qui garde néanmoins les diamétraux : I 7 G Go Gi 59 58 8 iG 10 5i 32 33 54 i5 9 17 47 19 43 4i 22 18 4« 40 31 38 28 29 27 3i 33 32 2G 3o 36 37 33 39 2J 41 23 43 21 20 4^ 42 24 3G 5o II i3 12 14 55 49 57 63 62 5 4 3 2 64 Fermât. — M. 'iO 19i (i: l V 11 K s 1) K F K n M Al". — (". O U U K S l' ON DAN CE. E» voilà assez pour donner de l'exercice à M. Krcnicle, car je ne sais guère rien de plus beau en l'Arillunétique que ces nombres que quelques uns appellent planclarios, et les autres wa^/co*; et do fait j'ai vu plusieurs talismans, oii quelques uns de ces (juarrés rangés de la sorte sont décrits, et parmi plusieurs un grand, d'argent, qui conlient le '19 rangé selon la méthode de Bachot, ce qui t'ait croire (]ue personne n'a encore connu la générale ni le nombre des solutions qui peuvent arriver ;i chaque quarré. Si la chose est sue à Paris, vous m'en éclaircircz; en tout cas, je ne la dois qu'à moi seul. Je suis etc. XXXIX. FERMAT A MERSENNE ('). < MAI? levo > (B, f» 6 v°.) 1- Je trouve plusieurs abrégés pour trouver les nombres parfaits (■) et je dis par avance qu'il n'y en a aucun de 20 ni do 21 caractères, ce qui détruit l'opinion de ceux qui avoient cru qu'il y en avoit un dans l'enceinte de chaque dixaine; comme un depuis i jusques à 10, un autre depuis 10 jusques à 100, un autre depuis 100 jusques à 1000, etc. (le qui n'est pas vrai, comme il paraît par cet exemple; car depuis 10 000 000 000 000 000 000 jusques à la dixaine suivante, il n'y en a pas un. ni d(qniis la suivante à la prochaine non plus. 2. Je passe à ma proposition (^) de ranger les quarrés. Vous pouvez vous assurer que j'en possède absolument la méthode, aussi bien que (') Ce fragment inôdit, de dalc inccrUiino, semble avoir fait partie d'une Lettre envoyée à Mersenne par Fermât avant qu'il en eût reçu la réponse de Frenicle à la précédente. (S) Foir Lettre XXX VIII, 8. — Comparer ci-après Lettre XL. 6. (3) Comparer Lettres XXXVIII bis, 7, et XL, 2. XL. - JUIN 1640. 195 (■L'IIo (les cubes, et pour vous montrer jusques où va la connaissance que j'en ai, le quarré de 8, qui est G4, se peut disposer en autant de façons différentes, et non plus, qu'il y a d'unités en ce nombre 1 oo4 144995344, ce qui sans doute vous effraiera, puisque Hachet et les autres que j'ai vus n'en donnent qu'une seule. Je rangerai de même tous les quarrés et cubes à l'infini et détermi- nerai en combien de façons et non plus, avec la démonstration. 3. Pour savoir si M. Frenicle ne procède point par tables, proposez lui (') de Tromper un triangle rectangle duquel i aire soit un nombre quarré ; Trouver deux quarréquarrés desquels la somme soit quarrcquarrée ; Trouver quatre quarrés en proportion arithmétique continue ; Trouver deux cubes desquels la somme soit cube; S'il vous répond que jusques ii un certain nombre de cliilfres il a éprouvé que ces questions ne trouvent point de solution, assurez-vous qu'il procède par tables. XL. FERMAT A ÎMKRSENNK. < JUIN? ICVO. > (r„, p. ,7(5-, 78.) iMox RicvÉUEND Pi':r\E, 1. J'ai reçu avec grande satisfaction votre lettre accompagnée de cylle (-) de M. Frenicle, qui me confirme en l'estime que je faisois de (') P'oir LcUre XII, 2, où Format proposait déjà à Sainte-Croix trois de ces problèmes Impossibles, et un dernier analoij;ue au troisième de la présente. (-) En réponse à la Lcttie XXXVIll his. 1% GÎUVRES DE FERMAT.- COHllESPONDANCE. lui. .l'y ropoiuls suoc'mcliMucnt et [trcinièrcnicnl, sur ce (|ii'il a douU' que j'eusse uue méthode générale pour ranger fous les quarrés pairs à l'intini. Je vous prie de l'assurci' du contraire, car il est très certain (|u'il y a plus de dix ans que je la découvris et en donnai di's lors des exemples sur des quarrés |)Ius liants que ceux de Bacliet, comme M. Despagnet vous ponrroil témoigner. 2. Il est vrai que je n'avois pas songé de déterminer exactement en combien de façons ces quarrés pouvoient être ordonnés, et j'avoue que je n'avois pas vu toutes les manières qui y conduisent, puisque je dou- tois même que l(> quarré put demeurer magique en levant une seule enceinte ('); mais, ayant trouvé une règle pour les ordonner en beau- coup de fiH'ons, je crus qu'elle les contenoit toutes, ce qui me semble excusable, puisque je vous envoyai ma Lettre aussitôt après la première méditation que j'eus fait sur ce sujet. 3. Depuis que j'ai reçu la dernière de M. Frenicle, j'ai aussitôt dé- couvert que la question du quarré de 22 étoit de ma portée et, pource que l'opération seroit trop longue qui consiste à ranger le quarré de 22 en telle sorte que, levant trois enceintes, il reste magique, et du restant encore deux et qu'il demeure magique, et puis une seule du reste à la même condition, je me contenterai pour ce coup de vous en- voyer le carré qui reste après les trois premijères et les deux secondes enceintes ôtées, daqu(d si vous levez une seule enceinte, le reste de- meure magique, comme vous verrez. Pource que le temps me manque, je diffère à vous envoyer les cinq enceintes qui manquent pour parfaire le quarré entier de 22, jusques au départ du prochain courrier (-). Après cela vous devez croire que, dès que j'aurai loisir, j'irai aussi avant sur ce sujet qu'il est possible. (') Comparer Lettres XXXVIII bà, 6 cl 7, et XXXIX, 2. (') La Lettre ainsi annoncée l'ait défaut. XL. - JUIN 16i0. li>- 12- ■^47 120 125 3Gi 3G2 363 3G4 3G", 3GG 118 "7 iiG i3S ■ 48 338 339 143 143 342 142 344 345 .39 3'25 161 1G9 iGS 3i8 3.9 320 3-21 iG3 162 324 160 ■292 293 ■91 190 299 298 297 18G i85 184 3n2 .93 270 280 272 275 21 1 210 209 208 278 279 20 5 21 5 248 227 2')0 25l 23o 232 23l 233 2 36 257 2 38 237 226 •^49 228 229 232 253 2 54 253 234 235 236 259 204 214 206 207 •^77 27G 273 274 212 2l3 271 281 182 19., 3oi 3oo 189 188 1S7 296 295 294 i83 3o3 171 3ii 323 322 .61 iG5 1G6 167 3.7 3iG 170 3i4 149 3G9 346 '47 i4G 3io 341 • 4 1 343 I il I io 337 336 358 359 36o 124 123 122 121 r>.o i"9 367 368 4. Pour ce qui est des cubes ('), je n'eu sais pas plus que M. Fre- nicle, mais pourtant je puis les ranger tous à la charge que les diago- nales seules des quarrés que nous pouvons supposer parallèles à l'ho- rizon seront égales aux côtés des quarrés, ce qui n'est pas peu de chose, en attendant qu'une plus longue méditation découvre le reste. Je dresserai celui de 8, 10 et 12 à ces conditions, si M. Frenicle me l'ordonne. 5. Pour les quarrés qui ont des cellules vides (-), j'y travaillerai au plus tôt. 6. Ce que j'estime le plus est l'abrégé (') pour l'invention des nombres parAiits, à quoi je suis résolu de m'attacher, si M. Frenicle ne me fait part de sa méthode. (') rnir Lettre XXXVIH bis, 8. (2) roi> Lettre XXXVIII, 4. (') foj> LeUre XXXIX, 1. 198 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. Voici trois propositions (|ue j"ai trouvées, sur lesquelles j'espère de l'aire un t;ran(l bâtiment : Les nombres moindres de l'unité que ceux (|ui |»rocèdent de la pro- jjtrcssion double, comme l 2 3 l s C 7 S 0 10 II 12 13 I 3 - I.") 3i G3 12- ajj ; H I loaS 20/17 4o95 8191 etc., soient appelés les radicaux des nombres parfaits, pource que, toutes les lois qu'ils sont premiers, ils les produisent. Mettez, au dessus de ces nombres, autant en progression naturelle : i, 2, 3, 4. 5, etc. qui soient appelés leurs exposants. (icla supposé, je dis que : 1° Lorsque l'exposant d'un nombre radical est composé, son radical est aussi composé. Comme, parce que G, exposant de 63, est composé, je dis que 63 est aussi composé. 2" Lorsque l'exposant est nombre premier, je dis que son radical moins l'unité est mesuré par le double de l'exposant. Comme, parce que 7, exposant de 127, est nombre premier, je dis que 126 est mul- tiple de i4- 3" Lorsque l'exposant est nombre premier, je dis que son radical ne peut être mesuré par aucun nombre premier que par ceux qui sont plus grands de l'unité qu'un multiple du double de l'exposant ou que le double de l'exposant. (]omme, parce que 11, exposant de 2047, est nombre premier, je dis qu'il ne peut être mesuré que par un nombre plus grand de l'unité que 22, comme 23, ou bien })ar un nombre plus grand de l'unité qu'un multiple de 22 : en effet 2047 n'est mesuré que par 23 ou par 89, duquel, si vous ôlez l'unité, reste 88, multiple de 22. Voilà trois fort belles propositions que j'ai trouvées et prouvées non sans peine : je les puis appeler les fondements de l'invention des nombres parfaits. Je ne doute pas que M. Frenicle ne soit allé plus avant, mais je ne fais que commencer, et sans doute ces propositions passeront pour très belles dans l'esprit deceux qui n'ont pas beaucoup XLI. - 4 AOUT 16i0. 199 épluché CCS malières, et je serai bien aise d'apprendre le senliment de M. de Roberval. 7. Au reste, vous ou moi avons équivoque de quelques caracti'res au nombre que j'avois cru parfait ('), ce que vous connoîtrez aisé- ment puisque je vous baillois 1 37 _Y38 953471 pour son radical, lequel j'ai pourtant depuis trouvé, par l'abrégé tiré de ma troisième propo- sition, être divisible par 223; ce que j'ai connu à la seconde division que j'ai faite, car, l'exposant dudit radical étant 3;, duquel le double est 74. j'ai commencé mes divisions par 149. plus grand de l'unité que le double de 74; puis, continuant par 223, plus grand de l'unité que le triple de 74, j'ai trouvé que ledit radical est multiple de 223. De ces abrégés j'en vois déjà naitre un grand nombre d'autres et jni par di veder un gran liane. Je vous entretiendrai un jour de mon progrès, si M. Frenicle me vient au secours et m'abrège par ce moyen ma recherche des abrégés. En tout cas, je vous conjure de faire en sorte que M. de Roberval joigne son travail au mien, puisque je me trouve pressé de beaucoup d'occu- pations qui ne me laissent que fort peu de temps à vaquer à ces choses. Je suis etc. XLI. ROBERVAL A FER:\IAT. SAMEDI 4 AOUT 16iO. ( /"rt, p. i65-iG6.) Monsieur, 1. Encore que depuis près de trois ans je n'aie eu l'honneur d'a- voir commerce avec vous, je n'ai pourtant pas été privé entièrement (') Probablement dans la partie perdue de la Lettre XXXIX. 200 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. du plaisir ([iio jo reçois de vos spéculations mathémati(juos, car le Père .Mersenne m'a t'ait la faveur de me communiquer la plupart des lettres (|u'il a reçues de vous depuis ce temps là, dans lesquelles j'ai reconnu une augmentation continuelle e( très sensible en la heaulé et solidité de vos pensées, auxquelles il n'y a rien que d'admirable, soit sur le sujet de la Géoniéirie ou de l'Arithmétique. 2. Sur tout je suis ravi de votre invention de minimis et maximis et du moyen (^ ' ") par lequel vous l'appliquez à la recherche des tou- (dianles des lignes courbes, et ne crois pas que jusques ici il se soit vu rien sur ce sujet qui ne cédât de beaucoup à ce que vous nous en avez donné. Car l'invention de M. Descartes, à laquelle j'assigne le premier lieu après la vôtre, n'en approche que de bien loin, parce que, quoi- qu'elle puisse être rendue universelle, ce qu'il n'a pas fait et le pourra maintenant à l'imitation de votre dernière addition, toutefois elle est sans comparaison plus longue, plus embarrassée et plus difficile. 3. Je vous dirai que j'ai d'autant plus admiré votre invention qu'à peine croyois-je que, pour trouver les touchantes des lignes courbes tjui n'ont rapport qu'à d'autres courbes ou partie à des droites et partie à des courbes, on pût s'en servir, ce que M. Descartes avoue de la sienne sur le sujet de la roulette et autres lignes pareilles, lesquelles pour cette considération il rejette de la Géométrie (-) : sans raison, puisqu'à l'imitation de votre dernière addition, sa méthode peut être rendue universelle comme la vôtre, mais avec une difticulté, laquelle bien souvent ne se pourroit presque surmonter par un esprit humain. 4. Cette opinion fut cause que, quand je vis que vous aviez trouvé les touchantes de la roulette (') et que vous assuriez avoir la règle uni- verselle pour toutes les lignes courbes, je crus qu'elle ne pouvoit être autre que celle que j'avois inventée au temps même que j'inventai cette roulette, laquelle règle ou méthode je n'avois encore commu- (•) Voir le Traité Doctriiiam la/igeiitiiim. Tome I, pages i58 à 167. (-) Géométrie de Descartes, éd. llcrmann, l'aris, 1886, page iG. (») Voir Lettre XXXIV, 2. \L1. - i AOUT IGiO. :20l niqnée à personne, ni'étant contenté d'en avoir démontré les eli'ets à .Al. Pascal en la tangente de la quadralrice qui se trouvoit des plus dit'ti- ciles, y joignant la démonstration géométrique, comme a fait Archi- mède en celle de la spirale, laquelle par ma méthode s'expédie en deux mots. 5. .Favois fait la même chose en la cissou/e et avois démontré, de plus, que ces deux lignes courhes sont infinies de leur nature et oui (les asymptotes parallèles entre elles ('), ce qu'on m'a assuré avoir été déjà démontré par un auteur dont on ne m'a pu dire le nom. 6. .l'ai aussi démontré le.s tangentes des lignes courhes (|ui se décrivent avec un compas sur la superficie d'un cylindre, |)uis se réduisent en plan, et en général celles de toutes les courhes ([ui oui pu venir à ma connoissance; et cette méthode est tellement différente de la votre (contre ma première opinion) qu'elles ne se ressemhicnl en lien qu'en la conclusion. T- Depuis, M. Mydorge faisant quelques difficultés sur la vùlre, je lui en donnai la solution, et en même temps je lui ouvris les principes de la mienne et lui en fis voir un essai en la cissoide. Si je sais (|uc vous l'ayez agréahle, je vous en écrirai. Elle n'est pas inventée avec une si suhtile et si profonde géométrie que la votre ou celle de 31. Des- cartes et, partant, elle paroît avec m'oins d'artitice; en récompense, elle me semhle plus simple, plus naturelle et plus courte, de sorte (|ue, pour toutes les touchantes dont j'ai parlé, il ne m'a pas même été hesoin de mettre la main ii la plume. 8. Depuis cette invention, je me suis appliqué aux lieux solides (t ( >^a, p. iGi-iCi.) 3lo.Nsu;i:u, 1- Après vous avoir remercié de vos civilités (') et protesté que je serai ravi d'avoir des occasions à vous plaire, je vous supplierai de me faire part de votre invention sur le sujet des tangentes des ligiu^s courbes et encore de vos spéculations méclianiques sur la percussion, (') Réponse ;i la Lollip |)réc,é(ioMli'. XI,I. XLII. - AOUT IGiO. 203 [)uis(jue vous me faites espérer la commmiiratioii de vos pensées en retle matière. 2. Après cela, je vous dirai que M. Frenicle m'a donné depuis (|uelque temps l'envie de découvrir les mystères des nombres, en quoi il me semble qu'il est extrêmement versé. Je lui ai envoyé (') les belles pro|)Ositions sur les progressions géométriques qui commencent à l'unité, lesquelles j'ai non seulement trouvées, mais encore démon- trées, bien que la démonstration en soit assez cachée, ce que je vous prie d'essayer, puisque vous les avez vues. 3. Mais voici ce (|ue j'ai découvert (-) depuis sur le sujet de la pro- position 12 du cinquième Livre de Diophantc, en quoi j'ai suppléé ce que Bacliet avoue n'avoir pas su, et rétabli en même temps la corrup- tion du texte de Diophantc, ce qui seroit trop long à vous déduire. Il suffit que je vous donne ma proposition et que je vous fasse plutôt sou- venir que j'ai autrefois démontré (^) quun nombre moindre de l'unité (jn' un multiple du quaternaire n'est niquarré, ni composé de deux q narrés . ni en entiers ni en fractions. J'en demeurai pour lors lii, bien qu'il y ail beaucoup de nombres plus grands de l'unité qu'un multiple du quater- naire, qui pourtant ne sont ni quarrés, ni composés de deux quarrés, comme 2f , 33, 77, etc., ce qui a fait dire à Bachet sur la division pro- posée de 21 en deux quarrés : quod quidem impossihile est, ut reor, cîini is neque quadratus sit, neque suapte natura cumpositus e.r duohus qua- dratis, où le mot de reor marque évidemment qu'il n'a point su la démonstration de cette impossibilité, laquelle j'ai enfin trouvée et comprise généralement dans la proposition suivante : 4. Si un nombre donné est divisé par le plus grand quarré qui le me- sure, et que le quotient se trouw mesuré par un nombre premier moindre ( ' ) J'oir LeUrc XL, 6. ( 2 ) f'oir Tome I, Observationx XXV et XXVI sur Dioplianle. ( 3) Celte proposition avait été, en même temps que le second théorème énoncé Lettre XII, 3, envoyée par Merscnne à Deseartes, le 22 mars i638, comme démontrée par Fermât. ■2o\ (i:i \ ur.s i)K ri:i!M \i". - cor.KKSi'OM) wci:. (/(' l'ii/iilc (jit'itn multiple du (/iid/cniairc. le noDibrc donne n'est m (/iKirrè. ni compose de deux qaarrès. ni en e/itiers. ni en fractions. Exemple : Soit donni' H'i. Le plus grand (luarri' qui io mesure est 1, le (|uotieiU ■^\, l(M|uel est mesuré par > ou bien par 7, moindres de l'unité qu'un multiple de i. Je dis que S\ n'est ni quarré, ni composé de deux quarrés, ni en entiers, ni en IVai'lions. Soit donné 77. Le plus grand quarré (jui le mesure est l'unité; le (|U(i(ient 77, (|ui est iei le même que le nombre donné, se trouve me- suré par 11 (111 |tar 7, moindres de l'unilé qu'un multiple du ([uater- naire. .le dis (|ue 77 n'est ni (|uai'ré, ni composé de deux quarrés, ni en entiers ni en fractions. Etc. Je vous avoue franchement que je n'ai rien trouvé en nombres qui m'ait tant plu que la démonstration de cette proposition, et je serai bien aise que vous fassiez clfort de la trouver, quand ce ne seroit que jMiur apprendre si j'estime plus mon invention qu'elle ne vaut. 5. J'ai démontré ensuite cette j)roposition, qui sert à l'invention des nombres premiers : .*n/ ///; nombre est conipose de deux f/i/arre's pre/niers entre eux. Je dis (pi il ne peut être divisé par aucun nond>re premier moindre de t' unité (péun multiple du quaternaire. Comme, par exemple, ajoutez l'unilé, si vous voulez, à un quarré paii', soit le quarré 10 oooooo 000, lequcd avec i fait 10 000 000 001 . Je dis que 10 000 000 001 ne peut être divisé par aucun nombre pre- mier moindre de l'unité qu'un multiple de 4. <'l îiiusi, lorsque vous vomirez éprouver s'il est nombre premier, il ne faudi-a point le diviser ni par '5, ni par 7, ni par i t, etc. 6. Si ne fanl-il pas oublier tout ii fait la (léoim'trie. Voici ce ((ii'on m'a proposé et que j'ai trouvé tout aussitôt : l'er dut uni extra rel intra parabole» punetum. rectum diieere ipiiv abscindat segment uni a parabole U'ipude data spalio. lit. si pu/icliim sit \LI1I. — AOUT 1G40. 203 mira peu abolen, dcterminare nnniinian (juod a parabole per chcluin punc- liim abscindi possit spatium. Si vous ne rencontrez pas d'abord la construction, je vous forai part de la mienne. J'attends de vos nouvelles et suis etc. XLllI. FERMAT A 1RENICLE(M. < AOUT? 1640 > (A, {■>/,.) 1. Soit par exemple la proijression double depuis le binaire avec ses exposants au-dessus : 1 2 3 1 ô 6 7 8 9 m 11 12 13 1'. lô 1; 3 4 8 1(3 33 6'| 138 356 5i3 1034 3o',8 '|Oi)(i 8ir,>. i638', 83768 i\:',yM\ ,1e dis que, si vous augmentez les nombres de la progressinn de l'unité, et que vous fassiez '\, "), 9, 17, etc., tous les dits nombres |)ro- gressifs ainsi augmentés, qui se trouveront avoir pour exposants des nombres qui ne sont pas de la dite progression double, seront nombres composés. 2. Rien qu'on puisse faire une anatomie particulière qui est trop longue à décrire, il suffit de vous faire comprendre, dans l'exemple qui suit, la proposition que j'y ai faite : Soit le nombre progressif augmenté de l'unité Hi()3, duquel rex[)o- sant est i3 nombre premier. Je dis que, si vous divisez 8193 par 5, le (') Fragment publié [lar.M. Ch. Wanr)' (Recherches etc., p. 192-193) d'après le brouillon (l'Arbogast. Il porte sur la copie au net le titre : Sur tes nombres premiers de Fernuit à Frenicle, et la mention : D'après In copie de Mersenne. ■im ŒUVRES l)K ri'UM \T. - COItHKSPONDANCK. (|iiiiliiMi( ne poiiiTa vive divisé (|ii(' par un iioiiihrc (|iii surpasse do l'u- nili' ou \c doubli' de i i oxposaul snsilil, ou un nailtipk' dudit doiildc Av 1 ). fie, il l'intini. Que si l'exposanl csl un nomltrc coiuposô, (|ui pourlanL ne soil pas un do coux do la prOii;rossion douhlo, jo puis Irouvor (ous les diviseurs fort aiséinoiit. 3. Mais voici ce que j'aduiiro le plus : c'est que je suis quasi |)or- suadé (' ) que tous les nombres progressifs augmentés de l'unité, des- (]U(ds les exposants sont dos nombres de la progression double, sont nombres premiers, comme 3 5 17 207 65537 4291967297 cl le suivant de 20 lettres I s 4'|6 7 '|4 073 709 55 1 6 1 7 ; olc. .le n'en ai pas la démonstration exacte, mais j'ai exelu si grande quantité de diviseurs par démonstrations ini'aillibles, et j'ai de si grandes lumii'res, qui établissent ma [)enséo, (juc j'aurois peine à me dédii'c. XLIV. FKKMAT A FRENICI.E. jECDi 18 ocTOBnr, IG'tO. ( f'tl, p. lG2-l(i'|. ) Mo^•sIEUR, 1- Les vacations, qui m'ont éloigné de Toulouse, m'ont en mémo temps éloigru' de mon devoir et empêché de vous écrire plus tôt depuis ( ') C'csl l;i le plus ancien énoncé donné par Fermât de la célèbre iiroposiliim dont Eidcr a reconnu la fausseté, f'oir Tome I, page i3i, note i. Le sixième nombre ( -232 + 1) indi(iué ici par Fermai comme premier est divisible |)ar 641. Le septième (2'''''+ i) est divisible par 27 i 1-7. XLIV. - 18 OCTOBRE 1040. 207 la dernière de vos lettres en date du 21 septembre ('). Je tâcherai de réparer par celle-ci la longueur de l'attente et commencerai par la liberté que je prends de vous dire que je n'ai point vu encore aucune proposition de votre part que je n'eusse plus tôt trouvée et consi- dérée; et afin de vous rendre vous-même juge de cette vérité, et vous oter en même temps le scrupule que vous pourriez avoir, que je n'en use comme quelqu'un de ceux du lieu où vous êtes, qui s'attribue impunément les inventions d'autrui, après qu'elles lui ont été com- muniquées, je commencerai par la proposition (-) de la différence de deux quarrés, que vous trouverez dans Bacliet sur le Diophante, au commentaire de la proposition U du deuxième Livre, en même façon que vous me l'avez envoyée, vous avouant pourtant que l'application, que j'estime beaucoup, est toute vôtre et que je l'ai apprise de vous. 2. Pour le sujet desprogressions, je vousavois envoyé par avance ('j les propositions qui servent à déterminer les parties des puissances — i , et, par ma seconde Lettre ('), jevous avois fait comprendre que j'avois considéré toutes les propositions qui servent aux puissances + i, de quoi je m'étois contenté de vous donner deux exemples, dont l'un étoit démontré par moi et par conséquent connu nécessairement, et l'autre ne m'étoit point entièrement connu par raison démonstrative, bien que je vous assurasse que je n'en doutais pas. Or, pour venir ii la connoissance de ce dernier, quoiqu'imparfaile encore et non achevée, je ne le pouvois sans avoir plus tôt examiné et prouvé par démonstrations toutes leurs propositions contenues en votre dernière, ce que vous n'aurez nulle peine de croire, puisque le seul exemple que je vous envoyai le marquoit assez, auquel j'ajou(ois qu'en toutes progressions on pouvoit déterminer les diviseurs com- muns et généraux avec pareille aisance. Mais je vous avoue tout net (car par avance je vous avertis que, (• ) Lettre perdue. (-) Construction do deux carrés entiers ayant une difTérencc donnée. (3) Voir Lettre XL, 6. C') Lettre XLIIL -208 (KIIVKKS ni: ri:U.M\T. — COUUESl'ONDANCK. (•(iinnit' jo no suis pas capal)Io dr m'a((ril)ucr plus quo je ne sais, je (lis avec mémo franohiso oo (]uo jo uo sais pas) quo jo n'ai pu oiicoro (lomonfror l'oxclusion do tous diviseurs ou cctiL' hoUe proposition quo jo vous avois onvoyoo o( quo vous m'avoz ooufirméo, touchant los nomhros 3, j, 17, ■2''i~, G"}")']-, otc. Car, hiou quo jo rôduiso l'oxclu- sion il la plupart dos nombres et quo j'aie nionio dos raisons probables pour le reste, je n'ai \)u oncore démontrer nécessairement la vérité do coite proposition, dv laqiu'lio pourtant jo no doute non plus à cette heure (|ne jo faisois auparavant. Si vous on avez la prouve assurée, vous m'obligerez do me la communi()uor; car, après cola, rien ne m'arrêtera on ces matii'res. 3. Reste il vous parler de la proposition fondamentale des parties aliquotos, laquelle m'étoit tellement connue quo jo vous l'avois en- voyée par la première lettre que je vous écrivis ('), laquelle on m'a dit depuis s'être égarée. Pourtant, si le Père Mcrsonne veut prendre le soin do la faire cliorcber dans le bureau de la poste, elle se trouvera dans un paquet que j'adressois à M. ... (- ). Outre quo cette proposition est si naturelle, qu'il est impossible de déterminer et de trouver la moindre chose sur ce sujet, qu'elle ne se présente d'abord; do sorte qu'ayant depuis fort longtemps trouvé et envoyé les propositions des deux nombres 17 296 et i8 4i<^) et autres |)areilles ('j, il falloil par nécessité que j'eusse passé par la dite pro- position. Pour votre application, il me semble qu'elle u'ôte ])as la longueur que je trouvois en cette sorte de questions, qui est la seule dilficulté que j'y ai toujours reconnue; sinon que je ne l'aie pas bien comprise, de quoi jo vous pi'io m'avortir et me rendre certain. 4. Il me semble après cela qu'il m'im|)orte do vous dire le fondo- ('; Lellre perdue, ijui doit avoir oLc écrilo entre los l^oltres XI. el XLIII. (2) Carcavi? (') f^'oir Pièce IVa- XLIV. — 18 OCTOBRE 1G40. 209 ment sur lequel j'appuie les démonstrations de tout ce qui concerne les progressions géométriques, qui est tel : Tout nombre premier (') mesure infailliblement une des puis- sances — I de quelque progression que ce soit, et l'exposant de la dite puissance est sous-multiple du nombre premier donné — i; et, après qu'on a trouvé la première puissance qui satisfait à la question, toutes celles dont les exposants sont multiples de l'exposant de la pre- mière satisfont tout de même à la question. Exemple : soit la progression donnée 1 2 3 i 5 « 3 9 2- 8i 243 729 etc. avec ses exposants en dessus. Prenez, par exemple, le nombre premier i3. Il mesure la (roisièmc puissance — i, de laquelle 3, exposant, est sous-multiple de 12, qui ost moindre de l'unité que le nombre i3, et parce que l'exposant de ';2(), qui est G, est multiple du premier exposant, qui est 3, il s'en- suit que i3 mesure aussi la dite puissance 729 — i. Et cette proposition est généralement vraie en toutes progressions et en tous nombres premiers; de quoi je vous envoierois la démonstra- tion, si je n'appréhendois d'être trop long. 5. .Mais il n'est pas vrai que tout nombre premier mesure une puis- sance + I en toute sorte de progressions : car, si la première puis- sance — I, qui est mesurée par le dit nombre premier, a pour expo- sant un nombre impair, en ce cas il n'y a aucune puissance -f- i dans toute la progression qui soit mesurée par le dit nombre premier. Exemple : parce qu'en la progression double, 23 mesure la puis- sance — I qui a pour exposant it. le dit nombre 23 ne mesurera aucune puissance -+■ 1 de la dite progression à l'infini. Que si la première puissance — i qui est mesurée par le nombre (') C'csl de cet énoncé qu'a été tirée la proposition connue sous le nom de Théorcnie de Fermât, à savoir que si p est premier et ne divise pas a, il divise «''-' — i. Feiimat. — ■ n. 27 210 ŒUVRES DE FEUMVI. - (.OIUIE SI'ONDANCE. premior doniu' ;i pour cxposaiil un iiomhrc pair, en ro cas la piiis- sanoo -t- I (|iii a |)oiir ('X|)osaii( la nioilir diulil prciuior exposant sera Mipsuri'c par le nombre |)reniier donné. 6. Tonle la diltienllé consiste à trouver les nombres ])reniiers qni no mesurent aucune j)uissance 4- i en une progression donnée : car cela sort, par exemple, à trouver quels des nombres premiers mesurent les radicaux des nombres parfaits et ii mille autres choses, comme, par («xeniple, d'où vieni que la ']-'' puissance — i en la progression double est mesurée par -i-i']. Kn un mot, il faut déterminer quels nombres |)r('- miers sont ceux qui mesnrent leur premiî're puissance — i en telle sorte que l'exposant de la dite puissance soil un nombre impair, ce que j'estime fort malaisé, en attendant un plus grand éclaircissement de votre part et qu'il vous plaise d'étendre cet endroit de votre lettre, oii vous dites qu'après avoir trouvé que le diviseur doit être multiple + I de l'exposant, il y a aussi des règles pour trouver le quantième des dits multiples + i de l'exposant doit être le diviseur. 7. Voici une mienne proposition (que peut-être vous aurez aussi Irouvée) que j'estime beaucoup, bien qu'elle ne découvre pas tout ce ([ue je cherche, que sans do.ute j'achèverai d'apprendre de vous : En la progression double, si d'un nombre quarré, généralement parlant, vous ôlez 2 ou 8 ou j2 etc., les nombres premiers moindres de l'unité qu'un multiple du quaternaire, qui mesureront le reste, feront l'effet requis. (Zomme de 2j, qui est un quarré, ôtez 2; le reste 2! mesurera la I 1*^ puissance — i. Otez 2 de \r), le reste '17 mesurera la 23" puissance — r. Otez 2 de 22j, le reste 223 mesurera la 37* puissance — i ; etc. Kn la progression triple, si d'un nombre quarré ut supra vous (Mez 3 ou 27 ou 2'|3 etc., les nombres premiers moindres de l'unité qu'un multiple du quaternaire, qui mesureront le reste, feront l'elfet requis. Comme : Otez 3 de 2"), le reste 22 est divisé par it, qui est premier et XLIV. — 18 () CTO BUE IGVO. 211 moindre de riiiiilé qu'un multiple du quaternaire; aussi ii mesure la j" puissance — i . Otez 3 de 121; le reste 118 est mesuré par 09 moindre de l'unité qu'un multiple du quaternaire; aussi .^9 mesure la 29* puissance — i. En la progression quadruple, il faut ôter ] ou Cy\ ou 102I, etc. à l'infini en toutes progressions, en procédant de même façon. 8. J'ajouterai encore cette petite proposition. Si d'un quarré vous ùtez 2, le reste ne peut être divisé par aucun nombre premier qui surpasse un quarré de 2. Comme prenez pour quarré loooooo, duquel, ùté 2, reste 999998. Je dis que le dit reste ne peut être divisé ni par i 1 , ni par 83, ni par 227 etc. , Vous pouvez éprouver la même règle aux quarrés impairs et, si je voulois, je vous la rcndrois belle et générale; mais je me contente de vous l'avoir indiquée seulement. 9- Avant que finir, voici une autre proposition, laquelle vous four- nira peut-être quelque application, comme vous y êtes très heureux. Si un nombre est mesuré par un autre et que le nombre divisé soif encore divisé par un autre nombre moindre que le premier diviseur, en ce cas, si vous otez du quotient de la seconde division, multiplié par la dillerenccdcs deux diviseurs, le reste de la seconde division, ce qui restera sera mesuré par le premier diviseur ( ' ). Exemple : 121 est mesuré par 1 1. Divisez encore 121 par 7; le (]uo- liiMil sera 17 et le reste de la division 2. Multipliez le quotient 17 par '\, différence du premier et du second diviseur, et du produit G8 ôtez-en 2; reste OG ([ui sera aussi mesuré par I I, premier diviseur. 10. Que si le second diviseur est plus grand que le premier, en ce ( ' ) C'cst-ù-diro que si l'on a . a = bq = l>tq, + r, si l'on a /' >/'!, b di\ ise r/, (i — i, 1 — r. Si au conlraire li '. h[, h d'wisu (/[(bi — f') -i- r. :>12 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. «■as, si vous ajoultv. au (|U(tliiMil de la sccoudc divisiou, multiplié par la (lillÏTouco di's deux diviseurs, le rcslo de la seconde division, ce (|ui restera sera mesuré par le premier diviseur. Exemple : 117 est mesuré par 3. Divisez encore 1 17 par 'j ; le (|uo- ticnt sera 29 el le reste de la division i. Ajoutez au quotient -n^, multiplié par la dilTéronce des diviseurs ( (]ui ne change ici rien, parce que c'est l'unité), le reste de la dite division, qui est i; la somme 3o sera aussi mesurée par 3, premier diviseur. J'ai déjii trop écrit et il me semble qu'il est temps que vous parliez, après avoir employé si mal votre temps à lire cette longue lettre, ([ui vous confirmera que je suis etc. XLV. FERMAT A MERSENNE. MAIIDI 23 DÉCEJIllKE IC'iO. (A, f" i2-i3 to, B, t° H).) Mon Révérem) Pf;RE, 1. .le languissois dans l'attente de vos lettres et de M. de Frenicle. Je suis bien aise qu'il approuve ce que j'ai l'ait ('); et afin (|u'il ne soit plus en doute de ce que je lui demande, voici trois questions que je lui propose, pource que les spéculations que j'y ai faites ne me satis- Ibnt pas pleinement : i" La raison essentielle pourquoi 3, 5, 17, 257, etc. à l'infini, sont loujours nombres premiers; 2° Qu'il me donne quelqu'un de ses autres moyens pour trouver (■ ' ; La réponse de Frenicle à la Lettre XLIV est perdue. \LV. - -26 DECEMBRE 16iO. 213 à l'intîiii des nombres premiers de tels nombres de figures qu'on voudra. Sur quoi je voudrois être éclairci si une de mes pensées est vraie, qu'en la progression d'un nombre pair, comme G, toutes les puissances + I de la progression qui ont pour exposant : i, 2, 4, H, iG, etc. sont nombres premiers, si elles ne sont pas mesurées par un de ceux-ci : "5, 5, 17, 267, etc.; laquelle proposition, si elle est vraie, est de très grand usage. Si je puis une fois tenir la raison l'ondamentale que 3, j, 17, etc. sont nombres premiers, il me semble que je trouverai de très belles choses en cette matière, car déjà j'ai trouvé des choses merveilleuses dont je vous ferai part, après que j'aurai eu votre réponse et celle de M. Frenicle. 3° Je lui demande un moyen plus général que celui que j'ai inventé pour savoir quels sont les multiples de l'exposant utiles à la division. Après cela, je travaillerai aux propositions que vous me demandez. 2. Sur le sujet des triangles rectangles ('), voici mes fonde- ments : 1° Tout nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple du quaternaire, est une seule fois la somme de deux quarrés, et une seule fois l'hypoténuse d'un triangle rectangle. 2" Le même nombre et son quarré sont chacun une fois la somme de deux quarrés; Son cube et son quarréquarré sont chacun deux fois la somme de deux quarrés; Son carrécube et son cubecube sont chacun trois fois la somme di' deux quarrés; Etc., à l'infini. 3" Ce même nombre étant une fois l'hypoténuse d'un triangle rec- tangle, son quarré l'est deux fois, son cube trois, son quarréquarré quatre, etc. ii l'infini. (') Comparer, Tome I, VO//.fc'rvalio/i T'H sur Diopliaittc. 21V (KUVHEft DE l-KUM A I . - COUUESPONDANCE. j" Etant doniu' un nomltrc, pour savoir coiubiL'ii de Ibis il est l'iiv- poténuse d'un triangle roctanf^lo, divisez-lo par tous les noiiihics pro- niiors. plus grands de l'unité (|u'uii niuiti[)l(' du (|ualcrnairc, qui le nu'suront. Puis rangez les exposants des puissanees des dits nombres premiers (|ui nu-surenl le nombre donné, en (el ordre que bon vous semblera, l'un a[)res l'autre. Multipliez le premier par le second deux fois, e( il cida ajoutez la somme du premier et du second; |>uis iiiulli- pliez cette dernière somme deux fois par le troisii'nie, el ajoutez au produit tant la dite dernière somme que le troisième, etc. ii l'infini. F.a dernière somme marquera à combien de triangles le nombre donné peut servir d'hypoténuse. Les nombres premiers qui sont moindres de l'unité qu'un multiple du quaternaire, ni 2, non plus que leurs puissances, ne l'ont rien à la question, et n'augmentent ni ne diminuent le nombre des dits trian- gles rectangles. Soit, par exemple, un nombre donné mesuré par 5, par le quarré de i3, par le cube de 17, et par le cube aussi de 29. Nous aurons quatre diviseurs dont les exposants de leurs puissances, (]ui mesurent le nombre donné, sont : I, ■>., 3, 3. Je multiplie le [iremier par le second deux fois : viendra \; ajoutez-y le premier et le second : viendra 7. Je multiplie 7 par le troisième 3 deux fois : viendra /|2, auquel ajoutant 7 el 3, c'est j2. Je multiplie )2 par le quatrième (qui est 3) deux fois : viendra 3 12, auquel ajou- tant 5-2 et 3, viendra 3G7. Je dis donc que le nombre donné sera l'iiypoténuse de 3G7 triangles rectangles et non plus. 5" Pour trouver, par exemple, le moindre nombre de tous ceux qui sont 3G7 fois S(uilement l'iiypoténusi' d'un ti'iangle rectangle, je double le nombre donné et au dit tlouble j'ajoule l'unité : vieiulra 735, du- quel je prends tous les diviseurs sépai'ément. (Quoiqu'un nombre me- sure et par soi et par ses puissances, j'enlends tous les diviseurs (|ui XLV. — 23 DECEMBRE 1G40. -ilo sont ii()ml)ros preiiiiors; le dit nombre se trouve donc divisé aux dites conditions par 3, î), 7, 7. J'ùte de chacun des dits diviseurs l'unité el prends la moitié du reste : viendra i, 2, 3, 3. Il faut donc prendre (juatre nombres premiers plus grands de Tunilc qu'un multiple du quaternaire, et prendre leurs puissances exposées par les dits quatre nombres. En quoi faisant, vous satisferez à la question généralement en multi[)liant les dites quatre puissances entre elles. Que si vous voulez le moindre nombre satisfaisant à la question, il faudra prendre les quatre plus petits nombres premiers de la qualité requise, qui sont : j, i3, 17, 29, et pour leurs puissances, il faut que celle du plus petit ait le plus grand exposant, et ainsi des autres. Nous prendrons donc le cube de .5, le cube de i3, le quarré de 17, et 29, et multipliant tous les uns par les autres, nous aurons le moindre nombre de tous ceux qui servent d'hypoténuse à 3G7 triangles rectangles el non plus. 3. Il s'ensuit de là que si le double du nombre donné, plus i, es! nombre premier, en ce cas le nombre cherché ne peut être divisé que par un seul nombre premier plus grand de l'unité qu'un multiple du quaternaire. Comme si vous demandez un nombre qui serve d'hypoténuse à 20 triangles rectangles et non plus, ponrce que 4i est nombre pre- mier, il faut prendre la 20'' puissance d'un nombre premier de la qua- lité requise. Vous trouverez, par conséquence aisée, un nombre qui ait autant de diviseurs différents que vous voudrez et qui puisse satisfaire à la ques- tion, lorsqu'elle est possible. J'iMilends des diviseurs de la qualité requise, car vous y en pouvez mettre, comme nous avons dit, autant que vous voudrez de ceux qui sont moindres de l'unité qu'un multiple de '1, ou bien 2 et telle de ses puissances que vous voudrez. .le vous écris ceci si fort à la hâte que je ne j)rends pas garde si je fais des fautes, et omels beaucoup de choses dont je vous dirai li; menu une autre fois. •216 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. 4- Pour la (iiuslion des ellipses (^'), oll(> so di'duira l'orl aisrmcnl de ro (]iio vous vouez do voir, car la quostion va là à trouver un nombre qui scr\e d'IiYpolénuse à 12 triangles et non pins, de telle qualité que la dite hypoténuse ait plus grande proportion au plus grand des deux autres côtés que le dit plus grand au moindre : c'ost-à-diro (|U0 chacun dos dits (riangics soit conimo, par oxomplo, 29, 21, 20. Ce qui est aisé, et ayant trouvé le dit nombre, son quarré sera le donii-diamètre dos ellipses. Il le tant (|uarrer, afin que la porpondiculairo sur le foyer soit un nombre entier. J'en dis assez pour me faire entendre à M. Frenicle. 5. J'ajoute oiicoro qu'une toute pareille règle à la précédente des hypoténuses sert à celte question : Etant donné un nombre, déterminer combien de fois il est la différence de deux iwmbres desquels le produit est un nombre quarré. Et n'y a que celte différence, qu'en cette question tous les nombres premiers hormis 2 sont utiles, ce qui n'est pas en la précédente des hypoténuses. Comme, si un nombre est mesuré par 3 et par le quarré de j, les exposants étant i et 2, multipliez le premier par le second deux fois, il (|uoi ajoutant leur somme, viendra 7. Vous pouvez donc assurer que 7.") est 7 fois la différence de deux nombres desquels le produit fait un (j narré. Pour avoir le plus petit, vous userez de même voie. Or, [>our trouver tous les triangles et aussi les dits nombres en cetfo (') f'oir sur cette question, antérieurement proposée par Frenicle à Descartes, les Let- tres (le ce dernier, du 9.0 décembre i63H ( éd. Clcrselier, II, <)5 ), du 9 février ifiSo ( II, 97), du 3o avril 1(339 (III, 84). Frenicle avait demandé de construire sur le môme grand axe (aa) un nombre déterminé d'ellipses telles que pour chacune la distance des foyers (ac) fût supérieure au petit axe (26) et qu'on pût exprimer en nombres entiers le grand axe. le petit axe, la distance (a — c) a un foyer au sommet voism, et I excès I I > sur la dislance des foyers, de la distance de l'un d'eux à l'extrémité de l'ordonnée passant par l'antre. XLV. - 25 DECEMBiiH lOiO. 217 t|iiostion, l;i cliosc os( assez aisée, de quf»i je vous écrirai séparémciil, si vous voulez. De celte dernière queslion, ou peut tirer l'iuveuliou d'Iiyperboles au lieu d'ellipses, etc. Dès que M. de Freuicle m'aura écrit, je lui donuerai des proposi- lious que je juge, sans me flaller, qu'il estimera incomparablement plus Itelles que tout ce dont nous avons encore parlé. Je suis. Mon Révérend Père, Voire (ri's liumble serviteur, Feiuiat. A Toulouse, ce /.'i décembre 1G40, FtasiAT. — II. 28 2IS ŒrXllKS 1)1-: KEUiMAT. - CORUESPOM) VNCi:. ANNÉE IGil. XLVl. FRRMAT A MERSENNE ( ' )• MARDI 20 M Alt S lOil. (A, f» 34; B, t» '4 v°.) .Mon Ri:vi-.RENn Père, 1- Les occupations qm' les procès nous donncnl sur la UMc m'onl ompèché de pouvoir lire îi loisir les Traités (- ) que vous m'avez l'ail la faveur de ni'envoyer. Je me réserve d'y vaquer avec soin aussitôt après Pâques, et ce sera alors que je vous satisferai et vous marquerai avec liberté mes sentiments. 2. Je suis toujours dans l'aKenle de la réponse de M. de Frenicle (■'). et en tout cas, vous m'obligerez de me renvoyer ma démonstration ( ' ) pource que je n'en ai point gardé de copie. Comme aussi je serai bien aise qu'il vous plaise m'envoyer ma copie de mon Isagoge ad locos, de ( I) Ij'lllT ilUMiilO. (-) Mersonnc luisait alors iinliimmont eirciilci" {Lettres de Dexcortcs, éd. Clorsclier. M. 41, du 28 octobre 1640 à .Mcrsemie; MS. B, f" 29 v° et suiv., lettre iiicdito do l'ujos ii Mor- scnno du 9 mai 164 1), avec l'opuscule de Fermât Doctrinam tangeiitiuin (Tome I, p. 1 JS cl suiv.) : 1° un Traité des cercles qui se font dans l'eau; 2° un autre pour le mouvetnciit journalier de la terre; 3" la lettre de Beaugrand contre Desargues ( OpAivres de Desar- gues, éd. Poudra, II, p. 355 et suiv.). (') Réponse à la Lettre XLV? (*) Démonstration piTiliie. XLVI. — 26 MARS ICI. 219 son Appendix et De inveniione tangentimn in ciuvis [ '), m'élaiU engagé envers M. Despagnet de les lui faire voir. 3. Excusez l'importunité à laquelle je me trouve engagé par ma né- gligence. Voici, en revanche de la peine que je vous donne, une belle proposition tirée de mes Lieux ad superficiem (-) et qui n'est qu'une suite d'une des propositions du Traité entier : S)oil une sphère donnée et en icelle décru un solide régulier. Je dis (jue, si vous prenez un point à discrétion dans toute la superficie de la sphère, et (pie de ce point vous tiriez des lignes à tous les angles du solide régulier, les quarrés de toutes ces lignes pris ensemble seront égaux à un espace donné. (]omnie, si vous en désirez un exemple, soil une sphère donnée et en icelle décrit un tétraèdre. Je dis que, si vous prenez un poinl à dis- crétion dans toute la surface de la sphère, et que de ce point vous tiriez (|uatre lignes aux quatre angles du tétraèdre, les quarrés de ces ([uatre lignes pris ensemble feront un es|)ai'e (|ui sera double du quarré du diamètre de la sphère. Etc. La démonstration n'est pas malaisée et se (ire facilement de celle d'une autre proposition que j'envoyai il v a longtemps à M. de Ro- berval ('). Je suis, mon Révérend Père, Votre très humble et très affectionné serviteui', Feumai'. A Toulouse, ce aG mars iGii. (1) FfM> Toins I, pages gi et suiv.; io3 el suiv.; iJ8 et suiv.; le dernier litre doit en effet designer l'écrit Doctrinam tangentimn. (2) Foir Tome I, pages 1 1 1 et suiv. L'énoncé qui suit est un ca> particulier du lliéoréiue général : Si a quotciiinqne pimctix, page ii3. (3) P'oir Lettre XIX. ■210 ŒU\ IIKS DE FEUMAT. — COIUIESPOND ANGE. MAIL FERMAT A MKUSENNE {'). SAMUDI lo JUIN IC'll. (A, f" l'i: lî, f° i5 v.) Mon Rr.vKUEND Picr.E, 1. Je lâche de coiitentor assfiz amplonieiil la curiosilé do M. de Fro- iiiclo par la Lettre que vous trouverez dans votre paquet (/'). 11 m'a pourtant demandé la solution d'une question (') que je diffère de lui envoyer jusqu'à ce que je serai de retour à Toulouse, me trouvant pré- sentement à la campagne où j'nurois besoin de beaucoup de temps poui' refaire ce que j'ai écrit sur ce sujet et (]ue j'ai laissé dans mon cabinet. Voici pourtant un échantillon de cette question générale, que vous lui pourrez faire voir par avance : En la progression de 3, tous les nombres premiers, qui sont diffé- rents par l'unité d'un multiple de 12, mesurent seulement les puis- sances — I. Tels sont : 11, i3, 23, 37, etc. Eli la même progression, les nombres premiers, qui sont différents par 5 d'un multiple de 12, mesurent les puissances + i. Tels sont : i), 1 7, i(), etc. En la progression de 5, tous les nombres premiers, qui finissent par I ou par f), mesurent seulement des puissances — i. Tels sont : 1 i, 19, etc. Ceux qui finissent par 3 ou jtar 7 mesurent des puissances + 1 . Tels sont : 7, 1 3, 17, etc. Vous aurez une autre fois la règle générale en toute sorte de pro- gressions. (') LeUrc incdile. (») J^oir Pioce XLVlll ci-après. (3) roir Leitres XLVlll, 12 cl XLIX, i2. XLVIll. - 13 JUIN IGll. 221 2. J'attends maintenant qu'il vous plaise m'envoyer la copie de mes Traités (') que je vous ai si souvent demandée pour M. Despagnet. Je suis, mon Révérend Père, Votre très humilie et très affectionné serviteur. Fermât. Ce 1 5 juin i(>-i I. 3. Depuis avoir écrit la lettre de 31. Freniclc, j'ai trouvé la dernière question que je lui fais (-) : Etant donné un nombre , déterminer combien de fois il peut être In somme des deux petits côtés d'un trian<^le rectangle. S'il la veut, je lui eu ferai part, et serai cependant bien aise de voir sa solution. XLVIII. FERMAT A FRENICLE {'). < 13 jLix 16V1 > (B, f° 26 v°-28 r". ) 1- La proposition fondamentale des triangles rectangles est que tout nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple de \, est com- posé de deux (| narrés (^ ). ( < ) l'olr Lettre XLVI, 2. ( 2) Voir Lettre XLVIIL 11. (') Cette pièce inédite, reproduite d'après une copie qui ne porto ni adresse ni date, ne doit être considérée que comme un extrait d'une Lettre de Fermât. Cette Lettre était évi- demment adressée à Frenicle, dont nous avons la réponse (ci-après XLIX), datée du 2 août 1641. Le post-scriptnm de la Lettre XLVII ci-avant, adressée àMersennelo i5 juin ifi/ii, prouve d'ailleurs que le présent extrait a bien été fait sur la Lettre pour F'reniclo, mise par F'eruiat dans le paquet envoyé à cette date au Minime. L'auteur de l'extrait n'a copié que ce qui lui a paru avoir un intérêt mathématique et a négligé toutes les transi- lions d'une question à l'autre. (^) Viiir Lettre XLV, 2. ■lî'l ŒUVRES 1)K Fi:UiM\T. - CORRESPONDANCE. 2. La nu'lliodi' pour trouver les IriaiigU's coiuposés eu conséquence des primitil's est dans les Livres ('), ou s'en peut tirer aisément : Soit le nombre donné d"), ie(juei je trouve être Fliypolénuse de quatre triangles, [)ar la ri'gle déjà envoyée (-). Les nombres premiers de la (]ualilé re(|uise (|ui le composent sont "i et l'i. Le triangle ('■') de j est 5, .'|, 3; celui de i '5 est i), 12, 5. Je multiplie la base 12 |)ar la base ^|, vient '|8; puis le petit côté 5 par l'autre 3, vient il; et derechef 12 par 3, en croix, vient 3(); puis 4 par j, vient '20. La somme des deux premiers produits et la did'érencc des deux se- conds font les deux petil;s cotés d'un des triangles cherchés, qui sera par conséquent : G.j, G3, iG. Kt derechef la somme des deux derniers produits et la difl'érence des deux premiers sont les deux petits cùtés d'un autre des ti'iangles cherchés, qui sera partant : Gj, 5G, 33. (Que si, au lieu de i3, 12, 5, vous aviez pris le même 3, 4. ^. on faisant la même opération, vous n'eussiez trouvé ([u'un seul triangle qui est, en mon précédent exemple : 20, 24, 7.) Les deux autres triangles sont semblables aux deux premiers et se font, l'un en multipliant les côtés du premier par l'hypoténuse du second, et l'autre en multipliant les côtés du second par l'hypolénuso du premier; ils sont donc : Cj, .")2, 39; 6Ï>, Go, 2.5. 3. Cette méthode est générale, de sorte que toute la didicullé con- siste à trouver les triangles primitifs, lorsque le nombre premier qui leur sert d'hypoténuse est donné, et cette question se réduit à la sui- vante déjà proposée (') : litanl donné un nombre premier qui surpasse de l' unité un multiple de 4, trouver les deux quarrés qui composent le dit nombre. (') Fermât va simplement en elTel exposer la métliodo de Dioplianlc, lil, 22, pour con- struire (pialre triangles ayant une munie hy|)Olénusc. (2) Dans la Lettre XLV, 2, i". (') Le triangle qui a 5 pour hypoténuse. (') Probablement dans un passage non conservé do la présente Lettre. XLVllI. - lo JUIN 1G41. 223 Car si l'on n'a ces deux quarrés, on ne sauroit trouver le trian;^le primitif. Mais ce problème, de trouver ces deux quarrés, est aussi mal- aisé que de tâtonner, et l'ordre de la proposition précédente est gran- dement dilïicile. 4. Soit un nombre impair donné, comme i5, les couples des nom- bres sous lesquels il est produit sont i , 1 5, et 3, 5. Chacun de ces deux couples le fait être un des petits côtés d'un triangle rectangle, car le premier couple (') produit le triangle : ii3, 112, i >; et le second couple produit le triangle : 17, iT), 8 (j'entends des triangles non com- posés). Au premier de ces triangles, i5 est le plus petit côté, au second, le moven. On demande quelle est la proportion des deux côtés qui produisent un nombre impair, au-dessus de laquelle le dit nombre impair soit le petit côté, et au-dessous le moyen . Je réponds qu'il est impossible de le déterminer exactement en nombres entiers, parce que l'équation d'algèbre produit des nombres irrationaux, quoiqu'on en puisse approcher à l'infini de plus en plus par nombres entiers. Par exemple : si les deux côtés qui produisent l'impair sont enire eux en proportion moindre que de 2414 2i3 à 1000 000 ou égale, le nombre impair fera le moyen côlé; que si les deux côtés qui produisent l'impair sont en proportion plus grande que de 2414214 à 1000 000 ou égale, le nombre impair fera le petit côté. On peut approcher ces deux proportions à l'infini, mais non en termes précis; elle sera (-) en termes irrationaux, savoir de i à i + Hq. de 2. 5. Il va des triangles qui se peuvent diviser en deux, et subdiviser ( ' ) En tlièse générale, suivanl le langage de Dioplianle, un triangle rectangle en nombre (7, //, c, est dit formé des deux nombres p et q, si l'on a a = p--hq-, b = p- — l'Observation XXIX sur Dioplianle et ci-après, 10, la première de ces règles. \LV111. - 13 JUIN IGil. 2-2"> Trouvez, par la précédente, un triangle non composé, les côtés moindres duquel diflerent par un quarré, comme 20, 21, 29 ou tel autre. S'il a les qualités requises, il en faut tirer deux de celui-ci par la méthode précédente, et le second qui viendra satisfera à la propo- sition. Et s'il n'a pas les conditions requises, le premier qui s'en tirera, par la précédente, satisfera à la proposition. Comme : 3, 4. 5 ne satisfait qu'à la précédente et non à celle-ci. Le premier qui s'en tirera y satisfera, à savoir : 29, 21 , 20, et si de cettui- ci vous en tirez un, viendra 119, 120, 1G9, qui ne satisfait pas à cette question; mais celui qui s'en tirera, à savoir : 983, 697, G96, et ainsi à l'infini, alternativement, y satisfera. 8. 11 y en a d'autres qui pris par couples ont leurs différences rela- tives ( ' ) comme 1 1 , ()o, Gi et 119, 1 20, iCk). Pour les former, il faut trouver trois quarrés en proportion arithmé_ lique, qui sont par exemple : i, 25, 49- Formez l'un des triangles de la somme des côtés des premier et deuxième quarrés et du côté du second, et formez l'autre triangle de la somme des deux côtés du second et du troisième, et du côté du deuxième, vous aurez les deux triangles requis. Autre exemple (- ) : Soient exposés les trois quarrés en proportion arithmétique 49. 1G9, 289. Les deux triangles se formeront de 20 et 7 et de 3o et 7, et seroiil /i49, 35 1, 280; y49> ^ji» 420. 9. Trouver un nombre qui soit autant de fois qu'on voudra polygone et non plus ('). (') C'cst-à-diro deux triangles rectangles en nombres («, h, c) («i, Ai, ci), tels que l'on ait a — ù = l/i — ri et /^ — r = «j — /;]. (2) I'"ernial commet dans cet exemple une erreur de plume. Car, d'après sa règle, ayant les carrés 7-, i32, 172^ j| devait former les triangles, l'un de 7 M- i3 = lo et de i3. l'autre de i3 -(- 17 = 3o et de i3; il aurait ainsi trouve les triangles 569, 620, 23i et loGy. 7S0. 73 1, satisfaisant au problème proposé. P'oir ci-après, XLIX, 6. (3) Question proposée par Fermât à Frenicle. Foir Lellrc XLIX, 7. Fermât. — U. ag •ÎH\ ŒIIVRKS 1)K FERMAT. (.OURESPONDANCE. 10. Irouvor deux (liaiiglos doiil les airos soient on propoilion donnée {' ). Voici la règle la |)lus éléiianle : Soient les den\ nombres qui expriment la proportion donnée, a cl /v. Les deux triangles se forment : le premier, de a bis + h et de a — b; le second, de h bis -h n ci de a — />. Vous aurez donc deux triangles qui seront par leurs aires en pro- portion donnée. (]ar, si vous les demandez de 5 à 3, les deux triangles se formeront, le premier de i3 et 2, le second de 11 et 2, et les deux triangles seront : 173, i65, .')2 I 12"), 117, 44. H. Etant donné un nombre, trouver combien de fois il peut être la somme des deux petits côtés d'un triangle rectangle {'' ). 12. Règle pour déterminer les nombres premiers qui, en toute pro- gression, mesurent les puissances — i seulement, ou + i aussi ('). XLIX. FRENICLP] X FERMAT {■'). VENDREDI 2 AOUT IGil. {Ta, \i. 166-168.) Monsieur, 1. .l'étois dans l'impatience de savoir votre retour h Toulouse, pour me donner l'honneur et le contentement de continuer nos conférences, lorsque le Révérend Père Morsenne m'en adonné avis; j'espère qu'elles dureront plus longtemps que je ne pensois, parce qu'il est survenu quelque chose qui m'arrête ici. ( ') /'»//• plus luiul, 5. (') Question proposée par Format à Frcniclc. /'>;//■ Lettre XLVII, 3, el XLIX. 9. (') Question proposée par Frcnicle à Fermât. To/r Lettre XLVII, 1, et XLIX, 12. (') Réponse à la Lettre précédente, XLVUI. XLIX. — 2 AOUT iGhi. 227 2. J'ai mille remerciements à vous faire de la limitation des cotés que vous m'avez envoyée ('), laquelle véritablement je prise fort. J'a- vois bien reconnu que la proportion étoit irrationelle et pour cela je m'étois contenté des raisons de lo à 24 et à 23, mais vous l'entendez ici à l'infini. .l'avois cru, [)ar la lecture de votre précédente (-), par laquelle vous mandiez qu'il étoit aisé de la trouver, que vous préten- dissiez de donner une raison rationelle pour cette limitation; c'est ce qui m'avoit fait dire que peut-être ne la trouvericz-vous pas si facile, parce que je la savois être impossible. Je sais que l'Algèbre de ce pays-ci n'est pas propre pour soudre ces questions, ou pour le moins on n'a pas encore ici trouvé la manière de l'y appliquer : c'est ce qui me fait croire que vous vous êtes fabriqué depuis peu quelque espèce d'Analyse particulière pour fouiller dans les secrets les plus cachés des nombres, ou que vous avez trouvé (juelque adresse pour vous servir à cet effet de celle que vous aviez accoutumé d'employer à d'autres usages. Si la démonstration de cette limitation étoit courte, vous m'oblige- riez beaucoup de me l'envoyer : car, si elle est trop longue, je ne vou- drois pas que vous vous détournassiez de vos études à cette occasion. Cette même raison, de i à i H- y'^2, se peut aussi appliquer à la pro- portion des côtés des quarrés qui composent l'hypoténuse, mais en un sens contraire à celui des parties plus prochaines du côté impair, comme aussi elle se peut appliquer aux nombres qui composent la moitié des côtés pairs, au même sens qu'aux parties des impairs. 3. Je viens maintenant ii ce qui regarde les triangles. Les méthodes (') que vous donnez, tant pour trouver les quarrés que les côtés des triangles qui appartiennent aux hypoténuses composées, sont véritablement fort belles, et vous avez la méthode de si bien dis- poser vos règles, que cela leur donne une certaine grâce qui les fait encore agréer davantage, mais elles ne suivent pas mon intention, car (1) ro(>XLVllI, A. (2) Lettre perdue. (3) ro;> XLVIII, 2. ■lis. ŒUVRES DE FERMAT.— COURKSl'ONDANCE. \v n'ai poiiil oiilciulu (lu'oii so servit des qiiarrés ni des Iriaiigles des parties des hypoténuses composées, mais seulement dos dites parties. Par exemple, je demande nne manière de trouver que Gj est com- posé des quarrés (i'i. 1 et '|i). i('), supposant seulemenl qu'il a .'^ et i3 pour les parties premières, sans employer à cel effet les qnarrés 4 tU i, ni les côtés 3 et 4. i"^" p'"^ <|"i' ceux qui appartiennent à i). 4. Des (juatre propriétés des triangles que je vous avois proposées, vous avez fort bien trouvé la deuxième ('); pour les trois autres, vous n'avez pas suivi mou intention. Parlant, il iïiut (jue je m'éclaircisse plus que je n'avois fait. La première est facile (-) : Que le triangle rectangle soit AB(J (//g. 78); il le faut diviser en deux triangles ABD, ADC avec la per- Fis. -8. pendicnlaire AD; et derechef le triangle ADC en deux triangles EDC, KDA par la perpendiculaire DE et l'autre pareillement ABD en deux, savoir ADF, BDF, par la perpendiculaire DF; et derechef les triangles BDF. ADF, ADE, DEC par les autres perpendiculaires FO, FI, EL, EN; et continuer ainsi tant qu'on voudra et faire que toutes les lignes et sections d'icelles, comme AL, LL ID, BO, OD, DN, NC, soient nombres entiers. 5. \'ous donnez par après (^) les triangles dont le moindre colè est dilférent d'un quarré de chacun des deux autres : je sais bien (jne la (') Lettre XI.VIII, 6. (*) Lettre XLVIII, 5. (») Leuro XLVIlt, 7. XLI\. — 2 AOUT ICil. ±1'.) moilié de ceux qui ont i pour différence de leurs petits côtés ont aussi cette propriété, savoir ceux qui commencent par un nombre pair ('), mais je n'attendois pas que vous dussiez vous servir di' ceux-là, espérant que vous donneriez le moyen de les trouver tous: et, afin d'exclure les susdits, on pourroit ainsi proposer le problème : Donner tous les triangles qui ont un cjuarré pour différence de leur petit côté à chacun des deux autres côtés, en sorte que l'une des différences ne puisse pas mesurer l'autre. 6. Pour l'autre propriété des triangles (-), qui est d'avoir un autr(> triangle relatif en différences, en sorte que la différence des deux grands cotés du premier soit celle des deux petits côtés du second, et la différence des deux petits côtés du premier soit celle des d(Mi\ grands côtés du second, comme on voit aux triangles : 49 ^ • , 6o Gi 119 i^o 169, vous n'avez pas considéré attentivement cette proposition, car les triangles que vous donnez : / / 9« /■ ^^9 .5.)! 200 98 43 1 9'i9 8r>i 420, n'ont pas cette propriété, mais en ont une autre, qui est que les grands côtés de chacun ont pareille différence, savoir 98, et en outre que les deux hypoténuses ont pareille différence que les deux grands côtés. Mais ce n'est pas ce que je demande, car aux triangles 49 " ' 49 , Il Go 61 et 119 120 169, vous voyez que 120 et iGf) n'ont pas même différence que Oo et (Ji , ni (il et iGg même différence que Go et 120. Il faudroit donc, pour satis- faire à la question, qu'en vos triangles il y eût même différence de l\\[) à 35 1 que de 85 1 à 420, et de 35 1 à 280 que de ()\r) \\ 85 1. (') C'est-à-dire dont le plus polit côté est pair. (2) Lettre XLVIII. 8. J'oir les notes. ■IW (KUVUKS I)K IKU M AT. - COURES POND ANGE. 7. Vous mo lu'oposoz par aprc'S {') do trouver un nombre qui soit polygone autant de fois qu'on roudra et non plus. Je vous (liiai (ju'il v a ([uchiucs aiiÊiécs ([iir je m'ôlois mis ii la rtH'litM'olic (le t'(>la. mais à {jcinc cus-jo comuuMici', quo jo m'avisai i|ui' les lii,Miros qui soûl uiaiulcuaut ou usage soûl si oxtravagaulos, lorsqu'ou ios veut uiollro on pratique, j'entends quand on les veut représente!' avec des jetons ou des points, qu'on les nommeroit plus à propos chimères ou grotesques que figures, lesquelles, si elles ne sont ontièrement régulii'res, au moins doivent-elles en approcher le plus (|ue faire se peut. Cela fut cause que je quittai ce que j'avois commencé pour mo mettre à réformer ces figures, et Dieu m'a fait la grâce d'y réussir en (juelque fa(,'ou, car j'ai trouvé une manière de faire des iîgures régu- lières en nombres d'une infinité de sortes, et d'autres aussi qui n'ont point d'angles rVio-/-eV/?V/?i, de tant do côtés qu'on voudra. J'ai ensuite l'onsidéré quelques-unes de leurs propriétés et ce qui dépend d'icelles, de sorte que je ne me suis pas beaucoup arrêté aux figures communes, que je nommerois plutôt progressions de triangles que figures, à cause de l'assemblage des triangles par lequel elles sont formées. Je crois bien que ce n'est pas de ces nouvelles figures dont vous voulez parler, car possible ne vous en ètos-vous pas encore avisé; mais pour les com- munes, on peut considérer votre question en deux maurèros : 8. La première, si le nombre demandé est plusieurs fois polygone, de telle sorte qu'il enveloppe tous les polygones inférieurs, c'est- à-dire que, si ce nombre est, par exemple, heptagone, il doive aussi être hexagone, pentagone, quarré et triangle. Et ainsi, pour avoir un nombre qui fût sept fois polygone, il en faudroit donner un qui fût figure de 9, 8, 7, G, 5, 4 et 3 côtés; ce qui seroità la vérité fort difficile, et il faudroit un nombre fort grand pour y satisfaire, car les nombres (') Foir Lcltre XLVIII, 9. Cette question dérive de celle qui termine le IJvre Des noml/rcs polfgonc.i de Diophanle. I''ermat ne paraît pas être jamais arrivé à une solution qui l'ait satisfait. XLIX. - -2 AOUT IGVl. 231 qui sont seulomeiit triangles, quarrés et pentagones deviennent incon- tinent fort grands, et c'est à cela que j'avois commencé à travailler. L'autre considération est qu'un nombre soit polygone en plusieurs façons, sans se soucier si les polygones sont de suite ou non. Je n'ai pas encore recherché cela; si vous l'avez trouvé, vous m'obligerez de me le communiquer. 9. L'autre question que vous me faites (') contient deux problèmes : L'un de choisir un nombre c/iii soit la somme des deux petits côtés de tant de triangles qu'on l'oudra et non plus; L'autre est de déterminer à combien de triangles un nombre donné est la somme des deux petits côtés. Pour soudre ces problèmes, il faut considérer que tout nombre pre- mier, différent de l'unité d'un nombre divisible par 8, est la somme des deux petits côtés d'un triangle, et tout nombre qui est la somme des deux petits côtés d'un triangle auquel les côtés sont premiers entre eux, diffère de l'unité d'un nombre divisible par 8. Sur ces fondements, il faut faire la même chose avec ces nombres qu'on feroit sur les nombres premiers pairement pairs -hi, pour trouver ce qui est requis par les problèmes, si on demandoit des hypoténuses au lieu de la somme des deux petits côtés. Il seroil su|)erflu de déduire cela plus au long : intelligenti loquor. 10. Si votre méthode est autre que celle-là, vous m'obligerez de me la communiquer, et aussi de quelle façon se pourroit trouver le triangle, ayant seulement la somme de ses petits côtés sans avoir les quarrés et doubles quarrés dont elle est la différence. Car ces sommes ont cette propriété d'être toujours deux fois la différence d'un quarré et d'un double quarré; et, si cette somme est un nombre composé d'autres de même nature, comme 119 composé de 17 et 7, il sera quatre fois la différence d'un quarré et d'un double quarré. Il faudroit aussi trouver la même chose pour l'enceinte entière des triangles que pour la somme des deux petits côtés. ( ') J'oir Letlre XLVUI, 11. -23-2 (!• UVllKS DE FERMAT. — CORRESPONDANCE. 11. Sur lo sujet tics triangles, voici ce que je vous proposerai l'ucorc : L'uc hypotènttse cuDiposéc élaiit donnée cnx'c les (/narres premiers entre eux qui la composent par leur addition, Iroui'er ses parties. Qiio 2?. I soit riiypotéinise donucc avec les quarrés qui la composent, savoir : loo, ii>i et njG, 2"), il faut trouver par le moyen d'iceux que •2■l^ a i3 et 17 pour parties. 12. .l'alicnds de vous la manière (') de trouver les nombres pre- miers qui ne mesurent que les puissances — i en toute analogie, et principalement en celle de 2. Je suis etc. L. FRENICLE A FEMIAT (-). VliNDIlEDI 6 SEl'TUMnilE 1641. (Ta, p. i(i9-i;3.) MOSIECK, 1- Votre règle (■') pour trouver les triangles pareils à 1 1, Go, Gi et I i(), I20, 169, est fortbonne; je m'étois seulement arrêté à l'exemple, sans la considérer autrement. 2. Mais celle que vous mettez ensuite, pour les triangles dont le moindre côté dilFère d'un quarré des deux autres ('), sert à la vérité pour trouver quelques-uns de ces triangles, mais non pas pour les trouver tous, ainsi que vous prétendez : car, prenant tous les nombres et q dans la note précédente. ( ' ) Si l'on pose /•2-+- I et q = r — I, ■2. et que l'on fasse q = 60, on aura r = Gi, /) = 18G1. J-cs trois autres proportions sont Go, 293; 60, aGg: Go, 157. Fermât. — U. 3o •i;$V ŒUVRES DE FERMAT.- COIUIESPOND ANGE. siisilils, av(M' ct'llc (lillV'rciu'c (]ii(' I'iiik^ l'cgardc la j)ro|M)rlioii qui coiii- nioiu'c par un jiair et l'aulrc relie (|iii eouiiiuMire par un iiiipair. Kl celle-ei n'esl pas beaueoup di lié renie de voire dernière ('), car, avant pris un lrianij;le priniilil, je nie sers de son hypoténuse pour le premier lernie, el pour l'autre, j'oie il'un des eolés du lrianii;le la dil- i'éronee de l'autre eôlé à l'hypoténuse. Exemple : Que 20, 21, 2Ç) soit le triangle, 29 le premier terme; pour l'antre, j'ote de 20 la différence de 2[ à 2;), ou de 21 la dilVérence de 20 à 2(), et restera 12. On aura donc 2;) et 12 dont les quarrés compose- ront le triangle cherché. 3. Voire premii're règle (■) pour trouver trois quarrés en proportion arithmétique a le même défaut que la précédente, car on ne les peut pas frouvei' tous par icelle. Par exemple, on ne trouvera pas les quar- rés de I, 2(), 'il. ou de 17, 53, 7'j. Mais, par la proposition que vous mettez en l'écrit particulier, on les peut tous comprendre. Vous pouviez aussi donner aisément par la première règle le troi- sième quarré, sans obliger à prendre la dilTérence des deux (|uarrés trouvés. Comme : en l'exemple que vous ajjportez, le quarré — 2 de j est 2); le quarré suivant +1 est 37 : si on vent avoir le troisième nombre, il faut ajouter à 37 le double de 5, et on aura 47- Si on pronoit 4» son quarré — 2 est r4; le quarré suivant -f-i est 2G, auquel ajoutant 8, double de 4. on aura 34- Les trois nombres, étant l'éduits, sont 7, i3, 17. La méthode dont je me sers pour trouver ces irois quarrés propor- tionaux, est tout autre que celle-là ('), et voici comme on procède pour les avoir tous : I ') Celte rè.ijlo fie Frenicle revient en effet à la seconde de Fermai. (2) Cp. Lotirc XLVIII, 8. — La règle générale de Fermât parait avoir coiisislé de fait à prendre pour les racines des trois carrés lés nombres r- — a.c-, /•- -1- an- -t- 21-, r^ -t- irs-i- 2.v2. La première règle revenait à supposer .r = 1. (') Cette règle de Frenicle, revenant à prendre pour les racines des trois carrés en jiro- grcssion arillmiélique les nombres p^ — 9.prj — :]0 ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE. Voici la iiiaiiioro dont j(> mo sers : si je vrux, par exemple, avoir Ions les triangles (lui oui 7 île iliiréronee enire leurs moindres côtés, je eherehe les deux premiers triangles qui ont cette dill'érence, et trouve T. 12, 1 î et iS, i"), 17. Je prends les racines des quarrés de eiiaque triangle, savoir i, 2 et 4. '• ^'1 mets cha()ue couple en tète d'une ciiloune. J'ai donc pour le premier : 3, 2. Pour avoir le triangle suivant, je prends la plus grande racine du premier pour la moindre du s(>cond. savoir 3, et pour la plus grande je prends le double de la plus grande du premier, plus la moindre. Ainsi j'aurai 8, qui est double de 3, -1- 2. Ce 8 sera la moindre racine du troisième triangle, et la plus grande du dit troisième sera i<), qui est double de 8, +3. On iera la même chose à l'autre couple 4. '. et on poursuivra aussi loin (lu'oM voudra. 3. 2 . 4. I . 8. 3. »• r 4- •9- 8. 22. 9- 46. '9- 53. 22. Ayant donc tous les triangles qui ont 7 pour différence de leurs moindres cotés, il sera facile, par ce qui a été dit ci-devant, de trouver tous les quarrés arithmétiquement proportionaux, dont le moindre est ',<). Si le susdit moindre quarré étoit divisible par deux nombres pre- miers de même nature que les susdits, il y auroit (juatre souches dont tous les triangles dépendroient. S'il étoit divisible par trois nombres premiers, il y en auroit huit. qui ne dépendroient point l'un de l'autre. Ktc. Ainsi iGi, composé de 7 et 23, est la différence des petits côtés des triangles surprimitifs : 19. 180. 181. I 60. 221. 22g I 279. [\[\0 . 52 et 4oo. 56 I. 68g, et de chacun d'iceux on peut faire une infinité de triangles primitifs f|iji auront le même i()i pour dill'érence, et partant, le quarré de itii L. — 6 SEPTEMBRE 1C41. 237 sera le moindre quarré des trois propor(ionaiix en une infinité de sortes. Il faut excepter l'unité de ce qui a été dit, car elle sert bien de diffé- rence à une infinité de triangles, mais elle n'a qu'une seule souche, qui est le triangle 3, 4, 5, d'où dépendent tous les autres. On aura donc les quarrés proportionaux (') dont les racines son! ici : 7. .3. .7. 7. 73. io3. 7. 423. 601 . 7. 2477. 35o3. J 17 . 2J. 1 97- 13". 565. 799- 7 SagS. 4657- et on les peut continuer tant qu'on voudra en continuant les trian- ûies. Voilà donc pour la première chose qui appartient aux dits quai'rés. 5. La seconde est de trouver les dits trois quarrés en telle sorte qu'ils soient comme enchaînés l'un à l'autre et que le dernier et plus grand des trois soit le premier des trois suivans : comme on peut voir en ces colonnes, la fabrique desquelles je vous envolerai au premier voyage; toutefois j'estime que par l'inspection vous la jugerez aisé- ment. .7. 23. 3-. 47- 65. 79. 79. 101. 119. 119. 145. 167. 197. 223. I . ;). / • y ' i3. •7- '7- 25. 3i. 3i. 4.. 49- 49- 61. 7'- 7'- 85. 97- 97- ii3. 117. ; • 23. iG- I. 29. |i 4i. 85. 1(3. 1 13. 1 73. 217. 217. 290. 353. 353. 445. 521. 32 r . 629. 721 . Il y a aussi des voies pour avoir les différences égales desdits quar- rés : car, en la première colonne, si on multiplie i\ par les sommes de tous les quarrés, lesquelles sommes sont i, 5, \\, 3o, etc., on aura (')Frcniclo reprend la construction de trois carrés en progression arithmétique d'après les séries de Iriingles commençant par 5, 12, i3; 8, i5, 17. •238 ŒTVRES DK FKItMAT. - COHUESPONDANCE. les diUorencos des quarrés, vl (M1 la socoiule coloiiiu', il laiidroil imil- liplior 2'| par los sommes des soiils qiiarrés impairs. • Il y a d'antres choses à cniisidérer lii-dessiis, (jiie je n'ai pas iiiaiiile- naiil le loisir de déduire plus au loui;'. 6. Me voici niaiiileuaut ii l'eudroil de voire i.cKre, aïKpiel vous parlez tles iKUiiljres (jui sont la soaunc des deux petits colés d'un triangle (^') et, sur ce sujet, je vous dois ôter de l'opinion que vous avez que je ne susse pas que cliacun de ces nombres peut siM'vir de diffé- rence à une infinité de ([narrés et de doubles quarrés. Vous vous êtes fondé sur un avertissement que je donnois, que les dits nombres sont toujours deux l'ois la différence d'un quarré et d'un double quarré; mais je n'ai pas dit qu'ils fussent seulement deux fois la différence d'un quarré et d'un double quarré, comme vous croyez avoir lu. Il faudroit avoir bien peu de pratique aux nombres pour ne s'être pas aperçu d'abord que 7 est quatre fois la différence entre de fort petits nombres : savoir entre i et 8, 2 et 9, 18 et 25, 23 et 32. Et je ne vous ai pas coté cela pour une propriété des dits nombres; mais, vous ayant demandé le moyen de trouver le triangle dont un nombre donné est la somme des côtés, sans avoir les quarrés et doubles quarrés dont il est la dinérence (-), il falloit vous avertir que les dits nombres étoient toujours deux fois la différence d'un (juarré et d'un double quarré. Car il y a deux couples dont je me sers pour avoir le dit triangle. Par exemple, pour avoir le triangle dont 7 est la somme des deux côtés, je me sers de i et 8, et de 2 et 9. Et, pource que j'étois pressé, je n'eus pas le loisir de m'éidaircir davantage. Je n'entends pas que les dits couples soient 2, 9 et r8, 2"), comme vous avez cru, mais i, 8 et 2, 9; et ce que j'observe en ceci est que les dites sommes sont deux fois la différence d'un quarré et d'un double ((uarré, en chaque couple desquels il y a un nombre moindre que la différence donnée : savoir, il un des couples le quarré est moindre, et à l'autre couple c'est le ( ') f'oir Leltrcs XLVlll, 11, el XI.IX, 9. (î) Foir Lettre XLIX. 10. L. — G SEPTEMI5UE IGil. -239 double qiiarré. Gela s'observe toujours aiusi; et aux nombres qui sont composés de deux nombres premiers, comme 119, il a quatre couples, dont un des nombres est moindre que 119. Et voilà la méthode dont je me sers pour voir quels sont les couples utiles pour faire les trian- gles, car ce sont ceux auxquels un des nombres est moindre que la diiïérence. Ainsi, h 17, les deux couples utiles sont i, 18 et 8, 2/), à (diacun desquels couples il y a un nombre moindre que 17, et, selon votre mé- thode même, on se servira aussi bien de i, 18 que de 21, 8. Car si à 2j, 8, on prend 2 et la différence de 5 à 2, de même à r, 18, on aura 3 et la dilleroncc de 1 ii 3, et on aura, en l'une et l'autre sorte, les mêmes, nombres 2, 3. De même, si on donnoit iGr, on auroit quatre couples, savoir : I. 162 I 8. 169 I 81. 242 I 128. 289, il chacun desquels il y a un nombre moindre que lOi . Et, pour trouver les triangles, je me sers des racines des doubles (juarrés, car elles sont les racines des quarrés qui composent l'hypo- ténuse. Ainsi à 17, on aura 1 et 3, racines des doubles quarrés 8, 18 ; mais, quand il y en a quatre, comme à 161, je prends les extrêmes, sa- voir 9, 8, et celles du milieu, 2, ir, qui donneront les triangles : 17, \'\\, 145, et 44, 117, I2J. 1 . 1G2 I . 9 169. 8 i3. 0 81. 242 9- 1 1 289. 128 '7- 8 Pour avoir le coté pair du triangle, il faut prendre le double du pro- duit des racines susdites des doubles quarrés : ainsi le double de 9 par 8 est i44. et le double de 2 par 1 1 est 44- Mais pour le coté impair, on prend le produit des racines des quarrés simples : ainsi r par 17 donne 17, et 9 par i3 donne 117, le premier pour le triangle 17, \\\, i4n le second pour 44» '17» i2">. •i'iO (KlIVRES l)i: IKKMAT. - CORRESPONDANCE. 1- Vous voyoz si j'ai eu raison de dire (\in^ les nomhrcs susdits sont la dilTcrciit'o de (Icii.v couplos (iiiaiid ils son! preniicr's, (■( de (/tiafre couples lorsqu'ils sont divisibles par deux nombres premiers. iMais ce (|ui le nioiilrera (Micore mieux est la façon de Irouver fous les couples donl un des dits nombres est la dillérence : car, selon ma méthode, il est nécessaire iravoir ces deux couples qui l'ont comme deux souches. Kxemple : O/i me demande tous les quanès et doubles tjuarrés dont ~j est la différence. Je cherche les deux couples utiles \\ chacun desquels il y a un nombre moindre que 7; j'aurai 1,8 et 9, 2. Je prends leurs racines et en fais deux colonnes séparées comme on voit ici : Quarrés. Doubles quarrés. I 5 1 1 27 65 i57 2 3 8 '9 1 1 1 QuaiTos. Doub es quarrés 3 1 5 4 i3 9 3i 22 73 53 i8i 128 e( mets en chaque colonne les racines des quarrés d'un ccMé et celles des doubles quarrés de l'autre. J'ai donc d'un côté 1,2; pour avoir les racines des couples suivans, je prends la somme de i, 2, qui est 3, pour la racine du double quarré, et la somme des racines des deux doubles quarrés prochains pour la racine du quarré. Ainsi la somme lie 1 , 2 est 3, et celle de 3, 2 est .5 : j'ai donc 5 et 3. Pour le troisième couple, la somme de 5, 3 est 8, celle de 8 et 3 est 11. On poursuit ainsi autant qu'on veut, et l'autre colonne qui commence par 3, i, se fait de même. A chaque colonne la rangée de main droite, dont les nombres sont pairs et impairs alternativement, contient les racines des doubles quar- rés, lesquels sont plus grands que les quarrés, lorsque la racine du double quarré est paire, comme i , 2 et 1 r , 8 ; mais le double quarré est moindre quand sa racine est impaire, ce qui a lieu lorsque le moindre quarré des deux qui composent l'hypoténuse du triangle dont la dite L. — 6 SEPTEMBRE 1641. 2il difTéronce est la somme des côtés, est impair, comme à 3, 4. 5; mais c'est le rebours, quand le moindre quarré est pair, comme au triangle 5, 12, i3. 8. Je laisse le reste pour le premier voyage, auquel je vous envolerai aussi la méthode dont je me sers pour former les triangles relatifs en différence ('), comme i i. Go, Gi et i 19, 120, iCk); car je ne me sers pas des trois quarrés proportionaux. Voici seulement ce que je vous proposerai : i" Trouver le moindre nombre qui soit autant de fois qu'on roudra. et non plus, la somme de deux quarrés (-). 2" Trouver un triangle auquel le double du quarré du petit côté étant ôté du quarré de la différence des deux moindres côtés, il reste un quarré. Par exemple, si le triangle cherché étoit 7, 24, 2j, il faudroit qu'otant 98 de 289, le reste 191 fût un quarré. 3" Trouver un nonibie qui serve d' hypoténuse à tant de triangles m()uv(\tu tic l'Auglois (') cl vous con- jure lie 111" vous rchud'r pas lic (|uoi je ne vous ai pas envoyé mon juge- ment lie l'an! ri'. Vous savez mes raisons, que je vous ai déjà allé- guées. 4. Vous m'obligerez de me dire pourquoi je n'ai pas ou réponse do M. (le C.liampbon, el de l)aiser les mains de ma part à MM. de My- doriïo el Desai'iîues. 5. Souvenez-vous de la eommunieation des écrits de M. Freniele, pour l'amour du(]uel j'ai travaillé après les nombres, et je m'assure (|ue je vous persuaderai (|uel([ue jour (jue mon travail n'a ]»as été inutile. 6. Je ne sais j)as en quelle posture je serai dans l'esprit de M. de La Chambre depuis que la commission de Castres a si mal réussi. Je suis, mon Révérend Père, Votre très humble et très alTectionné serviteur, Fermât. Ce 10 novembre i64'.i. Tournez pour le problème ( -). ( ' I Dans la correspondance de celle époque cnlre Dcscarles et Mersenne, l'expression (le « l'Anglois » désigne Hobbes, qui a donné en iG4'2 la première édition de son De cive : on y trouve également mentionné un antre auteur de la même nationalité, Tliomas Wliilc ( f'itiix), qui publia, la môme année, ses De inundo dinloi^i très, où Descartes était critiqué. C'est peut-filre l'ouvrage sur lequel Fermai refusait de donner son jugement. I') f'oir page précédente, note 'J. LU. - ANNEE 1043. 2'io ANNÉE 1643. LU. FERMAT A MERSENNE ('). MARDI 13 JANVIER 1GV3. (A, f- ij-i6.) Mon Ricvérknd PÈp.f;, 1- J'envoyai par le dernier courrier mon Isagoge ad locos ad supcr- ficicm (^) à M. de Carcavi, de laquelle il ne manquera pas de vous faire part. Vous y trouverez des propositions aussi belles que laGéométrie en puisse produire et, bien que mon discours soit concis, il m'a semblé que je n'en devois pas dire davantage, s'agissant d'une méthode géné- rale de laquelle les exemples et l'usage peuvent èlre iniinis. Je m'imagine même que cette matière n'a pas été exactement connue des anciens; car, qu'y a-t-il dit dans tous leurs JJvres en fait de lieux, qui vaille la proposition suivante, par exemple? Dalis quollibet punclis in uno vel diversis planis, irwenire sphœram. in cujits superficie sumendo quolUbel punctum et ah co ducendo rectas ad puncla omnia data, quadrata ductaram sirmd sumpta œquentur spatio dalo (/ ). Et toutefois la construction en est aisée par ma méthode, et non seu- lement cette proposition a été par moi découverte, mais la voie géné- ( ') Lellre inédilo. (2) Tome I, p. III cl suiv. Celle Isagogc est en cITcldalée du 6 janvier i6iî. (■') Cp. Tome I, p. ii3 : ,SV' a qiiotcumq'.ie puiictit etc. 246 ŒUVRES DE FEllMAT. — CORRESPONDANCE. raie |)oiir ni Iroiivcr iiitiiiics. Vous me dire/ volro senliinciil de mon |>i'tit Traiti'. cl celui de MAI. les aud'cs savan(s. 2. ('.c|icndaiit n'oiiMicz pas de nreiivoyer le livre (juc vous m'avez promis ('), ni de me dire pour(juoi je n'ai pas eu de réponse do M. de Champhon. \i\\ adcndanl (|ue vous preniez voire temps de parler |)Oui' moi lors- (|uc l'occasion s'en otlVira. je vous j)rie de savoir de M. de La Cliamlire (|u'esl-cc (]ui empêcha ma nomination l'année passée, et me donner avis de la réponse qu'il vous fera là dessus, alîn que je sache s'il a joué de galimatias, ou s'il a eu vérilaldemenl pensée de m'obligcr. 3. l.a pi'oposilion du plus grand cône en superficie qui peut rire inscrit en hi sphère, et (|ue j'avois demandée ii Al. de Roberval par la voie de M. de Carcavi en revanche de celle du cylindre qu'il m'avoit. deman- dée (-), ne m'a pas été encore envoyée. S'il me l'envoie, je vous en ferai part; mais ce n'est pas à dire que je ne sois en état de vous la faire tenir, s'il ne me relève pas de ce travail par sa construction. 4. La proporlion du cône, que le triangle équilatéral fait . à la sphère est aisée, puisque les deux termes sont donnés en même espèce de corps, car la sphère peut se réduire en un cône par les propositions d'Archimède. Or, quand les deux termes sont donnés, vous ne doutez |)as (jue la proportion ne soit donnée; vous n'ignorez pas la méthode de mettre toutes proportions, quoique irralionelles, en nombres entiers et approchés si prî's qu'on voudra. Néanmoins, si vous voulez celle-ci de moi, en tel nombre de ligures de chill're qu'il vous plaira, je vous la dresserai. 5. Vous m'obligerez de m'envoyer les épitaphes de feu M. le Cardi- nal que vous tr'ouverez les meilleurs, ii la réserve de celui qui finit : Phiudento coroiia. Valclc dixil, que j'ai déjii vu. ('} /"("■/■ LvAUt: Ll, 3 ol 4 (5; J'oir LeUri; 1,1, 2. LUI. — ANNEE 16i3. 2V7 Je suis de loul mon cœur, mon Révérend Père, Votre elc., Ferjiat. A Toulouse, ce i3 janvier iGi3. 6. Je vous prie de presser M. de Carcavi pour le Pappus manuscril, et pour les propositions que M. de Saint-Martin a de M. Frenicle ('). LUI. FERMAT A CARCAVI {-). < 16i3 > (fa, p. 178.) MoxsncLu, 1. Vous m'obligez toujours et je connois, dans la continuation de vos soins, celle de votre afFection, de quoi je vous rends mille grâces. Pour la Géométrie, je n'ose pas encore m'y attacher fortement depuis mon incommodité : je n'aurai pourtant pas beaucoup de peine à trouver les deux de vos propositions (■'); pour celle de la parabole, je ne l'ai pas examinée, ni tentée. 2. Je remets tout ceci à ma première commodité; mais, de peur que vous ne m'accusiez de n'envoyer rien de mon invention, je vous envoie trois nombres parmi plusieurs autres que j'ai trouvés, dont les parties aliquotes font le multiple. (1) rail- Lettre U\', 3 et 4. (2) Nous avons conservé à celte Lettre, dont la date est incertaine, le numéro qui lui a été assigné dans la Table du Tome L page 4^9; mais, après nouvel examen, elle nous parait avoir été écrite entre la Lettre LVIII du 3i mai 1643 et la Lettre LIX non datée; elle peut donc n'être pas antérieure au mois d'août i643. (3) Ces propositions paraissent bien différentes do celles dont il est parlé Lettre LIV, 1. Nous n'avons pu trouver d'autres renseignements ni sur les unes, ni sur les autres. '2kS ŒUVHKS 1)K FEU MAT. - CORHESPON DANCE. "* Le nombre suivant ost soiis-triplc do sos parties alicjiiotos : \!\ ()42 l'.îS 37GG41 920, Cehii-ci ai sous-quadruple : 1 803 58-.Î 780 3^0 364 661 760, pt folni-i'i aussi : 87 934 '17G 787 6()8 o55 o^o. Puis([ucje me trouve sur coKo matière, en voici deux que j'ai elioisis parmi mo'i soas-qui/ituples : Le premier se produit des nombres suivants multipliés entre eux : 8 388 608, -iSoi, ?.4oi, 2197, 2187, i33i, 4^7, 307, 289, 241, i25, fii, 4', 3i, cl l'autre se produit des nombres suivants multipliés entre eux : 134217728, 243, 1G9, 127, 120, ii3, 61, 43, 3i, 39, 19, II, 7. Lji voiei encore un sous-rlouhle de ses parties, de mon invention, ie(|uel, multiplié par J, l'ait un sous-lriplc : le dit nombre est 5i 001 180 160. 3. ("."est parmi quantité d'autres que j'ai trouvés, que j'ai choisi par avance ceux-ci pour vous eu faire part, afin que vous en puissiez juger |)ar cet éclianlilloa. J'ai trouvé la méthode générale pour trouver Idus les possibles, de quoi je suis assuré que M. deRoberval sera étonné et le bon Pi're Mersenne aussi; car il n'y a certainement quoi que ce soit dans toutes les Mathématiques plus difficile que ceci, et hors M. de Frenicle et peut-être j\L Descartes, je doute que personne en connoisse le secret, qui pourtant ne le sera pas pour vous, non plus que mille autres inventions, dont je pourrai vous entretenir une autre fois. 4- Kl pour excitei' par mon exemple les savants du pays oii vous êtes, je leur propose ( ' ) de trouver autant de triangles en nombre qu'on (') f'oir l'Observation XXIII sur DiophaïUc. — Cp. LfUrc KVIII, 3. LIV. - JANVIER 1643. 2W voudra de même aire, ce que Diophante ni Viète n'ont trouvé que pour trois seulement. Je suis, etc. LIV. FERMAT A MERSENNE ('). < 27 JANVIER 1G43 > (A, f° 33; D, f° i4 v.) Mon Révérend Père, 1. Je vous rends mille grâces de votre souvenir et dos proposi- (ions ( ^) que vous m'avez fait la faveur de m'envoyer. Celles de la parabole, de l'hélice et du conoïde parabolique sont si visiblement fausses que ce seroit perdre le temps que de les réfuter. Néanmoins, si vous me l'ordonnez, je le ferai. 2. Je m'imagine que vous avez vu maintenant mes Lieux ad supcr- ftciem ('). Pourvu qu'on ne m'écrive pas qu'on lès savoit auparavant que d'avoir vu mon Discours, comme on a ci-devant fait de quelques- unes de mes pièces, je serai assez satisfait; du reste, vous et ceux qui les verront, en serez les juges. Je dois maintenant répondre aux deux questions numériques de M. de Saint-Martin ('). 3. La première est de (roiwer trois triangles rectangles desquels les aires fassent les trois côtés d'un triangle rectangle (^). (') Letlre inédite, non datée, mais qui, intermédiaire entre la Lettre LU du i3 janvier el la Letlre LV du i6 février i643, doit être du 27 janvier ou du 3 février, jours de cour- rier. Nous avons supposé la première de ces deux dates. (2) Nous n'avons trouvé aucune autre indication sur ces propositions. (3) Fo(> Lettre LU, 1. (*) Foir Lettre L!I, 6. (5 1 Foir l'Observation XXIX sur Diophante, Tome I, p. 32 1. Fermât. — M. 32 •2.i0 ŒUVRES DE FERMAT.- CORK ESP(3N UANCE. l.os (rois triangles qu'on demande sont ceux-ci : a4o5, 3397, igG. 22i3, 22o5, 188. 23o5, 23o3, 96. S'il (Ml veut d'autres (|ui satisfassent à la question, je lui eu puis fournir infinis et, s'il veut uia méthode pour les trouver, je lui eu ferai pari. Cependant il pourra éprouver si les trois que je lui envoie satis- font h ladite (juestion. 4. La seconde question est celle-ci {' ) ■ Un nombre étant donné, déterminer combien de fois il est ht différence des côtés d'an triangle qui ail un (jiiarré pour différence de son petit côté aux deux autres côtés. Le nombre qu'il donne est i 8o3Goi 800. Je réponds qu'en l'exemple proposé, il y a 243 triangles qui satisfont à ta question, et qu'il n'y en peut pas avoir davantage. La méthode universelle dont je lui ferai part, s'il me l'ordonne, est lieiie et digne de remarque, bien que je ne doute point que M. Freniele ne lui ait baillé tout ce qui concerne ces questions. Je ne vous envoie ces deux solutions que pour vous faire voir que les mystères numériques de M. Freniele me doivent être communiqués aussi tôt qu'à tout autre, et que M. de Saint-Martin n'y doit pas faire difficulté. 5. Je vous prie m'euvoyer au plus tôt le livre que vous m'avez pro- mis ( -), et faire en sorte que M. de Carcavi me fasse copier la réponse pour que je la puisse voir. Je prendrai la liberté d'écrire par la première commodité à M. de Saint-Martin sur l'occasion de ces deux questions qu'il a voulu m'étre proposées. Cependant je vous prie me croire toujours, Monsieur, Votre très humble et très affectionné serviteur, Fermât. ( ' ) Cp. LeUre L, 2. (î) Cp. Lellres LI, 3 el LU, 2. i LV. - 10 FEVniER 1G'»3. 2ot 6. Vous ne m'écrivez pas à quoi il a tenu que je n'aie pas eu de réponse de M. l'abbé de Champbon (') depuis si longtemps, ni si vous avez parlé à M. de La Chambre, duquel je voudrois, avant que rien tenter pour moi, que vous sussiez à quoi la chose tint Tannée passée. LV. FERMAT A MERSENNE ('). LUN'Dt IG FÉVnlER 1GV3. (A, f»- 17-18; B, f" 23 V.) Mon Révérend Père, 1- Je vous remercie de vos soins h l'endroit de M. de La Ciianilire, et il lui-même de ceux qu'il prit à Lyon pour moi. M. deMarmiesse, noire avocat-général, m'ayant confirmé ce que vous venez de m'écrire, lors- qu'il sera temps, je ne doute point qu'il n'ait assez de crédit pour fiiire tenir cette vieille promesse que 3L le Chancelier a faite depuis si long- temps en ma faveur ('). 2. Je suis bien aise que mes solutions (*) aient plu a M. de Saint- Martin; elles sont purement de mon invention, et M. de Frenide le pourra assurer que j'ai trouvé par ma méthode la solution de tout ce qu'il m'avoit proposé sur pareil sujet. Ce n'est pas qu'il ne l'eût trouvé sans doute longtemps auparavant, mais j'ai eu assez de bonheur pour découvrir par d'autres voies ou quelquefois par les mêmes ce qu'il me proposoit, et je crois que les démonstrations de toutes ces proposi- tions pourront malaisément venir d'ailleurs que de moi, si je ne me trompe. (') Cp. LeUres Ll, 4 cl 6; LU, 2. (,') LeUro incdile. (3) Cp. LeUres LI, 1; LU, 2; LIV, 6. (M roir Lettre LIV, 3 et 4. ■2:yl ŒllVRKS l)K FKUMAT. COUHESPON 1) ANCE. 3. Si >[. de Sailli-Martin ost exercé aux questions des nombres, voici ce que je prends la liberté de lui proposer en revancbe de ses deux questions : Tramer deux triangles rectangles dont les aires soient en raison donnée, en sorte que les deux petits eûtes du plus grand triangle diffèrent par t unité. Trouver deux triangles rectangles en sorte que le contenu sous le plus grand côté de i un et sous le plus petit du niênw soit en raison donnée au contenu sous le plus grand et le plus petit côté de l'autre (' ). Après qu'il aura résolu ces deux questions, je lui en fournirai de plus difficiles. 4. Que s'il croyoit que les solutions des deux que je lui ai données ne soient pas de moi, il m'obligera de choisir des plus difficiles qui sont résolues dans les écrits qu'il a de M. Frenicle, et, si je n'en fais pas la solution, je consens de ne voir point le dit travail de M. Frenicle, que je désire plutôt voir pour apprendre quelles sont les questions, que pour la solution qu'il en donne. Ce n'est pas que je ne l'estime beaucoup, mais c'est que je m'imagine que je n'aurai pas beaucoup de peine à la trouver. Si je puis trouver du loisir pour satisfaire au désir de M. de Saint- Martin sur le sujet de ma méthode de maximis et minimis et sur celle dont je me sers à la résolution de ses questions numériques, je serai ravi de lui plaire et à vous qui me l'ordonnez. 5. Pour les lignes courbes auxquelles vous m'écrivez que M. de Ro- berval a trouvé d'autres lignes égales, sur lequel sujet vous m'allé- guez l'hélice (-), j'appréhende qu'il y aura de l'équivoque. H semble d'abord, par la raison des inscrites et circonscrites, que l'hélice (•) P'oir l'Observation XX.K sur DiopliaïUe. (') Ce passage donne une date pour la découverte par Roberval de régalitc entre la lon- gueur des arcs de la spirale d'Arcliimède et ceux d'une parabole, égalité démontrée plus tard par Pascal. Foir Tome I, p. 206, note 1. LVI. - 7 AVRIL lGi3. 253 d'Ai'chimède est la moitié de la circonférence du cercle qui sert ii la décrire, et c'étoit une pensée que j'avois eue il y a fort longtemps, mais je me détrompai d'abord. Si c'est celle de M. de Roberval, je m'as- sure qu'il ne sera pas longtemps de même avis, et qu'il n'aura besoin que d'une seconde réflexion pour se dédire. .le suis en peine de savoir des nouvelles de M. de Carcavi; vous m'obligerez de m'en donner et de me croire, mon Révérend Père, Votre très humble et très affectionné serviteur, Fermât. A Toulouse, ce lO fcvrifr iG.i3. LVI. FERMAT A MERSENNE ('). MARDI 7 AVRIL 164-3. (A, f" 19-20; B, f° '22 v.) MosiELTR MON Révérend Père, 1. Vous n'eûtes pas de mes lettres par le dernier courrier, à cause d'une petite absence qui m'a tenu huit jours à la campagne pendanl la fcte. Vous aurez maintenant la réponse que je fais à M. de Brularl ( - ) jointe à celle-ci; je l'ai écrite à la hâte, comme vous verrez, et c'est la raison qui m'oblige à vous prier qu'il n'en soit pas fait de copie cl qu'elle ne sorte pas d'entre les mains de M. de Bruhirt. ( ' ) Lettre inédite. (') Le personnage désigné dans les Lettres LIV et LV sous le nom de Saint -Martin s'appelait Pierre Bruslart de Saint-Martin et était collègue de Carcavi au Grand-Conseil. 11 semble qu'ici il s'agit encore de lui {Cp. LV, 4). La réponse dont parle Fermât est perdue; on voit qu'elle concernait sa méthode de maxùnis et mininiis. •2ôh ŒUVUKS HK FKRMVT. - C() U UKSPONDA NCi:. Ce n'osl pas qiio ce que j'y .ai mis ne puisse è(re expli([ué assez aisé- menl, mais il y a quelque petit équivoque où on nie pourroit accuser de négligence, comme lorsque j'ai dit que les deux derniers termes de l'équation (|ui se trouvent mesurés par K sont en plus grande raison qu'aucuns antres qui leur soient relatifs dans les pins hautes puis- sances. On pouri'ail dire qu'à le prcMidi'e ronvciicndu , ils sont en moindre raison qu'aucuns autres de leurs relatifs; mais c'est en ma règle et en mon raisonnement toute la mémo chose, et les mêmes con- séquences se déduisent de l'un et de l'autre. 11 y pourroit encore avoir équivoque en ce que j'ai dit : que non seulement A — K doit donner la même équation que A + E, mais encore que, si A-i-E donne moins que A, A — E doit aussi donner moins que A. Car il semble d'abord que, si A — E donne la même équation que A -l- E, qu'il est infaillible que, l'un donnant moins que A, l'autre donnera de même moins que A; ce qui pourtant n'est pas et qu'il me semble avoir suffisamment expliqué par l'exemple que j'ai ajouté. Mais, pour ôter tout équivoque, lorsque j'ai dit que A ~ E doit donner la même équation que A-hE, j'entends que par la position de A — E, en suivant ma méthode, on doit trouver A ésal îi une même (juantité que si nous employons A -+- E par la même méthode. Mais, lorsque j'ai ajouté, en la seconde condition, que si A H- E donne moins que A, A — E doit de même donner moins que A, j'entends que si, par la position de A + E, les homogènes qui représentent le plus grand sont moindres que les homogènes qui représentent le plus grand en la position de A seul, de même, en la position de A — E, les homogènes qui représentent le plus grand doivent être moindres que les homogènes qui représentent le plus grand en la position de A seul. Voilii ce que j'ai cru vous devoir dire sur ce sujet. Car pour rendre la chose entièrement claire et parfaitement démontrée, il faudroit un Traité entier, que je ne refuirai pas de faire, dès que je pourrai trouver du loisir assez pour cela. k LVI. — 7 AVRIL ICi3. 25o 2. J'attends la solution de quelques-unes de mes questions numé- riques ('), et vous prie de m'apprendre quand est-ce que M. Frenicle sera do retour à Paris, et si M. de Sainte-Croix est en état de soudre des questions. 3. Pour les parties aliquotes, j'ai découvert des choses excellentes et je puis vous envoyer quelques multiples de mon invention autres que ceux que vous avez mis dans la préface du petit Livre Des Pensées de Galilée (-), et pour ne vous laisser plus en doute i9> i^, 6i, 83, 169, 223, 33i, 3-9, Goi, 707, g6i, 1201, 7019, S23.j'i3, 616818177, 6r)Gi, 10089.5598169. Vous me demandiez ensuite si ce dernier nombre est premier ou non, et une méthode pour découvrir dans l'espace d'un jour s'il est premier ou composé. A la première question, je vous réponds que 1(> nombre qui se fait de tous les nombres précédents multipliés entre eux, est sous-quin- tuple de ses parties. (1) J'nir Lettre LV, 3. (2) Les nouvelles pensées de Galilée, matlieniaticien et ingénieur du duc de Florence, où il est traité de la proportion des mouvements naturels et violents et de tout ce qu'il y a de plus subtil dans les Meclianiques et dans la Physique. Où l'on verra d'admirables inventions et démonstrations inconnues jusqu'à présent. Traduit d'Italien en François. — A Paris, chez Henry Guenon, rue Saint-Iacques, à l'Image de S. Bernard, près des lacobins, M.DC.XXXIX. Avec Privilège du Roy. Dans la préface de ce volume, Mersenne ne donne d'après Fermât que les nombres déjà insérés dans celle deV Harmonie universelle Aa i636 {voir Pièce IVa). 11 en a ajouté divers autres dus à Sainte -Croix, Descartes {un excellent Géomètre), Frenicle (un excellent esprit), au reste sans aucune désignation par nom propre. •256 ŒUVRES DK FKRM \T. - CORRESPOND ANGE. A la seconde queslion, jo vous réponds que le dernier de ces nombres est composé et se fait du produit de ces deux : 898 !\?.o et I ly 3o3, i|iii soni premiers (^ ' ). Je suis toujours, mon Révérend Père, Votre très huml)le el très an'eclionné serviteur. Fermât. A Toulouse, ce 7 avril iG43. LVII. FRAGMENT D'UNE LETTRE DE FERMAT ( = ). < 16V:5 > (A, f-74.) Tout nombre impair non quarré est difTérent d'un quarré par un quarré, ou est la diiïérence de deux quarrés, autant de fois qu'il est ( ') Sur le problème ainsi posé, il était aisé de trouver la composition du dernier nombre. En effet, si, pour trouver le rapport du produit à la somme des parties aliquotes, on pari du premier nombre qui est 2^^ x 5^, on remarque que 2^^ a, pour somme de ses parties aliquotes, 223 x 616 318177. Le second de ces deux facteurs correspond de même à la somme 2 x 7' x 898 '|23. Ce dernier facteur ne se retrouvant pas, comme les précédents, parmi ceux du produit proposé, il est naturel d'essayer de diviser par lui le dernier nombre donné, dès que l'on ignore si celui-ci est premier. Par conséquent, quelque mé- thode que possédât F'ermat pour rechercher si un nombre est premier ou non (voir Pièce LVII), il est improbable qu'il ait employé cette méthode et fait des calculs plus longs que ceux que nous avons indiqués. (2) Le fragment qui suit a été publié par M. Cliarles Henry (Recherches etc.. p. 191) d'après le brouillon d'Arbogast, transcrit d'une copie perdue de Mersenne. Il ne renferme que l'exposé d'une méthode pour la recherche des diviseurs d'un nombre, en commençant par les plus grands, et répond ainsi à une question faite par Mersenne pour le compte de Frenicle (Cp. LVI, 4) et sur laquelle les correspondants de Fermât ont dû revenir. Mais la copie d'Arbogast porte le titre : Des nombres des parties aliquotes, qui semble indiquer que ce fragment faisait partie d'une communication beaucoup plus étendue, adressée soit à Mersenne, soit à Frenicle. Dans ce cas, la date en serait probablement postérieure à celle que suppose le rang assigné à cette pièce pour la rapprocher de la Lettre LVI. LVII. - 1613. 237 composé de deux nombres, et, si les quarrés sont premiers entre eux, les nombres compositeurs le sont aussi. Mais si les quarrés ont entre eux un commun diviseur, le nombre en question sera aussi divisible par le même commun diviseur, et les nombres compositeurs seront divisibles par le côté de ce commun diviseur. Par exemple : 4) est composé de j et de 9, de 3 et de ij, de i et de 'p. Partant, il sera trois fois la dilTérence de deux quarrés : savoir de '1 et de 49, qui sont premiers entre eux, comme aussi sont les compo- siteurs correspondants 5 et 9; plus, de 30 et de 81, qui ont 9 pour commun diviseur, et les compositeurs correspondants, 3 et i), ont le côté de 9, savoir 3, pour commun diviseur; enfin 4^ est la différence de 484 et 52g, qui ont i et 4j pour compositeurs correspondants. Il est fort aisé de trouver les quarrés satisfaisants, quand on a le nombre et ses parties, et d'avoir les parties lorsqu'on a les quarrés. Cette proposition se trouve quasi tout par tout. On en pourrait quasi autant dire des pairements pairs, excepté 4. avec quelque petite mo- dification. Cela posé, qu'un nombre me soit donné, par exemple 2027G51 281, on demande s'il est premier ou composé, et de quels nombres il est composé, au cas qu'il le soit. J'extrais la racine, pour connoitre le moindre des dits nombres, el trouve 4^029 avec 4o44o de reste, lequel j'ôte du double plus i de la racine trouvée, savoir de 90009 : reste 49 G 19, lequel n'est pas quarré, parce que aucun quarré ne finit par 19, et partant je lui ajoute 90 061 ^ savoir 2 plus que 900)9 qui est le double plus i de la racine 4^ 029, Et parce que la somme 189 680 n'est pas encore quarrée, comme on le voit par les finales, je lui ajoute encore le même nombre augmenté de 1, savoir 90063, et je continue ainsi d'ajouter tant que la somme soit un quarré, comme on peut voir ici ('). Ce qui n'arrive qu'à io4o4oo, qui est quarré de 1020, et partant le nombre donné est composé; car il est aisé, par l'inspection des dites sommes, de voir qu'il n'y a au- (') Fermât avail dû elTeetiier en marge les calculs indiqués, qui n'ont pas été repro- duits sur la copie. Fermât. — H. 33 •258 ŒUVRES 1)K FEllMAT. - COUUESPONI) ANCE. cuiio qui soit nonibro qtiarré que la dernière, car les quarrés ne peuvent soulTrir les finales qu'elles ont, si ce n'est 'iqo 9/1 'i qui néan- moins n'est pas quarré. Pour savoir niaintenanl les nombres qui composent 2027651 281, j'ote le nombre que j"ai premièrement ajouté, savoir 90 oGi, (lu dernier ajouté 90081. Il reste 20, à la moitié duquel plus 2, savoir à 12, j'a- joute la racine premièrement trouvée 4jo-9- I-^a somme est 43041, auquel nombre ajoutant et ôtant 1020, racine de la dernière somme ïo4o4oo, on aura 46061 et 44 021, qui sont les deux nombres plus prochains qui composent 2027651 281. Ce sont aussi les seuls, pource que l'un et l'autre sont premiers. Si l'on alloit par la voie ordinaire, pour trouver la composition d'un (el nombre, au lieu de onze additions, il eût fallu diviser par tous les nombres depuis 7 jusqu'à 44 021. Plusieurs abrégés se peuvent trouver, comme lorsqu'on ne fait qu'une addition au lieu de dix, aux endroits où les sommes ont leurs tinales quarrées, quand les compositeurs sont beaucoup éloignés l'un de l'autre. LVIII. FERMAT A < SAINT-MARTIN >('). UIMANCIIE 31 MAI 16i3. (B, P 9V«.): 1. Donner le sixième triangle qui a l'unité pour différence de ses deux petits côtés. (') Fragmcnl inéilit d'une lettre perdue. Il porle comme titre, dans le manuscrit : « Extraict d'une Irc du ^l may iO|3 à M. DF. », ce qui indiquerait Fronicle comme le destinataire. Mais, si l'on compare la Lettre L de Frenicle à Fermât, il est très impro- bable que le premier ait propose au second deux questions dont il lui avait auparavant donné une solution. 11 est établi d'autre part, par les lettres suivantes (LIX et LX), que les questions énoncées par Fermât dans la présente (3) étaient proposées à S'-Martin et à Frenicle. Le destinataire effectif fut donc plutôt S'-Martin et la confusion s'cxpli(iue d'ail- leurs facilement. LVIII. - 31 MAI 16V3. 259 Donner le second triangle qui a pour différence de ses deux petits côtés 7. Pour la première question, le premier triangle qui a pour différence de ses deux côtés l'unité, lequel est : 3, 4. 5, donne aisément tous les autres par ordre, et voici comme je procède : Du double de la somme de tous les trois côtés, ôtez-en séparément les deux petits côtés, et ajoutez-y le plus grand côté, vous aurez le second triangle, lequel par la même règle donnera le troisième, celui- là le quatrième, etc. à l'intini. Pour avoir donc le second, prenez le double de la somme dos trois côtés du premier, qui est i\ ; ôtez-en séparément les deux petits côtés, restera 20 et 21, et ajoutez à 24 le grand côté, viendra 29. Nous aurons donc pour le second triangle : 20, 21, 29; le troisième sera : 119, 120, 169, et le sixième : 23G6o, 2'3 66i, 33 4*3 1. 2. La seconde question a la pareille solution : il y a deux triangles fondamentaux qui ont 7 pour différence de leurs petits côtés, savoir 5, 12, i3, et8, i5, 17. De chacun de ceux-là se forment tous les autres à l'infini par la méthode précédente. Par exemple, le double de 5, 12, 1 3 est Go; ôtez-en séparément les deux petits côtés, 5 et 12, restera 48 et 55; ajoutez à Go le plus grand côté, viendra 73. Donc nous aurons pour le premier triangle : 48, 55, 73. De même 8, i5, 17 donnera G5, 72, 97. Etc. à l'infini. Je sais bien qu'on pourroit réduire ces questions à trouver combien de fois et l'unité et 7 sont la différence d'un quarré et d'un double quarré; mais il faudroit en ce cas deux opérations, et il me semble plus commode d'en user d'une seule. 3. Je vous propose (') : i" Trouver un triangle rectangle duquel le plus grand côté soit un quarré et la somme des deux ou trois autres soit quarrée. (') Foin pour ces questions : 1° l'Observation XLIV sur Diophanto; 1° l'Observa- tion XXIII; 3° les Lettres LIX, 2, et LX, 2. :>G0 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. 2" Trouver (/ital/r triangles de même aire. 3" lu triangle duquel l'aire, ajoutée au (/uarré de la somme des deux petits eàlés, fasse un quarté. Ll\. FKKMAT A MERSENNE ('). < AOUT 16i3 > (A, l- 37-38; B, f" 22'''' r. ) Mon RiivKUF.ND Pèhk, 1. Vous m'écrivez que la [)ropo&itioii (le mes (jueslions impos- sibles (-) a fâché et refroidi M.M. de Saint-Martin et Frenicle, et que (•'a été le sujet qui m'a rompu leur communication. J'ai pourtant à leur représenter que tout ce qui paroît impossible d'abord ne l'est pas |)ourtant, et qu'il y a beaucoup de probli'uies desquels, comme a dit autrefois Arcliimèdc, oùx sùaÉOooa toj Trpojiw çavivra ypovco ty]v Vous vous étonnerez bien davantage si je vous dis de plus que toutes les questions queje leur ai proposées sont possibles, et que j'ai décou- vert leur solution. Ce n'est pas qu'elles ne soient très malaisées et que, pour les soudre, il ne faille faire quelque démarche au delà du Dio- pbante et des Anciens et Modernes. Mais, comme toutes les inventions n'ai'rivent pas 'et ne se produisent pas en même temps, celle-ci est du nombre de celles dont la méthode n'est pas dans les Livres et que je puis attribuer au bonheur de ma recherche. 2. Et, afin que je ne vous tienne pas plus longuement en suspens, (') Lettre inédite, dont la date approximative est indiquée par colle de la .sui\aiito. (') Les questions de la Lettre LVllL 3. (') Préambule du Traité De lincis spiralilnis. Fermât a cité de mémoire; dans le texte d'Archimède, au lieu de t'ù ::p.w-';). on lit h ip/i- LIX. — AOUT 16V3. 2G1 j'ai résolu toules les questions que j'ai proposées à ces Messieurs, doii( je ne vous coterai maintenant qu'un exemple, pour leur oter soulemeni la mauvaise impression qu'ils avoient conçue contre moi, comme leui' ayant proposé un amusement et un travail inutile. Je choisirai pour mon exemple une des plus belles propositions que je leur ai faites ( ' ) : Trouver un triangle duquel le plus grand côté soit quarré, et la somme des deux autres soit aussi quarrée. Voici le triangle : 4687298610289, 4 '^65 ,'|86 027 761, 1061652293020. 3. S'ils veulent la solution de quelqu'une des autres questions, je la leur envolerai des qu'ils voudront; ils n'ont qu'à me marquer celle ou celles qu'ils désirent. Il faut proposer les autres ii soudre à ceux qui disent (comme ^]. de Carcavi m'a écrit) que j'ai trouvé ma méthode de maxima et mi/iima par hazard. Car peut-être ne croiront-ils pas que j'aie (rouvé ces ques- tions il tâtons e( par rencontre. M. Hardy est un de ceux-là. Vous m'obligerez de saluer M. de Saint-Martin de ma part. Peut-èlrc que, pour l'amour de lui, je mettrai par écrit mes inventions sur Dio- pliante, où j'ai découvert plus que je ne m'étois jamais promis. La mé- thode pour soudre les questions que je lui ai proposées est un échan- tillon de mon travail. Je serai bien aise que M. de Frenicle souffre le renoucment de notre commerce. 4. M. de Carcavi vous fera part de quelques nombres sous-muldples que je lui ai envoyés (- ). J'en ai trouvé quantité d'autres et la méthode générale pour trouver tous les possibles. 5. N'oubliez pas de presser M. de La Chambre (^) et de le faire agir (') Comparer l'OLiscrvalion XLIV sur Diophanle. (2) Foir Lctlrc LUI, 2. (.') T/). LelUes U, 1 et 6 ; LU, 2; LIV, 6. 26-2 ŒUVRES l)K FEIUIVF. - COURESPONDANCi:. ilo la bonne façon. S'il nio considère, comme il fail semblant, celle petite alVaire vant faite. Je suis, mon Révérend Père, voire etc. Fermât. 6. Le théorème qne vons m'avez proposé de la part du géomètre do ("-hàlons ('), marque qu'il n'a pas fait grand progrès en l'Algèbre, car les plus médiocres ne peuvent pas douter que ce théorème ne soit gé- néralement vrai. Si MM. de Saint-Martin et de Frenicle veulent renouer le commerce des lettres, nous vous ferons voir des choses nouvelles et qu'il ne faut pas chercher dans les Livres. Si M. de La Chambre n'agit pas bientôt et avec affection, je songerai à ne l'employer plus. LX. FERMAT A MERSENNE ( = ). MARDI 1" SEPTEMBRli i6'l-3. (A, f» 3i; B, !'"22 ter.) Mon Révérend Père, 1- J'ai vu, par la lettre de M. de Saint-Martin, que mes questions lui ont paru impossibles (') et à M. Frenicle aussi. C'est une marque infaillible de la difficulté qu'ils y ont trouvée; pourtant, non seulement elles sont toutes faisables, mais j'en ai décou- vert la solution et, afin qu'ils n'en doutent pas, j'ajouterai à la solution (') Nous n'avons trouvô aucune indicalion sur co géomètre, ni sur son problème. («) LcUre inédile. (>) Foir Lettres LVIII, 3, et UX, 1. LX. — l"-^ SEPTEMBRE 16.V3. 203 de la question que je vous envoyai dernièrement ('), qui étoit : Trouver un triangle dont le plus grand côté soit rjuarré, et la somme des deux autres soit aussi quarrée, celle de la suivante, qu'ils ont tout de même jugée impossible : 2. Trouver un triangle duquel l'aire ajoutée au quarré de la somme des deux petits côtés fasse un quarré. Voici le triangle : 205769, 190281, 78820. 3. La troisième étoit : Trouver quatre triangles de même aire. Mais, pource que M. de Saint-Martin m'écrit qu'il espère de venir à bout de celle-là, je ne vous donnerai point la solution présentement, seulement vous dirai-je qu'après qu'il en aura trouvé quatre, je lui en ferai voir cinq et, s'il m'invite, une méthode générale pour trouver autant de triangles qu'on voudra de même aire; ce qui vous fera peut- être étonner de ce que Diophante et Viètc (-) n'ont proposé ni fait la question qu'en trois seulement. Si M. de Saint-Martin ne m'écrivoit qu'il est allé faire un voyage, je lui récrirois sans remise. Vous m'obligerez de m'apprendre quand il sera de retour, afin que je satisfasse à mon devoir, et cependant je vous prierai de lui faire voir cette lettre avec ma précédente ('), afin qu'il connoisse que je ne lui ai rien proposé dont je ne sois venu à bout. Je serai bien aise que M. Frenicle voie ces miennes solutions, de quoi je me confie à vous et suis toujours, mon Révérend Père, votre etc. Fermât. A. Toulouse, i septembre i643. 4. Je n'ai pas bien compris le théorème de Torricelli en votre (•) To/r Lettre LIX, 2. C) Diophante, Aritlimctique.'!, V, 8; Viète, Zetetic, IV, 11. ^3) La Lettre LL\. ■iR\ ( i: i \" li i: s I) i: . v !•: i\ m at. — c o n n i: s i> o m ) v n c e. Loltrt* ( ' "): vous ni'obligoroz de l'élcndre im peu plus o( de l'iiirc Iticn la liiînrc. (M Torrieelli avnil cumimmiiiin' cm idiS au P. Niccroii un ccrliiiii tioiiiliio {li' |iru|iiisi- lions qu'il lit impriuier l'anuoo suivante dans ses Opcr/i gconictricn. La plus rmiarquablo concernait le volume do révolutinu engendré par une hyperbole éipiilalére tournant autour de sort asxmptote: Torrieelli L>noni;ail ipie ce volume, à partir d'une ordonnée déterminée. est fini. Dans une lettre adressée par .Merseune à Torrieelli le aj décembre iG4'3 (Dixcc- poli di Galilco, l" XLI, f° ij r° i, cl publiée dans le Jliillrtliiio /lo/irumpt/^/ii, VIII, p. 4ïo, on lit : '■ Clarlssimus aieomctra Sonahir Tholosanus Fermalius libi pçr nie scqueus problema solvendum proponil, quod Ino de conoide acuto infinilo a'ipiivalcat : » Invenire triaui;ulnm rectan.ijulum in numcris, cujus latus majus sit (piadratum, summa- (juc duorum aliorum eliam sit quadralum, deni(pie summa majoris et medii laleris sit etiam quadralum. » Excmpli gratia : ia triangulo 3, 4. 5, oportct J esso numerum quadralum; dcinde summa 4 et 3, hoc est 7, foret numerns quadratus; denique sunima 'i et j, hoc est g. esset ijuadrala.... u LXI. - IGhk. 265 ANNÉE 1644. LXI. FERMAT A CARCAVI {' ). < t6ii > {fa. p. 17.S-179.) Monsieur, 1- Je suis iiiani de l;i perte du paifuel de M. de Saiut-Martiu. Je lui éerivois sur le sujel des nornltres el lui faisois part de qael([ues propci- sitions et surtout de la suivaute, que M. Frenicle in'avoit autrefois proposée (-) et qu'il m'avoua tout net ne savoir point : Trouver itn triangle rectangle, auquel le quarré de la différence des deux moindres côtés surpasse le double du (juarré du plus petit côté d' un nombre quarré. Je lui avouai aussi pour lors que je n'en savois point la solution et que je ne voyois pas même de voie pour y venir, mais de|)uis je l'ai trouvée avec autres infinies. Voici le triangle (^) : i.")6, ir)ij, 1520. Il sert à la suivante question, pour la(|uelle M. Frenicle se melloil en peine de ce préalable : Trouver un triangle rectangle, duquel le plus grand côté soit quarré et le plus petit diffère d'un quarré de chacun des deux autres. ( ') La date de celle Lcllre osl présumée d'après celle do l'édition de Thcon de Smyrno, donnée par Boulliaii. (2) ro(> Lettre L. 8. — On peut constater la perle île deux Lettres échangées entre Fermai et Frenicle à la suite de celte Lettre L. (') Cp. l'Observation XLIV sur Diophanle. l'KtOUT. — IL •34 ■Hm ŒUVRES 1)K l'KHMVT. - COK HESI>OM)ANCE. Si vous jugoz à propos do l'airo par( tlo coKo proposition à mon dil Sioiir do Saint->[ai'(iii, jo m'en rémois à vous; je ne reslerai pas de lui réerire par la première voie. 2. J'ai donné ii Monsieur rArehovèquo (') nu polil mémoire de eor- reetions sui' le T/ico/i Smyrnœiis, ijue je crois (ju'il envolera à l'auleur avee le mauuseril de l'Astronomie (-). Je serai ravi (jue cette occasion nie s(M'vi> ;i être connu de 31. Houlliau, de qui le mérite, étant connu il tout le monde, m'a été pleinement confirmé par ce nouveau travail sni' le Tliéon. oii j'ai particulii'remeut admiré la coi'rection du décret de riniotluM', (]ui ne pouvoit être due qu'il une main de celle impor- tance. .)(> suis etc. {') Charles de Moiitehal, arcliovCque de Toulouse. — Pour les euiTcclioiis proposées par Fermât au texte édité par Boulliau, voir Tome I, Appendice, VIII, pages 373-376. (-) Dans les prolégomènes do son J.tlrofiomia phllolaîca (i645), p. 20, Boulliau dit en effet avoir entre les mains ce manuscrit de la seconde partie de l'ouvrage de Tliéon, que Montclial avait mis à sa disposition; mais il ne le publia pas. Ce manuscril, entré vers ijooà la Bibliothèque Boyale (fonds grec n" 1821), ne fut utilisé (]u'cn iSjg par Th. -II. Martin : Tlieonis Smyrnwi Platoiiici lihcr de .Isiri rniioiuKi. LXII. - ICiG. 267 ANNÉE 164(>, lAII. FERMAT A GASSENDI ('). < 1046? > ( f'a, p. ^01- :!o:^ . ) 1- Proniintiavit Galiieiis motum unifoiiaitfr accoleraUim psso cuni ( ' ) Celte pièce a été imprimée on i)i-emiei' lieu dans l'édilion lie Lyon ( iGJ8) des Œuvres de Gassendi, t. VI, pp. 541-543, ainsi que le menlionne au reste la noie suivante des Faria : « II;cc epistola Typis édita fuil tuinu 0 Operum Gassendi inter ejjislolas ad eiim seri- plas. » Elle porte comme intitule dans les f'nr'ui : « Viro Clarissimo Dom. Gassendo Petrus de Fermât S. P. — De proporlinne (|uâ gi'a\ia deeidentia accelerantur. » Elle est suivie dans les J'arUt, p. 204. de la pièce suivante : « Lettre de Monsieur Gds.sendi à Monsieur de* " ' * i) Monsieur, » 1! y a déjà quekjue temps que Monsieur le Président do Donneville, s'étanl donné la i> peine do me venir voir, me laissa un écrit de Monsieur de Fermât touchant l'accroisse- » ment de vitesse qui est en la cheute des corps, et parce que je n"ay point eu l'honneur 0 do le revoir depuis, et que je ne sçay poini son lotjis pour le liiy pouvoir rendre, et que <> d'ailleurs il 1110 semble qu'il me dit en passant qu'il avoit charge de vous le remettre » après qu'il me l'auroit monstre, je me suis advisé de vous l'envoyer sans plus attendre, « avec les très humbles remerciemens que je dois à mondit sieur de Fermât do la bonté 1) qu'il a eiie de m'en donner la communication. Il seroit superflu de vous dire combien :>(iS (Kl'VKES PK FKUM'iT. - COU KESPOND ANCR. (|tii. a (iiiioto riH"('tl('iis. (ciiiporilnis a'(Hialil»iis avjiialia celcritatis iiio- iiH'iita sihi supi'i'adilit (^ ' ). lùiiii vrro t[iii a'(|iialil)iis spatiis a'iiiialia celoritalis inomenta silti superailtlil. adco non convciiin' inotui graviiiiii dcsccndi'iitiiini alllr- iiial ul, ox 00 siipposih), iiKitiiiii in iiislaiili ticri (Icdiical ol, ni silii pcfsnasil. t'acillinic donionsirol. Sed concedatnr, si plaeot, viro pcrspicaci et Lynca^o indcmoiisli'ala conclusio, diiininotld si( vcra. DcmonstralioiuMii enim dnni |)rinio sta- liin ohlnlu Aiit viilet, nul vidisso piiUil pcr iiiibila (-), niliil niirnm si Irctorihns minus uliquo LyucaMs parum vidoatnr salis- IVcissc. Il igilnr coiistet suus lionor Galilcu, nt-que amplius de ipsins ilia- lione anibigatur, aut ralionibus tantum probabilibus disputetur, pru- posilioncrn ipsam naore Archiniodoo bic demonstratam habebis. 2. Si qitolli1>L'l rectce. ad iintirn panel iim rimcurrentes, exponanliir in caiitiima proporlianc, canun inicivalla enail in endem ralione. » j'en suis satisfait, pui?iine comme vous gravés mieii\ qui.' loiil autre rien ne peut jun-lir 1) d'une telle uiain (pii ne soit |)iirrait e:i tout jioint. Je suis, etc. « D'autre part, les /■"«/•(« (page vi non numorotéo) reproduisent la mention lionoriliipie suivante : « Samuel Sorhcrhis m pr/fft/tio/ic Uperiiin Gassendi. » Petruni Fermatium tam longo iatorvallo Victam, Diophanluni et l'ythagoreos omnes » post se relinquenteni. » Cette mention se trouve effectivement page 36 (non numérotée) de la Notice do Sor- bière. La présente lettre n'est pas datée; mais on jicut la rapporter vraisemblablement à l'année lO.'iC); c'est la date de l'ouvrage in-4 de Gassendi : De proporliaiie i/iu/ grnvia deci- dciitia accclcrniitur Ej)istolœ TU (judius rcspondetur iid epislolas Pétri Ciizrœi ( OEin'res, tome III, 1). 504). Fermât fera allusion dans les n"' LXXXII et LXXXIIl à la même ques- lion. ( ' ) C'est la définition qu'on trouve commentée dans la Ginrnata tcrzn des Discorsi e ilimostrazioid nudeiiiitliehe i/ilor/io a due iiiim'e Scie/ize (itteneiui nlla mcccanica et mo- iimeiiti loiali. Levde, id'iS, .'1°, p. 1S8. (Cf. Opère di Cntileo (Udilei, éd. Alliéri. tome XIII. |i. i55.) ( ') Virgile, Enéide, VI, l'» i- LXII. - 16i6. -260 Verbi gratia, sint rectai {fig. 79) AF, BF, CF, DF, EF, etc. in conti- Fig. 79. mia proportione, enint intorvalla ipsarum, AB, BC, CD, DE, in cadeni rationo. Est enim m tola AF ad totam BF, ita ablata BF a priore ad CF ablalam a posteriore. Ergo ila rcliqua \H ad reliquam BC ut tota ad totam, hoc est, iit AF ad BF, et sic de cseteris. Eadom ratione demonslrabimus ut AF ad CF, ita esse AB ad CD, et ut BF ad DF, ita esse DC ad DE, etc. 3. Si inlelligatur motus a punclo F (fig. 80) i^ersus panrluni A con- tinue acceleralus secundum ralionem ilecursorurn spaliorurn. et expo- Fig. 80. B C D" E li JI X 0 V X Z nanlur quolUhel continue proportioiiales ut AF, BF, -^CF, DF, >KF, etc., lempus in quo mobile percurret spatium DE erit œquale tempori in quo idem mobile percurret spatium DC ; denique spatia omnia ED, DC, CB eodem tem- [)ore singula percurrentur. 4. Demonstrabiinus/jn>«o spatia CB, BA oodeni toniporc in snppo- sito motu percurri. Si onini tempus per AB non est «quale lenipori per BC, eril vcl nia- jns vel minus. ■r,{) ( i: l N W ES 1) K F E l{ M AT. - C ( ) IU{ E S 1' 0 xN D A N C E. Sil iiriimim niajiis, si lieri polost. Krgo lempiis per AB osl ad Icnipus pcr Ii(^. m alitiua rccla major ipsà BF ad ipsam I5F. Sit rccla illa Z : erno est m Iciiipus pcr AI5 ad lcm|)(is por BC, i)a recla Z ad rcelam BF. Siiniantur inter rectas AF, BF, (ot niodiic in coiiliiiua proportionc, m HF, MF, NF, douce miiior ex ij)sis, ut NF, sit minor quiim recta Z : (|ii()(l (|ui(lcm necessario eventuriim, vel ex sola médise invcnlioiic cjiisqiic itcrata, qiioties opus fuerit, opcratione, quis non videl? Kriint ei'go continua' proporlionales rectse AF, RF, MF, NF, BF ; ciini auteni sit ut AF ad BF, ila BF ad CF, et ita AB ad BC, ergo poterit continuari proportio sub eodcni numéro terminorum, lit sint etiam proporlionales BF, OF, VF, XF, CF, idque in cadem snpc- riorum rationc. His ita positis et constructis, considcrcntur et comparentur singula spatia AR, RM, MN, NB singulis spatiis BO, OV, VX, X(], singula nempe singulis, hoc est, spatium AR spatio BO. Si igitur per spatium AR fuerit motus uuiformis juxta gradum velo- citatis in puncto R acquisitum, <^ et per spatium BO moins uuiformis jiixta tfradum velocitatis in puncto B acquisitum >, tempus per AR ad tempos pcr I$0 componcreliu' ex ralione spatii AU ad sitalium BO et (vicissim) ex rationc velocitatis pcr B ad vclocilatcm pcr II : (|uod uotissimum est etGalileus ipse demonstravit, proposilione quinlà Traclatiis de motu (vqunhili (' ). At \\\ spaliiim AB ad spatium BO, ila, C) B Si duo mobilia œquabili motu feranlur, sint tamen vclocilatcs iiurqualos et ina'- (liialia ?pBtia poracla, ralio toniporum composita erit ex ralione spalionim, et ex rationc velocilalum contrarie sumptarum. » (Dixcorsi e dimostrazioiu matcmatichc, Leydo, iGiS, p. i54: Opère di Gaideo Gnlilei, éd. Albèri, l. XIII, p. iSa.) LXII. - lGi6. -271 per primam proposUioncm, recta AF ad rectani BF, et ul velocitas per B aci velocitatem per R, ila, ox supposita niotùs accelcrati jiixta spatia dccursa definitiono, recta BF ad reclani RF; ergo fcmpus per AR, hoc casu, ad lempus per BO componeretiir ex rationc AF ad BF et ex ratione BF ad RF; cssel igitur tempus per AR ad lempus per B() ut recta AF ad reclam RF. Deiiide, si per spatium RM HoreL motus uniformis juxta gradiiiii velocitatis •< in puncto M acquisitiim, et per spatium OV motus uni- formis juxta gradum velocitatis > in < puncto > 0 acquisitum, eàdem ratione probabitur tempus per MR ad tempus per OV esse ul recta RF ad rectam MF. Similiter, considerando velocitates punctorum N et V, erit tempus |)er M.N ad lempus per VX ul MF ad NF. Denique, considerando velocitates punctorum B et X in ultimis spa- tiis, erit tempus per NB ad lempus per \G ul NF ad BF. Sed omnes cjusmodi rationes, nempe AF ad RF, RF ad MF, MF ad NF, NF ad BF, ex constructione sunt esedem : ergo tempus omnium motuiim per lotam AB ad tempus omnium motuum per lotam BC in ulrisque spatiis ita ut diximus consideratorum est ut recla AF ad RF, sive NF ad BF. Sed tempus motùs accelerati per AR est minus temporc inotùs per AR uniformis juxta velocitatem in R : cùm enim a puncto R usque ad punctum A perpetuo, ex hypothesi, velocitas crescat, ergo a puncto R ad punctum A citius per motum acceleratum pervenitur quiim si vélo- •2rl (El VHKS DM FEUMVT. - CO 1! 1$ KSI'OX I) VNCI-:. l'ilus a("(|iiisila in H oadciii vl iiniroriiiis us(|ii(' ad piiiicdiin A pcrscvo- rari't. Kadciii ralioiic jn'ohaltiliir Icnipiis mod'is accidcialt [)pr KM oss(> iiiiiuis lompoi'p inolùs uniforiiiis pcr R.M, si vclocilas ipsiiis iiiliiiio ipsiiis sjiatii M pimrlo rcspondcal. Doniquo oonstal nioUiiii por tolaiii AB aci'oI(M'aliiiii, iil lie! Iivpo- llicsis. inii\(>ii (ciuporf licri (luàm moliiin aliiiia ticliliimi ex niolibiis iiiiilbriuibus, jii\(a vchicilales tiUiinis spalionini AU. H.M, MN, NB pHnctis rcspondoiik'S, compositiiiii. At contra lonipus motiis accolcrati por BO est majus tomporc molùs uniforniis pcr BO, considtM'ati juxta velocitalem puncti B, quia volo- citas a puncto B ad 0 senipcr crescit in motu accelerato, juxta hypo- ihesin, et niinor somper est velocitate qu* respondet puncto B. Undc pari ratiocinio concludetur motuni per totam BC accélérai uni. ut tiel liypothesis, majori tempore tîeri quàni niolum iilum fictiliuui ex nioliiins uniformibus, juxta velocitates primis spatiorum BO. OV. YX, XC punctis respondentes, compositum. Cùm ergo tempus motûs accelerati per AB sit minus tempore motùs illius tictitii per eamdem AB, et contra tempus motûs accelerati per BC sil inajus tempore motùs illius fictitii per eamdem BC, ergo niinor est r;itio icmporis motùs accelerati per AB ad leiiipus motùs accelerati pcr BC quiim lemporis molùs fictitii |)er AB ad tempus molùs tictitii per 13C; sed, ut lempus molùs accelerati per A15 ad tempus molùs accelerati pcr liC, ila posuimns esse reclam Z ad reclam BF, et ul leiiii)us molùs fu^lilii |)er AB ad lempus motùs iîclilii pcr BC, ita demonstravimus esse iN'F ad 1$F : ergo iniiior e^l ralio i-ecUe Z ad leclam 151' (|ii;uii recta; NF ad eamdem 15F, qiiod est alisurdum, cùm recta Z sit major rectà NF. LXII. - IGIC. 273 Ergo tempus motùs accelerati per AB non est majus temporp motùs accélérât! per BC. Eàdem facilitalc probabimus tempus motùs per AB accelerati non esse minus tempore motùs accelerati per BC. Sit enim minus, si fieri potest : erit igitur ul tempus motùs per AB accelerati ad tempus motùs accelerati pcf I5('., ita recta miiior i])sà BF ad ipsaiii BF. Ksto itaquc recta illa, minor quàm BF, G et sit tempus motùs acceleraii per AB ad tempus motùs acceierali per BC ut G ad rectam BF, et inter rcctas BF, CF exponatur continue proportionalium séries quarum maxima OF sit major quàm G. Eodem quo usi sumns, in superiori demonslrationis parte, ratiocinio, conferendo spatia in ipsà AB inler similes proportionalcs intercepta cum spatiis BO, OV, VX, XC, mutemus solummodo velocitates uniformes et tingamus, verbi gralia, motum per AR uniformem fîeri juxta gradum velocitatis in puncto A acquisitae; motum vero uniformem per BO fieri juxta veio- citateni acquisitam in puncto 0; et sic in reliquis spatiis, in quil)us patet omnes velocitates per AB uniformes augeri, velocitates verb per BC. uniformes minui. contra id quod in priore dcmonstrationis parle fuerat usurpatum. C.oncludetur, ut supra, lempus motùs luijusmndi unilormis per AFl ad tempus motùs unilormis per KO esse ut recta BF ad rectam AF : duni enim augcntur velocitates, tempora motuum minuuntur. Similiter tempus motùs uniformis per BM ad tempus motùs uniformis per OV erit ul MF ad MB. Keumat. — II. 35 f n(Miii|iu> itMiipiis iiioli'ls ficlilii illitis per AB e\ uniformibiis composili ad teinpus moti'^s firtilii (lor UC o\ iiniforiiiilnis parilcr conipositi dit m l\V ad VF. cîirn oinnes nitionos siiil cTrliMii. Iincost, ni OFad BF, porpriniam prn- |)ositittii('iu. Teinpiis aiUcin luotùs acccU'iali prr A15 est majus Icmporo iiiotùs illius tu'titii ex imiformibiis (îoinpositi, cùm supposuorimiis in mo- tilms uiiirormihiis aiirtas fuisse volocitatos, qua' nimiriiin in lior casu priiiiis spalioriiin AK, RM, clc. piinclis rcspoiidcnt; sod cl Icnipiis motùs accelerali per BC est iniiuis lenipore inotùs ticlitii ex uiiifoi"- inil)us composili, quia hic velocitales iniiiiuiiiliir et ultiniis spaliorinn no, OV, etc. punctis respondeiit : ergo major esl ratio leniporis iiiolMS accelerali jter < AB ad tenipiis niotùs accelerali per > BC cHiàm lemporis motùs lictitii per ATî ad tempus molùs ficlilii per HC. Sed ut lempus motùs accelerali per AB ad tempus molùs accelerali per Bli, ita est recta (î ad reclam BF, ex suppositioiie; ut autem tempus molùs (iclilii per AB ad tempus molùs ficlitii per B(], ila recta ()F ad BF, ex deinonstrationc : ergo refla G ad rectam BF majorcm pi-oportionem lialtet quàin recta OF ad rectam BF, (|uod esl ahsnrdum, ciim recla ('• sil minor rectà OF, ex conslnir- liouc. Non ergo lempus motùs acciderali per AB est minus leinpore molùs accelerati por BC; sed nec majus, ut supra demonstratum esl : ergo est œtj/uale. L\ll. - IG'.6. -275 Ivuk'in ratione patol k'iiipus molùs accclerali pcr CD a'qiiaii (cinpori niolùs accclorati por AB, et tompori niotùs accehM'ati por HC, cl, coii- tinualis, si plaei't, in infinitum rationibus, ornnia omnino spaliu eodcni tempore perciirri. 5. llis positis, tcriià propositioiie mL'iiloin Galiici rovelaimis aul pro- |)Os;ilioiiis voritalem astruimus. Intelligatur motus gravium dcsconckMiliuni a (|iiie((' ex puacto A {fig- Si) usque ad punctum H, verbi gratia, et siipponaliir, si //cri Viff. Si. F G po/csi . rrlocitatem gravis cadentis accelerari jiixUt rnlionem spatioruin ilcriirsonim. Ponalur moins jaiii t'aclus ab A usque ad U lem|)ore unius miiiuli aul altero (|uovis tempore determiuato, et supponatur motus contiiuiari usque ail punctum K : Aio jtiolum pcr WK/icri in instanli. Si enim motus per HK non tiat in instant!, tiet in tempore arK|U(i determiuato, quod, per aliquem numerum mullipliealum. exeedel tempus in decursu spatii AH iusumptum; ponalur numerus mulli- plieans "i, ila ut tempus motùs per HK (juiiujuics sumptum excédât tempus motùs per AH. lieetis KA, HA sumatur terlia proportionalis (;A et loties eonli- uuelur |)roporlionalium seiies, ibuiec spatiorum interceptorum nu- merus excédât numerum ") ; tiant ergo, ex proportionalibus eonli- nualis, sex, ver!)i gratia, spalia uilra punctum \\, i\wx siiit H(i, (iK, FE, ED, DC, CB. Ergo tempus molùs per HG, per prœcedentem, esl «quale tempori motùs per HK. Simililer tempus motùs per GF est iequale tempori motùs per HK. Denique motus per totam HB fiet in tempore quod ad tempus ])er HK erit sextuplum; al lempus temporis per HK quiutuplum est majus tempore motùs per AH : ergo a foi'liori lempus motùs per HB tempore motùs per totam HA est majus. Quod est absurdum. ■270 ŒUVRES DE FEUMAT. - COUIIESPOND ANCE. Krgo vora rcmaïu'l (ialilci illado (jiiamvis l'ain ipso non dciuoii- stnirit. 6. Uivc hrovitor ot fainiliarilor, (^larissiinc Gassoiule, scripsinms, 110 tilû in poslcriiin faccssaf negotiiim aut Cazraeiis aut qiiivis alitis ("lalilt'i advorsariiis, ot in iniinensum cxcrcscant volnmina, qua" unicâ dcmonstraliono, vol lahMilihiis ipsis aucloribns, ant deslruentiir aut iniitilia ol supcrlUia onicionlui'. Vaic. LXIII. — JEUDI k JUIN 1C48. 277 ANNÉE 1648. lAlII. FERMAT A MERSENNE ('). JEUDI k JUl.N 1648. (B„2vg Voici la consh'udioii de la question des Iniis Iriaiiiçlcs (jiiorurn (ircfc consliliiutil iria latcra trianguli reclan gidl numéro (-). Trouvons un Irianglo de telle sorte que la somme de riivpolénusc et de l'un des cotés soit quadruple de l'autre e(Mé. Ce qui est t'ait ainsi. Soit le dit triangle : R S r 17 I.-) s Funnabuntnr Iria Iriangida rcrtangula : priinitm abs R-t-4S et îW — ^S, secundiiDi abx 6 S et W — 2 S. terlium ahs Jj S -t- T et \'i — 2 T. (') Fragment de lettre inédil. (-) Cp. rObservutioi) XXIX sur Dioplianle. 278 Œ U V H i: S I) K F !•: K M A P. - C (» lî H K S 1' () M t \ N ( ; i:. Hoc csl : in hoc exeinplo i/i s/icrir /on>ia/>//iif : />ri'/iiiini I///S .\() et ■?,, sifii/ii/iiiti itbs /|!^ et I, Icrliiiin (dis .'\~ cl '.. lAIV. KEHMAT A SÉdLMKIÎ ( ' ). inRiii !) JUIN 1648. ( Bill. liât. l'r. 173SS, f« 7/1 f.) MONSEIG.NEIR, Je sçai que la vertu et le sçauoir sont les seules recommaiulalious qui peuuent obtenir vostre protection, et que c'est sans doute auec (ro[) de confiance que je prens la liberté de vous demendcr une grâce (-) (|ue i'aduoue n'auoir pas méritée. Mais ie seai aussi, Mon- seigneur, que vous aués assés de bonté pour conter parmi les bonnes qualilcs l'inclination de les acquérir, ("est la seule qui ne m'a iamais abandonné et mon ambition a tousiours esté assés hardie pour me faire considérer les Ixdles lettres comme une conqueste aisée en mesme temps que ie sentois bien et que l'expérience m'a faict cognoistre qu'elle esloit au dessus de mes forces. C'est donc a des mouvements imparfaicts et au désir seul de mériter quelqu'une de vos faneurs que ie vous coniure, Monseigneur, d'accorder celle que M. de la Chambre a voulu prendre le soin de vous demender de ma part. Si ie ne suis pas (') Publiée p;ir .M. Charles lloiirv ( Rec/icrc/iew p. 63) d'après l'uriginal doiil amis reproduisons l'oilhographe. (') Le ïg aoùl iG|8 Fermât fui dépiilé à Castres « pour tenir cl desservir séance do la oliambre de l'édil avec les présidents et conseillers de la rcliijion ])rétendue rélbrniée » (Histoire générale du Ltini^iiedoe. tome XIV, Toulouse li^jG, col. 'ioCj; c'est |)ent-ètrc celle nomination qui faisait l'objet do la présente requête. L\V. - MAHDI 18 AOUT ir,V8. 27i) capable do m'en rondre digne a l'adiienir, ie la recognoistrai du moins |iai' le respeet auec leqmd ie vens eslre toute ma nie. Monseigneur, Vostre très humble, très obéissant et très obligé seruiteur, Fermât. A Tolosi' le 9 iuin 1648. ( .-/drefse.) A Monseiirnear igné II Chancelier. A Paris. Monseigneur le L\V. FHH.MAT A LA CHAMBRE (Martin CUREAU de) ('). MARUI 18 AOUT lG'l-8. !■ Bib. X.it. fr. 17390, f» iij 1'°.) .MoNSIELU, .l(^ ne vous ai point entretenu iusqu'ici d'all'aires publiques, mais pnuree que les véritables mouvements d'un arrest que le parlement a donné n'ont pas esté peust estre cognus chez Monseigneur, i'ai dressé un mot d'escrit ou vous le treuueres, ie vous l'expose sur rasseurancc (|ue i'ai et de vostre prudence et de l'honneur que vous me faictes de m'aymer. 11 ne verra qu'autant de iour que vous voudres, outre (jue ma politique est très foible et très bornée, ie ne pretens par lit vous l'aire paroistre que mon zcle pour le seruice du roi et mon respect |)oiir les volontés de Monseigneur. Si cest escrit ne peut pas seruir a cela (' ) Publiée par M. Cliarlos Henry ( Rcclicrcliex, p. G7) d'après laulograplic. 280 Œ r \ Il i: s n e f e i\ m \t. — c o iiu e s p o n n a n c e. iiiosmo, pxciisos lUi moins mos faulos et faictos moi la grâce do les Icnir cacheos t'( de me croire tousiours, ^loiisiciir, Vostre (rcs Inimble cl 1res obéissant seruitciir, Fermât. A Toloso le iS août 16 18 ( ' ). I I dresse.) A Monsieur Monsieur de la Chambre chez Monseigneur le Chancelier. A Paris. LXVI. NOTE DE FER^IAT JOINTE A I.A LETTRE PRÉCÉDENTE ("). (liib. Nat. fr. i;.^, f" "^■) L'arrest que \('. parlement de Tolose a donne par lequel il est inhibé (le liMicr les tailles a main armée et par logements effectifs de gens de guerre, a esté si nécessaire dans la conionture présente, qu'il n'y auoil apparament que ce seul remède pour faire subsister le calme dans la ])rouince de Guicnne qui est dépendante de ce ressort. 1-c i)ruit (jui s'estoit espandu par toutes les villes que le roi alloit (]nit(cr les arrérages des impositions et accorder une diminution con- sidérable de la taille courante faisoit supporter au peuple auec tant I ') (;elle suscriptioii est i)rc.sf]',ie entièrement efTacéc : la date a clé inscrite au \cr.-;o par les l'onimis cio Si^siiicr. I ^) Publiée par .M. Charles Henry {Reciierclies, p. 08} d'après l'aulograplie. LXVI. - MARDI 18 AOUT 1648. 281 d'impatience ces ordres seueres de logements effectifs qu'il se faisoit de louts costés des conspirations et des attroupements contre les bri- gades, et des rebellions si notables qu'elles eussent sans doute tramé de plus grands souslevements si le parlement n'eiist suspendu par sou arrest ces ordres violents qui sont contre les ordonnances et contre l'humanité mesme, s'il faut ainsi parler. Depuis ce temps là on n'a point cessé de donner des arrests pour procurer en toute diligence le payement des tailles, on a mesme taché d'empescher diuers abbus pra- tiqués par les commis qu'on a descouuert qui faisoient faire des quit- tances antidatées pour s'approprier par ceste voye les deniers royaus et les diuertir a leur profit; le parlement en a faict informer, a donné' arrest et comission là dessus, bref il n'a rien omis pour ce regard. J'ai esté le premier qui ai eu quelque cognoissance des voyes obliques et qui ai suggéré à quelques uns de la Grande Chambre l'arrest qui est donné sur ce subject. Je ne laisse pas de vous aduouer que ces remèdes sont lents et que le payement des tailles l'est encore d'advantage, depuis que ceste grande rudesse de l'exaction a cessé, la raison est claire, la pauureté est si generalle et si grande, et les charges si hautes que des que ceste constrainte armée a cessé, rien ne paroist d'assés fort pour faire payer les contribuables, les saisies qui estoient l'extrême dans les voyes réglées commencent de n'effrayer plus et sont plustost des menaces que des coups. Il faut pourtant haster les Icuees et donner promptement au roi un secours si iuste et si nécessaire. Il me semble que l'expédient le plus plausible et le plus aisé seroit d'auoir une déclaration du roi qui por- tast permission a toutes les communautés d'emprunter les sommes nécessaires a concurrence des tailles courantes et qui declarast les sommes empruntées audict effect priuilegiees a toutes debtes desd. communautés comme destinées au payement des charges courantes. Il est très probable que tout l'argent de la prouince aboutiroit là, pource que la fréquence des banqueroutes est cause que ceux qui ont de l'argent ayment mieux le garder que le bazarder. Ceste decla- Fermat. — M. 36 •282 ŒUVHES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE. ration signée du rogistro ilu parlement seroit une asseurancc entière pour les créanciers et si le roi accordoit quelque remise pour l'auance, toutes les communautés accourroieut en foulle pour emprunter les deniers nécessaires et les payer tout aussi tost aux receueurs. On ponrroit mesme enjoindre au parlement d'enuoyer des comissaires dans toutes les uilies pour faciliter lesd. payements, et si sa maiesté ingeoil qu'il fust important pour le bien de son estai de se seruir de ce mesme moyen pour faire approcher les deniers de l'an iG'Î9, Fexe- cution n'en seroit pas apparament malaisée. LXVII. FERMAT A MERSENNE (?). FRAGMENT ('). 1648. (I), m, 83.) Asymmetrias in Algebraicis omnino tollerc, opus arduum nec salis hactenus ab Analystis tentatum. Dentur, verbi gratia, termini asymmetri plures quatuor et secundum artis prsecepta proponantur asymmetria liberandi. Vix est ut ab hujus- modi tricis expédiât se Analysta : dum crescct labor, augebitur dilR- cultas et fatigatus tandem, nihil, post repetitas sœpius operationes, aut profecisse se aut promovisse deprchendet. An itaque hœrebit Ana- lysis et asymmetriis undique obruta conticescet? Videant eruditi et methodum huic negotio conducibilem inquirant. ('; Tire d'une Lettre de Doscartes à M***, datée du i8 décembre 16^8, où ce fragment est précédé des mois : roici maintenant le billet de M. de Fermât, et suivi d'une réponse de Descartes à la question posée. La partie latine, qui dans l'édition Clerselier est composée en italiques avec les lettres de l'équation en minuscules; est traduite fii français (édition Cousin, tome X, p. ifig). LWII. - 16V8. 283 Proponatur in exomplum : latiis(B in A — Aquad.) -t- lal.{Z quad. + D in A + Aquad.) -h lat.(M in A) + lat.(D quad.— A quad.), — lalere(R in A 4- A quad.) œcjuari B + A. Oporelur secundum praecepta arlis Analysta et ab asyminelria pro- posita se expédiât, aut artis inefficaciam fateatur ('). Il me semble que les illustres en cette Science ne sauroient prendre un plus digne et plus nécessaire emploi que celui d'aplanir ces didi- cultés. Pour les y exciter, vous leur pourriez dire par avance que j'ai fait quelque progrès en cette matière et qu'il y a beaucoup ii décou- vrir et à inventer; vous pourriez même en écrire en Italie et en Hol- lande, afin que la prophétie du Chancelier d'Angleterre s'accompliss(> : Miilti pertransihiint et augehitiir scicritia (^). ( ') Voir Tome I, p. 181-188. I ^) f'oir plus haut. p. 3J, noie 1. 281 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. ANNEE 1G50. LXVIll. FERMAT A CARCAVI ('). SAMEDI 20 AOUT 1C30. (Bibl. nat., lat. 11196, f°* 5i-55 ) Monsieur, i- Ma lettre par malheur fut envoyée trop tard la semaine dernière au messager d'Aurillac; vous la recevrez seulement par celui-ci avec la pénitence que je me suis enjoint à moi-même pour payer ce retar- dement, c'est-à-dire que je n'ai point voulu différer h vous envoyer ma méthode générale pour le déhrouillement des asymmélriesi^-). Les fêtes m'ont tout à propos donné le loisir nécessaire pour y vaquer; je vous envoyé mon original par pure paresse et vous prie me le renvoyer au plus tôt ou hien un autre à votre choix. Vous ménagerez mes intérêts comme vous l'entendez; ils consistent seulement à me laisser la satis- faction (j'use à dessein d'un mot adouci) d'avoir dévoilé une matière (|iii n'étoit pas connue, ce que diverses questions, que je vous ai pro- posées à diverses fois et dont pas une solution n'a jamais été donnée, prouvent assez suffisamment. 2. Mais, si vous voulez avoir le plaisir tout entier, proposez hardi- ment à trouver la tangente d'une courbe dont, par exemple, la pro- (') Publiée par M. Charles Henry {Recherches, p. igS). (') C'est la niéltiode d'élimination des radicaux, exposée tome I, p. 181-188. LXVIII. — SAMEDI 20 AOUT 1650. 285 priété soit, en prenant A pour l'appliquée et E pour la portion du dia- mètre qui lui correspond : Lattis cub. (Z<7.in A — Xc.)-\- lat.quad.quad.(Bpl. pi. — ïiq. in B in A + A(/y.) + lat. quad. (B in A — Aiy.) + lat. quad. cub. {Aqc. — Bqq. in A). Ilœc ornnia quatuor homogenea, quce, in hoc casu, sunl rectœ, œquen- tur B + A - E. Quœritur tangens ad punctum daturn in cun'a cujus superior œqualitas proprietatem specijicam reprœsentat. Que fera en ce rencontre la méthode de M. Descartes que vous savez être infiniment plus embarrassée que la mienne? mais que fera encore la mienne, si les asymmétries ne sont ôtées? Pour les ôter, la méthode que je vous envoyé en vient à bout sans nulle difficulté, car, en donnant à chacune des lignes irrationelles le nom d'une seconde racine, tierce, quarte et cœt., on vient toujours à des doubles égalités lesquelles se réitèrent jusques à ce que l'applica- (ion (ou la division) ôte la dernière de ces racines, puis la pénultième, et ainsi en rétrogradant jusques à ce que toutes les nouvelles racines inconnues que vous aurez prises à discrétion aient entièrement dis- paru, et pour lors il vous restera une équation sans asymmétrie en laquelle il n'y aura de racines inconnues que les deux premières A et E, qui n'auront que changé de degré à cause des multiplications fré- quentes et nécessaires à chaque opération, et cette équation exempte' d'asymmétrie représentera la propriété spécifique de la courbe. Or, quand nous avons la propriété spécifique de la courbe sans asymmétrie, ma méthode de tangentihus donne la tangente très sim- plement et par la seule application ii tous les cas généralement, soit que la propriété spécifique aie relation à des lignes droites seulement, soit qu'elle l'aie aussi à des courbes. Et partant, en joignant les deux méthodes, la tangente de la question proposée se trouve par l'applica- tion simple, ce qui semble merveilleux. •286 ŒrVIJES DE FERMAT.- COIIRESPON [) ANCE. Jo n'ajoute pas l'opéralion onlii'rc, ])oiirco (jiio la lonj^iiciir du (ra- vail ino lassoroit, mais, en un mol, il sulFil que vous voyez très claire- ment le progrès et la fin tle l'ouvrage; ce que je crois avoir été in- connu jns(jues à présent, puis(|uc JM. Descartcs, que je nomme avec tout le respect qui est dû à la mémoire d'un si merveilleux homme, proposoit comme une dilTiculté insurmontable la question suivante : l-llaitl donnés quatre points et une courbe, en laquelle prenant un point à discrétion, les droites menées de ce point aux quatre donnés fassent une somme donnée, trouver une tangente à quelconque point donné de cette courbe. ainsi (juc je puis l'aire voir par une de ses lettres ('). Pourtant, mes nu'thodes jointes ensemble en donnent la solution simple, et l'opéra- tion en se jouant. Vous comprenez par là que le principal et plus considérable effet de cette méthode paroît aux tangentes de toutes sortes de lignes courbes il l'infini, puisque les tangentes s'y trouvent toujours par application simple, et après cela aux questions que j'appelle abondantes, qui se résolvent aussi par la seule division, sans aucune extraction de racines et caet. 3. En voilà trop pour une seconde lettre, mais je suis d'humeur à vous faire paroitre ce que peut notre ancienne amitié. Peut-être que ces petits éclaircissements serviront à ce qu'il y aura de trop concis dans mon écrit latin, quoique je ne doute point qu'après que vous et messieurs à qui vous le communiquerez y auront un peu rêvé, ils n'en trouvent l'intelligence et la pratique aisée. Je n'ai (ju'à vous avertir que l'ordre des pages de mon petit Traité est marqué par chiffres, et qu'il y a un endroit, en la page septième, qui semble défectueux, qui pourtant ne l'est pas, et il faut tout écrire comme un sens continu, ainsi que vous comprendrez d'abord. ') Celte IcUre n'a pas été conservée. LXVIII. - 20 AOUT IGoO. 287 Je vous réitère encore que je vous renvoierai vos écrits de mes Traités au plus tôt avec le Livre de M. Gaignières ('), sinon que vous en trouviez ;» Paris un autre exemplaire, auquel cas vous m'obligerez de le bailler à mondit S'' Gaignières, e( j'en rembourserai le prix au messager qui vous porte mes lettres. Je suis, Monsieur, votre du tout acquis serviteur, Fermât. A ('astres, ce 20 août lOJo ( ' ) l,a suite de la phrase montre qu'il s'agit d'un ouvrage prête par Gaignières. Celui-ci n'est pas Koger de Gaignières dont les collections ont enrichi la Bibliothèque du roi. puisque ce célèbre collectionneur est né vers 1644, mais sans doute son père Aimé de Gaignières. secrétaire du duc de Bellegarde, gouverneur de Bourgogne. (Léopold Delisle. Le caliinet des m/i/iitscrilx, Tome I, p. 335.) 288 ŒL'VUES DE FERMAT.- COIUIESPONDANCE. ANNEE 1654. LXIX. FERMAT A PASCAL ^'). 1654. {OEuvr'es de Pascal^ ^779' I^'j P- ^W~41--) Monsieur, Si j'onlropronds de fairo un point avec un seul dé en huit coups; si nous convenons, après que l'argent est dans le jeu, que je ne jouerai l)as le premier coup, il faut, par mon principe, ((ue je tire du jeu { du total pour être désintéressé, à raison dudit premier coup. Que si encore nous convenons après cela que je ne jouerai pas le second coup, je dois, pour mon indemnité, tirer le Ci""^ du restant, qui est ~ du total. Et si après cela nous convenons ([ue je ne jouerai pas le troisième l'oup, je dois, pour mon indemnité, tirer le G'"" du restant, qui est ^ ilu total. Et si après cela nous convenons encore que je ne jouerai pas le qua- trième coup, je dois tirer le (i'"" du restant, qui est ^~ du total, et je conviens avec vous que c'est la valeur du (|uatrième coup, supposé qu'on ait déjà traité des précédents. Mais vous me proposez dans l'exemple dernier de votre lettre (je ( ' ) « Iinpriméi; pour la promière fois. Cctlo LoUre est sans date dans la copie (pis j'en ai; elle paroîl répondre à une lettre de Pascal que je n'ai pu recouvrer. » (Note de /Sossut.) — L'éditeur des OEavrex de Pascal a d'ailleurs placé cette Lettre entre celles numérotées ci-après LXXIV et LXXV. L\\. - 29 JUILLET 1634. 289 mots vos propres termes) que si j'entreprends de trouver le six en huit coups et que j'en aie joué trois sans le rencontrer, si mon joueur me |)ropose de ne point jouer mon quatrième coup et qu'il veuille me désintéresser à cause que je pourrois le rencontrer, il m'appartiendra T^ de la somme entière de nos mises. Ce qui pourtant n'est pas vrai, suivant mon principe. Car, en ce cas, les trois premiers coups n'ayant rien acquis à celui qui lient le dé, la somme totale restant dans le jeu, celui qui lient le dé et qui convient de ne pas jouer son quatrième coup, doit prendre pour sou indemnité ~ du total. Et s'il avoit joué quatre coups sans trouver le point cherché et qu'on convînt qu'il ne joueroit pas le cinquième, il auroit de même pour son indemnité ^ du tolal. Car la somme entière restant dans le jeu, il ne suit pas seulement du principe, mais il est de même du sens naturel que chaque coup doit donner un égal avantage. Je vous prie donc que je sache si nous sommes conformes au priu- l'ipe, ainsi que je crois, ou si nous diirérons seulement en l'applica- lion. Je suis, de tout mon cœur, etc. Fermât. LXX. PASCAL A FERMAT. MEHCREUI i'J JIILI.ET 1054. ( fa, p. 179-183.) Monsieur, 1. L'impatience me prend aussi bien qu'à vous et, quoique je sois encore au lit, je ne puis m'empècher de vous dire que je reçus hier au soir, de la part de M. de Garcavi, votre lettre sur les partis, que j'admire si fort que je ne puis vous le dire. Je n'ai pas le loisir de II. — l'ERsuT. 37 290 ŒUVRES DE F E KM AT. - COllRESl'OND ANGE. m'ctenclro. mais, on un mot, vous avez trouvé les deux partis (') des dos ol dos partios dans la parfaito juslosso : j'en suis tout satisfait, car jo no tlouto plus maiutonant que je ne sois dans la vérité, après la ronoonire admirahlo où je me trouve avec vous. J'admire l)iou (lavanlai;-o la méthodo des parties que celle des dés; j'avois vu plusieurs porsounos trouver celle des dés, comme M. le che- valier de ^loro, qui est celui qui m'a proposé ces questions, et aussi M. do Hohorval : mais .M. do ^loré n'avoit jamais pu trouver la juste valeur dos partios-ni do biais pour y arriver, de sorte que je me trou- vois seul qui eusse connu cotte proportion. 2. Votre méthode est très-sùre et est celle qui m'est la première venue à la pensée dans cette recherche; mais, parce que la peine des combinaisons est excessive, j'en ai trouvé un abrégé et proprement une autre méthode bien plus courte et plus nette, que je voudrois vous pouvoir dire ici on pou de mots: car je voudrois désormais vous ouvrir mon cœur, s'il se pouvoit, tant j'ai de joie de voir notre rencontre. Je vois bien que la vérité est la même à Toulouse et à Paris. Voici il peu près comme je fais pour savoir la valeur de chacune des parties, quand deux joueurs jouent, par exemple, on trois parties, et chacun a mis 32 pistolos au jeu : Posons que le premier en ait deux et l'autre une; ils jouent mainte- nant une partie, dont le sort est tel que, si le premier la gagne, il gagne tout l'argent qui est au jeu, savoir 64 pistoles; si l'autre la gagne, ils sont deux parties à deux parties, et par conséquent, s'ils veulent se séparer, il faut qu'ils retirent chacun leur mise, savoir cha- cun 32 pistoles. ('> Parti signifie ici réparLlLloii enlro dos joueurs, d'après leurs chances rcIaUves, de la masse des enjeux, dans le cas où le jeu est abandonné avant sa fin. Le parti des des dont il s'agit ici paraît avoir été simplement demandé dans le cas où celui qui lient les dés a parié d'amener un point déterminé en un nombre do coups convenu (voir Lettre LXIX et ci-après, LXX, 7). Quant au parti des parties, la question est clairement exposée ci-après (2 à 6). Com- parer, à la suite du Traité du triangle arithmétique de Pascal, l'apijlicalion qui en est faite à ce même problème {OEuvres de Pascal, édition de 1779, V, p. 32). LXX. - 29 JUILLET iGok. 291 Considérez donc, Monsieur, que, si le premier gagne, il lui appar- tient 64; s'il perd, il lui appartient 32. Donc, s'ils veulent ne point hasarder cette partie et se séparer sans la jouer, le premier doit dire : « Je suis sur d'avoir 32 pistoles, caria perte même me les donne; mais » pour les 32 autres, peut-être je les aurai, peut-être vous les aurez, le » hasard est égal. Partageons donc ces 32 pistoles par la moitié et me » donnez, outre cela, mes 32 qui me sont sûres. » Il aura donc 48 pis- toles et l'autre iG. Posons maintenant que le premier ait deux parties et l'autre point, et ils commencent à jouer une partie. Le sort de cette partie est tel que, si le premier la gagne, il tire tout l'argent, G4 pistoles; si l'autre la gagne, les voilà revenus au cas précédent, auquel le premier aura deux parties et l'autre une. Or, nous avons déjà montré qu'en ce cas il appartient, à celui qui a les deux parties, 48 pistoles : donc, s'ils veulent ne point jouer cette partie, il doit dire ainsi : « Si je la gagne, je gagnerai tout, qui est 64; » si je la perds, il m'appartiendra légitimement 48 : donc donnez-moi » les ^8 qui me sont certaines, au cas même que je perde, et partageons » les iG autres par la moitié, puisqu'il y a autant de hasard que vous » les gagniez comme moi. » Ainsi il aura 48 et 8, qui sont 56 pistoles. Posons enfin que le premier n'ait qii une partie et l'autre /^ot«i. Vous voyez. Monsieur, que, s'ils commencent une partie nouvelle, le sort en est tel que, si le premier la gagne, il aura deux parties à point, et par- tant, par le cas précédent, il lui appartient 56; s'il la perd, ils sont partie à partie : donc il lui appartient 32 pistoles. Donc il doit dire : « Si vous voulez ne la pas jouer, donnez-moi 32 pistoles qui me sont » sûres, et partageons le reste de 56 par la moitié. De 56 ôtez 32, » reste 24; partagez donc 2'i par la moitié, prenez-en 12 et moi 12, » qui, avec 32, font 44- » Or, par ce moyen, vous voyez, par les simples soustractions, que, pour la première partie, il appartient sur l'argent de l'autre 12 pis- toles; pour la seconde, autres 12; et pour la dernière, 8. Or, pour ne plus faire de mystère, puisque vous voyez aussi bien ±)1 (F.rVllKS DE rEHMAT. - COU RESPON I) ANCE. tout à (locouvert et (]iu' jo n'en l'aisois que pour voir si jo ne nie trom- pois pas, la vali'ur y'enlonds sa valeur sur l'argent de l'autre seule- ment^ (le la dernière partie de t/ci/.v est double de la <] dernière > partie de /rois et quadruple de la dernière partie de quatre et octuple de la dernii're partie de ci/k/. etc. 3. Mais la pi'oportion des premières parties n'est pas si aisée à trouver : elle est donc ainsi, car je ne veux rien déguiser, et voici le problème dont je l'aisois tant de cas, comme en ell'et il me plaît fort : Etaiil donné tel nombre de parties qu on rendra, trouver la valeur de la première. Soit le nombre des parties donné, par exemple 8. Prenez les huit [iremiers nombres pairs et les huit premiers nombres impairs, savoir : 2, 4, G, 8, 10, 12, i4, i6 et I, 3, 5, 7, 9, II, i3, i5. Multipliez les nombres pairs en cette sorte : le premier par le second, le produit par le troisième, le produit par le quatrième, le produit |)ar le cinquième, etc.; multipliez les nombres impairs de la même sorte : le premier par le second, le produit par le troisième, etc. Le dernier produit des pairs est le dénominateur et le dernier pro- duit des impairs est le numérateur de la fraction qui exprime la valeur de la première partie de hait : c'est-à-dire que, si on joue chacun le nombre de pistoles exprimé par le produit des pairs, il en appartien- droit sur l'argent de l'autre le nombre exprimé par le produit des impairs. Ce qui se démontre, mais avec beaucoup de peine, par les combi- naisons telles que vous les avez imaginées, et je n'ai pu le démontrer par cette autre voie que je viens de vous dire, mais seulement par celle des combinaisons. Et voici les propositions qui y mènent, qui sont proprement des propositions arithmétiques touchant les combi- naisons, dont j'ai d'assez belles propriétés : L\\. — 29 JUILLET ICai. 293 4. Si d'un nombre quelconque de lettres, par exemple de 8 : A, M, C, D, E, F, G, II, vous en prenez toutes les combinaisons possibles de 4 lettres et ensuite toutes les combinaisons possibles de 5 lettres, et puis de (3, de 7 et de 8, etc., et qu'ainsi vous preniez toutes les combinaisons possibles depuis la multitude qui est la moitié de la toute jusqu'au tout, je dis que, si vous joignez ensemble la moitié de la combinaison de 4 avec cbacune des combinaisons supérieures, la somme sera le nombre tan- tième de la progression quaternaire à commencer par le binaire, qui est la moitié de la multitude. Par exemple, et je vous le dirai en latin, car le français n'y vaut rien : Si quollibet litteraniin, verbi gralia oclo : A, B, C, D, E, F, G, II, sumanlur omnes combinationes qualernarii, quinquenarii, senarii. clr. . usque ad octonariiim . dira , si jitngas dimidium combinationis qualer- narii, nempe 35 (^dimidium 70), cum omnibus combinationibus (juin- quenarii, nempe 56, plus omnibus combinationibus senarii, nempe 28, plus omnibus combinationibus septenarii, nempe 8, plus omnibus combi- nationibus octonarii, nempe i , factum esse quartum numerum progres- sionis quaternarii cujus origo est 2 : dico quartum numerum, quia '\ octo- narii dimidium est. Sunt enini numeri progressionis quaternarii. cujus origo est 2, isti : 2, 8, Sa, 128, 5i2, etc., quorum 2 primus est, 8 secundus, 32 lertius et 128 quartus : cui ] 28 œquanti/r ■+- 35 dimidium combinationis 4 litlerarum -+- 56 combinationis 5 litlerarum + 28 combinationis 6 litlerarum -t- 8 combinationis 7 litlerarum -(- I combinationis 8 litlerariun. •29i (Kl Vr»i:S DE FKKMAT. — COU II KS rONDANCK. 5. \()ilii la proiiiièro proposition (|iii os( purement arilinnéli([ne; l'antre reijiarile la doclrine des parties et est telle : Il faut (lire auparavant : si on a une partie de /), par exemple, et ipiainsi il en mancjue '\, le jeu sera infailliblement d(?cidé en tS, qni est douille de '\. \a\ valeur de la |)renii(''re partie de Z) sur l'argent de l'autre est la fraction (]iii a pour numérateur la moili('' de la combinaison de 4 sur 8 ye prends '\ parce qu'il est égal au nombre des parties qui manque, et 8 parce qu'il est double de f\) et pour dénominateur ce même numé- rateur plus toutes les combinaisons supérieures. Ainsi, si j'ai une partie de 5, il m'appartient, sur l'argent de mon joueur, — 5 : c'est-à-dire que, s'il a mis 12S pistoles, j'en prends 35 et lui laisse le reste, f)3. Or cette fraction —5 est la même que celle-là : ô^-d laquelle est faite par la multiplication des pairs pour le dénominateur et la multiplica- tion des impairs pour le numérateur. Vous verrez bien sans doute tout cela, si vous vous en donnez tant soit peu la peine : c'est pourquoi je trouve inutile de vous en entre- tenir davantage. 6. Je vous envoie néanmoins une de mes vieilles Tables; je n'ai pas le loisir de la copier, je la referai. Vous y verrez comme toujours que la valeur de la première partie est égale à celle de la seconde, ce qui se trouve aisément par les com- binaisons. Vous verrez de même que les nombres de la première ligne aug- iiiciilenl toujours; ceux de la seconde de même; ceux de la troisième de même. Mais ensuite ceux de la quatrième diminuent; ceux de la cin- quième, etc. Ce qui est étrange. LXX. - 29 .lUir.LET 165i. Si on jonc chacun 2 JG on 295 partie . — iS 12° partie. 3 .3" partie. .£ 0 /,« paru. 5° partie. 6° partie. 6 parties. 5 parties. i parties. 3 parties. 2 parties. 1 partie. 2)6 63 70 80 9<'' 12S 63 70 Su , car il a très bon esprit, mais il n'est pas géomètre (c'est, comme vous savez, un grand défaut) et ■im (KrVIlKS 1)K FKIUIAT. - COHHKSPONDANCE. moine il ne conipronil pas qu'uno ligne matliomalique soit divisible à l'infini et croit fort bien entendre qn'(die esl composée de points en nombre tini, et jamais je n'ai |iu l'en lirei'. Si vous le ponviez faire, on le rendroil parfait. Il MU' disoil donc (jn'il avoil trouvé fausseté dans les nombres par eelte raison : Si on enlre[)rend de l'aire un six avec un dé, il y a avantage de l'en- ti'e|>re!idre en ], coninic de (iy i ii (")2j. Si on entreprend de faire sonnés avec deux dés, il y a désavantage de l'entreprendre en ■i'\. Et néanmoins i\ est ii 36 (qui est le nombre des faces de deux dés) comme \ à G (qui est le nombre des faces d'un dé). Voilà quel étoit son grand scandale qui lui faisoit dire hautement que les propositions n'étoient pas constantes et que l'Arithmétique se démentoit : mais vous en verrez bien aisément la raison par les prin- cipes où vous êtes. Je mettrai par ordre tout ce (jue j'en ai fait, quand j'aurai achevé des Traités géométriques où je travaille il y a déjà quelque temps. 8- J'en ai fait aussi d'arithmétiques, sur le sujet desquels je vous supplie de me mander voire avis sur cette démonstration. Je pose le lemme que fout le monde sait : que la somme de tant de nombres qu'on voudra de la progression continue depuis l'unité, comme I, a, 3, /(, étant prise deux fois, est égale au dernier, \, mené dans le prochaine- ment plus grand, j : c'est-à-dire que la somme des nombres contenus dans .1, étant prise deux fois, est égale au ])roduit A in (A -\- 1). Maintenant je viens à ma proposition : Duoriirn quorumlibel ciiborurn proximorum diffcrenlia, imitalc demptâ, sextupla esl omnium numerornm in minoris radiée conlentorum. LX\. - 29 JUILLET 1G54. 297 Si/i/ c/iiœ indices fi, S unitate différentes : dico /{' — .S"' — I œguari sunimœ immerornm in S contentonirn sexies siimplcv. Etenim S vocetur A : ergo H est .4 + 1. Igitiir cidjus radicis R, seu .-1 + i , est A^~h3A^+3A + i\ Cubas rero S. seu A , est A\ et horuin différentiel est 3.-l--h3.4-(-i', id est IV — S' ; igitur, si auferatur uuitas, ZA'-^àA œq. /P — S'-J. Sed duplum summœ numerorum in A seu S conte/ilonini ccqualur, ex lemmate, A in {A -H i), hoc est A- -{- A : igitur sextuplum summœ numerorum in A contentorum œquatur 3.42+3.4. 3.4'+ 3.4 œr,. fi'-S'—i: igitur /?' — 5' — I fetj. sextupla sitmniœ niiincroruni in A seu S contentorum. Quod erat demonstrandum . On lie m'a pas fait de clifTiciilté là-dessus, mais on m'a dil qu'on 110 m'en faisoit pas par cette raison que tout le monde est accoutumé au- jourd'liui à cette méthode; et moi je prétends que, sans me faire grâce, on doit admettre cette démonstration comme d'un genre excel- lent : j'en attends néanmoins votre avis avec toute soumission. Tout ce que j'ai démontré en Arithmétique est de cette nature. Fbrmat. — M. 38 298 Œ U \' H r. S n E F E II IVI AT. - C 0 1{ H E S PO N 1) A N C E. 9. Voici oiicore doux dillicultés : J'ai domontré iiiip proposition piano en me servant du cube d'une li«;ne compare au cube d'une autre : je prétends que cela est purement géométrique el dans la sévérité la plus grande. ne même j'ai résolu le probli'me : /)e quatre plans, quatre points cl quatre sphe'res, quatre quelconques étant donnés, trouver une sphère qui. touchant les sphères données, passe par les points donnés et laisse sur les plans des portions de sphères ca- pables d'angles donnés, et celui-ci : De trois cercles, trois points, trois lignes, <[ trois ]> quelconques étant donnés, tromper un cercle qui, touchant les cercles et les points, laisse sur les lignes un arc capable d'angle donné. J'ai résolu ces problèmes plainement, n'employant dans la construc- liou que des cercles et des lignes droites; mais, dans la démonstration, je me sers de lieux solides, de paraboles ou hyperboles : je prétends néanmoins qu'attendu que la construction est plane, ma solution est plane et doit passer pour telle. (>'est bien mal reconnaître l'honneur que vous me faites de souffrir mes entretiens que de vous importuner si longtemps; je ne pense jamais vous dire que deux mots, et si je ne vous dis pas ce que j'ai le plus sur le cœur, qui est que, plus je vous connois, plus je vous admire et vous honore et que, si vous voyiez -a quel point cela est, vous donne- riez une place dans votre amitié à celui qui est, Monsieur, votre etc. LXXI. — 9 AOUT 1634. 299 LXXI. FERMAT A CARCAVI ('). DIMANCHE 9 AOUT ICSi. {CEmres de Pascal. IV, p. 44^-4J5.) Monsieur, 1. J'ai été ravi d'avoir eu des sentiments conformes à ceux de M. Pascal, car j'estime infiniment son génie et je le crois très capable de venir à hout de tout ce qu'il entreprendra. L'amitié qu'il m'offre m'est si chère et si considérable que je crois ne devoir point faire dif- ticiillé d'en faire quelque usage en l'impression de mes Traités. Si cela ne vous choquoit point, vous pourriez tous deux procurer celte impression, de laquelle je consens que vous soyez les maîtres; vous pourriez éclaircir ou augmenter ce qui semble trop concis et me décharger d'un soin que mes occupations m'empêchent de prendre. Je désire même que cet Ouvrage paroisse sans mon nom, vous remettant, à cela |)r('s, le choix de toutes les désignations qui pourront marquer le nom de l'auteur que vous qualifierez votre ami. 2. Voici le biais que j'ai imaginé pour la seconde Partie qui con- tiendra mes inventions pour les nombres. C'est un travail qui n'est encore qu'une idée, et que je n'aurois pas le loisir de coucher au long sur le papier; mais j'enverrai succinctement à M. Pascal tous mes principes et mes premières démonstrations, de quoi je vous réponds à l'avance (|u'il tirera des choses non seulement nouvelles et jusqu'ici inconnues, mais encore surprenantes. Si vous joignez votre travail avec le sien, tout pourra succéder et Cj L'autographe do celle Icltre a fail parlie de la- Colleclion Benjamin Fillon ol a passé en vcnle le i6 février 1877 (Invcjitnire dcx mitif^rciplies et des documents liistoriqttc.s composant la collection de M. Benjamin Fillon, séries I et II. Paris, Etienne Ciiarava\ , ^^11^ P- y-io)- On Ironve reproduit dans ce catalogue le § 1 de cette lettre, et de plus, facsimilés, la signature, la date et les mots « Vostre très humble et très obéissant servi- teur », ces derniers supprimés dans l'édition. :U)0 Œ r V R E S n K !■ !•: H M \'r. - C 0 H U E s l'O N I) A N C E. s'achever dans peu de temps, el eepeiidanl on poiicra meUre au jour la première Partie que vous avez eu votre pouvoir. Si M. Pascal goûte mon ouverture, qui est principalement fondée sur la grande estime qne je fais de son génie, de son savoir et île son es|irit, je commencerai d'abord à vous faire part de mes inventions nn!néri(|ues. Adieu. Ji> suis. .Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, Ferm.vt. A Toulouse, t'o g aoùl i654. LWIl. PASCAL A FlilRMAT. LUNDI 24 AOUT 165i. (fa, p. l8'|-i88.) Monsieur, 1. Je ne pus vous ouvrir ma pensée entière touchant les partis de plusieurs joueurs par l'ordinaire passé, et même j'ai (|uelque répu- gnance il le faire, de peur qu'en ceci cette admirable convenance, qui étoit entre nous et qui m'étoit si chère, ne commence à se démentir, car je crains que nous ne soyons de différents avis sur ce sujet. Je vous veux ouvrir toutes mes raisons, et vous me ferez la grâce de me redresser, si j'erre, ou de m'affermir, si j'ai bien rencontré. Je vous le demande tout de bon el sincèrement, car je ne me tiendrai pour cer- tain que ([uand vous serez de mon côté. Quand il n'y a que t/eMj; joueurs, votre méthode, qui procède par les combinaisons, est très sûre; mais, quand il y en a /rois, je crois avoir démonsi ration qn'idle est mal juste, si ce n'est que vous y procé- diez de ([iicique autre manière que je n'entends pas. Mais la méthode que Je vous ai ouverte el dont je me sers partout est commune ii LXXII. - 2i AOUT 1G54. 301 toutes les conditions imaginal)les de toutes sortes de partis, au lieu que celle des combinaisons (dont je ne me sers qu'aux rencontres particulières où elle est plus courte que la générale) n'est bonne qu'en ces seules occasions et non pas aux autres. Je suis sur que je me donnerai à entendre, mais il me faudra un peu de discours et à vous un peu de patience. 2. Voici comment vous procédez quand il y a deux joixem's : Si deux joueurs, jouant en plusieurs parties, se trouvent en cet étal ([u'ii manque deux parties au premier et trois au second, pour trouver le parti, il faut, dites-vous, voir en combien de parties le jeu sera dé- cidé absolument. Il est aisé de supputer que ce sera en quatre parties, d'où vous con- cluez qu'il faut voir combien quatre parties se combinent entre deux joueurs et voir combien il y a de combinaisons pour faire gagner le premier et combien pour le second et partager l'argent suivant cette proportion. J'eusse eu peine ii entendre ce discours-là, si je ne l'eusse su de moi-même auparavant; aussi vous l'aviez écrit dans cette pen- sée. Donc, pour voir combien quatre parties se combinent entre deux joueurs, il faut imaginer qu'ils jouent avec un dé à deux faces (puis- qu'ils ne sont que deux joueurs), comme à croix et pile, et qu'ils jettent quatre de ces dés (parce qu'ils jouent en quatre parties); et maintenant il faut voir combien ces dés peuvent avoir d'assiettes dif- férentes. Cela est aisé ii supputer : ils en peuvent iwo'w seize qui est le second degré de quatre, c'est-à-dire le qnarré. Car figurons-nous qu'une des faces est marquée a, favorable au premier joueur, et l'autre b, favorable au second; donc ces quatre dés peuvent s'asseoir sur une de ces seize assiettes : a a a a a a a a b b b /; b /; b b (i a a a h b l> b a a a a b h b b a a b b a a b b a a b b a n b b a b a b a b a b a b a b a b a b- I I I ■ 1 I ' >. 1 I a I 'i ■2 •X M)l (Kl \ HKS DK rKKMAT. - COKHKSI'ONDANCE. et, parce qu'il nianqiio doux parties au pi'cuiicr joueur, toutes les faces (jui ont lieux a le font gagner : donc il en a i i pour lui; et parce qu'il y manque trois parties au second, toutes les faces où il v a trois b le ]>euvent faire gagner : donc il y en a .j. Donc il faut qu'ils partagent la somme comme 1 1 à 5. Voilà votre méthode quand il y a dcii.r joueurs; sur (|uoi vous dites tiuc. s'il y en a davantage, il ne sera pas dilficile de faire les partis par la même méthode. 3. Sur cela, Monsieur, j'ai à vous dire que ce parti pour deux joueurs, fondé sur les comhinaisons, est très juste et très bon; mais que, s'il y a plus de deux joueurs, il ne sera pas toujours juste et je vous dirai la raison de cette différence. Je communiquai votre méthode ii nos Messieurs, sur quoi M. de Ro- berval me Ht cette objection : Que c'est à tort que l'on prend l'art de faire le parti sur la supposi- tion qu'on joue en qualre parties, vu que, quand il manque deux par- ties à l'un et trois à l'autre, il n'est pas de nécessité que l'on joue quatre parties, pouvant arriver qu'on n'en jouera que deux ou trois, ou à la vérité peut-être quatre; Et ainsi qu'il ne voyoit pas pourquoi on prétendoit de faire le parti juste sur une condition feinte qu'on jouera quatre parties, vu que la condition naturelle du jeu est qu'on ne jouera plus dès que l'un des joueurs aura gagné, et qu'au moins, si cela n'étoit faux, cela n'étoit pas démontré, de sorte qu'il avoit quelque soupçon que nous avions l'ait un paralogisme. Je lui répondis que je ne me fondois pas tant sur cette méthode des combinaisons, laquelle véritablement n'est pas en son lieu en celte occasion, comme sur mon autre méthode universelle, à qui rien n'échappe et qui porte sa démonstration avec soi, qui trouve le même parti précisément que celle des combinaisons; et de plus je lui dé- montrai la vérité du parti entre deux joueurs par les combinaisons en cette sorte : N'est-il pas vrai que, si deux joueurs, se trouvant en cet état de LXXII. - 2i AOUT 1C54. 303 l'hypothèse qu'il manque deux parties à l'un et trois à l'autre, con- viennent maintenant de gré à gré qu'on joue quatre parties complètes, c'est-à-dire qu'on jette les quatre dés à deux faces tous à la fois, n'est- il pas vrai, dis-je, que, s'ils ont délibéré de jouer les quatre parties, le parti doit être, tel que nous avons dit, suivant la multitude des as- siettes favorables à chacun? Il en demeura d'accord et cela en effet est démonstratif; mais il nioit que la même chose subsistât en ne s'astreignant pas à jouer les quatre parties. Je lui dis donc ainsi : N'est-il pas clair que les mêmes joueurs, n'étant pas astreints à jouer ■< les >> quatre parties, mais voulant quitter le jeu dès que l'un auroit atteint son nombre, peuvent sans dommage ni avantage s'as- treindre à jouer les quatre parties entières et que cette convention ne change en aucune manière leur condition? Car, si le premier gagne les deux premières parties de quatre et qu'ainsi il ait gagné, refusera- t-il de jouer encore deux parties, vu que, s'il les gagne, il n'a pas mieux gagné, et s'il les perd, il n'a pas moins gagné? car ces deux que l'autre a gagné ne lui suffisent pas, puisqu'il lui en faut trois, et ainsi il n'y a pas assez de quatre parties pour faire qu'ils puissent tous deux atteindre le nombre qui leur manque. Certainement il est aisé de considérer qu'il est absolument égal et indifférent à l'un et à l'autre déjouer en la condition naturelle à leur jeu, qui est de finir dès qu'un aura son compte, ou déjouer les quatre parties entières : donc, puisque ces deux conditions sont égales et in- différentes, le parti doit être tout pareil en l'une et en l'autre. Or, il est juste quand ils sont obligés de jouer quatre parties, comme je l'ai montré : donc il est juste aussi en l'autre cas. Voilà comment je le démontrai et, si vous y prenez garde, cette dé- monstration est fondée sur l'égalité des deux conditions, vraie et feinte, à l'égard de deux joueurs, et qu'en l'une et en l'autre un même gagnera toujours et, si l'un gagne ou perd en l'une, il gagnera ou perdra en l'autre et jamais deux n'auront leur compte. 4. Suivons la même pointe pour frow joueurs et posons qu'il manque 30V ŒUVKKS l)i: FEUMAT. - COHRESPONDANCE. une partie au promier, qu'il (^n manque deux au second e( deux au troisième. Pour faire le parti, suivant la même méthode des combinai- sons, il faut chercher d'abord en combien do parties le jeu sera dé- cidé, comme nous avons fait quand il y avoit deux joueurs : ce sera en trois, car ils ne sauroient jouer Irios parties sans que la décision soit arrivée nécessairement. Il faul voir maintenant combien trois parties se combinent entre trois joueurs et comI)icn il y en a de favorables à l'un, combien à l'autre et combien au dernier et, suivant cette proportion, distribuer l'argent do même qu'on a fait en l'hypothèse de deux joueurs. Pour voir combien il y a de combinaisons en tout, cela est aisé : c'est la troisième puissance de 3, c'est-à-dire son cube 27. Car, si on jette trois dés à la fois (puisqu'il faut jouer trois parties), qui aient chacun trois faces (puisqu'il y a trois joueurs), l'une marquée a favo- rable au premier, l'autre b pour le second, l'autre c pour le troisième, il est manifeste que ces trois dés jetés ensemble peuvent s'asseoir sur i>7 assiettes différentes, savoir : a a a I 1 a a b 1 a a c i a b a a h b 2 0 b c I a c a 1 c b a c c I 3 b a a I b a b 1 2 b a c I b h a I 2 b b b 2 b b c 2 c a I b b 2 b c c 3 c a a I c a b c a c I 3 c a c b b a c b c 3 c a I 3 c c b 3 c c c 3 Or, il ne manque qu'une partie au premier : donc toutes les as- siettes où il y a un a sont pour lui : donc il y en a h). II manque deux parties au second : donc tontes les assiettes où il y a deux b sont pour lui : donc il y en a 7. Il manque deux parties au troisième; donc toutes les assiettes où il y a deux c sont pour lui ; donc il y en a 7. Si de là on concluoil (ju'il faudroit donner à chacun suivant la pro- portion de i(), 7, 7, on se tromperoit trop grossièrement et je n'ai garde de croire que vous le fassiez ainsi; car il y a quelques faces LXXII. — 2'i. AOUT 1054. 305 favorables au premier et au second tout ensemble, comme ahb, car le |)r('niier y trouve un a qu'il lui faut, et le second deux h qui lui man- (jucut; et ainsi ace est pour le premier et le troisième. Donc il ne faut pas compter ces faces qui sont communes à deux comme valant la somme entière à chacun, mais seulement la moitié, ('ar, s'il arrivoit l'assieltc ace, le premier et le troisième auroieiit même droit à la somme, ayant chacun leur compte, donc ils partage- roient l'argent par la moitié; mais s'il arrive l'assiette aab, lo premier iijagne seul. Il faut donc faire la supputation ainsi : Il y a i3 assiettes qui donnent l'entier au premier et G qui lui don- nent la moitié et 8 qui ne lui valent rien : donc, si la somme entière est une pistole, il y a i3 faces qui lui valent chacune une pistole, il y a () faces qui lui valent chacune ^ pistole et 8 qui ne valent rien. Donc, en cas de parti, il faut multiplier i3 par une pistole, (]ui font i3 6 par une demi, (|ui font 3 8 par zéro, qui font o Somme... 27 Somme... 16 et diviser la somme des valeurs, 16, par la somme des assiettes, 27, (jui fait la fraction i^, qui est ce qui appartient au premier en cas de parti, savoir iG pistoles de 27. Le parti du second et du troisième joueur se trouvera de même : Il y a 4 assiettes qui lui valent i pistole : multipliez. . . 4 Il y a 3 assiettes qui lui valent | pistole : multipliez. . . i\ El 20 assiettes qui ne lui valent rien o Somme... 27 Somme... .i} Donc il appartient au second joueur 5 pistoles et ^ sur 27, et autant au troisième, et ces trois sommes, 5 :!^, 5^ et iG, étant jointes, font les 27. 5. Voilà, ce irie semble, de quelle manière il faudroit faire les partis par les combinaisons suivant votre méthode, si ce n'est que vous ayez quelque autre chose sur ce sujet que je ne puis savoir. Mais, si je ne me trompe, ce parti est mal juste. La raison en est qu'on suppose une chose fausse, qui est qu'on joue Klrmat. — II. Sg 301) Œl'VUES DE FERMAT.— COUUESPOM) ANCE. en trois parties inl'aillil)leiiuMi(, au lieu que la eondilioii nalurelle de ee jeu-là est qu'on ne joue que jusques à ce qu'un des joueurs ait atteint le nombre de parties ([iii lui manque, auquel cas le jeu cesse. (",e n'est pas qu'il ne puisse arriver qu'on joue trois parties, mais il peut arriver aussi qu'on n'eu jouera qu'une ou deux, et rien de nécessité. Mais d'où vient, dira-t-on, ([u'il n'est pas permis de faire en cette rencontre la même supposition teinte que quand il y avoit deux joueurs? Kn voici la raison : Dans la condition véritable de ces trois joueurs, il n'y en a qu'un qui peut gagner, car la condition est que, dès qu'un a gagné, le jeu cesse. Mais, en la condition feinte, deux peuvent atteindre le nombre de leurs parties : savoir, si le j)reinier en gagne une qui lui manque, cl un des autres, deux (jui lui manquent; car ils n'auront joué que trois parties, au lieu que, qiraïul il n'y avoit que deux joueurs, la con- dition feinte et la véritable convenoicnt pour les avantages des joueurs en tout; et c'est ce qui met l'exlrènie différence entre la condition feinte et la véritable. Que si les joueurs, se trouvant en l'état de l'hypothèse, c'est-à-dire s'il manque une partie au premier et deux au second et deux au troi- sième, veulent maintenant de gré à gré et conviennent de cette condi- tion qu'on jouera trois parties complètes, et que ceux qui auront atteint le nombre qui leur manque prendront la somme entière, s'ils se trouvent seuls qui l'aient atteint, ou, s'il se trouve que deux l'aient atteint, qu'ils la partageront également, en ce cas, le parti se doit faire comme je viens de le donner, que le premier ait iG, le second 5^, le troisième j;^, de 27 pistoles, et cela porte sa démonstration de soi- même en supposant cette condition ainsi. Mais s'ils jouent simplement à condition, non pas qu'on joue néces- sairement trois parties, mais seulement jusques à ce que l'un d'entre eux ait atteint ses parties, et qu'alors le jeu cesse sans donner moyen à un autre d'y arriver, lors il appartient au premier 17 pistoles, au second 5, au troisième 5, de 27. Et cela se trouve par ma méthode générale qui détermine aussi LXXIII. - 29 AOUT lCo4. 307 qu'en la condition précédente, il en faut iG au premier, 5^ au second, et ^^ au troisième, sans se servir des combinaisons, car elle va par- tout seule et sans obstacle. 6. Voilà, Monsieur, mes pensées sur ce sujet sur lequel je n'ai d'autre avantage sur vous que celui d'y avoir beaucoup plus médité; mais c'est peu de chose ii votre égard, puisque vos premières vues sont plus pénétrantes que la longueur de mes efforts. Je ne laisse pas de vous ouvrir mes raisons pour en attendre le juge- ment de vous. Je crois vous avoir fait connoitrc par là que la méthode des combinaisons est bonne entre deux joueurs par accident, comme elle l'est aussi quelquefois entre trois joueurs, comme quand il manque une partie à l'un, une à l'autre et deux à l'autre, parce (ju'en ce cas le nombre des parties dans lesquelles le jeu sera achevé ne suffit pas pour en faire gagner deux; mais elle n'est pas générale et n'est bonne généralement qu'au cas seulement qu'on soit astreint ii jouer un certain nombre de parties exactement. De sorte que, comme vous n'aviez pas ma méthode quand vous m'avez proposé le parti de plusieurs joueurs, mais seulement celle des combinaisons, je crains que nous soyons de sentimens différens sur ce sujet. Je vous supplie de me mander de quelle sorte vous procédez en la recherche de ce parti. Je recevrai votre réponse avec respect et avec joie, quand même votre sentiment me seroit contraire. Je suis etc. LXXIII. FERMAT A PASCAL {'). SAMEDI 29 AOUT 1654. {OEmres Je Pascal, IV, p. t^■i3-!|^~.) Monsieur, 1. Nos coups fourrés continuent toujours et je suis aussi bien que (' ) CeUe lettre a été écrite par Fermât avant qu'il eût reçu la précédente. 30S ( K U V lî E S 0 E F R 15 M \T. — C 0 11 l\ E S P 0 N 1) V X C E. vous dans radiniration t\c quoi nos poiisi'os s'ajuslcul si oxaclcmonl i|u'il somhlo qu'elles aient pris une même route et fait un même ehe- uiin. Vos derniers Traités du Triangle arithmèliquc et de son application en sont une preuve au(heii(i(iue : et si mon calcul ne me trompe, voire onzième conséquence (' ) couroil la poste de Paris à Toulouse, pendant (|ne ma proposition des nombres figurés, qui en ellel esl la même. alliiil (le Toulouse à Paris. (') La onzième conséquence du Traite du triangle urilliiuctlque csl énoncée ainsi : Chaque cellule de la dk'identc est double de celle qui la précède (taux xo/i rang paral- lèle ou perpendiculaire. Pascal appelle cellules de la dividcute celles que la bissectrice de rani;lç droil du triangle traverse diagonalemenl : jiar exemple les cellules G, 0;, ("., P, p. ■'. I 1 I 1 1 1 I I I \'l' 3 4 5 fi / S !» 3 . c ii> 1 j 56 1 !() ■j8 36 '\ 10 20 35 «'l 5 i5 53 7"^ 6 O.l ÔG ijG y 38 84 8 9 36 La proposition des nombres figurés de Fermât est celle de VOlixervatioii XLl 1 sur Dio- phaiite et lie la lettre XH, 12 (voir plus haut, page 70, note 1). La onzième conséquence du Traité du triangle aritlunctique de Pascal no correspond do fait qu'à la première parlic de la proposition de F(!rmal, à savoir que in{m-v-i) est le double du triangle de côté m : pour retrouver dans l'œuvre do Pascal le reste de cette proposition, il faut, à la onzièmi' conséquence, ajouter la douzième, etc., en mettant d'ailleurs celle-ci sous la forme de la proposition XI du Traite' des ordres numériques. LXXIII. - -29 AOUT IC^oh. 30!) Je n'ai garde de faillir tandis que je rencontrerai de cette sorte, el je suis persuadé que le vrai moyen pour s'empêcher de faillir est celui de concourir avec vous. Mais, si j'en disois davantage, la chose tien- droit du compliment, et nous avons hanni cet ennemi des conversa- tions douces et aisées. Ce seroit maintenant à mon tour à vous débiter quelqu'une de mes inventions numériques; mais la fin du parlement augmente mes occu- pations, et j'ose espérer de votre bonté que vous m'accorderez un répil juste et quasi nécessaire. 2. Cependant je répondrai à votre question des trois joueurs qui jouent en deux parties. Lorsque le premier en a une, et que les au(res n'en ont pas une, votre première solution est la vraie, et la division de l'argent doit se faire en 17, 5 et 5 : de quoi la raison est manifeste et se prend toujours du même principe, les combinaisons faisant voir d'abord que le premier a pour lui 17 hasards égaux, lorsque chacun des < autres n'en a que .:"). 3. Au reste, il n'est rien à l'avenir que je ne vous communique avec toute franchise. Songez cependant, si vous le trouvez à propos, à cette proposition : Les puissances quarrées de 2, augmentées de l'unité, sont toujours des nombres premiers. Le quarré de 2, augmenté de l'unité, fait 5 qui est nombre premier. Le quarré du quarré fait i(i qui, augmenté de l'unité, fait 17, nombre premier. Le quarré de iG fait 2jG qui, augmente de l'unité, fait 2J7, nombre premier. Le quarré de 2jG fait G5 53G qui, augmenté de l'unité, fait Gj ^37, nombre premier. Et ainsi à l'infini. C'est une propriété de la vérité de laquelle je vous réponds. La démonstration en est Iri's malaisée et je vous avoue que je n'ai pu :n 0 ( 1-: i \ u !•: s d i-: v !■: ii m at. - c o ii k i: s p ( > x i) a n ce. encore lii Iroiiver pleinemont ; je ne vous la pr()|)nsprois pas pour la chorclior. si j'en élois vciiii à Ixnil {' ). Colle proposilioii sert ;i l'invention des nombres (jni soni ii leurs parties alicpioles en l'aison donnée, sur (|uoi j'ai l'ait des découvertes considérables. Nous en |)arlerons une autre l'ois. Je suis. Monsieur, votre, etc., A TomIdusc, lo ■>() août i6JÎ. Feumat. n LXXIV. FERMAT A PASCAL (-). VENDllEDI 2.5 SEPTEMBRE 1054. (OEilrres de Pnscal , IV, p. 4'Î7-4'l'-) IMONSIEll!, 1- .N'appréhendez pas que notre convenance se démente, vous l'avez eonlirmée vous même en pensant la détruire, et il me semble <|u'( répoinlant à .M. de Roberval pour vous, vous avez aussi répondu pour moi. .le prends l'exemple des trois joueurs, au premier desquels il manque uiH' par'tie, et à chacun des deux autres deux, qui est le cas que vous m'oj)posez. .le n'y trouve que 17 combinaisons pour le premier et 5 pour chacun des deux autres : car, quand vous dites que la combinaison arc est honno pour le premier et pour le troisième, il semble que vous ne vous souveniez plus que tout ce qui se fait après que l'un des joueurs a içagné, ne sert plus de l'ien. Or, celte combinaison ayant l'ait gagner le premier dès la premif're partie, qu'importe que le troisième en ( ') Foir Tome 1, p. i3i, et Tome II. p. uoC. n; Réponse à la leUre LXXII. LXXIV. — 25 SEPTEMBRE 1654. 311 gagne doux ensuite, puisque, quand il en gaguoroit (rente, toul (■eia seroit superflu? Ce qui vient de ce que, comme vous avez dès bien remarqué, celte iiction d'étendre le jeu à un certain nombre de parties ne sert qu'à faciliter la règle et (suivant mon sentiment) ;i rendre tous les hasards égaux, ou bien, plus intelligiblement, à réduire loules les fractions à une même dénomination. Et afin que vous n'en doutiez plus, si au lieu de trois parties, vous étendez, au cas proposé, la feinte jusqu'à quatre, il y aura non seu- lement 27 combinaisons, mais 81, et il faudra voir combien de com- binaisons feront gagner au premier une partie plus tôt que deux à chacun des autres, et combien feront gagner à chacun des deux autres deux parties plus tôt qu'une au premier. Vous trouverez que les com- binaisons pour le gain du premier seront 5i et celles de chacun des aulres deux i >, ce qui revient à la même raison. Que si vous prenez cinq parties ou tel aulre nombre qu'il vous plaira, vous trouverez toujours (rois nombres en proportion de 17, 5, 5. Et ainsi j'ai droit de dire que la combinaison ace n'est que pour le premier et non pour le troisième, et que cca n'est que pour le troi- sième et non pour le premier, et que partant ma règle des combi- naisons est la même en trois joueurs qu'en deux, et généralement en tous nombres. 2. Vous aviez déjà pu voir par ma précédente (') que je n'hésitois l)oint à la solution véritable de la question des trois joueurs dont je vous avois envoyé les trois nombres décisifs, 17, 5, 5. Mais parce que M. ■< de > Roberval sera peut-être bien aise de voir une solution sans rien feindre, et qu'elle peut quelquefois produire des abrégés en beaucoup de cas, la voici en l'exemple proposé : Le premier peut gagner, ou en une seule partie, ou en deux, ou en trois. (1) Lettre LXXIO, 2. Mî ŒITVIIES DE FERMAT.- COHlîESPOM) ANCE. S'il gagne en une seule parlie, il l'aiil (ju'avuu' un dé qui a trois tares, il rencontre la favorable du |)reniiei" coup. Un seul dé produit trois hasards : ce joueur a donc pour lui ^ des hasards, lors([u'on ne j(uie qu'une partie. Si on en joue deux, il jieut gagner de deux laçons, ou lorsque le second joueur gagne la première cl lui la seconde, ou lorsque le troi- siènu' gagne la première et lui la seconde. Or, deux dés produisent <) hasards : ce joueur a donc pour lui - des hasards, lorsqu'on joue d(>ux parties. Si on en joue trois, il ne peut gagner que de deux façons, ou lorsque le second gagne la première, le troisième la seconde et lui la troisième, ou lorsque le troisième gagne la première, le second la seconde et lui la troisième; car, si le second ou le troisième joueur gagnoit les deux premières, il gagneroit le jeu, cl non pas le premier joueur. Or, trois dés ont 27 hasards : donc ce premier joueur a ^ des hasards lorsqu'on joue trois parties. La somme des hasards qui font gagner ce premier joueur est i)ar conséquent o> - et — •> ce qui l'ait en tout — • ' ô 9 27 ' 27 Et la règle est bonne et générale en tous les cas, de sorte que, sans recourir à la feinte, les combinaisons véritables en chaque nombre des parties portent leur solution et font voir ce que j'ai dit au com- mencement, que l'extension à un certain nombre de parties n'est autre chose que la réduction de diverses fractions à une même déno- mination. Voilà en peu de mots tout le mystère, qui nous remettra sans doute en bonne intelligence, puisque nous ne cherchons l'un et autre que la raison et la vérité. 3. .l'espère vous envoyer à la Saint-JMarlin un Abrégé de tout ce que j'ai inventé de considérable aux nombres. Vous me permettrez d'être concis et de me faire entendre seulement à un homme qui com- |)iciid tout il demi-mot. (^e que vous y trouverez de plus important regarde la proposition LXXIV. — 20 SEPTEMBRE 1654. 311$ que tout nombre est composé d'un, de deux ou de trois triangles; d'un, de deux, de trois ou de quatre quarrés; d'un, de deux, de trois, de quatre ou de cinq pentagones; d'un, de deux, de trois, de quatre, de cinq ou de six hexagones, et à l'intini ('). Pour y parvenir, il faut démontrer (jue tout nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple de 4. t'^t composé de deux quarrés, comme j, i3, 17, 29, 37, etc. Etant donné un nombre premier de cette nature, comme 53, trouver, par règle générale, les deux quarrés qui le composent. Tout nombre premier, qui surpasse de l'unité un multiple de 3, est composé d'un (juarré et du triple d'un autre quarré, comme 7, i3, 19, 3i, 37, etc. Tout nombre premier, qui surpasse de i ou de 3 un multiple de 8, est composé d'un quarré et du double d'un autre quarré, comme 1 1, 17, 19, ^i, 43, etc. Il n'y a aucun triangle en noinbies duquel l'aire soit égale à un nombre quarré (-). Gela sera suivi de l'invention de beaucoup de propositions que Bacliel avoue avoir ignorées, et qui manqu<'n( dans le Diophante. .Te suis persuadé que dès que vous aurez connu ma façon de démon- trer en cette nature de propositions, elle vous paroilra belle et vous donnera lieu de faire beaucoup de nouvelles découvertes; car il faut, comme vous savez, que multi pertranseant ut augeatiir scientia ( '). S'il me reste du temps, nous parlerons ensuite des nombres ma- giques, et je rappellerai mes vieilles espèces sur ce sujet. Je suis de tout mon cœur. Monsieur, votre, etc., Feumat. Ce 23 septeml>ro. .Te souhaite la santé de M. de Carcavi comme la mienne et suis tout il lui. ( ' ) J'oir Lettre XII, 3. (2) T'oir Lettre XII, 2. (3) J^oir plus haut p. 35, iioU' 2. Iebmat. — II. [\o :5IV (KIVIIKS I)K KKHM AT. — COHUKSPONDAiNCK. Je vous écris de la cainpagiu', cl c'est ce qui retardera par avendire mes réponses pendant ces vacations. F.XXV. PAS(i\L A fek:\iat ('). ji.viiui 27 ocToBitE lG3i. {OKuiTcs de Piisca/, IV, |i. 44'>-) Jfo.Nsnan, Votre (leriiii-re leKre m'a parfaitement satisfait. J'admire votre mé- (hode pour les partis, d'autant mieux que je l'entends fort bien; elle est entièrement vôtre, et n'a rien de commun avec la mienne, et arrive an même Itut facilement. Voilà notre intellistence rétablie. .Mais, Monsieur, si j'ai concouru avec vous en cela, cherchez ailleurs (|iii vous suive dans vos inventions numériques, dont vous m'av(!z fait la grâce de m'envoycr les énonciations. Pour moi, je vous confesse (|ne cela me passe de bien loin; je ne suis capable que de les admirer, cl vous supplie très humblement d'occuper votre premier loisir à les achever. Tous nos Messieurs les virent samedi dernier et les esti- mi'rent de tout leur ciieur : on ne peut pas aisément supporter l'at- lenle de idioses si belles et si souhaitables. Pensez-y donc, s'il vous plail, et assurez-vous que je suis, etc. Pascal. Paris, 27 octobre i()34. (') Réiwnso à la l.cUre précéileiUe. ' LXXVI. - 1C56. 315 ANNÉE 1656. LXXVI. FERMAT A CARCAVl ('). 1636. (Bibl. Nat. fr. sog-iJ, XVII, p. 7S-S4.) < MOXSIKCR >, 1. J'ai reçu un très grand contentement de vos lettres du 19 du mois passé, lesquelles m'ont été rendues il y a deux jours, et je me tiens fort obligé à la civilité de M. Pascal, duquel, si l'estime que j'en ai pouvoit être plus grande, elle seroil augmentée par laiil de démonstrations que j'en ai reçues. Je vous prie donc (vous qui m'avez fait l'honneur de me faire connoître une personne si savante) de lui témoigner le respect el l'estime que j'ai pour lui, et que, si je ne puis pas correspondre avec les effets à tant de grâces qu'il lui a plu de me faire, je ne manquerai pas au moins d'y satisfaire avec ma bonne volonté f|ue j'ai voulu vous faire connoître présentement par la réponse que je \ous envoie de ce qu'on m'a proposé. Le temps est court; mais, n'espérant pas de pouvoir la semaine prochaine avoir la commodité de m'appliquer à de sem- blables spéculations, je suis contraint de vous en dire mon sentiment sur le champ. 2. Il est bien vrai (|u'il me déplaît que d'abord je ne suis pas du sentiuienl de M. Pascal touchant VAnalyse specio.se, de laquelle je fais plus grand cas (I) Cette lettre a clé publiée pour la première fois par M. Charles Henry (Recherches, p. 197-200) d'après une copie sans date, sans adresse et sans signature. La date de i656 a été attribuée à celte lettre à cause des allusions aux jansénistes el molinistes, et au séjour de Huygens à Paris que le savant hollandais quitta le 3o novembre i655 {OEuvres compléter, I, p. 367). Le texte n'est qu'une traduction passablement incorrecte de l'ori- ginal qui élait rédigé en latin, comme on peut le conclure d'après les nombreux mots de cette langue que le traducteur, parfois embarrassé, a transcrits dans Finlerligne. ;Ul> (KIVHES DE FERMAT. - COUHESl'ONnVNr.E. (|iio lui, ot J'ose (lire que les pi-euves (|iie j'en ai sont si grandes que non seii- lonienl elles me persuadent, mais elles m'obligent d'en faire une estime hien irrande. J'avoue (|ne le retour en est iiien souvent dilTicile; mais, pane ipie, quand j'ai l'ait exaelemenl l'analvse, je suis aussi sûr de la solution du pro- lilème comme si je l'eusse démontré par synthèse, je ne me soucie pas quel- (piel'ois d'en chercher la construction lu i)lus aisée, mo ]iersuadant ce qu'en une autre occasion M. Pascal (') dit : im/i cssc par lahori />ririiiiii/ii. Mais, en cela comme en toutes autres choses, je; laisse volontiers (|ue chacun suive son propre sentiinont. 3. ■\o viens au problème des < cercles > tangens dont on désire une plus grande explication. Aussitôt que vous me l'envoyâtes, il me souvint que j'avois songé à cette matière en cherchant le lieu que décriroit le centre d'un cercle (jui Uuivlieroil deux autres cercles donnés, ou un cercle donnr et une ligne donnée, etc., et que j'avois démontré que, quand deux cercles sont égaux ils se doivent toucher avec un autre cercle qui les enferme ou rpii les exclut tous deux, le lieu est la ligne droite qui les divise également et ipi'elle est perpendiculaire à la ligne qui unit les centres des cercles donnés; mais, quand ils sont inégaux et (|ii'il faut ({u'ils se touchent comme ici-dessus, alors le lieu est hyperbole ou, pour mieux dire, il est les sections opposées, les foyers desquelles sont les centres des cercles donnés et le côté transvers égal à la différence des semidiamètres des dits cercles. Or, dans le cas dans lequel il faudra inclure l'un et exclure l'autre en le louchant, les sections opposées ont les foyers comme auparavant, mais le côté Iransvers est l'aggrégé et non jtas la dilTérence des semidiamètres. Je passe les autres problèmes (lue j'ai démontrés en celte matière, parce (|u'ils ne sont pas à propos (lour nous; mais je dirai seulement en passant que, (piand les donnés sont un cercle et une ligne droite qui le coupe, le lieu est à deux paraboles qui ont toutes deux pour foyer le centre du cercle donné et passent par les intersections du dit cercle et de la ligne donnée. Ainsi, en recevant vos lettres, je m'aperçus qu'en laissant une détermina- tion dans le problème de M. Pascal ('), il se feroit local, en la manière ici- dessous : Etant donné un cercle et une ligne, trouver un autre cercle qui, touchant (') Dans les écrits connus de Pascal, on iic Irouve guère (lu'iinc expression analogue : ml illa, qiue pluf a(fcrunt frucUis (jUdin luliorit, verf^enles, mots qui terminent le Do numericii' ordinibus trfictatu.i. (2) Comp. Lettre LXX, 9. LXXVI. IGoG. 317 le donné, soil coupé par la li^ne en sorte que le segment soit capable d'an angle donné. Soit le cercle ABG {fig. 82) donné, la ligne < EF, le > centre 1); soil lu [jeipendicuhiiro DBH et qu'on fasse l'angle HDG égal à l'angle donné. Menant GO perpendiculaii'e, que ci-après on coupe BH en P dans la raison GD à DO, et qu'on prolonge la ligne DU en Q en sorte que la raison DO à IIO soit la même que celle du quarré GO au quarré GD avec le rectangle HDO. Qu'après, par le i)oinl O, on lire les angles HQK, HQS égaux à l'angle donné, et que par le [toinl 1', aulour des asymptotes QS, QK, on décrive riiyperbolc IPX. Je dis qu'elle satisfera à la proposition, c'est-à-dire que le cercle quel- conf|ue (pii, ayant son centre sur ladite hyperbole, loucliera le cercle donné, sera aussi cou])é [lar la ligne donnée en sorte ([ue son segment soit capable de l'angle GDO. Mais cela, on ne le doit entendre qu'en cas que l'angle donné soit aigu, puisque, s'il est droit, le lieu est la ligne droite , comme il est clair, et que, s'il est obtus, le lieu est aussi une hyperbole, mais il y a alors quelque peu de mutation dans la construction. — Mais il n'est [las nécessaire de dire tous les détails. Cela étant sujiposé, on peut facilement résoudre le problème par les lieux solides en cas quelconque, c'est à dire en décrivant cette dernière hyperbole et les autres sections opposées dont j'ai parlé ici-dessus, puisque leur inter- section donnera toujours le centre du cercle qu'on cherche. Mais, parce que le problème est plan et craignant le scrupule des géo- mètres, je l'ai résolu alors par les lieux plans généralement; mais, parce que je m'aperçus que la construction en éloil Ijeaucoup embrouillée, je choisis 31S ŒUVRES dp: FERMAT.— CORRESI'ONDANCE. au plus facile les donnés et je les ai)pluiuai en nombres; et c'est tout ce ([ue je vous envoyai alors et je ne vous enverrai autre chose, parce que le susdit Monsieur ne \eul pas la soliuioii siinplenieiit analytique, mais qu'il veut aussi une construction gentille et facile, lafpicUe je n'ai pas pour à celle heure le loisir de la chercher, 4. Pour ce (pii est de l'autre < ]irohlème > de cinq lignes données ('), je ne sais pas (|ui lui a dit que je l'estime facile. Je ne crois jias vous avoir écrit une telle chose, puisque je m'aperçus alors (|u'on pouvoit venir difficilement à l'écuialion cl (lu'après qu'on l'auroit trouvée, la construction en seroit l)eaucoup emiirouillée. Vous me ferez la faveur de le dire à M. Pascal el je songerai à cela (|uand j'aurai plus de loisir. 5. Je viens au problème de minimis avec lequel le dit Monsieur dit cpi'il a résolu plusieurs autres problèmes. C'est ce que je crois facilement, parce (|iR' ma inélhode s'étend aux mêmes et m'apprend que le plus souvent en ces problèmes le point du minime est centre du cercle ou de la sphère qui satisfait à ce qu'on propose. Je dis le plus som-ent, parce que je n'ai pas le loisir de les examiner tous et je suis certain qu'en celui-ci, dont W. Pascal ne parle point, bien qu'il soit local ad circithim, le [loinl flu minime n'est pas le centre du cercle : Elanl donné quelconque nombre de points en une ligne droite, comme A, C, I), E, F, G, \\ {fig- 83), trou'.'cr un autre comme I, duquel menant les lignes lA, IC, II), lE, IF, IG, IR, l'assemblage des quarrés des dites lignes ail au triangle AIB la raison minime de toutes les possibles. Fis. 83. A. C D E FUS C'est à quoi je voudrois prier M. Pascal de me faire la faveur d'appliquer sa méthode. 6. Après, < pour > le lieu du problème duquel il dit que dépendent tous les lieux phins proposés par lui, je n'ai pas voulu mancpier de le chercher et aussitôt j'ai trouvé que c'était un cercle, en la manière ci-dessous : Snil donnée la ligne droite AB {fig. 84) coupée utcumt|ue en C et , le joueur B aura gagné, et de plus le joueur A a la primauté, l'avantage de A à B est eoiuiue '')o à 3 1 . I ') Clirisliani Iliigenii, Consl. F., Tlicoremala de quadraliira liyperboles, cllipsis cl cii- ciili, ex dalo porlionuin gravitatis cenlro, quibus subjtincta est 'EÇeTaoïç Cyclometriœ Cl. viri Grcgorii a S. Vincentio edilœ anno C'OlOCXLVII, Lugd. Balavorum, i65i, 4°- — !><■ i-irculi magnitudine inventa : accodiint cjusdem Problematura quorundani illustriinn con- structiones. Lugd. Balavorum, iGî^, 4"- ( ') Celte |)ii!Pe esl un extrait adressé par Carcavl à Iluygens. Dans la Icllre d'envoi, du y.y. juin ifiJG, Carcavi écrivait (Correxp. Hujg., n" 300) : « M. de Fermai m'a envoyé, il y a déjà quelques jours, la solution de ee que vous aviez .) propose touchant le parti des jeux, et vous verrez par l'extrait que je vous fais de sa » lettre qu'il a la démonstration générale de ces sortes de que.slions, et conclurez certai- » nemont avec nous, non seulement pour la résolution do ce problème, mais aussi pour i> quantité de plusieurs antres très belles spécidations que nous avons vu de lui, tant 1 en ce qui concerne les nombres (juc pour la géométrie, que c'est un des plus grands " génies de notre siècle. Je lâche, il y a déjà longtemps, d'en tirer ce que je puis pour le LXXVII. - JUIN 1656. 321 2. Si le joueur A a la première fois la primauté et ensuite le joueur H ait aussi la primauté la seconde fois, et ainsi alternativement (auquel cas A poussera le dé la première fois, et puis B deux fois de suite, et puis A deux fois de suite, et ainsi jusques à la tin), en cette espèce le parti du joueur A est à celui du joueur B comme io3.55 à 122-G. 3. Que si le joueur A joue premièrement deux fois et le joueur B trois fois, puis le joueur A deux fois et ensuite le joueur B trois fois, et- ainsi ii l'infini que le joueur A qui commence ne joue jamais que deux coups et que le joueur B en joue trois (supposant toujours que A cherche à ramener G et B 7), le parti de A à B est comme ■ji'iGo à 87451. 4. Les questions diversifient et la méthode change au jeu de caries. Par exemple, je propose : Si trois joueurs A, B, C parient avec ja cartes (qui est le noml)re d'un jeu complet) que celui qui aura plus tôt un cœur gagnera, en supposant que A prend la i"^' carte, B la 2" et (] la 3", et que ce même ordre est toujours gardé jusques à ce que l'un ait gagné; 5. Si deux joueurs jouent ii prime (') avec 4» cartes, l'un entre- prend de ramener prime dans les quatre premières cartes qui lui •> (loiinor i\u piililic fil j'i'ii avois fait la pro[iosition à M. de Schoolon pour y ciiiploycr los » Elzcvirs, mais les choses ne so trouvèrenl pas disposées pour nous procurer coUo u satisfaction. » « En ce qui concerne Messieurs Pascal et Desargues, .... le premier avoit déjà trouve la solution de votre proposition et me doit donner au |ireinier jour celle de toutes les autres qui sont dans l'extrait de cette lettre de M. de l'erniat. » La question posée par Iluygens est la dernière de son Traité J)e roilociniit in luclo alcœ qu'il venait de terminer en brouillon et d'envoyer (le 6 mai iGJ6) à Sclioolen pour que ce dernier en aciievàt la mise en latin. Elle est ainsi conçue : I'ropositio XIV. — Si egn et alia.t duabiis tcsseri.i (ilterniitiin jaciwiius liac condilioiie lit ego vi/icam simili alquo septciKiriuin jaciain, iile vcro r/uai/i priinum senariiim jacint. ila vide'.icet ut ipsi prinmm jactuin conccdam, invenive ratwnem mece ad ipsius sorlein. I Fr. a Schooten, Excrcilationuin mat hématie arum liber V, conlinens sectiones triginta miscellaneas. Lugd. Balavorum, 1657, in-4°, p. 53'3.) ( ') J^oir ci-après, LX.\.VII bis, 6. l'EUMAT. — M. 4 ' M-î ŒliVKKS l)K FEHMAT. - C()UH1:S1'()M)AN(;E. soronl haillt'os (>l l'autre parie (|iie le premier ne réussira pas, (|uei esl leur parti ? 6. Toutes ees questions ont des uiétliodes et des règles différentes. Si (ui n'en peut venir à bout, je vous les expliquerai toutes avec leurs démonstrations; la |)lus sultlile et la plus malaisée est celle du vrai parti de celui (|ni lient le dé au jeu de la chance contre les autres ( ' ). 7. Soit encore, si vous voulez, deux joueurs qui jouent au piquet: le premier entreprend d'avoir trois as en ses douze premières cartes; (jucl est le parti de celui-ci contre l'autre ([ui jtarie (|u'il n'aura point les trois as? LXXVII bà. HUYGEiNS A CARCAVI (-). JEUDI G JUILLET tGoC. (Corresp. de Hnygens, n" 308.) .... 1. .l'ay veu par la solution (jue ^Monsieur de Fermât a l'aile de mon Problème ('') (ju'il a la méthode universelle pour trouver totil ce qui appartient ii celle matière, ce que je desirois seulement de sçavoir en la proposant. La mesme raison de 3o ii 3i est dans le traité que j'ay envové à Monsieur Schoten il y a 2 mois : dans le mesme il y a aussi un Théorème duquel je me sers dans toutes ces questions des partis (lu jeu; et je le mettray icy, parce qu'autrement je ne pourrois pas vous faire voir que je suis venu ii bout des Problèmes que Monsieur de Fermât a j)roposez, le calcul de quelques uns d'entre iceux estant si long que je n'ay pas assez de patience pour en rccherchei' le dernier (' ) Il s'agit probablLMuciiL lio la qucsllun exposée Lctire LXXVIll, 3. (') Extrait communiqué à Format et à Pascal (voir ci-ai)rès LXXVIll, 1) et r('[i()iiihiiil à la pièce préccdonto, LXXVII. (') roi> Pièce LXXVII, 1. LXWII ùis. — G JUILLET 1036. 323 [)roiliiit; c'est pourquoy dans ceux la, après vous avoir expliqué le di( tlieoreme, je me contenteray de mettre la méthode par laquelle l'on y peut parvenir. 2. Le Théorème est cettui-cy : Si le nombre des liazards qu'on a pour avoir h soit p, et le nombre des ha/ards qu'on a pour avoir c soit (/, cela vaut autant que si l'on bp -+- cq avait Par exemple si j'avois 2 hazards pour avoir :t de ce qui est mis an jeu et ") hazards pour en avoir -, je multiplie t^ J»ar 2 et - par 5. Puis j'adjouste ensemble les produits qui sont t^ et -; la somme est -^1 laquelle je divise par j + 2, c'est 7 ; dont j'ay ^- Je dis qu'il m'appar- liciil y- de ce qui est mis au jeu. 3. La |)remiere des (]neslions de Monsieur de Fermât (' ) est telle : A et B jouent à 2 dez. A gaignera en amenant G points, lî gaignera en amenant 7 points. A poussera le dé la première t'ois, et puis B deux lois de suite et puis A deux fois de suite, et ainsi jusques à ce que l'un ou l'autre ait gaigné. . Pour l'aire les partis je nommeray d ce qui est mis au jeu, et je mct- tray x pour la part (|ui en appartient au joueur A. Or il est évident que, quand A aura l'ait le premier coup et B ses deux coups de suite, cl encore A l'un de ses deux coups, sans que ny l'un ny l'autre ait rencontré, que alors A aiira derechef la mesme apparence pour gaigner qu'il avoit des le commencement, et que par conséquent il Iny appartiendra dei'echef la mesme part de ce qui est mis au jeu, c'est à dire x. Partant, lorsque A vient à faire le premier de ses deux coups de suite, il aura 5 liazards pour avoir cl, et 3i liazards pour avoir x, C) Pièce LXX Vit, 2. 32V Œl Vm:S l)K FKiniAT. - C.OIÎUKSPONDANCE. car (lo 3() (liv(M's coups ([lie prodiiisciil 2 dcz, il y en a j de (3 points. c'est il dire ([ui \n\ donnent d ou ce ({iii est mis au jeu, cl 'Ji qui luv font manquer les G points, et ainsi Iny donnent x, le mettant en estât d'avoir encore un couj) à faire devant (|ne le tour de 15 soit venu. Mais j liazards pour avoir ^/ 1 1 , , , 1 ,1 ■ , . ., , , . valent autant par !<' Iheoreme nrecedeiil (ine et .il liazards pour avoir ./■ l ' ' ' ô7^ — -• Cecy est donc la part de A lorsque A fait le premier de ses deux coups de suite. i.e coup d'auparavant c'est quand B fait le dernier de ses deux coups, et parce qu'il gaigne en amenant 7 points lesquels se ren- contrent en (") façons différentes et qu'alors A perd, donques à ce coup A au l'a () iiiizarils |iour avoir o ou rien, cl 00 iiiizards pour a\on' ^7; > r>b car son tour sera venu de faire deux coups de suite; lesquels hazards par le précédent théorème valent r • Cecy est donc la part de A. lorsque B fait le dernier de ses 2 coups de suite. Quand donc B fait le premier de ses 2 coups, A aura G li;izartls jiniir avoir o, i5o(7 -t- gSojr 3(j iiazards pour < avoir > 1296 , 45oof?-i- 27Q00X ce (lui vaut ,g,.-„ ' 46606 Quand donc A fait le premier coup de tous, A aura j liazard.s pour a\()ir d, „ , , . fi^^ood + i-jqoojc .31 hazards pour avoir . ,„-„ ' > 46636 , 372780(^4- 864000 J" et' (lui vaut ^ r: -r-r^ ' ib7cj6i6 Cecy est donc égal à .r, et partant .r égal à ^^^ - Le parti du joueur A est donc — '—- de ce (ini est mis an jeu, et le ' ■' 236J1 ' •' LXXVll bis. - G JUILLET IG06. 333 , 12276 , , , I T> . 1' » - 1' < io355 reste — —- est le parlvde «, et 1 un est a I autre comme ^1 qui son! 220il ^ ^ 12276 ^ les mesmes nombres de Monsieur de Fermât. 4. Dans la seconde question (') où il suppose que le joueur A joue premièrement deux fois, et puis le joueur B trois fois et ensuite le joueur A <:^ deux fois et puis le joueur B > trois fois, la méthode est tout à fait semblable, et j'y trouve aussi les mesmes nombres que Monsieur de Fermât, mais qu'il les faut transposer : c'est-à-dire que le party de A est à celui de B comme 874)1 à 72360, au lieu qu'il a mis 72360 il 87^ "il . 5. La troisième est(-) quand trois joueurs A, B et C parient avec toutes les 02 cartes que celuy qui aura plus tost un cnnir gaignera, e( que l'on suppose que A prend la première carte, B la seconde, (\ la troisième et ainsi consécutivement jusques à ce que l'un ait gaigné. 11 y a i3 cœurs parmy ces ji cartes, c'est pourquoy s'il arrivoit (jue toutes les autres 39 fussent prises selon le dit ordre sans que personne eust rencontré un cœur, alors ce seroit le tour du joueur A de prendre et il auroit gaigné asseurement. Quand donc (] prend la trente-neu- vième carte, au cas que jusques là personne n'ait rencontré, il est certain que A aura i3 hazards pour avoir perdu et i hazard pour avoir (oui ce qui est mis au jeu, que j'appelleray d comme devant. Or, d'avoir i3 hazards pour avoir o, el I tmziU'd pour avoir d, cela vaut ~j- par nostre théorème; d'icy je cognois que, quand B prend la trente-huitième carte, A aura i3 hazards pour avoir o, et 2 hazards pour avoir — ; d (•) Pièce LXXVll, 3. (2) Pièce LXXVll, 4. 326 tl-.rVIîKS |)K FF.I5MAT. - COiniKSPOM) \NCE. (^i-'t'sl (|uaii(l B iiiaiiquc de l'ciicMuilrcr un cdMir. car alors c'est à (' ilc iirciuli'c la Irciilc-iic-uvicinc ); lesciiicls liazards valciil — r c/. ' ' lO.J Oiiaiid A prend la (rciilc-scplicinc, A aura donc i3 Iiazards pnui' iuoii' '/, 01 .■> lia/.aiMls pour avoir ' ~ 5 103 ce (ini vaul -^rr-"- ' I bSo Ainsi (Ml roculant tousjours d'une car(e Ton seanra à la tin la part de A. lorsqu'il prend la première de toutes, et de la niesnie manière se trouvera le |)arlv de H, cl le resie sera cidiiy de (1. 6. La (|ualrienu' est (' ) (|nand deux joueurs jouent ii la prime avec io cartes et que le joueur A entreprend de ramener prime, et J5 parie (|ne A ne réussira pas dans les quatre premières cartes. L'on m'a dit (|ne d'avoir prime c'est avoir f\ cartes dilïerentes, à sçavoir une de clias(|in' soile. Je trouve donc que le party de A est à celui de B comme Ktoo il (Si )(), de sorte (|ue l'on peut bien parier 8 contre r (|ne (|U(d- (|u"un u'amesnera |tas prime. 7- La ein(|uiemi' et dernière question (-) est quand deux joueurs jouent au piquet et que le premier entreprend d'avoir ) as dans ses douze premières cartes et que l'autre parie qu'il ne les aura pas. Pour résoudre eelle-cy, je supposcray qu'il prend ses \i caries une à une, car il n'importe aucunement. S'il arrive donc que celuy ([ui l'entre- prend ayant pris 1 1 cartes ait desja rencontré 2 as, il y aura parmi les 25 caries (|iii restent encore 9. as, et |)artanl il aura eu ce cas 2hazards pour avoir gaigné, c'est pour avoir d, et 'ï\ lia/.ards |)(uir avoir o, c'est a dire nour perdre : ce (jui vaul —a. ( ') Plw.f LXXVll, 5. LWVII Ins. — G .ILILLKÏ IGoC. 327 Quand il a [)ris lo cartes, s'il a icnconti'é 2 as, il aura donc. 2 hnzards pour avoir d, 1 et a'i liazards pour avoir ~^d, c'est pour avoir seulement 2 as en 1 1 caries; 20 lesquels hazards valent -^^d. ^ 020 Mais quand il a pris 10 cartes, s'il n'a encore que i as, il y aura parfny les 2G restantes 3 as; c'est pourquoy alors il aura 2 3 hazards pour avoir —rd, c'est iiour avoir 2 as eu 1 1 cartes. 20 et 23 hazards pour avoir o, c'est pour avoir i as en 1 1 cartes. car avec cecy il ne sçauroit gagner; lesquels hazards valent -i-^d. Quand il a pris 9 cartes, s'il a 2 as, il aura 2 hazards pour avoir d, 4q et 20 hazards pour avoir T~-^d, c'est pour avoir seulemeiil 2 as en 10 caries, 020 lesquels hazards valent 7r-^d. T 8770 3Iais ayant pris 9 cartes, s'il n'a encore qu'i as, il aura 3 hazards pour avoir ■— d, c'est 2 as en 10 cartes, 320 et 24 hazartls pour avoir ir^d, c'est r as en 10 cartes, ce qui vaut T—rd. S770 Et enfin si parmi ses 9 cartes il n'a encore aucun as. il aura 4 liazards |)our avoir ^— ^ d, c'est i as en 10 cartes, et 23 iiazards pour avoir o, c'est pas i as en 10 cartes, car alors il ne sçauroit {iaifiner, lesquels hazards valent rr-^d. Ainsi par celle méthode en reculant tousjours d'une carte je seau- 3-2S ( !•: L' \ H K S D K F \l II M \T. — C O U II E S P 0 1\ D A N C li. niy à la lin la part du joueur A, lorsqu'il n'a encore pris aucune carie el (|ue par conséquent il n'a pas encore i as : laquelle ayant ostée (le if. le reste sera la part du joueur B. Ce qu'il lalloil trouver. 8. Si j'estois bien informé de Testât de la question au jeu de la chance que Jlonsieur de Fermât dit estre la plus malaisée ('), j'essayerois aussi de la résoudre. Pour celles que je viens de traiter, je vous prie. .Monsieur, de me Hiire la faveur de les communiquer à IMonsieur Milon, el (|ue je puisse sçavoir si ce que Messieurs de Fermât et Pascal en auront trouvé sera conforme à ce que j'en explique. Je désire aussi fort de seavoir s'ils ne se servent pas du mesme théorème que moy. LXXVIIl. CARCAVI A HUYGENS (-). .lEUDI 28 SEPTEMBRE 1656. ( Currcxp. tluyg.^ n*" 33G.) MONSU'.IR, 1. Il y a déjii longtemps que j'ai fait voir à .Messieurs de Fermai el Pascal ce que vous aviez pris la peine d'envoyer à M. Mylon et ii moi louchant les partis ( ■' j, mais je n'ai pu me donner l'honneur de vous faire réponse, la chose n'ayant pas dépendu absolument de moi et la commodité de ces Messieurs ne s'étanl pas toujours rencontrée avec le désir que j'avois de vous satisfaire. -M. Pascal so sert du même principe que vous et voici comme il l'énonce : S'il y a Ici nombre de hasards qu'on voudra, comme par exemple lo ( ' ) Pièce LXXVII, 6. f ') Publiée pour la promièrc fois par .M. Charles lleiiry {Pierre de Cnrcavr, \\. i8). C) Fuir la Lellrc pix'cédenlo. LXXVIII. - 28 SEPTEMBRE 1656. 329 qui donnent chacun 3 pistoles et qu'il y en ait 2 qui donnent chacun 4 pistoles, et qu'il y en ait 3 qui ôtent chacun 3 pistoles, il faut ajou- ter toutes les sommes ensemble et les hasards ensemble, et diviser l'un par l'autre. Le quotient est le requis, ce qui revient à une même énon- ciation que la vôtre. 2. Mais il ne voit pas comment cette règle peut s'appliquer à l'exemple suivant : Si on joue en six parties, par exemple du piquet, une certaine somme et qu'un des joueurs ait deux, trois ou quatre parties et que l'on veuille quitter le jeu, quel parti il faut faire quand un a une partie à point, ou deux ou trois etc. à point, ou bien quand un a deux parties et l'autre une, etc.? Et le dit S'' Pascal n'a trouvé la règle que lorsqu'un des joueurs a une partie à point ou quand il en a deux à point (lorsque l'on joue en plusieurs parties), mais il n'a pas la règle générale. Voici son énoncia- tion (') : Il appartient à celui qui a la première partie de tant qu'on voudra, par exemple de six, sur l'argent du perdant, le produit d'autant de premiers nombres pairs que l'on joue de parties, excepté une, divisé par le produit d'autant de premiers nombres impairs. Le premier pro- duit sera la mise du perdant, le second produit sera la part qui en appartient au gagnant. Par exemple, si on joue en 4 parties, prenez les 3 premiers nom- bres pairs : -2, ^, G; multipliez l'un par l'autre, c'est 4^; prenez les 3 premiers impairs : \, 3, j; le produit c'est i5 qui appartiendront au gagnant sur l'argent du perdant, si on a mis chacun 48 pistoles. Cette règle sert pour la première et la seconde partie, celui qui en a deux ayant le double de celui qui n'en a qu'une. Il en a la démonstra- tion, mais qu'il croit très difficile. (') Coinp. Lettre LXX. 3. — L'énoncé de Carcavi est mal confu et en désaccord avec l'exemple. Fermât. — U. 42 330 ŒIVUF.S DK FERMAT.- (.011 HESPONDANCE. 3. Voii'i uiio autre proposilion qu'il ii laile à M. de Fermai, la(|U('ll(' il juge saus coniparaison plus tlillicile que (ouïes les autres : Deux joueurs joueut à celte coiulition que la chauce du premier soit 1 1 el celle du seeoud i /j ; uu troisième jette les trois dés pour eux deux el, (|iiaiul il arrive i i, le premier mai'que nu poiut el, (|uaud il ari'ive i '|, le see.oud de son eolé eu uiarque uu. Us jouent en 12 points, mais à condition (jue, si celui (|ui jelle le dé ramène i 1 et qu'ainsi le premier marque un point, s'il arrive (|ue le dé tasse i/| le coup d'après, le second ne marque point, mais en ote uu au premier, et ainsi réci- prO(|uement, eu sorte que, si le dé amène six fois 11 et le premier ail mar(|ué six points, si eu après le dé amène trois fois de suite i/j, le second ne marquera rien, mais otcra trois points du premier. S'il ar- rive aussi en après que le dé fasse six fois de suite 14, il ne restera rien au premier et le second aura trois points, et s'il amène encore huit fois de suite i4 sans amener ii entre deux, le second aura II points et le premier rien; et s'il amène quatre fois de suite 11, le second n'aura que sept points et l'autre rien; et s'il amène cinq fois de suite i4, il (') aura gagné. La (juestion parut si dilïïcile à M. Pascal qu'il douta si M. de Fermât en viendroit à bout, mais il m'envoya incontinent cette solution : Celui qui a la chance de n , contre celui qui a la chance i!\, peut parier 1 1 56 contre i , mais non pas 1167 contre i ; et qu'ainsi la véritable raison de ce parti étoit entre les deux; par où M. Pascal ayant connu que M. Fermât avoit fort bien résolu ce qui lui avoit été proposé, il me donna les véritables nombres pour les lui en- voyer et pour lui témoigner que de son côté il ne lui avoit pas proposé une chose qu'il n'eût résolue auparavant. Les voici : i5o og\ 635 296 ggg 121' 129 746 337 890 620. Mais ce que vous trouverez de plus considérable est que le dit S"^ de ( ' ) Lisez : le second. LXXVIII. - 28 SEPTEMBRE 1656. 331 Kcriiial en a la démoiislralioii, comme aussi M. Pascal do son colé, bien (ju'il y ait apparence qu'ils se soient servis d'une différente méthode. 4. J'ai envoyé votre livre (') à ^I. de Fermai, dont il rend liés humbles grâces et vous remercie Iri's humblenienl de celui que vous avez eu la bonté de me donner (') Il s'agit ici d'exemplaires dos premiers opuscules de Huygens (voir ci-dessus, page 320. noie i), adressés par lui à Claude Mylon pour Carcavi et Fermât (Corrctp. Hiifo-., n" 297, 306, 308, 310) aux soius de François Henry, avocat au Parlement de Paris. Nous no reproduisons pas, dans la lettre de Carcavi, quehjues passages étrangers à ses reinliuns avec Fermât et Pascal. 332 ŒUVRES DE FEKMAT. - COUHESPONDANCE. ANINÉE 1657. LXXIX. PREMIER DÉFI AUX MATHÉMATICIENS ('). MEKCIIEDI 3 JANVIER 1657. A iComifi. ep., n° 33.) Problemala duo mathemolica , tanquam indissoltibilia Gallis, Anglis. IJol- landis, nec non cœleris Enropœ Mathcmalicix proposita a D"". de Fermai . liegix Consiliario in l^olosano Parlamenlo, Caslris Parisios ad D"'". Claudinin Martinuni Laïaenderiiint , Doctoreni Medicuin. transmissa 3 nonas Janiiar. 1G57, accepta verd 12 Kal. Fehr. Prot!I.kma Purs. 1. Invenire cubum qui, additus omnibus suis partibus aliquotis, conticiat quadratum. 2. Ut numerus 343 est cubus a latcre 7. Oinnes ejus partes aliquota* sunt : I, 7, 'i;), quse, adjunctse ipsi 343, conticiunt numerum l\oo, qui est quadratus a latere 20. Quaeritur alius cubus ejusdcm naturae. ( ' ) Le titre qui précède la rédaction A du Défi semble avoir été composé par Willem Boreel, Ambassadeur de Hollande en Franco do i65o ;i itiâS, le(iuel, le 2O janvier iG);. adressa la pièce à Golius pour Scliouten à Leyde. Le litre de la rédaction B est de la main de Thomas White, qui servait d'intermédiaire entre Digby et Brouncker; celui-ci reçut le défi le 4 mars 1657, et le transmit le lende- main à Wallis. L'expression : Gallia Celtica, dans celte seconde rédaction, prouve que le défi avait été également adressé à Frenicio, probablement par une lettre directe de Fermai à ce der- nier. LXXX. - FÉVRIER 1637. :«:{ Problema Postekius. 3. Qiiseriliir etiaiii luimeriis quadratus qui, addilus omnibus suis partibus aliquolis, conticiat numerum cubiim. B ( /"(7, p. 188; Cornm. ep., ii" 1.) .'( challenge froin M. Fermât for D. Wallis. ivith Ihe liearty commendations of ihe messager. Thomas Uhile. Proponatur (si placef) Wallisio et reliquis Anglise IMalhemalicis scquons quaeslio numerica : Inveiiire etc. (ut supra 1). Exempli gratia, numerus 343 est cubus a latere 7. Omiies ipsiiis partes etc. (ut supra 2). Quseritur etc. (ut supra 3). Has solutiones exspectamus; quas, si x\iiglia aut Galliae Belgica et Celtica non dederint, dabit Gallia Narbonensis, easque in pigniis iias- centis amicitia' D. Dii^bv oITeret et dicabit. LXXX. FER.MAT A FRENICLE ('). < FÉVRIER IGo" > {Comtn. ep., n° 33; Correspondance de Huygens^ \\° 37Î.) Tout nombre non quarré est de telle nature qu'on peut trouver in- finis quarrés par lesquels si vous multipliez le nombre donne cl si vous ajoutez l'unité au produit, vienne un quarré. (') Cette ])ièce est un extrait envoyé d'abord par Cl. Mylon à Ilnygens à la suilo d iini> lettre datée du i mars lâS;; Iluygens le renvoya le g mars à Seliooten. .■Î3'» (KINUKS DE FERMAT.— C.OIÎ KKS l'ON I) ANCE. ExiMiiplo : 3 est un iiomhi'C non (|uarré, k'(|uel inulliplié |);ir i, qni ost quarré, fait 3 cl, en prenant l'unilé, fait 4, qui est (jnanc. Le même 3, multiplié par iG, qui est quarré, fait 48 et, en prenant l'unité, fait '19. (|ni est quarré. Il y (Ml a intinis qui, multipliant 3, en prenant l'unilé, font pareil- lement un nonilire ([narré. Je vous demande une règle générale ])Our, étant donné un nombre non quarré, trouver des quarrés qui, multipliés par le dit nombre donné, en ajoutant l'unité, fassent des nombres quariés. Quel est, ])ar exemple, le plus petit quarré qui, multipliant Gi, en prenant l'unité, fasse un quarré? Item, quel est le plus petit quarré qui, multipliant 109 et prenant l'unité, fasse un quarré? Si vous ne m'envoyez pas la solution générale, envoyez-moi la par- ticulière de ces deux nombres que j'ai choisis des plus petits, pour ne vous donner pas trop de peine. Aprèg que j'aurai reçu votre réponse, je vous proposerai quelque autre chose. Il paroît, sans le dire, que ma proposition n'est que pour trouver des nombres entiers, qui satisfassent à la question, car, en cas de fractions, le moindre arithméticien en viendroit à bout. LXXX[. SECOND DÉFI DE FERMAT AUX MATHÉMATICIENS (<). FÉVRIER 1657. f/V/, p. 190; Comrn. ep., n" 8.) Quïestiones pure arithmeticas vix est qui proponat, vix qui inlel- ligat. Annon quia Arithmetica fuit hactenus tractatageometricèpotius (') Colle pièce, qui pose le même problème que la Letlre prcc(5(lento LXXX à Frc- ni(jle, fui reçue par Brounclvcr, de la pari de Digby et par liiitermédiaire de Thomas Wbite. en mars 1657. LXXXI. - FEVRIER 1657. 335 quàm arithmelicè? Id saiie imuuiiit pleraque et Veterum et Receii- tiorum voluiuina; iniiiiit et ipse Diophantus ('). Qui licct à Geomelria paiilo magis quàm cseteri tliscesserit, dum Analyticen numeris taiitiiin rationalibus adstringit, eam tamen partem Geometrià non omnino vacare probant satis superque Zeletica Vietsea, in qnii)iis Diopiianli methodus ad quantitatem continuam, ideoque ad Gcoinetriam porri- gitur. Doctrinam itaque de numeris integris tanquam peculiare sibi ven- dicat Aritbmetica patrimonium; eam, apud liuclidem Icviler duntaxat in Elementis adumbratam, ab iis autem qui secuti sunt non satis excultam (nisi forte in iis Diophanti libris, quos injuria temporis abstulit, delitescat), aut promovere studeant 'AptO[i.Y]-:t/.cov -aîcs; aiil renovare. Quibus, ut prœviam lucem prœferamus, theorema seu problema sequens aut demonstrandum aut construendum p'roponimus; hoc autem si invenerint, fatebuntur hujusmodi quaestiones nec subtili- tate, nec dilficultate, nec ratione demonstrandi, celebrioribus ex Geometrià esse inferiores : Dato quovis numéro non quadralo, danliir infini li (jiiadrati qui. in datum numcrurn ducli, adscilâ unitate conficianl quadratum. Exempiuni. — Datur 3, numéros non quadratus; ille, duclus in (juadratum i, adscità unitate conficit 4. qi'i ost quadratus. Item idem 3, ductus in quadratum i6, adscità unitate t'acit 49 qui est quadratus. Et, loco I et iG, possunt intiniti quadrati idem prsestantes inveniri; sed canonem generalem, dalo quovis numéro non quadrato, inqui- rimus. Quseratur, verbi gratia, quadratus qui, ductus in 149, aut 109, aut 433, etc., adscità unitate conficiat quadratum. (') T'oir le Traite des nonihrc!! polygones. — Fermai vise d'ailleurs le fait que Dio- pliante admet, pour ses problèmes, les solutions en nombres fractionnaires. 330 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. LXXXI bis. BOULLIAU A FERMAT ('). MARS 1637. (Bib. Nat. fr. i3oj(1, f° 5i.) Illtislris.u'nio ac erudilissimo viro Domino de Fermai, in xuprcma Ciiria Tliolo.iana consiliario, Ma//iematico Ismael Biillialdtis S. P. D. Hanc de Porismatibus scriptiunculam (^), Vir 111""', simui cum aliis paucis, circa theoremata aliquot geometrica, mois lucubrationibus, cum Mathematicis nostrse tetatis communicare et public! juris facere statui; eani vcro rem cùm occasione eruditi simul ac subtilis opusculi lui de Porismatibus, quod anno superiore (') ad amicos luos hue transmisisti, aggressus sim. Te antesignanum sequor; quod mihi de- cori ac gloriae vertit. Tibi enim, Vir eximie, quàni studiose te colam aliquatenus significare, tam mihi gratum ac jucundum est, ut occa- sionem, si nata opportune non fuisse!, mullis curis studioque vehe- inenti redemissem. Omnes equidem, quibus virtutes tuse notse sunf, ingenii judiciique acumen probatum, merito te suspiciunt ac célé- brant : nec soli per Galliam qui vivant, verùm per universam Europam ( ' ) Lettre inédite, dont nous devons l'indication à M. Lucien Auvray, de la Bibliotlièque nationale. Elle est publiée d'après la minute de BouUiau. (■^) 11 s'agit do l'Ouvrage do Boulliau, dont le titre est donné Tome I, page 77, note 2. Comparer avec la présente Lettre l'extrait inséré dans la Note précitée. (') Dans V Exercitalio de Porismatibus {voir Tome I, p. 77, note, ligne 10 en remon- tant), Boulliau dit ante biennium; mais cette expression, qui indique la fin de i654, semble se rapporter à l'envoi à Paris par Fermai de propositions détachées comme les PorismaUi duo (Tome 1, p. 7? à 76), retrouvés dans les papiers do Pascal. L'opuscule Porismatuin liuclideorum etc. (Tome 1, p. 76 à 84), ici désigné expressément, n'aurait été commu- niqué au contraire qu'en i656 {anno superiore). 11 y a donc lieu de corriger dans ce sens ce que nous avons dit sur la date de celte communication Tome I, page 78, deuxième alinéa de la note. LXXXII. - 20 AVRIL 1657. 337 laudes tuas illi prîedicant, quibus nomen luum innotuit ; atque in Italia dum cgi, Bonaventuram Cavallerium Bononise, et Evangelislam Torri- cellum Florentiœ, summos hujus nostri sseculi Mathematieos, audivi £ûp-r][ji.aTa tua sublimes mentis tuœ effectiones, quarum copia ipsis facta erat, mirantes summisque laudibus extoUentes. Inter illos itaque, qui Te toto animo colunt et venerantur, me recense; utquc offîcium, tenue quamvis, acceptum gratumque Tibi sit, hoc mihi pertice. Et quse cum paucis hactenus communicasti, pnestantissimos animi tui partus, omnium utilitati et commodo ut serviant, in pu- blicum emitto, illosque diutius comprimere noli. Vale Vir 111""=. Scribebani Lutetise Parisior. dieMartii 1GJ7. LXXXII. FERMAT A DIGBY. VENDREDI 20 AVKIL 1057. ( Krt, p. 1S9-190; Comm. ep.y n" '1.) Monsieur, 1- Puisque vous voulez que les complimens cessent, soit t'ait; il me suffît de vous assurer une fois pour toutes que vous vous êtes très- justementacquis un pouvoir absolu sur moi et que je ne perdrai point d'occasion à vous le témoigner. J'ai lu Y Arithmelica injinitorum [' ) de Wallisius et j'en estime beau- coup l'auteur; et, bien que la quadrature tant des paraboles que des hyporboles infinies ait été faite par moi depuis fort longues années et (') Johannis Wallisii SS. Th. D. Geometriae Professoris Saviliaai in celeberrimâ Aeade- mia Oxoniensi Arilhmelica infinitonim sivo Nova melhodus inciiiircndi in Curvilineorum (juadraluram aliaque difliciliora Malhcseos Prcfblemata: Oxonii Typis Léon. Liclifield .\ea- demiœ Typographi, Impensis Tho. llobinson, Anno i6J0. -un [)ages in-4". II. — Fermât. • 4^ :53S ŒUVUKS 1)K FEllM AT. - (.OURESPONDANCE. que j'tMi aio autrefois ontrotiMui rillustroTorricelli ('), je ne laisse pas d'estimer l'inventioa de Wallisius, qui sans doute n'a pas su que j'eusse préoccupé son travail. 2. Voici une de mes propositions aux termes on je la conçus en l'envoyant à ïorricelli : Soient les deux droites SKR et KOF {//g. Sj) et soient décrites les courbes EGHQ d'un coté et DABC de l'autre, en forme d'hyperboles Fis-. Si. dont les asymptotes soient les droites premièrement données. Soient encore tirées AG, BH, parallèles à SKR, et les droites BN, AM, GL, Hl, parallèles h KOF. En l'hyperbole ordinaire, le rectangle NP est égal au rectangle MAO ; mais supposons maintenant que le produit du quarré BN et de la droite BP soit égal au produit du quarré MA et de la droite AO : en ce cas, la courbe sera une nouvelle hyperbole dont la propriété sera que ('; Dans uno lellre perdue, probablement de la fin do 16 (G, cl qui semble avoir clé la seule que Fermât ait adressée à Torricelli. Elle dut répondre à une communication à la- quelle Torricelli fait allusion dans la partie inédite de sa lettre à Roberval du 7 juillet 1646, dans celle à Mcrsenne du même jour {BuUcitino Boiicompagni, VIII, pages 400-404) et dans celle à Carcavi du 8 juillet iGjG (Memorie dctla Jieale Accadenda dei Liiicci, V3, 10 Juin 1880). Dans la (iremière de ces lettres (Bibl. Nat. lat., iiigii, f° 16 v°). on lit : « Ilyperbolarum Tlicoremata, qua; mitto ad 111™. De Fermât, ut jiidicium siibeant, num » cum parabolis saltem aliqua ex parte conferri possinl, videre poteris. Si unius hyper- a boIiE primaria; (|uadralura lamdiu (|u;csita est, nos pro una influitas daniiis. » Ces théorèmes ont été de fait envoyés, avec la lettre du 8 juillet i()46, à Carcavi, cpii avait conimuni(jué à Torricelli des propositions de Fermât sur les nombres. Le géomètre italien connaissait d'ailleurs, au moins par les Cogltaia de .Mersenne (1O4I), les travaux de Fermai sur les paraboles de divers degrés (voir Tome I, page ly >, note 1 j. LXXXII. - 20 AVRIL 1637. 339 le parallélogramme BI sera égal à l'espace compris sous la base BH et les deux courbes BADF, FEGH, qui vont à l'infini du côté de F. Que si le produit du cube BN et de la droite BP est égal au produit du cube AM et de la droite AO, en ce cas, ce sera une autre hyperbole dont la propriété sera que le parallélogramme BI sera double de l'es- pace compris dans la base BH et les deux courbes en montant, m supra. Et par règle générale, si le produit d'une puissance de BN par uni^ puissance de BP est égal au produit d'une pareille puissance de MA par une pareille de AO (en supposant celles de BN et MA pareilles entre elles, comme aussi celles de BP et de AO aussi pareilles), le parallélogramme BI sera à la figure prolongée à l'infini /// supra, comme la différence de l'exposant de la puissance de BN avec l'expo- sant de la puissance de BP est à l'exposant de la puissance de BP. De sorte qu'il suit de là qu'en l'hyperbole ordinaire l'espace de la figure prolongée à l'infini n'est point égal à un espace donné, parce que l'exposant des puissances, étant le même, ne donne aucune dif- férence; et, pour faire que l'espace de la dite figure prolongée à l'in- fini soit égal à un espace donné, il faut que l'exposant de BN soit plus grand que celui de BP, comme il est aisé de remarquer. 3. Tout ceci, quoiqu'énoncé un peu diversement, se peut tirer du livre de Wallisius; mais il n'a pas fait une spéculation sur ces figures, de laquelle il sera sans doute bien aise d'être averti et qui peut passer pour un des miracles de la Géométrie. Je l'ai autrefois donnée h Tor- ricelli aussi bien que la précédente ; c'est : Comme il arrive que quelquefois l'espace prolongé à l'Infini, comme BADFEGH, est aussi infini, comme en l'hyperbole ordinaire, et quel- quefois fini, comme en celles dont les exposants de BN surmontent ceux de BP, on demande si, lorsque le dit espace prolongé à l'infini est égal à un espace fini, il a un centre de gravité fixe et certain. Or, il arrive une chose merveilleuse en cette recherche et laquelle j'ai découverte et démontrée, c'est que quelquefois le dit espace. 3i0 ŒUVRES HE FEUM AT. - CORRESPONDANCE. (liioiqiio tiiii. n'a point do contre tlo içravito tixc, ot quol(|uol()is il on a. (lar. par exemple, lorsque le produit du quarré BN ot de la droite HP ost égal aux produits soniblahlemcnt tirés, la figure BADFEGH pro- longée à l'intini, (|ui en co cas ost égale au parallélogramme BI, n'a pourtant aucun centre de gravilé. jMais, si le produit, par exemple, du cube BN et de la droite BP, est égal aux produits semblables et semblablcmont tirés, en ce cas, non seulement l'espace de la figure prolongé à l'infini est. égal à un espace donné, qui est, comme nous avons dit, la moitié du parallélogramme BI, mais encore cette figure prolongée à l'infini a un centre de gravité, ([ui va en ce cas en la ligne PF coupée en telle sorte au point 0 que la ligne PO soit égale à la ligne KP; ot ce point 0 sera le dit centre de gravité de cette figure prolongée à l'infini. Si Monsieur Wallisius veut avoir la démonstration de cette proposi- tion et de la règle générale pour trouver les dits centres de gravité, je vous l'onvoierai pour lui en faire part. 4. Pour ce qui regarde la quadrature du cercle dans son dit Traité, je n'en suis pas pleinement persuadé, car ce qui se déduit par com- paraison en Géométrie n'est pas toujours véritable. 5. Je ne vous parle ni de votre Livre ('), ni de celui de Thomas Anglus (-) : ne suior ultra crepidain. Vous êtes souverain en Physique et je vous reconnois pour tel : j'espère pourtant au premier voyage vous entretenir de la proportion que gardent les graves dans leur desconte (') Il s'agit sans doute de : Two Treatisos in llio one of wliicli Tlie Nature of bodies, in tlic oihcr tho Nature of man's soulo is looked into in way of discovery of ttie immor- lality of reasonablc soûles. ^'u'/Zi! 9'-'"^ âÇ''(o; Xo'fou zaïavoî^aat ol'ci Suvktov Eivat âvau T:q; tciu SXou çûdïw;; animae naluram, absque totius nalura, sufficicntor cognosci posse existimas? Plato in Phaîd. At Paris, Printod by Gilles Blaizol. MDCXLIIII with Priviledge. C'est le Chapitre X (p. 76-86) qui est consacré à la pesanteur. {"■) Il s'agit de : Euclides ptiysicus sive de principiis natur.x' Stœchcidea E. Au- Ihore Thoma Anglo Ex Albiis East-Saxonuin. Londini prostant apud Joliannem Crook. MDC.L.VII. LXXXIII. - 6 JUIN 1657. 341 naturelle, de quoi vous avez traité daiis votre Livre que Monsieur Bo- rel ( ' ) m'a fait la faveur de me faire voir. Je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, Fkkmat. A Castres, le 20 avril ifiîj. LXXXIII. FERMAT A DIGBY. MERCREUI 6 Jl IN 1637. { f^Ut p. 11(1 ; Coinm. f/}., ii" 11.) Monsieur, J'ai reçu votre dernière lettre la veille du départ de M. Borel, qui ne me donne quasi pas le loisir de vous faire un mot de réponse. Vos deux lettres anglaises (^) m'ont été traduites par un jeune An- glais qvii est en cette ville et qui n'a point connoissance de ces matières, de sorte que sa traduction s'est trouvée si peu intelligible que je n'y ai pu découvrir aucun sens réglé, et ainsi je ne puis vous résoudre si ce Mylord a satisfait à mes questions ou non. Il me semble pourtant, au travers de l'obscurité de cette traduction bourrue, que l'auteur des lettres a trouvé mes questions un peu trop aisées, ce qui me fait croire qu'il ne les a pas résolues. Et parce qu'il pourroit équivoquer sur le sens de mes propositions, j'ai demandé un nombre cube en nombres entiers, lequel, ajouté à toutes ses parties aliquotes, fasse un nombre quarré. J'ai donné par exemple 343, qui est cube et aussi nombre entier, (1) Probablement le médecin du Roi, Pierre Borel, né à Castres vers 1620 et fixé à Paris depuis i653. (2) Lettres do Brouucker écrites en mars 1657 et qui sont perdues. Elles répondaient aux défis de Fermât (Pièces LXXIX et LXXXI): l'analyse s'en trouve dans la Lettre n° 9 du Commcrcium episloliciim. :}V2 (KUVRES DE FERMAT. - COUlîESPONDANCE. liM|ii('l. ajoiilo à Joutos SOS partios aliqiiotes, l'ait 'ioo, qui csl un Monihro quarré; et, parce que cette question reçoit plusieurs antres solutions, je demande un autre nombre cube en entiers, qui, joint ii toutes ses parties aliquoles, fasse un nombre ([uarré. Et si le Mylord Brouncker répond qu'on entiers il n'y a (|ui' le seul nombre 3'|3 qui satisfasse à la question, je vous promets et à lui aussi de le désabuser en hii en exhibant un autre. Je domandois encore un quarré en entiers qui, joint à tontes ses parties aliquotes, fasse un cube. Pour la question proposée dans l'Écrit latin (' ) que je vous envoyai, elle est aussi en nombres entiers, et, parlant, les résoUitions en frac- tions, lesquelles peuvent être d'abord fournies a quolibet de trk'io arithinetico, ne me satisferoicnt pas. Je suis avec respect. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Fermât. A Casti'es, le (l juin 16J7. Je vous parlerai de la descente naturelle des corps pesants dès que j'aurai un peu plus de loisir (^). LXXXIV. FERMAT A DIGBY. MERCREDI 15 AOliT 1657. [Comiii. r/)., 11" V2'. Va., p. 191-19.3.) Monsieur, 1- J'ai reçu avec joie et satisfaction votre dernier paquet et, quand il ne conticndroit autre nouvelle que celle de votre convalescence et (') La pièce LXXXI, (2) Ce post-scriplum, cnipiuiiié au tomo II (ii; loilitioii des OKuvios do Waliis (Ox- ford, 1693, in-f"), manque dans l'cililioa du Commercium de i658. — Cf. Lettre LXXXIL 5. LXXXIV. - 15 AOUT 1657. 313 du retour de votre santé, c'est un bien si grand et si considérable pour tous ceux qui aiment les belles-lettres, qu'ils ne peuvent en recevoir un plaisir médiocre. 2. J'ai reçu la copie de la lettre de Monsieur Wallis ('), que j'es- time comme je dois, et j'avoue que ses figures sont les mêmes que les miennes et que ses conclusions pour leur quadrature sont aussi les mêmes; mais sa façon de démontrer, qui est fondée sur induction plutôt que sur un raisonnement à la mode d'Archimède, fera quelque peine aux novices, qui veulent des syllogismes démonstratifs depuis le commencement jusqu'à la tin. Ce n'est pas que je ne l'approuve ; mais, toutes ses propositions pouvant être démontrées via ordinariâ, légitima et Archirnedcâ en beaucoup moins de paroles que n'en con- tient son livre, je ne sais pas pourquoi il a préféré cette manière par notes algébriques à l'ancienne, qui est et plus convaincante et plus élégante, ainsi que j'espère lui faire voir à mon premier loisir. Je voudrois qu'ensuite il eût déterminé les centres de gravité de ces hyperboles infinies, en distinguant celles qui en ont d'avec celles qui n'en ont pas (-); car, tandis qu'il dira que la chose lui est connue et qu'il n'en a pas voulu charger son livre, il ne me persuadera pas, et d'autant ylus que la proposition générale sans démonstration me suf- tÎKa de sa part. Et je vous réponds, à l'avance, qu'elle ne sauroit con- tenir plus de huit ou dix lignes; dès qu'il me l'aura envoyée, je lui ferai part de ma spéculation sur ce sujet et de ma façon de démon- trer. 3. Pour les questions des nombres, j'ose vous dire, avec respect et sans rien rabattre de la haute opinion que j'ai de votre nation, que les deux lettres de Mylord Brouncker (■'), quoique obscures à mon égard et mal traduites, n'en contiennent point aucune solution; ce n'est pas que je prétende par là renouveler les joutes et les anciens coups de ( ' ) Cf. l'Épitro V du Cnmmarcium datée du 6 juiu iGJy ot répondant à la Lettre LXXXII. (-) Cf. rÉ[)itrc XVI du Commercium, réponse de Wallis datée du 21 novembre 1657. (') A'oi/' page 341, note -i. au (EUVHES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. laiicos quo les Anglois ont autrefois faits contre les François : mais, sans sortir (le la métaphore, j'ose vous soutenir, et à vous. Monsieur, plus justement qu'à tout autre, qui excellez aux deux métiers, que le ha- sard et le bonheur se mêlent quelquefois aux combats de science aussi bien qu'aux autres, et qu'en tous cas nous pouvons dire ([ne non omnis fert omnia tellus ( ' ) . Je serai pourtant ravi d'être détrompé par cet ingénieux et savant seigneur et, pour lui témoigner que notre combat ne sera point à ou- trance, je me relâche dans la question suivante, que je m'en vais lui proposer, de la rigueur de mes premières questions qui ne vouloient que des nombres entiers : il me suffira qu'ils soient rationaux à la mode de Diophante. (Le nom de cet auteur me donne l'occasion de vous faire souvenir de la promesse qu'il vous a plu me faire, de recou- vrer quelque manuscrit de cet auteur, qui contienne tous les treize livres, et de m'en faire part, s'il vous peut tomber en main.) 4. Voici la nouvelle question, ou pour Mylord Brouncker ou pour Monsieur ^¥allis, que j'écris en latin suivant votre ordre (') : Datum numerum ex duobus numeris rubis compositum dividere in duos alios numéros cubos. Banc propositionem in cpiadralis tanlum exscquulus est Diophanlus, in cubis ne tcnlavit quidern, in iis, sallem libris qui ad nos de majore ipsius opère pervenerunt. Exempli gratia, proponatur numerus 28 ex duobus cubis i et 27 com- positus. Oportet dictum numerum 28 in duos alios cubos rationales dividere et propositionis solutionem generaliter prœstare. Je consens que M. Frenicle l'entreprenne; je suis persuadé qu'il ne la trouvera pas si aisée que les autres, que je savois être de sa juridic- tion. Je l'estime extraordinairement aussi bien que vous, mais pour- (') Allusion à Virgile, Eclog. IV, 3() : (iin//ix fcret ninnia tellus. (^) Cf. Oi)servalion IX sur Diophante. LXXXIV. — lo AOUT 1057. 3io laiit ce que je vais ajouter l'étonnera. si vous prenez la peine de le lui communiquer. 5. ,Te lui avois écrit qu'il n'y a qu'un seul nombre quarré en entiers qui, joint au binaire, fasse un cube, et que ledit quarré est i5, auquel si vous ajoutez 2, il se fait 27, qui est cube('). Il a peine à croire cette proposition négative et la trouve trop hardie et trop générale. Mais, pour augmenter son étonnement, je dis que, si on cherche un quarré qui, ajouté à 4» fasse un cube, il n'en trouvera jamais que deux en nombres entiers, savoir 4 et 121. Car 4 ajouté à 4 fait 8 qui est cube, et 121 ajouté à 4 f^iit i-J i|ni vaut G, est le plus grand de tous. Il faut, aussi remarquer que le rapport des nombres de la dite pro- gression n'arrive pas jusques au premier terme i, ou plutôt ne com- mence pas dès le premier terme, mais au second seulement, qui est sa horne. De sorte que, si on vouloit augmenter les termes de la dite progression, en la changeant et mettant un nombre moyen entre le a 6 . premier et le second terme, savoir entre i et A- ou -> il ne faudroit ' II pas avoir égard à i, mais aux autres nombres 4f> 4^ 4|> 4^. ou il ces autres qui sont les mêmes : 6 lo i/i i8 12 3 4 car cette progression n'auroit pas de suite, si on la commençoit par i . Puis donc : qu'il ne faut pas avoir égard au premier terme i, qui n'a rien de commun avec les nombres de la dite progression, mais aux autres seulement; et qu'ils augmentent à mesure qu'ils approchent du premier terme i : il s'ensuit que le nombre, qu'on prendroit entre i et 1 - ou -) seroit plus grand que le dit - ou G, et il faudroit multiplier le premier terme i par ce nombre moyen qui seroit plus grand que 6, pour avoir le moyen terme entre les deux premiers des nombres pre- mièrement donnés, qui sont i et 6 (car les dits nombres donnés I, G, 3o, i4o, 63o n'ont point d'autre rapport ou liaison que celle qu'ils empruntent de leurs multiplicateurs, autrement ils n'en ont aucune). Et ainsi on au- ri)it un nombre plus grand que G pour le moyen terme d'entre i et G ; ce qui est absurde. De lii s'ensuit qu'on ne peut donner le moyen terme entre i et G, en LXXXV. - 13 AOUT 1657. 351 lanl qu'ils sont compris en la suite ou progression des nombres : i , G, 3o, i4o, 63o. Ou peut inférer de là que la ligne courbe VC (fig. 86) (') n'est point égale en elle-même el qu'elle ne peut provenir d'aucun mouvement continu qui soit égal ou réglé, mais de plusieurs, différens suivant ses parties; et que c'est une ligne composée de portions de plusieurs courbes comprises entre les parallèles à l'axe VX de la figure. (]ar, en Fis. S'i. icclle, il est bien nécessaire que la moyenne ligne tirée entre la pre- mière et la seconde parallèle, savoir entre i et 6, soit moindre que 6. Mais, outre que cette moyenne ligne seroit de différente longueur sui- vant la nature et la propriété de cette portion de la courbe VC, qui n'a rien de commun avec les autres portions, comme a été dit, elle n'au- roit rapport qu'avec les deux termes i. G, et non pas avec les autres, ni avec les moyennes qu'on auroit tirées entre deux, si on prenoit le tout conjointement. III. En la première proposition le dit sieur Wallis propose une suite de quantités commençant par o (qui représente le point) et qui se suivent en progression arithmétique, et cherche quelle raison il y a entre la somme des dites quantités et la somme d'autant de termes égaux à la plus grande des données. Le moyen qu'il donne pour trouver cette raison est de prendre les sommes de diverses quantités de nombres commençant par les moindres, puis comparer les raisons les unes aux autres et inférer de là une proposition universelle. On se pourroit servir de cette méthode, si la démonstration de ce (') La figure ne se trouvant pas dans le Coinmercium, nous la restituons d'après V Arithmetira injinitoruni de Wallis {Opéra malhemaùca , Oxford, 1695, in-f, tome 1, P- 477)- 352 ŒUVRES DK KERM.VT. - CORRESPONDANCE. (jui os( proposé étoit bien cachée et, qu'auparavant de s'engager ii la cliercher, on se voulut assurer à peu près de la vérité; mais il ne s'y faut lier que de bonne sorte et on doit y apporter les précautions nécessaires, t'ar on pourroit proposer telle chose et prendre telle règle pour la trouver (|u'olle seroit bonne à plusieurs particuliers et néanmoins seroit fausse en elTet et non universelle. De sorte qu'il faut être fort circonspect pour s'en servir, <|uoi(|u'en y apportant la diligence requise, elle puisse être fort utile, mais non pas pour prendre, pour fondement de quelqile science, ce qu'on en aura déduit, comme fait le sieur Wallis : car, pour cela, on ne se doit contenter de rien moins que d'une démonstration, et principalement au sujet (le la proposition dont il s'agit, dont la solution et démon- stration est fort facile. Voici comme on démontrera que les dites quantités proposées, étant jointes ensemble, font la moitié d'autant de quantités égales à la plus grande d'icelles : Soient exposées des quantités ou nombres qui commencent par le point ou par o, et qui se suivent en progression arithmétique; et soient celles de la première ligne 1° Quanlilt's données o ien el dûment préparés. Il me sulfit donc tie dire en eel endi'oit (|ne \\. Descaries n'a rien prouvé, et que je suis d(! votre sentimenl (mi ce (nu> vous rejetez le sien. .Mais il l'aul pass(M' plus outre et trouver la raison de la réfraction dans noire principe commun, qui est que la nature agit toujours par les voies les plus courtes et les plus aisées. Il semble d'abord que la chose ne peut point réussir et que vous vous êtes fait vous-même une objection qui paroit invincible. Car (y?^-. 87) puisque, dans la page '^ifï de votre Livre, les deux lignes CB, BA qui contiennent l'angle d'inci- dence et celui de réfraction, sont plus longues que la droite ADC qui leur sert de base dans le triangle ABC, le rayon de C en A, qui con- tient un chemin plus court que celui des deux lignes CB, BA, devroit, au sens de notre principe, être la seule et véritable route de la nature, ce qui pourtant est contraire à l'expérience. 3fais on peut se défaire aisément de cette dilTicullé en supposant, avec vous et avec tous ceux qui ont traité de (;ette matière, que la résistance des milienx est diffé- rente, et qu'il y a toujours une raison ou proportion certaine entre ces deux résistances, lorsque les deux milieux sont d'une consistance certaine et qu'ils sont uniformes entre eux. .\e vous étonnez pas de ce que je parle de résistance, après ([ue vous (') Mmitial, É/'igr., I, 11. s. — f'oir les Lettres XXII et XXIV. LXXXVl. — AOUT 1037. 337 avez décidé que le mouvement de la lumière se fait en un instant el que la réfraction n'est causée que par l'antipathie naturelle qui est entre la lumière et la matière. Car, soit que vous m'accordiez (|ue le mouvement de la lumière sans aucune succession peut être contesté cl que votre preuve n'est pas entièrement démonstrative, soit qu'il faille passer par votre décision, à savoir que la lumière fuit l'abondance de la matière qui lui est ennemie, je trouve, même en ce dernier cas, que, puisque la lumière fuit la matière et qu'on ne fuit que ce qui l'ail peine et qui résiste, on peut, sans s'éloigner de votre sentiment, éta- blir de la résistance où vous établissez de la fuite et de l'aversion. Soit donc, par exemple, en votre figure le rayon CB qui change de milieu au poinl B, où il se rompt pour se rendre au point A. Si ces deux milieux étoient les mêmes, la résistance au passage du rayon par la ligne CB seroit ii la résistance au passage du rayon par la ligne BA comme la ligne CB à la ligne BA. Car, les milieux élant les mêmes, la résistance au passage seroit la même en chacun d'eux et, par conséquent, elle garderoit la raison des espaces parcourus. D'où il suit que, les milieux étant différents et la résistance par conséquent différente, on ne peut plus dire que la résistance au passage du rayon par la ligne CB soit à la résistance au passage du rayon par la ligne BA comme la ligne CB à la ligne BA; mais en ce cas la résistance par la ligne CB sera à la résistance par la ligne BA comme CB :i une autre ligne dont la raison à la ligne BA exprimera celle des deux résistances différentes. Comme : si la résistance par le milieu A est double de la résistance par le milieu C. la résistance par CB sera ii la résistance par BA comme la ligne CB au double de la ligne BA; et si la résistance par le milieu C est double de la résistance par le milieu A, la résistance par CB sera à la résistance par BA comme la ligne CB à la moitié de la ligne BA. De sorte qu'en ces deux cas, les deux résistances par CB et par BA, étant jointes, pourront être exprimées : ou par la ligne CB jointe à la moitié de la ligne BA, ou par la ligne CB jointe au double de BA. Vous voyez déjà sans doute la conclusion de ce raisonnement : car, ;$.SS ŒIVIIKS DK IKUMAI". - COKHKSl'ONDANCK. soioiil lionnes, par cxoniplo, les deux points (] et A en (hnix milieux (lilIVrents séparés par la ligno lU) o( (pii soiciil de Icllc iiahirc ([uc la résistance ilc lun soit ilonhlc dr celle de Tanli'e; il l'aul cliereher le point 15 an(]U(d le rayon, (jui va de (1 en A on d"A en (], soit coupé ou rompu. Si nous su|)|iosons (|iie la chose est déjii faite, et que la nature aifit toujours par les voies les plus courtes e( les plus aisées, la résistance par ('.15, jointe ii la résistance pai- UA, conliendi'a la somme des deux résistances, et cette somme, pour satisfaire au principe, doit être la moindre de toutes celles qui se peuvent rencontrer en quelqu'autre point que ce soit de la ligne DB. Or ces deux résistances jointes sont (Ml ce cas, comme nous avons prouvé, représentées : ou par la ligne CH jointe il la moitié de BA, ou par la même ligne GB jointe au double de BA. La question se réduit donc à ce problème de Géométrie : Etant donnés les deit.r /loi/i/s V. cl A c/ Ici droite DB, tromper un point dans la droite DB auquel si vous conduisez les droites CB et BA, la somme de CB et de la moitié de BA contienne la moindre de toutes les sommes pareillement prises, ou bien que la somme de (\\i et du double de BA con- tienne la moindre de toutes les sommes pareillement prises ; et le point B qui sera trouvé par la construction de ce problème sera le point où se fera la réfraction. Vous voyez par lii qu'il faut que le rayon se coupe et se rompe lorsque les milieux sont dillerents. Car, bien que la somme des deux lignes CB et BA soit toujours plus grande que la somme des deux lignes CD et DA ou que la toute CA, néanmoins la ligne CB, jointe à la moitié ou au double de BA, peut être plus courte que la ligne CD jointe à la moitié ou au double de DA. Je vous avoue que ce problème n'est pas des plus aisés; mais, puisque la nature le fait en toutes les réfractions pour ne se départir pas de sa façon d'agir ordinaire, pourquoi ne pourrons-nous pas l'en- treprendre? LXXXVII. — o DECEMBRE 1G57. 3o9 Je vous garantis par avance que j'en ferai la solution quand il vous plaira et que j'en tirerai même des conséquences qui établiront soli- dement la vérité de notre opinion. J'en déduirai d'abord : que le rayon perpendiculaire ne se rompt point; (jue la lumière se rompt dès la première surface sans plus clianger le biais qu'elle a pris; ([ne le rayon rompu s'approche quelquefois de la perpendiculaire, et qu'il s'en éloigne quelque autre fois, à mesure qu'il passe d'un milieu rare dans un plus dense ou au contraire; et en un mot, que cette opinion s'accorde exactement avec toutes les apparences. De sorte que, si elle n'est pas vraie, on peut dire ce que disoit Galilée en un sujet dilt'é- rent, que la nature semble nous l'avoir ins\)\i'év per pig/iarsi gioro (/i iioslri ghiribizzi ( ' ) • ' Mais j'ai tort de ne songer pas ({ue le sujet de cette lettre ne tlevoil être qu'un remerciment. Je vous conjure. Monsieur, d'excuser sa lon- gueur, quand ce ne seroit que par l'intérêt que vous y avez, et de la recevoir en tout cas comme un témoignage de l'estime que j'ai pour votre savoir et du respect avec lequel je suis. Monsieur, Votre tri's humble et très affectionné serviteur, Fekmat. LXXXVII. DIGBY A FERMAT. MERCREDI D DftCEMBRE 1657. (l'a., p. ly'i-197.) MoNsu:nn, Je me donnai l'honneur de vous écrire le iç) du mois passé. Depuis ce temps-là, j'ai été en Normandie et à mon retour j'ai trouvé la Lettre (') Nous n'avons pu retrouver le texte auquel ost empruntée cotte citation. MW IKI VUKS l)i: rKHMVT. - CO RR ES POND ANC K . (]ii(> vous m'avoz l'ail l'Iionnour de iirrcrirc du 17 du nu'-uie mois ('). dont jo vous ronds Irrs-liunihlos gi'àc(>s ol in'ostiiiH? tros-lieuroux de vous servir daus le coiuniciTO (|ui os( culro vous et Monsieur de Frc- nicle. à (]ui je nionlrai aussi voire l^ellre el, eouinie vous y parlez de noire ('.haini'lirr l?acon, eela nie til souvenir d'un aulre beau mol (|u"il dil en ma présence une l'ois à feu Monsieur le Duc de Buc- kiui^lram. (4'étoil au commencement de ses malheurs, quand l'assemblée des Ktats, que nous appelons le Parlemenl. entreprit de le ruiner, ce (|u'elle lit ensuite : ce jour là. il en eut la première alarme. J'étois avec le Duc, ayant diné avec lui; le Chancelier survint et l'entretint de l'accusation qu'un de ceux de la Chambre Basse avoit présentée contre lui, et il supplia le Duc d'employer son crédit auprès du Roi pour le mainlenir loujoui's dans son esprit. Le Duc lui répondit qu'il étoil si bien avec le Roi leur maître, qu'il n'éfoit jias besoin de lui rendre de bons olïicos auprès de Sa Majesté : ce qu'il disoit, non pas pour le refuser, car il l'aimoit beaucoup, mais pour lui faire plus d'honneur. Le Chancelier lui répondit de très-bonne grâce qu'en effet il croyoit être parfaitement bien dans l'esprit de son Maître, mais aussi qu'il avoit toujours remarqué que, pour si grand que soit un feu et pour si fortement qu'il brùlc de lui-même, il ne laissera pourtant pas de brûler mieux et d'être plus beau et plus clair, si on le souITle comme il faut. De même j'ai dit à Monsieur Frenicle que, pour si grand feu d'esprit (|u"il ait et quelque merve'illeux que soit son génie pour la science des nombres, son feu seroit plus l)rillant, s'il le vouloit exciter ou aug- Mieiilerpar l'élude, par la lecture des anciens et [lar la conversation. Il vous honore infiniment et dit que jamais homme n'a approché de votre fond de science; il m'a apporté ce matin un écrit pour vous l'en- voyer. Je l'ai fait copier par mon secrétaire, car vous ne l'auriez pu lire; il écrit d'ordinaire sur des lambeaux de papier et si vite qu'il n'y a que lui même qui puisse lire son écriture. ( ' ) Cette lettre est perdue. LXXXVIII. — 1-2 DÉCEMBRE 1637. 361 Vous aurez vu, par ma dernière lettre, que j'ai reçu celle (') que vous me fîtes rhonneur de m'écrire lorsque vous étiez à la campagne. Au lieu de vous laisser passer le titre de paresseux que- vous vous donnez injustement, j'admire infiniment la facilité et la présence avec laquelle, au milieu de vos grandes occupations, vous eîdprimez sur le champ vos profondes et subtiles pensées. Je vous supplie de croire que j'honore vos rares talens et que je voudrois que mes actions tous pussent témoigner mieux que mes paroles h quel point je suis etc. LXXXVIII. DIGBY A FERMAT. MERCREDI 12 DÉCEMBRE 163". (fa, p. 197.) Monsieur, Depuis (jue je me suis donné l'honneur de vous écrire une leKrc du ') de ce mois (-), je reçus celle que vous m'avez l'ait la faveur de m'écrire du 25 du passé ('), dont je vous rends trcs-humhles grâces. lîile me fut rendue comme j'étois à table avec Monsieur Frenicle à qui je la montrai et, y ayant papier et encre sur le btilfet, je le priai de vous écrire quelque petit mot sur ce que vous y disiez sur son sujet; je vous envoie son écrit. Il me faît souvenir fort souvent d'un aumônier, qu'avoit le feu roi d'Angleterre, qui étoitun des plus éloquens prédicateurs de son temps et très-subtil théologien; mais, depuis que la guerre fut commencée, il n'y avoit plus moyen de le faire prêcher ou parler de sa science : il n'avoit d'autres idées en son imagination que de machines de guerre (') Ces lettres de Digby et de Fermât sont perdues. (2) La lettre qui précède. (') Lettre perdue. Ferjiat. — H. 46 M-I ŒUVUKS l)K FEUMAT. - COKHESPONDANCK. et dos siralagt'mrs pour prciidri' des villes, en ([iioi il ircnd'iidoit rien dii tout. Ainsi .Monsiciii' Krciiiclc ne inc veut cnlrclcnir d'autre eliose (|iie de la llieologie mystique et de ses pensées sur le franc-arbitre on sur la prédestination', quittant le rani^- (|ii'il pourroit posséiler d'un des pins LCrands niatliéinatieiens du sii'ele ])onr un des moindres théologiens. t"-ar c'est itieu lai'd de eommeneer la |)hysique et la llieologie après l'âge de ein(Hianle ans : je dis la physique, parce qu'il (>st nialaisé d'être un grand théologien si on n'est un solide physicien et si on n'a une véritable eonnoissance de la nalure, dont le sommet sert de hase ii la gràee. .Mais je dois bien prendre garde de m'engager en ce que j'entends aussi |)eii et encore moins que lui; je reviens à ce (jue je sais de science certaine, dont je vous ferai démonstration évidente toutes les fois que l'occasion s'en présentera, et c'est <|ue je suis etc. LXXXIX. - 13 FÉVRIEU lCo8. 363 ANNEE 1658. LXXXIX. DIGBY A FERMAT. MEIUMIKDI 13 Kf.VRlEIt 1038. ( /"«, p. irj7-igS.) ilOXSlEUR, .)(' suis sur le poiul d'cud'or on carrossi- poui- aller à Rouen, doiU je ne crois pas revenir de quinze jours ou (rois semaines. C'est pourquoi, (li's que j'eus reçu votre paquet du 27 du passé ( ' ). j'allai chez M. Cder- selier et, n'ayant pas moyen de lui faire faire des copies de vos écrits avant mon départ, je crus que vous trouveriez bon que je les lui con- fiasse sur la parole qu'il me donna, de vous les rendre (idèlement dès qu'il auroittiré copie de ce qu'il lui faut. C'est un foit honnête homme et fort votre serviteur; il m'a dit qu'il se donneroil l'honneur de vous écrire par cet ordinaire. Au reste. Monsieur, quand bien je denieurerois ici, je ne serois pas assez vain pour accepter la charge que vous voudriez m'imposer : elle est trop pesante pour ma foiblesse. Je sais trop bien (-) quid ferro reeuscnl, QuiJ viik'aiil hiuiieri pour pouvoir être arldlre entre deux grands personnages; il faut aller ( ' ) Lellre perdue, à laquelle élaient jointes des copies demandées par Clerselier pour l;i pnl)liealion des Lettres de Descaries. P^oir Lettre XC ci-après. I -) Horace, Jn pof^iiijiie, 39-40. mv ŒrVHKS DE 1-EUMAT. - CJ^RRESPOND ANGE. (lu pair avoc oiix. (a'assus s'acquitta bien mal de cette tbiictioii entre César et Pompée, n'ayant pas les reins aussi forts qu'eux. Il est vrai (lue ceux qui sont clans les vallées peuvent discerner la hauteur des plus grandes montagnes pour en avoir de l'admiration; mais, pour liieii juger de ce (|u'il y a au sommet de (juelqu'une d'elles, il faut être monté aussi haut sur une autre. Vous me permettrez donc de vous dire avec le grossier PaUvmon (') : Kou noslnim iiUcr vos tantas componcro liles. Et, pour ce qui est de la chaleur avec laquelle vous, Monsieur, et >!. Descartes avez soutenu vos sentimens, je ne serois pas d'avis d'en rien oter ou changer, pourvu ({u'il n'y ait rien qui soit offensant, ce qu'on ne peut présumer de deux aussi grands hommes et à quoi .M. Clerselier prendra garde. Car, de vouloir étouffer ce petit feu bril- lant et étincelant, ce seroit ôter beaucoup de la grâce et de la force à une contestation d'esprit et de science, et c'est une des raisons pour- (|uoi les disputes aux Universités des Suisses sont si peu agréables, leur manière d'argumenter étant bien éloignée de la vivacité des ba- cheliers de la Sorbonne qui pressent avec véhémence et avec chaleur : car cette chaleur provient d'un feu (|ui ne brûle pas, mais qui semble donner la lumière et la vie comme celle du Soleil. Je ne saurois m'empêcher de vous envoyer quelques vers que le plus grand génie de notre ile pour les Muses (-) écrivit au Chancelier Bacon, qui étoit son grand ami et que vous témoignez être fort le vôtre en le citant souvent. Je vous dirai comment je les ai rappelés en ma mé- moire : l'autre jour, m'entretenant avec une personne de grand mérite de vos rares qualités, je lui récitai ces vers y mettant votre nom au lieu de celui de Baco. Il en voulut avoir une copie : je la lui fis tran- scrire |)ar mon secrétaire sur le brouillard que j'en fis à la hàlc; il (') Virgile, Eclog., IIF, io8. (') Nous n'avons pu retrouver ces vers ni dans Sliaifcspcare, ni dans aucun des grands poètes contemporains. Au reste, il s'agit probablement d'une jiièco latine. XC. - 3 MARS 1658. 365 vous en auroit fait aussi une copie s'il eût été chez moi, mais je viens de l'envoyer chez M. l'Ambassadeur d'Angleterre ('). Je suis etc. XC. FERMAT A CLERSELIER (-). DIMANCHE 3 MARS 1658. (Bil). nat. fr. n. a. SaSo, f° 35; D. III. 43.) Monsieur, J'ai reçu votre lettre (") avec les deux copies des écrits de M. Ues- cartes sur le sujet de notre ancien démêlé. Je voudrois bien. Monsieur, vous satisfaire ponctuellement en ce que vous semblez souhaiter que je refasse mes réponses d'alors qui se sont égarées (''); mais, comme je hais naturellement tout ce qui choque tant soit peu la vérité, et qu'il me seroit aussi malaisé de rajuster co vieux ouvrage qu'à un peintre de refaire mon portrait (') Nous Irouvons au vol. 09 (le la Corrcspondaiioe Angleterre conservée aux Archives du Ministère des affaires étrangères la preuve (|uo l'ambassadeur d'alors s'appelait Lokard. (-) Le texte de celte lettre est établi principalement d'après une copie du temps colla- tioiuico à Vienne par Dcspeyrous cl qui présente plusieurs passages inédits publiés par Libri {Journal des Snwintx, iSjâ, pp. 6SG-G87 ). — Quoique daléc du 3 mars, elle ne fut envoyée, d'après le post-scriplum, que le lo, avec la lettre suivante. (3) Lettre annoncée dans la précédente de Digby, et qui est perdue. Les écrits de Descaries sur la Dioplrique qui l'accompagnaient étaient : la lettre à Mersenne {ci-awni XXIII) et la lettre à Alydorge {Desc, III, 4'^). Foir plus haut, page rij, note 1. (*) Ce langage parait l'cfTel d'un malentendu; Clerselier possédait bien les deux lettres de Format à Mersenne sur la Dioplrique (ci-avant XXII et XXIV), nuus il aura cru à des répliques postérieures de Fermât; celui-ci aura compris que les lettres perdues dont on hii parlait étaient celles auxquelles Descartes avait répondu et que nous venons de men- tionner. 11 n'avait certainement pas rouvert la discussion; toutefois il nous manque des lettres de lui à Mersenne en iC38, où il avait touché incidemment la question de la Diop- lrique, comme dans les Pièces XXV bi.\-. 1 et XXVI. :U>6 (ET VUES DE FEU M AT. — COUU K SI'OM) AXCE. d'alors sur mon visage d'à prés(Mil. j'ai cru qu'il valoit mieux vous écrire lou( de nouveau une lellre (|ui contiendra mes raisons d'op- l^osition et vieilles et nouvelles, et c'est à quoi je travaillerai pour la liuilaine (' ). J'entre dans vos senlinienls pour ce qui concciiie l'impression; il y faudra changer les termes les plus choquants et les plus aigres, mais n'y l'aire jjoint autrenu-nl de grand changement, et de cela je m'en remets à vous. jMonsieur de Garcavi vous fournira sans doute mou traité de maximis et minimis ; il l'a de toutes façons, c'est-à-dire avec démonstration et sans démonstration, et, puisqu'il est question d'in- struire ou de désahuser le public, il sera bon de l'insérer dans votre recueil avec une lettre de M. Milon ou de quelque autre de vos fameux géomètres qui éclaircisse la chose et qui prépare les lecteurs à en- tendre la dernière lettre de M. Descartes (-), par laquelle il m'écrivit (coninie vous verrez) qu'il étoit satisfait de ma géométrie. Pour la question de Dioptrique, je vous proteste, sans nulle fcintise, <|ue je souhaite de m'ètre trompé; mais je ne saurois obtenirsur moi, en façon quelconque, que le raisonnement de M. Descartes soit une démonstration, et même qu'il en approche. .le vous envolerai dans huit jours la lettre qui éclaircira mes doutes sur cette matière. Et je suis de tout mon cœur. Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Fermât. A Toulouse, ce 3 mars i()J8. J'ai rciciiii celte lellre, (jui éloit prèle à vous èlrc envoyée dès la semaine passée, parce que j'ai cru (|uc .M. Digby, par la voie du(|uel j'ai pris la liberté de vous écrire, ne seroit pas encore de rclour i' Paris. Vous recevrez donc les deux conjointement et, si la second est un peu trop longue, assurez-vous, .Monsieur, (|ue j'ai mis peine; raccourcir, et que je pouvois dire beaucoup plus que je n'ai fail. Ji ( ' ) Foir la LcUre suivante XC Ins. («) foj>LeUre XXXII. XC bis. - tO MARS 1G58. 307 l'ajoiUerai un jour, si les géomètres de Paris soulienncnf la ilemoii- stration de M. Descartes. Il ne sera pas malaisé par les répliques de M. Descartes de supposer ce que j'aurois dit au contraire, et ma dernière << lettre >> le con- tiendra à peu près. Vous me renvoierez mes écrits (') quand vous voudrez; je n'en ai iioint de hâte. XC bh. FERMAT A CLERSELIER. DIMANCHE 10 MARS 1038. (D., ni, 'il.) Monsieur, 1- Les conclusions qui se peuvent tirer de la proposition qui sert de fondement à la Dioptrique de M. Descartes sont si belles et doivent naturellement produire de si beaux effets dans tous les ouvrages de l'art qui regardent la réfraction, qu'il seroit ii souhaiter, non seule- ment pour la gloire de notre défunt ami, mais bien plus pour l'aug- mentation et embellissement des sciences, que cette proposition fût véritable et qu'elle eût été légitimement démontrée, et d'autant plus qu'elle est de celles dont on peut dire que inuha surit falsa probabi- liora verts. Je veux même passer plus outre et la comparer à ce fameux mensonge dont il est parlé dans le Tasse, et que ce poète assure être plus beau que la vérité : Quand 0 sarà il vero Si bello, elle si possa a ti preporre? (-) Je commence par là, Monsieur, afin de vous faire connoitre que je (') Il s'agit probablement d'écrits malhémaliqiies conservés d'ailleurs; mais nous ne pouvons préciser lesquels. (2) Jcrusnlcin délivrée. Il, il : Maçnaiiiiiia nicnzogna. or qourulo è il vero de. ;»)S ŒIVRKS ni: riMUlAT. - couukspondanck. serois ravi quo lo ilillV'n'iul que j'ai ou aulrolois sur ce sujet avoc, M. Dosearlos se terminât à son avantage. J'y (rouverois mon eom|)(p en toutes t'a(;ons : la gloire d'un ami (jne j'ai inliniment estimé et qui a passé avoc raison pour un des grands hommes de sou temps; rétablis- sement d'une vérité physique dos plus importantes; et l'exécution aisée des eiVels merveilleux (|ui s'en pourroiont infailliblement dé- iluiro. Tout cela me vaudroil ineomparablemout mieux (|u'un gain de cause, (|uand mémo je devrois compter pour rien le Mcfum cerlasse ferelur ('), dont les amis d(î 31. Descartes peuvent toujours raisonnablement con- soler SOS adversaires. Je me mots donc, Monsieur, en la posture d'un homme qui veut être vaincu; je le déclare hautement : .Innijam efRcaci do manus scienliEC (-). Mais, parce que les démonstrations sont des raisons forcées et, qu'à moins d'être convaincu par elles, on n'en sauroit être persuadé, voyons. Monsieur, si le consentement des lecteurs peut échapper ;i noti'e auteur, et si nous pourrons nous défaire aisément des objections qui semblent lui poi^voir être op])Osées. Il faut pour cela suivre sa dé- monstration mot pour mot, et il suffira d'enfermer par des parenthèses ee qui ne sera point à lui et que j'ajouterai du mien. 2. Voici donc comme il parle sur la fin de la page iG de sa Diop- (rique f'raneoise ('') : '( Et premièrement, supposons qu'une balle, poussée d'A vers B » (Jig. 56), rencontre au point B, non plus la superficie de la terre, » mais une toile (^BE qui soit si foible et si déliée que cotte balle ait la (') Ovido, Metain., XIH, -xo. (=) Horace, Epode.t, XVII, i. (') Discours de la inélhodo poiii- bien conduire sa raison cl ciicrclier la vérité dans les Sciences : plus la DioiJlriquc, les Méléores et la Géométrie, qui sont des essais do cette Méthode. A Leyde, de l'imprimerie de lan Maire, CIO 10 C XXXVII : avec privilège, p. iG ( "?' pagination de l'Ouvrage). XC bis. 10 MARS 1658. 369 )i force de la rompre et de passer tout au travers, en perdant seule- » ment une partie de sa vitesse, à savoir, par exemple, la moitié. Or » cela posé, afin de savoir quel chemin elle doit suivre, considérons n de rechef que son mouvement diffère entièrement de sa détermina- >> tion à se mouvoir plutôt vers un côté que vers un autre, d'où il suit » que leur quantité doit être examinée séparément; et considérons Fie. 56. » aussi que, des deux parties dont on peut imaginer que cette déter- » mination est composée, il n'y a que celle qui faisoit tendre la balle » de haut en bas qui puisse être changée en quelque façon par la ron- » contre de la toile, et que, pour celle qui la faisoit tendre vers la » main droite, elle doit toujours demeurer la même qu'elle a été, à )i cause que cette toile ne lui est aucunement opposée en ce sens là. " 3. (^Mais ce raisonnement n'esl-il pas un peu opposé au sens com- mun? L'extension qu'il en fait de la réflexion à la réfraction n'est-elle pas aussi un peu forcée? En la page i'5, il suppose que la balle va tou- jours d'égale vitesse, lanl en descendant qu'en remontant, (|u'elle con- tinue son mouvement dans un même milieu ('); il en déduit, en la page ij, que la rencontre de la terre (-) peut bien empêcher la déter- mination qui faisait descendre la balle d'A vers CE, à cause qu'elle ( ' ) n Mais afin do ne nons embarrasser point en des nouvelles difficullés, supposons que la terre est parfaitement platte et dure, et que la balle va tousjours d'esgale vitesse, tant en descendant qu'en remontant... » (^) « Et en suite il est aysé à entendre que la rencontre de la terre ne peut emposclior que l'une de ces deux déterminations et non point l'autre en aucune façon. » Fermât. — II. 47 MO ŒUVRES l)i: TERMAT. - CORllESPONDANCE. occupe loul l'espace qui est au dessous de CE, mais qu'elle ne [)eul point empêcher l'autre qui la taisoit avancer vers la main droite, vu ([u'cllc ne lui est aucunement opposée en ce sens-là; d'où il infère l'égalité des angles de réflexion et d'incidence. Fis. 53. A / H \ F ^ \ / ^ ^\ X C D \ E / \ \ G X,^ y y u K .Mais quand bien ce raisonnement seroit véritable en la réflexion, quelque sceptique scrupuleux ne manquera point d'alléguer qu'il y a trois circonstances en la réfraction qui doivent changer la consé- quence, ou du moins servir d'empêchement à la recevoir sans nou- velle preuve : Premièrement, en la ligure delà page 17 ou en celle de la page 18 ('), la balle ne continue pas son mouvement d'une égale vitesse, puisque, par la supposition, elle perd, par exemple, la moitié de sa vitesse dès le point B. Secondement, elle ne passe pas toujours par un même milieu, comme il paroît en la figure de la page 18. Et enfin la détermination qui la faisoit aller de haut en bas n'est pas tout à fait empêchée par la rencontre de la toile ou de l'eau, mais changée seulement ou diminuée. Or, que la conséquence soit la même nonobstant la diversité de ces trois circonstances, il sera malaisé qu'un médiocre logicien le puisse accorder. Il alléguera pour excuse de sa logique scrupuleuse, qu'il n'a pas cru se faire grande violence, lorsqu'en la figure de la page 1 5 (//§■• >3) il a donné les mains que la détermination de la O A CCS figures correspond celle que nous avons repi'oduilo plus liaul sous le ii" ."ili. d'après l'édition des Lettres de Descartes, de Clerselier. XC bis. — 10 MARS 1658. 371 gauche à la droite restoit la même, puisque la balle allant toujours de même vitesse pouvoit conserver l'une de ses visées ou détermina- tions lorsque l'autre seule étoit empêchée; que d'ailleurs le mouve- ment se faisoit dans un même milieu; et qu'enlin, la détermination dé haut en bas étant entièrement empêchée, il n'y avoit pas grand mal de consentir que celle de la gauche à la droite restât tout entière : comme, quand on perd un œil, on dit que la vertu visive se conserve entière en celui qui reste. Mais, en la réfraction, tout y est diliférent. Veut-on y obtenir le con- sentement de notre sceptique sans preuve? La détermination de la gauche à la droite demcurera-t-elle la même, lorsque toutes les rai- sons qui le lui avoient persuadé en la réflexion se sont évanouies? Mais ce n'est pas tout : il a sujet d'appréhender l'équivoque et, lors- qu'il aura accordé que cette détermination de gauche à droite demeure la même, il a occasion de soupçonner que l'auteur le chicanera sur l'explication de ce terme. Car, quoiqu'il ait protesté que la détermina- tion est diff'érente de la puissance qui meut, et que leur quantité doit être examinée séparément, si notre sceptique lui accorde en cet en- droit que cette détermination de gauche à droite demeure la même en la réfraction, c'est-à-dire qu'elle conserve la même visée ou direction, il y a apparence que l'auteur voudra l'obliger ensuite ii lui accorder que la balle, dont la détermination vers la droite n'est point changée, s'avance autant et aussi vite vers la droite qu'elle faisoit auparavant, quoique sa vitesse et le milieu par oîi elle passe soient changés. Mais parce qu'il ne paroît pas sitôt qu'on veuille lui faire une si grande violence, il ne croit pas être encore temps de se départir du respect qu'il doit au nom de M. Descartes, et il veut bien lui avouer, sur sa seule parole, que cette détermination vers la droite demeurera la même, pourvu qu'il ne se parle point du temps que la balle doit employer à s'avancer de ce côté là : parce que M. Descartes même a avoué que la force qui meut et la détermination sont deux quantités qui n'ont rien de commun, et qu'elles doivent être séparément exa- minées). ■^-■l ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. 4. « Puis, avant ilécrK du contre B le cercle AFD cl tiré h ansrles tlroils sur CBE les trois lignes droites AC, HB, FE, en telle sorte qu'il y ait deux Ibis autant de distanc(> entre FE et HB qu'entre ÎIB et AC, nous verrons que celte balle doit tendre vers le point I. Car, puis- qu'elle perd la moitié de sa vitesse en traversant la toile CBE, elle doit employer deux fois autant de t(>nips à passer au-dessous, depuis B jusques à quelque point de la circonférence du cercle AFD, qu'elle Fis, 56. a fait au-dessus, à venir depuis A jusques h B. Et, puisqu'elle ne perd rien du tout de la détermination qu'elle avoit à s'avancer vers le côté droit, en deux fois autant de temps qu'elle en a mis à passer depuis la ligne AC jusques à HB, elle doit faire deux fois autant de chemin vers ce même côté ('). » 5. (C'est ici le guet-apens, et la trop grande crédulité de celui qui avoit franchi tous ses scrupules sur le premier article, reçoit en cet endroit une nouvelle attaque. L'auteur a sujet d'espérer que, puisque notre sceptique lui a déjà accordé que la détermination vers la droite restoit la môme, il ne doit pas le dédire non plus, que cette détermi- nation ou cette visée et direction vers le côté droit ne soit également vile et n'avance toujours autant qu'elle faisoit auparavant. Mais le sceptique commence à n'entendre plus raillerie et, s'il a con- senti de bonne foi que la détermination vers la droite ne changeoit (' ) Discours de la méthode, etc. A Leydo, CDI3CXXXV1II, p. i8 (2° pagination). XC bis. - 10 MARS 1638. 373 pas, il proleste qu'il n'est point engagé à consentir qu'en changeant de milieu elle fasse toujours un égal progrès, puisque l'auteur a si sou- vent et si solennellement assuré que la détermination et la force mou- vante sont tout à fait différentes et distinctes; et pour se confirmer en son doute, il ajoute que si, dans la figure de la page 17, la balle étoit poussée depuis H jusques à B, et qu'elle continuât son mouvement vers BG, le raisonnement de celui qui diroit : « La détermination de la balle sur la route HBG n'est point changée au point B, car elle est la même, et le mouvement perpendiculaire se continue dans la même ligne HBG; donc cette balle avance autant et aussi vite au dessous de B qu'elle faisoit auparavant. » ce raisonnement, dis-je, seroit ridicule, parce que la détermination ou direction du mouvement diffère de sa vitesse. Pourquoi donc notre sceptique sera-t-il obligé d'accorder gratuite- ment et sans preuve que le mouvement qui se fait vers la droite dans la figure de la page 18 avance également vers le dit côté droit, après qu'il a changé de milieu? Ce n'est pas que cette proposition ne puisse être vraie, mais elle ne l'est qu'au cas que la conclusion que M. Des- cartes en tire soit véritable, c'est-à-dire que la raison ou proportion pour mesurer les réfractions ait été par lui légitimement et véritable- ment assignée. 11 ne l'a donc pas prouvée par une proposition si dou- teuse et si peu admissible. En un mot, quand toutes les oppositions qu'on peut faire à son rai- sonnement seroient fautives, peut-il faire passer pour véritable ce qui n'est ni axiome, ni déduit par une conséquence légitime d'aucune pre- mière vérité? Les démonstrations qui ne forcent pas de croire ne peu- vent point porter ce nom.) Et croiriez-vous. Monsieur, que si la proposition de M. Descartes étoit démonstrativement prouvée, son évidence et sa clarté n'eussent pas percé les ténèbres de mon entendement, pendant vingt années qui se sont écoulées depuis notre ancien démêlé, puisque je vous ai pro- testé, dès le commencement de ma lettre, que je travaille sincèrement 37i ŒUVRES DE FKUM AT. — CORRESPONDANCE. à me lircM- d'orrour, ot que je ne cliercho {|a'iui homit'lc prôloxlc à me ronilro? Je sorois même ravi d'établir riioiinour de M. Descaries aux dépens du mien, et je voudrois, s'il ni'éloit possible, en reconiioissaiil la vérité de sa preuve, ajouter avant que de finir : Se clara videiHlaiu Obliilil el piirrt pcr iinctem in lucc l'cl'iilsiL ( ' ). Il en sera pourtant ee (|ue M. le cbevalier Digby et vous, 3Ionsieur, trouverez bon. Je vous soumets à tous deux ma logique et ma mathé- matique, et je consens à ce que vous en fassiez un sacrifice à la mé- moire de cet illustre, qui n'est plus en état de se détendre; mais, jus- ques à ce que vous ayez prononcé, je prétends que la véritable raison ou proportion des réfractions est encore inconnue et que Osàiv h YO'Jvxj'. y.v.-y.'. (-), en compagnie de tant d'autres vérités que l'avenir découvrira peut-être mieux que n'a pu faire le passé. Excusez ma longueur et faites moi l'honneur de me croire, .Mon- sieur, Votre très humble et très affeclionné serviteur, F"i:r,M.vr. XCI. FERMAT A DIGBY. DlMANCIlli 7 AVIUL 1038. {Conun. t'p., 07.) Monsieur, 1- J'ai reçu les nouvelles solutions de la proposition (') de Mon- sieur Wallisius, que Monsieur Freniclc a ajoutées aux premières. Je (') Virgile, Éne'idc, II, 58y-J90. (5) Homère, Iliade, XVII, 5 14. (') « Trouver doux nombres entiers carres tels que les sommes formées par cliacun d'eux et par ses parties aliquotes soient égales. » Otlc question avait été proposée par W'allis dans sa Lettre à Digby (hi 21 novembre iliâ; i Comm. iG). Los solutions de Frcnicle sont dans sa Lettre à Digby (Com/ii. Si) que Bronnckcr reçut le j avril i658. XCl. - 7 AVRIL 1G58. 375 suis ravi, aussi bien que vous, de l'abondance et fertilité de son esprit et de la grande facilité qu'il s'est acquise en ces matières. Je m'étois contenté de donner deux solutions en nombres premiers entre eux, et avois seulement indiqué qu'on pouvoit, par ma méthode, étendre la question à trois, quatre, cinq et plusieurs nombres de même nature. Mais, puisque Monsieur Frenicle m'a si avantageusement préoccupé, je n'ajoute plus rien à son travail, et je consens que ma petite et maigre solution demeure en vos mains. 2. Après avoir reçu la lettre de Monsieur Wallisius ('), je suis tou- jours surpris de quoi il méprise constamment tout ce qu'il ne sait pas. Les questions en nombres entiers ne sont point de son goût. Il s'ima- gine que je ne sais point les centres de gravité des hyperboles infi- nies, et il semble promettre sur la fin la quadrature de l'hyperbobs c'est-à-dire de celle d'Apollonius : car, pour toutes les autres, ni lui ni moi ne l'ignorons pas. Je lui réponds succinctement : 3. Premièrement à ce qu'il dit que je fais grand cas des proposi- tions négatives, comme qu'il n'y a que le seul quarré 25 qui, ajouté à 2, fasse un cube en nombres entiers; et encore qu'il n'y a que les deux quarrés 4 et 121 qui, ajoutés à 4. fassent des cubes, aussi en entiers ('-). H dit que ce sont des propositions ordinaires et nequc majus qiiid atit grandius insinuant quam si dicerein cubicidmm nulhim in integris esse t^el etiam quadratum qui, numéro G^juncUis, e/f/icial qua- dratum, .... vel etiarn nulles in integris eubos esse qui ab invicem distenl numéro vicenario nec, prœter 8 et 27, qui distenl numéro 19, etc. ; . . . , cujusmodi innumeras delerminationes negativas inpromptu esset comnd- nisci. Je réponds que je ne fais point cas de toute sorte de propositions négatives; par exemple, celles qu'il rapporte et infinies de telle nature ne sont que des amusements d'un arithméticien de trois jours, et leur (') Lellre 16 du Coinmercium cputolicuin. {f'oir la noie qui précède.) (2) fWr Lettre LXXXIV, 5. 376 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. raison est d'alionl roiimic cliaiii lip/nx cl to/isoriln/s (' ). De sorte que d'en inforer de là qu'il faut faire peu de compte de toutes sortes de propositions négatives, voyez. Monsieur, quelle logique! Mais je ne veux point d'autre preuve que celles (|ue je vous ai proposées sont du haut étage et dignes d'être rcchercliécs, c'est que ni lui, (]ui s'estime tant, ne les a pas encore démontrées, ni Monsieur Freniclc même, que je mets au-dessus de lui, sans lui faire tort; et ce dernier, qui connoit merveilleusement les mystères les plus cachés des nombres, ne les a pas méprisées. 4. Mais, parce que les nombres entiers ne plaisent pas à Mon- sieur Wallisius, en voici une autre, à laquelle il pourra s'occuper et en laquelle je n'exclus point les fractions (-) : // n'y a aucun triangle rectangle en //ombres dont l'aire soit qiiarrèe. 5. Kt, pour lui faire voir que le défaut de connoissance de celte sorte de questions lui fera quelquefois concevoir plus grande opi- nion de ses forces qu'il n'en doit raisonnablement avoir, il dit qu'il ne doute point que le Mylord Brouncker ne résolve les deux ques- tions (') : Dalum numcrum cubum in duos cubos rationales dividere. et Dalum numerurn ex duobus cubis compositum in duos alios cubos ratio- nales dividerc ; ji> lui réponds qu'il pourra, par aventure, ne se mécompter pas (Ml la seconde, quoiqu'elle soit assez difficile, mais que, pour la première, c'est une de mes propositions négatives que ni lui ni le Seigneur Brouncker ne démontreront peut-être pas si aisément. Car je soutiens qu il n y a aucun cube en nombres qui puisse être dwisc en deux cubes ralionaux. (') Horace, Sol. I, vi, 3. (') Problcnio impossible. — Observation XLV sur Diopluinlo. (3) Voir Lettre LXXXIV, 4 et 8. — Observations II cl IX sur Diopiiante. XCI. - 7 AVRIL 1638. 377 Pour la seconde question, elle n'est pas d'une extrême ditriculté et, pour lui témoigner que je veux même la lui proposer en cas des plus aisés en prenant un petit nombre, je me contente que lui ou Mylord Brouncker divisent le nombre 9, qui est composé des deux cubes 8 et I, en deux autres cubes rationaux. S'il rejette cette proposition, qui n'est pas des plus difficiles, je n'oserai plus leur en proposer ni en entiers ni en fractions. 6. Pour son canon ad inveniendos quadralos qui, ducti in datum numerum non quadratum, adscita unilate, conficiant quadratum, je ne sais pas pourquoi il doute que cette invention nous paroisse malaisée, puisqu'il n'est point d'algébriste novice qui ne trouve sa règle d'a- bord. Mais ma question en entiers est si fort au dessus de ces petites règles de trivio, que M. Frenicle l'a jugée digne de l'occuper, et c'est tout dire. Il a si exactement répondu à tout le reste qui regarde les questions numériques que j'aurois tort d'ajouter quelque chose du mien à ses réponses ( ' ). 7- Pour ce qui regarde les centres de gravité des hyperboles infi- nies et la règle pour distinguer celles qui en ont de celles qui n'en ont pas < je répondrai > que je l'avois résolu pleinement et envoyé tant à Torricelli qu'aux géomètres de Paris dix ans avant l'impression du livre Arilhmelica infinilorum (-). S'il ne m'en veut pas croire, les Roberval et les Pascal, qui ont toutes mes propositions sur ce sujet depuis plusieurs années, le pourront désabuser. 8. La promesse qu'il fait sur la quadrature de l'hyperbole s'exécu- tera sans doute comme celle du cercle : la voie qu'il tient en se ser- vant de certaines progressions, inter quorum terminas inlerpolationem quœrit. est de ces méthodes qui aboutissent à trouver une chose aussi difficile que celle qu'on a pour but de chercher. Obscurutn autem (') Digby avait tout d'abord communiqué à Frenicle la lettre de VVallis du -n no- vembre 1657 et Frenicle avait rédigé en réponse une épitre latine à Digby, datée du 3 février i658 (Comm. ep.. 22). (-) t'oir Leilre LXXXII, 2. I'liimat. — II. f\o 378 (Kl'VHES DE FERMAT. CORRESPONDANCE. explicare per obsciirius. matœotechnia est, commo a trôs bien dit noire Vièto('V .Mais piiiir lui faire voir «nie je ne niancfue pas de théorèmes efïec- tifs et fri's Imnuix en la véritable hyperbole d'Apollonius, voici un pro- blème dont je puis donner la construction. Soit {pg. 88) l'hyperbole d'Apollonius ABC, ses asymptotes JVJNO; soient tirées les deux parallèles à NO, les droites JMA, HB. Je propose la tigure AMHB contenue sous l'hyperbole et sous les droites AM, IMH, IIB. Il la faut diviser < par > une parallèle aux bases comme QR, en sorte que le segment RQHB soit au restant AMQR en raison donnée. FiR. 8S. Ce problème sera construit par moi bien plus tôt que 31. Wallisius ne donnera la quadrature de l'hyperbole d'Apollonius. En voilà de reste j)our ce coup. Ce n'est pas pour faire un démêlé formel avec M. Wallisius, mais c'est seulement pour me justifier à vous, consentant que vous ne lui envoyiez que ce qu'il vous plaira du contenu en cette lettre. Je ne réponds pas aux dernières réponses, parce que ce n'est pas moi qui lui avois fait les objections auxquelles il répond. Je suis, Alonsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur, Fi:r,MAT. A Toulouse, lo 7 avril i6')8. (') VllJTK, Ad Adriani Roiitiini prolilcina rcsponxiini, (jap. \. Leyde, iG.îl). p. 309. — Le rrml (mlein a été ajoiiU' par Fermai. — Édition EIzovir: XCII. - 15 MAI 1658. 379 XCII. DIGBY A FERMAT. MERCREDI 15 MAI 1658. ( l'a. p. igS-aoo.) Ili.»'" Su;. Paduon col"'", Avrei tcmuto d'infastidire troppo V. S. Illustrissima con nuova let- tera, se la sua ultima delli 4 fit'' forrciite non m'avesse recata cagione (quantunque in soggetto di poco rilicvo) di rcndcrle qualche picciola servitù o più presto osscquio e conformità alli suoi commandi; avendo imparato dal savio clie, corne c'è tempo di parlare, vi lo è anche del siienzio; e dallo spiritoso Poëta Tosco ('), che 11 silciilio aiicor suole Havor prioglii c |i;irolr. Ma Ici avcndomi fatto ronoi-e d'ordinarmi di mandarle un de' miei libri délia Physica in Inglese (-), non l'ho voluto lasciar andare senza accompagnamento di queste poche righe, pcr ringraziarla délia sua tanta compiaccnza in dire che ha intento di trascorrerlo, per avvez- zarsi cosi alla nostra rozza favella; rozza in quant'al suono cd ingrata air orecchia non avvezza ad essa, ma forse, quanto alla copia, pro- prietà, ed energia dell' espressioni, ed ail' eleganza e politezza in ogni altro génère, che non cède punto aile più eleganti e stimate, ne délie volgari, ne delle dotte, che ahhino mai avulo prattica nel mondo, e che nelle poésie che abhiamo, non solo va del pari, ma avvanza di gran lunga li migliori o Toscaiii, o Latini, o Greci; eccettuando perô neir Eroica Omero e Virgilio, i quali dui, senza contraste, son fiiori (M .Nous n'avons pu retrouver l'auteur de ces beaux vers. ('-) Il s'agit sans doute du premier des Two treniises cités ci-dessus, page 340, note I. Digby parle plus loin d'une traduction (latine'/) de ce Livre, faite à Paris, mais elle ne parait pas avoir été imprimée. Élait-ello entre les mains de Fermât, ([ui ne savait pas l'anglais? 380 ŒUVRES HE FERMAT.- CORRESPONDANCE. d'ogni ooniparazionc cou tutti do i sccoli dopo loro, v poro prudcnte- iiKMito tVco quoi Grammatioo ardito Giulio Scaligero (che maggior epi- toto non gli posso concodor io, qiiantunque i pcdanti modcrni gl'affîg- ghino il titolo invidioso di divino Critico), cho in voce di far consura dcll' nllimo e forsc il minore di cssi, gl' orosse un altaro. Ondo vora- nionto allo v(dlo lamcnto la sorte che oi ha lalti Pcniliis tolo divisos orbo Bi-itannos ( '), poi cho abbiamo parecchie composizioni poetiche le quali moritareb- hono la lucc cd il godimento universalc, e per le quali capirc, ho conosciuto quattro persone di spiriti sublimi ed ingcgnosissimi (dui Francesi, e dui Italiani), che per aver visto délie grossière interpre- tazioni in prosa di certi carmi Inglesi, si sono applicati con forvore a studiare nostra lingua, por bever alla schietta fonte dellc nostre acque, le quali hanno poi confcssato avergli più sedato la loro sete in simile matcria, che qualsivoglia abondante fiume di altra regio.ne in terra ferma. Per conformarmi dunquc al voler di V. S. I., ho messo in mano del mossaggiero di Tolosa lunedî passato un involto contenendo il mio detlo libro, dcl qualc voramente non ne aveva più copia ap- presso di me, avcndo per ciô scritto in Inghilterra, dove h stato ris- tampato questo trattato tre o quattro volto in ambedue le Università di Oxonio e Gantabrigia; e poi che loi si vuole penaro di dar un' occhiata a questo mio componimento, mi rallegro molto che cio sia nella lingua ne.lla quale io l'ho conceputo, per essor che quantunque il traduttore sia stalo uomo dottissimo, e la sua Iraduzione essami- nata per tutto il Collegio dei Dotlori Inglesi di questa Città, tutti valenti Teologi i quali la fecero fiare per servir allo studio di tutti i loro scminarii, nientedimeno egli è cosa certa, che ci è gran differonza tra l'original ed il Iranscritto, in quanto al vigor dcU'espressione, o credo che dopo aver vissuto sempre in nostra corte polita, e conver- sato continuamente co'l liacone, il Seldeno e altri maggiori lumi dolla ( ' ) VinciMi Eclo)^. f, V. Ciy. XCII. - 15 MAI 1038. 381 nostra Patria, non si stimarebbe vanità in me s'io mi attribuissi lo scriver correttamente in Inglese. E ijuando io feci il primo discgno di questo discorso, godevo di tranquillità assai per spiegar con mag- gior chiarezza cio che voleva dire, essendo che Io fcci ncllo spazio di quelli quasi dui anni ch'io fui continuamente su'l mare : durante il quale è ben vero che quasi ogni giorno ebbi occasione di prepararmi a combattere con la mia flotta (essendo nel mar Meditcrraneo circon- data dalle forze Francesi e Spagnuole ('), con chi avevamo allora guerra, e anche dalle Vineziane), nientedimeno mi avvanzava tanto tempo, che se non fosse stato che per evitar il tedio (ancorchè il comando del Re fu il mio primo motivo), mi accingevo ogni giorno con premura a metter qualche cosa in carta, di modo che posso con ragione dire corne quel più dotto e gentil cavagliero di tutta la nazion Castigliana e prencipe de' loro Poeti, Garcilasso de la Vega (-) : Entre las armas del sangrienlo Marte Hiirtè del tiempo esta brève suma, Tomando hora la spada, hora la pluma. 31a poi che lei si degna voler vcder de i meschini parti del mio sté- rile ingegno, ho volsuto farle parte ancora d'un altro trattaticiuolo che ho composte intorno alT infallibilità délia Religione Catolica, per dar soddisfazione a un' de' maggiori genii cli' io abbia mai conosciuto, e che tinalmente l'ha convinto ('). Perche lui non si contentava di con- siderarlddio come un Legislatore, chevolesse dimostrareil suo potere con dar premii o pêne seconde una volontà imperiosa, senza motivo ragionevole fondato in natura, c perô bisogno penctrar nella Filosofia ( ') Les croisières de Digby dans la Méditerranée avec deux bâtiments armés en course remontaient à 1628. (-) Ces vers se trouvent dans l'Églogue III. Digby supprime entre le premier et le second le vers suivant : 1)0 opciias liay quicii su furor cutitra^io (Obrn.1 de Garcilaso de Ui rega iUustradas cou notât. En Madrid, MDCC LXXXVIII. P- 97-98)- (3) 11 A Discourse concerning Infallihilily in Religion, written by sirKenelme Digby to Ihe Lord George Digby, eldest sonne of tlie Earle of Bristol ». l'aris, i652, in- 12. .?82 (KUVRES DE FERMAT. - COKHESPONDANCE. (It'lla Uoligionc. o porchi' ossa sia nocossaria a gl" uoniini. lu iiiia parola, hisognù oomhattore iii lui liiKc le maggioi'i l'orzc de" j)iii dotti Sociniani {là piîi tcrribil' soda d'Krotici clic sia mai sta(a). iicl chc l'arc ho (|iii iinpiogalo tutto'l vigorc dcl luii) dcbholc iiigcgno in ima strada non calcata d'altri, c (utio le pin s(|uisilc csprcssioiii chc so délia lingua nostra, c non no feci stamparc se non 3o copier pcr dar ad amici contidcnli. Gli mando ancora un altro traUato Inglcsc, clic ha fatto gran ronioro in Inghiltorra c cho inolti vogliono attribniic a me, ancor che sia sotto il nome del Signor Bianchi (conosciuto sotto titolo di Thomas Anglus), per osser che i scntinienti dcH'Aiilor c li niiei siano precisamente gl'istessi ('). Dimando pcrdono dc'l min lanto im|)ortnnarla, c la rivcrisco, cic. XCIII. CLERSELIER A FERMAT (-). MERCIIEDI 15 MAI l(jo8. I 11., lit, 'lô: lîiljl. Xat. fr. .'iaSo, n. ace)., I"' !^3-ôo:) MOXSIF.UR, 1. .le ne veux pas m'arrèter beaucoup à vous faire des excuses d'avoir tant tardé à faire réponse aux deux vôtres, l'une du S"" et l'autre du lo'' mars dernier, pource que je me persuade que vous croirez aisément qu'il m'a fallu des obstacles invincibles pour m'em- pêcher de satisfaire à temps à des témoignages si obligeans de votre suffisance et de vofre civilité. En effet, une maladie (|ui m"a détenu dans le lit presque tout ce temps-là, et qui m'a otc le moyen de pou- ( ' ) Thomas \A'hite, en dehors de ses ouvraj^cs latins, piililiés sous le nom de Thoinas Miifflus. A composé un grand nombre de Traites en anjjlals. Digby désignait peut-être celui (|ui parut à Londres en i6i5. sous le litre : Tlir CroiiiitU nf Obédience niul Co- vernmeiil . (2) Réponse à la Leilre \(', his. XCIII. - 15 MAI 1658. 383 voir occuper mon esprit à des considérations si relevées, est la véri- table cause qui m'a empêché de vous témoigner plus tôt ma recon- noissance. Mais tout cela seroit peu, si je pouvois aujourd'hui répondre à tous les doutes de votre sceptique, et satisfaire pleinement aux didicultés (fue vous proposez dans votre dernière; car, comme elles ne dépen- dent point du temps, la réponse n'en seroit de rien moins meilleure et convaincante, pour n'être pas venue à temps. Néanmoins, pourvu que c(î soit à vous. Monsieur, que j'aie alTaire, et non point à votre scep- tique, dont l'humeur seroit trop difficile à contenter, je me promets de pouvoir éclaircir la plupart do ses doutes, et de faire voir, si je ne me trompe, si clairement en quoi il s'est mépris dans ses raisonne- mens, que, vous prenant vous-même pour l'arbitre de nos différens et pour le juge de nos conclusions, j'espère que vous reconnoitrez la subtilité des siennes et la vérité des miennes, c'est-à-dire de celles de .AI. Descartes. 2. Premièrement, je ne vois point que le raisonnement que fait 31. Descartes, à l'occasion de sa ligure (') de la page 17 de sa Diop- trique, soit aucunement opposé an sens commun, ni que l'extension qu'il en fait de la réflexion à la réfraction soit forcée. (]ar la même raison qui lui a fait conclure en la page i > que la terre CBE (-) ne pouvoit empêcher que la détermination de haut en bas, et non point celle de gauche à droite, pource qu'elle est entièrement opposée à la première et point du tout à la seconde, la même lui a dû faire con- clure, dans la figure de la page 17 ou 18, que la détermination de haut en bas pouvoit bien être changée en quelque façon par la rencontre de la toile ou de l'eau, mais point du tout celle qui Tait tendre la balle vers la main droite, à cause que l'eau ou la toile est en quelque façon opposée à l'une et point à l'autre. Je vous prie de remarquer ici la façon de parler de M. Descartes (car ( ' ) Foir fi^. JG, païï;c '569. (-) yoir lig;. 33, page 370. 38V ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. c'est lie là {|Uo dcpoml on partie la solution de tous les doutes de votre sceptique) : il ne dit pas simplement que la détermination de haut en bas peut être changée |)ar la rencontre de la toile, mais seulement (|u"elle peut être changée en quelque façon ('). Car en effet elle n'est pas tout-à-fait changée, puisque la balle con- tinue de descendre, mais elle est changée en ((uelqiie façon, en tant que c'est changer en quelque façon la détermination qu'un mobile avoit à avancer vers un certain côté, que de faire que dans le même temps il n'avance pas tant vers ce côté-lii qu'il faisoit auparavant : ce qui change la quantité de sa détermination. 3. De plus, les trois circonstances que remarque votre sceptique, pour l'empêcher d'admettre cette conséquence, ne la peuvent aucu- nement infirmer. Car, que la vitesse soit diminuée, que le milieu soit changé, et que la détermination de haut en bas ne soit pas tout-à-fait empêchée, mais que la balle continue de descendre, tout cela ne doit point apporter de changement à la détermination de gauche à droite, à laquelle pas une de ces circonstances ne s'oppose et ne met obstacle, puisque cette détermination peut demeurer la mênu^ quoique la vi- tesse soit changée, une même détermination pouvant être jointe à dif- férentes vitesses. Le milieu ne peut aussi apporter aucun changement à cette déter- mination, puisqu'il lui est également facile de s'ouvrir et faire pas- sage d'un côté que d'un autre dans le milieu qu'elle parcourt. Et bien que la balle continue de descendre et qu'elle ne remonte pas comme en la réflexion, cette détermination vers la main droite se peut aussi bien faire et maintenir en descendant qu'en remontant. .lusques ici votre sceptique auroit, ce me semble, tort de ne vou- loir pas accorder que la détermination de gauche à droite demeure la même en la réfraction, après en être demeuré d'accord sans difficulté en la réflexion. Et il ne doit point appréhender qu'on le chicane sur l'explication de ce terme, et qu'on l'oljlige à rien avouer ([u'on ne ( ' ) Fnir le lo\le do Descartes, page 369. \C111. - 15 MAI 1C58. 385 prouve et qui uc soit tiré, par uue conséqueuce légitime, de ce qu'on a avancé auparavant, M. Dcscarfes ayant trop soigneusement fait remarquer la différence qu'il y a entre la détermination et le mou- vement, ou, comme vous dites, la puissance qui meut, pour s'en oublier. 4. Mais voici le point qui effarouche votre sceptique, et qui lui fait perdre ce peu de respect qu'il sembloit encore porter au nom de M. Descartes. C'est à ce coup qu'il dit n'entendre plus raillerie, et que, s'il a consenti de bonne foi que la détermination vers la droite ne changeoit pas, il proteste qu'il n'est point engagé à consentir que la balle, changeant de milieu, fasse toujours un égal progrès et, comme il dit un peu auparavant, aille aussi vite vers la droite, après qu'il a été supposé que la balle au [)oint B perd la moitié de sa vitesse, et que M. Descartes a si solennellement assuré que la détermination et la force mouvante sont tout-à-fait différentes et distinctes. Mais ne voyez- vous pas que ce qui empêche votre sceptique de donner les mains à cela est qu'il ne distingue pas assez lui-même la détermination d'avec la force mouvante ou la vitesse, et qu'il les confond ensemble, croyant que la division ou la perte que l'une souffre, à savoir la vitesse, se doive ressentir par l'autre, à savoir par la détermination vers la main droite, quoique rien ne se soit opposé qui ait pu changer ou diminuer la quantité de la détermina- tion que la balle avoit à avancer vers ce côté-là? (^ar, s'il avoit bien pris garde à ce que dit M. Descartes, il n'auroit pas de peine à com- prendre que, la vitesse étant diminuée de moitié [au point B], la détermination de gauche à droite demeurant toujours la même [en ce point-là] qu'elle a été [auparavant], il est nécessaire, pour accorder cette vitesse à cette détermination, que la balle suive la ligne BI. Et quoique, dans la route qu'elle prend, en des temps égaux, elle fasse autant de chemin ou (ju'elle avance autant vers la droite qu'elle faisoit auparavant, et qu'ainsi elle conserve toujours la même déter- mination qu'elle avoit à avancer vers [ce côté] là, il ne s'ensuit pas Fermât. — II. 49 :5S(; Œ V V R ES 1) i: !• E R M AT. - C () F» R E S l> () N I) A N C E. (lu't'llc aillr aussi vite qirolli' l'aisoil au|)aravant {cv que vntrc scep- liqiie soniblo avoir toujours approhoudé qu'on lui voulût faire ac- conlor), puisque M. Descartes avoue lui-niènie (|u'il lui faut le double (le temps pour l'aire autant de chemin qu'auparavant. Mais comme, dans la route qu'elle est obligée de prendri', (die incline plus (|u'(dle ne taisoit vers la droite, elle ne laisse pas d'avancer autant vers ce côté-là, quoiqu'elle aille deux fois moins vite. Et c'est à mon avis ce qui fait la beauté et la force tout ensemble du raisonnement de M. Descartes, de faire voir quelle doit être dans cette rencontre la route véritable que doit prendre la balle, qui ne peut être autre que celle qu'il a expliquée en ce lieu-là, pour se rapporter à la détermination vers la droite qu'elle doit garder, et à la perte de la vitesse qu'elle a soufferte en B. 5. .Mais ce qui le plus a abusé votre sceptique est un raisonnement très spécieux à la vérité, et très capable de surprendre les autres et de faire qu'on y soit surpris soi-même, si l'on n'y prend garde, mais qui pourtant est faux et contre l'intention de M. Descartes. Ce raisonne- ment est que, comme M. Descartes sur la figure de la page 17 dit que, la détermination vers le côté droit étant la même, quoique le mouve- ment de la balle soit diminué de moitié au point B, en deux fois autant de temps elle doit avancer deux fois autant vers la droite ('), donc a pari, dit votre sceptique, posé que la balle soit poussée perpendicu- lairement depuis H jusques à B et qu'elle continue son mouvement vers BG, la détermination de la balle sur la route BG n'étant point changée au point B et demeurant la même, puisque le mouvement perpendiculaire se continue dans la même ligne HBG, en deux fois autant de temps elle doit avancer deux fois autant, et aussi vite au dessous de B qu'elle avoit fait auparavant au dessus : ce qui est absurde, puisque l'on suppose que la balle au point B a perdu la moitié de sa vitesse. Véritablement, si la conséquence qu'il infère étoit bicm tirée de ce (' ) Foir le texte de Dcseartes, page 372. XCIII. - la MAI 1638. 387 qu'a avancé M. Descartes, je conclurois comme lui que M. Descartes se seroit trompé dans son raisonnement, duquel il s'ensuivroit une telle absurdité. Mais aussi M. Descartes dit tout autre chose que ce que votre scep- tique lui veut faire dire : car, quand il a dit que la détermination qu'avoit la balle à avancer vers le côté droit demeuroil la même, et qu(> par conséquent en deux fois autant de temps elle devoit faire deux fois autant de chemin vers ce côté-là, il a conclu cela de ce que, bien qu'on suppose que la balle au point B perde la moitié de sa vitesse, néanmoins elle ne perd rien du tout de la quantité de la détermination qu'elle avoit à s'avancer vers le côté droit, à laquelle la toile n'est aucunement opposée en ce sens-là, et à laquelle se doit et se peut accommoder la vitesse qui reste en la balle (car autrement la balle rejailliroit au lieu de pénétrer la toile), pour faire en sorte que sans déroger à la perte qu'elle a soufferte et qu'allant moins vite, elle ne laisse pas d'avancer autant vers le côté droit qu'elle eût fait si elle n'eût rien perdu de sa vitesse. Mais peut-on dire la même chose de la détermination d'une balle que l'on suppose tomber perpendiculairement sur la même toile, à sa- voir que la superficie sur laquelle elle tombe ne lui est aucunement opposée en ce sens-là, et qu'en perdant la moitié de sa vitesse, elle ne perd rien du tout de la quantité de la détermination qu'elle avoit à s'avancer vers le coté où elle visoit, et (|ue la vitesse qui lui reste se doit et se peut accommoder avec cette détermination, pour la faire avancer en un temps égal sur la même route autant qu'elle eût fait si elle n'eût rien perdu de sa vitesse? Certainement personne ne dira que ce cas soit semblable au premier, et par conséquent la conclusion n'en peut être pareille. 6. Aussi tout le défaut [du raisonnement] de votre sceptique ne vient que de ce qu'il n'a pas pris garde que la même superficie CBE, en laquelle la balle au point B perd la moitié de sa vitesse, est aussi en même temps opposée à la détermination de haut en bas, soit qu'elle 388 (KIN in:S 1)K FKK.MAT. -^ CO l{ I5ES PON I) A NCE. soit piM'poiuliciilairo ou non. lin sorte (|ue, quoique la balle continue «le descendre et même qu'elle descende dans la même ligne quand elle a été poussée perpendiculairement, on ne sauroit pas dire que eette détermination vei's le bas soit la même, mais elle est changée en (|U('l(|ne (acon , ainsi que dit .M. Descartcs. Car la halle ne descend plus avee la même (luantité de détermination, puis(|ue dans un temps égal elle ne va pas si loin ([u'elle éloit déterminée d'aller avaut qu'elle eut perdu la moitié de sa vitesse, ce qui est un changement en la détermination qu'elle avoit ;» avancer vers ce coté-là. Kt si vous y prenez garde, tous les changemens de détermination que M. Descartes a dit s'ensuivre en la halle du changement de sa vitesse ou de la force qui la pousse ou qui l'arrête en B (selon les dif- férentes suppositions qu'il fait), ont tous été en la détermination de haut en bas, et non point en celle de gauche à droite, à cause, comme il dit en la page 17, ligne i3 ('), que des deux parties dont on peut imaginer que la détermination de la halle sur la route AB est com- posée, il n'y a que celle qui faisoit tendre la halle de haut en bas qui puisse être changée en quelque façon par la rencontre de la toile. Mais, à plus forte raison, cette toile peut-elle faire changer la déter- mination perpendiculaire à laquelle clic est entièrement opposée, qui est simple et qu'on ne peut pas dire être composée de deux, à l'une desquelles elle ne soit point du tout opposée, ainsi (|u'elle ne l'est point à celle de gauche à droite, quand la balle est poussée de biais suivant la ligne AB. Or, (|ucl changement peut-il arriver en cette détermination de haut en bas, que celui qu'a expliqué M. Descartes? à savoir que cette balle, en continuant de descendre, avance tantôt plus et tantôt moins vers le bas qu'elle ne faisoit, selon le changement, c'est h dire l'augmentation ou la diminution que sa vitesse a reçue en B, et selon le rapport que cette vitesse a eu avec la détermination vers le côté droit, qui a dû toujours demeurer la même, comme j'ai dit plusieurs fois, c'est ;i dire ^') Foir le texte de Dcsearte*. page :JCy. XCIII. - 15 M\l 1638. 389 qui a dû faire qiio la balle ait toujours aulant avancé do ce côté-iii qu'elle avoit fait auparavant. Et partant, tant s'en faut que l'absurdité qu'avoit voulu inférer votre sceptique suive bien de ce qu'a dit M. Descaries, qu'au con- traire il se trouve que c'est lui-même qui, au lieu d'un bon argument, s'est embarrassé dans un sophisme, eu supposant que la détermina- tion de la balle dans une chute perpendiculaire étoit la même, au même sens que celle de gauche à droite est dite être la mémo quand la balle tombe obliquement. 1- Que^i, après cela, vous prenez la peine d'examiner la réponse que M. Descartes a fait lui-même au reste des difficultés que votre sceptique lui a autrefois proposées par l'enfremise du Révérend Père Mersenne, et auxquelles il satisfit alors par une lettre qu'il adressa à M. Mydorge ('), dont je vous ai naguère envoyé la copie, vous trou- verez que ce qu'il dit est véritable, à savoir que votre sceptique s'est trompé, pour avoir parlé de la composition du mouvement en deux divers sens, et inféré de l'un ce qu'il avoil seulement prouvé de l'autre. .le ne répète point ici ce qu'il en a dit; car, outre qu'il seroit inu- tile, comme j'en étois là, un de mes amis, appelé M. Rohaulf, savant mathématicien et des mieux versés que je connoisse en la philosophie de M. Descartes, m'est venu apporter une réponse qu'il a faite à votre lettre au Père Mersenne (-), pensant que M. Descartes n'y avoit point répondu (car je ne lui avois point montré cette lettre à M. Mydorge), et que vous n'eussiez reçu de lui aucune réponse, voyant que dans la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, laquelle je lui avois fait voir, vous conlinuez vos premières difficultés, et que dans celle ii M. de la Chambre vous dites avoir autrefois contesté à M. Descartes sa démonstration touchant la réfraction, à lui, dites vous, vii>en/i a/c/iie senlienti, mais qu'il ne vous satisfit jamais (' ). (I) Foir la note de la page x-?.'). Ç') LelU'e XXIV. — CeUe réponse de Roliault est la Pièce XCIV ci-après. (») foir ci-dessus page 3'i5-)56. 390 (lUVUES DE FERMAT. - CORUESPOND ANCE. Kl poiircc qu'il onlond hcaucoiip iiiioux que moi loutcs ces ma- litTos. (>t qu'il a roponihi artirlc par article à tous ceux do votre dito ItMtrc. je m'abstioudrai de vous ennuyer davantage par mon discours, atin de vous laisser plus de temps pour examiner la réponse qu'il a faite il voire lettre. S'il me l'eût apportée plus tôt, il nous auroil Ions deux soulagés : moi, d'écrire d'un sujet qui passe mes forces, et vous, de lire une si mauvaise lettre. Mais, comme c'en étoit déjà fait, je n'ai pas voulu perdre ma peine et j'ai pensé qu'il valoit mieux vous fati- guer de celle lecture, et vous donner par même moyen des preuves du soin où je m'étois mis de m'acquitler de ce que je vous devois, que de vous laisser venir la pensée que je m'en serois peut-être oublié, et que j'aurois été bien aise ([u'un autre m'en eut déchargé. Au reste. Monsieur, je vous prie d'excuser ce qui peut m'étre échappé de libre en répondant à votre sceptique. J'aurois agi avec tout autre respect si mon discours se fût adressé à vous; mais, bien loin de craindre que pour cela vous me refusiez justice, je prends même l'assurance de vous demander quelque grâce. Il y a des ren- contres où un peu de faveur n'offense point l'équité et, si dans celle-ci vous vous mettez de mon parti, je puis vous assurer qu'en toute autre je serai entièrement à vous, et que vous pourrez faire état d'avoir toujours prêt en moi. Monsieur, Un très humble et très obéissant serviteur, Clerselieh. Paris, ce i '> mai i<)').S. XCIV. - 15 MAI 1638. 391 XCIV. RÉFLEXIONS OU PROJET DE REPONSE A LA LETTRE DE M. DE FERMAT QUI CONTIENT SES ODJECTIOXS SUR L.V DIOPTRIQUE DE M. DESCARTES, PAR M. ROHAULT. 13 MAI 1658. (D., III, 4(5; BiU. iiat. fr. :V2S0, n. acq., r<" Si-ôfi.) Je ne sais si le Père Merseiine, à qui cette lettre (') étoit adressée, l'a communiquée à M. Descartes, ou si, l'ayant reçue, ses occupations l'ont empêché d'y faire réponse. Toutefois il paroit n'y avoir point répondu, parce que M. de Fermât, qui l'avoit écrite il y a environ vingt ans, répète encore à peu près les mêmes difficultés dans une lettre qu'il a écrite depuis peu à un de mes amis de cette ville (-). Je m'en vais essayer de suppléer quelques réponses tirées de l'intention de M. Descartes, et pour le faire plus commodément, je ne me propo- serai aucun ordre que celui qui est dans les articles ou sections de la lettre que j'examinerai séparément. AuT. 1"'- — Le premier article ne contient qu'un compliment dont l'humeur civile de M. de Fermât honoroit M. Descartes, et dont sa mémoire lui est encore redevable. Art. 2''. Je tranche, etc. — Quoique M. Descartes accommode son médium à sa conclusion, et qu'il divise son mouvement en certaines déterminations plutôt qu'en d'autres, on ne le doit non plus trouver étrange que si un géomètre se sert d'une construction plutôt que d'une autre pour l'exécution d'un problème; et l'on ne conteste jamais la voie qu'il choisit, pourvu qu'il vienne à bout de ce qu'il entreprend. (') La Lettre XXIV ci-avant : les articles distingués par Rohaiilt sont identiques avec ceux du numérotage de notre édition. (-) La Lettre XC bis à Clerselier. 392 ŒUVHKS DE KEIIMAT. COH H ESPON 1) ANCE. Au rosto, JM. Desoai'tos a dû diviser son luouvcinont en une dclcr- niination purpondiculairc à la surface devers laquelle il éloit mu et eu une détermination parallèle à la même surrae(>, parce que, celh' dernière ne reneonlraiil aucune opposition, il étoit assuré qu'elle dcvoit (lenu'urer la même; ce (jui lui éloit un moyen de conclure une vérité plus aisément qu'il n'eût pu faire en suivant une autre méthode. AuT. 3'. Je reconnais, etc. — AI. de ?\'rmat semble favoriser 31. Des- eartes, en avouant qu'il est de sou sentiment touchant la dilTércncc (]u'il établit entre le mouvement et la détermination, et tâchant même de le prouver. (Cependant il semble aussi qu'il y ait de l'adresse, pource qu'il impute à iM. Descartes une opinion (|u'il désavoueroit, à dessein, comme on pourroit croire, de s'en servir dans la suite. C'est dans le second exemple, où il assure ([u'unc balle, poussée du point H au point B perpendiculairement sur la surface CBK, no |)erd pas de sa détermination, à cause, dit-il, qu'en pénétrant l'eau ou la (oilc. l'Ile continue à se mouvoir dans la même ligne droite. .Aiais il doit considérer que la détermination d'un mobile doit être réputée changer, non seulement quand il quitte la ligue dans laquelle il s(^ mouvoit auparavant, ou quand il se meut à contre-sens dans la même ligne, mais encore en se mouvant du même sens dans la même liLjne droite, pourvu que ce soit [plus ou] moins loin qu'il n'étoit dé- Icrminê d'aller en ce sens-là. Et c'est en cette troisième façon que la quantité de la détermination de la balle est devenue moindre, autant (|uc le mouvement : aussi la surface CBE étoit autant opposée à la première que la liaison des parties l'étoit à l'autre : c'est pourquoi il faut réputer comme nul cet exemple qui n'étoit que pour prouver une vérité que les deux parties ne contestent point. Je ne daignerois d'observer que M. de Fermai appelle force ou puis- sauce mouvante ce que M. Descartes appelle le mouvement, parce qu'il ne paroit pas dans la suite de la lettre que cette diflërence soit d'au- cune conséquence. \kï. 4'. Je rei'iens maintenant, etc. — Cet article ne contient que quelques paroles de M. Descartes. XCIV. - 15 MAI 1658. 393 Art. 5''. Je remarque d' abord, etc. — Le manque de mémoire qui est ici imputé à M. Descartes, est fondé sur la croyance que M. de Fermât a, que la détermination de haut en bas [de l'exemple] de la page 17 de la Dioptrique n'est point changée, qui est une erreur semblable à celle qui a été désavouée dans la remarque sur l'article 3^ Et il ne sert de rien, pour prouver sa pensée, de dire que la détermination dans la ligne BI est composée en partie de celle qui fait aller le mobile de haut en bas, comme | étoitj celle qui le faisoit auparavant mouvoir vers le même côté dans la ligne AB. Il y a [en cela] de l'équivoque, et encore qu'on remarque toujours une détermination de haut en bas, la seconde est autre que la première, de même que dix écus sont une autre (juantité d'écus que quinze écus, encore que ce soit toujours des écus. AuT. B". Mais donnons que, etc. — Après que M. de Fermât accorde, comme par forme de passe-droit, une chose qui est de devoir, il s'ef- force de prouver que M. Descartes ne s'est pas aperçu que la détermi- nation de gauche à droite étoit aussi changée; ce qui véritablement infirmerait sa démonstration. La raison, dit-il, est qu'on ne sauroit dire que la détermination de haut en bas soit changée, sinon parce que, depuis que le mobile se meut dans la ligne BL sa quantité n'a plus la même raison avec celle de gauche li droite, qu'elle avoit quand il étoit porté dans la ligne AB. Je ne sais si M. de Fermât parle ici tout de bon, d'autant (ju'il rai- sonne comme une personne qui, après avoir porté quinze écus dans l'une de ses pochettes et trente dans l'autre, et en ayant perdu, par je ne sais quel accident, quelques-uns des quinze, reconnoîtroit cette perte par cela seulement que ce qui lui reste des quinze n'est plus la moitié de la somme qu'il a de l'autre côté, après quoi il vient à croire, pour se consoler, que cette dernière est augmentée, parce qu'elle fait, en récompense, plus du double de celle d'oîi il trouvoit d'abord à redire. M. Descartes raisonne d'une autre façon, sans pourtant le faire autrement qu'un jeune homme qui n'auroit pas appris le cinquième Feiimat. — W. 5o 39i ŒUVRES DE FERMAT. — CORRESPONDANCE. Livre dos Eloinonts d'Euclitlo. Car, comme celui-ci jugeroit qu'il auroit penUi quolquos-uns des quinze écus, en comparant ce qui lui restcroit avec ce ([u'il avoil aui)aravant dans la même pochelle, et ne se soucieroit pas de les comparer avec les trente de l'autre, de même M. Descartes juge du changement arrivé en la détermination de haut en has. parce que sa quantité n'est plus la même, depuis (|ue le mobile est au dessous de la surface CBlî, qu'elle étoit quand il étoit au dessus. Et il a raison d'assurer que la détermination de gauche h droite n'est pas changée, parce que sa quantité est la même, le mobile étant dans la ligne BI, qu'elle étoit quand il étoit porté en AB. Art. t. Mais donnons encore, etc. — Outre que M. de Format accorde encore ici gratuitement une chose qu'il auroit tort de con- tester, comme il se voit dans la remarque précédente, cet article ne contient que quelques paroles de M. Descartes. Art. 8°. Voyez comme il retombe, etc. — M. Descartes est ici accusé do retomber pour la seconde fois dans une même faute, manque de se ressouvenir qu'il y a différence entre la détermination et le mouve- ment. Mais cette accusation n'est fondée que sur ce que M. de Fermât priMul un peu rigoureusement les paroles de M. Descartes : car, quand il dit ces mots : elle doit /aire deux fois autant de chemin vers le même côté, cela ne signifie pas que la balle se meuve dans une ligne deux fois plus grande qu'auparavant, mais que, quelle que soit cette ligne, elle doit tellement è(re incliuée vers la droite que la balle avance do ce côté-là doux fois plus qu'elle n'avoit fait. C'est le sens qu'il falloit donner aux paroles de M. Descartes, au lieu de l'autre, par lequel on prétend qu'il confond deux choses diverses; et son intention étoit assez évidente parce que pendant qu'il dit que la quantité de la dé- termination devient double dans le même temps, il suppose que le mouvement n'est que simple, c'est ii dire que le mobile parcourt une ligne égale à celle qu'il avoit parcourue auparavant. Ce qui suit de cet article, et l'absurdité que M. de Fermât y conclut, n'est pas au désavantage de M. Descartes, qui nieroit que la do(ormi- nation de haut en bas demeure la même, suivant ce qui a été dit dans XCIV. - la MAI 1638. 393 la remarque sur le 3" article, et ainsi tout cet appareil de raisonnemenl s'en va en fumée. Anr. 9, 10, H, 12. — Je passe pour vrai tout ce que contiennent ces articles; mais je crains qu'ils ne fassent point du tout au sujet. Art. 13''. Cela ainsi supposé, etc. — M. de Fermât estime que, dans la page 20 de la Dioptrique, la supposition de M. Descartes est que l'accroissement d'un tiers de mouvement qui arrive à la balle soit sim- plement de haut en bas ou selon la ligne BG, au lieu que c'est le mesurer dans la ligne qu'elle a à décrire ou parcourir actuellement. Et cela est assez aisé à entendre, parce que, si cela étoit, M. Descartes n'auroit pas supposé, comme il a fait, la force du mouvement de la balle être augmentée d'un tiers, mais il auroit supposé la détermina- tion de haut en bas être augmentée d'un tiers, et n'auroit rien supposé du mouvement. H ne faut donc pas dire qu'à son sens, la balle qui se meut en BI s'y meuve d'un mouvement composé de celui qu'elle avoit vers BD et d'un autre vers BG dont on veuille qu'il suppose la quan- tité être du tiers plus de ce qui étoit en AB, mais bien que le mou- vement actuel de la balle soit d'un tiers plus vite qu'auparavant, laissant au raisonnement à définir quel changement doit suivre de là en la détermination de haut en bas. Anr. 14^ Imaginons ensuite, etc. — Ce que M. de Fermât conclu! dans cet article est vrai dans sa supposition, laquelle, comme je viens de remarquer, étant dilférente de celle de M. Descartes, il ne faut pas s'étonner s'ils établissent tous deux des proportions différentes des- tjuelles par conséquent l'une ne sauroit détruire l'autre. Art. 15". D'ailleurs la principale raison, etc. — Il est vrai que M. Descaries entend que le mouvement d'un mobile accroît toujours d'une pareille quantité en pénétrant un même milieu, quoiqu'il tombe sur la surface avec des inclinaisons différentes. Et cela est bien rai- sonnable, puisque la facilité de se mouvoir dépend de la nature du corps que l'on suppose tel qu'il se peut ouvrir pour faire passage aussi facilement vers un côté que vers un autre, et (jue de l'inclinaison du rayon d'incidence dépend seulement la détermination à la quantité 390 ŒUVRES DE FERMAT.- COUKESPONDANCE. il(> la(|Ui'II(' les divcrsos cluitos poiin'diil ;ii)[»orl(M' do la variole selon l(^ rapport qu'auront (Milrc cllos la (l(''tormination>of la vitosso. Ce quo .M. de Fermât ajoute ensuite el (|iril dil avoir démontré être Taux n'est vrai (]ne dans la supposition qu'il croyoil être celle do M. Doscartos. mais qui pourtant, comme j'ai montré, en est fort dilîoronte. ArxT. 16". Ce n'est pas que, etc. — M. de Format avoue qu'il n'est pas certain s'il faut suivre sa proportion plutôt quo celle qu'il tâche de combattre. iMais je no fais pas dilliculté d'avouer qu'il faudroit retenir la sienne, si l'accélération ou le ralentissement du mouvement dépendoit de la seule surface commune aux deux corps dans lesquels le mohile se meut : mais parce que cette surface ne sauroil quo dé- liuirner le mouvement et quo c'est le second corps qui le facilite ou (|ui rempèche, on doit retenir colle de M. Descartes. Nous saurons, quand il plaira à M. de Format, les pensées qu'il a touchant la réfraction; mais je puis déjà dire par avance que ce que vous m'en avez fait voir d'ébauché dans sa lettre à M. de la (Chambre m'a paru fort ingénieux et digne de lui ( ' ). Si vous lui faites voir ceci, je vous prie de lui taire mon nom, ou, si vous trouvez à propos do le lui déclarer, je vous prie aussi qu'il sache quo ce n'est pas d'aujourd'hui quo le bruit do son nom est venu jusquesàmoi; que j'honore beaucoup son mérite, et que je tiendrai à honneur s'il me daigne faire la grâce de me mettre au rang do ses très humbles serviteurs. ( ' ) LoUre I.XXXVI. XCV. - 2 JUIN 1638. 397 XCV. FERMAT A CLERSELIER ('). DIMANCHE 2 JUIX 1638. (D., lU, '^■•,■, Bill. nat. fr. SsSo, n. acrj., f- 57-61.) Monsieur, 1. Je suis si passionné, pour la gloire de M. Descartes que vous ne pouvez m'obliger plus sensiblement qu'en combattant les opinions du sceptique qui s'oppose à ses sentiments. Mais prenez garde, Monsieur, (]u"il importe de conduire votre travail jusquesaubout, et de renverser entièrement sur leurs auteurs tout ce que vous appelez ou paralo- gismes ou sophismes. Il ne suffit pas de dire que le sens de M. Des- cartes a été mal pris par ceux qui le reprennent; il faut prouver que l'explication que vous lui donnez va tout droit et sans détour à sa conclusion, et qu'enfin sa preuve est démonstrative. 2. Nous avions cru que la balle qui conserve sa direction et sa route ne perd point sa détermination, et nous l'avions avec quelque raison inféré de la dilTérence que M. Descartes établit entre le mouvement et la détermination. Mais, sans nous empresser davantage à prouver la conséquence que nous tirions de son raisonnement, nous nous tenons pour suffisamment avertis de sa pensée et de la vôtre, qui veut « que la détermination d'un mobile soit réputée changer, non seulement quand il quitte la ligne dans laquelle il se mouvoit auparavant, ou quand il se meut à contre-sens dans la même ligne, mais encore en se mouvant du même sens dans la même ligne droite, pourvu que ce soit moins loin (|u'il n'étoit déterminé d'aller en ce sens-là. Et c'est en cette troisième façon », dites-vous (^), « que la quantité de la détermination de la balle est devenue moindre autant que le (') Réponse aux Lettres XCUI et XCIV. (2) Lettre XCIV, 3. :J98 (lUIVRES DE FERMAT.- COHUESPONDANCE. iiioiivoiiHMil », lorsqu'elle so nuMil siii' la ligno HHG de la page 17 de la Dioptrique ('). Mais prenez garde que ce ne soit tomber dans la pélilidii du principe. Viuis entendez doue, dans la page 17, (jue la loile n'élanl aiinine- wf«/ opposée à la détermination de gaiiclie à droite, ces paroles venlenl dir(> (|ne eette détermination avance aulant vers la droite qu'elle l'aisoil auparavant. C'est ce que je nie et qu'il faut prouver : car, bien que la toile n'empêche point que la balle n'avance toujours vers la droite, elle ne laisse pas d'avancer vers la droite, soit que ce progrès soil plus lent, soit qu'il soit plus vite qu'auparavant. Or, de cela seul que la toile n'empêche pas le progrès vers la droite, vous en inférez que ce progrès doit être justement le même, c'est à dire ni plus ni moins vite qu'auparavant. C'est donc ai'TYj[j.a a.[Ti\\i.oi.':oc„ et il faut de deux choses l'une : ou que le médium soil le même que la conclusion, ou que la conclusion en soit mal tirée. Peut-être direz-vous que le mot aucunement fait tout le mystère, et qu'en disant que la toile ne lui est aucunement opposée en ce sens-là, tout le reste s'en déduit aisément. IMais il en faut toujours revenir là : si par le mot aucunement vous entendez que la toile n'empêche pas que la balle ne continue sa marche vers la droite et que son progrès ne se fasse également et en temps égal, je le nie et c'est ce qu'il faut prouver; si vous entendez que la toile ne lui est aucunement opposée, c'est à dire qu'elle n'empêche pas que la balle ne continue d'avancer vers la droite, sans assurer encore si son progrès doit se faire en temps égal, vous ne trouverez jamais votre compte dans la conclusion. D'où il suit clairement que M. Descartes a voulu donner des paroles pour des choses, et qu'en traitant deux propositions dilTérentes sur le sujet de la réflexion et de la réfraction, il a voulu accommoder son raisonnement à la première qu'il savoit et à la seconde qu'il a peut- être trop légèrement crue. 3. Ce n'est pas, comme je vous ai déjà souvent prolesté, que sa pro- C) foir fig. OO, page 118 ou 39<). xcv. 2 JUIN 1658. 399 portion des réfractions ne puisse être vraie; mais j'ai du moins à vous dire que je ne la tiens du tout point prouvée, et qu'en tout cas vous avez trop de complaisance en faisant semblant d'approuver ma pensée sur ce même sujet ('), puisque, si ce que j'ai écrit là dessus à M. de la Chambre est véritable, ce que M. Descartes croit avoir démontré est nécessairement faux, ces deux opinions étant tout à fait contradic- toires et incompatibles. Mais supposons, si faire se peut, que la proposition de M. Descartes soit véritable. Il faut du moins pourvoir à ce que rien ne se démente dans les suites, et c'est aux amis du défunt à prévoir tous les cas qui pourroient faire peine à la vérité supposée de cette proposition. En voici un, par exemple, qu'il vous faudra tâcher de résoudre. Supposez, dans la page 17, que la balle rencontre, au lieu de la Fi-. 50. toile ou de l'eau, un corps dur et impénétrable, et que, lorsque la Italie arrive au [)oint B, elle ne laisse pas de perdre la moitié de sa vitesse. Car cette supposition est possible et, quoique le corps CBEne contribue rien à la diminution de ladite vitesse (comme il fait en l'exemple de M. Descartes, lorsque c'est de la toile ou de l'eau), néan- moins nous pouvons imaginer et supposer que, lorsque la balle arrive au point B, elle perd justement la moitié de sa vitesse, sans nous mettre en peine d'où provient cette diminution, puisque le même M. Descartes, en la page 20, suppose ou imagine au point B une ( > ) Lettre XCIV, 16. 400 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. nouvelle puissaïu'o (Hii !uiii,nion(e le inouvement ou la vitesse do la balle : de sorte que je ne erois pas que les amis do !\f. Descartes soient assez injustes pour nier (|ue eotlo supposition puisse ê(ro non seule- ment imaginée, mais réduite en acte. Cela supposé, il no fiint que transporter le raisonnement de M. Des- eartes au dessus du plan, et on pourra dire avec lui que, pour savoir le chemin (|ue la balle doit prendre, il faut considérer que son mouve- ment (litière entièrement de sa détermination à se mouvoir plutôt vers un coté que vers un autre : d'où il suit que leur quantité doit être examinée séparément. Considérons aussi que, des doux parties dont on peut imaginer que cette détermination est composée, il n'y a que celle qui faisoit tendre la halle do haut en has qui puisse être changée par la rencontre du plan CBE, et (|uo, pour celle qui la faisoit tendre vers la main droite, elle doit toujours demeurer la môme qu'elle a été, à cause que ce plan ne lui est aucunement opposé en ce sens-lii. Puis, ayant décrit du centre B le cercle AFD et tiré à angles droits sur CBE les trois lignes droites AC, HB, FE, en telle sorte qu'il y ait deux fois autant de distance entre FE et HB qu'entre HB et AC, nous verrons que cette halle doit tondre vers le point du cercle oii la ligne FE coupe le cercle au dessus du plan; ce point peut être désigné par la ieltro (). Car, puisque la balle perd la moitié de sa vitesse en rencontrant le plan au point B et <[u'ollo ne peut point le traverser par la supposition, elle doit employer deux fois autant de temps à passer au dessus de- puis B jusqucs à quelque point de la circonférence du cercle AFD, qu'elle a fait à venir depuis A jusqucs à B. Et, puisqu'elle ne perd rien du tout de la détermination qu'elle avoit ii s'avancer vers le côté droit, en deux fois autant do temps qu'elle en a mis à passer do[)uis la ligne AC jusques à HB, elle doit faire deux fois autant de chemin vers ce même côté, et par conséquent arriver à quelque point de la ligne droite FE au même instant qu'elle arrive aussi à quelque point de la circonférence du cercle AFD. Ce (\u\ seroit impossible si elle n'alloit XCV. - 2 JUIN I608. 401 vers 0, d'autant que c'est le seul point au dessus du plan CBE où le cercle AFD et la ligne droite FE s'entrecoupent. Si ce raisonnement, qui est justement le même que celui de M. Des- cartes, en le transportant seulement, ne conclut pas, pourquoi, de grâce, celui de M. Descartes conclura-t-il? Ce qui est démonstration au dessous deviendra-t-il paralogisme au dessus? Je ne crois pas que vous soyez de ce sentiment et que vous vouliez donner tout au seul nom et à l'inspiration, s'il faut ainsi dire, de M. Descartes. 4. Cela étant, passons à la figure de la page 19, et supposons de même que le plan CB est un corps dur et impénétrable, et que la balle, arri- vant au point B, diminue de sa vitesse en telle sorte que la ligne FE, étant tirée comme en l'exemple précédent, ne coupe point le cercle AD. Cette balle, par la supposition, ne peut point pénétrer au dessous du plan. Elle ne peut non plus se réfléchir à angles égaux, car sa dé- termination vers la droite ne seroit point la même. Enfin, quelque angle que vous preniez pour sa réflexion au dessus du plan, son pro- grès vers la droite sera toujours moindre qu'auparavant. Voire même quand vous la feriez rouler sur le diamètre CB en ligne droite, sa dé- termination vers la droite cliangeroit encore, comme il se voit à l'œil et comme il se déduit clairement de la supposition : car il faudroit qu'au même temps que la balle arrive à quelque point de la circon- férence, elle arrivât à quelque point de la droite FE, ce qui est impos- sible. Que deviendra donc cette balle? C'est à vous. Monsieur, et aux amis Fermât. — U. 01 W-1 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. ilo M. Doscarlcs, à lui l'ouriiir un passeport et à lui mar(|uersa l'oute en la taisant sortir de ce point fatal. J'en dirois davantage si je n'ap- préhendois de passer dans votre esprit pour un homme qui auroit envie de Barham vcllere morUin Iconi ('). J'attends, Monsieur, votre réplique ou celle de M. Roliault, que j'es- liine comme je dois; et je vous assure à l'avance que je ne cherche que la vérité sans chicane, et que je suis de tout mon cœur. Monsieur, votre très humble et très alTectionné serviteur, Fermât. XCVI. FERMAT A KENELM DIGBY (-). (Comm. ep., 11° XLVII.) 1. lUustrissimos Viros Vicecomitem Brouncker et Johannem Walli- sium quaestionum numericarum a me propositarum solutioncs tandem dédisse légitimas libens agnosco, inio et gaudeo. Noluerunt Viri Cla- rissimi vel unico momento impares sese aut -JÎTTovaç quœstionibus propositis contiteri; mallem ipsos et quiestiones ipsas dignas labori- bus Anglicis statim agnovisse et, postquam adepti ipsarum solutiones fuissent, triumphum eo illustriorem egisse quo certamen magis arduum apparuisset. Contrarium ipsis visum est; id sane glorise illustrissimœ et ingeniosissimae nationis condonandum. Verùm, ut deinceps ingénue utrimque agamus, fatcntur Galli propositis quaîstionibus satisfecisse Anglos; sed fateantur vicissim Angli qusestiones ipsas dignas fuisse quae ipsis proponerentur, nec dedignentur in posterum numerorum (') Martial, livre X, cpigr. go. (') Envoyée par Digby à Wallis, le 19 juin ifJJS. XCVI. - JUIN 1638. 403 integrorum naturam accuratius examinaro et introspicerc, imo et doc- trinam istam, quâ pollent ingenii vi et subtilitate, propagare. 2. Quod ut ab illis libentius impetremus, Diophantum ipsum ot celeberrimum illius interpretem Bachetum ad auctoritatem rei pro- ponimus. Supponit Diophantus in plerisque Libri IV et V quîestionibus niime- riim omnem integrum vel esse qtiadratitm i^el ex duobus aiit tribus aiit quatuor quadratis composilum. Id sibi Bachetus, in commcntariis ad qusestionem xxxi Libri IV, perfecta demonstratione assequi nondum licuisse fatetur. Id Renatus ipse Descartes incognitum sibi ingénue déclarât in epistola quadam, quani propediem edendam accepimus, imo ot viam, quahucperveniatur, difTicillimam et abstrusissimam esse non dilfitetur ('). Cur igitur de propositionis illius dignitate dubite- mus, non video. Ejus tamen perf'ectam demonstrationem a me inven- tani moneo Viros Clarissimos. Possem et plerasque adjungere propositiones non solum celeberri- mas, sed et firmissimis demonstrationibus probatas; exempli causa : Omnis numerus primus qui nnitate superat quaternarii multipli- cem, est compositus ex duobus quadratis. Hujusmodi sunt 5, l'i, 17, 29, 37, 4i, etc. Omnis numerus primus qui unitate superat tcrnarii multiplicem, est compositus ex quadrato et triplo alterius quadrafi. Taies sunt 7, i3, 19, 3i, 37, 43, etc. Omnis numerus primus qui vel unitate vel ternario superat octo- narii multiplicem, componitur ex quadrato et duplo alterius quadrati. Taies sunt 3, 1 1, 17, 19, 4i, 43, etc. Sed et praïcedentem Bacbeti propositionem generaliter olim Domino ( 1 ) Lettres de M'' Descartes, éd. Clerselier, III, 66, p. 365 : « Mais pour ce Thcoreme, qui est sans doute l'un des plus beaux qu'on puisse trouver touchant les nombres, je n'en sçay point la démonstration, et je la juge si difficile que je n'ose entreprendre de la cher- clier. » (Lettre à Mersenne, du ■?- juillet i638.) Descartes parle du théorème général énoncé dans la Lettre de Fermât pour Sainte-Croix (ci-dessus XIl, 3) et rappelé ci- après. iO'. (P.IVUES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. «le Saiiilc-r.roix proposuimus ('), cjusquc demonslralioiicm non igno- ranuis. Omnis niimorus intogcr : vcl csl (riantçulus vt'l ox tliiobus aiil (ribiis (riangulis coiiipositus; ost quadradis vcl ex duobus, tribus aiil qua- liior (luailratis compositus; est pentagonus vcl ex duobus, tribus, qua- tuor aul (|uinque pentagonis compositus; csthexagonus velex duobus. tribus, quatuor, quinquc vcl scx hcxagonis compositus; et sic uni- lormi iii inliniluin cnuntiafioiie. 3. H?ec omuia cl alla iutiiiita qmv ad uumeros integros spectant, qua^quc a iiobis et inventa et generaliter demonstrata sunt, possemus et proponere Viris Clarissimis et, proponendo, ncgotium saltem ali- (|uod ipsis facessere. Sed ingenuitatcm gallicam sapient magis propo- sitiones aliquot quarum demonstrationem a nobis ignorari non difR- Icmur, licet de carum veritate nobis constet. Meminimus Arcbimedem non dedignatum propositionibus Cononis, vcris quidem, sed tamen indcmonstratis, ultimam manum imponere, earumque veritatem demonstrationibus illis subtilissimis contirmare. Cur igitur simile auxilium a Viris (Clarissimis non exspectem, Conon scilicet Gallicus ab Archimedibus Anglis? 1° Potestates omnes numeri 2, quarum cxponentes sunt tcrmini progressionis geometricse ejusdem numeri 2, unitate auctas sunt nu- meri prinii (- ). Exponatnr progressio geometrica 2, cum suis exponentibus : 1.2.3. 4- 5. 6. 7. S. 2. 4. 8. iG. 32. 64. 128. 2.56. Primus terminus 2, auctus unitate, f'acit 3, qui est numcrus pri- mas. Secundus terminus 4. auctus unitate, iacit 5, qui est paritcr numc- rus primus. ( ') Foir Lellrc XII. 3. (2; Foir Lcllru .\L11I, 3. XCVI. - JUIN 1658. 105 Quartus terminus iG, auctus unitatc, facit 17, numcruni primuni. Octavus terminus 206, auctus unitate, facit 257, numerum primuni. Sume generaliter omnes potestates 2, quarum exponentcs sunt nu- meri progressionis, idem accidet. Nam, si sumas deinde decimum sex- tum terminum, qui est 65536, ille auctus faciet 65537, numerum primum. Hoc pacto, potest dari et assignari nullo negotio numerus primus dato quocumque numéro major. Quœritur demonstratio illius propositionis, pulchr* sane, sed et verissim;e, cujus ope, ut jam diximus, problema alias difficillimum solvi statim potest : Dato quovis numéro, invenire numerum primum clalo numéro majorem. Hujus clavis bénéficie reserabunt fortasse Viri Cla- rissimi mysterium omne de numeris primis, hoc est : Dato numéro (juoiis, invenire via brevissima et facillima an sit primus vel compositus. 2° Deinde : Duplum cujuslibet numeri primi unitate minoris quam multiplex octonarii, componitur ex tribus quadratis. Este quilibet numerus primus, unitate minor quam octonarii multi- plex ut sunt 7, 23, 3i, 47, etc.; eorum duplex est i4, 46, 62, 94 : com- ponitur ex tribus quadratis. Propositionem illam veram asserimus, sed Cononis modo, nondum ant asscrente aut dcmonstrante Archimedc. 3° Si duo numeri primi, desinentes aut in 3 aut in 7, et quaternarii multiplicem ternario superantes, inter se ducantur, productum com- ponitur ex quadrato et quintuplo alterius quadrati. Talcs sunt numeri 3, 7, 23, 43, 4?» ^7> etc. Sume duos ex illis, exempli gratia, 7 et 23; quod sub iis fit, 161, componetur ex quadrato et quintuplo alterius quadrati. Nam 81, quadratus, et quintuplum 16 sequantur 161. Id verum asserimus generaliter et demonstrationem tantum exspec- tamus. Singuiorum autem ex ipsis quadrati componuntur ex quadrato et quintuplo alterius quadrati : quod et demonstrandum proponitur. 4. Sed ne demonstrationibus nimium fortasse déesse videamur, se- quentem propositionem et asserimus et possumusdemonstrare. 406 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. Niilkis luiiiKTiis Iriaiii^uluï!, praHor unitateni, u'(|ualiir numéro (|iia- draloquadrato. Siiit triangiili, ut norint omnos. I. 3. lo. i5. '.31. 28. 36. 45. etc. Nullus omnino, facta in infinitum progressione, prseter solam uni- (atom. crif quadratoquadratus. 5. Ne autcm ad numéros integros déficiente Geometria videamur con- fugisse, en aliquot propositiones geometricas, qu* Angliam invisere non erubcscent. Priores duas ex restituta a nohis Porismatuni Eiicli- deorum Geometria excerpsimus. Esto semicirculus ANB {fig. 90) super diametro AB. Bisecetur in N semicircumferentia ANB et, junctis NA, NB, a punctis A et B exci- tentur perpendiculares AD, BG, ipsis AN, NB a^quales. Sumpto quo- libet in semicircumferentia puncto, ut E, junctis rectis DE, EC occnr- rentibus diametro in punctis 0 et V, aio duo quadrata AV, BO simul sumpta esse, in hoc casu, a3qualia quadrato diametri AB. Generalius in Tractatu nostro hoc problema aut theorema propone- bamus, sed in prssens spéciale hoc surticit ('). Esto parabole quaevis AMC {fig. 91), in qua sumantur duo qutç- Iil)cl puncta A et B et diameter qusevis MN. Sumatur quodcumque aiiiid |)iinONDANCE. point E. ot |iar consiMinoiil, coimni' VU ii VA), ainsi la droite AU sera ii W.. D'oii il snil ipic los angles ABC, FBE sornnt loiijonrs égaux ilo quelque manière et en quelque proportion (jue la vitesse ou le nuuiveiuent changent. 2. Si M. Descartes eût pris garde qu'en (|uelque manière que la vitesse change au point B, la réflexion ne laisse pas de se l'aire ii angles égaux, il n'eût pas été en peine, ni ses amis non plus, de tirer la balle du point B. où ils l'ont [vue| malheureusement engagée dans l'exemple de ma dernii're lettre. Il n'eût pas soutenu que, la vitesse venant à changer au point B, la halle ne reste pas d'avancer vers la droite autant qu'tdie t'aisoit auparavant. Il n'eût pas déduit d'un fondement non seulement incertain, mais encore faux, sa proportion des réfrac- tions, et enfin il n'eût pas esquivé, dans la figure (') de la page 19, de déterminer sous quel angle la halle étant au point B se réfléchit vers le point L. Car, quoiqu'il paraisse, par son discours et par l'inspection même de la figure, qu'il a entendu que cette réflexion se fait à angles égaux, il a laissé un petit scrupule dans l'esprit des lecteurs, qui peuvent raisonnablement douter si, dans l'exemple de M. Descartes, la balle diminue sa vitesse au point B ou non. Si elle la diminue, la réflexion ne se pourroit pas faire à angles égaux, en suivant le raisonnement de JVI. Descartes. Que si la balle ne diminue point sa vitesse au point B, y a-t-il rien de plus contraire aux lois inviolables de la pure Géométrie, qui ne veut point qu'on puisse aller d'une extrême à l'autre sans passer par tous les degrés du milieu? 3. Or, M. Descartes et ses amis soutiennent que la halle, qui est poussée sur l'eau ou sur la toile, diminue sa vitesse également en toutes les inclinations, lorsqu'elle la traverse, et que cette diminution se fait dès le point B. Comment donc peut-on concevoir que, dès le premier angle où elle se réfléchit, sa vitesse ne diminue point du tout, (1) roir fig. 8(), p. 4oi. \CVII. - IC JUIN 1658. 411 et qu'il n'en puisse pourtant être pris aucun plus grand auquel elle ne diminue d'une certaine quantité qui soit toujours la même? Ne seroit-il pas plus géométrique et plus naturel de soutenir, dans le sentiment de M. Descartes, que la diminution de la vitesse se fait inégalement, que cette diminution est la plus grande de toutes en la chute perpendi- culaire d'H vers B et qu'elle se rend toujours moindre à mesure que les inclinations varient jusqu'à ce qu'elle devienne nulle? ce que M. Descartes a peut-être cru arriver lorsqu'elle se réfléchit. Mais, parce que nous venons de prouver que, soit que la vitesse augmente ou qu'elle diminue au point B, la réflexion ne reste pas de se faire à angles égaux, nous ne devons pas nous mettre en peine de rechercher plus soigneusement la conduite secrète dont se sert la nature en affoi- blissant la vitesse de la balle ou également ou inégalement à mesure que les inclinations viennent à changer. 4. 3Iais que deviendra le raisonnement qui se doit faire au dessous du plan CBE, en la page 17, par exemple? Il sera le même que leprécé- Fis. 56. dent : car, que la vitesse diminue au point B ou par la rencontre de la toile, ou par quelque autre voie qui vienne d'ailleurs, c'est tout la même chose. Et puisqu'en la figure de la page 17 la halle perce la toile et qu'au point B la vitesse diminue par moitié, elle ne peut jamais avoir la détermination vers la droite pareille à celle qu'elle auroit, s'il n'y avoit point de toile et que pourtant la vitesse diminuât par moitié au point B, qu'en continuant toujours sa roule vers la droite ABD. Vl> ŒUVRES DK FEllM AT. - COURESPONDANCE. Vous n'iilniuoroz : .Mais, à ce ('(mi|)l('-là, la (U'Icriniiialioa de liaiil en l)as ne l'iiaugoroit pas non plus par la roiu'oulre do la toile. Je l'avouo. cl pour olor et éclaircir pleinement cette diiriculté, il ne laul (|U(' diro ([uc vous uo (ircrez jamais auli'c chose du raisoiiuemeuL des inouveinculs et des déterminations composées de M. Descartes, sinon (|ue la réilexion se fait toujours à angles égaux et que la pénétration du second milieu se doit toujours faire en ligne droite. A quoi même se rapporte ce que vous dites dans votre dernier écrit ('), que la balle a toujours une même aisance à pénétrer le second milieu en foutes sortes d'inclinations; d'où il doit suivre, dans l'application du raisonnement de M. Descartes, qu'en toute sorte de cas la réflexion se fera à angles égaux, et que la pénétration se fera de même en tous les cas en ligne droite, le mouvement du dessous en ligne droite suivant les mêmes lois et répondant justement au mouvement du dessus ;i angles égaux. Mais il n'y aura donc point de réfraction? me direz-vous. Je réplique que le mouvement de la balle et la réfraction ne se ressemblent que par la comparaison imaginaire de M. Descartes, et qu'au pis aller, si le détour de la balle en passant par le second milieu est véritable, il eu faut chercher la raison ailleurs que dans la composition des mouve- ments, qui ne produira jamais en ce rencontre qu'un cercle dialec- tique. De quelque biais que vous le preniez, il faudra examiner les prin- cipes secrets dont se sert la nature en produisant la réfraction, et si celui que j'ai touché dans ma lettre ii M. de la (Chambre (-) n(^ vous plait pas, je souhaite qu'il vous en vienne de meilleurs dans l'esprit, et que cette vieille dispute aboutisse enfin à la pleine et entière dé- couverte de la vérité. Je suis de tout mon cœur. Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur, Fermât. (') Pièce XCIV, 15. (2) Lutlro LXXXVI. XCVIII. - 21 JUILLET 1638. 4.13 XCVKL LALOUVÈRE A FERMAT ('). 21 jcii.LET 1638. Ainplissiino Domino de Fermât in Siiprenia Caria Tolosana Se lia to ri inlegerrimo. Decem iiimc dies sunt (Senator integerrime) cùm priinîiin legi à Te milii oblatam nobilissimi et doctissimi Anonymi typis editam Epis- tolam, qute à prœstantissimis toto Orbe Geometris postulat solutionem quarundain propositioniun circa cycloidern ejusque centra gravilatis. Ego licet, mese tenuitatis mihi probe conscius, noriiii quàm longo post magiios ilios viros intervallo in Geometrarum qualiumcumque numéro locuin teneam; quia tamen quid de qusesitis illis in nientem mihi veniret promere à Te tune jussus sum, malui temeritatis quàm obsequii Tibi non prompti prœstituti nomine accusari. En igitur quas circa problcmata ejusmodi meditatus sum viginti omnino proposi- tiones. Tu quem omnes Europse Mathematici merilb suspiciunt, si quid perperam scriptuni sit, aut si quid scriptis dcsit, emenda vel supple, modo lamen judiciorum pnblicorum occupationes quibus longe utilius distineris, id patiantur. Hàc emendatione vcl etiam sup- plemcnto fidens noster liic libellus prodibit iu vulgus intrépide, qua- propter Te hujus spei plenus adit, ab co nempe missus qui pluribus nominibus jamdiu Tibi est Addictus ex animo servus Antoxius Lalouek\ Societatis Jesu. Tolosaiio in Collegio XII Kal. Aiig. i658. (') Dédicace de l'opuscule : De Cjcloide Galilœi et Torriccllii Propositiories viginti AiUore Antonio Laluuera SocieUitis Jesu, imprime à Toulouse on i658 (rarissime, dont un exemplaire est conservé Bibl. nal., Imprimés, Kcserve V, 835 A). — Reproduite en tête du premier liv're de l'Ouvrage ; Fctcruin Geometria promola in septem de Cfcloidc libros, ])ublié par Lalouvère en i66o. 414 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. XCIX. CLERSELIER A FER\IAT. MEIlCllEDl '21 AOUT 16.Ï8. (D. m, .'19. Bilil. X:U. fr. J280. uouv. acq., f»' flti-jn.) Monsieur, 1. ,To me trouvo aujourd'hui plus empêché à répondre (juc je n'étois la (h'rnière fois : aussi avez-vous change de condition et, déjuge que vous étiez, vous êtes devenu partie. Quand je n'avois qu'à défendre devant vous la cause de M. Descartes contre votre sceptique, je ne me promettois pas un succès moins favorable que celui que j'ai eu : j'avois une bonne cause à défendre, des subtilités à éclaircir, et un juge clair- voyant pour ni'entendre et prononcer. Mais, quand je vous considère descendu de votre siège pour vous porter vous-même partie contre celui que je défends, le respect que je vous dois en quelque état que vous paroissiez, la grande estime que j'ai toujours conçue de vous et qui s'augmente en moi à mesure que vous vous faites davantage con- noitre, et le peu d'usage que j'ai dans la matière que nous agitons à comparaison de celui que vous vous y êtes acquis, tout cela m'étonne et fait que je ne sais encore quelle issue me promettre de tout ce dé- mêlé. .Te vous dirai pourtant d'abord que, si je voulois agir avec moins de franchise que ne m'oblige l'honnête procédé que vous gardez avec moi, je pourrois user d'une exception qui paroitroit peut-être légi- time et recevable, en vous accordant tout ce que vous dites et pré- tendant que tout cela ne fait rien contre M. Descartes et ne combat en aucune façon sa doctrine de la réflexion et des réfractions. Car je veux que la balle de la figure de la page 19 de la Dioptrique, selon la supposition que vous faites dans votre premii're lettre ('), se (') f'dir LcllTH \C,\ . p. 401. XCIX. - 21 AOUT 1G58. 415 trouve empêchée (comme vous dites sans doute agréablement) à trou- ver quelque issue pour prendre sa route; et je veux même que le pas- seport que vous lui avez donné par avance dans votre seconde, de peur que nous n'eussions pas assez de crédit pour lui en fournir un, et même que la route que vous avez eu la bonté de lui marquer en cet en- droit { ' ), lui lut si aisée et si commode qu'elle ne fit point diiïiculté de la suivre, que pourroit-on conclure de Hi contre M. Descartes? lequel n'ayant apporté en ce lieu-là les exemples de la balle que pour expli- quer certains effets particuliers de la lumière, ii savoir celui de la réflexion qui se fait toujours à angles égaux, et celui de la réfraction qui se fait toujours de même sorte dans un même milieu et qui change selon la proportion qui est entre le milieu d'où elle sort et celui où elle entre, ce qui fait que tantôt elle s'approche et tantôt elle s'éloigne de la perpendiculaire : qui, dis-je, n'a eu aucune occasion d'expliquer le cas que vous proposez, pource qu'il n'a aucun rapport à son dessein. 2. Il n'y en avoit que trois qui y pussent servir, et il les a tous trois expliqués et, ii mon avis, d'une manière si claire et si simple qu'il n'y a que ceux qui veulent plus que lui qui y trouvent de la difficulté. Le premier cas, qui explique la réflexion, est celui d'une halle qui, étant poussée suivant la ligne AB, rencontre de biais dans son chemin un corps dur, impénétrable et inébranlable. Qu'y a-t-il de plus simple et de plus clair que cette balle, qui ne perd rien de sa vitesse, doit rejaillir à angles égaux, c'est-à-dire remonter aussi vite qu'elle est descendue et avancer autant qu'elle faisoit vers le côté où ce corps dur n'est point du tout opposé? Le second, qui se rapporte à la réfraction lorsqu'elle s'éloigne de la perpendiculaire, est celui de la même balle qui, étant poussée comme dessus, rencontre aussi de biais un autre milieu, dans lequel elle pénètre et qui lui fait perdre une partie de sa vitesse. Quoi de plus clair et de plus simple que de dire que cette balle, ne pouvant plus (•j /o/> Lettre XCVIF, 1, 2. iUi ŒUVRES DE FERMAT.— CORRESPONDANCE. aller si vilo qu'oUi' f'aisoil, doit j)Our(aii( conserver la ihienninalioii qu'elle avoit auparavant à avancer vers un certain côté, à laquelle ce milieu n'est aucunement opposé, et à (|uoi la perle (]u'elle a souH'erle en sa vitesse ne résiste point et se peut accommoder? Pour(|uoi vou- loir (d)lip;er celte Italie à faire plus qu'elle ne doit, puisque la naUire ne fait rien eu vain? Eniin le troisième cas, qui se rapporte ii la réfraction lorsqu'elle s'approche de la perpendiculaire, et le seul qui restoit à M. Descartes à éclaircir, s'explique heureusement par la même halle qui, étant poussée comme auparavant, rencontre aussi de biais dans son chemin un autre milieu, dans lequel elle pénètre avec une égale facilité de IfUis cotés et qui augmente sa vitesse d'une certaine quantité. Que peut-on penser de plus simple et de plus naturel que de dire que cette halle, devant aller plus vite qu'elle ne faisoit selon quelqu'une de ses directions, n'avance pourtant pas davantage selon celle à laquelle ce corps, par qui sa vitesse a été augmentée, n'est point du tout opposé? 3. Le cas que vous proposez outre cela dans votre première lettre est superflu et ne peut servir ;i expliquer aucun de ces phénomènes de la lumière. Et, par conséquent, il n'est ici d'aucune considération et, quelque inconvénient qui en pût suivre, cela ne pourroit préjudicier à ce que if. Descartes a auparavant prouvé, et par quoi il a expliqué si intelligiblement ces effets merveilleux de la lumière qui ne laisse- roient pas d'être vrais et tels qu'il les a démontrés, quand votre sup- position seroit difficile à expliquer par ses principes, ce que je ne désespère pourtant pas de faire, et quand elle se devroit expliquer suivant les vôtres, ce que je n'estime pas. .Mais, pource que c'est en ceci que consiste toute notre question, il faut que j'éclaircisse une fois un point qui vous semble n'avoir pas été prouvé par M. Descartes, à cause que sa preuve n'est ])as pure- ment géométrique, mais qu'elle est en partie fondée sur quelques principes de la nature si clairs qu'ils ne demandent aucune expli- cation. XCIX. - 21 AOUT 1658. W7 4. Ces principes sont : i" que chaque chose demeure en l'état qu'elle est pendant que rien ne la change; 2° que, lorsque deux corps se rencontrent qui ont en eux des modes incompatibles, il se doit véri- tablement faire quelque changement en ces modes pour les rendre compatibles, mais que ce changement est toujours le moindre qui puisse être; 3° qu'un corps ne peut résister ou causer du changement dans un autre qu'en tant qu'il lui est opposé. Ainsi donc, si une balle se meut d'A vers B, dans la figure (') de la page i5, avec une certaine vitesse, elle continuera toujours d'aller avec la même vitesse vers ce côté-là si rien ne la change. Mais si vous lui opposez le corps dur, impénétrable et inébranlable CBE, pource que les modes de ces deux corps, l'un qui veut conduire la balle vers D et l'autre qui s'oppose à cette route, mais qui ne s'oppose point k sa vi- tesse, sont incompatibles, il faut qu'il arrive du changement en un de ces modes, mais le moindre qui puisse être. C'est pourquoi la balle changera de détermination et gardera sa vitesse, et d'autant que le corps CBE n'est opposé qu'à l'une des deux déterminations dont il est vrai que celle de la balle est composée eu égard au corps CBE sur lequel elle tombe, à savoir à celle qui la faisoit descendre et non point à celle de gauche à droite; ce corps ne peut apporter de changement qu'à celle-là et non point à l'autre, à laquelle il n'est point opposé. C'est pourquoi il oblige la balle à remonter et la laisse continuer à s'avancer vers la droite comme elle faisoit auparavant : à quoi il ne change rien, le mode de son corps n'ayant rien d'incompatible et d'op- posé à celui-là. Il ne faut plus ajouter à ce raisonnement que ce qui appartient à la Géométrie, et la preuve sera achevée. Si vous n'appelez pas cela preuve démonstrative, je ne sais plus de quelles raisons il se faudra servir pour en composer une; mais, pour moi, je me contente de pa- reilles démonstrations. Or, le même raisonnement que je viens de faire se peut accommoder (') Fig. 53, p. 409. n. — Fermât. j3 U8 ŒUVRES l)i: FIÎUMAT. - CORRESPONDANCE. à la tigui'iMlo la page 17 ol à celle de la page 19 el à tous les cas qui se peuveut proposer, et je u'v vois rien de différent que les différentes suppositions : à savoir que le corps CBK tantôt est dur et tantôt liquide, tantôt pénétrahie et tantôt impénétrable; que la vitesse (anlol diminue, tantôt augmente et tantôt demeure la même; e( que la balle tantôt continue de descendre et tantôt est obligée de remonter, et même que tantôt on peut opposer un corps au cours de la balle et tantôt non. 5. Exatniiions niainlenant ces cas l'un après l'autre suivant ces prin- cipes, et voyons ce (jui en doit arriver; et je m'assure que l'on ne trou- vera point que la chose doive aller comme vous dites, mais bien comme dit 31. Descartes, et cela répondra en même temps à toutes vos nouvelles difficultés. Premièrement, vous dites fort bien, au commencement de votre seconde lettre ('), que si l'on suppose que la balle qui va dans la ligne; droite AB diminue sa vitesse par moitié en arrivant au point B, elle ira toujours en ligne droite vers D, si elle continue d'aller dans le même milieu et que le plan ('BK ne lui soit point opposé : avec cette diffé- rence seulement, qu'elle emploiera depuis B jusques à D le double du temps qu'elle avoit mis auparavant depuis A jusques à B, et cela à cause qu'un corps doit toujours demeurer dans le même état où il est ou auquel on suppose qu'il soit, si rien ne le change. Or, n'y ayant rien qui change en la balle que la vitesse, ni rien par quoi la détermi- nation doive être altérée plus d'un côté que d'un autre, tout cela fait qu'elle doit continuer dans la même ligne, et aller seulement moins vite selon cette détermination : de même que, lorsqu'un corps tombe perpendiculairement de l'air dans l'eau, il continue d'aller suivant la ligne perpendiculaire et va seulement d'autant moins vite que sa vitesse est diminuée à la rencontre de l'eau. Si pourtant j'eusse été d'humeur à vouloir chicaner (ce qui ne m'arrivera jamais lorsque j'aui'ai affaire à une personne d'honneur et de mérite comme vous ), j'aurois pu nier que le cas que vous proposez (') Lettre XCVII. XCIX. - 21 AOUT 1658. 419 fût concevable et admissible : à savoir qu'un mobile, sans changer de milieu, puisse tout d'un coup passer d'une vitesse à une .autre sans passer par les degrés d'entre deux. Ce que vous dites vous-même être contraire aux lois inviolables de la pure Géométrie et qui même est contraire à cette loi de la nature, qui est que chaque corps continue toujours de demeurer dans le même état autant qu'il se peut, et que jamais il ne le change que par la rencontre des autres. Le moyen donc de concevoir qu'un corps puisse tout d'un coup, étant arrivé au point B, perdre la moitié de sa vitesse, lorsqu'il ne se ren- contre rien qui la lui puisse faire perdre! Mais je veux bien vous accorder toutes vos suppositions et ne vous rien nier, que ce qui ne se pourra absolument admettre à moins de renverser toutes les lois de la nature et toutes les notions claires et simples qui sont on nous. 6. Passons à votre seconde supposition, qui est à mon gré une des plus adroites que l'on pût faire en ce genre et dont sans doute j'aurois eu peine d'apercevoir la subtilité, n'étoit qu'étant accoutumé à suivre des voies fort simples dans mes raisonnements, je me détie de tout ce que je vois qui s'en écarte. Vous supposez après cela que, la balle perdant comme auparavant la moitié de sa vitesse au point B, le plan CBE impénétrable se trouve entre deux et empêche que la balle ne passe au-dessous; et vous dites que la balle réfléchira aussi bien à angles égaux que si la vitesse ou le mouvement demeuroit le même. Et certainement je confesse que vous le prouvez d'une manière la plus ingénieuse qu'il est possible; mais permettez-moi aussi de vous dire qu'elle est captieuse et souffrez que je vous fasse voir en quoi je pense que vous vous êtes mépris. Quand en l'exemple ci-dessus je suis demeuré d'accord que la balle, perdant au point B la moitié de sa vitesse, ne laissoit pas de continuer son chemin suivant la ligne BD, avec cette seule différence qu'elle alloit de moitié moins vite, c'a été pource que, ne changeant point de milieu et aucun plan ne lui étant opposé, on ne pouvoit pas dire que la détermination de la balle suivant la ligne AB fût composée de deux V20 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. (létorniinations, non plus que lorsqu'une balle tombe perpendiculai- rement sur un plan. 3Iais ici, où vous supposez que le plan CBE lui est opposé, il est certain qu'à son égard la détermination de la balle sur la route AB est composée de deux déterminations, l'une (|ui la fait descendre vers lui, et l'autre qui la l'ait avancer vers la droite ou horizontalemeni , et que le plan s'oppose à celle-là et non point à celle-ci. 1- Maintenant, de deux choses l'une : ou vous supposez qu'après que la balle est venue avec deux degrés de vitesse, par exemple, depuis A jusques à B, étant au point B elle rencontre le plan CBE qui lui fait perdre la moitié de sa vitesse; ou bien vous supposez que, sans que ce plan y contribue, ayant perdu la moitié de sa vitesse au point B, elle rencontre le plan CBE. Et"si j'ai bien compris le sens de votre seconde lettre, c'est principalement à ce dernier cas qu'elle se rapporte; mais remarquez encore ici en passant que je vous accorde plus que je ne devrois : car le moyen de concevoir qu'une balle perde la moitié de sa vitesse au point B, sans la rencontre d'aucun corps qui la lui puisse faire perdre! 8. Au premier cas, il est aisé de voir qu'il ne faut, comme vous avez fait dans votre première lettre ('), que transférer le raisonnement de la figure de la page 17 au dessus du plan, et dire que, puisque la balle ne perd rien du tout de la détermination qu'elle avoit à avancer vers la droite, elle doit (toutes les autres conditions étant gardées) arriver au point 0, ainsi que vous avez fort bien remarqué. C'est pourquoi je n'aurois garde de dire, comme vous faites : « Pourquoi de grâce le raisonnement de M. Descartes conclura-t-il au-dessous, s'il ne conclut pas au-dessus? Ce qui est démonstration en un cas deviendra-t-il paralogisme en l'autre? » Non sans doute : l'un et l'autre conclut également bien. 9- Au second cas, la balle peut suivre la route que vous avez mar- (<) Lettre XCV, p. 400. XCIX. - "21 AOUT 1638. 421 quée dans votre seconde lettre ('), et réfléchir toujours à angles égaux, de quelque manière et en quelque proportion que la vitesse ou le mou- vement change au point B : mais non pas à la vérité par la raison (juc vous dites. Car la même proportion ne doit pas être gardée par une balle qui, rencontrant de biais un plan impénétrable, est obligée de réfléchir, que celle qui est gardée par une autre balle que l'on sup- pose n'en point rencontrer, et qui doit suivre les mêmes lois que celle qui en rencontre perpendiculairement, à cause qu'une balle qui ne rencontre aucun plan n'a qu'une seule détermination : elle ne va ni à gauche ni à droite, au lieu qu'une balle qui tombe de biais sur un plan y va toujours avec deux déterminations, à l'une desquelles ce plan est opposé et à l'autre non : et cette circonstance en doit changer reff"et, selon les principes ci-devant posés. Fig. 53. / H \ F \ ? C B V G V E y D R Mais voici comme la balle peut suivre la route que vous avez mar- quée, et réfléchir à angles égaux : à savoir il faut supposer que la balle, étant au point B et ayant perdu la moitié de sa vitesse (ou telle autre quantité qu'il vous plaira), commence à ce point B à suivre la route qu'elle suivroit, si elle avoit commencé à se mouvoir à ce point-là avec la vitesse qui lui reste. Or il est constant que si, sans avoir égard à la ligne AB qu'elle a parcourue avec deux degrés de vitesse, ellecom- mençoit à se mouvoir en B, avec la vitesse qu'on suppose qui lui reste et [suivant] la direction qu'elle a véritablement au point B, elle iroit vers D avec un degré de vitesse [et y arriveroit] en deux fois autant de temps qu'il lui en a fallu pour venir d'A en B, si rien ne s'opposoit à (1) ro;> LeUre XCVII, 1. i.-2-2 ŒUVRES I) K K E R M \T. - CORRESPONDANCE. stiii nuiuvonuMil. VA si, au lirii do lui opposer le piau inipt'uétraljic cl iiu'branlahlo CBK au point B, on le lui opposoit au point D, il est évi- dent, par ce (|ue n(uis avons dit ci-dessus, que ce plan l'empêchant seulenieni de passer outi'c et non point d'avancer vers la dfoile, et ne diminuani ni n'aui;iiieiitan( la vitesse avec laquelle (dio seroit venue vers lui depuis H, clic rcjailliroit vers g et feroit un angle de réflexion ijDK égal il celui (rincidence BDG, lequel se trouveroit égal à celui de la première incidence ABC. Or est-il qu'il doit arriver au point B le même changement en la détermination de la balle que celui qui arrive- roil au point D si le |)lan (^BE lui étoit opposé en ce point-là, puisque dès le point B la halle a toute la même vitesse et la même détermina- tion qu'(d!e auroit au point D après avoir [)arcouru la ligne BD. 10. Et parlant, la balle, selon votre supposition, doit, au point B, rejaillir suivant un angle égal ii celui d'incidence : non point, comme j'ai dit, par la raison que vous dites, car il n'est pas vrai que, l'inler- positiou du plan CBE n'empêchant que l'une des parties dont la dé- termination est composée, celle de gauche à droite reste la même (|n'(dle étoit quand la balle n'avoit aucun plan qui lui fût opposé; car, en ce dernier cas, la balle n'avoit qu'une détermination, et l'on ne peut pas dii'c (|n'(dle avançoitvers la droite. C'est pourquoi la conclu- sion que vous en lirez n'est pas non plus véritable. Donc, dites-vous, la balle a dû avancer autant au-dessus vers la droite qu'elle eût fait au-dessous si le plan n'eût pas empêché sa route; et comme, lorsqu'elle seroit au point D au-dessous, elle auroit avancé en deux moments vers la droite depuis Bjusques en E, de même aussi, pour avancer en deux moments autant au-dessus vers la droite, elle doit aller au point F qui est autant avancé vers la droite que le point D, et qui coupe le cercle au-dessus en même proportion que D le coupe au-dessous, et fait un angle de réflexion égal à celui d'inci- dence. Car toute cette proportion de gauche à droite que vous dites devoir être gardée au-dessus comme elle eût été au-dessous, si le plan ŒE n'eût pas empêché sa route, n'est qu'une proportion imaginaire. XCIX. - 21 AOUT 1658. 423 puisqu'au-dossous, quand il n'y a aucun plan inlorposé, la balle n'a aucune direction vers la droite, cette direction ou détermination vers la droite étant toujours relative au plan qu'on lui interpose. Et par exemple, si le plan CBE lui eût été opposé d'un autre sens comme en cette figure, oîi seroit tout votre raisonnement vers la droite? Mais cela doit arriver dans votre supposition même et dans toute autre, par la Fig 92. raison que j'ai dite, qui est conforme aux lois de la nature et aux prin- cipes ci-devant établis. 11. Pour éclaircir encore ceci davantage, supposons pour troisième cas, comme a fait M. Descartes à la fin de la page 19 de la Diopfnqiie('), (jue la balle, ayant été premièrement poussée d'A vers B, rencontre an point B le plan CBE qui augmente la force de son mouvement ou sa vitesse d'un tiers, en sorte qu'elle puisse fiiire par après autant de chemin en deux moments qu'elle en (aisoit en trois auparavant. Et il Fig. r|3. suit manifestement qu'elle doit rejaillir en F, puisque la délerniination (') Mais faisons encore ici une aulre supposilion et pensons que la balle ayant été premièrement poussée d'A vers B est poussée de rechef étant au point B par la raquette CBE, qui augmente la force de son mouvement, par exemple, d'un tiers, en sorte qu'elle puisse faire par après autant de chemin en deux moments qu'elle en faisait en trois aupa- ravant. (La Dinplriqiir, p. ig-9.0). *2* (EUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. vers la ilroitc no pont i-lro aiiginontéo par le plan CBE à la()iioll(> il n'est aueuiiemenf opposé : et non pas on K, comme elle devroif faire, si votre raisonnement étoit vérilahle, mais qui ne le pentêtre, piiis(|u'il est eontraire aux lois de la natnre et même contre l'expérience, qui nous montre que la réflexion d'une balle et celle des autres semblables eori»s, qui ne sont pas parfaitement durs ou qui tombent sur d'antres qui affoiblissent leur mouvement, ne se fait jamais à angles égaux. Ainsi les balles les plus molles ne rebondissent j)as si haut ni ne font pas des angles [de réflexion | si grands que celles qui sont plus dures. Kt remarquez que, puisqu'il est naturellement aisé de concevoir (|ue, pour faire que la réflexion se fasse à angles égaux, le mouvement ne doit en aucune façon être augmenté ni diminué par la rencontre du plan, il semble que la raison nous doive aussi naturellement porter à croire que, lorsque ce plan l'augmente ou la diminue, l'angle de ré- flexion doit être à proportion ou plus grand ou plus petit que celui d'incidence, et non pas qu'il doive toujours être égal, comme il suit de votre raisonnement qui pour cela vous doit être suspect, quoiqu'il soit très ingénieux. 12. ]\!ais, me direz-vous, que deviendra donc la balle dans la suppo- sition que j'ai faite à la fin de ma première lettre ('), à l'occasion de la figure de la page 19? car c'est ici le point de la dilïîculté, et enfin il la faut tirer de ce point fatal où elle paroît malheureusement engagée. C'est aussi ce que je prétends faire maintenant, à l'honneur de O) Lettre XCV, 4. XCIX. - 21 AOUT 1G38. /^2o M. Descartes et sans faire changer de biais à sa logique, en me servant, dans le cas que vous proposez ici, du même raisonnement dont je me suis déjà servi quand j'ai passé à votre seconde supposition. Si donc la balle, étant arrivée au point B, rencontre de biais le plan dur, impénétrable et inébranlable [CBE], et qu'elle perde à ce point B une telle partie de sa vitesse que la ligne FE, étant tirée comme aux exemples précédents, soit hors du cercle AD, je dis que : ou vous en- tendez que le plan CBE contribue à la perte de sa vitesse, ou vous en- tendez qu'il n'y conti'ibue rien. S'il n'y contribue rien, on ne peut pas concevoir autre chose sinon que la balle, après avoir perdu les deux tiers, par exemple, de sa vitesse, et ayant dans cet état une direction déterminée à aller vers D en un certain temps, à proportion de la force ou de la vitesse qui lui reste, et par conséquent d'avancer aussi suivant cette force d'une cer- taine quantité vers la droite à l'égard du plan CBE qu'on lui oppose, lequel pourtant n'est point opposé à cette direction vers la droite, elle doit rejaillir étant au point B comme elle feroit au point D, ainsi que j'ai dit ci-dessus. Et voilà la route que je lui aurois marquée, qui se trouve conforme à la vôtre, mais par une autre raison qui ne m'oblige point à changer de logique. Mais remarquez que cette supposition même est impossible, qu'une balle perde les deux tiers de sa vitesse sans la rencontre d'aucun corps qui la lui puisse faire perdre. Que si maintenant le corps CBE contribue à la perte de la vitesse, cela ne se peut faire en supposant le corps CBE parfaitement dur, im- pénétrable et inébranlable. Car le mouvement de la balle ne peut être diminué par la rencontre d'un corps, qu'en tant que la balle lui trans- porte de son mouvement; et si elle lui en transporte, cela ne se peut faire que du sens auquel le corps CBE lui est opposé et par conséquent elle ne lui peut transporter de son mouvement que selon cette partie de sa direction qui la fait tendre vers lui, et jamais la rencontre du corps CBE (que l'on doit supposer parfaitement uni) ne peut diminuer sa direction vers la droite ou parallèle. Or il est aisé de conclure que,' Fermât. — II. 34 i-26 (E r \' Il K S 1) K F P. Il M \T. — C 0 U K !• S P 0 M) A N C E. si la balle au point 15 a transporté an corps CBK tout le mouvomont qui la l'aisoil ti'mlic en lias, elle d(Ht couliiuu'r son mouvomont parallMc cl l'iMilci'sur lui en avançani autant vers la droite qu'elle faisoit aupa- ravant. 13. Que si, nonobstant cela, vous voulez contre toute raison faire cette supposition impossible, qu'elle perde une telle partie de sa vi- tesse au point lî qu'elle ne puisse plus avancer autant vers la droite (|u'olle faisoit auparavant, et par conséquent qu'elle ait aussi perdu une |)artio du mouvomont qui la faisoit avancer vers la droite, alors je vous dirai ([u'elle roulera sur le diamètre avec la vitesse qui lui reste, tout de mémo que, lorsque vous supposez que sans rencontrer aucun plan elle vient à perdre de sa vitesse, elle doit continuer son chemin dans la même ligne droite qu'elle avoit commencé à parcourir. Et ainsi il arrivera le mémo à cette balle que si, ayant été mue avec une certaine vitesse le long du plan CBE, il arrivoit qu'étant au point B (par une supposition impossible et sans aucune cause), elle vînt à perdre une partie de sa vitesse : elle continueroit son chemin sur le même plan avec la vitesse qui lui rostoroit. Mais remarquez que, pour trouver quelque chose de défectueux aux raisonnements de M. Descartes, il en faut venir ii des suppositions impossibles, et partant ce ne soroit pas merveille quand d'une impos- sibilité posée il s'ensuivroit une absurdité. 14. Par tout ce que dessus, il paroit que tout ce que vous dites dans votre seconde lettfe (') tombe de soi-même et n'a pas besoin de ré- ponse : à savoir que, « si M. Descartes eût pris garde qu'en quelque manière ([ue la vitesse change », c'est-à-dire augmente ou diminue « au point H, la réflexion ne laisse pas do se faire à angles égaux, il n'eût pas été en peine, ni ses amis non |)lus, de tirer la balle du point B où ils l'ont [vue] malheureusement engagée dans l'exemple de ma der- nière lettre. Il n'eût pas soutenu que, la vitesse venant à changer au ( I; Foir Icllrc XCVli, 2. XCIX. — 21 AOUT 1638. 4-27 point 13, la balle ne reste pas d'avancer vers la droite autant qu'elle faisoit auparavant et n'eût pas déduit, d'un fondement non seulement incertain, mais encore faux, sa proportion des réfractions ». Tout cela, dis-je, n'étant plus appuyé d'aucunes raisons valables, se détruit de soi-même, aussi bien que ce que vous ajoutez à la fin de la même lettre (' ) : à savoir que, le second milieu se pouvant, comme j'ai dit, ouvrir avec une égale facilité de tous côtés pour faire passage à la balle, et que la balle ayant toujours une même aisance à pénétrer le second milieu en toutes sortes d'inclinaisons, il doit suivre, dites-vous, « dans l'application du raisonnement de M. Descartes, qu'en toute sorte de cas la réflexion se fera à angles égaux et que la pénétration se fera de même en tous les cas en ligne droite, le mouvement de dessous en ligne droite suivant les mêmes lois et répondant justement au mou- vement de dessus à angles égaux ». 15. ("ar, si je me suis assez bien fait entendre, vous devez maintenani tirer d'autres conclusions que celles-là des principes de M. Descartes et devez aussi, si je ne me trompe moi-même, avoir reconnu l'erreur du raisonnement duquel vous les aviez tirées. Et partant ne dites plus que le mouvement de la balle et la réfraction ne se ressemblent que par la comparaison imaginaire de M. Descartes; car c'est peut-être la plus juste et la plus claire que l'on puisse apporter pour l'expliquer. Mais, pour cela, il faut considérer la balle sans pesanteur, sans grosseur, sans figure et sans changement en sa vitesse dans toutes les lignes qu'elle parcourt : toutes lesquelles choses peuvent causer une infinité de variétés dans la réflexion et la réfraclion d'une balle, mais, pource qu'elles n'ont poini de lieu en l'action de la lumière [à laquelle se doit rapporter toul ce qu'il dit], M. Descartes ne les a point considérées dans le mouvement de cette balle dont il parle. Et principalement il n'a point considéré cette circonstance que je vous prie de remarquer, qui est la plus commune et qui peut donner le plus d'occasion de douter de ce qu'a dit M. Descartes : c'est à savoir (') ;^o(> Lettre XCVII, 4. V28 ŒrVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. iiuc. (l'aulanl i\no lo milieu (|iip iiarcdurl luio balle lui ùte ])(uir l'ordi- naire il tous iiHimenls une partie de sa vitesse pai' le Irausport (|irelle lui en tait, de lii arrive (|u'une balle peut avoir perdu au point de la rétlexion la moitié {ou plus ou moins) de la vitesse qu'elle avoit au eommeneenient, et qu'elle ne laissera pas de réfléebir ;i angles égaux, à cause qu'an moment (|u'elle vient à toueluM' le plan, sa vitesse a déjà été diminuée ])ar le milieu (ju'elle a [tarcouru, et que la direction qu'ell(> a alors ne laisse pas de la déterminer d'aller suivant la même ligne où sa première direction la portoit quand elle est sortie de la main ou de dessus la raquette, pourvu que sa pesanteur ou sa grosseur ou sa figure n'aient rien changé en cela. 16. Ce que je dis de la vitesse, quand le milieu la diminue, se doit aussi entendre quand elle est augmentée à tous moments par sa pesan- teur : comme, lorsqu'une balle tombe le long d'un plan incliné, elle rejaillira aussi alors à angles égaux, encore que sa vitesse se trouve augmentée au point de la réflexion : et cela par la même raison, à savoir que cette augmentation ne lui vient pas du plan, mais qu'elle l'avoit avant que de le rencontrer. Et ainsi vous voyez combien les principes de M. Descartes sont fermes et ses raisonnements bien suivis ; ce qui montre que la véritable raison des réfractions se doit tirer du mouvement et des déterminations com- posées, en les examinant comme M. Descartes a fait. Et sans mentir, M. Descartes étoit un homme de trop bon sens et (|ui prenoit garde de trop près aux choses, pour tomber dans des fautes ou visibles ou grossières; et il me semble qu'il nous a donné sujet d'avoir assez bonne opinion de lui pour croire plutôt que nous nous méprenons en ne comprenant pas son sens et ses raisons que non pas de croire qu'il se soit trompé, au moins quand l'erreur où nous croyons qu'il soit tombé est apparente et grossière. n. J'ajouterai seulement que, puisque les diverses expériences qu'a faites ici M. Petit ('que vous connoissez) en toutes sortes de corps XCIX. - -21 AOUT 1658. i->f) transparents s'accordent toutes avec la proportion que M. Descartes a trouvée, il est aussi à croire que les raisons qui la lui ont fait trouver sont véritables : car le moyen d'arriver en tant de différents cas si justement au vrai par un même raisonnement, si ce raisonnement étoit faux! Que si, après tout cela, vous ne voulez pas admettre les conclusions (juc j'ai tirées des principes que M. Descartes a établis, recevez au moins pour vraies les conclusions de cette lettre et croyez que, si mes raisonnements sont fautifs, les protestations de mon cœur sont sincères ([uand je vous assure que je veux être etc. ■ WO ŒliV UliS DE FERMAT. - CORRESPOiNDANCE. ANNÉE 1659. c. FERMAT A CARCAVI ('). DIMANCHE IC FÉVRIER 1G59. {OEiit'i-es tic Pascal, IV, ji. '|'|S. Bilil. na(., imprimés, Rdservc V, SSg.) Monsieur mon ciii:r ftl.uTUE, Je suis ombarassé en affaires non géométriques; je vous envoyé |inurl;uit un petit escrit que le Père Lalouvere m'a fait porter ce matin (-). J'ai re(,'eu le Traitté de M. Pascal (^''') depuis deux jours, cl n'ai peu encore m'appliquer sérieusement à le lii'e; j'en ai pourtant eonccu une grande (ipini(Ui, aussi liien que tout ce qui |)arl de cet illuslre. Je suis tout à vous, Fermât. A Tolose, le i() février iGii). ( ') L'autograplie do celle lellre est collé en IlHo d'un recneil des opnscides imprimés de Pascal conservé à la Bibliulhèqiio nalionale. (-) Il s'aj^il d'une réponse daléo du ij février el faite par Lalouvere au Post-scrljiluni du 29 janvier à la Suite de t'hisioire de lu roulette. Cette réponse est insérée dans la Veterum Geometria promota in septem de Crcloide lil/ro.t, publiée par Lalouvere en lOfio. (') Lettres de A. Dettonville contenant quelques-unes de ses inventions en Géométrie. — A Paris, chez Giiillaumo Dcsprez, rue S'-,!aeques, à l'Imago S'-Prospcr. MDCLIX. CI. - AOUT 1659. 431 CI. FERMAT A GARCAVI. AOUT 1639. ( Corresp. Huyg., n" G51. ) lŒL.VTIÛN DES NOUVELLES DÉCOUVERTES EN LA SCIENCE DES NOMBRES ( ' ). ... 1. Et pour cp que les méthodes ordinaires, qui sont dans les rJvres, étoicnt insuffisantes à démontrer des propositions si dilTiciies. je trouvai enfin une route tout à fait singulière pour y parvenir. J'appelai cette manière de démontrer la descenle infinie ou indé- finie, etc.; je ne m'en servis au commencement que pour démontrer les |)roposilions négatives, comme, par exemple : Qu'il n'y a aucun nombre, moindre de l' unité qu un multiple de 3, (/ui soit composé (Viin qiiarré et du triple d'un autre quarré; Qu'il II y a aucun triangle rectangle en nombres dont l'aire soit un /lombrt' quarré ('-). La preuve se fait par 7.-oi.y(uyr^y dç àO'JvaTov en celte manière : S'il y avoit aucun triangle rectangle en nombres entiers qui eût son aire égale à un quarré, il y auroit un autre triangle moindre que celui-là qui auroit la même propriété. S'il y en avoit un second, nidiiidrc (]ue le premier, ([ui eût la même propriété, il y en auroit, par un pareil raisonnement, un troisième, moindre que ce second, qui auroit la même propriété, et enfin un quatrième, un cinquième, etc. il l'infini en descendant. Or est-il qu'étant donné un nombre, il n'y (Ml a point infinis en descendant moindres que celui-lii (j'entends (i| Publiée pour la première fois par M. Charles Henry {Recherches, p. 2i3-2i6), d'après une copie de la main do Iluygens. Cette pièce avait été envoyée « depuis peu » par Fermât à Carcavi, lorsque celui-ci la communiqua à Huygens, le i4 août ilJjg. (-) l'oir Observ. XLV sur Diophante. i3i ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. parler toujours dos nombres entiers). D'où on eonclul qu'il est done impossible qu'il y ait aucun trian!i;le rectangle dont l'aire soit quarrée. On infère de lii ([u'il n'y en a non plus en fractions dont l'aire soit quarrée; car, s'il y en avoil en fractions, il y en aiiroit en nombres en- tiers, ce (|ui ne peut pas être, comme il se peut prouver par la descente. Je n'ajoute |)as la raison d'où j'infère ([ue, s'il y avoit un triangle rectangle de celle nature, il y en auroit un autre de même nature moindre que le premier, parce que le discours en seroit trop long et (|ue c'est là tout le mystère de ma méthode. Je serai bien aise que les l'ascal et les Roberval et tant d'autres savans la cherchent sur mon indication. 2. Je fus longtemps sans pouvoir appliquer ma méthode aux ques- tions affîrmatives, parce que le tour et le biais pour y venir est beau- coup plus malaisé que celui dont je me sers aux négatives. De sorte que, lorsqu'il me fallut démontrer que tout nombre premier, qui surpasse de r unité un multiple de l\, est composé de deux quarrés (' ), je me trouvai en belle peine. Mais enfin une méditation diverses fois réitérée me donna les lumières qui me manquoient, et les questions affîrmatives pas- sèrent par ma méthode, à l'aide de quelques nouveaux principes qu'il V fallut joindre par nécessité. Ce progrès de mon raisonnement en ces questions affîrmatives est tel : si un nombre premier pris à discrétion, qui surpasse de l'unité un multiple de 4» n'est point composé de deux (juarrés, il y aura un nombre premier de même nature, moindre que le donné, et ensuite un troisième encore moindre, etc. en descendant à l'intini jusques à ce que vous arriviez au nombre 5, qui est le moindre de tous ceux de cette nature, lequel il s'ensuivroit n'être pas composé de deux quarrés, ce qu'il est pourtant. D'où on doit inférer, par la déduction à l'impossible, que tous ceux de cette nature sont par con- séquent composés de deux quarrés. 3. Il y a infinies questions de celte espèce, mais il y en a quelques (') ^oi> Observ. VII sur l)i(i|il]anle. CI. — AOUT 1639. ' i3:5 autres qui demandent des nouveaux principes pour y appliquer la des- ceiuc, et la recherche en est quelquefois si malaisée qu'on n'y peut venir qu'avec une peine extrême. Telle est la question suivante que Bachet sur Diophante avoue n'avoir jamais pu démontrer, sur le sujet de laquelle M. Descaries fait dans une de ses lettres la même déclara- tion, jusques là qu'il confesse qu'il la juge si dillicile qu'il ne voil |)oint de voie pour la résoudre ('). Tout nombre esl quarré ou composé de deux, de trois ou de quatre (fuarrés. Je l'ai entin rangée sous ma méthode et je démontre que, si un nombre donné n'éloit point de cette nature, il y en auroit un moindre qui ne le seroit pas non plus, puis un troisième moindre que le second, etc. ii l'intini; d'où l'on infère que tous les nombres sont de cette nature. 4- Celle que j'avois proposée à M. Frenicle et autres (^) est d'aussi grande ou même plus grande difficulté : Tout nombre non quarré est de telle nature qu'il y a infinis quarrés qui, multipliant ledit nombre, font un quarré moins i. Je la démontre par la descente aj)j)liquée d'une ma- nière toute particulière. J'avoue que M. Frenicle a donné diverses solutions particulières et M. Wallis aussi, mais la démonstration générale se trouvera par la descente dûment et [)roprement applicjuée : ce que je leur indique, afin qu'ils ajoutent la démonstration et construction générale du théorème et du problème aux solutions singulières qu'ils ont données. 5. J'ai ensuite considéré certaines questions qui, bien que négatives, ne restent pas de recevoir très grande difficulté, la méthode pour y pratiquer la descente étant tout à fait diverse des précédentes, comme il sera aisé d'éprouver. Telles sont les suivantes : H n'y (i aucun cube divisible en deux cubes (^), (') f (lir la note de la pai^o 4oj. (2) Folr Pièces LXXX et LXXXI. (3) roir Observ. Il sur Diophante. I'lrmat. — 11. 55 Wi ŒUVRES DE FEUiMAT. — COUllESPONDANCE. // n'y a qu'un seul quarrè en entiers qui, aus;mentc du binaire, fusse un eube. Lo dit quarro est 2"). Il n'y a que deux quarrés en entiers, lesquels, uu^uienfes de ^^ fassent un cube. Les dits quarrés sont 'i ot 121 ('). Toutes les puissances quarrées de 1, augmentées de l'unité, sont nombres premiers (- ). l^iOtto (icriiiôro question ost d'une tirs siil)Lile et très ingénieuse reclicrche el, hien (iii'elie soit eonçue affirmativement, elle est néga- live. puisque dire (ju'nn nombre est premier, c'est dire ([u'il ne pent être divisé parauenn nomiire. Je mets en eet endroit la qneslion suivante dont j'ai envoyé la dé- monstration à M. Frenicle, après qu'il m'a avoué et qu'il a même témoigné dans son Ecrit imprimé (^) qu'il n'a pu la trouver : // n'y a que les deux nombres i et -j qui. étant moindres de l'unité iju'un double quar ré, fassent un carré de même nature, c'est-à-dire (|ui soit moindre de l'unité qu'un double quarré. 6. Après avoir couru toutes ces questions, la plupart de diverse na- ture et de dill'érente façon de démontrer, j'ai passé à l'invention des règles générales pour résoudre les équations simples et doubles du Diophante. On propose, par exemple, 2O + 7967 égaux à un quurré. J'ai une règle générale pour résoudre cette équation, si elle est |»os- sible, ou découvrir son impossibilité, et ainsi en tous les cas et en t(uis nombres tant des quarrés que des unités. (<) Foir LeUrc LXXXIV, 5. Cf. Observ. XLII sur Dioplianic. (2) ro/rLeUrc XCVI, 3, 1". (') Cet Écrit, aujourd'hui inlrouvablc, était intitule Solttlio diiorum prohlcnuiliiiii ne, dédié à Keneiin Digby, et commençait comme suit : h'n tif/i, ï'ir Itluxtrissiine, l.uictia prœliet.... Deux exnmplairos en arrivèrent on Hollande, pour Schooton et IIuyp:ons. le ■fA octobre 1657. En Angleterre, Brouncker eu reçut un seulement en décembre. CI. - AOUT 1G59. 43.Î ()i) propose cptto équation double : 2N + 3 et 2N-1-5 égaux eliaciin à un quarré. Bacliet se glorifie, en ses Commentaires sur Diophanle ('), d'avoir trouvé une règle en deux cas particuliers; je la donne générale en toute sorte de cas et détermine par règle si elle est possible ou non. .J'ai ensuite rétabli la plupart des propositions défectueuses de Dio- phanle et j'ai fait celles que Bachet avoue ne savoir pas et la plupart de celles auxquelles il paroît que Diophanle même a hésité, dont je donnerai des preuves et des exemples à mon premier loisir. 7. J'avoue que mon invention pour découvrir si un nombre donné est premier ou non n'est pas parfaite, mais j'ai beaucoup dévoies et de méthodes pour réduire le nombre des divisions et pour les diminuer beaucoup en abrégeant le travail ordinaire. Si M. Frenicle baille ce qu'il a médité là dessus, j'estime que ce sera un secours très consi- dérable pour les savans. 8. La question qui m'a occupé sans que j'aie encore pu trouver aucune solution est la suivante, qui est la dernière du Livre de Dio- phanle De inuhangulis numeris. ïkilo numéro, irncnire quoi modis mullangulus esse possit. \jV texte de Diophanle étant corrompu, nous ne pouvons pas deviner sa méthode; celle de Bacliet ne m'agrée pas et elle est trop difiicllf aux grands nombres. J'en ai bien trouvé une meilleure, mais elle ne me satisfait pas encore. 9. 11 faut chercher en suite de cette proposition la solution du pro- bli'ine suivant : Trouver un nombre qui soit polygone autant de fois et non plus qu'on voudra, et trouver le plus petit de ceux qui satisfont à la question. (') foir Observ. XLIV sur Dioplianio et YJppendLv à celle Observaliou. WG (EL VU F, S DK l'KIlM AT. - COURES IM)M) ANCK. 10- Voih'i soiniuairciiiiMil le roiupto de mes ivvcrics sur le sujcl des noinbivs. Je ne l'ai ('■cril (|ii(' parce ([uc j"a|»|)i'(''li(Mi(l(' ([iic h^ Idisir (retondre et de mettre an Ion;;- toutes ces dt'iiioiistrations et ces nié- lli()d(>s me man(|uera; en loni cas, eelte indication servira aux savans |(onr Ironvei' d'eiiv-nu'iues ce(|ne je n't'tends [toini, principalement si MM. de C.ari'avi el Ki'eniele leur l'uni i)ai't d(> (|uel(|ue,s démonstrations /Hir la descente (]ue je leur ai envoyées sur le sujet de (|uelqucs propo- sitions négatives. Kt peut-être la postérité me saura gré de lui avoir fait connoîtrc tiuo les Anciens n'ont pas tout su, et cette relation pourra passer dans l'esprit de ceux cjui viendront après moi pour Iradilio liimpadis ad Jîlios, comme parle le grand Chancelier d'Angleterre (' ), suivant le sentiment et la devise du({uel j'ajouterai (-) : Mulli pertransibunt et aitgebitur scientia. Cil. FIÎKMAT A BILLY(').' 2G AOUT 1G59. ( Bililiolhè([ii(! n.itiiinale, lalin SGoo, fui. i.'i, .lutosi'aplie.) Mon Révérend Peue, Je suis bien aise que mes solutions vous ayent pieu et je vous remercie des éloges que vous me donnés, bien que je recognoissc de bonne foi que vous en usés avec un peu trop de profusion. Peust- cstre scrés vous ()lus surpris de ce que vous allés lire sur le subject de vostre nouvelle question ([ue vous énoncés en ces termes : Treuver trois nombres dont le solide estant osté de chacun d'eux et de ( ') Bacon, De fli<^/iila!e et /iiiginr/ili.t sciriiliariim, \,. VI. oap. a. (2) Foir page 35, nolo i. (') Publiée pour la première fois par Liliri (Jourunl des Sm'nins, 1839, p. 5/18 j. cil. — 26 AOUT IGoi). 437 chacune de leur différence, el du produict du second par le premier ou par le dernier, ou du quarré du milieu, il se fasse tousjours un quarrè. Ces trois nombres sont s» i. 5- Vous adjoustés onsuitte, après avoir est(Mi(lu vostre nicthodo, que vous ne croyés pas qu'il y aist au monde trois autres nombres qui satis- fassent à la question, et vous désirés estre esclairci par moi si vous vous trompés en cette créance. Je vous respons, mon Père, que cette question reçoit infinies solu- tions et que la double csgalité à laquelle vous la réduisez : 1 -VA — A + I eL 1 AA — 3 A -t- 1 , chacun desquels termes doit estre faict égal à un quarré, peut estre résolue en infinies manières. Je vous advouc que la méthode dont je me sers pour cela n'est pas dans les livres, et que c'est une de mes inventions qui a quelquesfois cstonné les plus grands maistres et particulièrement Monsieur Frenicle, que j'estime très profond dans la cognoissance des nombres. Mais, puisqu'il semble que Diophante, Viete, Baehet et touts les autres authcurs dont les ouvrages sont venus jusques à moi, n'ont sçu qu'une seule solution en cette nature de questions, je ne suis point surpris que vous, mon Père, quoyque d'ailleurs très habille par l'adveu de touts les sçavants, n'ayés point tenté d'estendre vostre cognoissance au dessus de celle que donnent les livres. Vous changerés sans doute d'advis par mon indication, et vous ne croirés pas cette nouvelle descouverte indigne de vostre recherche, principallement lors que je vous asseurerai, comme je fais à l'ad- vance, que ma méthode est generalle et qu'elle sert à résoudre un nombre infini de questions qui ont esté jusqu'ici entièrement aban- données. Voici trois nombres différents des vostres qui satisfont à vostre ques- tion et qui peust-estre vous donneront l'accès aux solutions infinies. V3S ŒUVRES IH-: FEUM AT. - CORRESPONDANCE. Le proinior de ces trois nombres est !."oIk' ïp second osl i. le Iroi- sinnc osl i^- .)i8b3 .le suis de (oui mon cœur, .Mon ncvcM'cud Père, vostre 1res humble rt Ires acijuis serviteur. Fermât. A Tolose, le iC A' lOJy. (Adresse) : Au révérend perc , le père Billv. de la compagnie de Jésus, à Dijon. cm. FERMAT A C ARC AVI ('). < AoiT 1659. > {Correspondance Hurgens, n" G!)9.) (Bibl. Nat. fr. i3o'|0, f l;î9.) ... Si la ligne spirale n'est pas égale à la parabolique, tdle sera ou plus grande ou plus petite. Soit premièrement plus grande, s'il est possible, et que l'excès de la spirale sur la parabole soit égal à X, dont la moitié soit Z. Soient inscrites et circonscrites à la parabole et ii la spirale des ligures comme en la précédente (-), en sorte que la difl'érence entre les inscrites soit moindre que Z, et que la différence entre les circonscrites soil aussi moindre que Z; nous aurons cinq quantités qui vont toujours (■') Publiée pour la pi'emiérc fois par M. Ciiarlcs Henry i Reclierclics, p. 17:1-17(1). — (^c frat;ment, envové par (larcavi à Huygens dans une JeUre daléc du lî sppleuibre lOJg. e.sl le dévclo(ipemcnl du dernier ihcorénic de VEi^aUU' cuire les lignes spirale ei parabolique démontrée à la manière des anciens. la<|ucllc fait ])artic des Lettres de A. Dcttnnvillc (Œuvres de Pascal, Y, pp. !\-?a à 4'>^)- La dcmonslration de Pascal, beaucoup plus brève. est faile également par l'absurde, mais sans hypolhèse sur le sens de l'inégalilé iiure la .spirale cl la parabole. (^) Fig. 38 des Lettres de Dcttomùltc ; voir ci-aprcs fig. 93. cm. — AOUT 1659. i39 en augmentant, savoir : l'inscrite en la parabole, la parabole, la circon- scrite à la parabole, la spirale, et la circonscrite h la spirale. Car il appert que la seconde, qui est la parabole, surpasse son inscrite et que la circonscrite à la parabole surpasse la parabole. Or il paroit ([uc la quatrième quantité, qui est la spirale, surpasse aussi la circonscrite à la parabole : car, puisque (') l'inscrite en la para- bole diffère de la circonscrite à la même parabole d'une ligne moindre que Z (ainsi que M. Dettonville l'a démontré), a fortiori la parab(de même diffère de la circonscrite de moins que Z. Or, par la supposition, la parabole est moindre que la spirale et la différence est 2Z. Donc, puisque la différence entre la parabole et sa circonscrite est moindre que la différence entre la même parabole et la spirale, la circonscrite à la parabole sera moindre que la spirale. Laquelle spirale étant aussi moindre que sa circonscrite, il paroit que ces cinq quantités, à commencer par l'inscrite en la parabole, vont toujours en augmentant. Mais puisque l'inscrite en la parabole diffère de la circonscrite d'une ligne moindre que Z, et que, par la construction, la circonscrite sus- dite à la parabole diffère aussi de la circonscrite îila spirale d'une ligne moindre que Z, donc l'inscrite en la parabole diffère de la circonscrite à la spirale d'une ligne moindre que 2Z. Nous avons donc la première et la cinquième de ces cinq quantités, qui sont la plus petite et la plus grande, qui diffèrent entre elles de moins que de 2Z. Donc, a fortiori, la seconde et la quatrième, qui sont la parabole et la spirale, diffèrent d'une ligne moindre que 2Z cl par conséquent moindre que X; ce qui est contre la supposition. Donc la spirale n'est pas plus grande que la parabole. Qu'elle soit, s'il est possible, moindre que la parabole, et que l'excès soit X ou 2Z. Il faut faire les inscriptions et circonscriptions comme en la précédente partie de la démonstration. Nous trouverons ici cinq quantités qui vont toujours en diminuant : la circonscrite à la para- (!) D'après le corollaire qui, dans les Lettres de Dettonville, précède immédiatemeiil le ihéorèmo repris par Fermât. •liO ŒIIVKES 1)E FERMAT.- COHUESPONDANCE. Iiolc, la parabole, l'iiisrrili,' vu la jiaraluilc, la spiralo, cl riiiscrile en la spirale. La ])rtMiiii'ro paioil (''vicli'iiiiiiciil plus graiHlc (|U(' la sccoiulr cl la seconde (|ii(> la tniisièiiic. Or on voil aussi (]ii(' la Iroisii'nu», (|ui es! rinscrilc en la |)araboie, surpasse la spirale : car, puis(|ne, par la dcrnonsdation de Al. Dcllon- ville, l'exeès de la circonscrite à la parabole sui' l'inscrite en la para- bole est moindre que Z, a fortiori Vexce» de la jiaraludc sur son inscrite est moindre que Z. Or, la parabole étant plus grande que la spirale, cl son exci's sur la dite spirale étant, par la supposition, 2Z, la parabole surpasse la spi- rale d'une plus grande quantité (|ue celle dont elle surpasse l'inscrite en la parabole, et, parlant, l'inscrite en la parabole est plus grande que la spirale. Nous avons donc cinq quantités qui vont toujours en diminuant, savoir : la circonscrite à la parabole, la j)arabole, l'inscrite en la para- bole, la spirale, et l'inserile en la spirale. Or la circonscrite à la para- bole diirèrc de son inscrite de moins que Z, et l'inscrite en la dite pa- rabole diirère aussi, par ^la construction, de l'inscrite en la spirale de moins que Z. Donc la circonscrite à la parabole, qui est la première des cinq quantités et la plus grande, dillcre de la dcrnii're des dites quantités, qui est la plus petite, d'une ligne moindre que aZ. Donc, a fortiori, la seconde quantité dillcre de la quatrième, c'est-ii-dirc la pa- rabole de la spirale, de moins que de 2Z, c'est-à-dii'e de moins que de X : ce qui est contre la supposition. D'où il résulte que la spirale n'est pas j)lus petite que la parabole; et partant, puisqu'elle n'est ni plus petite, ni plus grande, elle est égale, ce qu'il etc. CIV. - SEPTEMBRE 1659. Ul CIV. FERMAT A CARCAVI ('). < SEPTEMBRE 1639 > { Correspondance H nj'^ens, n" 700.) (Bibl. liât. fr. i3o'|0, f» 139-liO.) 1. ,1'onvoyai rannéo passée à M. Frenicle la démoiislralion par la- quelle je prouvois qu'il n'y a aucun nombre que le seul 7 qui, étant le double d'un quarré — i, soit la racine d'un quarré de la même nature, car 'iç) est le double d'un ([narré, 2"), — i. 2. Je veux même que M. de Zulichem voie que cette comparaison des lignes spirales et paraboliques se peut rendre plus générale, et peul- èlre sera-t-il surpris de lire la proposition suivante, dont je lui garantis la vérité : En la figure 38 de M. Dettonvillc (Jig- 9'i). on peut considérer les spirales quarrées, cubiques, quarréquarrées, etc., tout de même que les paraboles cubiques, quarréquarrées, etc. Si la spirale ordinaire, en laquelle comme toule la circonférence à la portion EiSB, ainsi la droite BA à la droite AC, se compare avec la pa- rabole ordinaire en laquelle comme la droite RA à la droite 6A, ainsi le quarré de la droite RP est au quarré de la droite GQ, et le rapport est tel : Si AR est faite égale à ^ de la circonférence totale, et l'appliquée RP au rayon AB, la ligue parabolique PQ.\ sera égale à la spirale Bt^DA, comme le démontre M. Dettonville. Mais en prenant la spirale quarréc, qui est celle du second genre, en laquelle comme toute la circonférence est à la portion E8B, ainsi (') Publiée pour la première fois par M. Charles llonry (Rcc/ierrhes. p. 176-177). — Cet extrait, envoyé par Carcavi à Hiiygens en même temps que le précédent, provient d'une lettre postérieure de l'^crmat. FiinjiAT. — H. 5o Vi-2 Œl'VRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. le quarri' du rayon AB est au (luarrc du rayon A(^ on peut la coni- Kig. o'i- parer avec la parabole cubique, qui est la parabole du second genre. Soit fait^ en la parabole cubique, l'axe AR égal aux | de la circonfé- CIV. — SEPTEMBRE 1659. U3 ronce tolalc, et l'appliquée RP aussi égale au rayon AH ; la parabole AP du second genre sera égale à la spirale du second genre BCDA. Si la spirale est cubique, il la faudra comparer avec la parabole quarréquarrée, et faire les f de la circonférence totale égaux à l'axe AR de la parabole quarréquarrée, et l'appliquée RP toujours égale au rayon AB. La parabole quarréquarrée PQA, du troisième genre, sera égale à la spirale cubique du troisième genre en laquelle comme toute la circon- férence à la portion E8B, ainsi le cube du rayon AB au cube du rayon AC; et à l'infini, en augmentant toujours chaque numérateur et dénominateur de la fraction, de l'unité : L'ave (le la parabole ordinaire étant ... |^ de la circonférence, L'a\e de la parabole cubique f de la même circonférence, L'axe de la parabole quarréquarrée ... | L'axe de la parabole quarrécubique ... | Puis |, etc. D'oii il est aisé de conclure qu'il y a des spirales dans cette progres- sion qui sont plus grandes que la circonférence du cercle qui les pro- duit, mais qu'elles sont toujours moindres que la somme de ladite circonférence et du rayon. Voilà un paradoxe géométrique, sur lequel peut-être M. Dettonville et M. de Zulichem n'ont pas encore rêvé. En tout cas, je les supplie de croire que je ne l'ai point de personne, et que ma méthode dont vous avez le chiffre longtemps avant que le Livre de M. Dettonville partit, est la source de beaucoup d'autres belles découvertes sur le sujet des lignes courbes comparées, ou avec des droites, ou avec d'autres lignes courbes de diverse nature. Je vous en dirai peut-être un jour qui vous surprendront. 3. M. de Zulichem désire encore savoir si ma méthode s'étend à tix)u- ver la dimension des surfaces courbes des conoïdes et des sphéroïdes. Vous pouvez l'assurer que oui, et qu'elle va encore bien plus loin. Il m'entendra assez lorsque je lui assurerai : 1° Que je n'ai point vu aucune de ses propositions sur ce sujet; VVi (EIVUKS DE FERMAT. - CORRESI'ONDANCK. ■j." Ouo la surt'iicc du coiioïdc [iiiiali(ili(]Ui' atilour de l'axe se li'oiive par la lèi^lo ol It* compas iM csl un probli-mc plan; Que les sui laces des cdiuudes liy|ieil)()li(|ues cl sphéroïdes suppdsciil la (|ua(lratuic de l'iiv perliolc cl (]U(d(|ucs fois de l'cdlipse, Va qu'(Mitiu le couoïdc parabolique autour de rappli(|ué(> f'ail une surlace cour!)e i|ui suppose, pouréire (>xaclciueii( niesui'ée, la (|uadi'a- lurc de l'iiyperholc. Je puis nièiuc donuei' une ligne dioile égale ii loulc poilion de para- bole doniioe, en supposant la quadrature de rii\[)erbole, c'est-à-dire do l'ospace hypcM'bolique. J'ajoulorois toutes les constructions do uies propositions, mais le loisir me man(|ne. CV. - FÉVRIER 1660. 445 ANNÉE 1660. CV. FERMAT A C ARC AVI ('). < FÉVRIER 1660 > (Corresp. Huyg., 11° ITi .) . . . On peut considérer les roulettes allongées ou raccourcies d'uni- autre manière que n'a fait M. Dettonville : Supposez qu'en la roulette ordinaire les seules appliquées soient allongées ou raccourcies proportionnellement, c'est-à-dire que, l'axe demeurant le même, chacune des appliquées est augmentée de la moitié ou hien raccourcie de la moitié, auquel cas il se produit des courbes nouvelles : celles des appliquées allongées sont au dehors de la roulette et celles des appliquées raccourcies sont au dedans. Je dis que toutes les roulettes allongées en ce sens sont égales à la somme d'une ligne droite et d'une circulaire, et que toutes les roulettes accourcies au même sens sont égales à des courbes para- boliques. Par exemple, soit une roulette allongée dont les appliquées soieni aux appliquées de la roulette naturelle comme le diamètre d'un quarré à son coté, je dis que cette roulette allongée, prise tout entière, c'est-à-dire des deux côtés, et que par la construction vous voyez être plus grande que la naturelle, est égale à la circonférence (') Fragmenl envoyé par Carcavi à Huygens le 6 mars 1660. — • Publié pour la pre- mière fois par M. Ch. Henry (Pierre de Carcavy, p. 3i). U6 ŒUVRES DE FERMAT. - COHUESPONDANCE. (lu ciM'cK' gonéralour do la l'oult'ltc iialiirellc et au double do son dia- Illi'Il'C. Jo pouiTois ajouter le théorème général pour tous ees cas, c'est- à-dire pour l'iiiveiilion des paraboles égales aux roulettes accourcies et pour l'invention de l'agrégé des droites et des circulaires égales aux allongées. Mais ce sera pour une autre fois. Ma méthode générale ne dépend que du chiffre que je vous envoyai l'année passée, avant que j'eusse vu le Livre de M. Dettonville. . . . CVI. KKRMAT A CARCAVI (')• {Cvrresp. Hur^. ^ n°* 75ô. ) ... 1- Data quadralurà hyperboles, datur circulus sequalis supertl- ciei curvae paraboles circa applicalam rotatae. Sit data parabole AD (fig- 95), cujus axis AE, applicata seu semi- basis DK, rectum latus ABC. Quairilur circulus apqualis superficiei curva' solidi quod ex rotatione figura? ADE circa applicatam DE tan- quam immobilem circumductœ conficitur. (^) Fragments envoyés par Carcavi à Huygens le 25 juin iGGo. — l'ublics pour la pre- mière fois par M. Ch. Henry {Pierre de Carcavy, p. 33-34 )• CVI. JUIN 1G60. ii7 Bisecetur latus rectum AC in B et axi AE ponatur in directuni recta EF aequalis rectae AB seu dimidio recti lateris, et jungatur DF. Exponatur separatim recta IQ {fig. 96) œqualis axi AE, cujus dupla sit recta IR; fiât ul FE sive AB ad PF, ita recta QI ad reclam QII, et a puncto H ducatur HG perpendicularis ad HIR, et fiât HG seqiialis rectae DE. Per punctum I tanquam verticem describatur hyperbole cujus transversum latus sit recta IR, centrum Q, et transeat hyperbole per punctum G et sit IG. Describatur item alia hyperbole separatim {fig. 9G), cujus transver- sum latus MN sit sequale quartae parti recti paraboles lateris, hoc est Fig. 96. quartae parti rectae AC; centrum vero sit V, rectum latus OVP aequale transverso lateri. Sit autem hyperbole ita descripta MK, cujus vertex M, axis ML qui continuetur donec recta ML sit aequalis axi paraboles AE, et ducatur perpendicularis seu applicata LK. A rec- tangulo sub QH in HG deducantur duo spatia hyperbolica IGH, MKL, quorum quadraturae supponuntur, et quod supererit aequetur qua- drato. Vis Œ r \ I J F. S 1) K K K II M AT. - C O H R E S P 0 N 0 A N C K. Diagoiiia isliiis (iiiath'ali cril radius circuli suj)crticioi rurva', ciijiis iliiiiciisioiu'iii quariinus, a'qiialis (^'). 2. Ksto oyclois priinaria ANIF (X.^". 97), ciijiis axis AD. seiiii- hasis nr. t'I ab eà formonlur aliœ curva.' vel extra ipsaiu vcl iiilra. ([uaniiii applirata' siiil soinpor iii càdoin ratiniio data ad applicalas |iri maria' cycloidis. F g- «7- ■^ A H^ / '^ 1/ '^/ B /o C / / 6 F E D Kxonipli gratia, in ciirva oxteriori AMMG diicanliir applicata- GFl), HIC, 3FNB; ratio autom GD ad DF sit data et sit semper eadem qua* H(J ad CI et ^IB ad BN. In curvà autem interiori AROE, ratio FD ad DR sit data et sit semper eadem qiise IC ad CO et NB ad RB. Dieo contingere ut curvœ exteriores, qualis est AMHG, sinl semper a'quaies aggrcgato linese eircularis et linea» rectae; curv* autem inle- l'iores, qualis est AROE, sint semper a^juales parabolis primariis sive Arehimedeis. ïheorematis generalis enunciationem , quando vcdueris, exliibebo, inio et demonstrationem (- ). iCortc^ipnndnncr //lOi^e/is, ir 7jG.) -î. l'dur me sauvrr un jii'ii (b' i'ai-cusaliini (b' .M. (b^ Znlyclu'in, (jiii dit que mes spirab's n'ont pas des jtropi'iélés qui soient autrement con- si(b''rables(^), vous |)oni'r(>z, si vous voub'z, lui proposer eeUe qui suit : (•) Cniiipfircr la Proposilion II ;i Lalouvrre, I. I, |). ioo. (') Comparer la proposition IV à Lciloiivi-re, I. I, p. 202 Cl siiiv. (') LoUre (le llinijons à Carcavi du -^G fcvriei' 1C60 (Corr. Hiiyg.. 11° liH) : « La rnn\- paraiifnn des autres sortes de spirales avec les liijncs |)aral)oloïdes ipic dimne M. do CVI. — JUIN 1660. U9 Soit \e ciTclc BCDM (fïg. 98), diiquol le centre A et le rayon AB, et soit la spirale BOZA de laquelle la propriété soit telle : HA esl à OA comme le (|uarré de toute la circonférence BCDMB au f|iiarré de la |)ortion de la môme circonférence (jUMB. Cette spirale, par mon théorème général, est égale à nne parabole en laquelle les cubes des appliquées sont en même raison que les quarrés des portions de l'axe, laquelle parabole est égale à une ligne droite. Fig. 98. J'espère que cette propriété suffira pour me réconcilier avec M. Zuly- chem et, puisque je lui cède tous mes droits sur les surfaces courbes des sphéroïdes et conoïdes, je souhaiterois qu'en revanche il m'indi- quât s'il sait aucune surface courbe égale à un quarré par voie pure- ment géométrique et pareille à celle dont je me suis servi en donnant des droites égales à des courbes. Fc'i'iiial est vorilahlc, mais nun pas lort difflcilo à troiiviT a|)i-ès que la |ii-i'iiucrL' est connue, cl je m'étonne qu'il proiui plaisir à inventer des lignes nouvelles qui iiDiit pas autrcmenl fies propriétés dignes de considération. » Cp. la Pièee CIV. Flumat. ioO ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. CVll. FERMAT A PASCAL. ItlM.WCIlE 23 JUILLET 1C60. (Or.iivrvs ilr Pascal . IV, p. 445.) Monsieur, Dès quo j'ai su qiio nous sommes plus proches l'un do l'iuitro que nous n'étions auparavant, je n'ai pu résister à un dessein d'amitié dont j'ai prié .M. do Careavi d'être le médiateur : en un mot je prétends vous embrasser et converser quelques jours avec vous; mais, parce que ma santé n'est guère plus forte que la votre, j'ose espérer qu'en cette con- sidération vous me ferez la grâce de la moitié du chemin, et que vous iir(tl)ligerez de me marquer un lieu entre Clermont et Toulouse, où je ne manquerai pas de me rendre vers la fin de septembre ou le com- ineucemcnl d'octobre. Si vous ne prenez pas ce parti, vous courrez hasard de me voir chez vous et d'y avoir deux malades en même temps. J'attends de vos nou- velles avec impatience et suis de tout mon cœur. Tout à vous. A Toulouse, lo 7 J juillet i66o. Fermât. CVIII. PASCAL A FERMAT. MARDI 10 AOUT 1C60. injùn'res Je Pascal, IV, p. 4',0-4^S.) ('■fl, p. 2oO.) Monsieur, Vous êtes le plus galant homme du monde et je suis assurément un de ceux qui sais le mieux reconnoître ces qualités-là et les admirer CVIII. - 10 AOUT 1660. 431 infiniment, surtout quand elles sont jointes aux talents qui se trouvent singulièrement en vous. Tout cela m'oblige à vous témoigner de ma main ma reconnoissance pour l'ofTre que vous me faites, quelque peine que j'aie encore d'écrire et de lire moi-même; mais l'honneur que vous me faites m'est si cher que je ne puis trop me hâter d'y répondre. Je vous dirai donc, Monsieur, que si j'étois en santé, je serois volé à Toulouse et que je n'aurois pas soufTert qu'un homme comme vous eût fait un pas pour un homme comme moi. Je vous dirai aussi que, quoique vous soyez celui de toute l'Europe que je tiens pour le plus grand géomètre, ce ne seroit pas cette qualité-là qui m'auroit attiré, mais que je me figure tant d'esprit et d'honnêteté en votre conversa- tion que c'est pour cela que je vous rechercherois. Car, pour vous parler franchement de la Géométrie, je la trouve le plus haut exercice de l'esprit : mais en même temps je la connois pour si inutile que je fais peu de différence entre un homme qui n'est que géomètre et un habile artisan. Aussi je l'appelle le plus beau métier du monde, mais enfin ce n'est qu'un métier, et j'ai dit souvent qu'elle est bonne pour faire l'essai, mais non pas l'emploi de notre force. De sorte que je ne ferois pas deux pas pour la Géométrie et je m'as- sure que vous êtes fort de mon humeur. Mais il y a maintenant ceci de plus en moi que je suis dans des études si éloignées de cet esjirit-là qu'à peine me souviens-je qu'il y en ait. Je m'y étois mis, il y a un an ou deux, par une raison tout à fait singulière, à laquelle ayant satis- fait, je suis au hasard de ne jamais plus y penser. Outre que ma santé n'est pas encore assez forte, car je suis si foible que je ne puis marcher sans bâton ni me tenir à cheval, je ne puis même faire que trois ou quatre lieues au plus en carrosse. C'est ainsi que je suis venu de Paris ici en vingt-deux jours. Les médecins m'or- donnent les eaux de Bourbon pour le mois de septembre, et je suis engagé, autant que je puis l'être, depuis deux mois d'aller de là en Poitou par eau jusqu'à Saumur, pour demeurer jusqu'à Noél avec M. le duc de Roannès, gouverneur de Poitou, qui a pour moi des V32 (F.l'VRES DE lEIUIXT. - CO l{ RKS l>()N I) A NCR. sontiiiKMis (iiic j(> ni' vaux pas. Mais, comnio je |)ass(M'ai par Orléans en allant à Sannuir par la rivière, si ma santé ne me |)erm(a pas de passer outre, jiiai de là à Paris. Voilà, Monsieur, (oui l'étal de ma vie présente, don! je suis (d)ligé de vous rendre compte |)our vous assurer île l'impossibilité où je suis de recevoir l'honneur que vous daignez m'oUVir et (|ue je souhaite de tout mon ('(viir de pouvoir un jour re('(mn(u"lre, (Ui en vous, ou en ^[essieurs vos entants, auxquels je suis tout dévoué, ayant une véné- ration partienlière pour eeux qui portent le nom du premier homme du monde. Je suis, ete. Pascal. lie Bienassis, le lo août iCiGo. CIX. FERMAT A HUYGENS (' ). DÉCEMBRE 1G()0. {Corrrsiionitnncc ilf Hiiy^^ctiH, ii" 8'24. ) Monsieur, J'ai appris avec joie, mais non sans quelque espèce de jalousie, que mes amis de Paris ont l'honneur de vous posséder depuis quelque temps. Je vous assure. Monsieur, que, si ma santé étoit assez forte pour les voyages, j'irois avec grand plaisir prendre ma part de leur bonheur. Ce n'est pas d'aujourd'hui, ni par la relation seule de M. de Carcavi, que je suis persuadé de vos qualités tout extraordinaires. J'é- tois à vous avant que vous fussiez en France et, lorsqu'on m'a demandé mon sentiment de votre Saturne, j'ai répondu hardiment et sans même ( ■> Publiée pour la première fois par M. Charles Henry (Recliercliex, \i. 77-78). — Car- cavi remit celte lettre à Iluygens, alors ù Paris, lo 27 dccombre i()6o. L'autographe est conservé à la Bibliotiièquc de l'Université de Leydc, manuscrit Iluygens, 3o. (JX. - DÉCEMBRE 1660. 453 l'avoir encore vu que, puisqu'il partoit de votre main, il ne pouvoit manquer quoi que ce soit à sa perfection. Vos autres ouvrages que j'ai vus et admirés m'ont obligé d'en parler de la sorte et j'ai eu plus de raison d'en user ainsi que celui Qui niinqiiam vis» flagrabat amure pucHœ ( ' )• Votre grande et juste réputation est le seul et véritable garant de tous vos livres. Il me tarde de les voir et de me confirmer par leur lec- ture au jugement que j'en ai fait par avance et en la passion que vos autres écri(s m'ont donnée, d'être toute ma vie avec grand respect. Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Fermât. (M Jii vouai. Sat. IV, ii3. !t6'* ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. ANNÉE 1661. c\. FERMAT A CARCAM {' ). 1661. (Com-v/,. Hiry!^.. n» 019.) . . . Soil la courbe de Dioclo BCRG (//i,'-. 99) et BDF do l'autre cùlé du cercle, qui a cette propriété connue qu'en prenant quelconque point Fis- 99- HiiG au cercle, comme N ou Q, les quatre lignes AO, ON, OB, OM sont con- (') Frajïmcnl envoyé par (larciivi ;'i Iliiygens, lo i"'' janvier rG62, en môme temps que le morceau lalin De cix.ioidc imprimé ïomo I, p. ■28'J-'288. — Il a été publié pour la pre- mière fois par M. (^li. Ilcnrv {Pierre de Caremy, p. aj). CXI. - 13 DECEMBRE 1G61. W5 tiiiueinent proportionnelles et de même les quatre lignes AP, PQ, PB. PR. Or, cette courbe s'étend des deux côtés à l'infini, et la droite HAE, qui touche le cercle en A, est son asymptote. La proposition est que tout l'espace GRBDF, c(uiipris entre la courbe et l'asymptote étendue à l'infini, est triple du cercle générateur ACBD. j'ai aussi la mesure des solides, des centres de gravité des portions, et de tout le reste CXI. FERMAT A SÉGUIER ('). MARDI 13 DÈfiEMIlRK IGCl. (Bibl. Xat. ù: ,-^ti, [■• '^3:i.) Monseigneur, J'ai desia pris la liberté d'aller tout droit à vous sans me servir d'au- cune recommandation estrangere pour vous demender grâce et iustice pour mon fils (-). Il a depuis peu traitlé d'un office de con'''"en la Chambre des requestes de ce parlement que i'ai cy devant excercé. Il vous sera, Monseigneur, iustifié par actes qu'il a l'aage et le temps de la postula- tion requis par les ordonnances. Et quoique son traitté soit antérieur au règlement de Sa Maiesté que nous venons de recevoir, il ne restera pas. Monseigneur, de vous produire toutes les preuves qu'il exige, et d'y adiouster mesme la sousmission contenue dans ladite déclaration. J(> n'ai, Monseigneur, a vous demender que la dispense de la présenta- tion qu'il vous doit faire en personne de touts ses actes aux termes de ce règlement. Je n'implore pour cela que vostre cognoissance et vostre , (') Publiée pour la proinière fois par M. Charles Henry d'après l'aulographe ( He- r/ierches. p. 70-7. >. ). ('-) Clément-Samuel, fils aine do Fermai. Son cadet, Jean, reçut les ordres et devint archidiacre. 456 (1>:UVHES DE FEHM AT. - COHHESPON DANCE. iiu'inoiro, l'I ic ne (l(iul»tt' pas (|ii(':M(iiisi('iir de La (liiaiiilifc ne vdiis f'ass(^ souvenir, Monseignotir. que inond. fils vous rciidisl ses respecis eu per- sonne eu l'aiiiUM' luii six ceus (•iM(|iianli' sept, cl que Monseigneur le Duc de Suili ue vous dise (|in'l(pH' pandle favorable pour uue t'auiille qui vous est euliereuient devdiu'c et (jui V(Uis (>st aetjuisc avec Idulc dépendance. J'attens cette seule grâce de vosire bonté et suis avec 1res grand respect Monseigneur Votre très huinbb^ et très obéissant serviteur F"kumaï. A Toluse. le ri (Ji'c. iGlii. CXII. - 1 JANVIER 1662. 457 ANNÉE 1662. CXII. FERMAT A C. DE LA CHAMBRE. DIMANCHE 1 JANVIER 1G62. (D., III, 5t ; Cerrespoiulanoe Huygens, n° 990. ) Bibl. Nat. fr. n. a. 3-280. Monsieur, 1. Il est juste de vous obéir et de terminer enfin par votre entremise le vieux démêlé qui a été depuis si longtemps entre M. Descartes et moi sur le sujet de la réfraction, et peut-être serai-je assez heureux pour vous proposer une paix que vous trouverez avantageuse à tous les deux partis. Je vous ai dit autrefois, dans ma première lettre ('), que M. Descaries n'a jamais démontré son principe; car, outre que les comparaisons ne servent guère à fonder des démonstrations, il emploie la sienne ii contre-sens et suppose même que le passage de la lumière est plus aisé par les corps durs que par les rares, ce qui est apparemment faux. Je ne vous redis rien du défaut de la démonstration en elle-même, quand bien la comparaison dont il se sert seroit bonne et admissible en cette matière, pource que j'ai traité tout cela bien au long dans mes lettres à M. Descartes pendant sa vie, ou dans celles que j'ai écrites à M. Cler- selier depuis sa mort (-). ( 1 ) Lettre LXXXVI. (2) Les Lettres à Merscnne XXII et XXIV, à Clerselior XC, XC bis. XGV, XCVIl. Fermât. — \\. 5o io8 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. 2. J'ajoute soulomoot qu'ayant vu le même principe de M. Descartes dans plusieurs auteurs (|ui onl écrit après lui, leurs démonstrations, non plus, ne nu' paroissent point rcccvables el ne niérilenl point de porter ce nom : Hérigone (' ) se sert, pour le démontrer, des équipondé- rants et de la raison des poids sur les plans inclinés; le Père Maignan (■') y veut parvenir d'une autre manière. Mais il est aisé de voir qu'ils ne démontrent ni l'un ni l'autre, et qu'après avoir lu el examiné avec soin leurs démonstrations, nous sommes aussi incertains de la vérité des principes qu'après avoir lu M. Descartes. Pour sortir de cet embarras et tâcher de trouver la véritable raison de la réfraction, je vous indiquai dans ma lettre que, si nous voulions emplover dans cette recherche ce principe si commun et si établi, que la nature agit toujours par les mies les plus courtes, nous pourrions y trouver facilement notre compte. Mais parce que vous doutâtes d'abord que la nature, en conduisant la lumière parles deux côtés d'un triangle, puisse jamais agir par une voie aussi courte que si elle la conduisoit par la base ou par la soustendante, je m'en vais vous faire voir le con- traire de votre sentiment ou plutôt de votre doute, par un exemple aisé. 3. Soit, en la figure à pari (Jig- loo), le cercle ACBG, duquel le dia- mètre soit AOB, le centre 0 et un autre diamètre GOC. Des points G et G soient tirées les perpendiculaires sur le premier diamètre, GH, CD. Supposons que le premier diamètre AOB sépare deux milieux dif- férents, dont l'un qui est celui de dessous, AGB, soit le plus dense et celui de dessus, iVCB, soit le plus rare, en telle sorte, par exemple, que le passage par le plus rare soit plus aisé que celui par le plus dense en raison double. (') Cursus raalhcmaticus tomus quintus, Paris, chez Sinieon Pigot, MDCXLIV, p. 19.9- i3o. Axiome V : « Les puissances de pénétrer divers médiums diaphanes, qu'ont les rayons optiques, s'augmentent ou diminuent proportionnellement par la mutation des médiums ; et il y a mesme proportion entre les puissances des rayons d'incidence et de réfraction (ju'cntre les [iressemens qu'ils recevroient des poids égaux s'ils en soustc- noient. h (2) Perspectiva horaria seu de horographia gnomonica tum theoretica tum practica .libri quatuor. Koine, ili/iS; in-f'ol., pages 63i-647. CXII. - 1 JANVIER 1662. 459 Il suit de cette supposition que le temps qu'emploie le mobile ou la lumière de C en 0 est moindre que celui qui les conduit de 0 en G, et que le temps du mouvement de C en 0, qui se fait dans le milieu le plus rare, n'est que la moitié du temps du mouvement de 0 en G. Et par conséquent la mesure du mouvement entier par les deux droites CO Fi". 100. et OG peut être représentée par la somme de la moitié de CO et de la totale OG; de même, si vous prenez un autre point, comme F, le temps du mouvement par les deux droites CF et FG peut être représenté par la somme de la moitié de CF et de la totale FG. Supposons maintenant que le rayon CO soit lo, et par conséquent le diamètre total COG sera 20; que la droite HO soit 8, la droite OD soit aussi 8; et qu'enfin la droite OF ne soit que i. Je dis qu'en ce cas le mouvement qui se fait par la droite COG se fera en un temps plus long que celui qui se fiùt par les deux côtés du triangle CF, FG. Car si nous prouvons que la moitié de CO, jointe à la totale OG, con- tient plus que la moitié de CF jointe à la totale FG, la conclusion sera manifeste, puisque ces deux sommes sont justement la mesure du temps de ces deux mouvements. Or la somme de la moitié de CO et de la totale OG fait justement i5, et il est évident par la construc- tion que la droite CF est égale à la racine quarrée de 117 et que la droite FG est égale à la racine quarrée de 85. Mais la moitié de la pre- mière racine, jointe à la seconde, fait moins que — ? et -^ sont encore •> '44 moindres que i5. Donc la somme de la moitié de CF et de la totale FG UO Œl VRES DE FERMAT.— CORUESPONDANCE. est inoimli'c (|iio la somme tic la moitit' do (X) ot do la totale OG, ot par- lant lo iiioiiveimMil par les deux droites (^F, FG se t'ait plus toi et en moins de temps que par la hase ou soustendante COG. 4. Je suis venu jusquos-là sans beaucoup de peine, mais il a fallu por- ter la recherche plus loin et, parce que, pour satisfaire à mon principe, il ne suffit i)as d'avoir trouvé un point comme V, par où le mouvement naturel se fait plus vite, plus aisément et en moins de temps que par la droite COG, mais [qu]'il faut encore trouver le point qui fait la con- duite en moins de temps que quelque autre que ce soit, pris des deux cotés, il m'a été nécessaire d'avoir en cette occasion recours à ma méthode de maximis et minimls , qui expédie cette sorte de questions avec assez île succès. Dès que j'ai voulu entreprendre cette analyse, j'ai eu deux obstacles il surmonter : le premier, que, bien que je fusse assuré de la vérité de mon principe, qui est qu'il n'y ait rien de si probable ni de si apparent ((uc cette supposition, que la nature agit toujours par les moyens les plus aisés, c'est-ii-dire ou par les lignes les plus courtes, lorsqu'elles n'emportent pas plus de temps, ou en tout cas par le temps le plus court, afin d'accourcir son travail et de venir plus tôt à bout de son opération (ce que le précédent calcul confirme, d'autant plus qu'il paroit que la lumière a plus de diiïiculté à traverser les milieux denses que les rares, puisque vous voyez que la réfraction vise vers la perpen- diculaire dans mon exemple, ainsi que l'expérience le confirme, ce qui pourtant est contraire à la supposition de M. Descartos), néanmoins j'ai été averti de tous côtés, et principalement par M. Petit, que j'estime infiniment, que les expériences s'accordent exactement avec la propor- tion que M. Descartes a donnée aux réfractions, et que, bien que sa démonstration soit fautive, il est ii craindi'c (|uc je tenterai inutilement d'introduire une proportion différente de la sienne, et que les expé- riences qui se feront après que j'aurai publié mon invention la pour- ront détruire sur l'heure. Le second obstacle qui s'est opposé à ma recherche a été la longueur CXII. - 1 JANVIER 1G6-2. ^^61 et la difficulté du calcul, qui, dans la résolution du problème dont je vous parlai dans ma lettre et que je vous témoignois n'être pas des plus aisés, présente d'abord quatre lignes par leurs racines quarrées et engage par conséquent en des asymmétries qui aboutissent à une très grande longueur. Je me suis défait du premier obstacle par la connoissance que j'ai qu'il y a infinies proportions, dilTérentes de la véritable, qui approchent d'elle si insensiblement qu'elles peuvent tromper les plus habiles et les plus exacts observateurs. Ainsi n'y ayant que le second obstacle à vaincre, je m'étois résolu très souvent d'em|tloyer la bien-aimée (') Géométrie (c'est ainsi que Plutarque l'appelle) pour vous satisfaire et pour me satisfaire moi-même. Mais l'appréhension de trouver, après une longue et pénible opération, quelque proportion irrégulière et fan- tasque, et la pente naturelle que j'ai vers la paresse, ont laissé la chose en cet état, jnsqu'à la dernière semonce que M. le Président [de J Miremont vient de me faire de votre part, que je prends pour une loi plus forte que ni mon appréhension ni ma paresse : si bien «jue je me suis résolu de vous obéir sans autre retardement. 5. J'ai donc procédé sans remise en vertu de l'obédience, comme parlent les moines, à l'exécution de vos ordres, et j'ai fait l'entière analyse en forme, dans laquelle le désir passionné que j'ai eu de vous satisfaire m'a inspiré une route qui a abrégé la moitié de mon travail et qui a réduit les quatre asymmétries que j'avois eu en vue la pre- mière fois à deux tant seulement, ce qui m'a notablement soulagé. Mais le prix de mon travail a été le plus extraordinaire, le plus imprévu et le plus heureux qui fut jamais. Car, après avoir couru par toutes les équations, multiplications, antithèses et autres opérations de ma méthode, et avoir enfin conclu le problème que vous verrez dans un feuillet séparé (-), j'ai trouvé que mon principe donnoit justement (') Plutarque, Marcellus, xiv, 5 : Ttjv fàp ÔYoc-ojpisvriv TaÔTr,'/. . . . En fait, il s'agit dans ce passage, relatif à Arcliimècie, de Mécanique, non de Géométrie. (2) Voir VJiudy.iis ad refractiones, t. I, p. 170 et sniv. VG2 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. el préciséiiuMit la menu* propordon dos réfractions que M. Doscartcs a établie. J'ai été si surpris d'un événement si pou attendu, ((uo j'ai poiiio ii revenir do mon étonnemonl. J'ai réitéré mes opérations algébraïquos diverses fois et toujours le succès a été le même, quoique ma démon- stration suppose que le passage de la lumière par les corps denses soit plus malaisé que par les rares, ce que je crois très vrai et indispu- tahle, et que néanmoins M. Descartos suppose le contraire. Que devons-nous conclure de tout ceci? Ne sufiîroit-il pas. Monsieur, aux amis de M. Descartes que je lui laisse la possession libre de son théorème? N'aura-t-il pas assez de gloire d'avoir connu les démarches de la nature dans la première vue et sans l'aide d'aucune démon- stration? Je lui cède donc la victoire et le champ de bataille, et je me contente que M. Clerselior me laisse entrer du moins dans la société do la preuve de cette vérité si importante, et qui doit produire des con- séquences si admirables. 6. J'ajoute même, en faveur de son ami, qu'il semble que cotte grande vérité naturelle n'a pas osé tenir devant ce grand génie, et qu'elle s'est rendue et découverte à lui sans s'y laisser forcer par la démonstration, à l'exemple de ces places qui, quoique bonnes d'ailleurs et de difficile prise, ne laissent pas, sur la seule i-éputation de celui qui les attaque, de se rendre sans attendre le canon. Je vous annonce donc. Monsieur, j'annonce à M. Clerselier et à tous les amis de M. Descartes qu'il ne tiendra plus à l'incrédulité des géomètres qu'on ne doive attendre les merveilles que M. Descartes a fait espérer avec raison de ses lunettes elliptiques et hyperboliques, pourvu qu'on puisse trouver des ouvriers assez habiles pour les faire et pour les ajuster. Il resteroit encore une petite difficulté que la comparaison de M. Des- cartes semble produire. C'est qu'il no paroît pas encore pourquoi la balle qui est poussée dans l'eau n'ap|»roche pas de la perpendiculaire, ainsi que la lumii-ro; mais, outre (lu'on j)ourroit soujx'onnor que la CXII. - 1 JANVIER 1662. iG3 réflexion se mêle dans cet exemple à la réfraction, et que la figure ou la gravité peuvent contribuer à la difl'érence de ce mouvement, je n'ai garde d'entrer dans une matière purement physique. Ce seroit entre- prendre sur vous, Monsieur, qui en êtes le maître, et faire irruption dans votre domaine. Je finis donc après vous avoir déclaré que je consens, si vous le trouvez à propos, que l'accommodement entre les Cartésiens et moi soit publié dans les Académies, [et] après vous avoir conjuré de rece- voir au moins l'effet de ma prompte obéissance pour une preuve cer- taine et plus que démonstrative de la passion avec laquelle je suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Fermât. A Toulouse, le i de l'an 1662. P. S. Si vous persistez toujours à n'accorder pas un mouvement successif à la lumière, et à soutenir qu'il se fait en un instant, vous n'avez qu'à comparer ou la facilité ou la fuite et résistance plus ou moins grande, à mesure que les milieux changent. Car cette facilité ou cette résistance étant plus ou moins grande en différents milieux, et ce en une proportion diverse à mesure que les milieux diffèrent davan- tage, elles pourront être considérées en une raison certaine et par con- séquent tomber dans le calcul aussi bien que le temps du mouvement, et ma démonstration y servira toujours d'une même manière. Je n'ai pas étendu mon opération tout entière : et il n'a pas été nécessaire, puisque ma méthode est imprimée tout au long dans le sixième tome du Cours malhématique d'Hérigone et que j'en ai assez dit pour être entendu. Si vous m'ordonnez de parcourir tous les détours de l'analyse en forme, je le ferai et je n'aurai pas même beau- coup de peine à faire la démonstration par la composition, c'est-à-dire en parlant le langage d'Euclide. i()V ŒUVRES Di: FERMAT.- CORRESPONDANCE. CXIII. CLERSELIEU A FERMAT. SAMEDI G MAI 1G62. (D.,-iir, 52.) Monsieur, No croyez pas (|iie ce soit à dessein de troubler la paix que vous pré- sentez à fous les Descartistes, que je prends aujourd'hui la plume ;i la niaiii. Les conditions sous lesquelles vous la leur offrez leur sont trop avantageuses, et à moi en particulier trop honorables, pour ne la pas accepter; e( si tous ceux qui ont jamais eu des démêlés avec leur maître étoieiit aussi sincères que vous, vous la verriez bientôt établie partout au contentement de tous les partis. 11 y avoit encore deux sortes d'esprits à satisfaire au sujet de la réfraction : Les uns, peu versés dans les Mathématiques, qui ne pouvoient com- prendre une raison prise de la nature des mouvemens composés, et vous leur avez fait entendre raison, en leur proposant un autre prin- cipe plus plausible en apparence et plus proportionné à leur portée, à savoir (|ue la nature agit toujours par les voies les plus courtes et les plus simples; Les autres qui y étoient trop adonnés et qui ne pouvoient se rendre aux raisons pures et simples de la métaphysique, qu'il faut pourtant nécessairement joindre avec celles-là pour leur donner la force de la conviction, et vous leur avez ôté cet obstacle en conduisant votre prin- cipe par un raisonnement purement géométrique. Kl comme ces deux sortes de personnes étoient sans doute beaucoup |)lns (Ml nombre que les autres, vous méritez aussi sans difficulté une |diis Lcrandc part dans la gloire (jtii est due à une si belle et si impor- tante découverte. Je ne vous l'envie |)oiiit. Monsieur, et vous promets de le publier CXIII. - 6 MAI 1662. 465 partout et de conFesscr hautement que je n'ai rien vu de plus ingé- nieux ni de mieux trouvé que la démonstration que vous avez appor- tée. Permettez-moi seulement de vous dire ici les raisons qu'un Des- cartiste un peu zélé pourroit alléguer pour maintenir l'honneur et le droit de son maître, et pour ne pas relâcher si tôt à un autre la posses- sion où il est, ni lui céder le premier pas. 1- Le principe que vous prenez pour fondement de votre démon- stration, il savoir que la nature agit toujours par les voies les plus courtes et les plus simples, n'est qu'un principe moral et non point physique, qui n'est point et qui ne peut être la cause d'aucun effet de la nature. Il ne l'est point, car ce n'est point ce principe qui la fait agir, mais bien la force secrète et la vertu qui est dans chaque chose, qui n'est jamais déterminée à un t(d ou tel effet par ce principe, mais par la force qui est dans toutes les causes qui concourent ensemble à une même action, et par la disposition qui se trouve actuellement dans tous les corps sur lesquels cette force agit. Et il ne le peut être, autrement nous supposerions de la connois- sance dans la nature : et ici, par la nature, nous entendons seulement cet ordre et cette loi établie dans le monde tel qu'il est, laquelle agit sans prévoyance, sans choix, et par une détermination nécessaire. 2. Ce même principe doit mettre la nature en irrésolution, ii ne savoir ;i quoi se déterminer, quand elle a à faire passer un rayon de lumière d'un corps rare dans un plus dense. Car je vous demande s'il est vrai que la nature doive toujours agir par les voies les plus courtes et les plus simples, puisque la ligne droite est sans doute et plus courte et plus simple que pas une autre, quand un rayon de lu- mière a à partir d'un point d'un corps rare pour se terminer dans un point d'un corps dense, n'y a-t-il pas lieu de faire hésiter la nature, si vous voulez qu'elle agisse par ce principe à suivre la ligne droite aus- sitôt que la rompue, puisque si celle-ci se trouve plus courte en temps, Fkiim\t. — II. 09 VtUi (Kl VHKS DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. l'autre so trouve plus courte et plus simple en mesure? (Jui décidera donc et qui prononcera là-dessus? 3. Comme le temps n'est point ce ([ui meut, il ne peut être non plus ce qui détermine le mouvement, et quand une fois un corps est mû et déterminé ;i aller quelque part, il n'y a nulle apparence de croire que le temps plus ou moins bref puisse obliger ce corps à cbanger de déter- mination, lui qui n'agit point et qui n'a nul pouvoir sur lui. Mais comme toute la vitesse et toute la détermination du mouvement de ce corps dépend de sa force et de la disposition de sa force, il est bien plus naturel et c'est, à mon avis, parler plus en physicien de dire, comme fait M. Descartes, que la vitesse et la détermination de ce corps changent par le changement qui arrive en la force et en la disposition de cette force, (|ui sont les véritables causes de son mouvement, que non pas de dire, comme vous faites, qu'elles changent par un dessein que la nature a d'aller toujours par le chemin qu'elle peut parcourir plus promptement, dessein qu'elle ne peut avoir, puisqu'elle agit sans connoissance, et qui n'a nul elTet sur ce corj)s. 4. Comme il n'y a que la ligne droite qui soit déterminée, il n'y a aussi que cette ligne-là seule où la nature tende dans tous ses mouve- mens et, bien que parfois un corps par son mouvement décrive actuel- lement une autre ligne, néanmoins, à considérer l'un après l'autre tous les points qu'il a parcourus, ils sont plutôt les points d'autant de lignes droites qu'il quitte successivement que ceux d'une ligne courbe qu'il tende à décrire, et il les a plutôt parcourus comme tels qu'autre- ment, puisque, sitôt que ce corps est laissé et abandonné à la force qui le meut en chaque point, il se porte à suivre la ligne droite à laquelle ce point appartient, et pointdutoutla ligne courbe qu'il a décrite (y?^. ici). Cela étant, s'il est question de porter un rayon de lumière du point M au point H, il est certain «[ue la nature l'envoiera tout droit par la ligne MH, si cela se peut, et de fait, quand le milieu est semblable et égal, elle n'y manque jamais. Mais quand le milieu par où la lumière CXIII. - 6 MAI 1662. i67 passe change de nature et oppose plus ou moins de résistance à son passage et à son cours, qui fera changer sa direction à la rencontre de ce milieu? Que peut-on soupçonner qui en soit la cause? Fig. loi. La brièveté du temps? Nullement. Car, quand le rayon MN es! par- venu au point N, il lui doit être indifférent, suivant ce principe, d'aller à tous les points de la circonférence BHA, puisqu'il lui faut autant de temps à parvenir aux uns qu'aux autres, et, cette raison de la brièveté du temps ne le pouvant emporter alors vers un endroit plutôt que vers un autre, il y auroit raison qu'il dût plutôt suivre la ligne droite, ('ar, pour choisir le point H plutôt que tout autre, il faudroit supposer que ce rayon MN, que la nature n'a pu envoyer vers là sans une tendance indéfinie en ligne droite, se souvint qu'il est parti du point .M avec ordre d'aller chercher, à la rencontre de cet autre milieu, le chemin qu'il put parcourir en moins de temps pour de là arriver en H : ce qui, à vrai dire, est imaginaire et nullement fondé en Physique. Qui fera donc changer la direction du rayon MN (quand il est par- venu au point N) à la rencontre d'un autre milieu? sinon celle (ju'al- lègue M. Descartes, qui est que la même force qui agit et qui meut le rayon MN, trouvant une autre disposition à recevoir son action dans ce milieu que dans l'autre, ce qui change la sienne à son égard, con- forme la direction de ce rayon à la disposition qu'elle a pour lors? Et, pource qu'au point de rencontre de cet autre milieu, c'est la seule force qui porte le rayon en bas, qui se ressent de la diversité à recevoir son action, qui est entre le milieu d'où il sort et celui où il entre (celle qui le porte à droite ne s'en ressentant point, à cause que ce milieu ne tCS ŒUVRRS DE FERMAT.- (.OHUESPONDANCE. lui («si aiu'iiiuMiKMil opposé en rc stMis-là), le changomont (jiii arrive à la façon dont l'action de la force qui le porte en bas est reçue dans ce point de rencontre, change aussi la direction du rayon et le fait dé- tourner du côté où il est attiré, selon la proportion qui se trouve alors entre l'action de cette force et celle de l'autre. Et cela me semble si clair qu'il ne doit plus rester aucune diiricullé. 5. S'il semble apparemment plus raisonnable de croire que la lu- mière trouve plus aisément passage dans les corps rares que dans les denses, ainsi que vous le supposez, fondé sur l'expérience de tous les corps sensibles qui l'ont sans doute plus libre dans ces sortes de mi- lieux, il est aussi, ce me semble, plus raisonnable de croire que les corps qui entrent dans des milieux qui font plus de résistance à leur passage que ceux d'où ils sortent, comme vous supposez que les corps denses font à la lumière, s'efforcent de s'en éloigner et ne s'y enfon- cent que le moins qu'ils peuvent. Ce que l'expérience confirme : ainsi, quand une balle est poussée de biais de l'air dans l'eau, bien loin de continuer son mouvement en ligne droite, et beaucoup plus de s'enfoncer davantage en approchant de la perpendiculaire, elle s'en éloigne autant qu'elle peut en s'appro- chant de la superficie. Et vous avez fort bien reconnu la force de cette objection, que vous appelez pourtant légère, mais que vous ne sauriez résoudre que par le principe de M. Descartes, qui ruine entièrement le vôtre. Car si, par votre principe même, la balle doit s'éloigner de la per- pendiculaire, pourquoi la lumière s'en approche-t-elle? Et si la balle ne suit pas votre principe, comme en effet elle ne le suit pas, pourquoi la lumière le suivra-t-elle? (^ela ne fait-il pas plutôt voir que, dans l'un et dans l'autre exemple, la nature n'agit pas par votre principe? 6. Cette voie que vous estimez la plus courte parce qu'elle est la plus prompte, n'est qu'une voie d'erreur et d'égarement que la nature ne suit point, et ne peut avoir intention de suivre;. (]ar, comme elle est CXIII. - 6 MAI 166-2. 469 déterminée en tout ce qu'elle fait, elle no tend jamais qu'à conduire ses mouvemens en ligne droite. Et ainsi, si vous voulez que d'abord elle tende d'M vers H, elle ne peut s'aviser de dresser un rayon vers N, pource que ce rayon de soi n'y tend nullement; mais elle dressera son rayon vers R et, ce rayon étant là une fois parvenu, qui est le plus droit, le plus court et le plus bref de tous ceux qui peuvent tendre à ce point, pour aller mainte- nant d'R en H. le plus droit encore, le plus court et le plus bref est d'aller tout droit vers H. Et ainsi, si la nature agissoit par votre prin- cipe même, elle devroit aller directement d'M vers H; car d'un côté elle est nécessitée à diriger d'abord son rayon vers R, et de là votre principe même la porte vers H. 7- Et, bien que vous ayez très clairement démontré, suivant votre supposition, que le temps des deux rayons MN, NH, pris ensemble, est plus bref que celui de deux autres, quels qu'ils soient, pris aussi en- semble, ce n'est pourtant pas la raison de la brièveté du temps qui porte ces deux rayons par ces deux lignes. Car seroit-il bien possible qu'un rayon qui est déjà dans l'air, qui a déjà sa direction toute droite et qui ne tend nullement ailleurs, sitôt qu'on lui oppose de l'eau ou du verre, s'avisât de se détourner ainsi qu'il fait, pour le seul dessein d'aller justement chercher un point où son mouvement composé soit le plus bref de tous ceux qui y peuvent aller du lieu de son départ? Cette raison seroit bien métaphysique pour un sujet purement matériel. Ne doit-on pas plutôt croire, ainsi que j'ai déjà dit, que comme c'jest la force du mouvement et sa détermination qui ont conduit ce rayon dans la première ligne qu'il a décrite, sans que le temps y ait rien con- tribué, c'est le changement qui arrive dans cette force et dans cette détermination qui lui fait prendre la route de l'autre qu'il a à décrire, sans que le temps y contribue, puisque le temps ne produit rien? 8. Enfin la différence que je trouve entre M. Descartes et vous est V70 ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. que vous iio prouvoz point, mais que vous supposez pour principe, que la luiiiii're passe plus aisément dans les (îorps rares que dans les denses; au lieu ipie M. Descartes prouve, et ne suppose pas simple- ment, ainsi que vous dites, (|ue la lumière passe plus aisément dans les corps denses que dans les rares. Car, posé votre principe et posé encore que la nature agisse tou- jours par les voies les plus courtes ou les plus promptes, vous con- cluez fort bien que la lumière doit suivre le chemin qu'elle tient dans la réfraction; là où M. Descartes, sans rien supposer, se sert seule- ment de l'expérience même pour conclure que la lumière passe plus aisément dans les corps denses que dans les rares, et donne en même temps le moyen de mesurer la propoi'tion avec laquelle cela se fait. Hl , pource qu'il jugeoit bien que l'expérience journalière que nous avons du contraire pourroit nous donner lieu de nous en étonner, il en rend la raison physique dans la vingt-troisième page de sa Diop- trique, à laquelle on peut avoir recours. .Mais, s'il est vrai que la lumière passe plus difficilement dans les corps rares que dans les denses, comme la raison alléguée en ce lieu-là par M. Descartes semble le prouver, et s'il est vrai aussi que la nature n'agisse pas toujours par les voies les plus promptes, comme l'exemple de la balle qui passe de l'air dans l'eau le justifie, adieu toute votre démonstration. Et même, comme vous dites avoir autrefois proposé vos difficultés à M. Descartes, à lui, dites-vous, iwenti alque sentienti ('), sans que ni lui ni ses amis vous aient jamais satisfait, ne pourroit-on pas aussi dire qu'il vous a fait réponse de son vivant, et ses amis depuis sa mort? tibi, i/Kjiiam, vivenii, et nisidiceie nefas essel, adderem : cl non intelli- genti, puisqu'il y en a qui se persuadent de la bien entendre. Kt entin, comme vous dites que la nature semble avoir eu cette défé- rence et cette complaisance pour M. Descartes de s'être rendue à lui et lui avoir découvert ses vérités sans s'y laisser forcer par la (') f'oir ci-dessus, pages 35j-3.')C. CXIII. - 13 MAI 1662. 471 démonstration, ne peut-on pas dire que vous avez forcé la Géométrie, toute sévère qu'elle est, à vous en fournir une par le moyen de cette double fausse position? Après quoi je laisse aux plus sévères et plus clairvoyans natura- listes à juger qui de vous deux a le mieux rencontré dans la cause qu'il a assignée à la réfraction. Cela n'empêche pas qu'à considérer les choses d'une autre façon, je ne sois d'accord avec vous que la nature agit toujours par les voies les plus courtes et les plus promptes. Car, comme elle n'agit que par la force qui l'emporte nécessairement et qu'elle est toujours déterminée dans son action, elle fait toujours tout ce qu'elle peut faire; et ainsi, quelque route qu'elle prenne, c'est toujours la plus courte et la plus prompte qui se pouvoit, eu égard à toutes les causes qui l'ont fait agir et qui l'ont déterminée. Après vous avoir ainsi proposé ce qui me fait persister dans mes premiers sentimens, je ne laisse pas de me sentir obligé de me rendre et d'acquiescer en quelque façon aux vôtres; et, bien loin de vous dis- puter la gloire d'entrer dans la société de la preuve d'une vérité si importante, je pense avoir trouvé un moyen qui vous doit mettre tous deux d'accord, en laissant à chacun la part qui lui appartient. Il semble que, comme la lumière est la plus noble production de la nature, elle la laisse aussi agir d'une manière la plus régulière et la plus universelle, et qu'elle a fait que dans son action tout ce qu'elle emploie de principes dans toutes les autres causes se rencon- trent tous ensemble dans celle-ci. Ainsi, pource que les mouvemens des autres corps dépendent de la force qui les meut et de la détermination de cette force, la lumière, suivant ces lois, tantôt se continue en ligne droite et tantôt s'en écarte, en s'approchant ou s'éloignant de la perpendiculaire. Mais pource que nous voyons aussi que la nature agit toujours par les voies les plus courtes, il falloit que la lumière s'accommodât à cette loi. M. Descartes a fait voir que la lumière suit dans la réfraction les lois ordinaires du mouvement de tous les corps, et vous. Monsieur, avez fait voir que, quoique la lumière semble' dans la réfraction prendre un i7-2 ŒUVRES J)E FERMAT. CORRESPONDANCE. détour cl s'oubliiM' qu'olle doit ai;ir jiar les voies les plus eourles, elle observe néanmoins cette loi avec une exactitude si grande qu'on n'y sauroit rien désirer. Kt ainsi l'on peut dire que vous avez travaillé conjointement avec M. Descartes à justifier en cela la nature et à rendre raison de son procédé : lui. par des raisons naturelles et communes à tous les corps; et vous. Monsieur, par des raisons mathématiques tirées de la plus pure et plus fine Géométrie. Kt même, comme cette preuve géométrique étoit la plus dillicile à trouver et à démêler, je veux bien que vous l'emportiez par dessus lui, et dès à présent je signe et souscris ;> une éternelle paix avec vous, et ne veux plus désormais contester sur rinefïicacité de votre principe et sur la différence qui est entre le votre et le sien, puisqu'il conclut une même chose et nous enseigne une même vérité. .le suis, etc. C\IV. CLERSELIKK A FERMAT. SAMEDI 13 MAI 1662. (D., III, 5.3.) MoNsiF.rr., 1. (l'est par l'ordre de l'Assemblée qui se tient toutes les semaines chez M. de Montmort, que je vous écris aujourd'hui ])our vous faire une amende honorable d'un méchant mot latin que j'ai mis dans la lettre que je me donnai l'honneur de vous écrire il y a huit jours, dont je lui fis la lecture mardi dernier. Ce tut la seule chose qu'elle y trouva il redire, et je l'avois bien senti moi-même en l'écrivant : aussi avois-je lâché de l'adoucir par le correctif qui le précède. (Cependant, nonob- stant cela, j'en ixm^us une réprimande publi([ue, et aussitôt je me pro- posai de vous en l'aire mes excuses au jjremier ordinaire, ce (]iie je fais (,\II1. — G MAI lG(i-2. iï:i aujourd'hui d'autant plus volontiers qu'outre que par cette soumission je vous ferai connoitre l'ingénuité de mon procédé, cela me donnera aussi occasion de vous dire quelque chose que je fus obligé de répli- quer à quelques objections qui me furent faites par quelques-uns de l'Assemblée, afin de rendre la |)ensée de M. Descartes, touchant la réfraction, plus claire [lar un exemple familier et qui est tout-ii-fait propre au sujet. Si je n'avois |)oinl été si impatient que de vous envoyer une chose ((ui éloit prête il y avoit plus de quinze jours et que l'engagement ((ue j'avois m'avoit obligé de faire voir dès-lors à 31. de la Chambre, j'aurois évité le reproche de la (^onijiagnie et ne serois pas tombé dans cette faute. Mais j'eus peur qu'il me fallût encore différer plus long- temps d'en parler ii l'Assemblée, qui avoit déjà remis par deux fois la lecture que je lui en voulois faire, pourcc (|n'elle vouloit aussi avoir en même temps les sentimens de M. Petit, qui lui avoit fait con- noitre, dès la |)remière l'ois que votre lettre j)arut devant elle, (pi'il avoit plusi(nirs choses à dire et contre ce que vous écrivez à 31. de la (Ihambre et contre ce que 31. Descartes a écrit. Pour moi, ((ni ne m'étois pas trouvé à l'Assemblée quand voire lettre y fut lue la première fois, et (|ui me dispensois alors souvent de m'y trouver, ;i cause de quebjues affaires plus importantes que la délenlion de 3F. de la Haye, mon gendre, me donnoitpour poursuivre il la cour sa liberté, je ne l'eus pas plus tôt vue ({ue je crus être obligé d'y faire réponse, comme étant une suite des petits démêlés (|iie nous avions déjii eus autrefois ensemble sur la même matiiM'c, et [)arce aussi que vous me faites l'honneur de me nommer par ti'ois fois dans votre lettre et de sembler m'y convier. .l'avois donc préparé ma réponse le plus tôt (|ue j'avois pu, et pen- sois la faire voir ii la Compagnie, mais elle ne le jugea pas ii profios, pour ne point prévenir 31. Petit dans la re[)artie qu'il avoit promis de vous faire. 31ais, craignant que cela n'allât trop en longueur, je nu- résolus de moi-même samedi dernier de vous l'envoyer avant (|uc de l'avoir fait voir ;i la Compagnie, de qui j'ai reçu les avis trop tard p(Mir l'F.niHT. - II. 6o h.n ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. m'iMiipècluT ck' (onihcr dans ccUo l'auto, mais non ])as pour vous on taire nios excuses et vous on demander le j)ardon. Et pour le mériter en quoique façon, soudVoz (|uo je m'explique un pou [dus au long (|uo je no lis la dornière t'ois, pour vous faire eom- proiidro eo que je j)ense do la pensée qu'a eue M. Descartes touchant la léfraction. 2. Il est certain qu'il considérer tout seul le rayon AB, en tant qu'il est dans l'air, il no va ni à gaucho ni ii droite, ni en haut ni en bas, mais toute sa tendance est d'aller vers D et n'a qu'une seule direction. .Mais sitôt qu'on lui oppose un autre milieu, par exemple (]BE, dans lo(Hii'l il soit oltligé de passer, on peut dire et il est vrai qu'à l'égard de ce milieu il a diverses tendances. Car si on le lui oppose directe- mont, sa chute est perpendiculaire et n'a qu'une direction à son égard; mais si on le lui (qt|>oso do biais, comme il est dans la page 17 de la l)ioptri(juo ( //ff. 102), alors ce rayon à son égard a une double direction : Fia:. >03. l'une qui le fait tendre vers lui, qui est de haut on bas; et l'autre qui le |)orte de gauche à droite, à laquelle ce milieu n'est point du tout opposé. Kt si on le lui opposoit d'une autre façon, la même direction, qui maintenant est de gauche à droite, pourroit être celle qui le porteroit vers lui, et l'autre, celh^ ii laquelle ce milieu ne seroit point op|)osé. Et selon que ce milieu est plus ou moins incliné à ce rayon, les doux tendances ou directions qu'il a à son égard sont diverses et peuvent avnij- rnno à l'égard do l'autre diverses propoi'tions. CXIV. - 13 MAI 16G2. i7o 3. Mais quand jp parle de tendance, de direction ou de détermination, ne vous allez pas imaginer que j'entends parler d'une direction sans force et sans mouvement, ce qui seroit chimérique et impossible, ne pouvant y avoir de direction sans mouvement ou sans effort ; mais j'en- tends par ce mot de direction ou de détermination vers quelque en- droit toute la partie du mouvement qui est déterminée à aller vers cet endroit-là. Donc, selon que le milieu est plus ou moins incliné au rayon, la force qui à son égard le porte vers un certain endroit peut être plus ou moins grande que celle qui le porte vers l'autre. Par exemple, si l'angle ABC est égal à l'angle ABH, les deux parties du mouvement, dont l'une le porte en bas et l'autre ii droite, sont égales; s'il est moindre, sa force est moindre; et s'il est plus grand, elle est plus srande. fi 4. Mais, quelle que soit l'inclination du rayon sur le milieu, il y a tou- jours une partie de la force de son mouvement à laquelle ce milieu est opposé et une autre à laquelle il ne l'est point. Or, tandis que le rayon est dans l'air, la proportion, quelle qu'elle soit, qui est entre ces deux parties du mouvement que nous supposons uniforme, le porte dans la ligne AB et, tandis que rien ne la change ou tandis qu'elles changent en gardant toujours entre elles une même proportion, le rayon va tou- jours en ligne droite. Mais lorsque le rayon AB de la page 17 étant parvenu au point B ren- contre un autre milieu, si ce milieu ne présente pas au rayon la même focilité il se laisser pénétrer qu'avoit l'air, il doit arriver du change- ment au cours du rayon, à cause que ce milieu n'est opposé qu'à la dé- termination ou à la partie du mouvement qui le porte vers lui, et non point à l'autre, et s'il présente moins de facilité au passage du rayon que ne fait l'air, la résistance qu'il apporte à la partie du mouvement qui tend vers lui, et non point à l'autre, laquelle en ce point de ren- contre demeure précisément la même, fait que, n'y ayant plus la même proportion entre ces deux parties du mouvement qui toutes deux en- V:G (EL'VKES 1)K FKKM VT. - cohukspondance. S('iiil)l(' j)(>rloit'iit aii[)arav;inl le rayon dans la ligne Ali, elles doiveni lui taire changer do détermination et le |iorler vers le point où tend la direelion (|ni s'ajuste avec la |»ro|)ortion qui se trouve alors entre elles, et ainsi le faire éloigner de la |)erpeiitliculair(>. One si. au contraii'c, le milieu (jn'on oppose an rayon AU présente plus (le facilité à son passage (|ne ne laisoit l'air, celle nouvelle facilité ipi'il a|)porte et (|ni n'est ressentie (|ne par la par'tie du mouvement (ini tend vers lui, et n((n point par l'auti-e, comme j'ai déjà dit, doit changer sa direcli(ui, à cause que cela change la proportion qui est entre les deux parties dont le mouvement entier de la balle est com- posé, et le détourner par conséquent vers la perpendiculaire, ce <|ui arrive (juaiid un rayon de Inmii'i'e passe de l'air dans de l'eau ou dans lin \crre. 5. Kt pour faciliter la compréhension de tout ceci par un exemple aisé, représejitcz-vous un corps sphérique bien dur et bien poli, mis sur une ])lanche très dure aussi et très polie dont le bout s'appuie sur l'ex- trémité d'une table, en sorte que la planche soit inclinée sur la table et fasse un angle aigu avec elle. Il est certain que ce mobile roulera sur celle planche, et ce d'autant plus ou moins vite que la planche sera moins (Hi plus inclinée sur cette table. Mais, quel que soit le mouve- ment dn mobile surcette planche, il est certain qu'à l'égard de la table il a deux déterminations : l'une (|ui le j)orte vers elle, par laquelle il descend ; el l'antre qui le poi'te vei's l'une îles murailles de la chambre, par la(|uellc il avance de ce côté-là. I']t il est si vrai qu'il a ces deux impressions, qu'il les garde encore tontes deux lorsqu'il est en l'air hors de la planche; et s'il ne lui en restoit qu'une quand il est hors de dessus la planche, il ne suivroil que cidie-là seule; par exemple, il tomberoil perpendiculairement à terre sitôt qu'il a quitlé la j)lanche, s'il ne lui restoit que celle de sa chute. Mais considérez ce qui arrive au mobile quand il est au point on il quitte la planche, el vous verrez qu'il arrive la même chose à la lii- mii're quand idie passe de l'air dans l'eau. Kt parce qu'alors la partie CXIV. - 13 Mil 1G6-2. iT- ilii iiKiuvomoiit qui porto le mobile en ijas trouve plus de lacilité ou moins de résistauce à son action, quand il est hors de dessus la planche et dans l'air, qu'elle u'avoit quand il éloit sur la planche; et que celle (|ui le porte vers la muraille deuKHire la même (bien que ce soit encore la même force totale ([ni pousse en ce point-là le m(diil(\ et que la t'orci' des deux parties de son mouvement prises séparément soit la même ), néanmoins, pource que la proportion qui étoit auparavant entre la lacilité ou la résistance que présentoit le milieu à ces deux forces est changée, et que dans ce point de sortie il trouve plus de facilité pour descendre qu'auparavant, sans qu'il en trouve ni plus ni moins pour alh'r vers la muraille, [xuir cela il arrive qu'il ne suit plus la direrlion de la ligne qu'il avoil parcourue sur la planche, mais qu'il en pi'cnd une autre, laquelle est proportionnée au plus de lacilité qui se trouve alors en l'une de ses forces plus qu'en l'autre. Ce qui fait que le mo- bile, en (juittant la planche, s'approche de la perpendiculaire, c(uniiie fait aussi la lumière en entrant dans l'eau, pour la même raison. lit c'est il mon sens une des choses des plus aisées ii concevoir qu'il est possible, et c'est aussi à mon avis tout ce qu'a voulu dire ^1. Des- cartes au sujet de la réfraction. Je ne prétends pas néanmoins [xuir cela vous avoir persuadé : il sudit que je me sois donné à entendi-e, afin ([uc vous ne croyiez pas que je suive aveuglément .M. Descaries ou i|ue je vous contredise de gaieté de cirur. .le vcuis ressemble en ci' [loint (jue je n'aime et ne cherche que la vérité, et cette conformité que j'ai avec vous me fait espérer que vous ne me désavouerez pas, (|uan(l je m'avouerai part(Uit, etc. P. S. Pour éclaircir davantage cette matière, j'apporterai encore ici un (>xem|)le qui résout à mon avis la plupart des difTicultés que l'on peut faire sur ce qu'a dit M. Descartes touchant la réfraction dans sa Dioptrique. 11 est constant par l'expérience que, de quelque façon que la boule A soit piuissée au point B par les boules C, D, E, F, G, et quelles que V7S ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. soii'iil les (liUcrciilos (lottMiuiiialioiis doiil on peut supposer (iiic (('lie (le leur nui((> soit coinposéo, elles la pousseront toujours vers 11 {fg. .o3). Preuiioreiiieiit, pour la Iionle M, il est vliiii' (|ii'elle la doit pousser vers H, puis(iue la itoule A s'op[)ose totalement ii sa détermination; mais ce qui est clair [)our la houle E doit pareillement être entendu des autres, qui, bien qu'elles viennent de biais vers la houle A, ne la touchent au point H et ne la poussent qu'en tant qu'elles descendent vers H, et non point en tant qu'elles vont vers 1 (ou vers K). C'est pourquoi elles ne sauroient imprimer d'autre mouvement à celte boule, sinon de la faire aller vers H. Or, quoique les déterminations des boules D et F soient opposées, en tant que l'une va à droite et l'autre à £;aucbe, elles ne le sont point en tant qu'elles descendent et ainsi elles doivent produire sur la boule A un «lême effet, qui est de la pousser vers H. Mais, si nous supposons que la boule A soit dure et immobile, toutes CXIV. - 13 MAI 1662. 479 ces boules, après l'avoir rencontrée, seront contraintes de changer la détermination qu'elles avoient d'aller vers H en celle d'aller ou de réfléchir vers L, et de garder les autres si elles en avoient, auxquelles elle ne peut apporter de changement, à cause qu'elle ne leur est point opposée en ce sens-là : et ceci explique la réflexion à angles égaux. Que si nous supposons que ces boules aient communiqué de leur mouvement à la boule A, ce ne peut être qu'au sens qu'elle leur est opposée, et partant ce ne peut être que le mouvement vers H qui puisse recevoir de l'altération, et non point celui vers I (ou vers K), lequel par conséquent doit demeurer le même et en son entier. Si bien que ces boules perdant au point B de la force qui les détermine à aller vers H et ne perdant rien de celle qui les détermine à aller vers I, elles sont contraintes de se détourner et de prendre en ce moment une autre direction, laquelle elles gardent toujours, quelque résistance que le milieu apporte après cela, qui peut bien les faire aller moins vite, mais non pas changer leur direction, à cause qu'il peut bien être opposé à leur vitesse, mais non point à la direction qu'elles ont prise, puisque nous supposons qu'il est également facile ou difficile à s'ouvrir ou pénétrer de tous côtés. Et cela explique la réfraction qui s'éloigne de la perpendiculaire. Que si au contraire nous supposons^ que, ces boules étant au point B, la boule A leur cède plus aisément et les entraîne, pour ainsi dire, vers H, cela fait que ces boules descendent plus vite, mais cela ne change rien à leur mouvement vers la drof(e (ou vers la gauche) auquel elle n'est point opposée. Et ainsi ces boules, au moment qu'elles sont au point B, étant plus disposées à aller vers H qu'elles n'étoient aupa- ravant, et n'étant ni plus ni moins disposées qu'elles étofent à aller vers I, elles doivent changer de direction et la giirder après l'avoir prise. Et cela explique la réfraction vers la perpendiculaire. Et pour faire voir que la résistance plus ou moins grande du corps ilu milieu n'y fait rien et ne change point la détermination que la boule prend au point B, considérons ce qui peut arriver à la boule A selon les dilférens cas qu'on peut s'imaginer. Par exemple, si la boule E tombe •iSO (i;i \ l!i:S l)K l'KIÎM AT. - C.ORUESPONDANCE. |n'r|)('ii(liiiilaiii'iui'iil sur A et (jii't'llc lui ('niuiuuiii(|U(' l;i uuiilic de sdii niiiuvt'iiioiU. où ira-t-cllo? Sans doule <|u'cll(' ira vers II, cl la lorcc (|u'('ll(' reçoit cii ci' moniciil ne la |)('ul dclcruiiucr ;i aller (|uc vers là : luais esl-ce à dire (|u'eu allaul vei's 11 (die décrira eu deux monieus uue ligne aussi longue (|u'a l'ail E eu un nioiueiil? Oui sans (l(tul<'. si vous supposez que le milieu (pi"(dle parcouri lui donne passage aussi tacilemeni (|u'avoil fail l'aulre; mais si ce milieu lui résisie davanlage, (die en dt'crira une plus courle, comme aussi elle eu peut décrire une égale on même une plus hnigue, si ce milieu résisie aniant ou moins ii la force t|u'elle a reçue. Oue si nous siip[)osous (|ue c'esl l'une des aulres boules (], D, F, (i, (|iii renconire A au point H, il s'eusnivra la même chose, à savoir (|u'(dle sera conirainle, par la force (|u'elle recevra, de prendi'c sa dclerminalion vers H comme auparavant au moment même (ju'idie en esl loiicliée. Kl la qualité du milieu ne ( liangera point celle déler- niination, sinon (|u'ayaiit reçu moins de force, parce t|ue n'élant lon- cliée (]ne de hiais idle n'esl pas |)oussée pai' loule la lorce de la houle (|ui la touche, elle ira moins vite. (Jiie si nous supposons que la houle A éloil (h'jii en mouvemeni cl se moiivoit vers I, la (diute de l'une de ces houles sur (die n'apporle aucun (diangemenl à la détermination qn'(dle avoit à aller vers lii. c'esl-ii-dire à loule la force de son nniuvemenl (jui la délerminoil ii aller vers I. el parlant (die doit conlinuer d'y aller comme (die faisoil auparavant. Mais idie doit aussi aller en même temps vers le c(')té où la détermine l'impicssion (]u'(dle a nouv(dlemenL reçue |)ar la (diule de l'une de ces houles, si hien (|ue d(''s ce moment (die doit prendre sa direction. .Mais si nous sup|)osons que le milieu où elle se lr(uive après cela lui résiste davaulage que ne faisoit l'autre, cela ne change point la déter- mination (|u'(dle a jH'ise, mais fail seulement qu'elle le |)arconrt moins vile (ju'idle n'auroit fail. (lar enfin la proportion (|ui éhtit en ce moinenl eiilre ses deux l'(n'ces l'a déterminée il allci' (|U(d(|ue part, el qii(d(|ue fai-ilité on dilliculté (|u'apporle ensuite le corps du milieu (|n'(dle doit CXIV. - 13 MAI 16C2. 181 parcourir, comme elle est égale en tout sens, cela ne peut rien changer à la détermination qu'elle a prise en sa superficie, et ne la doit ni plus ni moins détourner. Et la même proportion est ici gardée qu'entre de forts ou de foibles mouvemens également proportionnés. Par exemple, que la boule A soit poussée par deux forces égales vers B et vers C en même temps, que doit-il arriver si elle est dans l'air? Il arrivera que ces deux forces, ayant un grand effet sur elle, la pousseront en un moment jusques en D. Mais si elle étoit dans l'eau, alors ces deux forces, n'ayant pas un si grand effet sur elle, ne la pousseront que jusques en E, mais elle ne changera point pour cela de direction. Fig. lo'i. \ E Et ce que je dis de la boule A, qui est poussée par des forces égales dans deux milieux différens, se doit entendre tout de même de toute autre sorte de proportion qui soit entre ces deux forces : savoir est que la diversité du milieu ne change point la direction à laquelle les forces (|u'eile a la déterminent au premier moment, mais peut seulement changer sa vitesse. Par exemple, que la boule A soit poussée en même temps par deux forces dont l'une la pousse du double plus fort vers C que l'autre ne fait vers B, que doit- il arriver si elle est dans l'air? Il arrivera que ces forces, ayant un grand effet sur elle, la pousseront en un moment jusques en D. Mais si elle étoit dans l'eau, alors ces deux forces n'ayant pas un si grand efïet sur elle, mais ne laissant pas de l'avoir de tous côtés proportionné à leur force, parce que l'eau s'ouvre également de tous côtés, ne la pousseront que jusques en E; mais elle ne chan- 1m;u.mat. — II. 61 i82 (i: f y W E s 1) V. F E R M AT. - C 0 1{ R E S P 0 N I) A N C E. iïora point pour cola tlo dirootion, laquollo ollo prend dès lo premier inoinent. Kt ainsi, ayant égard aux premières suppositions que lait M. Des- earles, lorsqu'il se sert de l'exemple d'une balle pour expliquer la rétlexion e( la rétVaetion dans le chapitre second de sa Dioptrique, c'est-à-dire supposant que ni la pesanteur ou la légèreté de la balle, ni sa grosseur, ni sa ligure, ni aucune telle cause étrangère ne change son cours, ce qu'il dit ensuite est véritable : c'est à savoir qu'il ne faut considérer que la détermination que prend la balle au moment qu'elle est au point B, sans se mettre en peine do ce qui peut arriver de chan- gement en sa vitesse dans le milieu qu'elle parcourt par après, pource que c'est seulement au point B qu'elle est contrainte de changer de direction, à cause du changement qui arrive en ce point dans la pro- portion qui est entre les deux forces qui composent tout son mouve- ment; et la direction qu'elle a une fois prise au point B, elle la garde |)ar après et la suit plus ou moins vite selon le plus ou moins de résis- tance du milieu. CXV. FERMAT A CLERSELIER. DIMANCHE 21 MAI 166-2 ('). (D. 111,54.) Monsieur, Vos deux lettres des sixième et treizième de mai (^) m'ont été ren- dues en même temps. Elles me font plus d'honneur que je n'en devois raisonnablement attendre, et, bien loin que vos mots latins m'aient choqué, je suis persuadé que, dans la supposition de votre sentiment C) L'édition Clerselicr (Idihio lu d;ile du 11 luiii iirobiibluincnl fautive par suite d'une interversion à l'impression. (2) Lettres CXIII et CXIV. CXV. - 21 MAI 1662. i83 sur le sujet de la démonstralion de M. Descartes, il n'y en a point de plus véritables en aucun endroit de vos lettres. (]ar si cette démonstration est dans les règles des démonstrations certaines et infaillibles, il n'est rien de plus vrai sinon que ceux qui n'en sont pas convaincus ne l'entendent point. La qualité essentielle d'une démonstration est de forcer à croire, de sorte que ceux qui ne sentent pas cette force, ne sentent pas la démonstration même, c'est à dire qu'ils ne l'entendent pas. Je n'attribue donc, Monsieur, qu'à un excès de courtoisie et de civi- lité cet adoucissement que Messieurs de votre Assemblée vous ont in- spiré, et je vous eu rends très humbles grâces. Pour la question principale, il me semble que j'ai dit souvent et ii M. de la Chambre et à vous que je ne prétends ni n'ai jamais prétendu être de la confidence secrète de la Nature. Elle a des voies obscures et cachées que je n'ai jamais entrepris de pénétrer; je lui avois seule- ment offert un petit secours de géométrie au sujet de la réfraction, si elle en eût eu besoin. Mais puisque vous m'assurez. Monsieur, qu'elle peut faire ses affaires sans cela et qu'elle se contente de la marche que M. Descartes lui a prescrite, je vous abandonne de bon cœur ma prétendue conquête de physique, et il me suffit que vous me laissiez en possession de mon problème de géométrie tout pur et in abslraclu, par le moyen duquel on peut trouver la route d'un mobile qui passe [tar deux milieux différents et (jui cherche d'achever son mouvement le plus tôt qu'il pourra. Et je ne sais pas même si la merveille ne sera point plus grande, en supposant que j'ai mal deviné le raisonnement de la Nature; car peut-on s'imaginer rien de plus surprenant que ce qui m'est arrivé? J'écrivis, il y a plus de dix ans('), iiM. de la Chambre que jecroyoisque la réfraction se devoit réduire à ce problème de géométrie, et j'étois pour lors tout-à-fait persuadé que l'analyse de ce problème me donne- roil une proportion différente de celle de M. Descartes. Et néanmoins, (M FaïU-il lire « six ans »? La lettre LXXXVI n'est pas antérieure à 1657. \S\ (EUVRES l)i: IKRMAT. - CORRESPONnANCE. (-11 liMitaiit le [irolili'ino, (jui os( assoz diilicilc, dix ans après, j'ai (roiivc jiisItMiuMit la même proportion quo M. Doscartes. Si j'ai dil un inonsongo, n'ai-jo pas([n('l(|n(' raison de prétcnilre (\uc c't'sl nn do cos inonsongos fainonx dos(|nrls il es! dil dans le Tasse, coninio je vous ai déjà éerit (') : (jiuuuld sai'i'i ii vei'o Si hcllo. cho si possa a ti prrporre? l'Ai voilà de rcsle, je croise les armes. Penueltez-nioi seuienienl, s'il vous plait, d'assurer ici M. Chanut et M. l'abbé d'Issoire, son tils, de mon obéissance très humble : je n'ai pas l'Iionneur d'être connu du [)i're, mais pourquoi serois-je le seul de toute l'Kurope (|ui n'anrois pas une entière vénération pour lui? Je suis, 3Ionsieur, Votre (ri^s humble e( très obéissant serviteur, Fermât. (' I f'oir ci-dessus, page 367. CX.V1. - lG6'i.. 483 ANNÉE 1664. CWl. FERMAT A M. DE ****. 1664. ( (a, p. i5G.) Monsieur, Puisque M. de parle et que vous l'ordonnez, vous, Monsieur, de qui la réputation est si grande et si biQn établie, je laisse éveiller ma Géométrie, qui dormoit depuis longtemps dans un profond repos et, pour entrer d'abord en matière, je veux bien vous conter l'intrigue île notre Dioptrique et de nos réfractions, eu forme d'histoire, afin de vous laisser le jugement libre etque vous puissiez prononcer sans pré- occupation. Dès que j'eus vu le Livre de feu M. Descartes et que j'eus examiné avec quelque attention la proposition qui sert de fondement à sa Diop- trique et qui établit la proportion des réfractions, je soupçonnai sa preuve; sa démonstration me sembla un véritable paralogisme : Premièrement, parce qu'il la fonde sur une comparaison et que vous savez que la Géométrie ne se pique guère de ces figures, les com- paraisons y étant encore plus odieuses^ que dans le commerce du monde; Secondement, parce qu'il suppose que le mouvement de la lumière, qui se fait dans l'air et dans les corps rares, est plus malaisé ou, si vous l'aimez mieux ainsi, plus lent que celui qui se fait dans l'eau et les autres corps denses; ce qui semble choquer le sens commun ; i86 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. lit eiiliii, parco qu'il prclciul (jik' riiiic dos dircrlions ou des drlci- ininations du mouvomout d'une halle subsiste (oui eulit're après la rencontre du second milieu. .l'ajoulois même (jucdques autres raisons, qu'il sei'oit ou supei'llu on ennuyeux de vous déduii'e. Il vil mes écrits, il y répondit et, a|)rès plusieurs réponses et répliques de part et d'autre, nous nous sépa- râmes comme le prévenu et le témoin, l'un dans l'allirmative, l'autre dans la négative, (juoique j'eus eutiii des lettres de sa part pleines de civilité. Depuis sa mort, M. de la (Chambre, ayant publié sou Traité de la lu- mière et m'ayant fait l'honneur de me l'envoyer, je pris occasion de lui écrire la lettre que vous avez vue ( ' ), dans laquelle je lui témoignai que, pour nous garantir des paralogismes en une matière si obscure, je ne voyois point de moyen plus assuré que de chercher les réfractions dans cet unique principe, que la nature agit toujours par les voies les plus courtes, sur le fondement duquel je lui indiquai qu'on pouvoit cher- cher par géométrie le point de réfraction, en le réduisant au problème ou théorème que vous savez. Mais, parce que j'en jugeai l'invention très diflicile et très embarrassée, puisque ces questions de maximis et minimis conduisent d'ordinaire à des opérations de longue haleine et qui se brouillent aisément |)ar une infinité d'asymmétries qu'on trouve sur son chemin, je laissai là ma pensée pendant plusieurs années, en attendant que quelque géomètre moins paresseux que moi en fit ou la découverte ou la démonstration. Personne ne voulut entreprendre ce travail; cependant je recevois des lettres de M. de la Chambre de temps en temps, par lesquelles il me pressoit d'ajouter la géométrie à mon principe et de faire la démon- stration en forme du véritable fondement des réfractions. Ce qui me rebutoit à l'avance étoit l'assurance que M. Petit et autres m'avoient donnée, que leurs expériences, qu'ils avoient souvent réitérées pour mesurer les réfractions et dans l'eau et dans le cristal et dans le verre ('; La leltre LXXXVI. CXVI. - lC6i. 487 et dans beaucoup d'autres liqueurs différentes, s'accordoient très pré- cisément avec la proportion de M. Descartes; de sorte qu'il me sem- bloit inutile d'en aller chercher quelque autre par mon principe, puisque la nature elle-même s'expliquoit si clairement en sa faveur. L'objection que vous me faites dans votre Ecrit ne me faisoit nulle peine et j'y avois déjà répondu dans ma lettre à M. de la Chambre par cette raison, que tout ce qui appuie ou fait ferme sur quelque point d'une ligne courbe est censé faire ferme ou appuyer sur la ligne droite qui touche la courbe audit point; et ainsi, quoique la somme des deux lignes de réflexion soit quelquefois la plus grande dans les mi- roirs concaves, sphériques ou autres, elle est toujours la plus petite de toutes celles qui peuvent tomber sur la ligne ou sur le plan qui touchent les miroirs au point de la réflexion, et cela n'a pas besoin de plus grande preuve, M. Descartes le supposant ainsi aussi bien que moi. Toute la difficulté se réduisoit donc à ce qu'il me paroissoit que j'avois il combattre, non seulement les hommes, mais encore la na- ture. Néanmoins les dernières instances de M. de la Chambre furent si pressantes que je résolus, il y peut avoir environ deux ou trois ans, de tenter le secours de mon analyse, m'imaginant qu'il y a une infi- nité de proportions différentes entre elles dont les sens ne sauroient vérifier la diversité, et qu'ainsi j'en trouverois peut-être quelqu'une qui approcheroit de celle de M. Descartes et qui pourtant ne seroit pas la même. Je fis mon analyse en forme par une méthode qui m'est particulière et qu'Hérigone a fait autrefois imprimer dans son Cours malhématique. Je surmontai toutes les asymmétries avec peine, et voilà que tout à coup, à la fin de mon opération, tout se débrouille et il me vient une équation très simple qui me donne justement la même proportion de M. Descartes. Je crus sur l'heure avoir équivoque, car je ne pouvois me figurer qu'on aboutît à une même conclusion par des routes tout-à-fait oppo- sées, M. D.escartes supposant, pour un des moyens de sa démonstra- .V88 (!■ U V 11 E S I) E F E W M VT. - C 0 11 II E S P 0 N D A N C E. lion, que \o mouvomciil do la luiuièro troiivr plus de rôsislancc dans l'air que dans l'eau. e( moi supposant (oui le contraire, comme vous verrez dans la copie de ma démonstration, que j'ai tâché de refaire de mémoire pour vous satisfaire pleinement, mon original avant été en- voyé à M. (le la Chambre, suivant ma paresse ordinaire. Je refis donc pour lors la question ii diverses reprises, en changeant les positions, et je trouvai toujours la même conclusion, ce qui me confirma deux choses : l'une, que l'opinion de M. Descartes sur la pro- portion des réfractions est très véritable; et l'autre, que sa démonstra- tion est très fautive et pleine de paralogismes. 3Iessieurs les Cartésiens virent ensuite ma démonstration, qui leur fut communiquée par M. de la Chambre; ils s'opiniàtrèrent d'abord à la rejeter et, quoique je leur représentasse tout doucement : qu'il leur devoit suffire que le champ de bataille demeurât à M. Descartes, puis- que son opinion se trouvoit véritable et confirmée, quoique par des raisons difTérentes des siennes; que les plus fameux conquérants ne s'estimoient guère moins heureux, lorsque la victoire leur étoit pro- curée parles troupes auxiliaires, que si c'étoit par les leurs; ils ne voulurent point, dans les premiers mouvements, entendre raillerie : ils vouloient que ma démonstration fût fautive, puisqu'elle ne pouvoit pas subsister, sans détruire celle de M. Descartes, qu'ils entendoient mettre toujours hors du pair. Mais, comme les plus habiles géomètres qui virent la mienne sembloient y donner leur approbation, ils me firent enfin compliment par une lettre de M. Clerselier, qui est celui qui a procuré l'impression des lettres de M. Descartes. Ils crièrent au miracle de quoi une même vérité s'étoit rencontrée au bout de deux chemins entièrement opposés et prononcèrent qu'ils vouloient bien laisser la chose indécise et avouer qu'ils ne savoient à qui donner la préférence, de M. Descartes ou de moi, sur ce sujet et que la postérité en jugerolt. C'est à vous, Monsieur, qui êtes sans doute destiné par votre mérite extraordinaire à avoir grand commerce avec elle, à l'informer, si vous le jugez à propos, de ce célèbre démêlé ou, si vous aimez mieux placer CXVII. - 16GV. 489 ce petit Ecrit parmi vos papiers inutiles, j'y consens et tout m'est in- difTérent. Mais il n'en est pas de même de la très humble prière que je vous tais de me croire, etc. CWII. Démonstration dont il est parlé dans la lettre précédente. Soit la droite AFM {fig. io5), qui représente la séparation de deux différents milieux; que l'air soit du côté de B et l'eau du coté de H. Le Fig. in5. rayon de lumière, qui doit aller du point B, qui est en l'air, vers le point F, où commence le milieu de l'eau, se rompt et va vers H, s'ap- prochant de la perpendiculaire, suivant les expériences connues et vulgaires. M. Descartes détermine ce point H en telle sorte, qu'en tirant une perpendiculaire du point B sur la ligne AFM, qui soit BA, il fait que la lisne AF est à la lia;ne FM comme la résistance d'un des milieux à celle de l'autre, bien qu'il entende, contre mon sens, que la résistance est plus grande dans l'air qu'elle ne l'est dans l'eau. Soit donc la plus grande résistance représentée par la ligne AF et la moindre par celle de FM, et par conséquent la ligne AF plus grande que FM. Soit élevée, du point M, la perpendiculaire MH qui soit cou- FtRSIAT. — II. 62 190 ŒUVRES DE FERMAT. - CORRESPONDANCE. péo en H par lo cercle dont le centre est F et le rayon Fli, si bien que les droites BF et FH seront égales : Je dis que le rayon BF, venant à se rom|)n> par la rencontre de l'eau, ira vers H. C.ar, puisque, par mon principe, la nature agit toujours par les voies les plus courtes, si je prouve qu'en passant par les deux droites BF et FH, elle y emploie moins de temps qu'en passant par aucun autre point de la droite AM, j'aurai prouvé la vérité de la proposition. Or, puisque je présuppose que le mouvement dans l'air est plus aisé et par conséquent plus vite, le mouvement de B en F se fera en moins de temps que celui de F à H et, pour régler la véritable propor- tion, il faut faire roninio VF à FM ((|ui sont les mesures des résistances), ainsi I5F à FI), et les deux droites DF et FH seront les mesures du temps qui sera em- ployé de B à F et de F à H : savoir, la droite DF sera la mesure du mou- vement par BF, qui est plus vite, et la droite FH sera la mesure du mouvement par FH, qui est plus lent, et ce, suivant la proportion de BF à FD, ou de HF, qui est égale h BF, à la même FD. Si je prouve donc que, quelque point que vous preniez des deux côtés de DF, la somme des deux droites DF, FH est toujours plus petite que deux droites prises au même sens, j'aurai ce que je chercliois. Soit donc premièrement du côté vers M le point 0. En joignant les droites BO et OH, et faisant comme RF à DF, ainsi RO à CO, je dois prouver que la somme des deux droites CO et OH est plus grande que celle de DF et FH; et en prenant de même quelqu'autre point, comme V, de l'autre côté vers A, je dois aussi prouver qu'en joignant les deux droites BV et VH, et faisant comme RF à DF, ainsi RV à YV, la somme des deux droites YV et VH est plus grande que celle des deux droites DF et FH. CXVII. — 1G64. 491 Pour y parvenir, je fais comme BF à AF, ainsi FO à FH, et comme la même BF à FM, ainsi FO à FI. Puisque BF est plus grande que AF, donc FO est plus grande que FR et, puisque AF est plus grande que FM, FR est aussi plus grande que FI, et il parait même que FR est à FI comme AF à FM; car, puisque, parla construction, comme AF est à FB, ainsi FR à FU, et comme FB à FM, ainsi FO à FI, donc, ex œquo, comme AF à FM, ainsi FR est à FI. Je dis donc que les deux droites CO cl OH sont plus grandes que les deux droites DF et FH. Car, par Euclide, au triangle amblygone FHO, la somme des deux quarrés HF et FO est égale à la somme du quarré HO et du rectangle MFO pris deux fois; or, puisque nous avons fait comme BF ou FH à FM, ainsi FO à FI, donc le rectangle sous les extrêmes HFI est égal au rectangle sous les moyennes MFO, et le rectangle HFI pris deux fois est égal au rec- tangle MFO pris deux fois : nous avons donc la somme des deux quarrés HF et FO égale à la somme du quarré HO et du rectangle HFI pris deux fois. Mais le rectangle HFI pris deux fois est égal au rec- tangle HIF pris deux fois et au double quarré de IF; et le quarré HF, par le même Euclide, est égal au rectangle HIF pris deux fois et aux deux quarrés HI et IF : nous avons donc, d'un côté, le quarré HI, le quarré IF, le rectangle HIF deux fois pris et le quarré FO égaux au quarré HO, au rectangle HIF deux fois pris et au quarré FI pris deux fois. Otez de part et d'autre le rectangle HIF deux fois et le quarré FI : reste, d'un côté, le quarré HI avec le quarré FO égaux aux deux quar- Vl)2 ŒUVRES 1) F. F I-: H M A 1' . - t , 0 IU5 E S P 0 N 1) A N C E . l'és 110 ri 11". .Mais le (|iiarri' KO est plus graïul (iiio le (Hiarri- I"i, puisqiu". par la coiislriu-lion , KO ost pins grande quo Kl : donc le (|nairo HO est plus grand (|iif le (jnarrr 111, el pailanl la droite 110 esl pins grande (|ne la droite HI. Si je prouve ensuite (pie la droite ('.0 est plus grande que les deux droites DK et Kl, il restera prouvé que les deux CO et OH sont plus grandes que les trois DF, Kl et IH, ou (jue les deux DK el KH : je prouve donc le requis. Dans le triangle amblygonc BKO, par Enclide, le quarré BO est égal il la somme des quarrés BK et KO et au double rectangle AKO; mais, puisque nous avons fait, par la construction, comme 1>F à FA, ainsi KO à Fit, donc le rectangle sous BK et KR est égal au rectangle AKO, et par con- séquent le quarré BO est égal aux quarrés BK et KO et au rectangle sous BK, KR deux fois pris. Mais le quarré KO est plus grand que celui de FR, puisque la ligne KO a été prouvée plus grande que la ligne FR : donc, si vous substituez le quarré de "KR au lieu de celui de KO, le quarré BO sera plus grand que les deux quarrés BK, KR et le rec- tangle BFR deux fois pris. Mais ces dernières sommes sont égales, par Enclide, au quarré des deux droites BF et FR prises comme une seule : donc la droite BO est plus grande que la somme des deux droites BF et FR. Mais nous avons prouvé que HF esl à IF comme Al*" à FM, c'est à dire comme BF à FI), (jui est la mesure de la diversité des mouvements : donc, comme la somme des deux antécédents BF el FR esl à la somme des deux conséquenls DF el FI, ainsi BF à VU. Or donc BO esl à OC comme BF à FI) : comme HO esl à OC, ainsi la somme des deux droites BF el FR esl à la somme des deux droiles DF el FI. CXVII. - 1664. 493 Mais nous avons prouvé que la droite BO est plus grande que la somme des deux droites BF et FR : il est donc vrai que la droite CO est plus grande que la somme des deux droites DF et FI, ce qu'il falloit prouver en second liau. Il n'y a donc aucun point du coté de M par où le rayon puisse passer sans y employer plus de temps que par le point F. Il reste à prouver la même chose au point V. Si l'on fait, comme ci-dessus, comme BF à FA, ainsi FV à FN, et comme la même BF à FM, ainsi FV à FX, NF sera à XF comme AF à FM, c'est à dire comme BF à FI), par la preuve précédente, et chacune de ces deux droites NF et XF sera plus petite que VF, par ce qui a précédé. Il faut prouver que la somme des deux droites YV et VH est plus grande que la somme des deux droites DF et FH. Je considère premièrement que, par Euclide, dans le triangle ambly- gone VFH, la somme des quarrés HF et FY et du rectangle IMFY pris deux fois est égale au quarré YH; mais, puisque, par la construction, il a été fait comme HF à FM, ainsi FV à FX, donc le rectangle BFX ou le rectangle HFX (puisque BF et FH sont égales) est égal au rectangle MFY : nous avons donc, d'un côté, la somme des quarrés HF et FV et du rectangle HFX pris deux fois égale au quarré HY. Mais le quarré FX est moindre que le quarré FY : donc la somme des quarrés HF, FX et du rectangle HFX pris deux fois est moindre que le quarré HY. Or cette somme est égale au quarré fait des deux droites HF et FX comme d'une seule, par Euclide : donc la somme des deux droites HF et FX est moindre que HY, et HY est plus grande que ces deux droites HF et FX. Si je prouve donc que la droite YY est plus grande que la droite DX, il restera prouvé que la somme des deux YY et HY est plus grande que la somme des trois DX, XF, FH, c'est à dire que des deuxDF, FH. Vfli ŒUVRES DE FERMAT.- CORRESPONDANCE. l'uiir l'airo oolto dcriiièro preuve, je considère le Iriaiii^ie ainbly- gone BVF auquel, par Euclide, les deux quarrés BF et FV sont égaux au quarré BV et au rectangle AFV pris deux (ois; or, puisque, par la eonslruelion, nous avons fait comme RF à FA, iiiiisi VF à FN, donc le rectangle BFN est égal au rectangle AFV, et partant la somme des deux quarrés BF et FV est égale à la somme du quarré BV et du rectangle BFN pris deux fois. Or le rectangle BFN pris deux fois est égal au rectangle BNF pris deux fois et à deux fois le (juarré FN : donc la somme des deux quarrés BF et FV est égale à la somme du (| narré BV, du rectangle BNF pris deux fois et du quarré de FN pris deux fois. Or le quarré BF est, par Euclide, égal au quarré BN, au (|uarré NF et au rectangle BNF pris deux fois : nous avons donc la somme des quarrés BN, NF, FV et du rectangle BNF pris deux fois égale à la somme du quarré BV, du rectangle BNF pris deux fois et du quarré de FN pris deux fois. Otez de chaque côté le rectangle BNF pris deux fois et le quarré NF : il restera donc que le quarré de BN et le quarré FV seront égaux aux quarrés BV et FN. Or le quarré FT est plus grand que le quarré de FN, par la construction : donc le quarré BVest plus grand que celui de BN, et partant la droite BY est plus grande que la droite BN. Mais nous avons prouvé que comme la droite RF est à FD, ainsi NF est à FX : donc comme la ilroite RF est à FN, ainsi sera DF à FX, « et, par la conversion des raisons, comme BF à BN, ainsi sera DF à DX, et comme BF à DF, ainsi BN à DX. .Mais nous avons fait comme BF à DF, ainsi RV à YV : donc comme RV à YV, ainsi sera BN à DX. CXVII. - 1664. 495 Mais nous avons prouvé que BV est plus grande que BN : donc YV le sera plus que DX. Or il a été déjà prouvé que VH est plus grande que les deux droites HF et FX : donc il est pleinement prouvé que les deux droites YV et VH sont plus grandes que les trois DX, XF et FH, ou que les deux DF et FH, et ainsi la démonstration est complète. Il suit de là qu'en posant mon principe, que la nature agit toujours par les voies les plus courtes, la supposition de M. Descartes est fausse, lorsqu'il dit que le mouvement de la lumière se fait plus aisé- ment dans l'eau et les autres corps denses que dans l'air et les autres corps rares. Car, si cette supposition de M. Descartes étoit vraie et que vous imaginiez qu'en ma figure l'air est du côté de H et l'eau du côté de B, il s'ensuivroit, en transposant la démonstration, que le rayon qui par- tiroit du point H et rencontreroit l'eau au point F, se romproit vers B, parce que, le mouvement par l'air étant plus lent selon la supposition de M. Descartes, il seroit mesuré par la droite HF, et celui qui se fait dans l'eau seroit mesuré par la droite FD, comme étant plus vite, de sorte que, les deux droites HF, FD étant les plus petites, la réfraction se feroit vers B, c'est-à-dire que le rayon s'écarteroit de la perpendi- culaire, ce qui est absurde et contre l'expérience. Si la situation des deux points B et H change dans les deux lignes BF et FH prolongées de part et d'autre autant que vous voudrez, la démon- stration aura lieu et vous le verrez de vous-même. Je n'ajoute point l'analyse, car, outre qu'elle est longue et embar- rassée, il vous doit suffire que le retour que vous venez de lire est court et purement géométrique. Il suit de tout cela que, lorsque les deux points B et F sont donnés, ou bien H et F, on peut trouver aisément le problème par les plans; mais, lorsqu'on donne deux points, comme B et H, et qu'on veut cher- cher par eux le point de réfraction dans la ligne ou plan qui sépare les deux milieux, en ce cas le problème est solide, et ne se peut construire qu'eu y employant des paraboles, des hyperboles ou des ellipses. Mais, W6 ŒUVRES ni: FERMAT. — COnUESFONDANCE. l'omino t'olli' iiiv('nli(ni n'es! mii'i'o malaisée à un géomi'Irc nirilioi ro, (Ml (lomeiirant d'accoril du roiuliMnoiU et de la pr()[)ortion sur laquelle il (Idil Iravaillrr el (|U(' je vous ai déjà expliquée, j(> u'ai garde de douter (|ue vous la trouviez d'ahord, vous, Monsiinir, ([ui êtes si lorl au-dessus du coinuuni. Outre que, ne s'agissant proprement, dans la question que vous me faites, que d'apprendre quelles sont les voies de la nature, j'y ai déjà satisfait, et que eette grande ouvrière n'a pas besoin de nos instru- niens et de nos machines pour faire ses opérations. CWIII. SAPORTA A FKR:\1AT ('). A MONSIEVR 1 FERMAT | CONSEILLEIt DV | ROY AV PARLEMENT | DE TOLOSE. I MoNsucvr,, le vous rends ce qui est vostre : cette traduction que ie vous pré- sente du Traicté de Torricelli du mouvement des eaux est à vous, parce que vous m'avés fait l'honneur de m'exhorter à y travailler, et que vous m'avez fait cognoistre, qu'elle ne pouvoit mieux paroistre en public, qu'en suite du Traicté de la mesure des eaux courantes de Castelli, (ju'il recognoist pour son Maislre, et sur les démonstrations duquel il appuyé presque toutes ses propositions. Mais elle vous appar- tient, MoNSiEVR, à un plus iuste tiltre, puisque cet ouvrage, qui ( ') Doiiicacc do l'ouvrapc inliliilc : Traicli! ilii 1 mouvement des | eaux d'Evangclislc | Torricelli Malliema | ticicn du Grand Duc I de Toscane. | Tiré du Traiclc du mesme Aulhcur, | du mouvomcnl des corps pcsans qui descendent | nalurcllenicnt, et qui sont jetiez. A Castres, | Par Bernard Bar- couda, Imprimeur | du Roy, de la Cliambre de l'Edict, de la dite j Ville et Diocèse. 1664. Ce Traité est joint à celui de Benodetto Casielli dans le volume publié par Sapnrla iToir Tome I, p. 367.); la dédicace adressée à Fermai occupe les pages 59 à Ci du dit volume. CXVin. - 1664.. 497 a esté composé par vn des plus sçavans Mathématiciens d'Italie, sur vue matière trcs-curieuse, et toute nouvelle, ne pouvoit mieux pstrc exposé aux yeux du public, que soubs la faveur de celuy que tous les plus grands Mathématiciens, ie ne dis pas de la France seule- ment, mais aussi de toute l'Europe admirent, et révèrent d'vne façon toute particulière. Lors qu'ils ont des difficultez dans ces sciences abstruses, dont les inventions admirables font voir et l'excellence, et la divinité de nostre ame, ils recourent à vous, Moxsievu, comme à l'Oracle qui dissipe en un moment les ténèbres qui les envelopoient auparavant. S'ils ont quelque dispute entre eux sur quelque point, dont ils ne puissent pas s'accorder, ils vous choisissent pour l'Arbitre " de leurs differens, et ils se soumettent avec respect à la décision que vous en faites. Tous les sçavans en toute sorte de Literature vous con- sultent sur les passages difficiles qu'ils rencontrent dans les livres, le pourrois rapporter un grand nombre d'excellentes remarques que vous avez faites sur Synesius, sur Frontin, sur Athénée et sur plu- sieurs autres Auteurs et les esclaircissemens que vous avez donnez a des lieux obscurs qui n'avoient pas esté entendus par les Scaligers, les («isaubons, les Petaus, et les Saumaises. Enfin il semble, Mo>sif,vi!, ' que vous estez né pour gouverner l'Empire des Lettres, et pour estrc le Souverain Législateur de tous les Sçavans. Si i'avois dessein de faire votre Panégyrique, j'estalerois icy toutes les cognoissances que vous avez, qui sont capables de rendre les hommes, et plus doctes, et plus gens de bien. le parlerois de vostre iugement dans les affaires du Palais, ou vous avez passé la plus grande partie de vostre vie, et ou vous avez fait paroistre tant d'intégrité, et tant de suffisance en l'administration de la Justice, qu'il y a de quoy s'estonner, qu'ayant acquis toutes les qualitez d'un grand luge, vous ayez peu acquérir vue parfaite intelligence de tant d'autres choses, qui sont si différentes de cette sorte d'estude. le pourrois dire avec vérité que la force, et l'es- tendué de vostre génie, a surmonté toutes les diflicultez qui décou- ragent, ou qui arrestent les autres : que vous comprenez comme en vous louant, ce qui occupe l'attention des plus subtils, et que vous l'EBMAT. — II. OD WS (KlNIiKS 1)K KKIÎM VI'. - COlinKSI'OMt ANCK. pciKircs dans peu de ioiii's. l'I avcr peu de peine, les iiialiei'es les plus tlillicili's, (|iii Iraxailleiit les espi'ils les plus vils, e( les plus sdlides. des années (Milieres. .Mais l'en tlis Irop, Monsii'.vi',, puni' vosire modestie, (|U(iv t|ue ie n'eu die pas asspz pour vosir'e inerile, n'y pour la passion (|ne i'av, de vous lesuioi^iUM', e(unl)ieu ie suis. .Mo.NSIKVIi, Voslre (res-liiimble et Iros-olteissanl serviteur. SaI'OUTA. VARIANTES ET NOTES CUITIQl ES. LISTK DliS SOURCES. A = Maïuisci-it Ai'lui};ast-Boncoinpafjiii {voir Tmnc I, Avcrtisscmout, p. XXIl). A' = Brouillons il'Arbog:ist, ihins le JIS. UiM. iimI. tV. ii, a. 8280 ( f" gt à 98, 120 à 19J). H = Manuscrit Vicii-d'Azyr-Boncorapagni ( l'uiV Tomo I, Avertissement, p. xxvil). C = Copie des manuscrits de Clorselior, prise à Vienne par Despeyrous, dans le MS. Bibl. nat. tr. n. a. otSo (f"" 25 à 90). 1) = Édition des Lettres île M- Dc.u-ar/cs par Clersclier, Tome III, Paris, 1667. E t= Commercitim epistolictim de Wallis, Oxford, i658. V = MS. Bibl. nat. fr. n. a. 62»!,. (t = Gassendi Opéra omnia, édition de Lyon, i638. II = Correspondance de Huygens, publiée par la Société liollandaise îles Sciences (La Haye 1888 etc.). 1 = MS. Bibl. nat. latin S600. K = MS. Bibl. nat. latin u 196. L = Lalouvùre, yetcrum Geometria proniota in septem de Cycloide libris, Touliiuse. ilitio. M =MS. Bibl. nat. fr. 17388. X = MS. Bibl. nat. fr. 17390. 0 =MS. Bibl. nat. IV. 17 398. V = OEuvres de Pascal, édition de 1779. P' = Recueil d'opuscules de Pascal, Bibl. nat. inip. Réserve V, 869. Q =MS. Bibl. nat. fr. 20945. K = MS. Bibl. nat. latin 722(5. S = Traité de la mesure des eaux courantes de Castcl/i, traduction Saporta, Castres, i(i().'|. T =MS. Bibl. nat. fr. i3o26. ra= Édition des yaria Opéra de Fermât, 1679. X = MS. Bibl. nat. fr. n a. 5i6o. VARIANTES ET NOTES CRITIQUES (') LiSTTRE I. 3. ligne 1 par ces B, pour ces A i feront B, feroienl A 10 jusqu'à A 6, ^ seraJA ajoute pour 7, 2 une om. A 9, 1 envoieray B, enverrai A 10. 8 de oi». A II, 3 sceu B, pu A i ce om. A. \\.{P^(i, p. i43). Les paragraphes 1 et 2 forment la fin des Xova in Mathcmaticis t/ieoremala (Pièce V). P. 9, 20 (f'tt, i44) 20 D]AD 28 Qiiod erat demonstranduni | GED. III (l'a, i.n). L 10 ita|.\B (J'n, vri). W (ra, 12-2). P. 18, 18 lajle 2o (/«, laS) 26 proportion] proposition P. 20, 5 la] que la \ (n,, lii). 3, 2 ipsa CB]ipsa AB. P. 24, 0 B](;. P. 25, 6 etjin (;«, i43) 7C]D * D]G 7, 3 constitutura]. Le fragment continue, dans les Varia, par les paragraphes 1 et 2 de notre Pièce II. VI {Fa, i43). 2]1. 2, 5 la première]lo premier 4, 9 ravouer]^Vz ajoute le suis etc. La suite se trouve intitulée dans A : Fragment d'une lettre à Mersenne (le commence- ment manque); dans B : Fragment d'une lettre de M. Fermât du l'i juillet i63G. 5, 2 baille A, envoyé B 6, 2 proportionnelles om. A 7, 11 pouves B, pourrez A P. 30, .1 trois ou de] 2 ou B. 8, 1 Et B, Je A. B omet la date. VII (l'a, i33). P. 32, I.~i lelles P. 33, 9 NB]CB 11 gravia|œqualia {Fa, i3',). P. 34, 10 ecce]cum li FI1N]FII, in *• NJM {de même 17). 10 FHN]FIIM (rfememelS) 17 HF]MG 18HN]HA. VIII {T^a, 124)- Su.scripiion : A Paris, le i6 aoust i636. 2, 1 que]lequel 4/3 des- quelles conditions, au principe dont il s'agit, la principale manque, sçavoir G d'où vient] quelle est 7 cette]leur * Ainsi... les corps 3,5] ce qui n'étant point en nôtre connois- sance (comme il faut librement avouer, et en cecy, et quasi en toutes les autres choses physiques) il est évident qu'il nous est impossible de déterminer, ce qui arriveroit au centre où les choses pesantes aspirent, ny aux autres lieux hors la surface de la terre, sur laquelle, parce que nous y habitons, nous avons quelques expériences assez con- stantes, desquelles nous tirons ces principes en vertu desquels nous raisonnons en la Me- chanique. (') Les fliilTres égyptiens (gras) désignent les paragraphes des lettres, à moins qu'ils ne soient précédés d'un P., auipiel cas ils indiquent la page; les lignes sont comptées à partir de la première du paragraphe, si elle est dans la même page; autrement à partir de la première de la page. û02 \AH1ANTES ET NOTES CHITIQUES. La diversité des opinions louchanl l'oi'ij;ine do la pcsantour des corps, aiu'iine des- quelles n'a esié jiisqnos icy ny deiimnlréo ni convainciio do fausseté par démonstration est un ample témoi^na^e de l'ijjnorance lunnaine en ce point. {f'o, 19.5). La commune opinion est. (pie la pesanteur est une qualité cpii 'réside dans le corps même qui tombe. D'autres sont d'avis que la descente des corps proeeilo de l'attraction d'un autre qui attire ccluy qui descend, conuno [le globe aj. P) de la terre [paroit attirer une pierre qui tombe itj. P]. Il y a une troisième opinion qui n'est pas hors de vraysemblance; que c'est une attraction niuluelle entre les corfis, causée par un désir naturel ipie ces corps... 3, a clairjévidenl 6/7 le fer ne l'étanl pas. Tira trouver 12 seront... quelque lieu 4, 3] sont fort dilTérentes, iiarliculièrement de la première et des autres, comme nous fairons voir en les examinant. Car si la première est vraye. le sens ooniniun nous dicte qu'en ipielipie lieu... 4. i poids] corps pesant * pèse] pèsera iO avoir égard] considérer 11 centre com- mun]. IcLUiioii : Si cette première opinion est véritable, nous ne voyons point que le principe que vous demandez pour la Geostatique puisse subsister. 12 Car soient deux poids 15 A et B 19 Nous... équilibre 21]. Suivant cette première opinion, nous accor- dons que si le point C est uny au centre des choses pesantes, le composé des poids AB demeurera immobile véritablement. 22 au]avecle * centre commun des choses pesantes, combien que l'un des poids en soit plus proche que l'autre, ils contrepeseront (24). 2^i comme par le point C omis. 26 paroles mêmes] propres termes 27 pour] de 28 par dessus] sur P. 38. Le premier a'inéa est omis. 8 car il n'a pas esté démontré que le point C soit le centre de pesanteur du composé AB, sinon lorsque la descente des corps se fait naturellement par des lignes parallèles; ce qui est contre vos suppositions et les nôtres, et contre la vérité, et même nous ne voyons pas qu'aucun corps, horsmis la Sphère, ait un centre de pesanteur, posée la définition de ce centre selon Pappus et les autres Autheurs : et quand il y en auroit un en chaque corps, il ne paroit pas (et n'a jamais esté démontré) que ce seroil (12). 13 commun]des choses pesantes 15 figures] nddiiioii : comme en la seconde des deux figures suivantes. 16 commun] de pesanteur. 5. I du]d'un 3 même]l' *• nous]vous i semblable] pareille * AB |(/fl, 126) ( puisque vous le voulez appeler ainsi) d'autant que ces poids ne pressent (S/6) 7 C, D DU E oniis 9 le porter]se porter. P. 39, 2 près]proche 3 C omis. 6 jugement] lajin de l'alinéa est omise. 6, 1 en ce cas des] suivant celte première opinion, de 3 pour... sentiment omis. l Soient donc deux * A et B 0 dans laquelle le point C soit le centre de pesanteur du composé des corps AB, selon les anciens; ce point C ne sera pas (6) 7 pose]met 9 qu'iljque ce composé 13 contrepèsent avec] soit de même pesanteur que 7. Paragraphe omis. 8, I. Si la seconde opinion touchant la cause de la descente des poids est véritable, voicy les conséquences qu'on en peut tirer, selon notre jugomenl. Soit (i) 6 les parties du même corps, en sorte que chacune selon sa puissance, tire à soy le corps attiré, ainsi que supposent les Auteurs de cette opinion. Sur celle position, le sens commun nous dicte que les distances et autres conditions estant pareilles, les parties égales du corps attirant attireront également, el les inégales. inégalement. VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 303 Soit donc le corps alliré L(()) 8 nienéejniéme. P. 41, 2 marqucs]pris G puis- sanceJverLu entière 7 là où]ou étant dO venujparvcnu 11 toujours est placé après sera 12 etjmais 13 retire ]contrctire M force] vertu 17 mais cette diminution ne sera pas en la raison des ligues HA, HK, HI, ce que vous connoitrez en le considérant sans autre explication. Si la troisième opinion de la descente des corps est véritable, les conclusions que l'on {P^a, 127) en peut tirer sont les mêmes, ou fort approchantes de celles que nous avons tirées de la seconde opinion. Suit le paragraphe 9. 9, 3 d'icelles]d'elles 3 conclusions] conséquences 7 desquels l'expérience assistée d'un bon jugement, nous a rendus certains. Pour ces considérations, dans nos conférences de Mechanique nous appelions des poids égaux ou inégaux ceux qui ont égale (10) 11 un même corps est dit] nous entendons un même corps P. 42, 3 arrive ou non -i ce] chose S contente] satisfasse 6 et nous rai- sonnons] raisonnans 7 en omis. 10. 1 PourjQuant à 3 et l'autrejmais l'autre est 9 et soit considérée la circonférence CNB 10 ménejremue 12 conl repèseront l'un à l'autre et omis. 15 seront jseroint * points jextremitez 16 éloignées. P. 43, 2 pour les avoir démontrées par des principes qui nous sont plus clairs et plus connus (-4) 5 distinction à faire, laquelle est de grande considération. Sçavoir que quand ((Ji 9 mais quand ■*• d'unjun 13 enOn] finalement 15 vers NJvers P. il, 1 Si cte.jCette distinction estant vraye comme elle est, vostre second principe ne peut subsister, ce qui paroîtra assez par l'examen d'iceluy. Vostre second principe est tel. Soit A (4). 5 est Bjest D 6 force] puissance 8D.|(^«, 128) P. 44, 1 posé] mis 6 s'éloigner] éloigner le levier 8 en général] généra- lement H quoique contraires à votre supposition omis. 12/13 et nous vous en expli- querons les principaux cas que vous connoistrez véritables sans aucune démonstration. Suit le paragrap/ie i2. 12, 2 et omis. 4 demeurons P. 45, 1 force] puissance. 13, 6 boutsjextrémités 10/12 et quand cet appuy sera osté, le tout demeurera de mémo qu'avec l'appuy, ce qui est assez clair. 15 alors est ajouté avant celles. 19/20 que lors- qu'elles sont ramassées en B. 14, 1/2 chacun plus grand P. 46, 1 DCjCD 4 ramassez (de même 9;) 8 Bjvers P ajouté, -k ce qui seroit arrivé] comme il arriveroit 15, 2 lesjdes 6 qu'on|que l'on 9 aux pointsjsur les parties 13 {Fa, 129) >«• Ainsi, cotisidérant] Parlant * sont] seront * ils omis 14 chargent] chargeront. P. 47, 1 sur l'arc GBH 5 aura] a * ramassez 9 même omis. 10 Addiliou : Cette dernière consi- dération pourroit bien estre cause qu'un même corps peseroit moins, plus proche que plus éloigné du centre commun des choses pesantes : mais la proportion de ces pesan- teurs ne seroit nullement pareille à celle des distances, et seroit peut-estre très difficile à examiner. 16, 3 éloignés de A centre commun 6 GI est à 9 assez omis * des] de vos 10 les] ces 10/11 restoroit aucune difficulté 11 à peu près omis 11/12 ainsi. Soit faite la pré- paration suivant la melliodo d'Archimede 13 E]Q (de même dans la suite du para- graphe). P. 48, 2/3 duquel etc.jlequel arc sera quelquefois moindre que la circonfé- rence entière, quelquefois égale à icelle, et quelquefois plus grand. Et d'autant que les .ÏOV VAHIANTES ET NOTES CHITIQUES. porlions lit, IQ sont c'^'iilos, ;! BGIRO '•■ |i:h' le promioi- pi-inBi|ie sur r;i|i|ni\ I. 7 |icsc| posé S Car lous ces | Parlant, puisque ces doux 9 pèseront] pèsent * puis donc | et 10 faisoieni ] font * môme o/«(,\'. i;{ feroil] reçoit lipas|point l(î pouvons 17/l!Hn- stances dont la première est telle. Au levier GIR, soit l'angle GIR droit 18. 1 Soit A le ce;Uro :2 A omis-. 3 GI | soit (f'fi, no) 0 l'on] on 0/7 faisant... R| niellant en C le moine poid.s ipii estoit on R 9/10 faisant... C|faisant ID cstre le bras liu levier et mettant en H le mémo poids (pii esloil en C 12 à lG|en G 13/11 raison- nant à l'ordinaire] par le raisonnement ordinaire 16 seroitjsert 18 fait]fasse P. 50, 1 (co qui est facile à domonlrer) 2 delliors 2/3 on conclura quelque chose do clio- (luanl do votre position. 19. 1 parce que * toul omix. 2 faire [iir des lionimos, des poids à l'égard do leur contre naturel 3 la faire alentour d'un centre artificiel, supposant îijG agiroienl] tcndeni 7 conforme à ce raisonnement 8/10 .Ili/icn omis. 20. 1 agréable de conlinuor nos communications sur ce sujet ou sur eoluy de la Géo- métrie 2/1 ceux de ce tem|)S. nous tâcherons à vous donner contentement : et ce que nous vous proposerons .S car nous vous en envoyerons l.X. (/'«, i3o) 3(/rt. iSi). P. 53, 18 AC.DjadCI) 2i r.[)| . Igitur (r^, iSî). P. 54. 2 liorizontis 6, 1 terre] leltre 7. 3 parabola i/'i conois parabolicus archimedaeus (> Movus conois 9, 9 composé] compris. .\(/rt, r>'i) 2. l."i quatre. I en (/'Vï, 12.1)- 3. îi de Pascal XI(r«,i34). 1, 12 prin|cipes(/^7/. i35) 3, 1 f BCAJBC.CA 4, 0 la o/«m. 7 | parce que(Ki7, i36) 5, 3 menez] niez XII (B n eonimr liirc : Epistola Dmi de Fermât ad R. P. Merscnnum.) 1, 1 Havum] damnuni A P. 64, 1 te] se A 2, 2 ita]sic A 7 problemaiis B, problomatibus A (de même 3. 1) 9 quadratoquadrata A 3. 3 ipsis /■('/>c?é B i pulcherrimi A P. 66, 2 ad- mitti om. B. i diminutum B (de même plus loin) 7 ex his propositionibus B (peut-être mieux ). 4, 1 abs te A Hr construimus A 7 contingerit A 7, 7 ?o25]i925 B (A « cor- rb'é en marse). 8, 10 exordium ciirriu:é de originem B. >«• B donne en marge le calcul des nombres i8o et 1890. plus loin de 101 70 (avec une erreur) et de jgfij. P. 68, 10 abs] rorriiié en à par A. 9. (i/7 De mullangulis numeris A 9 niajori AB li 1° om. B P. 69, 7 omnibus] numeris B. 9 prœcepta] quassita AB. 10. 1 uolumus B 2 Arithme- ticae A 3 venamur ] co/r^'c' de invenimus A 11, 3 auclo]aucii AB 8 exemplum]B ajoute : 1.2.3.4. 10 auctum]aucti AB 11 et fit B 13 et superest B P. 70, 2 pnece- dentis A * B donne les calculs en marge. 12. 2 \\\ccm]corrigc de ansam B 9 eâ]sic A 13. B ajoute la souscription : Au Révérend père Morsenne nn'nime. XIII (l'a. i36} 3. i i"] Premièrement 7 in | conclioide {J'n, 137) 4, 3 des]de 5. 3 r] premier P. 74. 9 in]et XIV. (Texte d'après R; leçons de Va, i38). 1, 2 promis 2, 2 en] vers 7 la partie inférieure 8 chose mémo 12 quoi]qui 15 bout]point P. 76, 10 de direction omis. i:; doublé] double 19 cette] la 20 bras AB, AC 23 deux o;n«. P. 77. 1 double i et imiU 10 forces * Ainsi].\ussi 12 être | entendues (/>', 139) 14 supposons] posons 21 AC. AG P. 78. 20 domonstrons P. 79, 1 demonstrons S menées omis. 19 enten- dues] imaginées * et omis. P. 80. 2 sorte sur le bras .\C omis 3 E]sur|lo bras AC VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 503 ajouté {Va, i4o) * axiome] principe 13 entendues | imaginées Ifi axiome] priiieipi' 25 Fin du texte de K. 9 (T'a, \^i) .^ XV {Fa, 146). 3, 3 vous sy\^\ms.6i]commeiicement dans B d'un Extraict d'une lellre (lu lui"" no""" i636 à M. Robei'val pour la quadrature de la parabole. * vrayc Va. om. B. * possible pas B, pas peut estro Va. P. 84, 2 grande oin. Fa. '5 plus om. Va. 19 qui est tout ce qu'on peut B, qui comprend entièrement tout ce qui se peut Va. P. 85, 7 la quadrature B {qui s'arrête à ce mot), les quadratures J"a. 5, 4 et | que (^". 147) 8/9 de son diamètre et en sovle paraissent des additions suspectes. 7, S conoideni {demi:r/ie&) 10/1 1 EUipsioidem P. 87, 8 lD]Hr) * DV]DI X\l {Va, i/ii). P. 88, IG Intelligilur 17 (_iI](iC P. 89, o ACDE]ACDC 7BD]Er) \0{Va, 142). Xyil{Va, 147). P. 90, IJ CA|naturaliter (/>, i.iS) P. 91, 8 desqucls]duquel XVIII ( /^V/, 1 48). 1, 11 vous] verrez (/■«, 1^9) 3, 2 i^ how Sainte-Croix ra/ re/n/^/wce par des points. P. 95, li conoïdum 23(r«, r3o) P. 97, 20 (^rt, i ji) P. 98, I4HC|HA 21 eadem 22 AC]IC * secantes]stantes. XIX {Va, i3i). P. 101, 3 punctol A {Va, iH) 11 M omis. P. 102, 11 BJ.\. XX {Va. i52). P. 103, H {Va, i53) XXI {Va, i53). 3, 1 de omis après M. {de même 2) .j avec | franchise {Va, i54) XXII (D). P. 108, 2 et 3 qu'on]qu'il XXIV (Variantes de D; texte de C). 1, S me sera garand. 2, 10 de venir sans mar- chander 3. 7 qui continue]de 4, 1 Je viens 5, 7 sa détermination 6, 7/9 or. .. aupa- ravantjMais 10 qu'elle ne faisoil auparavant; Et si 13 lc]ce 7, 3 à Desc., daC 7 ce Desc. ,l*- preniez] prendrez A 9, 1 trou- ver]mener .\ P. 175, ligne avanl-dernière : S'il y a niampie en B, SI j'ai manqué ici A. P. 176, -i/.'i trouvères B, trouvez A 9 Votre, etc. A qui o/uri le reste de In lettre. .XXXVI (AB). 1. 2 les longueurs A, 3 rebutent A P. 177, 5 leur] le A 6 les exj)é- riences A * faites A. 2, 1 eommejeto. A 3 particulièrement] en particulier A 4 aux] ou B * de]desdites A 7 le dernier exemple] la dernière B * sur quoi]quoique A 7/8 m'avez] m'ayez A 8 de me faire savoir A 3, 4 appelle A 6 et suit'. lat.]latusB P. 178. 2 ou]en A 4, 1 proposerai A, reserve B 2 j'étends encorejje cède à donner A 3 renchérit .A * et]je A 9 dérivejdédult A 10 trouver] savoir A 11 valent] vallût A. XXXVII(B). 4, 7 /âSsJv/îSS XXXVIII bis i la, 173). 6, 2 sorte I de {Fa, 174) * tel] le B 3 encore om. B * etc. o/n. B. P. 190, 2 à quoi. . . possible (3/6) om. B 6/7 reigle que Je n'ay trouvée que lorsque B 9/10, de ce cas... nouveau om. B 7, 1/3 reigle, c'est que je puis B VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 507 4/6 comme... rangé om. B. 8. 1 bien om. B * ot B, en T'a. * sont Fa, font B 6 ce qui est, ce me semble, uoe Fa. 8 cube de soixante-quatre B 8/9 à côté du quarré de i4 om. B H le deuxièmejlc a"" B, et le second Fa. P. 191, 4 et il y aura Fa. ijo chacune desquelles B, desquelles chacune Fa. * B omet /es paragraphes 9 et 10. P. 192. 2 en B, om. Fa. 3 et délectables] etc. B * les om. B. 4 Voicy B, Voyés Fa. -k l'endroit où il Fa. G de haut en bas qu'à coté Fa. 9 avoir seulement fait T'a. 11 je dis om. B * qu' om. B 1.3 mais Fa, et B * la [ question {T^a, 175) 13 1° om. T'a. 21 elle devoit être différente T^a. 23 lo 25 T^a, le quarré de 5B -k voicy B, voyez Fa. I'. 193, 13 un autre B Fa. 13/16 si le temps... demi-douzaine om. B. 26 néan- moins] pourtant T'a. P. 194 {Fa, 176). XXXIX (B). 3. 4 q'jarréquarrés]quarrez * quarréquarrée]quarrée. XL (T'a, 176, B). P. 196. 3 .le vous prie etc.]B eommence ici comme suit : Asseurez M' Freuicle qu'il y a plus de dix ans que j'ay une méthode générale pour ranger tous les quarrés pairs à l'infiny, mais je n'avois pas songé (2, 1). 2, S/6 beaucoup de] plusieurs B 7/8 après ma 1™ méditation sur ce subjet B 3, 2 quarré 22 B Fa. 10 Parce que T'a. * je diffère à vousjje ne vous puis B 11 entier om. B H/J4 jusques. . . possible om. B 13 (Fa, 177). P. 197, 9 3oo]oo3 Fa 10 322] 27.3 T'a 4, 3 de quarré T'a 4/5 de choseom.B 3 qu'une. .. restejplus de méditation B g;»' ome« /«///; rfe /'«/«/ert 6, 1 cet abbregé T'a. P. 198, 7 radicaux des om. Fa. k parce que T'a. 9 T'a omet les nombres ^.'^. 10 leurs om.B 21/22 ou que le double de l'exposant 07?i. B 28/29 Voilà. . . appeler] .le puis appeler ces 3 propositions que j'ay demonstrées B 29 de l'invention om. B, 7, 13 et n'abbrege T'a. 13 je | me {Fa, 178). XLI (7"V7, i6-5). 2. 2 l'appliquerez 7, 8 mé | me (/"«, 166) XLII {T'a, iGi. B), 3, 1 B commence ici : Voici ce que et omet depuis. 5 que je vous donne] que vous voyez T'a. 8 là pour lors Fa. 8/9 ait beaucoup dejaye des B 10 ne sont quarrés B P. 204. 4 bien om. B 13 proposition ]B omet le reste de l'alinéa. S 3/i je dis qu' om. B 7 ([uarré | {T'a, 162) 6 Paragraphe omis dans B. XLIII (AA'). 1, 1/2 avec ses expositours au-dessus rejeté après les nombres de la pro- ro gressioti AA . C fassiez A, faites A' k touslque tous k' 7 (sic) A, trouvent trouvent A' 2, 3 la progr. que j'y ai fait .\' P. 206, 5 de ceux] des termes A' 3, 3 le dernier! est remplacé par 21.4'. XLIV {T'a, 1G2, B en partie). P. 207, il deuxième] 3 /a. 2 Commencement dans }à d'un Extraict d'autre lettre du 18 octobre 1640 à 11' Fr. 4/3 de quoi je m'étoisjra'étanl B 3 vous en donner B 0 suiv. : demonstré, n'ayant encor la demonstraon de l'autre, duquel néantmoins je suis asscuré. Après cela je vous diray le fondement sur lequel j'appuie les progressions (P. 209, 2) B P. 208, 10 vous | m'obligerez {T'a, iG3) P. 209, 2 progres- sions] propositions r^r. 8 tout o/H. ^'rt. 12ses]lcursB 13 nombre de 1 3 /^'rt. 16 ex- posant 3 T'a. 17 puissance de 729 T'a. 20 trop om. B 6, 3 quels des B, que les deux T'a. 7 et en telle /^(?. 10 d'étendre B, deffcndre /^«. 12 -i-i] — iB * le quantième] la quantité B 7, 1 mienne proposition B, de mes propositions Va. 1/2 B omet la paren- thèse et 3 l'incidente que sans doute... de vous. 3 que] sans {Fa, 164) 10 la 23"] la 3o'-' B 12 ut supra] comme dessus B 13 premiers et moindres Va. P. 211, 1 du qua- ternaire] de 4 ^"- 3 est om. B. 4 qu'un multiple du quaternaire] etc. T'a. 3 ou 1024 ]om. T'a. 8, 2 aucun] un B 4 T'a donne les nombres 100000 et 99998 5 dit oin. B 508 VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. t> fa et B donnent te nombre 1(17, B en nniri^e 171. 9 seulcmoiU oin. li 9, Ij'i lii- Huellc... Iieureux om. B. i divisé |mosiir6 B (divisé en marge) S sccondcja'"" B 7 mesuré I divisé B 10 lejco B 11 reste 66 qui]Io reste 66 fa. P. 212, S et ont. H (> diviseurs] divisions fa 10 B omet le dernier alinéa. XLV (AB). 1, 3 voici A, voyons B i iiiic j'y ;ii l'iiitos A, que j'en ai fait B P. 213, I tel nombre A 7 AB intercalent 7 entre i et \-. 2. 3 : B omet i". P. 214, 3 des qua- 10 125 ir,C -66-, ternaires A 16/17 Rédaction de B : Soit par exemple un noml)re donné .'.S 016 3-2 ij'>. Les nombres premiers plus grands de l'unité qu'un multiple du quaternaire qui le mesurent sont 5. i3. 17, 29, en premier par 5, par le quarré de i3, par lo cube de 17 et par le cube de 29. {En note. Nota cpie, de ces deux nombres, le premier, savoir 10 iv>.5 o56 766Ï serl pour l'exemple où il dit qu'il faut diviser par 5, par le quarré de i3, par le cube de 17 et par lo cube do 29: et l'autre, savoir 23oi6 3'2i25 est le plus petit nombre servant au même effet, mais il le faut diviser par 29, le quarré de 17, le cube de i3 et de 5). 2i qui est om. A 28 par exemple»/». B 30 j'ajoute] adjouxlant B 32 et par soi om. B P. 215, 7 en om. B. avant 3, B intercale ce qui suit : 3 3 •>. I 5 i3 '7 ^9 12.5 •'197 289 ><} 2.3 016 32 125 est le nombre produit de la multiplication de ces 4 puissances l'une par l'autre, qui est le moindre de tous ceux qui peuvent servir d'iiypothcuuse à 367 triangles rectangles. 3, 2 qu'en ce cas B. 5, 13 B a en marge : Le plus petit est 45. \i en] de A P. 217. .ï de om. A, /jni avant le dérider alinéa a la souscription sous cette forme : à Tolose, ce 25 de. 1640 Mon Révérend Perc, Votre etc. Fermât XLVI (AB). 1, 1 tête A, fôto B 2 à A, avec B 2, 2 ma B, une A P. 219, 1 .son A. mon B 3, 16 facilement A, aisément B 20 humble etc. A. 22 mars A, may 3 XLVII(AB). 1, 9 pourrez lui A 19 les B, des A 21 toutes sortes A. 2, 4/3 Votre ctr. Fermât A. >a.VIH (B). p. 222, 11 sera] seront P. 223, 20 ci 22 B donne le nombre looooooo. P. 225, 8 parla précédente est placé après requises (7) 8, 4 Formes de l'un ."i du 1 et 2 quarré P. 226, i a et b\ A B « et 6 {sic). 5 3 XLIX ( Va, 166;. P. 227, 20 Le signe \/~ est omis. P. 228 {l'a. 167) .'i les quarrés] le quarré i, 8 EDA omis. 12 ID]IO P. 230, 14 d'autres | aussi ( fa, 168). L(Frt, 169). P. 233, 8 des quarrés] du quarré lOdesoraù-. 3, 3/ i le quarré P. 235. i {fa, 170) U. 7 Carjque 16 racine moindre du quarré de 3 5, 2 l'un àll'autre {fa. 171) P. 239. i en rem. le|double {Fa, 172) 8, 16 des triangles]du triangle 2 en rem. pas I si {fa, i-Z) LI (AB). 1, 2 chercher] saisir A 2, 7 parce que A 8 en écrivant A 9 ai 0/?/. A 3,2 de ne pas vous rebuter A 4, 1 eu de réponse A 6, 4., Votre etc. Fermât A qui omet la dernière ligne. LIV'(AB). 2, 1 vous avez maintenant rc(,'u A 5 serez] soient A 1'. 250, 6 la dite B. la A 4, 9 ail A, aye B 5, 1 prie de m'envoyer A i/.-i par la première commodité rejeté après Saint-Martin A 7 prie de me croire A 8/9 Votre etc. Fermât A. VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 509 LV (AB). 2, G par autres voies A 3, 9 et plus petit B 4, 2 des B, les A 3 qu'il a om. A. 5, 1 do oin. A P. 253, 6 M. Carcavi A 8/9 Votre etc. Fermât A. LVI (AB). 1, 4 jointe à celle-ci B, comte de Cellery A P. 254, 6 le]ies A 7 aucun autreAB Senom.A 10 II pourrait encore y avoir A IS pourtant | toutefois A 2. 1 qucl- qu'unes A LVII (AA'). P. 257, 13 quasi tout A', presque utile A P. 258, 3 premièrement] pré- cédemment LIX (AB). 1, l B commence coiniiic suit : Je vous dis que toutes les questions que j'ay proposées a Mess" de St-Martin et Frenicle sont possibles (g) 2 et de Freniclc A 11 du] de B 14 livres] lieux corrigé de livres B. P. 261, 6 Trouver om. B, entre crocliets A * duquel A, auquel B 9 B « en marge : \Jii(t 5o 17 || 5 627 i38 Sai -fSi \\ /aSjaiSg 3, iO je om. B 1.3/ li Alinéa omis B. LX (AB). 1, I B commence comme suit : Non seulement les questions que j'ai propo- sées a M"' de St-Martin et Freniclc sont toutes faisables (4) a à om. B P. 263, 1/4 de cette seconde question a celle que je vous envoyai dernièrement qu'ils ont B 3, 6 invite A, irrite B 10 B omet cet alinéa et le suivant et rejette la date : De Tholose, 1.S.1G43, après le paragraphe 4 4, 1 en A, sur B P. 264, 1 plus om. A * bien B, tirer A. LXI {fa, 178). 1. 2 lc|sujot {ra, 179) 11 F« donne le nombre 1617. 2, i Biil- liaud. LXll(/a, 201). P. 268, 13 hicjhcic (G) P. 270, 3 ad | tempos (/«, 202) 6 AF]NF ( A'rt) 7 NF après ul]AF {fa). P. 271, 10 et 13 tonipus per] motus per (G), ad teui- pusjad motum (G) 17 NFjMF {fa) 20 XCjXE {l'a) 21 AF] AR {fa) P. 272, !) et M respondenles] respondentis (G) 29 ut lempus | motus (?fl, ao'i) P. 273, 13 velo- citates uniformes] velocitatis uniformis (G) 5, 2 verita | tem {fa, 204) 6, 1 brevi- terjsucoincte (G) 2 faccssatjfacoscat (G). LXUI(B). P. 277, 14 R-h4S]R + S. LX\11 (D). P. 282, 3 en rcra. 'dcprcliendeljdepraihcndnt. LXX {fa, 1-9). P. 291, -4 perle I môme {fa, 180) 3, IS de] des 22 le] les 4, 7 avec I (Ta, 181) 5, 13 1c omis * et la] et de la P. 296, 13 (r«, 182). 8, 4 continue] continuée P. 297, 2 œquarijœq. 9, 13 leslignesjla ligne * Les deux tables insérées à la fin du n" 6 sont composées page i83 des fa sous le titre suivant : Table dont il est fait mention dans la Ijettre précédente. LXXI (P). 1, 4 ne devoir point] ne point devoir LXXn {fa, i84)- 2, à la fin de la page. Le tableau est placé en manchette et disposé verticalement; la 1°" et la 16° des combinaisons sont reportées au milieu de la ligne ainsi : "f!*" P. 302, 6 quand I il {fa, i85) P. 304, 4 avons 1 fait {fa. 186) P. 304, le bbhb tableau est composé verticalement dans le texte. P. 305, 22 de même : | [fa, 1871 5, 2 quejqui 6, 8 trois | joueurs {fa. 188). LXXtV(P). P. 312, 13 des]de. LXXVI (Q). 3, 6 avecjdans il et 14 foyersjfeux P. 317, 8 qu'après parjaprès dans 13 et IG s'il estjétant 16 le lieujil 19 les lieuxjle lieu P. 318, i au plus 510 VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. facile les donnés]lo plus facile doniu) \\ 319, ."1 lormiiico ;i|ltMmiiiéo dans 7, 1 .lai cliereho pour lo lieu 9 si elle est plus petilojs'il est plus pclit 10 si elle est plus grande] s'il est plus grand P. 320. 1 les lieux solides] le lieu solide. L\.\Vll(,in- 4, 1 Lesjle. LXXVIII(I1>. 2, ."i uujoii 3, 9 au]du 28 121] 122 erreur npograpJiique, corrigée lituis les .\dditions. l.XXIX. 2, 3 cubus]cubus numenis (/ «). LXXX (.11, E). r. 334, 9 nonibics oiiiix (II); 13 des plus pcliis (E), du plus petit (H). lAXXll (E, /■ rt, 189). 2, 1 oùl(iuc (E, /^rt) 3, 1 (luoiqu'énoneé] quoique non si (E ) P. 840, o 1 égale au {l'a, i<)o)5, 1 parle ni ] parle pas ni (E) 3 voyage vous] voyage de vous (rn) P. 341, 1-2 Borel] Bourel (E). LXXXIII (E, fa, 191). fa donne la date du 20 juin 16J7. - Le post-scriplum de celle lettre est la seule difierenec qu'il y ait entre l'édition originale et la réimpression du Commerciiim dans lo tome II des Œuvres complètes de Wallis. LXXXIV (E, l'a, 191)- 2, 8 mais | {Fa, 192) 3"; 4 point (E) omis l'a 6, 1 (fa. ig'i) 3 qui] qu'il (Art) P. 346, Ler dernière ligne nmixe dans l'a. LXXXV {E, fa, 19'i). P 348, Gcomi)olscnl(/V(, i9.i)P.349, 6 entre] en (E, / «) 9 il omis (E, ra) 21 de]ii(E, l'a). P. 351, 1 sont | compris (T'a, 195 ) 1 en rem. pourroit] pouvoit (E, fa) P. 352, 20-22. Oaus lo tableau do E et des f'a, les lettres algé- briques suivent les numéros d'ordre cl précèdent le tcxle qui explique leur signiûcation. P. 353. 10 (l'a. 19O). LXXXVU {l'a, p. 19G). P. 360, 30 si vile [ qu'il (l'a, p. 197). LXXXIX(;^'«, p. 197). P. 363, Ki-li liomme | et (l'a, p. 19b). XC (G, D). P. 366, 8 depuis « Monsieur de Carcavi » jusqu'à la « géométrie » inclu- sivement omis dans D. G ponctue ainsi l.N-lfi : « ... de ma géométrie pour la question de dioplriquc. Je ... » 20 je omis dans G. P. 367, '^-'! alinéas omis dans D. XCW.v(G, D). 3, 0 eu]dans(U) 7.\].\F. XCl (E). P. 375, 3 iircmicrs] premières P. 378, 14 formeljformé. XCII (fa, 198). . P. 379, 22 mai ha | vuto (r«, 199). P. 380, 24 traduttorejtradotloro 26 teologi ijthcologii P. 381, i attribuissijatlribuissè 12 di modo ehe possojdemodo che posto 17 .>,i)ada, liorajspada lioro P. 382, 3 nel clie | (fa, 200). XGIII (Texte de G, variantes de D). 1, .'5 pourco que] parce quo P. 383, I occui)cr mon esprit à des considérations] altaclier mon esprit à des spéculalions 7 meilleure] rc- cevable 11 je] il (G) 12 mépris] luy-mcsmo «y. 3, 13 dans le milieu qu'elle parcourt om/.v. l.'i niainom/.vP. 385, 4 dites, la puissance] dites, entre la détermination et la puissance 4, I! raillerie] de raillerie 11/12 de donner les mains à cela] d'y con.sentir et d'y donner les mains (D) 12 ses mains (G). 14 la division ou la perle] la perte 17 changer ou diminuer] rien diminuer ( G ) 20/23 Les mois entre eroe/iets sont des additions de D. ■* pour accorder. . . détermination omis. * .Iprès lil (ligne 23) D eonlinuc : pour faire que la délerminalion qu'elle doit prendre se rapporte à l;i vilesse ou Ji la force (jui luy resie et qui la corn- VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 511 menée en B. 2i/2o elle lasse autant de chemin ou qu' omis 26 elle conserve toujours et même omis 27 là] ne soit point changée «/. 5, 1 ce qui le plus a]ce qui a le plus P. 387, A dil]a-t-il dit 11 à laquelle détermination 12/13 à laquelle se doit... la vitesse] laquelle se doit. . . à la. vitesse 1.3/1'i (car autrement... toile) omis 14 pour faire manque dans C. 23/21 s'avancer vers le côté. . . détermination] s'avancer vers G et que cette détermination se doit et se peut accommoder avec la vitesse qui lui reste 6, 2 il n'a]il semble n'avoir * la même] cette 3/4 aussi en même temps] toujours 4 qu'elle] que la chute P. 388, 1 non] qu'elle ne le soit pas 4 mais elle est] ayant été 6 la même quantité dejune pareille 11 dejqui arrive en 12 de]en * la pousse ou qui l'arrête] l'avance ou qui la retarde 21 de deux autres 28 c'est à dire selon ajouté 29/30 sa vitesse a reçue en B et selon le rapport que celte vitesse a eu avec] cette vitesse a eue avec (C) 30 a eujs'est trouvée avoir P. 389. 4 suive bienjsoit une suite S d'un bon]de faire un bon 7, 12 mieuxjplus P. 390, 2 à tous ceux de voire dite leltre] à votre dite lettre (D), à tous ceux de votre dernière leltre (C) 4/3 qu'il a faite à votre lettrejqu'il y a faite 12 qu'un autre m'en eût déchargéjde m'en décharger sur un autre IS si mon discours se fut adressé à vous] si j'eusse eu affaire à vous. 18 dans] en 19 vous vous mêliez de mon] vous prenez mon 20 toute autre occasion. 21 prêl ]tout prêt. XCIV (Texte de C, variantes de D). Réflexions. . . Roh\ult] Réponse de JI. Piohali.t A l\ LETTRE DE M. DE FeRMAT PAGE 1 78 QUI CONTIENT SES ANCIENNES OBJECTIONS SIR LA DiopTRiQUE DE MONSIEUR Descartes. P. 391, 9 OU... reçue]et... vue 10 Toute- foisjMais 13 de celte ville omis 14/17 vais essayer... séparément] vas donc essayer d'y répondre, puisque vous le désirez. Et pour le faire plus commodément, je suivrai de point en point tous les articles de sa leltre que j'examinerai les uns après les autres. 18 Art. i°']Art. i". J'ai vu, etc. 19 l'humeur civile de omis * honoroilja voulu honorer 20 est encore] sera toujours 21 QuoiquejQuand * accommode] auroit accom- modé 22 divise] auroit divisé * son mouvement en certaines déterminations plutôt qu'en d'autres] la détermination du mouvement d'une certaine manière plutôt que d'une autre 23 doiljdevroit 21 se sert] s'otoil servi 26 choisit] a choisie * viennojsoil venu 27 entreprend] avoit entrepris. P. 392, 1 son mouvement] la détermination de la balle qui se meut dans la ligne AB 1/2 déterminationjqui fût 2/3 surface... sur- face] superficie CBE et en une autre qui lui fût parallèle 3/4 cette dernière] celle-ci S ce que lui... unejet cela lui a été un moyen de trouver la 6 plus aisément] qu'il cherchoit, ce * n'eûtjauroit * en suivantjs'il eut suivi 11 pourcejparce *• désa- voueroitjn'a pas 12 comme on pourrait croire] ce semble * s'en servir] contre lui ajouté 13 pas] rien du tout * sa déterminalionjla détermination qu'elle avoit à avancer vers BG 16 à]de 21 [plus ou] addition de D comme les autres mots entre crochets dans la suite du texte 2i aussi... conséquence (ligne 31) anus 33 quelques pa- roles] le texte. P. 393, 2/3 que... a] qu'a Monsieur de Fermât .'5 désavouée dans la remarque] remarquée 11 accorde] semble avoir accordé 13 qui est de devoir] qu'il auroit eu tort de contester 17 aussi changée] aussi bien changée que celle de haut en bas 18 infirmeroiljrendroit nulle -k raison] qu'il en apporte c'esl parce ryo;(l-2 VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. aussi lorl li! clans | par * l'.ot art iolo. .. paroles |co qu'il y a do plus dans cot article n'est que le propre texte l(î/17 manque do so ressouvenir qu'il y a | pour no s'ôtro jias sou\enu do la 19 prendjici ajouté 20 dit ces mots : ellejdit que la balle 21 so meuvej doive se mouvoir 22 plus] aussi * soit cette ligne] soit la longueur de cette ligne 23 elle doit tellement ftro inclinée vers la droite] la détermination vers la droite doit tellement s'accommoder avec la vitesse qui lui reste 2i plus qu'elle n'avoit] autant qu'elle avoit * C'est le sonsjt'.'est là le sens 2.') au lieu de l'autrejct non pas celui 26/28 et son intention. .. temps]cela éloit assez évident puisque là même 29 n'est ipio simple] total de la balle est diminué de moitié. Le reste de l'alinéa manque. 32 n'est pas au désavantage de] ne fait rien contre * nieroit]tout franc ajouté 33 a été dit dans la remarque] a été remari]ué P. 395, I le 3" article] l'article troisième 3 que contieu- nent]qui est contenu dans 4 je crains ipi'ils ne... sujet]cela ne fait rien du tout au sujet et n'a servi qu'à tronq)er M. de Fermât iiui y parle du mouvement conq)osé en un autre sens que n'a fait M. Descartos 8 le] à le 12 il omis 12/13 la détermination. . . êtrejque la. . . est 13 rien supposé] pas parlé 14 mouvement] total ajouté * à son sens] au sens do M. Descartes 16 autre] nouveau 16/17 dont on veuille... du |qui augmente d'un 17 plus de co qui étoit en AB]la force qu'elle avoit déjà en ce sens là 18 soit] est 2i/25 desquelles... l'une] l'une desquelles par conséiiuent 30 puisque la] puisque l'augmen- tation de vitesse ou la * de]à * mouvoirjque le mobile acquiert au point de rencontre qui sépare les deux milieux ajoute' jt nature du. . . ajoute (P. 396, 3)] nature du second milieu laquelle ne change point mais est toujours la même dans toutes les inclinaisons. Et la principale faute que commet ici Monsieur de Fermât est fondée sur ce qu'il croit que le mouvement composé en BI n'est pas toujours également viste, connne s'il dépen- doit de la direction ou détermination des doux forces mouvantes, au lieu que c'est à elle à s'accommoder à la force du mouvement, lequel est composé, et non pas la détermina- tion, et c'est ce qui a trompé M. de Fermai et qui lui a fait faire tous ses faux raisonne- ments : et c'est peut être encore ce qui l'empêche à présent de recevoir la démonstration de M. Descartes. Aussi ce qu'il ajoute. . . P. 396, 7 certain s'il faut] assuré (pi'il faille 10 de la seule surface. . . retenir (i3)J ici de l'angle compris sous les lignes de direction des deux forces mouvantes : mais parce qu'il dépend de la nature du second milieu que le corps a à parcourir, de faciliter ou de retarder son mouvement, il est évident, ce me semble, que l'on doit retenir 16 vous m'en... d'ébauchéjj'en ai vu 21 honorejestimo 22 me daigne] daigne me XCV (Texte de C, variantes de D). 2, 10 moinsjplus ou moins P. 399. 11 peinejdo la peine 13 balle] AB rtyow/e (C) P. 400, .^ transporter] transférer 21/22 co point... O] c'est-à-dire au |)oint 0 31 même côté] même côté là P. 401, i transportant] transférant * seulementjau-dessus du plan ajouté S démonstration] une démonstration 6 paralo- gisme] un paralogisme 4, 10 CBjCF (C); les mots en ligne droite omis 14 arrivât] aussi ajouté. P. 402, 7 à l'avance] par avance XCVI(E). P. 404, 1 Sainte-Croix] Sainte-Croisc XCVII (Texte de C, variantes de D). 1, 1 belle] grande 8 par] de P. 409, 7 inter- position] interprétation 2, 6reste]laisse 4, 6, 8par]de 9vers]dans P. 412, 13, lidujde XCIX (Texte de C, variantes de D). 1, 21 de la réflexion] touchant la rellexion * et des réfrac lions jet la réfraction P. 415, i fournir] obtenir 2, 3 veulent plus que iuijveulent trop subtiliser D, voient plus que lui C * trouvent] puissent trouver S de] du C P. 416. 2 un certain côtcjle côté 14/1*; selon quelqu'une de ses directions] aupa- ravant 15 celle] cette détermination 3, 12 une fois] pour toutes ajouté 4, 10 vers VARIANTES ET NOTES CRITIQUES. 313 ce côié là]dans la même ligne 12 veut conduire la balle vers D]lend de B vers I) * vers D] vers BD (C) 22 à remonter] de remonter 28 preuve] une preuve 5, 2 en omis 8 par] de 20 perpendiculaire] de sa chute P. 4i9, 3 d'entre] qui sont entre 6. 3 d'apercevoir] à apercevoir P. 420, 4 déterminations] autres 7, 2 par exemple omis 10/11 puisse faire] fasse 8, 9 une démonslralion 10 un paralogisme P. 421, 7/8 et... perpendiculairement OTOii- 1-i voici] voyez (C) 17 à ce point B]là P. 422, 1/2 impéné- trable et inébranlal)le omis P. 424, 9 [de réflexion] addition de D; de iiiàne pour les mots mis par la suite entre crochets 10 toujours être] être toujours P. 425, 11 par exemple oraà lo égard ] égal (C) 23 puisse faire]fasse 27/28 transporte] transfère (deux fois) 30 transporter] transférer. P. 426, 1 transporté] transféré P. 428, 4 ou plus ou moins] par exemple 6 sa]la 16, 13 visibles] légères (C) P. 429, 2 aussi omit. CI (H). P. 432, 5 commejcar 2, 10 estjéloit 4. 8 je omis P. 434, -4 un omis 6, 6 2Q]2 quarruz 8 ou découvrir] ou de découvrir P. 435, 8. 0 elle omis. Cil (1, fol 34). P. 437, 8 Père|que (f° 34 verso). 30 vous | donnoronl (f° 35) cm (H), p. 439, 5 quejqui est, 8 l'aja 9 de la]de sa P. 440, 10 et omis 21 do la dernière] des dernières. CIV (H), l, 2 &o\\.]z^\. corrigé ennote. 2, UCQjSQ \o \a omis P. 443, i para- bole] parabolique 9/10 du rayon] de la droite Vi (piarrécubique] cubique. CVI (II). 1, 3 parabole] parabola. ex (H). P. 455, 1 PQjPO corrigé en note. CXII (Texte de C, variantes de D). 1, 7 carjqu' 10 dursjdenses {peut-être mieiLv) 2, 3 non plus] que la sienne rt/oH^t' 9 des principes] du principe 10 trouverjdécouvrir P. 459, 2 cr 4 de 0]d'0 18 du temps omis C. 4, S [qu'] mq. C. 8 cette sortejces sortes 12 qui est] et 17 précédent] présent 18 paroît] par là «yo«' 473, titre courant : Au lieu de CXIII. 6 mai 1662, lire GXIV, i3 mai 1662. FIN DU TOME DEUXIÈME. i66.'|2 Paris. — Imprimerie Gauthier- Villars et fils, quai des Grands-Augustins, 55. .< ,: •:»-^ ->i»'i*>-> aaSÉ>-> >. .«î 3»K^ » » >. > K^TT^'Tsfe-^'^'S*»^ :)!> ^2» 3» > ii.j ■zmvif* >-î» ^ j > "J- rIT^^I ■ai>-^»» ' "» 'ï -7jESP£> > \i> > > > o> s» :>:>^> j ^-i) !Z3l^gg:iir^S3fe^-^ ^ ""* JS» :x»' >ï ' - ■' ~* ^3%jr*'Q^^^yQW^^ I» s» ^pV *" ^~-»— ■ .^ ^^^^^^^^B X» > ■ ^^^^v>j> ^B^99H 12» :s> > ' B»^^^^ "> - ---=^«SSll "3» .;£>>. V ■ . Bti ?|j>.a«^ V .^â^lHlB ]>» ' «te > . ^ . 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